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Quand le masque tombe

La vie est paisible dans les Fjords des Oubliés sur la côte méridionale de Boréa. Il n'y a personne à des kilomètres à la ronde, juste mes acolytes et moi. Cette datcha restaurée est un havre de paix et de silence que j'affectionne tout particulièrement. Dans le salon à l'étage, je profite d'un passionnant thriller de mon auteur préféré. A côté de la cheminée, Émeline est affalée sur le tapis en peau d'ours et feuillette également des dossiers, ses lunettes de lecture sur le nez. De temps à autre, elle gribouille quelque chose, jure puis gomme. Lentement, les dés de glace fondent dans nos verres de bourbon à moitié entamés. Aella revient de la source thermale sise derrière la datcha, avec pour simple parure une longue serviette. Une autre serviette enturbanne sa tête.

- L'eau était bonne ? fis-je sans lever les yeux de mon livre.
- Excellente. Pendant que j'y étais, j'ai reçu un appel de Don Venin.
- Qui ?
- Oh il est primé à un petit dix millions de Berry. C'est un contrebandier.
- Dans le domaine des poisons et venins ?
- Non. J'ignore pourquoi on le surnomme ainsi. M'enfin bref, il voudrait de la Dance Powder, en grande quantité. Cinquante kilos exactement.
- C'est une bien grosse quantité. Nous ne produisons pas encore, la Poudrière a besoin de restauration.
- Non, il veut ça pour dans une semaine maximum.
- Impossible.
- Je sais bien mais il espérait qu'on ait des stocks.
- Nous n'avons pas de stock, la Marine a saisi tout ce que tu avais entreposé quand tu travaillais encore pour Lavoisier.
- Elle a saisi ce qu'il y avait dans le port. Ashura avait d'autres caches qui ne sont connues que de moi.
- Aella ! Je croyais que nous avions trouvé un accord ?! dis-je passablement irrité. Loyauté, vérité. Pas d'omission non plus. C'est la base de notre partenariat. Tu es mon numéro deux !
- Hum, hum, toussota Émeline sans nous regarder.  
- Numéro de Shadow Law, précisai-je ; Émeline me seconde dans toutes mes affaires et Aella uniquement dans celles liées à la production et à la contrebande de Dance.
- Oui, oui, j'ai péché, je suis une très vilaine fille, répond-elle avec une moue agacée de la main en s'asseyant face à moi. Écoute, pendant un an, toi et moi étions ennemis. Quand tu m'as proposé de te rejoindre pour de nouveaux défis, je n'ai pas pu m'empêcher de douter de la pérennité du projet. Ashura a régné sans partage sur la contrebande de Dance pendant vingt-ans. En prévoyance des mauvais jours, j'ai omis de te dire que j'avais un stock caché quelque part. Tu ne peux pas m'en vouloir non ? Je te rappelle qu'à cause de toi, j'ai été obligée de céder 450 millions de Berry à la Marine ?
- C'était pour effacer tes traces. Tu étais la grande argentière d'Ashura, il était inconcevable de te mettre hors d'état de nuire sans saisir tes comptes ou ton argent sale. Et puis, ça m'en a fait de la réputation en tant que donateur prestigieux de la Marine.
- Justement ! Tu as gagné de la popularité, moi rien du tout ! Juste le fait de travailler avec toi et d'éviter la prison. Je ne suis pas sûre que la liberté vaille ce prix-là, j'aurais trouvé moyen de m'évader pour moins cher que ça. Mais malgré ma réticence, une part de moi a cru en toi, est curieuse de voir dans quelles aventures tu vas m'embarquer. Mais une autre part, la cartésienne a fait des provisions pour l'hiver. Bien sûr, je ne te cacherai rien de tes affaires dès que les usines commenceront à tourner mais pour ce qui est de ma vie, de mes quinze ans passée avec Ashura, tu vas devoir te faire à l'idée que tu n'en sauras pas tout. C'est un immense livre dont tu découvriras les pages événement par événement.
- Bon, ça va, j'ai compris, marmonnai-je après une minute à fixer les prunelles bleu océan d'Aella. Du coup, tu as les 50 kilos dont il parle ? Quelle quantité de Dance as-tu en stock ?
- Dans la cache que je vais t'indiquer, il y a un peu plus de 60 kilos répartis en vingt emballages de trois kilos chacun. Mais il faudra les récupérer et ce n'est pas si simple.
- Pourquoi ?
- Et ben, je l'ai comme dirait entreposé dans le domicile d'une amie.
- Une amie ?
- Ouais bon, une ex.
- Hein ? T'es lesbienne ? demande Émeline très intéressée tout à coup.
- Sérieusement ? C'est la seule question qui te vienne à l'esprit ? fis-je.
- Non, disons que j'aime goûter à beaucoup de chose, répondit Aella d'une voix mielleuse en venant s’asseoir sur mes genoux. Tes yeux ont brillé d'espoir ma chère, si je suis une pure lesbienne, tu n'auras pas à craindre que je te chipe ton Loth d'amour c'est ça ?
- Pfff, arrête de délirer, j'étais juste intéressée d'apprendre un détail croustillant sur toi.
- C'est bon là ? Pouvons-nous en revenir au sujet ? Qui est ton amie et tu ne dois pas lui vouloir du ben pour stocker un produit hautement illégal chez elle.
- Disons plutôt que parce qu'elle est au-dessus de tout soupçon, sa maison fait une cachette très sûre.
- Je sens que je ne vais pas aimer la suite.
- Elle se nomme Djess Typhoon et officie en tant que Gouverneur de Vulcastan.
- Tu déconnes ?

