[FB: début 1627] Au gré du hasard... [Feat: Mana]

Tenko se reposait dans un coin d'une des nombreuses cours d'entraînement que comportait la base qui l’accueillait durant ses classes. La chaleur était accablante, et le soleil semblait prendre plaisir à ralentir sa course une fois arrivé à son zénith. La plupart des jeunes recrues de West Blue venaient être formées aux rudiments des techniques qu'il nécessiteraient ici, à Hinu Town. Il se releva, essuyant de sa manche la sueur qui ruisselait sur son visage. Tout comme lui, la plupart des autres soldats avaient du mal à supporter le climat de cette île. Cela faisait-il partie du processus de formation? La difficulté était-elle renforcée pour donner aux soldats une meilleure endurance? Peu importait après tout, tant que la formation portait ses fruits. Un sous-officier sonna la fin de leur pause et ils reprirent le combat au sabre pendant deux bonnes heures. Quand ils furent libérés, Tenko était exténué et ne voulait plus qu'une chose: se retirer dans les dortoirs et s'y reposer jusqu'au lendemain. Il arpentait les couloirs distraitement, pris dans cette espèce de sensation d'absence qui peut envahir l'esprit après un long effort physique. Il ne chercha pas forcément à se repérer et décida de gambader pour détendre son corps avant d'aller se reposer. Il pouvait prendre du temps pour laisser son esprit divaguer, voyager entre toutes ces pensées qui l'envahissent en tout moment de la journée. Marcher lui permettait de recentrer toutes ces réflexions et de leur donner son attention.

Il avait intégré les forces armées du Gouvernement Mondial depuis peu, mais il s'y sentait à l'aise. Le cadre donné par le système hiérarchique lui permettait d'évoluer sans avoir à se soucier de rien. Il n'en demandait pas plus. Il s'arrêta près d'une fenêtre qui donnait sur Anakata, la capitale de l'île. Les bâtiments s'étalaient loin jusqu'au pied de la muraille qui cerclait le tour de la ville. Ici et là, des tours s'élançaient vers le ciel dans une architecture particulière à l'île. Les gens avaient pris l'habitude d'appeler cet endroit "la petite Alabasta." N'ayant jamais mis les pieds là-bas, Tenko n'aurait su dire la teneur en vérité de ces propos. Il trouvait le paysage magnifique mais restait sobre dans sa contemplation, comme toujours. Un bruit de verre brisé fit son chemin jusque dans son oreille et il se rapprocha de la source du bruit. Trois soldats faisaient face à une pile d'assiettes brisées. Deux hommes et une femme. Cette dernière semblait être responsable de l'incident et baissait la tête. D'elle, il ne pouvait voir que sa chevelure blonde qui lui cachait son visage pour l'instant. Les deux hommes râlaient au sujet de la vaisselle qui avait terminé en morceaux sur le sol.

"Tu pourrais faire plus attention! Maintenant on va devoir nettoyer tout ça!"

"Attends, tu comptes pas nettoyer les conneries d'un autre? Moi je file directement, je te le dis!"

"Ouais, t'as raison... Évite de recommencer!"

Avant qu'il ait pu intervenir, les deux soldats partirent au pas de course pour fuir la punition qui risquait certainement de s'abattre sur ceux qui seraient trouvés là. Le jeune soldat s'avança vers le massacre et se pencha pour ramasser les débris qui jonchaient la pièce. Il les attrapait précautionneusement, essayant de ne pas se couper. Il se releva enfin et fixa la jeune marine. Son visage était d'une beauté incroyable. Néanmoins, une cicatrice en croix venait s’apposer sur le reste, comme une interdiction à ce qui résidait en dessous. Il la fixa quelque peu avant de prendre la parole.

"Les incidents arrivent, le tout est de les assumer et de ne pas se défiler. Mais je pense que vous le savez déjà, non?"

Il lui fit un léger sourire, presque imperceptible. Elle était restée près de son erreur, prête à assumer les conséquences. Ses deux collègues qui s'étaient esquivés faisaient partie des gens que Tenko ne pouvait côtoyer. Ils n'avaient aucun sens des responsabilités. Cette jeune femme en revanche, ne semblait pas être le genre à se défiler. Il attendit sa réponse.

