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Que la lumière soif... Et la lumière but !

Karaté Island... ou, comme l'appellent les connaisseurs : Tatane Land ! C'était avec un certain amusement que je m'avançais dans les rues de la capitale de l'île. Pas de surprise sur ce que je venais faire ici. Après tout, cela aurait été comme demander à quelqu'un ce qu'il fichait au beau milieu d'un magasin de tricycle. Sûrement pas faire un tennis. Si j'étais sur l'île du Karaté, c'était pour participer à un tournoi bien entendu. J'avais entendu dire que celui qui remportait le titre de la prestigieuse cité qui servait de capitale gagnait une renommée pour le moins importante à travers tout South Blue. Tout comme l'or attire le percepteur d'impôt, le seul mot de renommé légendaire avait suffi à me tirer de ma torpeur pour me faire venir ici. Si je voulais retrouver mon fils, je n'avais pas trente-six solutions. Gagner une renommée assez grande pour me faire connaître à travers le globe, forcer ce monde à crier mon nom pour qu'émerge de ses entrailles le fruit des miennes et qu'il finisse par venir à moi. Pour cela, je ne connaissais qu'un seul moyen : foutre un bordel sans nom. Devenir un Marine respectable aurait pu être une bonne alternative, mais cela prenait plus de temps que de tout faire sauter en se tenant comme responsable du merdier sans nom que l'on venait de générer. Pas de doutes dans mon esprit. Les nobles et le Gouvernement qui les soutenait m'avaient pris la femme de ma vie, mon envie de vivre, et mon enfant. Une seule réponse me venait à l'esprit en pensant à cela : ils allaient en chier un maximum et regretter jusqu'à leur dernier jour cette action.

Marchant d'un pas lent, mes lunettes de soleil me permettant de voir sans être vu, ou plutôt sans que l'on ne sache ce que je miroite, je m'avance dans les rues, mains dans les poches de mon imperméable. Ce dernier flotte au vent, alors que je chantonne un morceau dont je connais à peine les paroles. Tout ce que je sais, c'est que le rythme est régulier, mais néanmoins entraînant. Avec une certaine prestance, je me dirige vers le bureau des inscriptions, le visage sérieux malgré les quelques sons de musique que j'émets. Pas d'hésitation dans ma démarche, ni dans mes yeux, bien qu'ils soient dissimulés. Je ne prends même pas la peine de m'appuyer sur le comptoir pour donner mon nom et payer les droits d'inscription. Et oui. Même si foutre le bordel attire l'attention, cette fois-ci, j'avais opté pour un moyen plus conventionnel et respectable : gagner un tournoi d'arts martiaux. Pas d'armes létales, juste les grands classiques que sont les épées de bois, les tonfas ou encore les poings américains. Quand on me demande mon équipement, je réplique juste que je n'en ai pas. Bien qu'adroit avec une grande catégorie de joujoux, je suis davantage bercé dans le corps-à-corps pur et simple.

Ni une ni deux, on me file un papelard à signer. Tsss... Trop de paperasse tue le style. Sortant ma main gauche de ma poche, je signe le tout d'un élégant "Winchester D." qui fait bien classe, au point qu'on a l'impression de voir de la calligraphie. Aussitôt, l'hôtesse, vieille et pas très sympathique, me file un ticket et m'indique l'un des trois dômes qui servent au tournoi. Saisissant le bout de papier, je me dirige toujours aussi nonchalamment vers ma prochaine destination. Qu'est-ce que je vois quand je pénètre à l'intérieur, derrière le rideau qui sert de porte ? Une dizaine de rings d'un diamètre avoisinant les cinquante mètres carrés chacun. Je siffle un coup pour montrer mon étonnement, avant d'agiter mon ticket sous la barbe du videur qui m'indique le ring numéro deux. Les règles sont assez simples : ici seront disputées les éliminatoires. Plutôt que des innombrables un versus un, on nous colle une vingtaine de nioufs sur le tatami et on les laisse se tarter la face jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un. Pour peu, cette dernière phrase me ferait penser à cette série en papier mâché où un mec se bat avec une épée comme un pébranle en disant qu'il ne peut toujours en rester qu'un. Abruti va. Quand tu seras tout seul t'en feras quoi de ton épée ? Un grattoir pour tes trois poils de fesses qui se chamaillent parce qu'ils s'emmerdent dans tous les sens du terme ?

Alors que je monte sur le ring, je regarde un peu les quelques guignols avec qui on m'a collé. Je n'en vis pas un qui sortait du lot... quoi que. Finalement si. Au beau milieu de tous les tas de muscles, y'a un drôle de petit personnage. Nan, pas le genre à dire qui il est à une grande blonde en la traitant de connasse et à sortir des vannes pourries toutes les trente secondes. Le genre tout mignon qui fait fondre les filles et que s'il te tabasse, il le fait en foutant du sang partout avec un sourire tout innocent, ce qui lui donne un air encore moins net. Bon, j'aurais aussi pu insister sur le fait qu'il est bleu, ressemble à un nounours et tient une batte de base-ball, mais bon, ce genre de détail me semble juste être de l'esbroufe. Là il fait quoi l'ours en peluche de quatre-vingt centimètres de haut ? Bah il fume son cigare, entouré d'une flopée de pouffes blondes qui lui chatouille le pelage. Bref, le genre gangster qui se la pète avec ses catins tout en crapotant sa grosse clope comme une grand-mère. Je reste perplexe en voyant ce drôle de truc et sa batte posée contre son épaule. Okay, avec un gâteau dans les mains, il pourrait sans doute passer pour le pote de Bob l'éponge carré qui revient d'une sauterie chez Charlotte aux fraises, mais bon, son style gangsta gâche un peu le tableau.

Et d'un coup, l'arbitre se pointe et nous demande de nous préparer parce que dans quelques instants, il va nous faire sonner le gong un bon coup pour déclencher le début des hostilités. Pas pour autant que je vais sortir les mains de mes poches mon gars. Mais le truc tout bleu commence à demander aux filles de dégager, jette son cigare et ses lunettes de soleil, avant de se tourner vers tous les autres candidats. D'un seul coup, il nous la joue psychotique schizophrène. C'est à dire qu'il nous fixe avec sa batte de base-ball et un grand sourire genre la peluche amicale. Finalement, je révise mon jugement à son sujet. Comme pote, je le verrais plus avec les Chapi Chapo diaboliques qui dissèquent les malheureux qu'ils croisent pour boulotter leurs entrailles. Toi mon gars, t'attires trop l'attention pour être net. Soit tu te la joues, soit t'es un pur malade.