C'est ce qui s'appelle tirer le diable par sa queue.
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Aussi grande que Boréa, le Gouvernorat de Vulcastan est une des iles les plus sûres de North Blue et le plus grand bastion du Gouvernement Mondial en ces eaux. Dotée reliefs accidentés principalement en son cœur, l'ile souffre de plusieurs volcans parmi les plus actifs des quatre océans. Les principales villes dont la capitale Vilius sont nichées sur le pourtour côtier. Les Vulcastis sont réputés parmi les meilleurs forgerons au monde et c'est ce qui rend l'ile aussi attrayante pour le GM et la Marine. Ses forges. Les chantiers navals de Vilius sont spécialisés dans les ancres et dans la construction de pontons. Le Gouvernorat possède d'ailleurs plusieurs prisons et bagnes célèbres. En attendant d'être réaffectés sur les navires-prisons, les prisonniers sont utilisés dans les mines de fer et de charbon au cœur des chaines volcaniques saturées de souffre.

- Le fer, les chantiers navals, les bagnes, c'est tout un business et celle qui gère tout ça d'une main de fer depuis dix ans, c'est Djess, dit Aella. Je l'ai rencontrée durant un cours magistral de mathématiques financières que je dispensais à un troupeau d'agents du Gouvernement.
- Et donc là, tu t'es dite qu'il valait mieux cacher de l'argent sous forme de Dance Powder chez un fervent défenseur des lois ?
- C'est ça, tu as tout compris ! Notre relation n'a duré que le temps de mes formations, un mois à peu près. Mais j'ai eu toute la largesse d'y entreposer mes chéris vu que je dormais chez elle. C'est un forçat du travail qui voyage beaucoup à l'intérieur des terres s'assurer que le business tourne. J'ai dissimulé la cargaison sous les racines du hêtre géant qui se situe sous sa maison.
- Pardon ? Tu veux dire "se situe dans son jardin ?"
- Non, sous sa maison. Plus précisément, Elle vit dans le hêtre dont je parle. Un palace construit dans le tronc d'un hêtre gigantesque.
- Décidément, y en a qui savent pas vivre décemment, marmonna Émeline.
- Après, oui, le hêtre se situe dans un vaste domaine boisé mais bon. Bref, les sachets de Dance son sous les racines de l'arbre à un mètre de profondeur à peu près.
- La sécurité des lieux ?
- Drastique comme tu peux l'imaginer. Il y a une petite garnison de Marine pour veiller sur elle et sur le domaine qui entoure sa propriété. Trois cent soldats quand j'y étais encore. Donc il vous frauda ruser pour...
- Hô !  Hô !  Hô ! Attends une minute chérie, l'interrompit Eme'. D'où "vous" ? Pourquoi tu t'exclus du business ? Pourquoi diable devrons-nous nous en mêler ? C'est ta cargaison, ta commande. Pointe-toi chez ton ex et récupère tes trucs.
- Ben non, je ne peux plus y aller, ce n'était qu'une aventure, nous avions convenu de ne plus nous voir après. Et puis, elle était mariée.
- Oh sans déconner !
- Son mari était en voyage pendant un mois, elle m'a hébergé comme une cousine pour que les Marines ne doutent de rien. Ça ne marchera pas avec son mari. Bref, je suis persona non grata, je n'y remettrai plus jamais les pieds.  
- Mon doigt à couper que tu attendais juste le moment idéal pour nous parler de ça et nous envoyer faire le sale boulot à ta place, renchérit Eme.
- Pas faux, mais nous avons tous vu pire. Et puis, c'est gracieusement rémunéré et à chacun son domaine. Moi ce sont les chiffres, vous... vous cassez des trucs. Comme tu l'as dit, c'est ma marchandise, donc moi qui embauche. Soixante kilos, ça se marchande cent millions de Berry. Vous toucherez cinquante pour cent si vous déterrez les sachets et les livrez à Don Venin ensuite. Alors ?

Et à Émeline de me regarder d'un air exaspéré. Nous avons besoin d'argent, bien sûr que nous accepterons.

[...]
Un jour plus tard...
 
Nous avons troqué le climat glacial de Boréa contre la fournaise de Vulcastan. Dans la capitale Vilius, nous séjournons dans un hôtel sur l'eau dans une rade dévolue aux clients de haut standing. Récemment, j'ai augmenté mon train de vie pour mieux me fondre dans le paysage. Quand il y a vol dans les parages, les riches ne sont jamais soupçonnés en premier lieu. Et en plus d'être riche, moi je suis célèbre. Héros de Boréa, héros de Bliss, sauveur de la veuve et de l'orphelin, Loth Reich le Limier, pourfendeur de criminels. Ce n'est pas une illusion, ni de la poudre aux yeux. Juste une autre facette de ma personnalité que je m'efforce de rendre très fréquentable pour mieux prospérer dans le monde du crime.

Pour m'infiltrer dans la propriété du plus puissant Gouverneur de North Blue, j'ai mis en place mon équipe tactique habituelle. Émeline qui me seconde partout, Nox le chef de mon armée privée j'ai nommé "les Fumiers" et bien sûr Dena', le meilleur indic des Blues. Aujourd'hui, en lieu et place de la tueuse à gage Avada Kédavra qui nous couvre d'ordinaire, j'ai intégré l'anarchiste Jonathan Nivel dans l'équipe. Plus que jamais, j'ai besoin du Nivellement. Nox et Nivel étant primés, ils se déplacent déguisés. Notre première réunion se tient le soir du premier jour de notre séjour sur l'ile aux milles volcans. Je donne la parole à l'indic en premier lieu. « Bon, pou' dire qu'c'est fait, c'est en route. J'me suis connecté à l'underground et j'ai commencé à répandre les rumeurs. Dans not'monde ça court très vite ces trucs-là, sûr que d'ici trois jours, ça va bien s'répandre. Déjà, y a parier que c'est tombé dans les tympans d'un indic d'Mouette. En tout cas, j'ai fait cinq des plus dang'reux quartiers d'malootrus d'cette ville. »

- Merci Dena'. La rumeur est une entité vivante qui s'entretient au fil du bouche à oreille. Dans trois jours, elle ne ressemblera plus tellement à l'énoncée initiale mais tant que la racine reste la même, ça nous avantagera. Et toi, Nox ?
- Moi aussi j'ai trainé dans les bas-fonds. J'ai acheté pour trois millions d'Berry d'fusils et mitrailleurs à un vendeur d'la mafia. Oko, qu'il s'prénomme.
- Et nous sommes sûrs qu'il travaille pour la Marine ?
- Certain, foi d'Déna, dit l'indic. Pas la première fois que j'fais affaire ici, j'sais qui est qui. Oko, l'est mouillé avec les Mouettes.
- Si tu le dis alors je te crois. Vivement que notre ami aille parler aux Bleus et qu'ils confirment d'eux-même la rumeur.
- Nivel, Eme ?
- La reconnaissance s'est bien passée, bien que très usante. Regardez.