Tenko avait rarement vu quelqu'un s'excuser autant de fois en si peu de phrases. Elle s'appelait donc Mana et visiblement elle manquait cruellement d'estime de soi. Elle avait pris l'uniforme bien avant lui, mais semblait être toujours affectée aux tâches les moins valorisées. Il éprouvait de la compassion pour cette jeune personne qui semblait s'efforcer de donner le meilleur d'elle même. Il récupéra les débris qu'elle portait et les jeta dans un sac qui traînait à proximité avant de se présenter à son tour.

"Je m'appelle Tenko, je suis arrivé il y a peu pour être formé, alors tu n'es pas obligée de me vouvoyer."

Il tenta de sourire de manière à la réconforter mais il se ravisa en imaginant l'air que ça devait lui donner. Il l'observa attentivement. Elle portait l'uniforme, mais des touches coquettes rappelaient ça et là sa personnalité enjouée. Elle semblait mal-à-l'aise au contact des autres, et tout dans sa posture indiquait sa timidité face aux autres. Si quelqu'un avait observé leur dialogue, il aurait certainement pensé, à la manière de parler de la jeune femme, que Tenko était un sous-officier. Néanmoins, le jeune soldat ne pouvait s'empêcher d'éprouver de l'empathie pour cette pauvre âme. Elle avait des qualités incroyables, mais elle ne voulait pas les voir. Épineux problème.

"Tu sais, s'ils t'avaient aidé à porter toute cette vaisselle, tout ça ne serait jamais arrivée."

Puis posant son regard sur la dalle descellée qui avait visiblement provoquée la chute de la jeune marine, il se fit la pensée que ce bâtiment nécessitait bien quelques redressements. Il allait reprendre la discussion, se sentant étonnamment loquace quand des bruits de pas se firent entendre. L'image d'un soldat se découpa à l'angle du mur et soudain trois personnes de plus étaient là. Un sous-officier chargé de l'entraînement des recrues, un grand homme au crâne dégarni mais pourvu d'une grande barbe, un sabre fixé dans le dos et le regard plein d'une ardeur sauvage qui ne présageait rien de bon. Le jeune soldat salua son supérieur en observant les deux marines qui non seulement s'étaient déchargés de toute responsabilité mais en plus n'avaient pu s'empêcher de signaler l'incident. En soi, c'était normal. Mais leur attitude laissa penser à Tenko qu'ils n'avaient visiblement pas été honnêtes avec leur supérieur. Ce dernier commença à hurler sur la jeune femme:

"Mana! Qu'as-tu encore fait?! Tu crois que ça m'amuse de devoir encore me déplacer parce que tu as non seulement fait tomber les assiettes que tu tenais mais aussi celle de tes collègues?! Tu crois qu'on est l'Armée du salut ici?! Tu vas.."

"Si je puis me permettre, Sergent Instructeur, la vérité que vous croyez détenir n'est que partielle!"

Après avoir été coupé par un blanc-bec pareil, il ne put s'empêcher d'exploser, oubliant complètement de passer un savon à la jeune marine. Tenko avait réussi son pari.

"Qui vous a sonné Sozen?! Si vous voulez pas passer votre lendemain à servir de sac de frappe, bouclez-là!"

"Sergent, c'est à cause de ce gus qu'elle a provoqué tout ce désordre!"

S'étant sentis menacé par l'honnêteté du jeune homme, ils n'avaient pas hésité à l'enfoncer plus encore. Ces gens-là n'avaient visiblement pas compris comment la Marine devait fonctionner et il trouva cela dommage.


"Sozen!!!! Vous et Mana allez passer la nuit à récurer cette base! Et demain j'aviserai de votre sort, compris?!"

"Oui, Sergent!"

"Commencez par me balayer la cour d'entraînement et ensuite occupez-vous du réfectoire! Ça vous fera les pieds!"

"Oui, Sergent!"

Il salua et une fois le sous-officier parti, il se tourna vers ce qui allait être sa compagne d'infortune pour la nuit à venir. Il sourit, gêné qu'elle ait elle aussi écopée d'une punition. Mais au moins, il avait pu lui éviter d'être écrasée par le chien de garde. Ce dernier avait gobé la version des deux autres sans même chercher à vérifier un contre-avis. C'était le genre d'officier qui étaient bons à ne former que de la chair à canon.

