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Ameno sandstorm



Que dire de plus ? J’me trimballais à l’aise sur mon chameau, battant le sable des dunes au pas. Le vent chaud de Nahohana soufflait sur nous. La mission était pas claire, comme toujours. Mais hé, y’avait longtemps qu’on avait pas suivi le chef dehors. C’était un gars taciturne, marqué par la guerre. On lui aurait donné quarante piges sans mal, mais paraît qu’il en a pas trente. Un bras robotisé, un œil en moins. Un vieux de la vieille, qu’avait dû connaître le feu du combat avant même de naître. Il avait l’habitude de partir seul en reconnaissance, mais aujourd’hui c’était différent. Depuis que la B.A.S. avait été mise en place, pas grand-chose n’avait bougé. On était resté cloitrés, on s’était entraînés. Les nomades le respectaient lui, mais ne faisaient que nous tolérer. Pourtant, nous aussi on était des héros. Mais dans le désert, mieux valait garder son phare allumé. Et mon phare, c’était le chef. J’étais pas fan des piafs de la Lune, trop loin de notre culture, de nos pensées. Mais ils étaient l’incarnation de notre lutte. Ils avaient tout perdu, et luttaient pour leur peuple. Ils étaient plus que vingt et un.

On partait vers la capitale, déguisés en bédouins. On avait bien sûr nos armes bien sur nous. On avait été choisis pour cette putain de mission parce qu’on était les meilleurs. Mais le chef nous regardait à peine, il avait un truc derrière la tête. J’étais juste jaloux de pas en faire partie. C’était ça qu’on attendait d’un leader chez les révolutionnaires. Un type charismatique, qui donnait envie de le suivre. Et lui, il l’était qu’à moitié. On nous avait dit qu’il avait vu plus de morts que le monde n’avait porté de vivants, et il le portait sur lui. Mais y’avait toujours ce petit truc qui me dérangeait chez lui. Ce truc qui me donnait l’impression qu’il nous testait en permanence. Une dune s’effondrait qu’il s’arrêtait juste avant. Des charognards s’avançaient qu’on comprenait qu’il avait déjà fait le détour pour les éviter. C’était flippant, et je me demandais à quoi je pouvais bien servir ?

Le temps de monter le campement arriva bien assez tôt, le désert était pas un truc à prendre à la légère. La nuit vous tombait dessus et vous glaçait comme un morpion à sa tige en plein goulag. Et les goulags, j’en avais connu. J’étais de Tequila Wolf, moi. Un rescapé, un vrai ! Mon cuir s’était fait à la neige, c’était peut-être pourquoi le sable me dérangeait pas. Lui par contre, il passait son temps à rajuster son keffieh. Et le vent, ça non plus il aimait pas. Je pouvais le voir aux rides autour de ses yeux. Au moins un truc sur lequel je me sentais un peu plus fort. C’est que le chef, je préférais le suivre en sachant qu’il était pas parfait. Qu’il était humain. C’était à ça que je me raccrochais, pour être sûr qu’il était vraiment sur notre échelle à nous. J’avais entendu les gars du désert l’appeler Génie des Sables. Qu’il aurait vaincu le Djinn à mains nues. Le Djinn mon gars, la putain de bête qu’on avait enchaînée derrière cinq portes blindées, dans les souterrains de l’oasis. Alors oui, le chef je le connaissais pas tant que ça, mais je le respectais. J’avais envie de la suivre.

Il le savait peut-être, que j’étais ce genre de gars. Parce que ce fut cette nuit-là que tout changea. J’étais pas un héros, j’étais pas quelqu’un qui sortait de la norme. J’étais juste un évadé de Tequila Wolf. Un frère de la cause, voilà tout. Mais il m’avait réveillé aux aurores, juste moi. Et il m’avait dit « viens ». Juste ça. Il m’avait préparé mon chameau, mes affaires. Je l’avais pas entendu, je l’avais pas vu. Je savais pas sur le moment si je devais être rassuré ou pas. Le chef, il était tellement loin de nous, il était tellement perché sur son nuage que je ne comprenais pas ce qui avait pu le décider à venir me parler. C’était un monde de fou. Mais c’était surtout notre monde. C’était ce que je m’étais dit pour me donner du cœur au ventre, pendant les dizaines de minutes à marcher sur les dunes. On avait quitté le camp sans un mot, nos gars allaient pas nous chercher ? Il bougeait juste de la tête pour me répondre. Je crois que son ordre avait été la seule chose qu’il ait jamais dite. Je l’avais vu droit dans les yeux à ce moment-là. Et j’avais remarqué qu’il les avaient pas de la même couleur. Ça m’avait marqué plus que je le pensais. J’avais l’impression de l’avoir connu le chef.