Du bout de l'index, elle touche notre table de réunion. Du vide nait une projection bleutée en trois dimensions qui tourne lentement autour de son axe. C'est une carte, une fidèle représentation de Violon, l'une des plus célèbres prisons de Vilius. Immense, haute de quatre étages, elle abrite deux mille cinq cent prisonniers, pirates pour la plus part. Sur le plan que nous proposes Émeline, nous pouvons voir l'édifice sous toutes les coutures, des cellules aux canalisations, nous pouvons zoomer sur certaines parties en particulier. Vraiment extraordinaire le pouvoir du Fruit de la Cartographie. Il a dû lui falloir plus de deux heures pour cartographier tout ça, avec interruption pour "charger" les données. Et encore, la plus grande difficulté étant de se rapprocher assez de la bâtisse et y rester assez longtemps pour y faire le travail.

Émeline s'est fait passer pour une avocate du collectif "Y en a marre" qui défend les abus de la Marine. Pendant quatre heures, elle s'est entretenue avec différents prisonniers qui clament avoir été séquestrés par les pirates sur les bateaux où la Marine les a capturés sans distinction avec les forbans. Cette partie du plan aurait été caduque sans Aella qui possède plusieurs amis dans ce collectif. Celle dont Émeline a pris la place est aux mains de mes Fumiers. Dans trois jours, elle se réveillera avec un gros mal de crane, rien de plus. « Bon, j'ai étudié les plans, hein, » fit Nivel. « J'en pense que ça peut s'faire. Eme, zoom ici, si t'plait. Yeah, l'aile ouest. C'bâtiment est très vieux hein, construit, sur-construit. Cette canalisation condamnée d'puis longtemps et probablement bouchée par du béton débouche sur la côte, un endroit qui sert d'déversoir. J'pense qu'avec l'bon produit, un acide d'ma création, on peut digérer tout ce qui bloque et pénétrer dans la prison.  Ça f'ra près d'neuf cent mètres de tuyaut'rie à parcourir mais bon. »

- Nous nous sommes déjà prélassé dans bien pire pour gratter quelques Berry.
- On sortira dans les anciennes cuisines qui servent d'débarras. A partir d'là, j'peux placer des charges dans les soubassements. Si en plus j'ai l'aide d'Nox et ses gars, ça va être fastoche !
- Émeline vous rejoindra aussi, tu auras besoin de la carte.
- Mais et toi ?
- Ton pouvoir n'est pas le meilleur en terme réactionnaire, il prend trop de temps pour scanner. L'infiltration dans le domaine de la Gouverneure, c'est quelque chose que je ferai tout seul. Vous autres, vous vous occuperez de la diversion massive. Je n'ai pas l'intention de traîner ici.

PULUPULUPULUPULUPULUPULUPULUPULU !!!

- Oui, Aella ?
- J'ai une mauvaise nouvelle.
- Ben voyons, étonne-moi.
- Tu te souviens du mari de Djess dont je t'ai parlé?
- Celui dont le voyage t'a permise de dormir de te taper sa femme, oui.
- A l'époque, c'était un ambassadeur. J'ai fait des recherches pour voir ce qu'il devenait et...
- Et ?
- C'est en fait un Commandant d'Elite et de nos jours, il est en charge de toutes les divisions marines présente en mer Vermeille, ce qui englobe les divisions de Vulcastan mais aussi de dix autres gouvernorats et royaumes.  
- Super...
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Deuxième jour...
 
Les rumeurs lancées par Dena' font leur bonhomme de chemin. Depuis son poste d'observation, Nox remarqua que le Violon reçut la visite d'une section entière des Marines d’Élites marchand aux pas. Ils s'inquiètent. Malgré tout, ils ressortirent, sans y stationner. Des opérations coups de poings et raflent furent menées dans les bas quartiers de Vilnius. Des dealers et autres vendeurs d'armes à la sauvette furent incarcérés et probablement interrogés sur la véracité de la rumeur. Tant mieux, tant mieux.

Pendant que les autres sont occupées à leurs tâches en vue du jour J, moi aussi je m'attèle à la mienne. Le domaine du Gouverneur est situé à la périphérie de la ville et s'étend sur près de dix hectares si boisés que j'en viens à me demander si ce n'est pas une forêt. D'après une carte gribouillée de mémoire par Aella, le terrain a une vague forme carrée avec des postes d'observation dans chaque angle droit. Une seule entrée, massive, se situe en plein milieu du côté Est du domaine. Le reste est clôturé par un épais mur en béton de quinze mètres de haut surplombés par des fils barbelés électrifiés au thunder dial. Si le mur semble haut, ce n'est rien en comparaison des essences végétales qui poussent sur la propriété. Verticales, gigantesques, certains font le double de la hauteur du mur. De l'extérieur, impossible de distinguer le hêtre "géant" dont parlait Aella. Tout est géant ici...

