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Entraînement pour le moins particulier -

    « Ketsuno ! T’en mets du temps… Ça fait un bon petit quart d’heure que j’attends au pied de ta porte. » Dis-je assez par l’attente que me fait subir la demoiselle.

    « Faut savoir ce que tu veux, Levi. Tu veux sortir avec une jolie et élégante demoiselle ou une fille banale, délaissée et désintéressée par l’apparence qu’elle peut dégager ? » Dit-elle avec beaucoup d’assurance en ouvrant la porte.

    C’est vrai qu’elle est splendide. Le temps d’un instant, j’ai sans doute eu la bouche grande ouverte et des coeurs dans les yeux. Peut-être même, et très certainement, qu’elle a aperçu tous ses détails qui je n’ai pas pu lui cacher. La situation ne me gêne pas plus que ça, ce n’est à mon sens pas dérangeant qu’elle ai connaissance de mon attirance vis à vis d’elle, au contraire. Ce n’est d’ailleurs pas que l’aspect physique qui m’intéresse, mais le tout, sa façon de penser, de diriger, de réfléchir, d’interpréter, de communiquer… Je retrousse mes pas et me dirige vers la terre ferme.

    « Tu n’étais pas obligé d’en faire autant, Ketsuno. Nous allons seulement faire un tour afin de voir que tout se passe pour le mieux. »

    « Qu’il est mignon… Qu’en est-il de ta tenue ? »

    « Tu te moques de moi ? Je suis constamment vêtu de la sorte. »

    « Le noeud pap’ aussi ? »


    Un point pour la demoiselle. J’ai habituellement une cravate et non un noeud papillon, détail qui n’a pas échappé à la cousine du vice-amiral. Je reste silencieux et ne réponds pas à sa dernière phrase. En réalité, le but de cette sortie n’est absolument pas la protection des civils, mais bien de changer les idées. Rester dans le navire et ses alentours me gonflent, je crois que tout cet archipel me gonfle, mais rester seul face à mes tourments m’est devenu insupportable. Faire les cent pas dans le navire, dans le pénombre de ma piaule, seul face à mes tourments… Ethan le grand insociable se rend compte que la présence d’individus lui est peut-être nécessaire.

    Daniel n’a qu’en tête de s’entraîner, combler son impuissance lors de cette bataille, et ni moi ni quelconque d’autre pouvons l’aider à poser le pied. Pour ce qui est de Yamamoto, je digère assez la branlée qu’il m’a infligé, malgré le fait qu’elle m’a été bénéfique. L’envie d’une revanche serait trop pressante pour moi, mais complètement improductive du fait que j’ai besoin d’avoir un feed-back avant d’y retourner. Apprendre de ses échecs, c’est bien. Pour autant, ça ne veut pas dire qu’il faut recommencer les mêmes erreurs, et pour cela rien de mieux que des retours sur les expériences vécues. Et se vider la tête aussi, c’est là mon intention.

    « Ça te tente ? » Dis-je subitement en point du doigt un restaurant.

    Loin de tous les restaurants que nous avons l’habitude de côtoyer tous les deux - la faute à notre milieu - et où nous ne passons pas toujours de bons moments, nous décidons de tester autre chose. Ketsuno semble ravie m’embrasse la joue. Je ne suis pas habitué à ce genre de chose, alors je reste statique et silencieux quelques temps, avant de lui ouvrir la porte. À l’entrée, un homme assez élégant nous accueil et nous mène à une table de libre. Ici, pas besoin de nous prendre nos vestes, on peut les garder au dos de notre, chose qui ne nous dérange pas.

    Je retire la veste de la demoiselle, l’installe sur sa chaise et lui sers un verre de vin blanc. Cette robe rouge bordeaux lui va à ravir, elle est de toute beauté dedans. Ses formes sont naturellement mises en valeurs, c’est très agréable à regarder, je l’avoue. Mais ne vous méprenez pas, loin de moi l’idée d’être l’un de ces vieux pervers qui passent leur temps à reluquer de la donzelle. M’enfin, c’est pas le plus important. L’établissement dans lequel nous sommes est assez classe malgré tout, j’aime beaucoup ce style classe et à la fois détendu. C’est propre. Les plats proposés semblent également plus garnis que ceux que l’on rencontre dans les grands restaurants gastronomiques d’où je ressors encore plus affamé qu’à l’arrivée.