« Tu te souviens pas de moi, hm. »

Il s’était arrêté, attendant ma réponse sans se retourner.

« C’est mieux comme ça. C’est parfait. Attends-moi jusqu’à l’aube. Et ne répète en aucun cas ce que tu verras aux autres. »

Et je le vis disparaître, bordel ! Comme ça, dans un nuage de fumée ! Un véritable nuage qui s’envola dans les airs pour rejoindre les étoiles, en direction de la ville. Ce regard, putain, ces pouvoirs ! Je … je savais qui c’était ! C’était le gars-même qui m’avait sorti des bagnes, mais c’était dix ans plus tôt ! Ce gars, putain … Ce gars c’était Rafaelo Di Auditore. Le boucher de Goa, l’assassin le plus recherché des blues. Mort depuis deux ans et demi. Notre chef, c’était le maître de l’Umbra. Notre chef, c’était la pire ordure que le monde avait porté. Putain, notre chef, c’était … l'homme à qui je devais la vie. Moi, et des centaines d'autres.


Dernière édition par Rafaelo le Lun 7 Nov 2016 - 13:46, édité 1 fois
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Ameno sandstorm 2b3b11ffc22bf53165e9c9f6afb4430a

Ce palais était un véritable gruyère. Des torches allumées çà et là, quelques gardes en train de bailler aux corneilles. Depuis le temps que l’assassin n’avait pas mis ses compétences à l’épreuve, il aurait pensé avoir rouillé. Il n’en était rien. Après tout, ses pouvoirs étaient la panacée des cambrioleurs. Il ne connaissait aucun logia aussi utile, aussi malléable. Aussi taillé à sa mesure. Il ne fallait pas leur en vouloir de ne pas avoir prévu l’arrivée d’un assassin formaté, doué d’un mantra surentraîné et doté d’un fruit du démon passe-partout. Surtout quand ledit assassin était supposé mort depuis bientôt deux ans. Passant tantôt sous les portes, tantôt à travers les fenêtres, Rafaelo profitait de tous les défauts de l’architecture du palace d’Alubarna pour se frayer un chemin jusqu’à sa destination. Si cela avait été à des fins militaires, il n’aurait pas pris autant de risques à ne pas se faire voir. Il esquiva les patrouilles, laissa les gardes solitaires vaquer à leurs occupations et profita même d’un léger moment d’inattention pour passer sous la porte de sa cible, entre deux gardes armés jusqu’aux dents. Il fallait dire qu’Alabasta n’était pas un royaume en guerre, et que la vie de la Reine Vivi n’était que rarement menacée.

Ce fut donc une trainée fumigène qui s’infiltra doucement dans les appartements royaux, voleta quelques secondes autour d’un siège savamment rembourré et qui s’y installa pour révéler peu à peu la silhouette sibylline d’un homme aux mains jointes. La lumière des étoiles ne suffisait pas à révéler son visage, mais l’éclat d’argent qui allumait tout son bras gauche était éloquent. Rafaelo restait là quelques secondes, à observer la vieille femme dormir.

« Ma reine, il est inutile de faire semblant de dormir. Tout comme vous pouvez lâcher ce couteau sous votre oreiller, je ne suis pas venu vous tuer. »

« Zzz Zzz Zzz »

« Heu … ma reine, faire semblant de ronfler ne marche pas vraiment non plus. »


Un silence s’étira.

« Bon. Autant vous expliquer pourquoi je suis venu. Mon nom n’a que peu d’importance, sachez seulement que je suis un opposant du Gouvernement. J’ai depuis longtemps étudié votre royaume et je me suis rendu compte que vous non plus, vous n’adhériez pas totalement à leur mainmise sur le monde. Leur corruption, leur virulence. Je ne vais pas vous faire l’affront d’un discours de partisan. »

Nouveau silence.

« Ahem. »


En soupira, l’assassin se releva et s’approcha de la Reine. Comme il s’y attendait, la vieille furie surgit de son lit et lui enfonça, sans crier gare, son couteau dans l’épaule. L’arme ne fit que traverser le corps intangible de Rafaelo. La reine se retrouva assise, échevelée, sur son lit. Elle étrécit ses yeux, avant qu’une lueur malicieuse ne s’empare de son regard.