"Je suis désolé que tu aies à nettoyer avec moi..."

Il regarda par la fenêtre à laquelle il s'était été appuyé tantôt. La nuit était tombée sur le pays, emmenant avec elle le froid nocturne caractéristique à ce genre de climat. Il se tourna vers Mana avant de lui poser une question:

"Bon, je crois qu'on devrait s'y mettre... Je ne connais pas très bien la base, et j'avoue avoir fait le chemin entre la cour et s'être endroit par hasard. Si tu le veux bien, je vais te suivre."

Ils passèrent un bon moment à nettoyer la cour, bien que la jeune femme ait tenté de récupérer une fois de plus tout le travail. Bien qu'il fût harassé après une aussi longue journée, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui pour avoir écopé d'une nuit blanche à ratisser le sable et à nettoyer le sang. Tout était calme aux alentours. A intervalles régulière, une patrouille passait furtivement sur la coursive qui cerclait l'atrium. Le vent sifflait en s'engouffrant dans les interstices ouvertes dans tout le fort. Au bout d'un certain moment, il posa sa tête sur ses mains, qui tenaient le manche de son râteau par le haut. Il leur restait encore à s'occuper du réfectoire, et cela incluait tant le nettoyage du sol que la plonge. En règle générale, l'équipe de cuisine s'occupait de ces tâches, mais il était fréquent que des bleus doivent s'y coller. Tenko ne doutait donc pas de l'état dans lequel ils allaient retrouver la pitancerie

"On ferait mieux de se coller au nettoyage de la cantine si on veux pouvoir se reposer ce soir!"

Il suivit la maladroite marine qui mena la marche vers leur deuxième objectif. Une fois là-bas, il se dirigea directement vers la vaisselle. Assiettes et couverts avaient été négligemment laissés en piles à peine stables. S'efforçant de ne rien casser qui lui aurait valu plus de nuits de garde, il commença son labeur. Ce fut l'affaire de deux bonne heures, même si Mana l'avait rejoint une fois qu'elle eut terminé de nettoyer les surfaces. Quand ils eurent terminé, le soleil commençait à pointer à l'horizon. La base s'ébranlait, et les premiers hommes ne tarderaient pas à se lever. Ils sortirent et se dirigèrent vers leurs dortoirs respectifs sans piper mot. Le reste de la soirée avait été dominé par une gêne que Tenko attribuait au caractère inhérent aux deux personnages. Il tenta de se frayer un chemin au milieu des soldats qui adoptaient une démarche de revenant à cette heure là de leur journée.

Il se posa sur sa paillasse et tenta de s'offrir une petite demi-heure de sommeil. Quand il se réveilla, le soleil était déjà bien haut dans le ciel et les lits alentours étaient tous déserts. Pris de panique à l'idée des sanctions qui lui tomberait dessus, il se leva en vitesse et se prépara tout aussi vite pour débouler dans une cour d'entraînement... remplie de soldats au garde-à-vous, patientant devant une estrade qui avait dû être montée dans la matinée. Il reconnut ses camarades de classe et soudain l'évidence le frappa. C'était aujourd'hui qu'il intégrait réellement la Marine. Jetant un regard autour de lui, il remarqua le contraste entre ses vêtements d'entraînement et les uniformes flambant neufs de ses comparses. Le sergent de la veille était accompagné d'un lieutenant, et vociférait les noms et grades des nouvelles mouettes. Il pria pour que son nom soit déjà passé. Dans ce cas-là, il pourrait demander à un de ses collègues de lui indiquer les informations le concernant à la fin.

"Tenko Sozen!"

Il s'arrêta, cherchant des yeux l'intéressé, et ne put s'empêcher d'avoir un sourire moqueur. Les hommes se retournèrent pour chercher des yeux celui qui n'avait pû s'empêcher de se faire remarquer. Tentant de rester digne, Tenko garda la tête haute, dans une posture irréprochable. La scène était d'une gêne peu commune.