Comme je dois attendre la nuit pour ma reconnaissance alors je lambine et envisage plusieurs scénarios dans ma tête. Pour tout millimétrer et ne rien laisser au hasard, je lance l'opération Coup de semonce. Avec les armes achetées par Nox, vingt Fumiers et moi-même attaquons une banque sise non loin de la prison. Il est presque onze heure ce jour-là, quand nous arrivons devant l'édifice d'une blancheur de lin. Deux carrosses loués par Dena' nous y conduisent. Entassés dans les véhicules hippomobiles, nous sommes tous de noir vêtus et cagoulés. Nous sautons des véhicules. Pendant qu'un groupe mitraille l'air pour faire fuir les passants, d'autres se jettent sur les vigiles qu'ils neutralisent. Pas de morts. Dans la banque, les clients sont en plein opération. Mes Fumiers sont plus entrainés que des Élites de base alors, ils n'ont aucun mal à venir à bout des maigres vigiles restants pour tenir tout le monde en respect. Les mines sont graves et pleurnichardes. Tout le monde est parqué dans un coin. Nous grillons les escarméras. La banque est à nous.

Rien de glorieux en somme, juste une petite banque de dépôt. De toute façon, je n'ai jamais trouvé goûts aux braquages, même dans les périodes de disette. Ça a un côté voleur de basse extraction. Alors cet argent trop facile, je n'en veux pas. La contrebande, ça, ça me donne des frissons. Le frisson de l'illégal, de laisser une trace. Parce que les clients iront vanter les mérites de mon produit et en attireront d'autres. Le vol à main armée, c'est juste... fade.
Mon escargophone vibre. Émeline nous donne l'alerte. Deux minutes après les coups de feu à l'entrée, les Marines quittent leur garnison la plus proche. Pour donner l'illusion qu'on vient voler, nous sommes obligés de voler. Le directeur est tabassé et prié d'accompagner deux Fumiers vers la salle des coffres. Ils ont ordre de n'y prendre que douze millions de Berry, de quoi amortir mes dépenses, préparer l'opération et payer Dena'. Et comme la banque loue aussi des coffres-forts, ils en choisissent un au hasard dont ils vident le contenu. Ils croiront que le braquage n'était destiné qu'à couvrir ce larcin et perdront un temps précieux à interroger le locataire du coffre.

Il est temps de déguerpir. Nous enfumons la salle et la devanture de la banque avec des fumigènes puis disparaissons dans la ruelle adjacente. Dans les égouts, nous nous débarrassons de nos combinaisons avant de nous diriger vers le point d'exfiltration prévu par Nox. Une quinzaine plus tard, je suis de retour à l'hôtel, l'air d'un prospère commerçant. « Ils ont mis sept minutes exactement à arriver, » m'informe Émeline qui a suivi la progression des Marines. « Le Jour J, il se peut que nous ayons moins de deux minutes vu que nous allons faire fuiter la date. » Bon, au moins, maintenant nous savons.
Loin de notre agitation, Nivel concocte ses bombes dans la cave d'un vieil ami à Dena rendu silencieux par deux millions. C'est mon artificier en chef, quelqu'un qui n'a pas son pareil pour fabriquer de petites horreurs explosives. Ajoutez à ça le fait qu'il soit profondément convaincu que l'anarchie est le meilleur des systèmes sociaux et vous obtenez un mélange détonant. Au sens propre.

[...]

Il est minuit passé quand je m'élance, aidé de ma technique "Rencontre du Troisième Type". Derrière ce nom étrange se cache une technique aérienne qui ressemble à s'y méprendre à un Geppou "manuel". Au lieu de mes mains, ce sont mes pieds qui rebondissent dans les airs. Ainsi, je ressemble à un singe qui sauterait d'arbres en arbres. Il fait nuit noire sur Vilnius, de lourds nuages obscurcissent les rayons lunaires. Tant mieux. Je serai presque tenté d'avancer l'opération maintenant. Mais se précipiter en terrain inconnu équivaudrait à un échec retentissant. A plus de 160 pieds au-dessus du sol, je suis furtif dans la nuit. La propriété est abondamment éclairée par de puissants projecteurs automatisés qui balaient des secteurs précis par intermittence. Beaucoup sont pointés vers le ciel et je dois faire attention à passer largement à côté des rais de lumière. Saleté de technologie. Grâce à leurs torches, je note la position des patrouilles Marines dans le domaine. J'attends, je les observe, je chronomètre, juché dans la feuillaison d'un noisetier géant. Impossible de rester en vol stationnaire en se renseignant. Ma mémoire eidétique flash les moindres détails, tout est important. Puis quand je m'imprime assez du rythme des rondes, je m'élève à nouveau et fonce vers le centre de la propriété où se trouve le hêtre géant d'Aella.



Il est moins haut que les autres géants plantés là mais il dix fois plus volumineux. Je n'ai jamais vu un arbre aussi imposant, dans son tronc on calerait deux galions qu'il resterait encore de la place. Je suis bouche-bée. L'architecte a sculpté une vague forme de cases à l'extérieur sans pour autant donner un style claquant à son œuvre. Ça ne casse pas trois pattes à un lapin, ça a l'air plutôt flétrie vu de l'extérieur. Mais ne jamais juger un livre à sa couverture, Aella a qualifié l'intérieur de palace. Bref, je ne suis pas là pour une visite à domicile. Ici pas, de rondes, juste quinze gardes jouant autour d'un feu dans une ambiance bon enfant. Les serviteurs et les maitres doivent être à l'intérieur. Je connais l'emplacement du trésor, je peux atterrir et le récupérer.

- Whouaf ! Whouaf !
- Oh la ferme Charlie !

Un chien. Voilà pourquoi, il ne faut jamais se précipiter. Je n'en ai pas vu un seul depuis que je suis là et lui vient de sortir de derrière l'arbre. C'est un chien de combat, ce qui signifie que j'aurais des problèmes avec son flair. Pardon, avec leurs flairs. Deux, quatre, sept autres cerbères émergent des arbres géants, tournent en rond puis disparaissent dans la noirceur de la forêt. Cet endroit est infesté de chiens. Aella n'en a pas fait mention, ils ont dû arriver bien après elle. Là j'ai un problème de type canidé.
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Jour J..