« Ah ! Je me disais bien que ma garde ne pouvait pas être totalement incapable ! J’ai déjà entendu parler de toi, l’assassin. Le boucher de Goa … Je ne traite pas avec les ordures de ton espèce. Je saurais te montrer comment meurt une Reine … » fit Vivi, dressant fièrement la tête.

« Une étiquette plutôt désagréable, quand on sait ce que j’ai sacrifié pour les esclaves de Goa. Quand on sait ce qu’il s’est réellement passé là-bas, ma Reine. Mais puisque le sujet vous intéresse, peut-être me croirez-vous lorsque je vous disais que ce n’était qu’une manipulation de la part du Gouvernement. Un des éminents de Goa a sacrifié son propre peuple pour une place de choix dans la hiérarchie … Une organisation criminelle en a profité pour piller le royaume. La Marine en a profité pour chapeauter cela et reprendre le contrôle sur le royaume et acquérir ses richesses … Quant à moi, j’ai mis en scène ma propre mort pour permettre à mes frères révolutionnaires de gagner la montagne, de fuir. » expliqua lentement l’assassin, serrant les dents.

« C’est une belle histoire. Comme toujours, la vérité se trouve entre les deux sons de cloche. Pour tout le monde, tu resteras le boucher de Goa. Jusqu’à te refaire une histoire, mon petit. Ce que le monde retient toujours, c’est la version des vainqueurs. Or, tu as de la chance. Moi, j’ai plutôt tendance à m’accrocher aux idées farfelues. C’est comme la foi où Luffy et ses nakamas sont venus. J’étais là, tranquille petite princesse, j’étais alors certaine que le monde qui m’entourait …

…dix minutes plus tard …

… et c’est comme ça que j’ai inventé le granit marin. »

« Quoi ?! »

« Non, non, je plaisantais. J’avais la sensation de t’avoir perdu. »
minauda la Reine, avec une petite étincelle au fond des yeux.

Rafaelo, quant à lui, après cette séance prompte à s’endormir, s’ébroua. Il étendit son mantra, vérifiant qu’aucun garde n’ait encore eu l’idée de se rapprocher.

« Hum … écoutez, ma Reine. Je n’ai malheureusement pas toute la nuit devant moi. J’avais espéré discuter avec vous de quelques détails pointilleux. Et vu l’heure, je n’irai pas par quatre chemins. Sachez juste que le portrait que l’on dépeint de moi est très exagéré. Je ne peux vous révéler mes dernières activités, mais sachez que pour Goa, j’étais avant tout désireux de libérer le peuple de l’oppression qu’il subissait. J’ai, en effet, éliminé de mes mains les monarques de cette cité. Et si, aujourd’hui, un triumvirat veille à faire survivre le royaume, l’esclavage y est à présent aboli. Les privilèges sont terminés. » expliqua-t-il, avec un froncement de sourcils.

Vivi avait un talent pour endormir la méfiance des gens, mais tous les sens de l’assassin étaient en alerte. Il savait que cette femme était là depuis un temps immémorial. Elle était la reine d’une grande puissance, quasi indépendante. La facilité avec laquelle elle avait percé l’identité de l’assassin ne faisait que confirmer sa sagacité. Il avait soudain l’impression d’en avoir un peu trop dit.

« Je vois, vous avez su placer vos pions. Il doit y avoir quelqu’un de chez vous dans la régence, si je ne me trompe. »

Evidemment. C’en était même trop simple pour elle. Rafaelo soupira en secouant la tête.

« C’est plutôt le gouvernement qu’il faut remercier sur ce point. Fenyang est un sale type. Mais un sale type qui va au bout de ses convictions. »

Comme s’allier avec la pire des pourritures pour réussir à anéantir la révolution. Mais il garda cette information pour lui. Il fut décontenancé par le sourire maternel qui couvrit les traits de la reine à cette mention.

« Oh, mon petit Alheïri. C’est vrai qu’il n’a pas vu ce que son papa avait fait ! »

Alheïri ? Bordel de … Le sang de l’assassin ne fit qu’un tour. Contrôlant ses émanations, il ne trahit pas la montée de colère qui venait de le prendre à la gorge. Cette foutue famille n’en aurait jamais fini avec lui. Il réprima un frisson glacé le long de sa colonne.