"Visiblement vous souhaitiez recommencer vos classes soldat... Vous représentez le gouvernement mondial maintenant, alors un peu de tenue!"

Les soldats ne purent s'empêcher de rire tandis que lui restait le plus droit possible. *Dans quelle situation je me suis encore fourré?* Il se vit attribuer le grade de troisième classe, tout en bas de l'échelle hiérarchique, et fut affecté à une île du nom de Poiscaille. Les rumeurs allaient bon train sur cet îlot de West Blue. Pour beaucoup, c'était l'endroit où l'on envoyait les recrues les moins susceptibles de progresser dans l'armée. Même s'il ne se fiait pas aux ragots, il était conscient qu'il y avait toujours une part de vérité dans ces histoires. La cérémonie vint enfin à finir et les soldats disposèrent de leur journée avant d'embarquer le lendemain dans un bac qui ferait la liaison entre les différentes îles d'affectation des nouvelles recrues. Il s'éloigna vers la laverie pour retirer son uniforme, la tête pleine de pensée à propos de ce qui venait de lui arriver. Il ne lui semblait pas s'en être si mal tiré que ça. Qu'est-ce qui avait pu lui valoir la troisième classe?

"Désolé... Si je n'avais pas fait n'importe quoi hier, on ne t'aurais pas tourné en ridicule aujourd'hui..."

Il se retourna et aperçut la jeune femme de la veille. Il ne put s'empêcher de la réconforter. Elle semblait vraiment convaincue que ce qui lui était arrivé était de sa faute. Jusqu'à quel point était-elle capable de se blâmer alors même qu'elle n'était en rien la cause de ce qui était arrivé? Il remarqua alors qu'elle tenait un paquet entre ses mains. A l’intérieur, un uniforme en parfait état.

"On m'a demandé d'amener ça au seul soldat qui ne l'avait pas récupéré. Quand je suis passé sur la coursive, j'ai bien vu que c'était toi..."

"Merci, c'est gentil de ta part. Et ne te blâme pas pour ce qui est arrivé, j'ai bien joué ma part dans les événements d'hier."

Il lui expliqua rapidement qu'il disposait d'une permission et lui demanda si elle était occupée à faire quoi que ce soit. Elle répondit par la négative et lui révéla que son supérieur direct l'avait décommissionnée pour la journée l'empêchant ainsi de traîner dans les pâtes de quiconque ce jour là. Il lui proposa d'aller se balader en ville et elle accepta. Les rues étaient bondées, des étalages s'étendant à perte de vue. C'était le jour du marché local et de nombreux commerçant proposaient denrées ou objets que le jeune bleu n'avait jamais vu dans sa vie. Ils traînèrent dans de nombreuses petites rues avant de déboucher sur le port. D'immenses voiliers côtoyaient de plus modestes. La baie qui contenait les docks était immense et une fine bande de sable tapissait le sol pour former en de certains endroits quelques petites plages où s'amusaient des enfants. Ils s'assirent sur un muret et Tenko fixa l'horizon.

"Tu sais, il faudrait que tu croies un peu plus en toi."

"J'essaye de faire de mon mieux, mais je ne suis pas trop dégourdie..."

Elle avait baissé les yeux, une fois de plus.

"C'est exactement de ça que je parle. Tu penses que tu ne vaux rien et que les autres ont raison de te marcher dessus. Tu as déjà pris le temps de penser à ce que tu voulais? Remarque, je suis mal placé pour donner des leçons..."

Il fit une longue pause et un silence gênant s'installa. Il avait de la peine de voir quelqu'un gâcher son existence en s'abaissant face aux autres. Mais n'était-ce pas plutôt son indifférence habituelle qui l'agaçait? Peu importait, il voulait lui faire prendre conscience des qualités qu'elle avait en elle.

"Tu es gentille, mais il faut que tu en fasses une force et pas un défaut! Compris?"

