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Vers un homme nouveau !

C'est avec un plaisir certain que je pose enfin mon postérieur sur cette chaise. Le confort qui est découle m'a manqué, indubitablement. Car si en ce moment je puis apprécier la douceur d'un coussin sous moi, la chaleur de deux accoudoirs ajustés à ma (petite) taille et le délicieux maintien d'un dossier réglable, je sais aussi que ce luxe sera de courte durée. Dans deux jours, me revoilà parti en mer, à supporter la houle et les assauts incessants de ces petits plaisantins déplaisants, de ces cancrelats de pirates.

Cela dit, le repos s'entache de désagréments, et un regard vers la plaie fraichement recousue qui orne mon bras m'en rappelle la cause... Je soupire et m'en remet à une occupation plus sympathique: remplir le rapport de mission ainsi que les différentes demandes concernant le navire duquel je viens de débarquer. D'une main volontaire et impartial, je saisis ma plume, de l'autre mon mug, empli d'un café noir, sans sucre, merci Greta.

Un bruit de bouche plus tard et l'encre commence à remplir les cases.

... Ordre numéro... 21d. (D comme dévalorisation de mon talent) .. Oui voilà. Débarqué à.. 15 heure 24. Oui. État du navire... correct (mis à part les cales peut-être, mais c'est, disent-ils, leur état "normal". Si la vermine est la normalité..). Spécifiez les domma.. Aïe!

Une douleur soudaine me lance, alors que j'attaque la boucle de mon g ... Fichu plaie! Fichu douleur, fichu couture! Et surtout fichus pirates et leur violence incessante! De jours en jours ça empire: ils sont de plus en plus nombreux, de plus en plus organisés, et au milieu de tout cela, votre serviteur, incapable de tenir le moindre pistolet ou sabre, qui se prend les coups ! Je n'ai pas signé pour cela.. enfin si.. mais non! En tout cas, on ne m'y a pas formé!

Calmant mes nerfs, laissant la douleur s'évanouir, je me replonge dans mes aimées paperasses pour constater.. un cauchemar! Non.. c'est impossible ! Jamais, en vingt ans de carrière, cela ne m'était arrivé! Mon sursaut m'a fait renverser mon encre, qui a pris le malin plaisir de recouvrir de noir l'entièreté des formulaires!

Une envie soudaine parcoure mon thorax, celle de briser ce bureau de mes mains, de réduire à l'état de charpies tout le mobilier, de laisser sortir ma colère! Etonnement, je le fais !
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Voilà, c'est fini Commandant Trovanik!

TROVAHECHNIK!

Haha désolé.. C'est de quelle origine ce nom, Est Blue? Parce que, je veux dire, Travohenik, c'est pas courant!

Est-ce que ce jeune médecin se fout de moi, ou est-il juste un autre déchet congénital incapable d'épeler quelques pauvres lettres? Je n'ai pas le temps de m'appesantir sur cette question; le freluquet tapote sur le plâtre frais qui orne ma main droite.
Vous vous êtes fait ça en tombant commandant? La cassure ressemble plutôt à un coup... !

Oui c'est bien cela. Je suis tombé. Le sol m'a frappé.. Ne combattez jamais le sol jeune homme, il gagne toujours.

Haha! Vous avez le bon mot, vous! Bon, je vais remplir les formulaires d'accidents à votre place... vous êtes droitier n'est-ce pas?!


Dans ces instants, j'aimerais pouvoir transformer mon interlocuteur en crayon. Que je puisse le tailler, encore et encore, lentement, et écouter ses suppliques. Mais je ne peux pas, et je me tais donc, car je suis ridicule.
Le freluquet me rend le papier rempli. Je lui indique une erreur, juste là, à la 13ème ligne. Il recommence et ,mauvais, me lâche :

Ah oui! Autant pour moi! Je vais corriger ça... de ma main valide.!