    « Des cauchemars la nuit ? » Me sort subitement Ketsuno, d’un air sérieux.

    «  Qu’est-ce que tu me racontes ? »

    « Parlons sérieusement un peu. Fais-tu des cauchemars suite à cette sanglante bataille ? Je n’en suis pas à mon coup d’essai, je gère bien maintenant, mais je sais qu’autrefois il m’arrivait de faire des cauchemars. »

    « J’ai une tête à faire des cauchemars ? Ne prends pas ton cas pour une généralité, Ketsu’. »

    « Et ces cernes que tu tentes de me cacher ? »

    « Je passe beaucoup de temps à m’entraîner. »

    « Pour éviter le sommeil. »

    « Pour rattraper mon retard. »

    « Quel retard ? »

    « Une longue histoire. »

    « J’ai toute ma soirée à t’écouter. »


    J’imagine qu’elle ne me fichera pas la paix tant que je ne lui aurais pas raconté mes histoires. En effet, je fais des cauchemars la nuit, je ne veux surtout pas l’admettre à cause de mon ego surdimensionné, mais c’est un fait réel. Je m’entraîne réellement la nuit pour éviter de m’endormir et refaire sans cesse ces cauchemars. Je comprends qu’elle est aussi passée par là pour être capable d’aussi bien analyser mes comportements. Ce fut ma première bataille de ce genre, non pas mes premiers morts, mais autant d’atrocité en si peu de temps… Comme toujours, ça passera. En attendant, je dois quand même expliquer certaines choses à la demoiselle pour qu’elle me fiche la paix.

    « Les plats sont servis. » Dit le serveur en m’interrompant dans mon récit.

    Il tombe à pique. Raconter ma vie, en toute honnêteté, ce n’est pas trop mon fort. Je ne dis pas non plus que je suis bon pour écouter celle des autres, mais j’imagine que c’est toujours mieux que de devoir raconter la mienne. Je préfère observer, constater, des faits et les interpréter par la suite. M’enfin, l’odeur de cette grosse assiette de bifteck accompagné de riz, de tomates et poivrons rouges. Ketsuno comprend à cet instant que la discussion n’est plus possible, que seule l’assiette a de l’intérêt pour moi. En prenant soin de lui souhaiter un bon appétit, je saisis mes couverts et commence à manger. Les premières bouchées sont délicieuses. C’est un véritable régal. La viande est saignante comme je l’aime, les accompagnements sont tout aussi bons. Un véritable plaisir que de manger.

    […]
    Nous passons un bon moment, le désert nous aura définitivement achevé et aura eu notre peau. Une bonne grosse crème brûlée, la plus grosse que j’ai pu ingérer, et bien je ne m’en croyais pas capable au début. Un homme ne peut quitter la table avant d’avoir tout, alors je l’ai fini par fierté et principe. Je paye l’addition et nous partons. On s’accorde une balade digestive dans le groove où elle m’oblige à reprendre là où nous en étions. Je parviens à faire des pauses en lui proposant des activités toujours plus nombreuses. On passe tout de même une bonne soirée, c’est agréable. Mais les heures passent, les boutiques ferment, il est temps pour nous de rentrer. Et bien que tout soit fermé, que les rues soient vides, nous prenons notre temps pour rentrer dans nos quartiers. Je la ramène jusqu’au navire.

    « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » Me dit-elle à ma grande surprise.

    « Hm… On s’entraine ? »

    « Je n’en attendais pas moins. »
    Rétorque-t-elle avec un grand sourire.

    Aussitôt, elle déchire une partie de sa robe pour gagner en amplitude dans ses mouvements. Je trouve ça dommage d’abîmer une si belle robe quand elle aurait pu se changer, mais ce n’est finalement pas désagréable, au contraire. Il ne serait pas professionnel de ma part, surtout pour un commodore, d’être perturbé par si peu de chose. J’ai laissé mon arme auprès de Daniel, je ne sors pas armé avec Ketsuno, et elle aussi visiblement. Nous allons donc nous battre à mains nues. Intéressant.
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    Ethan - Ketsuno - Daniel - Hermest

    « Ne te retiens pas Ethan, je ne te raterai pas personnellement. » Balance Ketsuno avec un regard malicieux.