Que la lumière soif... Et la lumière but ! Bisounours3copie

Paf, d'un coup y'a le grand mec qui nous sert d'arbitre qui saisit son gros bâton style coton-tige pour frapper le gong et faire vibrer la salle. Alors là, si je devais donner un nom à ce bordel, ça serait sans doute Gronawak ! Ça se jette sur tout le monde, dans tous les sens. Ca prend même pas le temps de t'analyser ce qui se passe que ça cogne le mec juste à côté pour lui ôter les dents. Et au milieu de toute cette bande d'amateur, notre charmant nounours qui distribue des gnons avec sa batte. Pif, d'un coup il explose les dents d'un malheureux karatéka pas très vif. Paf, il fracasse les bourses d'un boxer massif qui ne semblait pas craindre sa brindille. Pom, il fracasse trois guignols en les éjectant d'un coup de batte. Et moi dans tout ça ? Bah, tout en observant, je me la joue peinard en esquivant allègrement les coups de poings que tente de me porter un boxer du dimanche. Le mec n'a pas tilté que dans la vie, y'a d'autres combinaisons que gauche, droite, gauche, droite et ainsi de suite. Tout en soupirant, je tourne pratiquement en rond en l'évitant alors que lui sue comme un goret. C'est bien gamin, t'as de la volonté, mais bon, niveau talent, prend une pelle et creuse parce que là...

Bon allez, c'est pas tout ça mon garçon, mais j'ai d'autres chats à fouetter. Si je veux vraiment me faire une bonne grosse réputation, j'dois avant tout faire autant d'esbroufe que la peluche qui prend son pied à mandaler tout ce qui passe à sa portée. Alors que le gamin me fait un nouveau direct du droit, je penche ma tête sur le côté tout en m'avançant vers lui. En une fraction de seconde, j'envahis son espace vital en faisant un mouvement de rotation complet, bref, un tour sur moi-même. Alors que je suis à nouveau face à son ventre ainsi exposé, j'ai plus qu'à tendre ma paume de main qui le frappe en plein plexus solaire. Le niard a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive que le voilà propulsé au loin. Et oui mon gars, c'est ça le style Jyûkenbu. Fluide, rapide, pas assez violent pour te défoncer les os que t'as mis quinze ans à te construire en buvant ton lait avec tes chocapics, mais tout de même assez méchant pour t'envoyer valdinguer à Tatawin les bains grâce à l'amplitude du mouvement. Bon, par contre, j'avais pas prévu que le môme fauche les trois compères que le nounours allait se farcir. Du coup, voilà que je me retrouve seul sur l'arène avec la boule de poile qui me fixe, les yeux grands et rond et le sourire enfantin, genre viens me faire un câlin, j'suis ton pote, et si t'es gentil j'viendrais te tripoter dans ton lit quand tout le monde sera couché. J'suis désolé pour lui, mais c'est pas mon trip ce genre de truc.

Bon, du coup ça fait un peu western tu vois. Genre deux gus sur un ring géant, avec plus personne autour. Manque plus que le coup de vent et la petite botte de brindilles qui passe entre nous. Je ne sais pas qui jouerait le shérif et qui serait le truand, mais je n'allais sûrement pas me retenir parce que la chose me fixe avec sa tête de psychopathe. Il s'avance alors vers moi en sautant, genre une gamine de six ans qui revient de la marelle, tout en chantonnant. Et voilà que d'un coup, il essaie d'abattre sa foutue batte de base-ball sur mon crâne, tout en souriant le bougre. On n’a pas gardé les cochons ensemble que je sache. Si tu me tapes, prend au moins la tête du mec qui en veut, et pas celle d'un mec en extase parce qu'il vient de découvrir ce qu'est la pratique buccale. 'Tain, ça me fout les boules les bestioles dans son genre. J'évite son coup en me déportant sur le côté, tout en remettant mes mains dans mes poches. Tu vas voir mon gros tout bleu, j'vais tellement te foutre en pétard que ton sourire de schizophrène, tu vas vite le remplacer par un air de bon gros ours pas content parce qu'on vient de lui pourrir son pot de miel.

Voilà que, toujours en souriant, il enchaîne les attaques. Gauche, droite, vers le bas, en diagonale. Au moins, il varie plus que l'autre niouf que j'ai envoyé dégagé. Je vois quand même que passer mon temps à l'esquiver commence à lui faire perdre patience. Et ouais mon gars. T'as ton gros bout de bois, moi j'ai que dalle, c'est pas pour rien que j'ai des mouvements plus amples et rapides. Bon, y'a aussi le fait que parce que si je me mets à te talocher, tu vas recracher tout ton rembourrage en coton mais bon. Sauf que d'un coup, le pote aux schtroumpfs est tellement en rage que pour m'énerver, il se met à me cracher dessus, espérant sans doute que ça me fasse perdre mes moyens. Trop concentré sur sa matraque à la con, j'vois pas le mollard arriver vers moi, et le temps de percuter la bassesse de l'attaque, le liquide visqueux se répand sur mon imperméable. Là, d'un coup, l'atmosphère semble s'embraser, et le nounours ne bouge plus. Pourquoi ? Parce que ma main droite vient de sortir de ma poche pour saisir sa brindille au vol alors qu'il l'abattait verticalement. Je lève la tête après avoir constaté la tâche. Mes lunettes de soleil légèrement abaissées le laisse voir la fureur du dragon qui se trouve dans mes yeux. Je me mets alors à lui exprimer toute ma sympathie pour le geste qu'il vient d'avoir.


- Nounours de MERDE !!!

D'un coup, la bestiole doit se demander si un camion lui passe pas dessus, parce que mon pied droit lui vole direct dans les côtes, en profitant de l'immobilisation produite par l'arrêt de son arme. Le minitruc a dégagé tellement vite suite au coup qu'il n'a pas réussi à conserver son étreinte sur la batte et celle-ci me reste dans les mains, alors que lui essaie de passer le mur du son. Il franchit l'ensemble du ring, la surface du suivant, et va d'un seul coup s'écraser dans le gong en le déformant, donnant l'impression d'un moulage en plâtre de l'autre côté de celui-ci. Bon, évidemment, du côté où il s'est planté, avec les jolies tâches rouges qu'il a fait en percutant le truc en or massif, ça donne plus l'impression qu'il a servi de mannequin pour un crash test mais là, fallait pas chercher non plus à m'emmerder quand on est taillé comme une peluche. Du coup, comme je suis seul sur le ring, l'arbitre me déclare vainqueur pour les éliminatoires, tout en restant à bonne distance parce qu'il voit que je suis encore en pétard et que je regarde le crachat de l'autre merdeux. Pendant ce temps, les pouffes blondes de la bestiole viennent auprès de lui en poussant des petits cris aigus et en se mettant à me traiter de tous les noms en restant à bonne distance. Quant à moi, je descends de l'aire de combat pour me diriger vers les chiottes. Faut que j'enlève cette foutue tâche avant la suite du tournoi quand même ! Surtout que je risque plus de tomber sur ce genre d'énergumène... enfin, j'espère.
    Voilà une petite heure que les éliminatoires sont terminées et je suis tranquillement peinard en train de m'imbiber d'alcool pour la suite des évènements. En termes culinaires, certains diraient que je m'arrose un peu... d'autres plus coincés diraient que je suis carrément imbibé. C'est sans compter sur mon endurance face à ce genre de chose qu'est l'alcool. Histoire d'évité d'être trop éméché, je tourne quand même à la bière. Le goût est certes moindre qu'un bon scotch, mais au moins, même en en buvant des litres, je suis sûr de ne pas finir torché sur le ring. Tout en sirotant ma choppe au bar, je me tourne, posant mes arrières-bras sur le comptoir en m'étalant légèrement. Je peux ainsi suivre le déroulement des éliminatoires encore en cours. Autant dire que ceux encore en lice ne sont pas vraiment un danger. Si après plus d'une heure, ils ne parviennent pas à torcher vingt guignols, alors ils n'avaient pas beaucoup de chances de remporter la victoire face aux plus coriaces ayant déjà terminé leur office. Bon, il se peut que le facteur chance soit assez impliqué pour que des complications se présentent, mais en général, lorsque deux adversaires de bonne puissance se retrouve dans ce genre de situation, leurs assauts sont loin de passer inaperçus. De mon côté, je ne perçois rien qui n'attire vraiment mon regard sur les quelques guignols restants. Plusieurs K.O. techniques, d'autres dus à du grand n'importe quoi de la part des combattants, mais rien de spécial. Sans doute que les plus redoutables combattants ont déjà terminé leurs match.