Son discours n'avait eu aucun effet. En même temps, c'était ridicule de penser qu'on pouvait changer une personne avec quelques mots. Combien de gens avant lui avaient sûrement essayé de lui faire prendre conscience de sa valeur? Qu'est-ce qu'il en savait, d'ailleurs, de la valeur de cette jeune femme? La prise de conscience viendrait toute seule ou ne viendrait pas. On ne savait jamais vraiment comment la vie allait avancer ses pions sur l'échiquier. Pour certains, tout se passait à la perfection. Pour d'autres, ils devaient lutter toute leur vie contre ce qu'ils appelaient le destin. Pendant qu'il se perdait dans ces pensées abstraites, elle avait détourné le sujet assez rapidement vers lui en lui posant une sacrée question. Avait-il eu une raison de s'engager dans la Marine? Il marqua un sacré temps d'arrêt avant de répondre.

"Je n'ai pas vraiment de raison d'être là. Je me suis juste contenté de signer un papier, sans grande conviction. Rien ne me poussait à le faire mais je l'ai fait quand même"

La vérité, c'était qu'il avait besoin d'un cadre pour évoluer, pour ne pas finir comme tant d'autres qui à force de se questionner ont cessé de vivre. L'action au devant de laquelle l'emmenait l'armée le tenait éveillé et surtout l'empêchait de trop réfléchir. Il détestait toutes ces pensées qui l'envahissaient en tout moment de la journée. C'était à vrai dire la pire disposition de son esprit. Il aurait préféré naître idiot que de devoir être constamment en train de se poser des questions. Après le court silence qu'avait représenté ces pensées, il reprit sur un ton moins désinvolte, plus grave:

"Il fallait bien que j'ai de quoi vivre aussi. Je ne combats pas pour le bien, mais parce qu'on me demande de le faire. Mais chacun a sa vision, pas vrai?"

"Peut-être bien..."

Il fixa un voilier qui s'apprêtait à partir et se leva. Demain commencerait une nouvelle vie pour lui, mais il n'éprouvait rien à ce sujet. Qu'est-ce qui changerait? Qu'est-ce qui ne changerait pas? Il n'avait aucune de ces réponses. Il ne savait pas où ça allait le mener et il ne voulait pas le savoir. Il aviserait bien une fois qu'il y serait. Une brise légère s'était levé, faisant sonner les cloches et claquer les pavillons. Il adorait entendre ces sons. Tout ce qui pouvait se rapporter à la mer le fascinait à vrai dire. Il voulut partager cela.

"Est-ce que tu aimes la mer?"

Il continua sans attendre de réponse, ne voulant pas perdre le fil de la pensée qui lui venait à l'esprit en cet instant. Pour une fois qu'une lui convenait.

"J'ai toujours ce sentiment quand je navigue d'être vivant. On n'est jamais plus en danger que sur l'eau. Il suffit d'une seconde pour que tout bascule. Une vague scélérate, un mauvais vent, un boulet qui frappe au bon endroit et c'est la mort assurée. Mais tout redevient calme. La mort ne marque jamais ces lieux comme elle le fait sur la terre."

Il se leva et commença à marcher un peu le long des docks. Des manutentionnaires manipulaient de lourdes caisses, les chargeant ou les déchargeant des innombrables navires qui transitaient par le port. Ils ne parla pas, contemplant le paysage qui avançait avec eux. Petit à petit, le soleil descendit derrière l'horizon. Cette journée était vraiment bizarre. Il commençait à apprécier Mana, parce qu'elle était toujours honnête et pleine d'une gentillesse qu'elle ne pouvait s'empêcher de contenir. Le ciel s'assombrissait quand ils cessèrent de marcher. Il se tourna vers elle et lui tendit une large main. Ils étaient deux soldats, unis par l'uniforme et le devoir de protéger. Il lui sourit gentiment avant de se mettre à parler.

"1ère classe Mana, ce fut honneur de faire votre rencontre. J'espère que nos routes viendront à se croiser à nouveau dans le futur!"

Il la salua à la manière militaire et se détourna pour rejoindre l'embarcadère qui l’emmènerait vers un avenir insondable. Il ne pensa à rien ce soir-là, ni le lendemain quand il put se tenir à l'arrière du navire, contre le bastingage, regardant l'île qui s'éloignait. *Tu es un véritable modèle de perséverance Mana... J'espère que tu t'en rendras compte.*

"Sozen, tu crois que tu vas chaumer toute la traversée? Vas rejoindre les autres!"