Luvneel, Base de la révolution, 1627
On est accueillis comme de véritables héros. Les Echos de la Liberté n’est pas une très grande organisation révolutionnaire. Nous ne sommes pas plus d’une centaine et à peine une dizaine à être en état d’effectuer de véritables opérations. Alors la plupart du temps, lorsqu’un membre revient d’une mission, on est plutôt content s’il a réussi à éliminer quelques marins ou à ramener un truc de valeur. Alors là, lorsqu’ils nous ont vu arriver à bord de trois navettes rapides, les bras chargés de bouffe, d’armes et de pognons, on a eu droit à un véritable triomphe. Ils ont même porté Mindy en l’air. Mais étant donné les coups de poings qui ont suivi, on se doute qu’ils ont surtout fait ça pour lui foutre la main au panier. Faut dire qu’elle est vraiment pas mal roulée, la petiote. Jason semble un peu mal à l’aise d’être soudainement le centre d’attention, lui qui était habitué à rester dans l’ombre. L’ambiance retombe assez rapidement lorsque quelqu’un demande où est passé Simon. C’est pas cool à dire, mais on est bien obligé de leur apprendre la nouvelle. Il s’était fait des amis par ici, même si ceux-ci ne se doutaient pas une seconde que c’était un agent du gouvernement infiltré.
Les sourires se figent et disparaissent. Les bras retombent et le silence s’installe. Manuelo, le chef du mouvement disperse les troupes et nous demande de lui effectuer un rapport de mission. Pendant ce temps, des hommes et des femmes s’emparent des victuailles et du matériel pour aller les stocker dans les réserves. J'acquiesce brièvement mais je demande un petit délai. La traversée a été longue, dans un sens comme dans l’autre. Cela fait plus d’une semaine qu’on ne s’est pas véritablement posé et qu’on ne s’est pas lavé. Je dois aller voir comment se porte mes larves et commencer à en remettre en reproduction mais également en macération pour remplacer les bouteilles que j'ai perdu. Mindy m'offre un regard empli de reconnaissance. Elle a beau être forte, c’est une femme. Elle rêve de prendre une douche depuis plusieurs jours déjà. Manuelo accepte sans problème et nous donne rendez-vous dans une heure, tous les trois, à la salle de réunion.
On se sépare, chacun va dans sa chambre, où plutôt au niveau de son lit dans son dortoir. Je profite du fait que ce soit le milieu de l’après-midi et que donc le dortoir soit vide pour glisser discrètement mes affaires « sensibles » sous mon matelas. Mon badge de CP, celui de Simon que j'ai récupéré et aussi le papier étrange trouvé sur le navire de Harlem Snake. Après ça, une fois sûr que personne ne m'a vu, je balance mon bardas en vrac sur le lit et je commence à me désaper. La vache, je pue vraiment la sueur à des kilomètres. Ces fringues mériteraient d’être brûlées. Mais je n’ai pas franchement le temps de faire du shopping pour en racheter d’autre alors je décide de les emmener sous la douche avec moi, ça les fera sentir meilleur. Alors que je me lave à l’eau bien chaude, je laisse toute la pression retomber d’un coup. La mission, le combat, la mort de notre ami, le fait de devoir toujours mentir à tout le monde… C’est lourd à porter. Je me laisse glisser contre la paroi de pierre froide de la douche et je ferme les yeux. C'est dur d'être un agent infiltré. Il n’y a que sous la douches et aux chiottes qu’on peut véritablement être nous même et agir comme on l’entend. Le temps passe et l’eau commence à refroidir. Je me relève alors rapidement et je finis de me rincer. Je ramasse mon tas de fringue et je le rince aussi de la mousse. En sortant, je les mets à sécher et j'enfile des vêtements plus amples mais surtout plus moches. Je m'en fout, je me sens bien dedans, c’est agréable et le matos respire un peu. Pas comme avec les pantalons.
Dans une cage, dans un coin de la pièce, mes larves se baladent lentement en laissant une petite traînée de bave brillante. J'ouvre la partie supérieure de la cage et y balance des feuilles violettes qui favorisent leur libido. Heureusement, elles se reproduisent assez vite. En une dizaine de jours, on peut avoir des petits qui sont adultes après seulement deux semaines. Je récupère une bestiole que je mets dans une petite cage à part pour lui donner à manger du SanSan, une plante très acide. Cette larve servira à créer une nouvelle fiole pour mon Acid Puke. Je m'assieds sur le lit. Bon. Des ponéglyphes. Me voilà bien avancé. Qui sait lire ces trucs ? Des agents du gouvernement mondial qui s’empresseront de faire tout disparaître, moi y compris ? Ou alors des fondamentalistes révolutionnaires qui se feront une joie d’utiliser les informations contenues dans le document pour tenter de briser l’ordre mondial ? Quelle merde. Je soulève une fesse pour sortir le papier et je le regarde. Il y a cinq lignes composées chacune d’une dizaine de symboles, mise à part la dernière qui n’en contient qu’un. De près ou de loin, je ne reconnais pas quoi que ce soit, ni un semblant de lettre, ni un oiseau, un arbre ou un soleil. C’est complètement abstrait et aucun ne ressemble à un autre. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ça ? De toute évidence, j'ai plus intérêt à chercher du côté de la Révolution que du côté du GM. Ces derniers ne me diraient rien, même s’ils savaient quelque chose de toute façon. A ce niveau là, peut-être que Manuelo pourra me renseigner. Même si notre mouvement est de petite envergure, il doit avoir des contacts plus haut placés. Des Cavaliers, peut-être même des As. Sait-on jamais ?
Je me sèche les cheveux en les frottant avec une chaussette sale et je me mets en route. L’heure est bientôt écoulée et le chef attend notre rapport.
