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Amitié fraternelle

- Ce confit de poularde est un puits de félicité gustative.

Verbe haut, moustache fine, air de grand seigneur, rapière flamboyante au côté ; nul doute, il s’agissait bel et bien de Don lope, le plus célèbre bretteur du monde connu. Et voilà qu’il festoyait dans cette modeste auberge d’Alabasta où se trouvait justement John Henry Holliday. Attablé au centre de l’établissement, le célèbre sabreur faisait honneur à tous les plats.

- La recette barbare aux denrées improbables,
Née de la sombre sylve ou des torrides sables,
Intrigue le gourmet qui brûle de savoir
En quoi varie ce plat de ceux de son terroir !

Aux marches du palais hésite sa cuillère.
Mais cet émoi passé, l’instrument réitère.
De bol en bouche bée son aller, ses retours,
Car le mets était bon sous ses louches atours !

On peut à ce gourmet comparer l’honnête homme.
Qui face à l’étranger agit en gastronome. *


La salle toute entière écoutait avec une forme d’émerveillement ce personnage haut en couleur.

John amusé alluma une cigarette et prit la parole à son tour.


- Allant vers son prochain pour goûter la saveur
Du sel, d’un bel esprit, du sucre, d’un bon cœur
Il fait fi du faciès, du comment-on-s’habille
Et franchit le limes dont se rient les papilles !*


- Mais je vous sens lassés, cessons là ce laïus d’Erasme de comptoir, de grossier Lucullus… Pour savourer la joie d’un repas entre amis.

Don Lope se retourna vers John avec surprise. Il se leva et fit mouvoir son large chapeau dans une révérence digne des plus grands gentilshommes.

- Don Lope de villalobos y sangrin. A votre service monsieur.
- John Henry Holliday. Vous êtes un homme charmant.
- Mon plaisir.
- Mais je vous reconnais pour être surtout une lame célèbre. Oserai-je ?
- Mais quoi donc mon ami, votre politesse m’étouffe ?
- Mais croisez le fer avec vous !
- Votre allure sent pourtant son pistolero à trente lieux !
- Baste ! J’ai reçu quelques rudiments d’escrime dans ma jeunesse. Je serai fort aise de m’essayer contre vous. Si ce n’est point vous insultez…
- Tout au contraire, rien ne m’éveille plus que la perspective d’un duel !

Et il dégaina sa rapière avec une rapidité et une majesté incroyable.

_________
*De Capes et de crocs, de Ayrolles et Masbou, Acte I. (L'une des meilleurs bande dessinée qui m'ait été donné de lire. Et dont le personnage de Don Lope est tiré, ce qui explique ce plagiat pour nourrir le PNJ).
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John se leva, il n’avait pas d’épée. Don Lope voyant cette réalité se tourna vers le tenancier qui, sans parler, en dégagea une de sous son comptoir et la lança. John l’attrapa au vol et se plaça dans une posture qui démontrait qu’il n’était pas un néophyte. L’œil de Lope brilla et il fut sur John en un éclair. Les deux épées s’engagèrent jusqu’à la garde, les deux hommes souriaient.

Les premiers échanges furent plutôt convaincants, à sa propre surprise, John parvenait à tenir tête au plus grand de tout les bretteurs. Mais il comprit bien vite que cet échange était courtois et que Don Lope le testait. Ainsi, après quelques passes, il rompit et baissa l’épée.

- Volte ! Contre ! Changez-froissez ! Passata sotto ! Vous êtes fine lame monsieur Holliday.
- Vous vous moquez et cela est bien mal.
- Non pas, non pas ! Mais il est vrai que je suis d’une toute autre classe. Mais ne rougissez pas, votre arme de métier est ce revolver que je vois briller à votre ceinture. Dans ce duel vous gagneriez, nous sommes quittes.
- Aucun moyen de nous départager dans un duel d’honneur alors… C’est bien dommage.
- En effet… Souffla Don Lope qui pensait pouvoir s’amuser encore un peu dans cette auberge.
- Encore que ! S’exclama John.
- Oui !? Questionna Don Lope du regard, presqu’implorant.
- Seriez-vous doué en danse !
- ¿por qué
- Mais je me défends assez bien également !
- AH ! UN DUEL ! PLACE MESSIEURS PLACE !

Et Don lope commença à pousser de sa botte les tables pour faire de la place tant et si bien qu’au bout d’une trentaine de secondes une vaste place était dégagée. Toute l’assistance était pour ainsi dire collée aux murs, se demandant bien qu’elle était cette forfanterie.

- Musique ! Clama Don Lope.

