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Première infiltration -

    Le grand jour, là où beaucoup de choses vont se jouer, je ne peux décevoir. Mes supérieurs attendant beaucoup de moi, et ce, notamment et particulièrement parce qu’il s’agit de la révolution. Pour être tout à fait honnête avec moi-même, un léger stress commence à monter. Peu habituel de ma part. Je gère plutôt bien mes émotions en temps normal, mais me retrouver avec Mich-Mich que je ne veux pas voir mourir, puis être au milieu d’une bande de révolutionnaires dont j’ignore tout, ça ne me rassure pas vraiment.

    « T’as bien compris, Mich ? Posé-je soudainement alors que l’on se rend au seul bar du groove. Nous sommes des amis d’enfance, une bataille opposant les pirates et les marins a détruite l’île sur laquelle nous vivions, anéantissant ainsi tous nos proches. Cette zone n’est pas sous l’emprise de la marine, alors fais-toi petit et n’agis que pour sauver ta vie. Me suis-je bien fait comprendre ? »

    Donner des directives, je n’aime vraiment pas sauf qu’avec mon rang, je n’ai pas vraiment le choix. Plus de responsabilité, plus de ceci, plus de cela… J’ai juste envie de casser de criminel. Pourquoi m’emmerder avec toutes ces formalités ? Si ça ne tenait qu’à moi, j’y serais allé tout seul à cette mission d’infiltration, au moins je fonctionnerai comme bon me semble.

    «Naturellement, nous serons certainement observés pendant une durée indéterminée, et nous vivrons donc dans les rues comme des sans-abris. À priori, t’auras moins de mal que moi à te familiariser avec ce milieu… »

    Ouais, c’est plutôt moi le bourgeois dans l’histoire. Puis il me le fait clairement comprendre avec son regard qui dévisage. Enfin, maintenant que nous sommes enfin clair sur les attendus, nous pouvons démarrer.


    ****************************

    Avant de partir, je le pensais peu bavard le Mich-Mich, mais quelle erreur… Quelle erreur ! Un véritable moulin à parole débitant des tas d’informations que je suis incapable de toutes traiter, et pourtant, je ne suis pas le plus lent dans le stockage de flux sensoriels.

    « Désolé de t’interrompre… Nous arrivons. »

    On pénètre le groove 25, la mission commence enfin, nous voici seuls contre tous ces criminels d’envergures. Il ne manquerait plus que l’on se fasse attaquer par des supernovas… Je ne vous raconte pas le bourbier. Mais pour l’instant, on semble passer inaperçus, peut-être même trop d’ailleurs. Le but reste quand même d’être repéré par nos amis contestataires, alors s’ils ne nous voient pas, c’est embêtant. Pour l’heure, continuons ainsi et voyons ce qu’il se trame ensuite, on réadaptera par la suite.

    Nous observons les dernières lueurs du soleil, le début de soirée approche. On voit le bar, j’identifie rapidement les alentours, je tente de voir si nous sommes observer, mais je ne vois absolument rien. J’ai quelques pièces que j’ai gardé au fond de la poche, on entre pauvrement dans l’enceinte de ce bar. Je lance un regard à Mich-Mich, je lui file les pièces pour qu’il prenne la commande pour nous deux. Effectivement, il a plus la gueule et le vocabulaire pour la tâche, je serai rapidement démasqué. Il s’exécute, nous avons nos verres, on s’installe près du comptoir et on discute de tout et rien.

    Les heures défilent et rien ne se passe.

    Heureusement que mon partenaire a beaucoup de conversation, ainsi le temps passe plus vite. Le bar va fermer. C’est le moment pour nous de trouver un lieu où dormir, un lieu un peu à l’abri des regards mais pas trop, un lieu qui nous laisse une issue de secours en cas d’attaque… Un ruelle donnant sur deux rues ? Pourquoi pas.

    Ainsi s’achève la première journée, sans aucune piste pour l’instant, sans aucun contact. Ça risque d’être long, mais je ferais en sorte d’être sûr à leur place aussi, alors je reste compréhensif. Je ne compte pas tellement fermer l’oeil de la nuit, je ne sais quel genre de fou peut trainer dans les environs. Mon acolyte semble dormir, même si je reste persuadé qu’il garde lui aussi un oeil ouvert, il n’est pas dupe.
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    Trois jours passent et toujours rien. Je suis plus sale que jamais, j’empeste l’odeur des poubelles, mes cheveux n’ont jamais été aussi mais à part ça tout va bien. Je ne m’alimente pas aussi bien qu’il y a encore quelques temps, mais remercions tout de même les quelques généreux donateurs qui nous filent un peu de thunes quand on mendie. Le manque de sommeil commence à se faire cruellement sentir, je sens mes forces me quitter de jour en jour, c’est une catastrophe. Ma démarche habituellement droite ne ressemble plus à grand chose, j’ai le dos courbé et les pieds qui trainent.

