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L'or brille même dans la boue

Suite des événements joués ici






***




- Quelle galère...

- Tu te crois drôle ?

Alors que son voisin le fusillait du regard après cette réflexion pour le moins inappropriée, Joe soufflait des naseaux regardant autour de lui. Spectacle sinistre. Qu'ils étaient laids tous ces esclaves, amaigris voire décharnés, vêtus de haillons. Ils épuisaient leur modeste énergie à ramer dans cette cale sombre qui empestait l'urine et la crasse. Comment pouvait-on passer du statut de pirate à celui d'esclave dans une frégate révolutionnaire ? C'était pourtant un dénouement aussi logique que prévisible lorsque l'on se plaisait à piquer un fauve avec un bâton.
Le bâton, Joe ne l'avait pas vu venir. Forcément, les mineurs d'Union John qui avaient pris soin de l'assommer n'avaient pas manqué de le prendre à revers. Puisque les événements récents sur Clockwork Island faisaient que les allers et retours des révolutionnaires étaient de plus en plus fréquents, il avait fallu, à quelques reprises, s'en remettre à l'esclavagisme faute de main d'oeuvre suffisante. Meurtriers, voleurs, mauvais payeurs, pirates, enfants mal élevés : toute la racaille qui avait eu le malheur de peupler un jour les geôles d'Union John avait été mobilisée de force dans les galères.

Considérant le passif du cafard auprès des mineurs d'Union John, il aurait dû s'estimer heureux d'être maintenu en vie en dépit de ses malversations commises sur l'île. Cependant, dépossédé de ses armes, les chaînes aux pieds, Joe avait bien du mal à relativiser sa situation présentement. Non pas que ladite situation était dégradante, il avait connu pire, mais simplement inconvenantes. L'ironie de la chose ne l'amusait guère. Un esclavagiste dans une galère, c'était un boulanger qui finissait au four, ou un tailleur dépecé à coups de ciseaux, inconvenant était un terme encore trop impropre pour qualifier pareilles circonstances. Inconvenant et éreintant.
La lumière du jour ne perçait pas à travers les épaisses planches de la coque, aussi, il était impossible de dire avec précision depuis combien de temps les rameurs avaient levé l'ancre.

- Journal de bord du capitaine Joe... Dixième jour... Je rame...

Amer, il murmurait pour exorciser sa hargne. Devis, son voisin, ne le supportait déjà plus.

- Joe, ça fait même pas trois heures qu'on a quitté Union John...

Si Devis avait raison, le cafard, paresseux par nature, avait la sensation d'avoir dépensé l'équivalent de dix jours de travail en à peine quelques heures. De tous à bord, il était celui qui se portait le mieux physiquement, et pourtant, personne n'aurait parié un berry sur sa survie à l'issue de la traversée tant il peinait à ramer. Jamais Joe ne se serait imaginé un jour mourir d'épuisement. Cette simple pensée le fatiguait d'ailleurs, aussi il fit une pause. La quatrième depuis leur départ.
Devis pestait. Encore une fois, il se retrouvait à devoir manoeuvrer l'épaisse rame du navire à la force de ses seuls bras. Et en cadence qui plus est.

- Quartier Maître !!!

Un robuste gaillard aux bras velus et aux joues rondes fusa du fond de la cale d'où il surveillait les esclaves pour se retrouver à proximité du geignard.

- Tu as intérêt à avoir une bonne raison pour me déranger !

- L'autre pourri à côté de moi ! Il refuse de ramer !

Lorsque Joe croisa le regard de ce quartier-maître, il comprit immédiatement pourquoi on l'avait chargé, lui, de mettre des coups de fouets aux récalcitrants. Il y avait dans ses yeux un mélange de cruauté et d'amusement, tout était prétexte à faire valser le fouet, et mieux valait ne pas le titiller tant il semblait prompt à démarrer au quart de tour.

- Je suppose que t'as une bonne raison pour ne rien glander BIU-TAG ?!

De tous les esclaves occupés à ramer, le cafard était de loin le plus réputé, personne à bord n'ignorait ses méfaits, et encore moins sa présence.

- D'accord d'accord ! Vous énervez pas ! J'avoue tout.... Il m'a demandé de faire diversion pour vous prendre les clés.

Puis tournant la tête, un air abattu, il ajouta à son voisin qu'il venait de pointer du doigt.

- Désolé de t'avoir balancé, j'aime pas les coups de fouets.

Désolé, il ne l'était pas le moins du monde. Avec brio, il avait su reporter la colère du quartier-maître à l'encontre de son voisin qui demandait justice. Avec Joe, il n'y avait pas de Justice, il y avait juste les coups bas et les fourberies. Le meilleur moyen d'y échapper était encore de ne pas le fréquenter. Tâche ardue pour Devis si on considérait le fait que ses chaînes étaient liées aux siennes.

- Peeeeeetit fuuuuumier va !

- Non mais atten...!

Très vite, le son strident du fouet creusant la chair de sa victime d'une lacération sèche se fit entendre. Ce bruit atroce, qui à lui seul maintenait en respect tous les galériens tentés par la mutinerie, se répéta à cinq reprises. Le dos en sang, Devis continua de ramer, aidé de Joe qui y mit du coeur à l'ouvrage jusqu'à ce que le quartier-maître ait le dos tourné.