Vil étron que ce médecin prétentieux! Tout sourire, il me rend la feuille, et je m'en repars, la queue entre les jambes, avec ma main cassé et mon bras entaillé... Mais après quelques pas, l'étendue de la catastrophe me frappe de plein fouet! Ça m'avait effleurer, certes, mais je n'avais pas encore vraiment réalisé! Mais là... C'est .. si clair.. triste.. horrible: je ne peux plus écrire! Je ne peux plus remplir quoi que ce soit! Je ne sers plus à rien.

...

Dévasté, j'ai médité la-dessus l'après-midi durant, puis la soirée, ensuite la nuit et enfin la matinée. J'ai retourné le problème sous tout les angles, évalué les causes, les conséquences, les pourquoi et les comment. J'ai même été tenté de boire un verre... Mais j'y ai renoncé, et j'ai continué à cogiter !

Et ça a porté ses fruits. Il est neuf heure, je suis fatigué, mon esprit est embrumé, mais j'ai la solution à mon problème !

D'un pas vif et décidé, je m'avance dans les couloirs de la base, je serpente, le regard droit, la main fier... mais cassée, jusqu'à enfin rejoindre ma destination. Une porte blindée me fait face, grande, imposante. Au-dessus on peut lire ces mots :
"Section scientifique - Département appliqué"

J'entre.


Spoiler:
    Je me permets de poster juste pour préciser qu'effectivement, le double-poste est moins indigeste, contrairement au gras qui m'a tué les yeux !
      Je n'avais jamais mis les pieds ici auparavant mais le spectacle qui m'est donné est pour le moins impressionnant!

      L'endroit est une véritable fourmilière, des centaines de petits hommes vêtus de blouses blanches s'y pressent, chargés d'objets étranges, d'éprouvettes ou autres récipients apparemment dangereux, criant à tue tête des imprécations ésotériques! Je dois avouer que même moi, j'ai difficile à comprendre la logique de cet endroit.

      Cette énorme hangar tient de l'organique; les tuyaux qui le parcourent, les machines et souffleries, les consoles aux innombrables boutons, tous semblent respirer au rythme d'un battement de cœur mécanique: l'homme ici n'est qu'un moyen... Quel paradis!!

      Cela dit, je suis perdu. On m'ignore. Les scientifiques passent à coté de moi sans me voir, et ce n'est pas à cause de ma taille quasi présidentielle! Je tente bien de les aborder, de me faire remarquer à coup de:

      Oh! Quelle bel alambic! C'est le vôtre?

      Ou encore

      Mais...Votre éprouvette est véritablement ÉNORME !

      Mais rien n'y fait. Alors je traine mes basques au milieu de ce beau monde, régalant mes yeux mais pas mon désir. Ici, sur ma gauche, un trombinasateur Coruptique. Je n'en avais encore jamais vu en vrai. Là, devant, deux blouses blanches s'affairent avec un Calomateur Centipode. Une belle machine. Mes yeux sont tant attirés par tous ces appareils fantastiques que je ne regarde plus où je met mes pieds et bardaf, c'est l'embardée! Est-ce ma faute, ou lui qui ne m'a point vu ? Toujours est-il que me voilà projeté au sol de par une collision brutal avec un jeunot en blouse.

      La journée est définitivement pourrie, me voilà encore brutalisé ! Je regarde avec haine le freluquet, qui me rend ce regard au carré. Mais étonnement, son expression change à mesure que je me relève, passant de l'exaspération à la surprise. Je grogne

      'Pourriez-vous excuser jeune homme!

      Il m'observe avec la bienveillance d'un enfant équipé d'une loupe au dessus d'une fourmilière. Face à son mutisme et son expression presque sociopathe, je tourne les talons, mais il m'interpelle.

      Vous êtes ...

      L'homme est probablement dérangé, mais je ne crache pas sur l'unique opportunité de communication qui m'a été offerte depuis mon entrée en ces lieux.

      Je suis à la recherche d'information jeune homme !