Après ce simili de braquage, la tension s'est intensifiée en ville. Plus de perquisitions, plus d'arrestations musclées. Dans le port principal, nous remarquons un nombre élevé de navires de patrouille en mer. Loin sur l'horizon, les massives silhouettes trahissent la présence des cuirassés. Dans la presse, la Gouverneure Typhoon, une bonne tranche femme à la corpulence svelte, cheveux coupés court et un tatouage tribal sur la joue, annonce que les responsables du braquage ont déjà et confondus et que leur arrestation n'est qu'une question de temps. Discours et hypocrisie politicienne. Pendant tout ce remue-ménage, une question me taraude principalement. Comment distraire les chiens et me donner assez de largesse pour creuser sous l'arbre ? Que j'en aie compté sept ne signifie pas qu'ils furent tous là. L'opération est dans dix heures et aucun de nous n'a trouvé de solution.

- Ils doivent avoir un maitre dresseur. Si tu lui mets la main d'ssus...
- Je ne vois en quoi atteindre leurs maitres fera d'eux de gentilles peluches, Nox. Au contraire, ils vont être plus remontés. Le forcer à les coucher ne marchera peut-être pas. Ces chiens dont des plaies. Si seulement j'avais emmené Sinistros avec moi ! m'exclamai-je en pensant à mon propre chien. Une race toute en muscle de chien cornu qui n'aurait fait qu'une bouchée des molosses de la Gouverneure.
- C'est ça, tu as la solution Loth ! dit Eme' en tapotant dans la main, l'air de quelqu'un qui a reçu une illumination. Il faut les distraire ainsi !
- Comment ?  

[...]
22h
Heure H

Le vent souffle. La pleine lune argentée déverse toute sa clarté sur Vilnius. Fichu astre qui a décidé de nous narguer en cette nuit cruciale. Selon la dernière reconnaissance de Nox, le port est ceinturé de croiseurs et l'accostage des bateaux quasi interrompu. Tous les navires sont méticuleusement fouillés. Ils réagissent aux rumeurs de Déna, ils pensent que les pirates du Punk Soul vont se déguiser en d'honnêtes marchands, entrer en ville et s'attaquer au Violon pour libérer leur capitaine enfermé là depuis le début d'année. Les achats d'armes et le braquage leur ont confirmé que l'opération n'est pas un simple tapage. Et comme je l'ai prévu, personne ne dort au siège du Gouvernorat et surtout pas la Gouverneure Typhoon. Loin de sa demeure, elle veille, entourée par une cellule de pré-crise, prête à gérer toute situation. Pour des personnalités aussi carriéristes et obnubilées par l'ascension dans les rouages du Gouvernement, il est aisé de deviner la réaction. Une attaque de pirates sur cette ile, doublée d'une évasion massive suffirait à ruiner tout ce qu'elle a construit en des décennies.

Quand l'heure H sonne, je prends mon sac à dos très particulier et je m'élève. Le signal du début est lancé par une explosion détonante, beaucoup de décibels, beaucoup de fumée, peu d'impact sur la structure. Un panache de fumée se dégage d'un point au loin où je sais se trouve le Violon. Que le ballet commence les gars ! D'autres pétarades éclatent, dans le port cette fois-ci. Des artifices soigneusement placées par Nivel et déclenchées par mes Fumiers. Quelques snipers épars tirent sur les Marines et d'autres armés de mitrailleurs crachent des balles en l'air donnant l'illusion que le port subit une attaque en règle. Du moins, c'est ce prévoit le plan, histoire de leur donner le tournis et de créer le maximum de chaos pour distraire les autorités. Quand dans deux minutes, Nivel fera dissoudre quelques barreaux libérant des prisonniers armés par la suite par Nox, qui se chargeront à leur tour de libérer d'autres prisonniers, la situation atteindra un point critique.

Je me concentre sur ma propre mission. Il me faut cinq minutes pour croiser au-dessus de la canopée. L'agitation et les détonations provenant de la ville s'entendent ici. La fumée grisâtre dispersée par le vent est visible sous les rayons de lune. Sous les éclaircis des phares, je vois des Marines fondre vers le portail principal puis enfourcher des chevaux et se diriger vers le centre-ville. Tellement bien de voir son plan se dérouler comme sur des roulettes ! Ce qui signifie que la situation s'est empuantie comme je l'espérais et que désormais, les deux milles prisonniers du Violon ont franchi les barricades et se dispersent en ville, aidés à l'orée de l'évasion par les Fumiers pour neutraliser la Brigade Pénitentiaire. Maintenant, ils volent de leurs propres ailes et mes hommes se sont sûrement déjà retirés vers nos submersibles sur la côte, loin du port. Typhoon doit être au bord du vomissement en imaginant cette tache indélébile maculer son CV. Tout ça parce que six ans plus tôt, elle trompa son mari avec une autre femme. Douce ironie. En tout cas, elle mobilise toutes les forces à sa disposition pour limiter le mal. Son Commandant d’Élite de mari doit être aux premières loges avec elle.

Bon, la propriété s'est vidée de soldats comme peau de chagrin mais les chiens sont toujours là. Je les entends aboyer à plein poumons, enhardis par la situation et les explosions qui résonnent. Je me pose au plus près de l'arbre et libère le contenu de mon sac. Des chats. Une vingtaine achetée après la suggestion d'Eme. Au lieu de Sinistros, y libérer des chats. Sauvage d'ailleurs, d'une espèce difficile à domestiquer et qui vit sur les volcans dans l'arrière-pays. Ils se faufilent tous et disparaissent sans demander leurs restes. Les chiens s'agitent de plus belle, grognent, aboient et coursent les nouveaux venus qui miaulent, crachent et peut-être, ripostent. Je n'ai que les sons comme indice des furieuses luttes qui ont lieu dans les bois. Pas le temps de m'y attarder, je m'empare de ma pelle et commence à creuser à l'endroit indiqué par Aella. Les domestiques terrorisés sont à l'intérieur de l'arbre. Qu'ils y restent. J’excave, je vide frénétiquement les alentours de cette racine noueuse qui sert de point de repère. C'était vraiment une très mauvaise idée de la part d'Aella et les dieux savent qu'elle n'en a pas souvent, étant une planificatrice de génie. Un monticule s’amasse bientôt à mes côtés. Après dix minutes, j'atteins la profondeur requise.