    « Drôle de sortie… Commencer comme un gentleman et finir comme un vilain garçon qui bat les femmes. » Rétorqué-je en m’allumant un clope.

    « Tu pars déjà vainqueur ? »

    « Je ne me permettrai pas. Seulement, je n’ai pas l’intention de perdre contre toi, ma fierté en prendrait un sacré coup. »

    « Tu ferais mieux de ravaler ta fierté. »


    Peut-être bien, oui. La voici qui se lance vers moi à toute vitesse, prenant soin de retirer ses talons accordés à sa robe. Son regard est bien différent de celui qu’elle tenait toute la soirée, je perçois le regard de la famille Fenyang, déterminé et fier. Elle n’est pas la nièce du vice-amiral, j’ai presque l’impression de l’affronter, cette aura qu’elle dégage me met déjà la pression. Quant à sa course, je peux affirmer avec exactitude que c’est une athlète, sa foulée est d’une grande qualité. C’est une femme extrêmement entraînée. Je ne sais encore d’où elle tient un tel enseignement, mais certainement pas d’un QG lambda de la marine. Peut-être que l’élite ne forme que des pépites.

    Elle disparait en plein milieu de sa course, puis réapparait brusquement derrière en balançant son pied non loin de ma figure, que j’esquive in extremis en penchant mon buste vers l’arrière. Elle contrôle donc parfaitement le soru. Intéressant. Malheureusement pour elle, son parfum l’a trompé et c’est ainsi que j’ai pu la sentir derrière moi, mais je ne compte pas lui dire maintenant, c’est un atout qui peut me servir. Elle ne compte pas me laisser du répit et enchaine son mouvement par un second coup de pied qui m’oblige à reculer de quelques bonds vers l’arrière.

    « Vous êtes vraiment une drôle de famille… »

    « Tu peux parler, petit malin. J’ai croisé ton frère lors d’une mission en collaboration avec les agents du gouvernement, c’est pas un tendre celui-là. T’es un enfant de choeur à côté. Puis, monsieur le commodore aurait-il oublié qu’entre le rang de colonel et de commodore, il n’y a qu’une question administrative ? »

    Mon regard se transforme. Il s’assombrit. Me comparer à mon frère est la pire des insultes que l’on puisse me faire. Sans un mot, je disparais du champ de vision de Ketsuno. Je réapparais un millième de seconde derrière en provoquant un bruit pour attirer son attention, puis je disparais à nouveau pour lui infliger un puissant coup de poing dans le bide, pendant ce laps où elle s’est retournée à l’endroit où je n’étais qu’un instant. Mais excepté laisser couler de la salive, je ne vois aucune réaction de sa part, si ce n’est de la colère qui me fait redescendre. Elle profite de la proximité qu’il y a entre nous pour me saisir par le col, puis me balance avec force contre un arbre.

    L’impact me sonne un peu. Je tente de me relever, sauf qu’elle apparait face à moi et me fout une vilaine droite qui me repousse contre l’arbre. Elle poursuit en m’infligeant nombre de coups de poings dans la gueule, jusqu’au moment où je décide de répondre. J’ai saisis durant mon entraînement avec Yamamoto que le haki dépend unique de ma volonté. Plus celle-ci sera grande, plus j’aurai de chance de pouvoir l’utiliser. Bien que ce soit difficile pour moi de le contrôler ces temps-ci du fait qu’il ne s’agisse pas seulement de la volonté, je m’en contente. Alors quand je vois que son prochain coup s’approche de ma joue gauche, je décide de toutes mes forces que celle-ci sera plus dure que son poing. Le temps s’est comme ralenti pour moi, j’observe son poing s’approchant en me répétant dans la tête que celui s’écrasera contre la dureté de ma joue.