« Alheïri et moi avons … un passif. Tout comme avec son père. Vous avez l’air de les … Oh. Oui, c’est vrai. La mère d’Alheïri était issue de votre nation, c’est cela ? Enfin bref … ce n’était pas le sujet de ma visite. » fit-il, non sans un grand effort de volonté.

« Je suis venu vous parler de trois choses, Reine Vivi. D’esclavage, de paix et d’un détail que je garderai pour la fin. » reprit l’assassin, plongeant son regard dans celui de la Reine.

Chez tout autre monarque, cela aurait été pris pour une offense. Seulement, il avait déjà commis l’impensable avec la famille régente de Goa, et avec Vivi, tout semblait si … simple. Elle lui rendit son regard. Elle souriait, mais ses yeux étaient de glace. Il ne fallait pas oublier qu’elle discutait avec un intrus venu dans sa chambre, un assassin de renom. Qui désirait simplement discuter. L’intrusion prenait tout à coup une tournure politique.

« Je suis prêt à vous offrir la paix avec les nomades à la mention expresse que vous stoppiez vos incursions dans le désert. Je vous ouvrirai le commerce avec eux, à la mention expresse que plus jamais des esclaves ne soient employés dans cette partie-là du désert. Faites ce que vous voulez à Alubarna. Cet endroit est sous votre régence. Mais la terre des nomades est la leur, elle possède ses propres mystères et rites. N’ayant aucune implantation chez eux, et aucune richesse à y gagner, il est logique de penser qu’un pacte de non-agression suffirait pour vous ? » commença-t-il, attirant la curiosité chez la Reine.

« La paix ? Rien que ça ? Ce sont eux qui attaquent nos caravanes, ce sont eux qui pillent notre royaume, cher Rafaelo. Quel impact aurait un étranger sur leur mode de vie ? » répliqua Vivi, tout à coup acerbe.

« L’Asherafi. Le Génie des Sables. Les nomades étaient persécutés par des pirates échoués sur vos terres. Nous avons pris la peine de les libérer, ainsi que de quelques autres maux. Suite à l’ingérence politique du gouvernement dans votre contrée, visant à l’éradication de mes camarades, nous avons cherché à nous protéger. Or, ce faisant, nous sommes tombés sur un peuple dans le besoin. Un peuple qui nous a aidé par la suite. Bref, n’y allons pas par quatre chemins. Nous sommes de connivence avec les nomades depuis quelques mois. Nous avons canalisé leurs attaques, comme vous avez dû le remarquer. » dévoila Rafaelo.

« En effet … les rapports indiquent une baisse des pillages et des attaques … que les nomades se seraient repliés loin dans le désert. Mais les attaques n’ont pas cessé pour autant. »

« Evidemment, tant que l’Issifi ne donne pas son feu vert, tout ce que nous pouvons obtenir, ce sont des accords de principe. Je vous offre un moyen, pour vous, de montrer que vous êtes encore capable de changer les choses dans votre pays. Officiellement, ce sera un accord de paix. Officieusement, nous serons sur place. Inutile de préciser que cette information est classifiée. De toute manière, vous avez tout à gagner dans cette affaire. Je me trompe ? »


La reine prit quelques instants pour réfléchir, pensant le pour et le contre de cette décision.

« Mais concrètement, qu’aurais-je à faire ? »

« Rien. Sinon limiter les raids à cet endroit, développer quelques voies commerciales avec les nomades, et donc nous. Vous comprendrez que nous aurons besoin de soutien. Mais officiellement, encore une fois, ce sera avec les nomades que vous traiterez. »

« Ah ! Nous y sommes. Vous voulez mon soutien contre la paix ! »

« Heu … Oui. C’est une façon de voir la chose. De mon point de vue, c’est plutôt la paix que je vous offre, sans condition. Et je demande votre soutien pour y parvenir. Mais oui, c’est cela. »

« Et que ferait une base révolutionnaire à Alabasta ? »

« La même chose que la précédente : profiter de votre influence pour fuir nos détracteurs. Etudier les sciences, étudier le siècle perdu. Sauver et protéger les nations à notre portée. En clair, comme d’habitude. Ce qui m’amène à la question de l’esclavage … »

« Pour peu que j’accepte la première proposition. »

« Ce sera à vous de voir. Sachez simplement que vous avez tout à y gagner. »

« Et si le gouvernement vient à l’apprendre, hmm ? »

« Raison pour laquelle je suis venu en pleine nuit dans vos appartements, que je me suis assuré que nous ne soyons pas écoutés. Votre pays est malheureusement truffé d’espions, et je dois avouer être à l’origine de la défection de certains d’entre eux. »


Un silence s’étira de nouveau entre eux. Rafaelo n’était jamais très à l’aise lorsqu’il laisser échapper quelque mention à son activité en présence de la Reine. C’était étrange, mais il se sentait comme impur face à elle. Il soupira, reprenant le fil de ses pensées.