- Bon, je sais pas toi, mais je me ferais bien une petite sieste, hinhin.

Le voisin du cafard savait qu'à la moindre complainte, il serait d'emblée suspecté de mutinerie et à nouveau sujet au fouet. Il était à présent partagé entre sa douleur dans le dos, dans les bras, et une féroce envie d'étrangler son camarade de galère qui ne faisait semblant de ramer que lorsque leur surveillant et bourreau regardait dans leur direction.

- Et dire que mes esclaves se plaignaient des corvées de galère... C'est pourtant pas si fatiguant.

Poussant le vice toujours plus loin, le cafard essaya de trouver une position confortable pour piquer un roupillon discrètement. Sur le pont, tous les matelots semblaient soudain avoir le diable aux trousses. Des bruits de pas multiples et rapprochés inquiétèrent les galériens pour qui pareille agitation ne pouvait être qu'un mauvais présage.
Curieux, et tout aussi intrigué que les esclaves qu'il gardait, le quartier-maître fit un tour à la surface pour venir aux nouvelles. S'étant endormi un instant, Joe émergea en colère d'avoir été ainsi réveillé par tant de chahut. Par réflexe, il ne manqua pas de brailler comme à son habitude.

- C'EST FINI CE BORDEL LÀ-HAUT ?! Y'EN A QUI ESSAIENT DE BOSSER BORDEL !

Aussitôt ces mots prononcés que le quartier-maître dévala les escaliers menant à la cale, fouet en main et yeux révulsés.

- Qui est le petit sal....

Il n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase que son regard se porta sur le cafard, ou plus précisément, sur l'index de celui-ci qui pointait en direction de Devis. D'un tempérament pour le moins impulsif, le révolutionnaire équipé de son fouet ne chercha pas à vérifier s'il tenait le bon coupable, il se contenta de fouetter à nouveau.
Tandis que les oreilles du forban étaient écharpés par les bruits de fouet et les hurlements de son voisin qui commençait à l'indisposer, Joe crut entendre le bruit de la foudre. Ce n'est que lorsqu'un violent impact ébranla le vaisseau tout entier que tous à bord comprirent pourquoi l'on s'était soudain agité sur le pont.

- NAVIRE PIRATE À TRIBOOOOOOORD !!!


Dernière édition par Joe Biutag le Dim 9 Oct 2016 - 9:56, édité 5 fois
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Déjà aperçu depuis un moment au loin, les individus peuplant le navire qu'avait pris pour cible le célèbre Corsaire doré ne pouvaient se réjouir d'avoir pour assaillant un homme de sa trempe. Curieux, dubitatif quant à la candeur et à la non-implication des gens à l'intérieur dans une affaire douteuse, c'est sans remord que Noriyaki allume la mèche du premier canon. Un bruyant craquement retentit au moment où le boulet tape de plein fouet la proue du plus maigre navire. De l'autre côté, ça s'agite sur le pont et un brouhaha semblait provenir de la cale. Mais Satoshi n'en à que faire de pareils insectes, et se languit particulièrement d'un tel spectacle. Lui est tranquillement appuyé contre la rambarde sur le pont à observer la panique en face. Les deux navires se rapprochant de plus en plus, l'attaquant peut s'apercevoir que plusieurs hommes s'amènent sur le pont. Le vieil écumeur adopte alors une position plus fière, le buste bien droit et les mains dans les poches.

-Monsieur Noriyaki, qu'est ce qui se passe, pourquoi un tel traitement ?! Crie un homme à l'allure triste, visiblement bien nourri et vêtu d'une veste noircie en piètre état. Derrière lui, trois hommes restaient complètement paralysés et presque tremblants ; Sans parler du reste de l'équipage s'amenant plus que timidement vers leur position.
-Aucun objet de valeur chez vous ? Demande-t-il avec dédain.
-Non, c'est un navire de voyage Monsieur ! Nos marchandises n'ont aucune valeur pour vous.

Envie de jouer ou conviction certaine, c'est sur ces deux aspects que voulait s'amuser le tas d'or ambulant. Adoptant maintenant un air on ne peut plus supérieur et remonté, Satoshi paraît maintenant bien moins conciliant.

-Vous savez...
lance-t-il songeur. -De par mon expérience pour avoir écumé ces mers, les richesses ont développées au fil du temps une délicieuse odeur pour mes nasaux. Lâche-t-il avant de doucement sourire.
-J-je, nous ne comprenons pas M-
-Eh bien, sache que ce navire en est imprégné ! Dit-il avant d'allumer la mèche d'un second canon, boule qui ne prit que très peu de temps avant de venir s'encastrer sur l'arrière du navire. Au passage, roulant presque sur le pont, son passage est fort remarquable, apeurant les révolutionnaires de plus belle.
-Nous n'avons rien...
-Soit.

Après ces mots, le forban prit comme qui dirait de l'élan, pour ensuite sortir ses mains. Les navires sont désormais à distance raisonnable, lui permettant une belle entrée en matière. Effectuant un saut presque en sur place, un puissant coup de pied fend l'air, libérant une onde balayant la majeure partie des laquais se trouvant sur l'autre navire. Certains tombent à l'eau tandis que le reste est puissamment projeté contre les parois de bois.

