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Memento mori




Tout cela avait commencé des années auparavant. Il était impossible de mettre une date, un lieu. Tout était confus, seule la résolution était là. Depuis quand la pomme était rongée par les vers ? Nul ne pourrait le dire. Il avait été stupide de penser que les hommes demeureraient droits. Si le conditionnement, l’éducation n’avaient pas fonctionné, que restait-il ? La purge. La purification des ouailles. Chez les assassins, il n’y avait pas d’autre façon de fonctionner. Chez les révolutionnaires, c’était une autre histoire. Mais pour détruire une organisation comme l’Umbra, il fallait jouer à un tout autre jeu. Un jeu qui impliquait d’être aussi retors qu’eux, un jeu qui se dessinait en trames d’ombre, et qui avait commencé bien loin d’ici.

Un éclair frappa un arbre, non loin de l’assassin. La pluie battante coupa le feu avant qu’il ne prenne. Il souffla, assura sa prise. Les embruns avaient affaibli ses pouvoirs, il était de nouveau contraint à grimper à la force de ses bras. Sa capuche noire, de son habit de maître, cachait son visage. On distinguait le crâne des criminels, ayant troqué l’apparat révolutionnaire pour celui de ses ennemis. Il les attendait, il savait ce qu’il lui restait à faire. La foudre brisa un rocher en contrebas. Sa détermination semblait faire écho avec la colère des dieux. Il avait juré de réserver un monde meilleur à ses enfants, à sa femme. Pourtant, le voilà qui se hissait à la rencontre d’une froide vengeance. Une revanche nourrie par une décennie de meurtres sanglants. Mais pour faire tomber la tête, il devait s’assurer d’en couper les doigts.

« Vous êtes sûr que la cible est ici ? »

« Mon très jeune apprenti, tu as encore beaucoup à apprendre. C’est ici que la patrouille sera, et que notre cible viendra. Nous avons des consignes très précises, raison pour laquelle on nous paye si cher. »

« Mais, maître, il n’y a pas âme qui vive à des kilomètres de cette tour. »

« Tu es bien impatient, mon apprenti. »

« C’est une perte de temps. Allons trouver notre cible et … »

« Il suffit. »


Rafaelo était accroché un peu en contrebas, guettant l’échange à travers la meurtrière de la tour de guet. Détériorée par le temps, elle n’avait pour sommet qu’un étage sans plafond. Sans perdre de temps, profitant du couvert procuré par l’averse, l’assassin se hissa plus haut. Maître ou apprenti, cela ne l’inquiétait pas. Il était celui qui avait enseigné son art à Uther. Et si Uther s’était montré doué, il n’avait fait que le copier. Il était passé maître de ces techniques, nul ne pouvait le prendre à son propre jeu. Il se hissa à l’étage, glissant par-dessus le parapet en silence. L’eau ruisselait sur sa tunique imperméabilisée. Quelques gouttes s’étaient infiltrée dans les replis, mouillant ses articulations et son dos. Rien de grave, simplement désagréable.

« Maître, je vois une lanterne, là. »

« Tu vois, je t’avais dit d’être patient. Monte à l’étage, préviens-moi quand il sera à portée. »


Un pas léger s’ensuivit, gravissant les marches avec empressement. Un nouvel éclair retentît, faisant vibrer la maçonnerie. La lumière se refléta sur le métal d’une lame, perçant à travers un gantelet serré. Le premier pas de l’apprenti à l’étage fut aussi le dernier. Une main gantée se resserra sur sa gorge tandis qu’une pointe de métal acérée perçait son plexus. Elle perfora sa bronche puis trouva son cœur par le côté. La vie le quitta avant qu’il ne puisse comprendre qu’il était mort. L’assassin rengaina sa lame et allongea son corps par terre. Son sang se mélangea à la pluie, ruisselant à travers les pierres disjointes de la tour. Une rapide inspection du corps ne révéla rien d’intéressant, ce n’était qu’un apprenti. Le bas de gamme.

« Naga, que vois-tu ? »

Silence.

« Naga ?! »

L’écho chuintant d’une lame secrète.