« L’esclavage. Comme je vous le disais plus haut, votre pays est votre pays. Or, les nomades sont des hommes libres. Ainsi, dans la partie nord-ouest, nous ne pourrons plus accepter d’esclaves. Cependant … nous pouvons accueillir ceux désireux de recouvrer leur liberté. Ce n’est pas une condition négociable. Tout comme, je pense, je ne peux vous imposer de cesser cette activité. Seulement, si jamais vous êtes d’une opinion similaire à la mienne, ce dont je ne doute pas : j’ai fait mes devoirs, vous trouverez là une opportunité. Mais, je le répète, cela concerne surtout la circulation d’esclaves dans le désert. Je vous préviens d’avance, ceux que vous enverrez ne reviendront pas : ils seront libres et protégés. Je veux que cette close soit dans l’accord de paix, évidemment. Que cela ne soit pas pris comme une agression de la part des nomades … »

Vivi ne bougea pas d’un poil, pendant que dans ses rouages centenaires se jouaient la décision. C’était un poids que Rafaelo lui imposait. Il ne lui avait pas révélé ce point avant, afin d’être sûr qu’elle perçoive l’intérêt de la paix avant tout. Tout comme il avait joué franc-jeu avec elle.

« Je ne vois pas pourquoi j’enverrai des esclaves chez eux, mais soit. Je prends note de cette demande, et j’en vois en effet quelque opportunité. Mais pour l’instant, vous n’avez pas à vous préoccuper de cela. Ce n’est que très minime dans les considérations de … Oh. Ah ! C’était donc vous. Vous êtes, finalement, bien retors, Rafaelo. Et vous osez parler d’ingérence du gouvernement ? »

Aïe. La vieille peau.

« C’était avant, ma chère Reine. Et nous n’avions aucun accord avec vous. Ce qui changerait à présent. Et les actes de Clotho étaient répréhensibles. Il est un traître à la cause. »

« Non, non. Je parle de Nahohana. Je sais bien que cet horrible personnage a rejoint les rangs de vos ennemis. Le roi momie. Hein ? Celui qui a causé tant de troubles dans ma propre ville… »


L’assassin soupira de dépit. Il n’avait pas grand-chose à expliquer vis-à-vis de cette période. De toute manière, pourquoi le croirait-elle ?

« En effet. C’était moi. J’étais … blessé. Et en retraite ici, pour me remettre de mes blessures. Or, j’ai toujours eu des problèmes avec l’esclavage. Pour être honnête avec vous, je suis arrivé à Alabasta en temps qu’esclave, ma Reine. Et je peux vous assurer qu’ils ne sont pas aussi bien traités que vous le pensez. Mais ça, encore, ce ne sont que mes paroles. Ces hommes se sont libérés parce qu’ils voulaient être libres. Et, en effet, nous les avons accueillis dans le désert, pour la plupart. Nous offrirons toujours asile aux opprimés. » expliqua Rafaelo.

La Reine acquiesça, sans qu’il ne puisse savoir si elle approuvait ses paroles ou ne faisait juste que prendre note de ce fait.

« Je vois, je vois. De toute façon, cette condition n’en est pas vraiment une. Mais oui, je ferai attention à ne pas envoyer d’esclaves dans le désert. Merci de l’information. Qui est, au final, liée à la première. Mais à moi, d’en imposer une nouvelle : si vous attentez à l’économie de mon pays … et bien, ça pourra remettre en question notre accord. Je suis prête à vous accueillir dans le désert, seulement si vous ne mettez pas en péril ma propre régence. Vous savez à quel point cela pourrait être pire, en Alabasta. Et vous l’avez déjà vu. »

La vieille peau était dure. La menace n’était même pas voilée. Si un Clotho faisait des siennes à nouveau, cela remettrait en question la B.A.S. Et à ce point, Rafaelo avait déjà donné suffisamment d’informations à la Reine pour que ça puisse se retourner contre eux. Il acquiesça. Les choses devaient aller dans les deux sens.