Je sors du trou un coffret métallique oxydé par l'humidité de la terre. A l'intérieur, les précieux sachets contenant la poudre verte faiseuse de pluie. Dance Powder. Je vide le contenu dans mon sac et m'apprête à reboucher le trou quand mon sixième sens m'alerte sur un fait inhabituel. Les grognements ont cessés, les chiens et les chats ne se chiffonnent plus. Les chiens n'aboient plus après les détonations en ville. Tout est calme. Comme si quelqu'un a coupé le son de la vie elle-même. Puis soudain, le cours du temps revient à la normale. Huit grands yeux verts se jettent sur moi, gueules béantes, griffes acérés en avant. Je ne les ai pas sentis approcher, tapis dans les fourrées. Mon réflexe me sauve, je bondis sèchement. Puis. L'impact. Dans mon dos, juste au-dessus de la hanche. J'ai l'impression que mes entrailles sont portées à ébullition. Qu'elles veulent sortir de là. La violence de l'attaque m'arrache un cri. Je suis projeté face la première contre le hêtre géant. Dans ma bouche, le gout du sang. Sur mon corps, la chaleur du liquide poisseux.

- Dévorez ! intime une voix.

Mes pensées encore brumeuses et floutées par la douleur, je sens des crocs s'emparer de ma chair. Ce n'est pas censé se passer ainsi.
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Les canines s'enfoncent dans ma chair. De partout, je suis élancé. Fulguré. Les fauves grognent. Savourent ma chair. Ces instants où l'instinct de survie fait de nous des automates. « Dégagez ! » fut la seule chose que je hurle avant de me lever, six chiens suspendus au corps et de tournicoter telle une toupie. Mon mouvement déplace de l'air qui se transforme en onde tranchante. En rafale cinglante. Les molosses sont lacérés de toutes parts. Ils tombent. Morts. Quant à moi j'halète, l'échine courbée, suintant du sang de partout. La douleur me crible, confuse mes pensées, brouille ma vision. Mon dos est à vif, et le pic que je sens avec la moindre bouffée me signale que j'ai également des côtes brisées. Mes morsures aux membres sont profondes mais ni mortelles, ni handicapantes. Enfin, relatif. Devant moi se tient un Commandant d’Élite qui sourit comme s'il vient d'être promu Amiral en chef de l'univers. Son sourire est à la fois médusé et triomphant. Ses yeux pétillent, sa bouche forme un "O". Et pour cause, ma cagoule s'est envolée. Je suis cuit.

- Tiens, tiens, tiens. Loth Reich. Pourquoi un monstre sacré comme toi vient-il hanter cette demeure ? s'enquit-il en laissant tomber la canne qui supporte son poids. Je ne me trompe pas, c'est de la Dance dans ce sac ? ajoute-il en montrant de l'index le sac tombé et les sachets au contenu poudreux vert.
- Ouais. C'est. la Dance, que je hache avant d'expectorer un glaviot sanguinolent. Voilà, me dis-je, des années de travail à rester toujours visibles tombées à l'eau. Loth le héros, Loth le zéro.
- Pourquoi n'êtes-vous pas avec votre femme ?
- Parce qu'elle s'excite trop dès qu'il y a le moindre soupçon de quelque chose et que je pensais qu'aujourd'hui serait semblable aux autres fois où le niveau de sécurité a été augmenté sans que rien ne pointe à l'horizon.
- Dommage, vous vous trompiez. Vous auriez été avec elle, j'aurais vaqué à mes occupations et serais parti.
- Et comme ça, tu continueras à tromper le monde ? C'est ça ! Qu'est-ce que cette Dance faisait au pied de cet arbre ?
- Oh, juste une bonne amie de votre femme qui l'a planquée ici.
- Elle n'a pas d'amie criminelle !
- Je suis bien un héros non ?  
- Je vais te capturer et te dénuder devant le monde ! beugle-t-il en prenant une posture de combat.
- J'ai déjà les sœurs Santana sur le dos, j'en ai assez des commandants d’Élite. Lady Ombeline Santana, je sais qu'elle est plus forte que moi. Sa grande sœur Midnight qui commande la garnison de Boréa, je la classe dans les mêmes eaux que moi. Quant à vous, Ernest Moses, sachez que je n'ai rien contre vous. Mais qu'aujourd'hui, pour protéger ma couverture, vous devez mourir.

Sur ce, je m'affale sur le sol. Je déboite les articulations de mes membres. De ma langue, je goutte l'air.
Style du Serpent.

[...]

Le Serpent est fourbe. Rapide. Et surtout mou. Je louvoie tel un invertébré. Surpris, Moses recule de plusieurs sauts tant je semble glisser sur le sol. Mon style martial, l’Inner Beast me permet d'imiter des positions animales. Il s'éloigne encore le commandant avant d'imprimer un mouvement vertical ascendant à sa jambe. Rankyaku. Je continue de serpenter vers lui, d'un revers de la main, j'écarte l'onde tranchante. A mon tour.  « Mantis Fist, Poing du Bourreau ! » Toujours au sol, je griffe l'air de ma main droite et donne naissance à cinq lames de vent. Moses contre et les éclatent avec un coup de pied pirouetté. Quand il tombe, il s'enfonce dans le sol comme s'il est fait de métal. Du déjà-vu.
« Tekkai, Crusher ! » qu'il hurle avant de sauter. Je roule pour esquiver sa descente qui affaisse le sol de plusieurs centimètres. C'est un séisme localisé qu'il génère quand son poing s'enfonce à nouveau dans la terre après m'avoir raté. Le TeKkai en  mouvement, une vraie plaie cette technique. Mais dans le passé, je l'ai déjà brisée.