    Finalement, après une bonne demi-heure, l'ensemble des combats semblent être terminés sur les trois dômes de combat. On peut alors enfin passer au vif du sujet. On se retrouve alors tous convoqués dans l'arène de combat centrale où va se dérouler le véritable tournoi. Suite aux notations du jury sur la manière de mener les combats, voilà qu'on se retrouve plus qu'à huit. Je me demande comment j'ai pu être sélectionné, parce que jusqu'à maintenant, hormis esquiver les attaques les mains dans les poches, et talocher un enfoiré de nounours, je n'ai pas vraiment fait grand-chose. Peut-être le coup de l'imperméable super classe qui fait son effet. Sans doute les jurys sont-ils des hommes de goût. Je m'avance alors vers l'espèce de loterie avec toutes les boules numérotées qui tournent dans tous les sens. Sans vraiment en donner l'impression, j'observe derrière mes lunettes de soleil la trogne des huit guignols. Parmi eux, un Marine à l'air pas commode, une nana super canon, une gamine à l'air pas très sympathique, un blondinet habillé d'une tenue de ski orange ridicule, qui semble vouloir en découdre avec un espèce d'émo aux yeux tout louches encore plus ridicule, un binoclard dont ses groupies pensent qu'il est immortel parce qu'elles le talochent tout le temps, et un autre blond avec un bras et une jambe mécanique qui n'arrête pas de claquer ses mains, sans doute pour prier. C'est la foire à l'oignon ou quoi ? Y'en a pas un seul qui me semble normal dans tout ce bazar. A côté d'eux, je passe encore pour un mec normal... c'est dire.

    Après le tirage au sort, je me retrouve contre l'espèce de Marine à l'air peu sympathique. Il a un pur double-menton, et il a la même gueule que l'inspecteur tout space qui passe son temps à parler de sa femme, avec son oeil qui part en sucette. Par contre, au niveau de ses avant-bras, j'en viens à me demander s'il n'est pas un cyborg, parce que là, ce n'est même plus disproportionné, c'est carrément du grand n'importe quoi. Le pire de tout, c'est qu'il semble confiant le bougre, à tel point qu'il joue de la musique en sifflant dans sa pipe. Popek qu'il s'appelle. Le genre de mec à te chier une pendule au restaurant parce que son homard est trop cher. Malgré le fait qu'il sourit cordialement, il ne m'inspire pas confiance. Enfin, n'ayant pas le droit de choisir mon adversaire, je n'ai pas le droit d'ouvrir ma gueule. En fin de compte, j'aurais préféré me retrouver face à la nana canon qui se la joue mystérieuse, mais non. Elle, elle se retrouve dans le premier groupe, alors que moi, je reste dans le deuxième. Pas vraiment de chance à ce niveau. Enfin, c'est déjà mieux que de se retrouver contre le blond ou l'émo de service.

    Que la lumière soif... Et la lumière but ! Popeyecopie

    Une fois disposés chacun d'un côté du ring principal, trois fois plus grand que ceux des éliminatoires, on se sert la main en toute amitié avant de débuter le combat. Putain, il a une poigne de dingue ce mec ! A croire que je viens de foutre la main dans un étau en acier blindé. Essayant de cacher la douleur qu'il vient de me transmettre aux phalanges, je m'éloigne en secouant ma main. Alors qu'on se retourne pour se faire face à nouveau, le gong retentit ! Allez, c'est parti mon poulet ! Ni une, ni deux, je lui fonce dessus à toute vitesse alors que lui fait de même. Moi, étant gaucher, je lance ma main gauche pour lui foutre une taloche. Sauf que lui, étant droitier, il fait pareil avec la droite. Du coup, nos poings se rencontrent et bizarrement, c'est moi qui souffre quand même alors que lui ne semble pas être gêné plus que cela. Reculant en me tenant le poignet, il se met à charger vers moi, pour me foutre une taloche monumentale dans l'estomac et m'envoie valser au loin. Ce ne sont pas des poings qu'il a, ce sont des blocs de marbre pardi ! En plein vol plané, je fais une jolie galipette pour me réceptionner, dérapant jusqu'à arriver au bord du ring. Si je ne reprends pas la situation en main, je vais finir par me faire éjecter.

    De toute évidence, face à un mec qui frappe aussi fort, le style Hakkyokuken ne semble pas des plus appropriés. Il serait plus logique de faire usage du Jyûkenbû afin de le frapper sans risquer le duel de force pure. Qui plus est, utiliser les jambes semble plus raisonnable. Celles-ci sont généralement plus musclées que les bras... enfin, quand je vois le mec en face, je me dis que j'ai raison de dire "généralement". En plus, ça limitera les risques d'opposition entre nos poings. Décidé à ne pas me laisser faire, je reprends aussitôt le combat en me jetant vers lui. De toute évidence, il cherche le hors-ring, car lui aussi se dirige vers moi, convaincu qu'avec un coup de plus il m'expulsera de la surface de combat. Dommage pour toi mon gars, mais je ne suis pas le genre soumis à attendre que la merde me tombe sur la tête. Je suis plutôt le genre à boire une boisson qui donne des ailes pour chier sur le pigeon et jouer à l'arroseur arrosé ! Tout en m'avançant, j'effectue un mouvement de rotation sur moi-même, devenant un véritable tourbillon humain. Le poing brandi du Marine passe devant moi et se fait dévier par ma paume de main. Ayant passé sa garde, je cesse de tournoyer pour enchaîner plusieurs vifs coups avec mes paumes sur son plexus solaire, déclenchant un Chaotic Maelström qui l'expulse à l'autre bout de l'arène. Les rôles sont cette fois-ci inversés ! Et oui mon pote, quand on l'attaque, Arthy contre-attaque !