« Rengaine ta lame, Sadow, je ne veux pas te tuer. »

Se retournant, le maître frappa le vide de son arme. Il jura entre ses dents puis dégaina sa rapière. Il inspecta les ombres, à la recherche de la voix. Son cœur battait la chamade. Il était tombé dans un piège, et il le comprenait à peine. Soudain, il le repéra. Son adversaire le toisait de toute sa morgue, n’ayant pas pris la peine de sortir ses armes. Il était revêtu de la tenue noire des maîtres, lui aussi. Une tenue similaire à la sienne. En tout point.

« Qu… Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’as-tu fait de Naga, enfoiré ? »

« Naga est allé brûler en enfer. C’est bien la seule place pour les traîtres. »

« Encore un abruti de l’Umbra qui veut nous faire la peau ? Tu vas échouer comme tous les autres, révolutionnaire. Votre vendetta est un non-sens, tout comme votre crédo débilitant. J’ai été formé par notre maître lui-même. Uther m’a tout appris … et je vais te montrer l’étendue de ma puissance. »


Joignant le geste à la parole, l’assassin fondit sur Rafaelo. Feintant de la pointe de son épée, il tourna sur lui-même pour enfoncer sa lame dans la carotide du révolutionnaire. Ce dernier posa le pied sur la lame de son adversaire puis intercepta son bras et bloqua son poignet d’une main. Il frappa sa poitrine du plat de son autre main. Le souffle coupé, le mercenaire se retrouva sur le dos. Il roula en arrière, se mit en garde. Il secoua la tête pour chasser les étoiles qui lui dansaient devant les yeux. De la chance, cela ne pouvait être que de la chance. Il fit un pas en avant puis chargea en zigzaguant. Une bombe fumigène jaillit de sa poche et éclata aux pieds de Rafaelo, le plongeant dans les ténèbres. Malgré ses efforts, le maître fut chassé du nuage, roulant jusqu’à l’extrémité de la pièce. Il s’écrasa lourdement contre le mur tandis que son épée rebondissait par terre. Il se redressa, s’assis dos à la pierre. La silhouette noire émergea alors de la fumée, auréolée de gris.

« Uther n’a visiblement pas retenu toutes ses leçons. M’attaquer avec de la fumée est la pire idée qui soit. »

« Non … c’est impossible ! »

« Alors il va falloir revoir la définition d’impossible. »


Le mercenaire releva son bras, un geste stupide dicté par la panique. Tirant sa propre rapière en un éclair, Rafaelo lui perça la chair et l’épingla au sol, entre deux pierres. Sa victime grogna de douleur, adressant un regard empli de haine au révolutionnaire.

« Peu importe que tu sois revenu, Uther a mené l’Umbra bien plus loin que tu n’aurais jamais pu le faire. »

Un sourire s’épancha sur le visage de l’assassin, qui s’accroupit en face de Sadow. Il posa ses coudes sur ses genoux et le regarda droit dans les yeux.

« Je n’en doute pas. Mais avec ses nouveaux intérêts, il y a une chose qu’il ne pourra jamais s’acheter. »

« Ah ouais, et c’est ? »


D’un geste foudroyant, Rafaelo dégaina sa lame secrète et l’enfonça dans l’épaule du maître assassin. Surpris, cette fois, il ne put se contenir et hurla de douleur pendant que le métal se glissait entre sa clavicule et son humérus.

« La loyauté. »

« Hgn … hgn. »

« Alors, comme je suppose que tu vas essayer de couvrir Uther, nous allons essayer d’estimer ton seuil de résistance à la douleur. »



Dernière édition par Rafaelo le Mer 23 Nov 2016 - 16:59, édité 1 fois
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Sadow avait eu tout le temps de remettre en question et de maudire son allégeance à Uther. Mais si ce dernier avait trahi l’Umbra, il avait emporté son lot de profiteurs et de traîtres avec lui. Il ne fallait pas s’attendre à ce que ses hommes lui soient fidèles, et il le savait bien. Même s’il était maître, Sadow n’avait que peu d’informations sur son chef. Ils n’avaient pas d’organisation centralisée, prenant exemple sur le fonctionnement de la confrérie de Rafaelo. Cependant, une information avait été utile : il y avait un moyen de faire venir Uther en personne pour des contrats. Il suffisait que la prime soit assez juteuse et/ou qu’il s’agisse d’un partenariat suffisamment intéressant. Un partenariat comme à Goa, certainement. Quoi qu’à ce moment-là, Rafaelo suspectait avoir encore des pions infiltrés dans son Umbra. Raison pour laquelle il participait seul à cette vendetta.