Strik€

-Toujours obligé de faire les choses par soit même, c'est quand même dingue.

Le Corsaire se saisit alors d'un canon, le tirant légèrement afin que le bout du crapouillot se trouve sur le navire. L'homme en costard le redresse alors, le tient fermement et commence à se changer en or, débutant par les jambes. Mèche allumée et, d'un athlétique rebond, il passe tel une ficelle dans l'orifice en se métamorphosant instantanément. L'arme bien orienté, le célèbre boucanier à la solde du gouvernement ne tenait à ce moment qu'en l'état d'un boulet de canon. Boulet de canon qui transperce le bateau adversaire pour atterrir dans la cale.  

Il ne s'est pas manqué, le Noriyaki. L'impact a projeté bon nombre de débris, mettant au sol et terrassant la plupart des individus en ces lieux. Il balaie la scène du regard, enjambant au passage une ou deux personnes inanimés pour s'arrêter net. On pouvait clairement entendre un cliquetis distinctif, comme quelqu'un en train de trifouiller des chaînes. Cet individu en train de commettre l'action, Satoshi était en train de le regarder d'un air sceptique, pour ensuite adopter un air plus grave. Cet air que l'on adopte quand on pense reconnaître quelqu'un.

-Moi qui pensait ne rien trouver sur ce rafiot... Ce flair n'a rien perdu de sa superbe.
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On ne ramait plus, on trimait. Curieux spectacle que celui d'un vaisseau tentant de s'enfuir à coups de rame, quand la moitié des esclaves avaient succombé aux tirs nourris d'un fier représentant du gouvernement mondial. Devis, bien que meurtris par faute des incivilités de son voisin, mettait encore plus de coeur à l'ouvrage. Il venait de comprendre qu'il y avait sort plus funeste que celui d'un esclave condamné aux galères, à savoir celui d'un homme libre avec de l'eau dans les poumons. Cette perspective l'amena à ramer comme si sa vie en dépendait, ce qui était le cas. L'envie de baffer Joe entre deux coups de rame lui avait traversé l'esprit, toutefois, il ne pouvait se permettre de rompre la cadence.

Toute personne contrainte de fréquenter le cafard sur le court ou le moyen terme était amenée un jour ou l'autre à vouloir le baffer. Ce n'était pas simplement parce que ce dernier était antipathique, mais car il semblait surtout mettre de la bonne volonté à se comporter comme le plus indigne de hommes. Alors que les circonstances auraient pu l'amener à reconsidérer son avis sur l'optique d'une petite sieste au lieu de travailler, il n'en fut rien. La sieste, bien évidemment, Joe avait dû y renoncer. Recevoir par intermittences des bouts de chair de ses camarades percutés par un boulet de canon l'empêchait de sommeiller paisiblement.
Soupirant de temps à autre alors que le navire dans lequel il se trouvait sombrait à vue d'oeil, il sentit quelque chose rouler à ses pieds trempés dans la cale qui commençait à prendre l'eau. Jambes écartées, avachi, les avant-bras posés sur ses cuisses, le forban captif leva un sourcil lorsqu'il vit quel artefact venait de se traîner ainsi jusqu'à lui. Plongeant la main gauche dans l'eau qui lui arrivait jusqu'aux chevilles maintenant, il en ressortit un boulet de canon qui, après avoir fait une entrée fulgurante dans le vaisseau, avait roulé sa bosse dans la cale où il avait atterrit depuis plusieurs minutes. Jamais à cours de bons mots pour se faire bien voir de ses camarades, le cafard brandit le boulet d'une main, le fixa d'un regard grave et dit :

- Être ou ne pas être en train de ramer, telle est la question !

Les boulets semblables à celui que Joe tenait en main pleuvaient sur l'épave en devenir, à bord l'équipage s'amenuisait de seconde en seconde, la seule mince perspective de survie résidait en une fuite éclair dont le seul salut passerait par les rames, et en dépit de la situation gravissime dans laquelle ils se trouvaient tous, Devis constatait que son voisin continuait de s'amuser. S'il ne pouvait le réprimander physiquement, les deux mains prises par la gigantesque rame qui lui déchiquetait les mains à force de s'y cramponner, l'esclave ne put s'empêcher de se faire entendre de vive voix.

- RAME CONNARD !!!

Si le cafard se permettait de telles envolées lyriques dans un moment aussi grave, cela était uniquement dû au fait qu'il se doutait que l'affaire était pliée. Tout ce qu'il pouvait espérer à présent, c'est que les pirates venus les assaillir leurs enlèveraient les chaînes, ou iraient les vendre sur des îles plus chatoyantes qu'initialement prévues. Tout ce qu'il suffisait de faire à présent, c'était attendre.
Devis n'ayant pas poussé le raisonnement aussi loin que son camarade le forban flegmatique, continuait de s'époumoner en insultant ce dernier. Les jurons eurent cours jusqu'à ce qu'ils viennent à bout de la modeste patience du cafard.

- Dis donc ! Sois poli si t'es pas joli !