    Je croyais en avoir fini avec lui avec ce simple assaut, mais le bougre ose se relever. On voit tout de même qu'il n'est pas en état de continuer. Remettant mes mains dans mes poches, je prends un air assez perplexe. Le pauvre tiens à peine sur ses jambes, il espère faire quoi en titubant ainsi. Ha ! Voilà qu'il met sa main dans sa poche et sort une conserve. Il va peut-être me la lancer à la figure. Bah non, il l'ouvre et en bouffe le contenu qui est d'un vert foncé assez répugnant. Il nous fait quoi là l'arsouille ? C'est ce que je me demande jusqu'à ce que je vois ses muscles tripler de volume et qu'il se remette à faire de le musique avec sa pipe. C'est quoi ce bordel ? Il pousse grand-mère dans les orties là le papy ! Je me tourne vers les juges en poussant ma gueulante sur un air des plus offusqués qui soient.


    - C'est de la triche ce truc ! C'est du dopage bon sang !

    En constatant que la boîte de conserve ne contient que des épinards, les juges font signe de continuer. Non mais je rêve ?! Je connais trois guignols qui vont perdre des dents pour avoir pris une telle décision. Je n'ai néanmoins pas le temps de me concentrer là-dessus, car Popek se dirige vers moi et tente de me foutre un crochet du gauche avec encore plus de vigueur que tout à l'heure. Je recule d'un pas, laissant l'immense bras passer devant moi. Mais le guignol a tellement de force qu'il m'envoie dans les airs sans même me toucher, juste par le déplacement d'air. C'est pas un homme ce mec, c'est un mammouth ! Alors que je décolle ainsi, je le vois qui saute et s'agrippe à mon imper pour me mettre en position tête vers le bas, tandis que nous commençons tous deux à chuter. Là mon pote, tu viens de faire la même erreur que l'espèce de bisounours tout à l'heure ! On ne touche PAS à ce putain de wonderfull imperméable ! Comme disait le plus grand Castra de tous les temps : si je suis dans ce métier, c'est parce qu'un mec me tenait par les couilles, alors j'ai dû me les couper. En l'occurrence, j'applique la même idée. Tout en chutant, j'ôte mon imper par lequel me tient le Marine, avant de faire un mouvement de la jambe, à la fois pour inverser nos positions et pour retrouver mon équilibre.

    A peine à quelques mètres du sol, le pauvre bougre se bouffe un kick sur le crâne qui me permet de me rétablir, et le fait se manger la marbre de l'arène avec assez de violence pour créer un petit cratère. Je sens tout de même que le choc a été assez fort, car j'entends craquer mes articulations au niveau du genou, ce qui me pousse à le fléchir pour tout de même amortir l'impact, et me permettre de produire une impulsion qui m'éloigne du lieu d'impact. Le nuage de fumée se disperse alors, et au final, apparaît Popek avec la tronche en sang, au milieu du cratère, les yeux révulsés et la pipe en bois cassée pour faire pas mal de cure-dents. Le public demeure perplexe, pensant que le dopé aux épinards va se relever, mais finalement, les juges constatent qu'il est bel et bien hors-concours. Le gong retentit, marquant la fin du combat. Je peux enfin quitter cette arène en espérant ne plus avoir à faire à des mecs dans ce genre. C'est vrai quoi... c'est comme si je me mettais à picoler en plein match.

    Quoi que... c'est une idée ça...
      Qui dit match éreintant dit forcément passage à l'infirmerie. Enfin, pas si éreintant que cela non plus. J'avais juste senti mon genou faire des siennes lorsque j'avais taloché le crâne de Popek. J'allais sûrement avoir un joli bleu, peut-être une très légère douleur qui s'estomperait après quelques heures, mais rien de plus. Néanmoins, rien n'est trop beau pour essayer de draguer les infirmières lors des tournois. C'est avec cette pensée que je me suis rendu en direction du stand de soins. Ouais... sauf que quand j'entre, qu'est-ce que je découvre ? Un putain d'Okama ! Le genre maquillé comme Cléopâtre avec des bas-résilles et un tutu. Je vous laisse imaginer que d'un seul coup, je me sentais nettement mieux. Pourquoi faut-il toujours que le sort s'acharne ainsi sur moi ? Chaque fois que je suis blessé, soit je retombe sur des mecs ou alors des nanas pas vraiment fraîches pour me soigner. A croire que c'est un complot de l'ordre des médecins. Le genre de truc qu'ils décident lors de leurs réunions secrètes dans les sous-sols des bâtiments de la Marine ou dans les égouts de la ville. Vous savez, avec des torches et tous les mecs encapuchonnés qui font des rituels bizarres ! Certains pensent que quand un truc ne va pas, ce sont les communistes révolutionnaires qui sont dans le coup ! Pour ma part, je suis certain que c'est la ligue médicale féministe qui est sur mon dos ! Alors que je pense à cela en m'éloignant de l'infirmerie, poursuivi par l'Okama qui tient une seringue deux fois comme ma jambe, je me dis qu'au moins, si je raconte cette théorie, j'aurais peut-être une psy canon.

      Après une course poursuite digne de l'humour britannique, je finis par semer mon poursuivant désireux de m'enfoncer son... "truc" dans le postérieur. Et je parle bien de la grosse seringue qu'il arbore fièrement, le tout sans double sens aucun. J'arrive alors sur les bancs, réservés au combattants près du ring. Avec toutes ces conneries, je n'ai même pas pu observer les quelques matchs qui se sont joués avant le deuxième tour. J'aurai sans doute pu en apprendre plus sur mes adversaires si l'autre tronche maquillée comme un carré d'as ne m'avait pas couru après. Enfin, au final, on finit par me demander de monter sur le ring pour le second match. Je sais pertinemment que si je gagne celui-ci, je vais arriver en final et, pour être honnête, c'est assez stressant. Heureusement que je suis du genre insouciant. Mais alors que je monte, voilà qu'une demoiselle en fait autant. Le genre gamine qui a la quinzaine, avec un regard assez froid pour te geler les roubignoles censées rester constamment chaudes. De longs cheveux châtains, toute vêtue de bleu, les yeux de la même couleur que ses fringues. Elle ne porte pas d’armes particulières et semble être une combattante à main nue. Je n'aime tout de même pas la manière dont elle me fixe avec méchanceté. Faut se calmer la donzelle, un regard incendiaire n'a jamais tué personne, du moins, pas à ma connaissance. Tara King qu'elle s'appelle la gamine. En la regardant de haut en bas, le regard caché derrière mes lunettes de soleil, je peux prédire avec certitude que cette morveuse deviendra une bombe d'ici quelques années. Malheureusement, je serai trop vieux pour goûter aux fruits que sa croissance portera.