« Ce sera pas aussi simple, cette fois … »

Le mercenaire avait raison. Il n’avait fait que passer un contrat pour l’attirer ici, prétextant un meurtre qu’il n’avait eu qu’à empêcher. Mais comme toute organisation, l’assassin savait comment procéder.

« À la différence que c’est moi qui vais aller récupérer ta prime, Sadow. Tu vas me dire où. »

« Et après tu me laisses … partir ? »

« Promis. »


Une légère hésitation. L’Umbra était faite sur le serment et l’honneur. C’était la faiblesse des révolutionnaires, dont ne s’était pas embarrassée l’organisation d’Uther.

« Nous avons plusieurs caches, celle où je devais récupérer mon argent est sur cette île. Seulement, tant que je n’appelle pas … rien ne se passera. »

Evidemment, cela aurait été bien trop simple sinon. Il devait y avoir une pléthore de moyens pour eux d’indiquer qu’il y avait un problème. Ce serait prendre un risque trop important. Déjà qu’il avait dû neutraliser les capsules de poison avant que Sadow ne se donne la mort, il envisageait qu’il y avait bien pire derrière. Il était certain qu’aucun autre assassin n’était dans le coin, mais il s’attendait presque à voir un carreau percer des ténèbres pour se figer dans le crâne du mercenaire. Quoi que … ce pourrait être une bonne idée après tout. Uther était trop lâche pour se montrer, mais si l’imbécilité de Sadow pouvait amener des assassins plus gradés qui tenteraient de lui faire la peau … Rafaelo était peut-être présomptueux, mais il était certain que personne au sein de l’Umbra ne pouvait rivaliser avec lui. Pour une raison toute simple : il était bien plus fort qu’à Goa. Il réprima un sourire. Si Sadow était intelligent, il n’essaierait pas de prendre l’assassin de court. Mais le révolutionnaire ne s’était pas contenté de l’intercepter durant sa mission. Il l’avait filé pendant plus d’une semaine, prenant ses habitudes, ses intonations. Il s’était préparé à infiltrer l’Umbra en reprenant le rôle du personnage. Ainsi, cela chamboulait ses plans d’apprendre qu’il n’avait aucun lien direct avec la hiérarchie. Uther se voulait inatteignable. Alors qu’une équipe envoyée neutraliser Rafaelo … Non, le plus probable serait de penser qu’ils le laisseraient tomber. Ils étaient une bande de pourritures.

« Tu penses peut-être que je vais te laisser les appeler et les prévenir de mon arrivée ? Tu sais autant que moi qu’ils te laisseront simplement tomber, Sadow. À vrai dire, je me rappelle de toi, il y a quelques années. Je m’étonne que tu aies pu monter si loin dans la hiérarchie … mais je suppose que c’est uniquement parce qu’ils te considèrent comme jetable. Aisément sacrifiable. »

Le mercenaire ne réagit pas. Il était en sang, tuméfié et tremblant. Que Rafaelo veuille ouvrir le débat maintenant qu’il avait brisé son corps n’avait plus d’importance. Il le haïssait, tout autant qu’il haïssait Uther à présent. Il avait pensé au pouvoir, à la richesse. Il était humain après tout. Mais tout acte avait des conséquences. Il n’avait connu le révolutionnaire que de loin, avait toujours détesté sa morgue et son code archaïque. Un assassin qui protégeait le peuple, c’était ridicule à ses yeux. Mais il comprenait, peut-être trop tard, qu’on pouvait être la pire ordure et agir pour une cause que l’on croyait juste. Rafaelo croyait en une cause, ce qui le rendait plus dangereux que n’importe lequel de ses confrères. Il était fanatique, aveuglé par son devoir. Ainsi, chacune de ses actions avec un but précis, une conséquence étudiée. Lui, traître, n’était qu’un jalon sur sa route. Or, il pouvait tirer parti de la droiture supposée de l’assassin. Il pouvait espérer survivre. Uther lui ferait la peau si jamais il s’en sortait … mais s’il livrait Rafaelo ? Il baissa son regard sur ses mains.