Et d'un violent coup du boulet qu'il tenait en main, le cafard fracassa le crâne du malheureux Devis. Ceci étant fait, le meurtrier du malheureux esclave s'étira nonchalamment. Cela faisait plusieurs minutes que les esclaves étaient sans surveillances. C'était avant tout pour leur survie qu'ils s'évertuaient à ramer avec tant de hargne. L'eau commençant à lui arriver aux genoux, Joe estima qu'il était temps de se séparer de ses compagnons d'infortune. Seules les chaînes à ses chevilles l'empêchaient de vagabonder comme bon lui semblait.
Ce n'était pas les premières chaînes qui l'entravaient, et ce ne serait pas les dernières dont il s'échapperait. Sans outils, il dut faire avec les moyens du bord.

Se saisissant de la main de son camarade défunt, il plaça celle-ci sur le banc qu'il n'avait pas quitté depuis son départ. Avec la barbarie et l'absence totale d'empathie pour son prochain qui le caractérisait, le cafard martela la main de Devis de dizaines de coups du boulet qu'il tenait dans la main. Son ouvrage terminé, il racla la chair en lambeaux du bout de ses ongles pour en dégager les os.
Joe s'essuya le front un instant alors que les coups de canon se faisaient de plus en plus rare. Cette courte pause terminée, le cafard détacha les phalanges de la main qu'il s'acharnait à malmener depuis plusieurs minutes.

- Bon, bon, bon, espérons maintenant que Monsieur Devis n'avait pas les os poreux.

Et après un léger rictus, il trempa les fines phalanges dans l'eau jusqu'à la serrure des chaînes qui étreignaient ses chevilles trempées. En absence de matériel de crochetage adéquat, il fallait savoir improviser. Exercice habile que celui du crochetage de serrure. Appuyer sur le loquet du bout d'une phalanges pour triturer le reste de l'autre n'était pas une entreprise aisée.

*clic*


Joe manqua d'avoir un orgasme en ressentant les fers se dénouer de sa jambe droite. Aussitôt, il s'attela à l'autre jambe afin de se crapahuter au plus vite. Un nouveau boulet, plus violent celui-ci, vint percuter la cale. Distrait un instant le cafard n'en croyait pas ses yeux.

- Un... Un bou...Un boubou....

Les mots lui manquaient. ce n'était pas tous les jours qu'il voyait un boulet en or. De tête, considérant la taille du projectile, il était déjà en train d'estimer un prix de vente d'une telle merveille. Seulement, il fut stupéfait en observant ledit boulet prendre forme humaine. Une forme qu'il ne connaissait que trop bien pour s'être pas mal renseigné sur les sept corsaires à la solde du gouvernement mondial.
Satoshi avait fait une entrée fracassante au milieu des esclaves qu'il scrutait. Ne rechignant pas à l'idée de mettre la main sur quelques esclaves afin de s'enrichir, son visage s'adoucit lorsque ses yeux se portèrent enfin sur Joe. Un instant, il murmura à voix basse, comme saluant une révélation inespérée. Ladite révélation venait enfin de venir à bout de la seconde serrure qui l'entravait.

- Cent-seize millions de berrys sur pattes. J'ai connu des journées moins prometteuses.

Encore si sûr de lui il y a quelques instants, Joe grognait presque devant cet énième rebondissement dans la liste de ses calvaires. La violence avec laquelle le bateau avait été attaqué lui avait fait penser, à juste titre, à un assaut de pirates. Néanmoins, jamais il ne s'était douté un seul instant que ledit pirate puisse être à la solde du gouvernement. Celui-ci ne cachait d'ailleurs pas la joie qui l'animait à l'idée de toucher la prime sur la tête du cafard.

- Moi pas comprendre votre langue !

Se levant délicatement, sournois comme à son habitude, le forban cherchait par tous moyens, même les plus minables, de tenter de se faire passer pour quelqu'un d'autre. Seulement, même malgré l'absence de sa casquette fétiche au sommet du crâne, la balafre s'étalant de sa joue droite sur le nez, ainsi que ses yeux peu francs trahissaient son identité.

- Le temps c'est de l'argent, et par conséquent petit, je n'ai pas le temps de jouer. Tu es Joe Biutag, dit le bâtard...

- Le cafard. Coupa Joe en levant l'index comme pour corriger aimablement son interlocuteur.

- Tiens, tu me comprends maintenant ?

Faute grave de la part du cafard qui, de toute manière, n'avait certainement pas trompé la vigilance de son chasseur avec un alibi aussi pitoyable. Sombrant toujours plus bas dans la veulerie, il n'hésita pas cette fois, faute d'armes, à recourir au pathos pour tenter de sauver sa peau.

- Pitiéééééé ! Vous pouvez pas me faire çaaa !

Habitué à soudoyer et apitoyer son monde pour sa survie, il sécrétait des larmes sur commandes. Poussant le théâtral toujours plus loin, il aurait même été jusqu'à se mettre à genoux si l'eau engouffrée dans la cale ne lui arrivait pas déjà quasiment à la taille.

- Laissez-moi juste le temps d'enterrer mon petit frère sur lequel j'ai toujours veillé ! Le pauvre est mort au cours l'abordage.