      Que la lumière soif... Et la lumière but ! Kataracopie

      L'arbitre nous fait signe de nous serrer la main. Bien que jeune, je sens quand même une certaine poigne. Certes, rien de comparable avec Mister Muscles d'acier que j'ai combattu précédemment, mais tout de même. Ce qui me dérange le plus est sans nul doute sa manière de me dévisager. A croire que je lui ai volé sa sucette quand elle avait trois ans. Au moins, en voilà une qui promet de donner du spectacle. Alors que nous nous écartons de plusieurs mètres en attendant le début des hostilités, nous nous mettons tous deux en position de combat. A en juger le sien, elle utilise un style de combat plutôt souple. En général, ce genre d'arts martiaux prend des positions de départ avec les bras et jambes tendues. Quant aux styles jugés "durs", eux, c'est totalement l'inverse. Les bras et les jambes sont fléchis, sans doute pour mieux libérer de la force brute en se tendant d'un seul coup. J'ignore tout de même ce que je vais pouvoir utiliser comme stratagème contre Tara. Elle semble plutôt difficile à déconcentrer, et particulièrement déterminée. Puisqu'elle utilise un style souple, je vais tenter de jouer les oppositions. Finalement, je prends une pose qui témoigne du style Hakkyokuken. Bien qu'un léger vent souffle, comme pour annoncer la tempête qui s'apprête à se jouer ici, le calme règne dans le stade, les spectateurs étant eux-mêmes sous tension, n'attendant que le gong de départ pour lancer leurs encouragements.

      Ce dernier finit par retentir. Et c'est parti. Comme je m'y attendais, la demoiselle s'élance vers moi avec un style particulièrement fluide et rapide, tournant sur elle-même de la même manière que je le fais d'habitude avant de porter un coup. Au moins, je connais un peu le genre d'attaque qu'elle peut lancer. Décidant de rester sur place pour la réceptionner à son assaut, je bloque sa paume de main sensée s'abattre sur mon flanc, avec mon coude. La parade était tout bonnement parfaitement coordonnée, mais contre toute attente, un "choc" m'envoie valser au loin. Surpris, mais bien loin de me laisser décontenancer, je me réceptionne en dérapant de quelques mètres en arrière. Perso, sur ce coup, j'ai pas tout pigé. Elle frappe, se fait stopper, mais son attaque passe quand même ? C'est quoi encore cette nana pas net ? Serait-ce trop demander de ne pas avoir à faire à des monstres de foire, au moins une fois ? Enfin bon, pour percer ce genre de mystères, il n'y a paradoxalement pas de secret : il faut attaquer pour analyser ses réactions et comprendre le phénomène.

      Cette fois-ci, c'est moi qui passe à l'attaque. Courant comme un dératé, je m'élance dans les airs, tendant mon pied. La gamine court elle aussi et brandit sa paume de main qui rencontre ma semelle. Le choc créé une légère onde qui fait vaciller notre chevelure respective. Cependant, il semble que je sois sensiblement plus fort qu'elle au niveau de la puissance brute, car alors que mon envol s'arrête et me laisse retomber au sol sans mal, elle, recule de trois bons mètres en arrière, dérapant légèrement. Je fronce alors les sourcils pour essayer de comprendre comment, avec si peu d'élan, elle a pu contre en quasi-totalité mon attaque. Il y a quelque chose dans ses coups qui m'échappe et ne me plait pas vraiment. Bien décidé à comprendre le comment de la chose, je ne la laisse pas souffler et me remet à courir vers elle, enchaînant cette fois-ci avec les poings. Je lance une multitude de coups brefs qui s'arrêtent nets lorsque mon bras est tendu, ne témoignant d'aucun élan mais tout de même d'une certaine force et d'un très bon équilibre. La gamine recule peu à peu en déviant la plupart des attaques grâce à ses paumes, ou en stoppant mes avant-bras sur le côté. Finalement, elle joue la carte de la contre-attaque en pénétrant mon espace personnel pour me gratifier d'un coup au niveau du thorax.

      Je suis alors propulsé en arrière, mais malheureusement pour elle, ce n'est pas le genre de chose à laquelle je ne m'attendais pas. Légèrement supérieur à elle sur le plan de la vitesse, j'anticipe de justesse l'attaque et me contracte pour essayer de réduire les dégâts reçus. Néanmoins, là où je surprends tant la jeune femme que les spectateurs, c'est qu'en étant propulsé vers l'arrière, j'agrippe le poignet de la main qui vient de me frapper, stoppant mon envol alors qu'il vient à peine de commencer. Ni une, ni deux, je tire la gamine vers moi d'un seul coup en profitant de la stupeur qu'un tel mouvement provoque, pour la gratifier d'un coup de genou droit dans l'estomac. Je n'aime pas frapper les femmes, encore moins les enfants, mais dès l'instant où elle est montée sur l'arène, elle pouvait s'attendre à ce genre de risques, et elle m'apparaissait alors davantage comme une guerrière qu'une femme. J'enchaîne alors d'un coup de coude au niveau du dos tout en retirant mon genou pour la laisser tomber sur le sol. Elle se réceptionne assez bien malgré la violence de l'attaque, ses genoux et avant-bras amortissant légèrement, et surtout superficiellement, l'impact. Alors que je vais pour lui mettre un coup de pied dans le flanc histoire de la finir, elle lève brusquement l'un de ses deux bras. Ce dernier brille d'une étrange lueur azurée. Ce qui ne m'empêche pas pour autant de réitérer l'attaque et l'envoyer cette fois voler un peu plus loin. Bon, okay, c'est brusque, mais vu que sa dernière action confirme mes pensées, je n'ai pas de raison de me montrer tendre. M'adressant à elle sur un ton assez neutre, je lui dévoile que j'ai réussi à percer le secret de ses étranges attaques.


      - J'avais déjà entendu parler d'un style de combat qui permet de maîtriser son énergie corporelle pour amplifier la puissance des membres de son corps, mais je n'aurais jamais pensé voir quelqu'un le maîtriser. Heureusement pour moi, ce genre de technique est bien loin d'être du niveau d'un Haki...

      Je lisais une certaine perplexité sur le regard de la demoiselle. Normal après tout. Nous étions sur les Blues, et pas sur Grand Line. Le terme "Haki" était inconnu pour la majorité des habitants de ce trou paumé. Il n'y avait véritablement que sur Grand Line que l'on pouvait trouver des combattants témoignant de ce genre de capacités. Une chance que je sois originaire du Nouveau Monde et que ce genre d'arcane ne me surprenne pas des masses. Même si elle parvient à utiliser une technique de combat similaire, son efficacité est tout de même bien moins grande que celle d'un Haki. Comparer les deux capacités reviendrait à comparer une ampoule électrique et un Soleil. Ce n'est cependant pas le genre de personne que j'aime affronter. D'expérience, je sais pertinemment que ce pouvoir est assez gênant, du genre à vous briser les os sans vraiment vous faire mal au tout début. Si je veux avoir une chance de gagner en jouant sur autre chose qu'une contre-attaque qui me coûterait cher, je vais devoir trouver autre chose que me prendre un coup pour en rendre un.