« Tu ne pourras plus jamais te servir de tes mains. Tu le sais, n’est-ce pas ? »


Oui, c’était une évidence. Ses doigts étaient réduits en charpie. Ses os brisés en de multiples endroits. Le révolutionnaire avait pris soin d’en faire un homme inapte. De réduire à néant ses compétences. Il serra la mâchoire et hoqueta de douleur. Il était brisé, tant physiquement que psychologiquement. La douleur occultait ses sens. Il ne comprenait pas pourquoi il était encore vivant, ni qu’il pouvait éprouver autant de souffrance. Et, pourtant, presque aucun sang n’avait coulé.

« Donc, Sadow, on va faire simple. Tu les contactes, tu leur dis que la mission est accomplie. Ou je te promets que tout cela ne sera rien comparé à ce que je te ferais. »

Une leur malsaine se fit un chemin dans les pupilles du révolutionnaire. Un frisson parcourut l’échine de Sadow, suivi d’une douleur sourde qui lui courut le long du dos. C’était quoi le pire ? La perspective d’une vengeance immédiate de Rafaelo ou le contrecoup d’Uther ? La différence était que la douleur était présente, réelle. Et que le révolutionnaire avait, lui, une parole qu’il tiendrait. De plus, il misait beaucoup plus sur la réussite de Rafaelo, à cet instant présent.

« B … bien. Je vais le faire. Il faudra apporter une preuve de la mort de la cible … »

L’assassin avait pris soin de laisser sa bouche en état de marche. Cela allait de soi.

« Ne t’inquiète pas pour ça. Je comprends que parmi les pourris, des précautions soient d’usage. Tiens, je te rends ça, du coup. »

Le révolutionnaire lui tendit un denden. C’était celui de Sadow, évidemment, mais quand l’avait-il subtilisé ? Certainement durant le combat … ou bien avant. La perspective que Rafaelo ait pu le filer depuis plusieurs jours lui éclata soudain en plein visage. Cette peur soudaine lui noua les entrailles. Naga était mort pour rien, simplement le fait d’être là. Et lui, avait souffert avec une préméditation qui lui faisait bien plus peur que toutes les vengeances possibles d’Uther. Auditore était un malade, un fou fanatique qu’ils n’auraient jamais dû chercher à tromper.

« Numéro ? »

Sadow obtempéra sans discuter. Son cœur battait la chamade.

« Marr ? Ici Sadow. Pecunia non olet. Mission accomplie. »

« Pecunia non olet. Nous prenons acte et acheminons ta prime. »


Le son se coupa brutalement. Rafaelo rangea le denden dans ses effets.

« J’espère pour toi que tu n’as pas cherché à m’entourlouper. »

Et une dague acérée vint percer la carotide du mercenaire, qui hoqueta dans son sang sans pouvoir bouger. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites.

« Ma parole n’a aucune valeur pour les traîtres. »
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Memento mori 11dd9cd01b73677985ba2ba8908ef06e

C’était dans une ruelle sombre, non loin d’un infâme tripot. Lieu rêvé pour cacher une récompense issue d’activités peu légales. L’averse s’était calmée à l’intérieur des terres, mais le tonnerre frappait encore aux abords de la ville. L’assassin avait ajouté quelques effets sensés perfectionner son déguisement. Il ressemblait bien mieux à sa victime maintenant, mais n’oubliait aucunement le risque de se voir prendre en embuscade. À la différence près qu’il était certain de le voir venir. Cela faisait un deux mois qu’il avait commencé à remonter la piste de l’Umbra maintenant. Il avait voyagé sur de nombreuses îles, posant des contrats anodins afin d’obtenir des noms et avoir une idée de la hiérarchie. Le nom de Sadow était revenu plusieurs fois avant qu’il ne puisse tomber dessus. Il s’était arrangé, la plupart des fois, pour ne laisser aucune trace de son passage, écoutant les mercenaires discuter entre eux, sans les toucher. Une élimination systématique aurait attiré des soupçons. Ainsi, Sadow, de par son ancienne affiliation à l’Umbra révolutionnaire, avait eu un traitement de faveur. D’autant plus que l’assassin comptait prendre sa place.