Satoshi examina un instant ledit petit frère que Joe pointait du doigt. Il s'agissait de Devis. Le culot du forban de bas étage n'ayant aucune limite, il essayait maintenant de faire passer pour son frère un homme qu'il avait assassiné quelques minutes auparavant. Le corsaire ne tarda pas à observer les mutilations sordides opérées sur le cadavre.

- Pourquoi est-ce que tu as les phalanges de "ton frère" dans la main ?

Surpris par cette question, Joe examina les crochets artisanaux qu'il n'avait pas lâché depuis tout à l'heure. Un silence s'imposa, troublé par le bruit de l'eau qui s'engouffrait parmi les brèches de la coque. Enfin, le cafard quitta son regard de la paume de sa main où se trouvaient les phalanges, et s'adressant à Satoshi un sourire crispé aux lèvres annonça :

- C'est.... pour....euh... pouuuuuuuuur....pour garder un souvenir de lui ?

Même lui n'était pas convaincu par cet énième mensonge professé pour se tirer de la fâcheuse situation dans laquelle il se trouvait. Ses facéties commençaient à agacer le corsaire doré qui, brassant l'eau qui lui arrivait à mi-cuisse pour avancer, se rendit compte trop tard que sa proie en tentant de mentir éhontément depuis leur rencontre, s'était, petit à petit, fallacieusement reculé en toute discrétion, jusqu'à être à portée des marches d'escalier pour atteindre le pont.
Profitant que Satoshi soit ralenti par l'eau, le cafard vit volte-face à toute vitesse. En chemin, il se saisit de sa ceinture de Ventio Dials accrochée négligemment à un porte manteau jouxtant la cabine d'un membre d'équipage.

Sur le pont, on achevait les derniers survivants parmi les révolutionnaires. Seuls les primés étaient maintenus en vie et traînés jusqu'au vaisseau de Satoshi.

- Tché... La situation se présente plus mal que je ne le croyais.


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Exaspéré par l'individu lui ayant faussé compagnie il y a peu, Satoshi se dépêche de quitter la cale sans peine, quoiqu'un peu lentement histoire de retrouver le primé qui pourrait lui rapporter gros. Au passage, un esclave à moitié mort s'accroche à sa jambe durant sa traversée de l'endroit presque immergé, désespéré et demandant de l'aide. La seule aide que peut lui donner le Corsaire n'est qu'un  magistral coup de pied droit dans le menton, excédé que son pantalon de costume ait pris l'eau de la sorte. En train de remonter sur le pont le poing serré, le traqueur ne parvient pas de suite à repérer sa cible. Les membres chargés de l'entretien et du fonctionnement du navire, eux suffisamment entraînés au combat terminaient avec joie les révolutionnaires déjà affaiblis par leur chef. Quelques uns de ses hommes passaient déjà sur ses pas pour se rendre rapidement dans la cale afin de récupérer tout ce qui était encore en état. D'autres, quand à eux, décaissaient le navire bientôt réduit au stade d'épave.

-Personne n'a vu ce cafard de Biutag ? Demande Satoshi, bien remonté et la moitié du pantalon dégoulinant.
-Ici ! Crie quelqu'un, juste au dessus de lui.

Dans un élan d'ingéniosité et d'espoir infini, le cafard croit bon d'abattre les attaches d'une partie de la voile, l'imposante cape de tissu s’effondrant sur Noriyaki et quelques uns des forbans à sa solde. Aveuglé pendant un très court instant, ce laps a suffit au boucanier à la casquette de descendre en amortissant la chute grâce à sa ceinture, pour charger son poursuivant, le bousculant en direction de la rambarde. Démarche presque inutile ayant fait légèrement trébucher le capitaine soigneusement vêtu pour ensuite lui abattre un gourdin en plein sur la cime du crâne. Arme brisée grâce au Haki et voile déchirée comme du papier à cigarette, le prédateur et sa proie se font désormais face. S’avançant doucement pour commencer à tourner autour de Joe, Satoshi est maintenant hors de lui, prêt à en découdre avant d'être englouti par les flots.

-La situation se corse, hein ?
Qu'il demande au cafard. -Vous autres, continuez c'que vous avez à faire, et en vitesse. Conclu-t-il, ordre destiné à ses hommes.

Dans le désespoir, l'ennemi de Greed s'élance droit vers lui pour... l'enjamber d'une propulsion de Ventilo Dial. En effet, tenter de passer par dessus son assaillant dans l'idée d'atteindre son navire, c'est pas mal. Mais voir une nouvelle fois sa tactique prendre l'eau -tel un pantalon- cette fois ci d'un  coup de pied sauté et retourné. Estomaqué par une telle attaque, le cafard s'écrase directement au sol. Il se relève presque, gardant une main sur le ventre.

-Ça c'est pour mon pantalon. Lui annonce calmement l'ancien pirate, tout en s’avançant pour attraper sa ceinture, au sol. C'est en avançant à hauteur de Joe qu'il se dit qu'il vaudrait mieux réfléchir avant de sous-estimer son adversaire.
-Tu l'avais vu celle-là ?! Lui crie Biutag avant de présenter un Flash Dial actionné...sous ses yeux.


Dernière édition par Satoshi Noriyaki le Sam 8 Oct 2016 - 18:08, édité 1 fois
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- Tu l'avais vue celle-là ?! BAUDROIE !