      En y réfléchissant bien, dans ce genre de tournoi, il est une solution toute trouvée. Alors que Tara se relève, je m'élance vers elle pour essayer de lancer une multitude d'assauts rapides. Certes, la force perd au profit de la vitesse, mais ce n'est pas la toucher que je cherche. Alors qu'elle perd du terrain en essayant d'esquiver, se prenant parfois un ou deux coups très légers sur une épaule ou un flanc, elle se rend vite compte de la stratégie que je viens de mettre en oeuvre. Il est néanmoins trop tard, car lorsqu'elle constate qu'elle est au bord du ring, je m'en vais pour lui mettre le coup qui est sensé l'éjecter. Sauf que contre toute attente, la morveuse me chope le corps tout entier et part à la renverse. Le ring étant surélevé de deux bons mètres, elle reste sur ce dernier avec juste ses mollets, comme une gamine qui s'amuserait sur une branche d'arbre en restant suspendue la tête en bas. Quant à moi, j'ai clairement vu l'instant ou j'allais perdre... sauf que je reste accroché à la jeune femme qui ne s'attendait pas à cela. Alors que nous sommes tous deux suspendus au-dessus de l'herbe qui entoure le ring, à peine à vingt centimètres du sol, sous le regard attentif des arbitres, seuls les jambes de la demoiselle nous maintiennent ainsi.

      La garce me fout alors un coup de boule en espérant que je vais lâcher... elle ne me connait pas. Il faudrait plus qu'un coup de tête pour me faire lâcher le corps d'une femme à laquelle je me tiens comme un morpion à son poil ! Elle recommence encore une fois, puis deux. Faudrait voir à pas pousser la vieille dans les orties. Bien décidé à ne pas lâcher prise malgré le sang qui commence à couler de mon front, je tente le tout pour le tout ! On va voir qui, du vieux pervers blond à l'imperméable classe, ou de la jeune pucelle farouche, va s'en sortir. Ni une, ni deux, je colle mon visage au sien et lui roule un wonder patin. Bon, comme je m'y attendais, elle, ne s'y attendait pas. Qui plus est, comme elle est du genre guerrière qui a passé sa vie à s'entraîner, elle n'y connait rien, ce que me confirme sa technique de baiser des plus rudimentaires. De mon côté, j'ai trente-cinq balais et plusieurs expériences dans le domaine qui lui feraient dresser les cheveux sur la tête, alors forcément... le mélange des deux genres finit par donner le résultat que j'attendais. Les muscles de la jeune femme, d'abord surprise, se relâchent, et font lâcher ses jambes. Pif, pas, boom, on tombe tous les deux sur le crâne, juste après que je retire ma langue de sa bouche, histoire qu'elle ne me morde pas en se mangeant le sol.

      Le jury reste indécis sur le résultat du match et fait alors intervenir l'escargovidéo pour nous départager. Sur l'écran géant apparaissent alors les images du ralenti. Dixième de seconde, par dixième de secondes, à la manière d'un mauvais roman photo, on voit nos crânes s'approcher du sol. Une chance que j'ai les cheveux courts, car l'épaisse tignasse de la demoiselle touche le sol avant ma crinière, et la disqualifie. Me relevant en me frottant la tête, je lui tends la main pour l'aider à se relever. J'aurais dû me douter qu'elle ne pardonnerait pas la fourberie, car au lieu de se relever en me prenant la main, elle me gratifie d'un magistral coup de pied dans les valseuses, me laissant tomber à genoux, dans un cri à moitié étouffé. Satisfaite, elle se redresser, enlève la poussière de ses vêtements et me fait dos dans un "Humpf" des plus outrés. Là, en revanche, même si ma vie était en danger, je n'irais sûrement pas voir l'Okama pour qu'il me soigne cet endroit ! Même si j'arrive en final et que le match est pour dans deux bonnes heures, histoire de permettre aux vendeurs de hot-dogs de faire leurs chiffres.

      En attendant, mon hot-dog à moi me fait pleurer de douleur...
        Après l'application d'une bonne compresse de glace à l'endroit de ma blessure la plus violente subie jusque-là, l'heure de la finale approchait à grand pas. D'après ce que j'avais entendu alors que je me soignais dans les vestiaires, j'allais avoir à faire à une femme... encore. La perspective de lever ma main sur la gente féminine n'était décidément pas des plus plaisantes, mais je devais avouer que nécessité faisait loi. J'entendais la foule scander les noms des deux finalistes, alors que je prenais de profondes inspirations afin de ne pas sentir le stress m'envahir. Bordel, qu'est-ce que j'étais tendu ! Je savais néanmoins que tout ce stress s'évacuerait lorsque je mettrai un pied sur le ring et que le gong retentirait. Après tout, j'étais dans avec pour seul objectif la victoire et la gloire de celle-ci. Je me demandais tout de même de quoi pouvait être capable mon adversaire cette fois-ci. Je m'étais farci un putain de nounours à la con, un Marine allaité aux anabolisants et une jeune pucelle effarouchée et très violente. L'un dans l'autre, je me demandais ce qui pouvait encore bien me tomber dessus cette fois-ci.

        J'avais jeté cette foutue compresse de glace pour me diriger vers la sortie des vestiaires, en direction du ring. Le voilà, le grand moment, l'instant fatidique où les deux opposants se découvrent. Alors que je monte les marches, lorsque je vois arriver en face de moi une jeune femme qui doit sans doute approcher la trentaine, j'en viens à espérer à la découvrir encore plus après le match. De longs et fins cheveux brin, sur une peau assez blanche, alors qu'elle porte des vêtements qui conviendraient davantage à une prêtresse qu'à une combattante. A n'en pas douter, il s'agit d'une sacrée bonne femme. Elle me fixe avec ses grands yeux marrons, avant d'afficher un sourire des plus amusés. J'ignore ce qu'elle a en tête, mais cela m'inquiète déjà. Après tout, nous sommes en finale et prendre à la légère mon adversaire risquerait de me coûter la victoire. Je lui sers la main, conformément à la tradition, et constate qu'elle a une peau parmi les plus douces qu'il m'ait été donné de toucher. Je me demande quand même comment elle va pouvoir se battre avec les vêtements qu'elle porte, tandis que nous nous éloignons l'un de l'autre, en attente du gong qui sonnera le début des hostilités.


        Que la lumière soif... Et la lumière but ! 9566renderyuuko01copie

        Lorsque ce dernier retentit, je m'élance vers la demoiselle qui reste étrangement immobile. Fronçant les sourcils en me doutant qu'il y a une couille dans le potage, je m'élance dans les airs, tendant mon pied pour un coup des plus directs et rapides. C'est alors qu'elle lève les bras, déployant ses amples manches de veste et, par un mouvement rapide, de les enrouler autour de ma jambe avant même que je ne touche le sol, pour commencer à tourner comme un lanceur dont je serais le poids à expédier au loin. Lorsqu'elle relâche la tension de ses vêtements qui libèrent mon membre, je commence à valdinguer en direction du bord de l'arène, bref, mauvais programme en à peine vingt secondes de combat. Je m'arrête de déraper après m'être réceptionné, me tenant en équilibre et secouant mes bras dans tous les sens pour éviter de tomber en arrière. Néanmoins, Yuko en profite pour me foncer dessus avec toujours cet air supérieur. Juste avant qu'elle n'arrive dans mon espace personnel, je cesse alors de remuer, me tenant parfaitement droit avec, à mon tour, une expression amusée.

        - Je blaguais !