    Du coin de l’oeil, j’entrevois le poing impacter ma joue, mais je ressens ni la moindre douleur, ni le moindre choc. Elle retire précipitamment son poing à cause de la douleur. J’imagine que ce n’est très agréable de frapper quelque chose de plus dur que soi. Je profite de ce laps de temps pour réaliser la même approche spirituelle, cette fois-ci pour mon poing, que j’enfonce profondément dans ses flottantes. Je sens de légers craquements au moment de l’impact, puis je l’observe s’envoler au loin, jusqu’à ce qu’elle percute violemment le sol, provoquant un nuage de poussière. Je me relève difficilement en tenant ma tête d’une main, pendant que je termine ma clope de l’autre en m’approchant de la supposée position de mon adversaire.

    « J’vais te montrer l’enfant de choeur… » Dis-je avec beaucoup d’amertume en jetant ma clope.

    La fumée s’estompe, Ketsuno n’est plus là. Je lève la tête, c’est là que je comprends et que je vois des lames qui arrivent rapidement vers ma position. De sa position, les lames s’abattent sur moi et détruises une partie du sol. Il n’en est rien. Grâce à l’utilisation combinée du soru et du geppou, je me retrouve au-dessus du colonel aux cheveux roses, dégageant une tranchante lame de vent, presque à bout portant à l’aide d’une dague que je précieusement sous ma manche. L’action s’est déroulée à grande vitesse. La robe est tranchée sur une partie du dos de la demoiselle, qui crache une giclée et s’écrase avec puissance contre le sol.

    « Nous étions pourtant convenus à ne pas utiliser d’arme, Ketsu’. Serait-ce la différence entre un commodore et un colonel ? » Dis-je mesquinement à Ketsuno qui se relève difficilement en s’essuyant la bouche.

    « ETHAAAAAN !! »

    Danny ?

    « Salut, toi. » Dit une voix mélodieuse qui inspire la terreur.

    Je comprends que la situation va rapidement déraper.
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    Les poings serrés, au-dessus de ma tête, j’aperçois rapidement Hermest qui m’inflige un puissant coup sur la tête, le tout fait avec du haki qui m’enfonce péniblement au sol. Je ne bouge plus du tout, même pas le moindre doigt. Mon corps ne répond plus aux commandes, pourtant je ne suis pas inconscient. J’entends Ketsuno, qui comme à son habitude engueule Hermest, puis la voix de Daniel qui s’approche en fureur. Pas content les types. Danny menace Hermest et les deux se foutent sur la gueule, pendant que Ketsuno s’assure que je me porte bien. Elle me retourne sur le dos, je lui souris et parviens à bouger mes mains. Mes sensations reviennent petit à petit, de même pour mes mouvements, c’est rassurant.

    Je m’inquiète cependant pour mon ami. Malgré tout, je dois reconnaître qu’Hermest est un puissant combattant, plus puissant que Daniel à l’évidence, sans doute plus que Ketsu’ et moi-même. Si je devais me comparer à ce dernier, excepté le haki où il semble me devancer, je dirais que nous avons le même niveau. Cependant, il possède un sens du combat, une agilité qu’il adapte parfaitement à chaque situation, que je ne semble pas avoir encore développé. Quoique je n’en sais trop rien. Je le place au même niveau que Ketsuno pour l’instant, ils ont chacun leurs qualités.

    « Je vais de mieux en mieux, Ketsu’. Peux-tu porter mains fortes à Daniel, le temps que je m’en remette totalement, s’il te plait ? »

    « Tu m’emmerdes un peu ! C’est leur combat, pas le notre. »

    « C’est pourtant Hermest qui s’est interposé entre nous… pis tu le connais, ses tendances meurtrières, imagine qu’il tue mon meilleur ami. »


    Sur ces dernières paroles, la colonel part sans même me dire un mot, aussi vite qu’elle le peut malgré son état. J’aimerai que Yamamoto soit présent pour mettre un terme à cette situation qui devient hors de contrôle. Daniel semble un peu amoché, Ketsuno l’est davantage par ma faute et nous avons un Hermest plus en forme que jamais. De toute évidence, je suis sa cible et ce depuis notre rencontre sur le champ de bataille, alors il se fiche pas mal de ses opposants actuels qui combattent pour moi. Ils parviennent tous les deux à contenir la fougue de cet effronté, ce cher Danny qui s’adapte parfaitement aux manoeuvres de la colonel, apportant un réel renfort et non une gêne. Il faut dire que s’adapter, c’est ce qu’il a fait toute sa vie, que ce soit en étant un inférieur ou supérieur à ses partenaires. C’est un véritable don malgré ce qu’on peut en dire.