Paume brandie sous le nez du redoutable corsaire, Joe avait réussi à trouver son Flash Dial dans la ceinture qu'il avait reprise durant sa cavalcade. Effectivement, Satoshi ne l'avait pas remarqué. Ce manque de vigilance tenait davantage au fait qu'il ne considérait pas sa proie comme une menace qu'autre chose. Il n'avait pas vu le Flash Dial, mais il ne vit pas non plus la vive lumière qui en émana. Que ce fut un dial, une arme à feu, ou n'importe quel ustensile avec lequel le cafard aurait pu le menacer, le suppôt du gouvernement mondial savait ce qu'il avait à faire.

- Gold Wall.

Ces deux mots anodins, il les avait prononcé le plus tranquillement du monde, comme pour pester brièvement face à un contretemps misérable. Quoique Joe ait tenté à son encontre, le mur d'or que Satoshi venait d'ériger n'avait rien laissé passer. Ne ressentant pas le moindre impact venant heurter son mur scintillant, l'homme aux cents carats fit disparaître la cloison dorée. S'il n'avait aucune forme de considération pour ce misérable adversaire qui tentait, tant bien que mal, de résister à sa capture, il tardait pourtant à Satoshi d'observer la mine déconfite du cafard dont l'attaque avait été réduite à néant.
Le mur s'estompait, et derrière, pas même une antenne de cafard n'était perceptible. Certes, le corsaire n'avait pas été aveuglé par le Flash Dial, mais sa protection dorée avait constitué un angle mort considérable, permettant à Joe de se soustraire à la vue de son chasseur.

- Foutue vermine... EH ! VOUS ! Vous n'avez pas vu où s'est faufilé Biutag ?

Les deux hommes qu'il venait d'apostropher furent surpris dans leur travail alors qu'ils déchargeaient les marchandises du vaisseau qu'ils venaient d'aborder.

- Mais... Mais enfin capitaine, vous... vous nous aviez dit de ne pas nous en mêler.

De tous ses vices, Satoshi arborait particulièrement la cupidité, cependant, c'était par orgueil qu'il venait de pécher en s'estimant capable de capturer Joe sans aucune aide.

- On peut vous aider à le retr....

- La ferme ! La parole est d'argent et le silence est d'or. Continuez de charger les marchandises.

Sa proie, son châtiment. Cette perte de temps occasionnée par le cafard, Satoshi comptait lui faire payer au centuple, et avec les intérêts. Sans bouger de là où il se tenait, le corsaire observa autour de lui. Le chemin menant à la cale étant surveillé par ses hommes, il ne faisait aucun doute que Joe devait être tapis quelque part, proche.
La chasse aux cafards avait cela d'éreintant que ces infâmes bestioles trouvaient toujours une ouverture pour se terrer en attendant de pouvoir nuire à nouveau. Toutefois, Satoshi restait serein. Comme Joe, il savait que le navire abordé viendrait à couler bien assez tôt. S'il voulait s'en sortir en vie, Joe devrait passer à l'offensive tôt ou tard.

- Attendre... Putain ! Il ne sait donc pas que le temps c'est de l'arg...

S'impatientant, le corsaire cupide ruminait. Il venait soudain de s'interrompre en sentant quelque chose se serrer autour de ses deux jambes. Sans s'en inquiéter outre mesure, il se contenta d'observer, stoïque, ce qui venait de se nouer au niveau de ses mollets. Bras croisés, bien qu'il avait conscience de subir une attaque, Satoshi ne bougea pas un muscle. Il voulait sa victoire écrasante, laisser Joe épuiser toutes ses cartouches pour enfin, après s'être nourri du désespoir dans son regard, le capturer comme il se devait.
Ce qui venait de s'enrouler autour de ses chevilles ressemblait à s'y méprendre à des bolas. Il s'agissait effectivement d'une lanière avec un poids à chacune des deux extrémités. Ce genre d'arme était communément projetée au niveau des jambes, la lanière, entraînée par les poids, s'enroulait alors autour des membres inférieurs pour faire chuter la cible en pleine course.

- Biutag, ne sais-tu donc pas que ce genre d'arme est inutile sur une proie immobile ?

Bien qu'il avait senti le "Bolas" artisanal s'enrouler autour de lui, Satoshi n'avait pas eu le temps de percevoir d'où pareil instrument avait été jeté. Alors, bondissant de dessous une pile de cordages sous lesquels il était resté immobile, Joe fit à nouveau surface. Il fallait être diablement courageux ou franchement insouciant pour se jeter sur un capitaine corsaire comme il le faisait. Un tel élan de bravoure ne lui ressemblait d'ailleurs pas et laissait présager des desseins bien moins honorables.

- Fais gaffe à tes gencives boucles d'or, ça va gicler ! Poing Lumière !

Poing droit en retrait alors qu'il se jetait sur le corsaire, il semblait effectivement que le cafard s'apprêtait à délivrer un crochet dans la mâchoire de Satoshi. Manoeuvre désespérée ? Joe n'avait jamais recours à la force physique. Non pas qu'il abhorrait la violence, loin s'en faut, mais simplement du fait d'une puissance absolument négligeable. Tous ceux ayant connu le cafard et encore en vie pouvaient en témoigner, lorsqu'il était question pour Joe d'utiliser ses poings, cela relevait exclusivement du bluff.