        Croyait-elle réellement que j'avais si peu d'équilibre ? Alors qu'elle affiche une expression de surprise, je saute sur place avec la plus grande impulsion que je puisse prendre malgré ma position, mes talons dans le vide. Certes, je ne m'envole pas aussi haut que je le voudrais, mais c'est suffisant pour que mes jambes arrivent au niveau de la nuque de mon adversaire. Celle-ci se retrouve donc entre mes jambes, alors que je replis mes genoux sous ses aisselles avant de me pencher en avant, la stoppant nette dans sa course pour faire une pirouette. Elle passe alors au-dessus de moi pour s'écraser lourdement sur le sol, soulevant quelques dalles qui se brisent au passage. Mais tandis que je pensais avoir gagné, je sens brusquement une vive douleur à mon entrejambe ! La garce ! C'est qu'elle tente de me bouffer la chipolata ! Poussant un cri, je relâche mon étreinte et fais une pirouette arrière avant de me relever en tenant mon service trois pièces. Une chance que je porte un jean avec des boutons en métal et non une simple braguette. Si j'avais eu un simple pantalon, j'aurais sans doute eu la bistouquette broyée ! Au moins, elle n'a pas peur de mettre les pieds dans la merde comme on dit. Ma petite démonstration semble tout de même l'avoir impressionnée, mais brusquement, elle prend un air beaucoup plus sûre d'elle avant de m'adresser la parole.

        - Finalement, je vais devoir user d'autres stratagèmes il semblerait.

        Elle semble très calme la bougresse, qu'est-ce qu'elle me prépare encore. Me mettant en position, fronçant les sourcils, je me prépare au pire... alors que finalement, c'était au meilleur que j'aurais dû faire attention. Elle se met à me tourner le dos pour finalement... faire retomber assez son ample vêtement de cérémonie pour laisser entrevoir son dos nu de manière pour le moins... sensuelle. Davantage surpris par cette manoeuvre, je ne prends pas garde, relâchant mes appuis. La vile démone en profite pour se retourner vers moi et m'envoyer un coup de manche entortillée dans le buffet. Vous savez, comme quand votre frère ou votre soeur fait s'enrouler une serviette sur elle-même pour vous fouetter les fesses. Imaginez la même opération avec des fringues assez lourdes et longues, et en pleine poire. Voilà comment je finis par me faire étendre sur le sol, sans véritablement comprendre ce qui vient de m'arriver. Secouant très brièvement la tête de gauche à droite pour me reprendre, je me relève en prenant une impulsion avec mon dos pour me projeter légèrement en l'air.

        Cette fois-ci, la jeune femme est face à moi et entrouvre son habit pour me laisser voir sa poitrine. Bon, en bon mâle que je suis, je ne reste pas indifférent devant le spectacle d'une si jolie demoiselle qui m'offre un spectacle aussi... magnifique. Avec des yeux à la place des coeurs, je lâche un gros
        "Aouuuuh !!!" qui me retombe dessus, car l'instant d'après, je me bouffe une double mandale de la même manière que précédemment. La même en couleur et des deux côtés en somme. Roulant sur moi-même pour éviter les attaques répétées de la jeune femme qui tente de m'achever alors que je suis au sol, je finis par arriver hors de portée de ses assauts. Me relevant une fois de plus, je me dis que ma seule chance est de l'attaquer avant qu'elle ne me dévoile ses atouts. Je prends une profonde inspiration et me mets à courir vers elle et à tenter cette fois-ci un coup de poings en sautant dans les airs. Jambes tendues vers l'arrière, poings droit brandi droit devant, et gauche en-dessous légèrement en retrait, je la vois sourire alors qu'elle... s'écarte ?

        Hey ! Merde ! Non attends pas ça ! Putain de gravité ! A force d'être déstabilisé et de vouloir en finir, je n'ai pas percuté qu'elle se trouvait au bord du ring ! La garce ! Elle avait parfaitement prévu le truc. Je passe à côté d'elle, n'ayant que le temps de m'agripper à l'une de ses manches pour la tirer avec moi dans le vide. Mais malheureusement, ses fringues étant trop longues pour que je puisse la faire toucher le sol avant moi, je finis sur l'herbe, juste avant qu'elle ne m'atterrisse dessus de manière pour le moins... tendancieuse. Ses cheveux retombent sur mon visage, alors que nos regards se croisent. Le sien est toujours plein de malice alors que son sourire en coin démontre à quel point cette situation des plus cocasses l'amuse. Le gong retentit alors, signe de la fin du match, marquant ma défaite à l'encre indélébile. Mais étonnement, vu ma position actuelle, cela ne me peine pas outre-mesure.


        - On dirait que j'ai gagné, me lance alors la jeune femme.

        J'ignorais à son regard si elle avait envie de me rouler un patin ou de se foutre royalement de moi, mais un bruit plutôt incongru vint interrompre ce moment des plus intenses et sensuels. Un bruit que je connaissais bien. Le genre aigu qui le devient de plus en plus et qui présage un "boom" à la fin. Celui d'un boulet de canon qui tombe. Pif, paf, boom ! Le quart de l'arène sur laquelle nous ne sommes plus explose, juste avant que la porte d'entrée du stade située devant celle-ci ne fasse de même. D'un seul coup, c'est la cohue. Une centaine de guignols pénètrent dans l'édifice, sabres et revolvers en main. A en juger leur air pas net et leur dentition pourrie pour la plupart, il s'agit sans doute de brigands, voire même de pirates. Yuko me jette un sourire avant de se relever et que je ne fasse de même. J'ignore qui sont ces forbans, mais il ne faut pas être très malin pour attaquer pendant un tournoi d'arts martiaux. En moins de quelques secondes, les combattants ayant participé aux matchs sur ce même ring se jettent dans la mêlée, avec moi aussi bien entendu.

        J'entends derrière moi le bruit sourd des coups que porte Popek, alors que Tara en envoie valser plus de trois par coup. Quant à moi, je combats étrangement en symbiose parfaite avec Yuko. Les coups pleuvent, tant ceux de poings que ceux de revolvers. La demoiselle file des taloches avec ses vêtements, me laissant parfois agripper ceux-ci pour la projeter dans un arc de cercle horizontal, ce qui lui permet de filer pas mal de kick dans la trogne des pirates qui trépassent plus vite qu'ils n'affluent. Les huit principaux combattants se mettent à talocher tout ce qui passe à leur portée, ce qui laisse une douzaine d'individus par personne si on fait les comptes. Je vois soudainement Yuko me lancer un regard alors qu'elle saute dans ma direction. Comprenant immédiatement où la jeune femme veut en venir, je lève ma jambe droite sur laquelle elle tient, tandis que j'entame un mouvement de rotation pour la propulser d'un seul coup. A la manière d'une hélice verticale, elle tourne alors sur elle-même dans les airs et balaie à elle seule une vingtaine de pirates sur une quinzaine de mètres grâce à ses manches géantes. Belle attaque combinée.