Et, surgissant de nulle part, des guitaristes et autres musiciens en costumes chamarrés firent leur apparition. Une musique endiablée commença à emplir la salle.



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Don Lope commença à effectuer quelques claquements de bottes tout en frappant ses mains l’une contre l’autre. John, pas en reste, avait débuté une série de mouvements endiablés. Les deux hommes souriaient tout en virevoltant l’un en face de l’autre, se tournant autour, échangeant de place, redoublant de vigueur. Leurs bottes claquaient sur le sol dans un rythme entêtant. Les spectateurs battaient eux même la mesure de leurs pieds tout en conservant les yeux rivés sur cette scène incroyable.

Les danseurs tournaient maintenant sur eux mêmes sans vouloir s’arrêter. Ce n’était plus que deux tourbillons colorés qui tantôt se croisaient, tantôt s’éloignaient. La musique gagnait en intensité et les hommes semblaient comme posséder par l’échange. Leurs regards devenaient plus sérieux, plus engagés à mesure que la danse prenait de la densité. On reconnaissait dans ce regard, le regard des duellistes, des vrais. Certes les deux hommes ne se rencontraient pas sur les armes mais au moins parvenaient ils à se rejoindre sur la danse.

John se fendit dans les airs en un saut violent et viril, il fut rejoint dans les airs par un Don Lope pas en reste. C’était le moment de passer à un duel en Paso Doble ; les musiciens changèrent aussitôt de registre musical.


- AYE ! Hurla John.
- AYE ! Lui répondit Don Lope sur un ton encore plus puissant.

Et les deux hommes débutèrent une succession de petits pas qui firent bientôt disparaître leurs jambes tant la vitesse était incroyable. Le plancher commençait à craquer tandis que les deux hommes, mains sur les hanches, faisaient claquer avec force et célérité les talons de leurs bottes. La salle applaudissait à tout rompre, les chapeaux volaient en tous sens.

C’est alors que la porte de l’auberge fut enfoncée, la musique s’arrêta net, et une trentaine d’individus en chemise blanche entrèrent au petit trot. Ce fut autant de fusils qui furent pointés vers le bretteur renommé. Don Lope ne quitta pas pour autant son sourire large et charmeur.

- Messieurs, de grâce, laissez nous finir ce duel !
- Don Lope de Villalobos Y Sangrin, par les pouvoirs qui me sont conférés par le gouvernement mondial, je vous arrête ! Enonça un officier de la marine avec sang-froid.
- Que ce personnage est grossier.

Et il balança une lame d’air qui éventra toute la façade de l’auberge.
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Les marines s’étaient jetés au sol pour éviter d’être tranchés. Ils se relevèrent cahin-caha tandis que Don Lope les enjambait déjà. Une moitié se précipita sur Don Lope, l’autre se mit à la poursuite de John qui passait pour un complice. C’est ainsi que Don Lope et John se retrouvèrent rapidement en fuite, sur les toits d’une ville d’Alabasta dont aucun ne connaissait le nom. Derrière eux se pressaient des soldats, en contrebas d’autres entamaient également la poursuite.

- Vous êtes pirate mon ami ?
- Mordiou, je ne crois pas.
- C’est ennuyeux.
- Pourquoi cela ?
- Votre accointance avec moi risque de vous coûter une part de tranquillité…
- C’est bien vrai. Répondit John tandis que les deux hommes sautaient vers un toit éloigné.

Tout en courant, les deux hommes continuaient à converser. Plusieurs balles passèrent non loin d’eux.

- Ne vous inquiétez pas, ils tirent comme des bourgeois.

- J’aimerai mieux qu’ils ne tirent point du tout.
- Haha ! Cela manquerait furieusement de saveur. Mais comme je le disais, vous risquez de nombreuses poursuites dans cette affaire.
- Bah ! Je trouverai bien une solution. Et ça valait le coup, ne serait-ce que pour échanger quelques passes avec vous.
- Et cette danse mon ami, cette danse ! Que j’escompte bien finir un jour.

John afficha un sourire mais il changea de posture lorsqu’il vit l’inquiétude de Don Lope.

- Attention ami !


Don Lope donna de l’épaule pour repousser John qui allait recevoir une balle en pleine tête. Le pistolero n’avait même pas noté qu’il était la cible d’un tireur plus doué que les autres.

- Qu’est ce que… ?
- Vous êtes meilleurs en flamenco qu’en observation. La couleur de l’observation, le haki ! Un jour vous comprendrez ! J’eusse aimé vous en apprendre davantage mais le temps manque. Et je dois vous rendre un dernier service pour vous remercier de ce merveilleux moment passé ensemble.