En revanche, le nom de Marr, était revenu assez souvent. C’était lui qui s’occupait des primes de cette région. Il n’avait jamais pu lui mettre la main dessus, mais était persuadé qu’il se déplaçait en petit comité. Il l’espérait. Ainsi il pourrait le rencontrer, discuter avec lui. Il espérait donner le change assez longtemps pour en apprendre plus sur la localisation d’Uther. Il arriva en avance au rendez-vous. Il sortir d’un paquetage une bague, encore insérée sur un doigt fraîchement sectionné. Le doigt de Sadow, la bague de famille de la victime supposée de Sadow. Cela n’avait pas été difficile à déguiser : les corps de l’assassin et de son apprenti gisaient au fond des océans, à présent, et leur cible avait trébuché dans les escaliers à cause du brouillard surnaturel qui s’était levé à la tour de guet. C’était un marine, bien entendu, et sa troupe n’avait rien vu d’anormal dans le fait que leur chef soit tombé dans les escaliers et ait pris un mauvais coup sur la tête. Il se réveillerait bientôt et ne se rendrait compte du vol que bien plus tard dans la nuit.

Un carreau d’arbalète perça dans la nuit. L’assassin évita l’attaque en se penchant sur le côté, sans effort. Il étendit son mantra en une fraction de seconde, avisant les sept voix embusquées qui l’attendaient. Foutu Sadow. Deux hommes sautèrent des toits encadrant l’étroite ruelle en dégainant leurs lames secrètes. Deux dagues leurs percèrent la gorge et ils tombèrent aux pieds de l’assassin. Un mouvement de recul sembla parcourir les autres silhouettes embusquées restantes. Mais elles sortirent tout de même encadrer la ruelle. Trop étroite pour dégainer et se battre, trop longue pour espérer en atteindre un sans se faire blesser. Ils avaient bien pensé leur coup. Ou presque.

« Alors, Sadow, on oublie rien ? »

Un sourire se glissa sur les lèvres de Rafaelo.

« Je t’avais dit qu’il y aurait des conséquences, petit fils de pute. Et crois-moi, Marr était plus que content de m’envoyer à sa place. Il en a marre de traiter avec un foutu escroc de ton espèce. C’est la dernière fois que tu nous la fous à l’envers. »

C’était inattendu.

« Angral, je ne vois pas Naga. Est-ce que tu ressens sa présence ? »

C’était l’un des hommes de l’intrus. Malheureusement pour lui, il ne risquait pas de le trouver mais cette ligne avait au moins le mérite de prouver quelque chose.

« Je ne savais pas que tu avais développé le mantra, Angral. C’est amusant. »

« Et moi je ne savais pas que tu avais connaissance du mantra, Sadow. Mais ça ne fait aucune différence, je vais m’occuper de toi aux petits oignons. C’est la dernière fois que tu cherches à nous doubler. Je sais que ta cible est encore vivante. On t’avait dit : dernière chance. Où est Naga ? »


Le révolutionnaire inspira profondément.

« Ecoute, je peux tout expliquer. Uther comprendra. »

« Uther a rien à foutre des merdes comme toi. Il a mieux à faire. Je te le redemanderai pas : où est Naga ? »

« Putain, je te dis que je peux tout expliquer : je sais où est Auditore. »


L’arbalète que braquait Angral baissa sensiblement.

« Quoi ? C’est quoi encore cette excuse à deux balles ? »

« C’est pas une excuse, putain. C’est lui qui a foutu le contrat sur la cible. Il a chopé Naga. »


L’arbalète se baissa un peu plus. L’explication était bancale mais avait eu l’intérêt de capter l’intérêt de la cible.

« Conneries. T’essaies de gagner du temps. »

L’arme se redressa.

« Fais tes prières. »

« Ecoute. Crois-moi, ou me crois pas. C’est comme tu veux. Mais imagine un instant que ce soit la vérité, Angral. Hein ? Et si on livrait tous les deux Auditore à Uther ? Tu penses pas que … »

« C’est le gibier d’Uther, on n’a pas le droit d’y toucher, tu m’entends. »

« Ouais, et aussi la sœur d’Uther ? Il est venu avec la sœur d’Uther. Céline. »


Le doigt frémit sur la gâchette.

« Comment tu as connaissance de ça, toi ? »

« Parce qu’ils m’ont envoyé livrer un message à Uther, contre ma survie … C’est pour ça que j’ai appelé Marr. Angral, putain. On peut s’en sortir gagnants tous les deux. Si Uther peut mettre la main sur Auditore et récupérer sa sœur, tu sais ce que ça vaut ? Alors, s’il te plaît, oublions ce petit … accrochage. »

L’arbalète se baissa de nouveau.