        Penchant la tête sur le côté en levant les sourcils, comme pour lui faire part de ma satisfaction à la voir agir ainsi, surtout avec sa culotte à l'air quand elle bouge de cette manière, elle me rend ce sourire pour se replonger dans la bataille. Je ne suis néanmoins pas au bout de mes surprises. Au milieu de la cohue, je frappe tantôt à droite d'un coup de poings, tantôt à gauche en parant avant de talocher d'un coup de genou et d'un coup de pied retourné. Mais je finis par me retrouver face à un type qui porte un étrange masque blanc bordé de marques noires ressemblant à des griffes. Il commence alors à enchaîner les coups avec une célérité, anticipant parfois-même mes coups. Alors que je l'affronte, la manière dont nous enchaînons nos coups provoque chez moi des réminiscences. Je connais ce style de combat ?! Il s'agit du Ryuuken, enseigné par les guerriers Shinmeï. A bien y repenser, je ne connais qu'une seule personne qui maîtrise cet art de combattre. Stoppant l'attaque de mon adversaire, je resserre l'étreinte de ma main sur la sienne pour agripper son masque avec celle encore libre et le retirer d'un coup. Là, surprise générale, tant d'un côté que de l'autre.


        - Han Li ?!

        Que la lumière soif... Et la lumière but ! Hanli

        Ce nabot qui se bat comme un beau diable n'est autre que l'un des serviteurs employés au château de Nosgoth. Les Li ont toujours fait partie des protecteurs de la famille royale de notre île, aussi suis-je surpris de retrouver mon ami d'enfance au milieu d'un équipage pirate. Quant à lui, étant donné l'air surpris qu'il arbore, il semble aussi décontenancé que moi. Je vois alors ses sourcils s'écarquiller, avant qu'il ne me tire vers lui et ne frappe un pirate en plein visage pour l'envoyer valser au loin. Me repoussant pour se retrouver à nouveau face à moi, nous entamons alors une conversation parsemée de coups envers les forbans.

        - Maître Winchester ? Qu'est-ce que vous faites ici ? me lance-t-il comme si c'était une réunion d'anciens élèves d'un bahut.
        - Ça c'est ma réplique Han ! Depuis quand fais-tu dans la piraterie ? répondis-je en passant sous le bras levé de mon collègue pour frapper un bandit dans les bijoux de famille.
        - Il faut bien trouver un emploi pour se nourrir maître ! Vu que le roi à protéger est parti de chez lui sans laisser de traces !

        Cette toute dernière remarque a l'air de tenir davantage des reproches que de la constatation. Ni une, ni deux, je saisi les avant-bras de mon compère qui s'agrippe aux miens, avant que je ne me tourne sur le côté en le soulevant, lui donnant l'opportunité de frapper trois de ses collègues, et de faire la même chose de son côté, me permettant d'en frapper deux autres à mon tour. Lâchant notre étreinte l'un de l'autre, nous nous retrouvons dos à dos, poings levés, tout en continuant de parler du bon vieux temps et de la situation présente.

        - Et maintenant ? Tu comptes faire quoi vu que tu sais où je suis ? demandais-je avec un air amusé.
        - Oh, sûrement vous tuer pour ne plus avoir à sauver vos fesses constamment maître, répondis le jeune homme, tout aussi amusé que moi.
        - Tu déconnes j'espère ?!
        - Je pense que le fait de vous aider au lieu de continuer à vous mettre une trempe répond à votre question maître.
        - Me mettre une trempe ? Tu rêves ! Et arrête de m'appeler "maître" sans cesse. Entre amis d'enfance ça ne se fait pas, lui lançais-je avant de frapper au thorax puis au visage un pirate qui s'approchait.
        - L’habitude maître ! L'habitude ! Même si je l'ai perdu depuis près de quinze ans !

        Encore une reproche ? Il fallait dire que quitter le royaume de Nosgoth comme je l'avais fait, sans même mettre au courant mes gardes du corps, n'avait pas dû faire un très bon effet auprès de ces derniers. Tout en continuant à combattre côte-à-côte, nous continuions de discuter. Je lui expliquais ma quête toujours infructueuse quant à la recherche de mon fils, et lui m'expliquait qu'il m'avait cherché à travers les océans, espérant un jour me recroiser en s'engageant dans la piraterie. Cela avait duré dix ans, avant qu'il ne s'établisse comme mercenaire, toujours avec l'espoir de me retrouver et me ramener à Nosgoth. Lui annonçant que je ne comptais pas rentrer, il finit par me dire qu'il le savait très bien, et que c'était juste le but et l'excuse qu'il avait donné à sa famille pour partir à ma recherche et m'accompagner. Ses anciens compagnons de galère ne semblèrent néanmoins pas apprécier qu'il retourne ainsi sa veste malgré le règlement de ses honoraires déjà effectués, car pendant que nous parlions, nous avions l'impression que la plupart des assauts se concentraient sur nous, ou plus précisément, sur lui.

        Les pirates furent néanmoins vaincus relativement rapidement, étant donné la qualité des quelques combattants ici présents. Le capitaine, quant à lui, n'avait rien d'un pirate sanguinaire que l'on peut croiser sur Grand Line. Il était plutôt du genre à dévaliser les villes en se tenant loin des bases de la Marine. Si je me rappelle bien, c''est Tara qui lui a explosé les noisettes sans même passer plus de cinq secondes sur son cas. Décidément, cette gamine avait quelque chose contre la gente masculine. Y étais-je pour quelque chose ? Han étant le dernier membre du groupe qui ne fut pas arrêté suite à l'attaque de la ville grâce au fait que je me porte garant pour lui, et que plusieurs témoins, dont Yuko, attestèrent qu'il avait protégé la ville et les citoyens dans le stade, il ne fut pas enfermé. Il fallait dire que la parole de la championne du tournoi avait beaucoup de valeur sur une île qui respectait les combattants. Finalement, comme il était le seul dépositaire encore libre, Han fut officiellement reconnu propriétaire du bateau pirate. A dire vrai, c'était loin d'être du bel ouvrage, et je parle en qualité de charpentier expérimenté. Un simple navire contenant des places pour une centaine de personnes, mais d'une qualité on ne peut plus médiocre. Jamais un tel rafiot ne pourrait atteindre Grand Line. Cependant, il pouvait être utile pour naviguer sur les Blues.

        A cela s'ajoutait le butin qu'avait laissés les pirates dans la cale de ce dernier, dernier vestige de leurs pillages récents. Bien entendu, maintenant qu'il m'avait retrouvé après plus de dix ans de recherches, le jeune Li ne comptait pas me lâcher comme ça. Toujours fidèle envers son serment qui impliquait de servir la famille Winchester, il m'assura qu'il se collerait tellement à moi qu'il serait impossible de le dissocier de mon ombre... comme un morpion accroché à son poil devrais-je plutôt dire. Essayant de m'enfuir par la fenêtre de l'auberge où j'avais passé la nuit après cette journée riche en émotion, je ne fus pas étonné de le voir sur le toit à m'attendre. Levant les yeux au ciel, nous partîmes alors avec son navire. J'avais empoché ma récompense de cinq millions de Berrys pour être arrivé second, et l'heure était venue de quitter cette île... et à mon grand regret, la charmante Yuko qui dormait encore dans le lit et qui ne serait sans doute pas surprise de ne plus me trouver à ses côtés le lendemain matin.