On est accueillis comme de véritables héros. Les Echos de la Liberté n’est pas une très grande organisation révolutionnaire. Nous ne sommes pas plus d’une centaine et à peine une dizaine à être en état d’effectuer de véritables opérations. Alors la plupart du temps, lorsqu’un membre revient d’une mission, on est plutôt content s’il a réussi à éliminer quelques marins ou à ramener un truc de valeur. Alors là, lorsqu’ils nous ont vu arriver à bord de trois navettes rapides, les bras chargés de bouffe, d’armes et de pognons, on a eu droit à un véritable triomphe. Ils ont même porté Mindy en l’air. Mais étant donné les coups de poings qui ont suivi, on se doute qu’ils ont surtout fait ça pour lui foutre la main au panier. Faut dire qu’elle est vraiment pas mal roulée, la petiote. Jason semble un peu mal à l’aise d’être soudainement le centre d’attention, lui qui était habitué à rester dans l’ombre. L’ambiance retombe assez rapidement lorsque quelqu’un demande où est passé Simon. C’est pas cool à dire, mais on est bien obligé de leur apprendre la nouvelle. Il s’était fait des amis par ici, même si ceux-ci ne se doutaient pas une seconde que c’était un agent du gouvernement infiltré.
Les sourires se figent et disparaissent. Les bras retombent et le silence s’installe. Manuelo, le chef du mouvement disperse les troupes et nous demande de lui effectuer un rapport de mission. Pendant ce temps, des hommes et des femmes s’emparent des victuailles et du matériel pour aller les stocker dans les réserves. J'acquiesce brièvement mais je demande un petit délai. La traversée a été longue, dans un sens comme dans l’autre. Cela fait plus d’une semaine qu’on ne s’est pas véritablement posé et qu’on ne s’est pas lavé. Je dois aller voir comment se porte mes larves et commencer à en remettre en reproduction mais également en macération pour remplacer les bouteilles que j'ai perdu. Mindy m'offre un regard empli de reconnaissance. Elle a beau être forte, c’est une femme. Elle rêve de prendre une douche depuis plusieurs jours déjà. Manuelo accepte sans problème et nous donne rendez-vous dans une heure, tous les trois, à la salle de réunion.
On se sépare, chacun va dans sa chambre, où plutôt au niveau de son lit dans son dortoir. Je profite du fait que ce soit le milieu de l’après-midi et que donc le dortoir soit vide pour glisser discrètement mes affaires « sensibles » sous mon matelas. Mon badge de CP, celui de Simon que j'ai récupéré et aussi le papier étrange trouvé sur le navire de Harlem Snake. Après ça, une fois sûr que personne ne m'a vu, je balance mon bardas en vrac sur le lit et je commence à me désaper. La vache, je pue vraiment la sueur à des kilomètres. Ces fringues mériteraient d’être brûlées. Mais je n’ai pas franchement le temps de faire du shopping pour en racheter d’autre alors je décide de les emmener sous la douche avec moi, ça les fera sentir meilleur. Alors que je me lave à l’eau bien chaude, je laisse toute la pression retomber d’un coup. La mission, le combat, la mort de notre ami, le fait de devoir toujours mentir à tout le monde… C’est lourd à porter. Je me laisse glisser contre la paroi de pierre froide de la douche et je ferme les yeux. C'est dur d'être un agent infiltré. Il n’y a que sous la douches et aux chiottes qu’on peut véritablement être nous même et agir comme on l’entend. Le temps passe et l’eau commence à refroidir. Je me relève alors rapidement et je finis de me rincer. Je ramasse mon tas de fringue et je le rince aussi de la mousse. En sortant, je les mets à sécher et j'enfile des vêtements plus amples mais surtout plus moches. Je m'en fout, je me sens bien dedans, c’est agréable et le matos respire un peu. Pas comme avec les pantalons.
Dans une cage, dans un coin de la pièce, mes larves se baladent lentement en laissant une petite traînée de bave brillante. J'ouvre la partie supérieure de la cage et y balance des feuilles violettes qui favorisent leur libido. Heureusement, elles se reproduisent assez vite. En une dizaine de jours, on peut avoir des petits qui sont adultes après seulement deux semaines. Je récupère une bestiole que je mets dans une petite cage à part pour lui donner à manger du SanSan, une plante très acide. Cette larve servira à créer une nouvelle fiole pour mon Acid Puke. Je m'assieds sur le lit. Bon. Des ponéglyphes. Me voilà bien avancé. Qui sait lire ces trucs ? Des agents du gouvernement mondial qui s’empresseront de faire tout disparaître, moi y compris ? Ou alors des fondamentalistes révolutionnaires qui se feront une joie d’utiliser les informations contenues dans le document pour tenter de briser l’ordre mondial ? Quelle merde. Je soulève une fesse pour sortir le papier et je le regarde. Il y a cinq lignes composées chacune d’une dizaine de symboles, mise à part la dernière qui n’en contient qu’un. De près ou de loin, je ne reconnais pas quoi que ce soit, ni un semblant de lettre, ni un oiseau, un arbre ou un soleil. C’est complètement abstrait et aucun ne ressemble à un autre. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ça ? De toute évidence, j'ai plus intérêt à chercher du côté de la Révolution que du côté du GM. Ces derniers ne me diraient rien, même s’ils savaient quelque chose de toute façon. A ce niveau là, peut-être que Manuelo pourra me renseigner. Même si notre mouvement est de petite envergure, il doit avoir des contacts plus haut placés. Des Cavaliers, peut-être même des As. Sait-on jamais ?
Je me sèche les cheveux en les frottant avec une chaussette sale et je me mets en route. L’heure est bientôt écoulée et le chef attend notre rapport.