« Gardez-le en joue. »

Angral sortit de ses effets un denden blanc. Rafaelo réprima un sourire. Oh, il ne se faisait pas d’illusions sur le temps que durerait sa couverture, mais il se satisfaisait toujours autant de sa capacité à interpréter ses rôles. Il avait su donner le change, malgré l’improvisation. L’information avait de quoi allécher.

« Uther. J’ai quelque chose qui peut t’intéresser. Non, j’interviens sous la commande de Marr. Sadow a recommencé, ouais. Il dit qu’il a localisé Auditore, et ta sœur. Evidemment que je me suis assuré de … oh merde. Non, non ! Tu dois venir me … »

Un regard effrayé se leva sur l’homme tenu en joue.

« Tu … tuez-le ! Vite ! Vite !! »

Trop tard. Les traits d’arbalète perforèrent l’assassin, traversant la ruelle et frappèrent deux des quatre assassins. Une balle et une dague achevèrent les autres puis une colonne de fumée jaillit de la main tendue de Rafaelo, interceptant Angral pendant qu’il prenait la fuite. D’un geste sec, il ramena à lui le mercenaire et l’envoya dans le royaume des songes d’une droite bien assurée. Tout s’était déroulé en une fraction de seconde, bien trop rapidement pour que la vitesse du révolutionnaire ne soit anticipable. Et encore, il était loin du niveau de feu Envy. Il ramassa alors le denden blanc qui émettait encore vers Uther.

« Je viens te chercher, je te trouverai. Et je te tuerai. »

« Bonne chance. »



Dernière édition par Rafaelo le Mer 23 Nov 2016 - 18:42, édité 1 fois
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Le couard était mort dans la nuit. Il n’avait pas vu l’aube se lever qu’il avait déjà craché tout ce qu’il savait sur Uther. Le mythe de Rafaelo, ses actions d’éclat. Kanokuni. Tout cela avait suffi à faire pencher la balance. C’était ça de tomber de son piédestal. Lorsqu’on rencontrait le sol face la première, on perdait pied. Cela faisait du bien de tomber sur un lâche, de temps en temps. Uther avait étendu son organisation de la même manière que l’Umbra, et se montrait bien moins sélectif en termes de recrues. Il se contentait de recruter parmi les bas étages et offraient une paye si généreuse qu’elle faisait tourner la tête. Contre toute attente, le chef de l’Umbra criminelle ne se cachait pas dans la nuit. Il semblait n’avoir peur de rien et se déguisait en plein jour, souffrant de son argent comme il l’entendait. Il était au sommet de sa gloire et traitait allègrement avec la mafia Tempiesta. De lointaines connaissances de Rafaelo. L’assassin connaissait sa destination, à présent. Il y serait assez rapidement pour éviter qu’Uther ne disparaisse de nouveau. Il le trouverait, et il le détruirait. Quoi de mieux que Manshon pour une fin en beauté pour la pire des ordures ?

L’assassin empocha le denden blanc. Une ligne directe avec Uther pourrait toujours s’avérer utile. Il ne lui restait plus qu’à aller à Manshon et rencontrer les Tempiesta s’il voulait en apprendre plus sur la prochaine destination de sa Némésis. Il doutait que Timuthé soit heureux de le voir débarquer, mais au moins il pourrait invoquer l’ancienne amitié qui le liait à Damien Reyes, qu’il avait allègrement manipulé, pour obtenir une audience. Il doutait de pouvoir obtenir cette information gratuitement, pas plus qu’il ne la trouverait autrement.

Le denden de Rafaelo sonna.

« Amour ? »

« Céline. Je me languissais de tes nouvelles. »

« Allons, amour. Nous nous sommes parlés il y a moins d’une semaine. Ta fille voulait te parler. »

« Et mon petit gars ? »

« Il a encore disparu … mais Tango et Blue aussi. Je le suspecte de préférer la compagnie des serpents ailés à la mienne. »

« Allons … Je suis sûr qu’il sera de retour rapidement. Après tout, Mangrove veille au grain. »

« Oui … Mais avant de te passer ta fille, j’ai un message à te transmettre Amour. Un message de mon frère. »


Silence pesant.

« Il t’attend là où tout a commencé. »

« Cesare … »

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