      Il fixe mon joli minois, puis ses yeux se baladent niveau poitrine, sur ma plaque d'affectation.

      Et oui je suis commandant!

      Voilà une sentence qui fait vaciller le freluquet! Il se rend compte maintenant qu'il a bousculer quelqu'un d'important!

      Vous êtes Lou Trovahechnik! C'est bien vous ?!

      Étrange... Je croyais provoquer de la peur dans son cœur, mais il me regarde comme un affamé regarderait une tarte au anchois! Je suis étonnement.

      C'est bien vous n'est-ce pas? C'est vous.. le B.4 ?

      Gnéhéhé nous y sommes! Non sans une certaine fierté, je confirme que c'est moi... le B.4 !
      Le gamin est extatique! A la limite de l'apoplexie!

      J'ai travaillé sur le B.4 pendant mon apprentissage Mr. Tovahechnik

      Quelle partie mon cher?

      Le tome 7! Alinéa 12.4.6.98.A.4 ! Au fait appelez moi donc Jo!

      Gnéhéhé! Oui je vois, Jo. Les méta-formulaires auto référentiels à parties attachées.

      Exactement! C'était brillant!

      Ses mots coulent sur moi délicieusement. C'est si bon de voir que parmi les esprits de fourmis qui peuplent cette organisation, il existe encore certains îlots de respect, des gens dont l'étendue intellectuelle ne s’arrête pas au paillasson de leur ignorance.

      Qu'est-ce qui vous amène ici à vrai dire Commandant ?

      Reprenant le sérieux qui incombe à ma fonction, je sors de ma poche le plan qu'il m'a fallu une nuit pour griffonner, l'accompagnant d'un descriptif précis, car je suis nul en dessin. Jo me regarde désolé.

      Désolé Commandant, mais ceci est impossible. Il nous est impossible de vous grandir de trois mètres, d'augmenter votre masse musculaire et de vous initier aux arts du combat en moins d'une semaine. Nous n'avons pas la technologie...

      ... Non... NOOOONNNNNNNN !!!!! Il l'a dit! Je suis détruit! Anéanti! Condamné à rester faible et petit! Obligé de me prendre des coups par des pirates infâmes jusqu'à ce que je succombe! Mais la sincérité des mots de Jo est désarmante, et sans appel. Je prend donc le chemin de la sortie, abattu.

      Attendez Commandant! il y à peut-être une solution!

      -------

      La fierté sue des paroles de mon guide, alors que nous contemplons des merveilles de technique dans ce laboratoire bien au font du département, finement nommé: nouvelles recherches.

      C'est ce qu'on appelle la cybernétisation. Le procédé est développé depuis longtemps, mais les avancées technologiques nous permettent maintenant de l'appliquer plus facilement !

      L'équipement auquel nous faisons face est impressionnant: des tubes énormes, sorte de carcans translucides remplis d'eau gazeuse, qui glougloutent et froufroutent à souhait! Jo me tend un dossier peu épais: c'est un aperçu des différentes possibilités.

      Avec cela, vous pourriez devenir un monstre de combat, une machine à tuer!

      Un doute me prend: ai-je vraiment envie de devenir CA ? Cette chose... Comme s'il pouvait lire dans mes pensées, le jeune Jo ajoute:

      Et c'est personnalisable à souhait! Nous pourrions adapter la transformation à vos talents, vous rendre plus efficace sur le terrain mais aussi dans un bureau...

      Voilà un homme qui sait parler aux fonctionnaires! Cette proposition là me titille déjà plus le bas du ventre!

      Par contre, cela risque de vous couter pas mal d'argent. Il y a le matériel, l'opération, la main d’œuvre...

      Oui certes... Mais ce serait la première opération du genre, me trompe-je Jo?

      En effet... du moins concernant la personnalisation et la cible...Ça fera d'ailleurs beaucoup de paperasse.