    L’enflure a conservé son arme sur lui. Je devrais peut-être chercher la mienne, mais dieu seul sait ce qu’il pourrait se passer durant mon absence. D’ailleurs, Ketsuno manque de force et se retrouve au sol, en mauvais état, tandis qu’Hermest s’approche beaucoup trop rapidement de Daniel, qui n’a pas le temps de réagir. Je retrouve la mobilité complète de mes jambes, ça devrait être suffisant pour le moment. Alors que la lame atteint le flanc droit de mon camarade, je m’interpose entre les deux pour la plus grande surprise d’Hermest, qui reste immobile quelques instants. J’ai réussi à concentrer une légère couche de haki dans une zone de mon avant-bras. Et oui, un peu plus, un manque de précision de ma part et j’avais le bras tranché.

    « Voyez-vous ç- » Dit-il avant de se manger mon pied dans la gueule qui le projette au loin.

    Il parvient à se freiner grâce au geppou et revient vers moi à toute vitesse. Je dois impérativement le désarmer avant toute chose, sinon je risque rapidement de me faire zigouiller, ça reste à ma connaissance un bon épéiste. Pourquoi est-ce qu’il n’y a que de bons épéistes ? Et encore, heureusement que la Fenyang n’a pas sa lame parce qu’elle nous aurait tous mit à l’amande sinon. M’enfin, le voilà face à moi avec épée, il porte un coup à la verticale que j’esquive en basculant d’un côté, puis j’appuie sur la lame avec mon pied qui s’enfonce au sol. Parallèlement  à cela, j’enfonce deux doigts au niveau de sa trachée et profite de cette gêne pour casser son poignet, de manière à ce qu'il lâche son arme. Ceci étant fait, je prends mon temps - pas réellement - pour concentrer mon haki au niveau de mon poing, que je fous de toutes mes forces à peine en-dessous du sternum. Le coup lui coupe la respiration, puis l’envoi valser au loin.

    Pensant naïvement que cela calmerait les choses, je me rends compte de mon erreur, notamment quand Ketsuno apparait juste derrière à une vitesse affolante, sa robe se déchirant davantage à cause de sa jambe cherchant encore plus loin derrière, puis se rabattant avec force sur le visage du lieutenant-colonel, à l’instar d’une redoutable reprise de volée aérienne. Les cervicales craquent, du sang s’échappe, et le voici projeté au loin avec rapidité. C’est la fin, peu probable qu’il en veuille davantage. J’en avais oublié qu’il est lieutenant-colonel et qu’il s’en prend à deux plus gradés que lui. En prenant cet aspect là des choses en compte, je me dis qu’il s’en sort finalement plutôt bien. Mais quand je vois Daniel s’interposer dans le vol-plané de ce dernier, je crains beaucoup pour son intégrité physique. Sa chemise craque à la contraction de son bras, dès lors que son poing se ferme, armé très loin en arrière, de bas en haut… J’ai presque envie de fermer les yeux. La dernière fois qu’il m’infligea ce coup, je ne m’en suis remit que de nombreuses plus tard. Une fois à portée, qu’il soit encore conscient ou non, un véritable marteau s’abat sur son estomac, l’enfonçant sur le sol craquelé suite au puissant impact. Aucun son ne peut sortir de cet homme à présent au pays des merveilles, seulement de la bave qui sort de sa bouche.

    « Vous n’y êtes pas allés de mains mortes… »

    « ‘Manquerait plus que j’me fasse marcher dessus par un lieutenant-colonel. »
    Affirme Ketsu’ avec une certaine rage.

    « Il s’est permis de me malmener avant d’interrompre votre combat. Il voulait au départ que l’on s’entraine, chose que j’ai accepté pour lui rendre service, mais il a rapidement adopté une attitude désinvolte en s’apercevant de notre… »

    « Il suffit. Regarde l’état dans lequel tu l’as mit. Aucun de mes coups n’est capable de tels dégâts, de même pour le colonel Ketsuno. Ta puissance nous surpasse tous, camarade. »
    Rassuré-je mon ami en lui tapotant l’épaule.