Le suppôt du gouvernement mondial ignorait jusqu'à la réputation du boucanier qui se jetait sur lui. C'était son tort, car le cafard gagnait à être connu, lui, et ses astuces vicieuses. Que ce fut une piqure de moustique ou un boulet de canon, rien n'aurait ébranlé Satoshi dont la solidité du métal suintant par ses pores le prévenait de bien des désagréments. Par provocation, il dévoila le menton à son adversaire afin de le laisser frapper.

- Viens donc te briser les phalanges si ça te chante cafard, ta prime ne diminuera pas pour autant.

La supériorité du corsaire était flagrante, et pourtant, en un instant, comme souvent lorsque l'on croyait avoir vaincu le cafard, l'arrogance et la peur sembla passer d'un camp à un autre. Il avait suffit d'un léger sourire en coin de Joe pour mettre la puce à l'oreille de son chasseur : il y avait anguille sous roche.
Alors qu'il avait trompé la vigilance de Satoshi en l'amenant à croire qu'il frapperait au visage, le pirate esclavagiste plongea aux pieds du terrible corsaire. Ce n'était pas là une tentative pathétique pour amadouer le fier flibustier, mais la dernière étape de son plan. Si Satoshi avait été pris au dépourvu, il ne comprit pas exactement ce qu'il se passait. Maintenant que Joe était à sa portée, un bête coup de pied suffisait à mettre fin au conflit. Mais alors qu'il baissa la tête pour observer le cafard affalé à ses pieds, le corsaire comprit, trop tard, la manigance qui s'était tramée.

Le bolas s'étant tantôt noué autour de ses jambes était en réalité la ceinture fétiche de Joe, que ce dernier avait repris sur le porte manteau devant lequel il était passé en s'enfuyant de la cale. Les deux poids qui avaient lesté la lanière autour des chevilles de Satoshi n'étaient ni plus ni moins que les Ventio Dials dont le cafard se servait habituellement pour se propulser quelques centimètres au dessus du sol. Cette fois pourtant, ce n'était pas lui qui s'en servirait pour voler vers d'autres horizons.

- Bon vent hinhin !

Sourire toutes dents dévoilées, regard sournois, Joe activa les deux Ventio Dials collés aux jambes de Satoshi dont le souffle suffit à entraîner le corsaire autour duquel ils étaient emmêlés. Entraîné par le vent puissant des Ventio Dials reliés à la ceinture nouée autour de ses jambes, Satoshi saisit rapidement vers où le cafard comptait l'envoyer par ce moyen de transport innovant.

- Petit fumier ! Tu veux me faire passer par dessus bord ! Aaaah !

Le corsaire, incapable de nager dû au fruit du démon lui ayant été jusque là utile, s'apprêtait à connaître un plongeon dont il ne reviendrait pas alors que les Ventio Dials le traînaient à bâbord toute, s'apprêtant sous peu, à le faire passer par dessus bord.
Technique utilisée:
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-Merde ! Est le seul mot qui réussit à sortir de la bouche du Corsaire, dans un sens impuissant face aux tours de passe-passe imprévisibles du primé. Il s'en voulait, Satoshi, d'avoir baissé sa garde pour se faire prendre à revers d'une telle manière. Mais la question n'est pas là, sortir de ce coup fourré est maintenant une priorité on ne peut plus absolue. Personne n'ira le chercher si il sombre dans les fonds marins. Les hommes qui l'accompagnent ? Foutaises, ils ne sont là que pour manœuvrer le navire et effectuer quelques besognes. Oh non, il ne compte sur personne pour se sortir d'une telle panade, parce que l'issue de ce combat est tirée d'avance.

Traîné au sol en direction de l'eau, aucune prise n'est fiable sur le court sillage de Satoshi. Sous le coup de la pression, désireux de ne pas finir dans l'eau et voyant son stock de solutions à sec -ou presque- l'homme au costume de plus en plus poisseux prit une toute autre apparence. Doré et largement alourdi, c'est en plongeant frénétiquement ses mains, puis ses bras dans le pont qu'il put ralentir et ôter le vil stratagème du cafard pour rapidement reprendre son souffle. La ceinture manquant de tomber à l'eau, elle fut rattrapée dans la paluche d'or du corsaire. Une fois remis et debout, il reprit son apparence de base. Joe, médusé et les yeux écarquillés, recule doucement face à la sortie de Noriyaki de son piège.

-Je n'allais tout de même pas les laisser tomber à l'eau. Dit-il simplement en la laissant tomber à ses pieds. -Tu aurais été capable de plonger les récupérer... Qu'il continue à prononcer en écrasant les dials pour les réduire en miettes. -TELLEMENT TU ES MESQUIN ! Pris d'une fougueuse hargne à l'égard de Biutag, il ne faut qu'un bond au Corsaire pour arriver à sa hauteur et lui asséner une balayette visant à le mettre au sol. -C'était... pas mal.