Alors, au lieu d'esquiver à nouveau, je réponds au poing par le poing. Fini, la finesse du serpent, j'opte pour un style tout en puissance, celui de la Pieuvre. Celle-là puisse son essence dans le Retour à la Vie dont j'irrigue mes muscles qui se tonifient et gagnent en force. Quand nos poings se rencontrent, des ondes de chocs localisés fusent. Nous nous rendons coups pour coups et ravageons notre aire de combat, sans cure de la douleur, ou des blessures. Mon bras file de la droite, il se baisse et me bourre de poings au thorax. Mon corps est aussi dur que le sien, grâce au Retour. Son attaque me fait reculer de quelques mètres, mais sans plus. Je contre-attaque aussitôt par une rafale de coups de mon cru qui s'abattent sur lui. Il recule aussi, mais sans plus. Nos pieds s'entrecroisent, Rankyaku contre Lame Cinglante. Je sens mon arête nasale se casser et une lancinante douleur me fulgurer jusqu'au cerveau quand son poing durcit s'écrase sur mon nez. Je vois trois dents voler, je viens lui répondre par un uppercut qui fracasse son menton. Mes mains l'agrippent à l'arrière du crâne et précipitent sa tête contre mon genou. Un autre uppercut et il vole s'esquinter contre le hêtre.

- Bon. Ha ! Ha ! soufflai-je. La plaisanterie a assez duré, Commandant. Il y a des cieux que tu ne peux pas voir. Style de Pieuvre, Kraken !
- Montre-moi ces cieux.

C'est mon style le plus offensif, celui où je me dope littéralement au Retour à la Vie. Non seulement les muscles, mais aussi mon volume capillaire qui décuple. Comme autant de serpents vivants, mes cheveux ondulent à leur gré et m'obombrent. Le Kraken ou le style du combattant à huit bras. Je divise ma masse capillaire en six tranches que je noue et tresse pour former des bras tout aussi musculeux que les miens qui ont déjà doublés de volume. Autant dire que mon kimono est complètement déchiré, s'il ne l'était pas déjà après l'attaque des chiens. Mon adversaire n'est pas impressionné par les bras qui poussent sur ma tête, sûr qu'il en a vu d'autres, les Commandants d’Élite sont des tueurs violents après tout. Mais autant en affronter un dans un combat à mort, j'aurais préféré ma Némésis naturelle. Lui aussi ses vêtements sont déchirés et révèlent son torse bodybuildé. Sous la pâleur argentée de la lune, je vois son corps se couvrir d'une fine pellicule noire.

Qu'est-ce que c'est que ça ?

« Hé ! Y ai entendu oune bruit ! » fit un soldat qui émerge des bois. Mes pieds se déplacent tous seuls, le réflexe primaire l'emporte. Le pauvre a juste le temps d'écarquiller des yeux avant que je ne lui fracasse la tête contre un hévéa géant. Ma main dégouline de matière cérébrale. C'est absolument répugnant. L'arbre s'écroule dans un fracas assourdissant. Avec les dernières mèches de cheveux qu'il me reste, je me constitue une cagoule. Je suis prêt à un génocide pour protéger ma couverture, mais ça me dégoûte tout de même. « FILS DE PUTE ! » Il se rue sur moi, je file à ma rencontre et le bloque. Le choc engendre un "boom", comme si deux bolides viennent d'entrer en collision. C'est une épreuve de force, à la manière de deux sumos qui se repoussent. Cette peau fuligineuse m'inquiète. Elle semble lui procurer plus force qu'il n'en avait. Est-ce le préambule à une transformation en Zoan ? Un genre de bousier ? Je recule, il recule, comme si nous faisions du tir à la corde. Sauf que nous sommes enlacés comme des amants, mes bras le ceinturent, les siens également. Au surplus de force délivrée par sa capacité noirâtre, j'oppose la vitalité du Retour. Et moi, j'ai encore mes cheveux.

Mes poings capillaires mitraillent sa tête de coups qui le forcent à me lâcher. Il finit par en saisir un dans le déluge et le tire vers lui. Me tire. Son Lariat qui m'accueille me coupe la respiration. D'autres coups pleuvent, leur nature, je les ignore. J'en reçois un de phénoménal sur la tête qui m'enfonce dans le sol, les pieds joints. Comme un clou. Ma vision est maculée de sang. Réduite à moins que rien. Un autre, mes oreilles sifflent. Après cette orgie de coups, je me sens valdinguer. L’asphyxie provisoire qui refait son apparition m'indique que j'ai percuté quelque chose, un arbre. Ça a vidé mes poumons en un instant. Je toussote. J'halète. Je jure. Saleté de Commandant d’Élite. Ma blessure au dos est plus vive que jamais. Sur le sol couvert d'un tapis de feuille, j'ai peine à me relever. Ma vie défile, cette dernière année surtout. Tout ce que j'ai bâti de solide, ça a commencé par l'année 1626. Vais-je tout perdre ? Subir une défaite et être tagué de criminel ? Finir ma vie dans une prison des Blues ou dans un bagne ici-même ?

Hors de question !

- HORS DE QUESTION, TU ENTENDS ?! que je vocifère en me relevant.

C'est un monologue. Je dois m'entendre, pour me prouver que j'ai encore les crocs. A mi-distance, Moses s'arrête brutalement alors que j'amorce une rapide rotation. Je prends de plus en plus de vitesse, mon monde n'est que brume indistincte. Je pivote, je tournoie sur mon pied d'appui, mes bras tendus en croix. Tous mes bras. Plus vite ! Toujours plus vite ! C'est une des essences de mon style. Le combat à distance, le Karaté Aérien. Plus vite, je toupille, plus grande est le volume d'air que je déplace. Plus nombreux sont mes brasseurs -mes bras-, plus colossale est le volume que j'emprisonne dans ma rotation. J'entends gronder le vent, j'entends les "CRRAAAAAAAAAAC" caractéristiques des arbres déracinés, je continue de tourner. Cinq mètres, dix, quinze de rayon. Je ne peux que supposer. Dans l’œil du cyclone, je m'arrête brutalement. Juste l'espace d'un battement de cœur, je cherche la silhouette de mon adversaire. Je la tiens ! A mes neuf heures ! Une ombre qui s'éloigne.