    « Qu’est-ce qu’on fait de lui ? Je serais bien tenté de le laisser ici… » La dernière phrase est chuchoté par la colonel.

    « J’approuve. » Atteste Daniel.

    « Nous devons l’emmener en soin, je m’en occupe. »

    « Ne le tue pas en chemin, hein. C’est l’occasion rêvée. »
    Balance Ketsuno, insinuant que je serais incapable de le battre autrement que dans cet état.

    « Je me changerai à ta place, la couleur de ta culotte est parfaitement visible. »

    « J’vous laisse les tourtereaux. »
    Dit Daniel en ramassant sa veste avant de s’en aller, laissant un blanc entre Ketsu et moi.

    Elle finie finalement par m’aider à ramener l’autre merdeux en soin, à contre-coeur. Nous discutons sur le chemin de tout et de rien. Je me moque de cette dernière qui marche pieds nues, sur la pointe des pieds, en m’envoyant de nombreuses injures que je ne prends pas la peine de retenir. Puis nous finissons par chuchoter en approchant du navire où de nombreuses personnes sont sensées dormir, mais plus on approche et plus on entend du bruit, des chants, des cris, de la lumière et une forte odeur de rhum qui s’étend. En montant à bord du navire de Yamamoto, je m’aperçois que mes hommes sont présents, en train de se retrouver le crâne avec tous les autres. En nous voyant dans un état déplorable, notamment le lieutenant-colonel, ils s’arrêtent tous, très inquiets. Apparemment, ils fêtaient tous ma promotion, alors je trinque un petit verre en leur compagnie. Faut croire qu’avec le temps, je finis par me socialiser de plus en plus, pour le plus grand plaisir. Les médecins immobilisent la nuque d’Hermest, qui reprend douloureusement connaissance, mais incapable de bouger. Certains de ses hommes lui font boire quelques shots de saké. Le type ne doit absolument pas comprendre ce qu’il se passe.

    « N’en dites pas un homme à Yamamoto, je m’en chargerai moi-même. Quant à toi, lieutenant-colonel Hermest Zoldyck, tu as tout intérêt à approuver tout ce que je pourrais dire au commandant. Me suis-je bien fait comprendre ? Je ne te parle même pas en tant que marin, je crois comprendre que tu n’obéis pas à mes ordres, mais bien en tant qu’homme et là c’est différent. Je n’aurai aucun remord à te tuer si tu empiètes trop. » Dis-je d’une voix sanguinaire avant le laisser avec les médecins et le reste des équipages.

    Je quitte le navire pour me rendre dans le mien, normalement vide. D’ailleurs, je ne crois avoir aperçu Yamamoto tout à l’heure, je me demande où est-ce qu’il est allé s’abreuver. Une fois sur le pont principal, je retire ma veste et défais les boutons de ma chemise, puis je m’accoude au bord de la rambarde pour y observer cette belle lune dont le reflet illumine cette vaste mer.

    « Tu as des affaires de rechange ici ? » Me dit Ketsuno dont je n’avais pas remarqué l’arrivée.

    « Probablement, oui. Mais avant, profitons de cette belle vue quelques instants. »

    C’est que nous faisons, avant de laisser la douce brise nous emporter chez Morphée, qui nous attend les bras ouverts. Nous finissons assis contre le mat principal, sa tête sur mon épaule, la mienne sur sa tête. Cette soirée nous aura bien épuisée, aussi agitée fut-elle. Mais grâce à une voix qui retentit dans ma tête, je me réveille et souris en voyant le visage si joli et paisible de Ketsuno. Avant que les hommes ne reviennent et nous voient ainsi, je porte la jeune femme aux cheveux roses jusque dans mon lit où je la couvre d’un drap, tandis que je m’installe sur le canapé en le regardant. Au fil des secondes et des minutes, mes yeux s’alourdissent de nouveau, mais je ne résiste pas, je les laisse se fermer le plus naturellement possible.

    « Bonne nuit, Ketsu’. » Fermant les yeux.
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