L'atout du gouvernement profite alors de ce court laps de temps pour asséner un puissant coup de poing partant du haut vers le bas sous la colère en plein dans le visage du boucanier. La puissance délivrée l'envoie directement s'écraser contre un tas de caisse dans la cale. L'eau l'a presque avalé, d'ailleurs, et c'est en observant sa victime visiblement inerte que le prédateur laisse s'échapper un sourire en coin, sourire de satisfaction. Mains dans les poches et entouré de ses hommes ayant assisté au « combat » et curieux d'en savoir plus quant à l'état de Joe, tout le monde le regarde, lui en contrebas.

-Un d'ces coups, chef, bien envoyé !
-Hm. Vous avez tout récupéré de votre côté ?
-Ouais, tout c'qu'on pouvait.
-Bien, partons. Lance le chef de l'équipage en tournant les talons après ces mots.
-Mais... et lui, chef ?! V'voulez pas d'sa prime ?
-Haha... non. Cette racaille n'a que ce qu'elle mérite en rendant l'âme ici. Faites comme bon vous semble.
-Hinhinhin, fallait pas l'dire deux fois. Les gars, on lui laisse un p'tit cadeau ?!

Quelques crachats, voir soulagements de la vessie à travers le trou béant sur le pont. Soit, ils s'amusaient comme ils voulaient, chose à laquelle Satoshi n'accorde aucune importance. Sur son navire et tout de même pressé de retrouver la terre ferme, c'est avec rigidité qu'il rappelle son équipe sur le pont.

Mains dans les poches à scruter l'horizon.

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[Épilogue]

Réduit en esclavage et réduit en charpie, le tout, dans la même journée ; il y avait des matins où il valait mieux ne pas se lever. Comme un marteau enfonçant un clou dans la cale, Satoshi avait oeuvré. D'un simple coup d'une de ses pognes en métal précieux, il avait pulvérisé le cafard, l'envoyant directement en fond de cale.
Ayant constaté l'état désastreux de la marchandise dans laquelle Joe avait atterrit, le corsaire scintillant savait qu'il se tirerait rien de la vente de ces débris. Quant à la prime collée à la tête de Joe, il y avait renoncé. Se connaissant, et connaissant surtout sa force, il se doutait pertinemment que la face du cafard serait impossible à identifier après un coup pareil. Dans un excès de rage, cent-seize millions de berrys lui étaient passés sous le nez. Cela ne ressemblait pas à Satoshi de jeter une pareille opportunité de s'enrichir aux ordures. Mais un simple contact avec le cafard suffisait à changer son homme, l'irritabilité naturelle du minable boucanier suffisait à faire jaillir des torrents de haine de la part de ses contemporains. La colère avait pris le pas sur l'avidité, le corsaire lui même n'en revenait pas.
Son embarcation s'était éloignée de l'épave en devenir qui avait déjà presque entièrement sombré, il s'adressa alors à son second occupé à estimer la valeur de leur butin du jour.

- C'est bien la première fois qu'on me fout en rogne au point de cracher sur du pognon. De mémoire, jamais j'ai tué par charité jusque là.

Jamais, ni dans un passé lointain, ni dans un passé proche, car le cafard était en vie. Son visage n'avait pas subit le moindre dégât, mais son crâne résonnerait les dix prochains jours à venir. Si tant est qu'il pouvait survivre encore plusieurs jours. Ce n'était qu'une question de minutes avant que le navire sur lequel on l'avait embarqué de force ne côtoie les fonds marins.

- C...costard d'or à... à pute...

Gémissait le cafard qui n'avait pas encore vraiment retrouvé tous ses esprits. Seuls quelques insultes décousues lui échappaient avec quelques minces filets de salive. Essayant d'estimer au mieux les dégâts qu'il avait subit, son crâne, aussi bien que ses mâchoires qui s'étaient entrechoquées suite au choc violent le faisaient souffrir atrocement. Ses vertèbres lombaires ? Elles avaient encaissé la chute, le simple fait d'essayer de se redresser lui donnait l'impression d'être parcouru par mille aiguilles drôlement acérées tout le long de la colonne vertébrale. Après avoir pris en compte l'état dans lequel il se trouvait, Joe soupira.

- J'ai connu pire...

À force de ramper là où il n'aurait pas dû, le cafard avait su endurcir sa carapace, des coups, il en prenait tant et tant que se plaindre de la douleur ne lui venait même plus à l'esprit. Cela ne l'empêchait pas de morfler comme tout à chacun. Dans ces conditions, faire le mort quelques jours, le temps de se refaire une santé, semblait une option toute indiquée. Cela tombait bien, perdu, seul, au milieu de Grand Line, il n'avait de toute manière pas mieux à faire. L'eau s'étant engouffrée dans toute la cale, la caisse dans laquelle s'était retrouvé le cafard avait flottée jusqu'à la surface, constituant alors son embarcation de fortune. À l'intérieur, de nombreux Audio dials brisés parmi lesquels il en trouva encore quelques uns en état de fonctionnement.

- Je vais me refaire hinhin....

Dix audio dials, il ne lui en fallait pas plus pour songer à nuire comme à son habitude. Il ne savait pas encore comment s'y prendre, mais il y parviendrait quoi qu'il arrive. Perdu aux milieux des flots les plus impitoyables du monde, le cafard survivait et le cafard nuisait, c'était dans sa nature. Une nature décidément vicieuse dont l'humanité se serait volontairement dispensée.

- C'est encore loin Clockwork ?...
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