« Accord de paix, commerce avec les nomades, sous les conditions énoncées ? Nous sommes d’accord ? »

« Nous sommes d’accord. J’en déduis que le dernier détail n’a rien à voir avec cet proposition ? »

« Non. Il est plutôt personnel … Laissez-moi vous expliquer … »

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Le non avait été catégorique. Très sec. Et il avait suivi une dizaine de minutes pendant lesquelles la Reine avait fait semblant de ne pas comprendre. Bien qu’elle ait parfaitement discuté pendant les négociations précédentes.

« Comprenez que je cherche uniquement à connaître l’histoire du siècle perdu. »

« Elle n’est pas dessus, fin de la discussion. Et puis nous n’avons pas de ponéglyphe. Au revoir. »


Et elle se retourna dans son lit, s’enroulant dans ses couvertures.

« Ecoutez-moi, ce n’est pas le premier que je pourrais lire. Jusqu’à présent, je n’ai pas pu trouver un seul indice sur ce fameux siècle perdu … Que des … bref. Rien d’intéressant. »


À partir de là, il fallut une bonne demi-heure avant que la Reine ne se retourne. Et déjà l’aube pointait.

« Je vous aime bien Rafaelo, mais ne venez pas mettre en péril nos négociations précédentes avec votre objectif personnel. Il est hors de questions que je laisse qui que ce soit lire notre ponéglyphe. Sachez seulement que son savoir est nocif pour le monde. Insistez, et je sonne l’alarme. Insistez et je remettrai en cause nos précédents accords. Et essayez seulement de le trouver par vos prorpes moyens … et vous le regretterez. Que vous en ayez lu d’autres m’importe peu. Vous ne lirez jamais celui-là. Personne d’autre ne le lira. Compris ? »

« Heu … oui madame. »


« Pardon ? »

« Oui, ma Reine. »

« Bien, maintenant laissez-moi dormir. »

« … »

« Allez, du vent. Et laissez la fenêtre ouverte. »

« Au revoir. »

« Au revoir, Rafaelo. »

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J’avais attendu quoi, jusqu’à ce que le soleil commence à peine à se lever. J’avais fait un feu, je me les pelais. Mais avec le soleil, c’était comme reprendre vie. Je l’avais vu, alors. Putain, c’était bien lui. J’avais passé la moitié de la nuit à croire que j’avais halluciné. Mais non, c’était un brouillard qui avançait rapidement, frôlant le sol. Un brouillard cendré qui pris la forme d’un homme devant moi. Son visage masqué comme durant la nuit. Mais je voyais clairement son œil gris maintenant, et je devinais ses lames cachées sous ses vêtements. Il me regarda, la mine grave.

« Ne fais pas cette tête, Krill, j’ai réussi. »

Il en avait pas l’air. Mais qui j’étais pour douter de ce que le chef nous disait ? On reprit donc la marche, pour rejoindre les autres. Y’en a un qui était venu pendant la nuit, me voir, en suivant les traces. Je lui avais dit. Il avait pas compris, il était reparti. Parfait. Mais moi, j’étais resté avec mes questions, à me geler les miches pour le chef. Merde, pour Rafaelo. Fallait que je le dise à voix haute tellement c’était bizarre. Et puis il m’avait appelé par mon nom, à l’époque. Je m’appelai plus Krill depuis un bail maintenant. Mais allez savoir pourquoi, il se souvenait de moi après dix ans. Qui avait une mémoire comme ça, bordel ? Fallait bien l’admettre, c’était lui.

« Allons prévenir l’Issifi que les accords ont été mené à leur terme. Désormais, nous pouvons compter sur le soutien d’Alabasta, tant que nous respectons leur autorité. Et les nomades devront se tenir à carreau. Enfin bref, la royauté a accepté les conditions telles qu’énoncées. Allons faire de Syrdaha le nouveau paradis révolutionnaire … »

Et sans savoir pourquoi, j’en fus convaincu. Ce gars était toujours là, à se dresser devant nous. Il me donnait l’envie de faire pareil, de me battre avec autant d’ardeur. C’était peut-être ça le rôle d’un chef, nous montrer l’exemple. Et ton exemple, Rafaelo, je saurais m’en rendre digne. Et tiens, je ferais même mieux que toi … peut-être ?
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