Je toupille de plus belle. Mais plus en surplace maintenant. J'ai une cible. Que je rattrape en un rien de temps. Toujours des "CRRAAAAAAAAAAC" sur mon passage, je transforme la forêt privée en désolation. Je rattrape ma cible. Elle doit tâter du Karaté Aérien. « Kamaitachi, Le Vent du Chaos ! » Cette armure noire qu'est la tienne, je vais l'émietterai ! Comme si je fais corps avec mon vent, je sens quand il rencontre des obstacles, je sens qu'il taillade de l'humain. Les cris à l’extérieur des éléments me le confirment. Le mouvement centrifuge éjecte ma cible loin de moi. Une rotation dans le sens contraire de la tornade la dissipe quasi instantanément. Le reste se déroule en deux secondes. Au lieu de tout mon corps, c'est mon bras droit que je tournoie maintenant. Un mini-cyclone cinglant s'agglutine autour. Je fuse sur Moses salement lacéré par mon attaque précédente où il laissé ses deux jambes. Il n'est même plus conscient, il continue de planer. Ma vitesse boostée le rattrape avant la gravité et de mon bras tourbillonnant, je déchiquette sa poitrine avant de le traverser de part en part. Nous nous écrasons tous les deux contres des racines.

Il est mort. Mais je n'ai pas fini ma tâche. Expectorant du sang, je me traine vers le hêtre. Les rumeurs de la ville me parviennent toujours, c'est toujours la guerre là-bas. A quel point Nox et Nivel ont-ils armé les prisonniers ? Sûrement qu'en voyant que je tarde, ils en ont remis une couche pour prolonger la diversion. Mes gars sont des prolongements de moi-même et tant qu’Émeline veille au grain, je n'ai pas à m'en faire. Je ne peux pas laisser de survivants derrière, le ménage doit être fait. Ils ont pu me voir derrière ces fenêtres dissimulés derrière leurs rideaux. Ça me dégoûte mais je dois le faire. Des pas derrière. Encore de la chair ? Non. Mes gars. Émeline et dix Fumiers. Son regard est épouvanté est éloquent et traduit à lui seul l'état de dégradation physique dans lequel je suis. « Il. m'a. vu. Ils. m'ont. tous. vu. » que je lâche en indexant l'arbre avant de m'écrouler. Elle a compris. Elle sait ce qu'il y a à faire. Les Fumiers aussi. Avant de sombrer dans les ténèbres salutaires de l'inconscience, j'en vois deux se précipiter à l'intérieur de l'arbre fusils en avant. Les autres placent des bombes au pied de l'arbre pendant qu'un autre ramasse les sachets de Dance.

Loth Reich, le héros, c'est aussi grâce à eux.
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Deux jours plus tard...
 
- On dirait que l'air marin te fait du bien.
- C'était nécessaire de me bander comme une momie ? demandai-je d'une voix trop pincée à mon goût.
- Tu as vu l'état dans lequel tu étais ? Des millions d'ecchymoses, trois côtes cassées, une commotion cérébrale en plus d'une légère fracture du crâne et une fracture de l'arête nasale. Tsss, c'est trop cher payé pour cinquante millions, on va surement en dépenser beaucoup pour te faire soigner.
- Comment les choses se sont passées ensuite ? Ou allons-nous ?
- Deux jours se sont écoulés depuis ton combat. On ne s'est pas attardés sur Vulcastan, les prisonniers on mit la ville sans dessus-dessous. Au lieu de s'enfuir quand on les as armés, ils sont allés s'attaquer à une autre prison à deux kilomètres de là, même avec les Marines aux trousses. Bref, ça a pullulé de prisonniers partout, c'était le chaos à l'état primaire. Tant mieux, sinon, la Marine aurait pu débarquer pendant ton combat. On a brûlé le hêtre et tous les corps avec. Il n'y avait pas âme qui vive dans la propriété à notre départ. Pauvre Typhoon. Elle a été limogée sans ménagement. Elle a tout perdu, son mari et son boulot. Tout ça pour avoir couché avec Aella.
- Ça c'est cher payé.
- La mort du Commandant a été attribuée par la presse à un des capitaines pirates libérés. Bref, personne ne sait que nous étions là. Nous allons déposer la Dance dans un lieu pré-indiqué de l'Estuaire aux Vents. L'argent devrait y être avant.

Alité sur le pont, nous cinglons les eaux. Je sens les embruns sur mon visage bandé. J'aurais senti l'air salé si j'avais la pleine possession de mon sens de l'odorat. Des Fous de Bassan escortent notre navire et piaillent au-dessus. Tout est bien, même si cette fois-ci, j'ai eu très chaud. La prochaine fois, je délèguerai peut-être mais où sera le plaisir si je m'assoie derrière un bureau et laisse mes hommes faire le travail à ma place ? La réalité du terrain, le choc des poings et des convictions, il n'y a que ça de vrai. J'ai gagné aujourd'hui, la prochaine fois, ce ne sera peut-être pas le cas. Et ma route s'arrêtera là. Mais tant qu'il me restera un souffle de vie, mon objectif d’accrocher mon nom au firmament demeurera intact. Et ça passe aussi bien par des plans tortueux à long terme comme conquérir la mafia de North Blue ou bien des petites opérations au quotidien comme celle que nous avons livré. Cinquante millions mon gain. Comme d'habitude, Émeline touchera quarante pour cent du montant, le reste alourdira mon portefeuille de trente millions rondement gagnés. En attendant d'autres cieux, nous allons tâcher de nous rétablir et de jouir de cette nouvelle manne.

La seule journée facile, c'était hier.
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