Et sans crier gare il lui délivra un coup de pied qu’il le fit chuter trois étages plus bas.
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Lorsqu’il se releva il était entouré de marines. Mais ils furent repoussés par Don Lope qui se retrouva à quelques mètres seulement de John.

- Je flaire en de grands airs, sous une mine altière
Relents de chiens mouillés et parfums de tanière !
Des outrages reçus mon ton reste en deçà :
Une odeur m’indispose, un tireur m’offensa.
Si j’ajoute à son trait ce musc de sauvagine,
C’est par deux fois, ce jour, qu’on flétrit ma narine !


- Parbleu ! Mais ! Il me brocarde ! S’étonna John.
- Si j’ai bien saisi, il dit que vous puez. Fit remarquer un soldat du gouvernement mondial.
- Et en alexandrins par dessus le marché ! S’offensa John.

Mais Don Lope fit un mouvement de jambe qu’il avait réalisé un peu plus tôt lors de la danse et un imperceptible clin d’œil fut adressé à John.

- Messieurs craignez ce jour, c’est jour où j’assassine.

Et l’attitude de Don Lope changea du tout au tout. Son regard se fit terrible et l’ambiance changea. Le bretteur apparaissait et disparaissait, on le voyait tantôt dans un groupe de marine, tantôt éloigné, mais a chaque fois qu’il disparaissait des hommes tombaient. Les marines se faisaient trancher sans être en mesure de riposter, ça n’était plus une arrestation, c’était une exécution. C’est alors que John lui même senti le froid de la lame glisser sur son torse et le sang gicla en une gerbe impressionnante. Ses jambes se dérobèrent sous lui, par réflexe il dégaina son colt mais il ne put vainement que tirer en l’air. Avant que ses genoux ne rencontrent le sol, Don Lope sembla se matérialiser une nouvelle fois à ses côtés l’espace d’un instant.

- Un sacrifice pour la liberté. Un ami pour la vie.

John tomba sur le sol, les paroles de Don Lope résonnant dans ses oreilles.

Il se réveilla beaucoup plus tard, reprenant conscience allongé dans un large lit aux draps immaculés.
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A peine une paupière c’était elle ouverte qu’un officier se pencha vers lui. John avait le regard flou et la bouche pâteuse. On lui tendit un verre d’eau qu’il avala d’une traite.

- Monsieur, nous avons appris votre geste héroïque.
- Comment cela ? Interrogea John toujours dans le vague.
- Votre duel contre Don Lope, le terrible pirate !
- Allons bon, moi ? Continua le pistolero parfaitement étonné.
- Mais oui ! Nous vous avons pris pour un partenaire mais nous avons compris que vous ne faisiez que le poursuivre ! Et quelle valeur pour être si facilement sur ses talons ! Les gens de l’auberge nous ont expliqué comment vous l’avez provoqué en duel alors qu’il menaçait l’assistance. Est-ce bien comme cela que la scène s’est déroulée.
- A peu près… Glissa penaud John.
- Du reste, il vous a laissé une belle cicatrice sur le torse. Vous êtes un héros monsieur, la garnison vous remettra une récompense dès que vous serez sur pied.
- Ça ira, ça ira…
- J’insiste !

A ce moment, John chancela et une infirmière aux atouts suffisant pour charmer le fameux Alheïri S. Fenyang repoussa l’officier.

- Allons, il a besoin de repos ! Laissez-le, laissez-le !

John passa plusieurs jours en convalescence. Il se fit renseigner sur la chasse menée par la marine contre Don Lope. On lui donna toutes les informations possibles, reconnaissant en John un fervent supporter de la marine. Malheureusement, Don Lope était encore une fois passé à travers les mailles du filet dressé par la marine. On le disait déjà embarqué vers une autre île, vers une autre aventure.

- Il s’est passé quelque chose de formidable pendant la traque.
- Quoi donc ?
- Don Lope a fait un détour jusqu’à un monument de l’île symbole de la fraternité des hommes du pays.
- Et bien ?
- Il a laissé un message en bas du monument, griffonné à la hâte alors qu’il avait une centaine d’hommes aux trousses.
- Vous connaissez ce message ?
- Bien sûr, tout le monde essaie de déchiffrer cette énigme.
- Dites ! Dites !

Les cicatrices des uns, sont les trophées des autres.
L’amitié c’est certain, restera toujours notre.


- Qu’en dites vous ?
- Qu’il a déjà fait de plus beaux vers… Remarqua John dans un demi-sourire.

La marine attendit longtemps son héros mais jamais il ne vint réclamer sa récompense. A l'inverse, certains natifs affirment avoir vu un cache-poussière se recueillir devant le monument de la fraternité...
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