      Je ne peux retenir l'énorme sourire qui me vient: paperasse. Quel beau mot. Un mot que je connais aussi bien que je maitrise! Un mot qui ouvre toutes les possibilités pour qui sait en jouer!

      Faites donc des plans mon cher Jo! Je m'occupe de la paperasse! La Marine devrait pouvoir contribuer au paiement, il y a un formulaire pour cela! Une fois les plans faits, vous me les ferez parvenir, et je reviendrai avec tout ce qu'il faut pour lancer ce beau projet!

      Tout le monde en à pour son compte: Jo et son équipe vont pouvoir travailler sur un nouveau prototype, quant à moi, fini les coups sur la tête. Gnéhéhé!


        J'ai constitué un dossier énorme. Une œuvre d'art. 1312 pages de références, d'autorisations, de rapports de service. Tout y était, de mes glorieux états de services pour le Gouvernement Mondial à mes prouesses lors de la protection du QG de West Blue. Le tout enrobé de délicieux articles du code assemblé de façon à faire faiblir n'importe quel préposé aux demandes de financement, même le plus ardu. Et ça a eu l'effet escompté. J'ai reçu ce matin la confirmation que la Marine prenait en charge tous les coûts du projet, sans exception. Je ne me le dis pas assez mais je suis un génie. Gné.

        C'est donc le pas léger et sautillant que je me dirige vers la section scientifique, pour retrouver ce cher Docteur Jo, responsable de l'opération à venir. Je passe les portes, m'avance dans le hangar qui n'a pas changé: toujours aussi inhumain et automatisé. Merveilleux. J'aperçois Jo au fond, à coté d'une machine qui ressemble à un énorme tube de la taille d'un homme, rempli de liquide étrange et jaunâtre. Docteur Jo m'alpague, ouvertement enthousiaste.

        Commandant Trovahechnik! J'ai reçu votre courrier, et j'ai pris note de vos personnalisations. Quand voulez-vous procéder.

        Maintenant tout de suite mon cher Jo! Je n'ai ni mangé, ni but, en prévision de cette opération!

        Sage idée commandant. Et bien, si vous voulez prendre place...

        Jo m'indique une chaise de médecin, juste derrière. Alors que je m'en approche, il en baisse la hauteur. Charmante attention. Je n'ai aucun mal dès lors à me hisser sur le siège. S'approche une infirmière quelconque, seringue à la main. Une petite piqure dans l'avant bras, et je me sens partir. Jo m'adresse quelques mots:

        Commandant Trovahechnik, lorsque vous vous réveillerez vous serez au-delà de l'humain...


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        Le réveil est cotonneux. J'entrouvre les yeux, pour apercevoir de nombreuses personnes autours de moi. Ils parlent et s'affairent, remarquant à peine que j'émerge, jusqu'à ce que le Docteur Jo dise bien haut:

        Tout le monde! Il se réveille!


        Puis, à mon adresse:

        Commandant, l'opération est un succès. Vous allez vous sentir un peu faible dans les heures à venir, c'est normal. Cela fait quatre jours que vous récupérez. J'ai le plaisir de vous le dire le premier: vous êtes maintenant, conformément à votre désir, mi-homme, mi-matériel de bureau!


        Je ne peux le croire. C'est un rêve éveillé! Enfin, mon être est à la hauteur de ma grandeur, de ma fonction! Jo prend sur une table un manuscrit épais, qu'il me tend.

        Lorsque vous serez remis, je vous invite à lire ceci. Ce sont les précautions et consignes d'usage de votre nouveau corps. Vous n'allez pas être déçu! Vous êtes, je l'avoue, ma meilleure création!

        Lorsque que je serez remis? Remis de quoi? Je n'ai jamais été aussi bien. Je saisis donc les pages qu'il me tend, et les engloutis en lecture rapide! L'inventaire est particulièrement intéressant.

        Spoiler:


        C'est magnifique! Purement et simplement magnifique! Tout est là, je suis maintenant... Ultime!