    « - Tu tiens l’coup, Levi ? Me demande subitement Mich.
    - T’en fais pas pour moi, seule la mission compte, et tant qu’on aura pas eu ce qu’on veut, je n’abandonnerai pas.
    - Ne forces pas trop tout de même. Tiens, reste sur tes gardes, les types au bout de la ruelle viennent certainement pour nous dépouiller.
    - À gauche aussi visiblement. Nous sommes cernés. »

    Nous ne disposons pas d’arme, nous avons tout laissé à bord du navire.

    Es-tu certain que nous n’avons pas à faire avec des révolutionnaires ?
    - Peu probable. Ils sont très discrets, pas le genre d’approcher des potentielles recrues de cette façon. Au pire, on leur casse la gueule et on s’arrange après.
    - Ça me plait assez comme plan. »


    Il fonce à droite, j’en fais de même à gauche, on se bat sans trop en montrer au cas où on nous observerait. J’ai cinq types en face de moi, des physiques tous différents des uns et des autres, allant du gros sans condition, au grand et tout maigre, passant tout de même par l’éternel bien foutu. Ils me font face avec de grands airs, me sous-estimant fortement, à tel point que le gros s’approche de moi en premier.

    « - Allez minus, file-moi tout ce que t’as et tire-toi, p’têtre que j’t’épargnerai. Me dit-il gentiment, comme si la vie était si simple.
    - J’ai un autre plan pour toi : tire-toi avant que je ne te fasse recracher toute la merde stockée dans ton ventre, gros lard. Sec. Simple. Précis. »

    Il arme son poing et me le balance aussitôt. C’est d’une lenteur… Le genre de type qui n’a jamais eu de condition physique et qui abuse de sa bande pour voler aux pauvres errants dans les rues. Ça me révolte. Je passe complètement sous son bras, ayant au préalable armé mon droit, que j’enfonce le plus possible au niveau de son estomac. Le coup l’éjecte violemment quelques instants plus tard contre le mur à son dos. Il finit à quatre pattes en train de vomir, comme je l’avais justement annoncé.

    Je vois les autres bégayé un peu, mais sans compter sur le beau mâle au physique parfait, qui se place à son tour face à moi, donnant du courage aux autres lopettes qui étaient prêtes à prendre la fuite quelques instants plus tôt. Je ne suis pas du genre à sous-estimer mes adversaires, mais il semblerait que celui qui me fait face est le plus fort. Au-delà de son physique, son regard en dit long également.

    C’est ainsi que le combat commence, quand mon adversaire prend la garde d’un boxeur, puis avance avec de petits en me balançant des « jabs » pour garder la distance. Son allonge me pose pas mal de soucis. Lorsque je prend le risque de passer en-dessous, comme avec le gros, bien entendu ça ne se passe et je me prend un énorme coup de pied retourné - que j’encaisse en parti avec mon bras que j’ai placé comme bouclier - qui m’envoie à mon tour violemment contre le mur.

    « Je ne pensais pas trouver quelqu’un d’aussi fort dans le lot… Dis-je à genoux, complètement dépassé. »

    Je suis bien trop faible pour tenir un combat sur la durée, alors sans plus attendre j’utilise subtilement un petit soru qui me permet d’être derrière le bodybuildé, et de là, je lui fous mon pied dans ses bijoux de famille. À présent sur les rotules, je m’empresse de lui coller un coup retourné en pleine face qui l’envoi valser quelques mètres plus loin. Je fixe ardemment les trois autres restants, affichant fièrement un sourire machiavélique qui les fait fuir. Fier de moi, je me retourne et constate que Mich se trouve juste derrière moi. Est-ce réellement moi qui les a effrayé ?

    « - Allons nous rafraîchir, on l’aura bien mérité ce coup-ci.
    - Ça, j’te l’fais pas dire mon p’tit gars ! »

    On s’assied à notre place habituelle, Mich nous prend nos verres, et comme d’habitude, on discute et on attend que les choses se passent. Tout semble se dérouler comme les trois derniers jours, sauf que cette fois-ci, je me sens clairement observé. Serais-je devenu paranoïaque ? Je ne sais pas pour l’instant. Je suis plutôt du genre à garder la tête sur les épaules et rester calme à toute épreuve, ça me surprendrait de perdre le contrôle de mon esprit. Quoiqu’il en soit, la journée s’achève comme à son habitude : à essayer de dormir dans notre étroite ruelle.
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    Cinquième journée.

    J’ai chopé un bon vieux rhume. La faute au froid nocturne, mon corps n’est certainement pas habitué à dormir à la belle étoile, non. Je suis bien loin de mon confort habituel, un lit douillet, une bonne couette, le navire tanguant qui me berce quand nous voyageons et, sans doute ce qui me manque le plus à l’heure actuelle, la merveilleuse et fantastique cuisine de mon ami Daniel. Bon dieu ! Je n’aurai pensé un seul instant qu’il me manquerait autant celui-là.

    « Au secours ! » Crie certainement une femme en détresse.

    Mich et moi cherchons la provenance de cet appel à l’aide, assez difficilement, d’autant plus que personne aux alentours ne semble s’inquiéter. On court. On scrute les environs. Là ! Les cris proviennent de cette ruelle. J’ai une drôle de sensation avant d’y entrer. Personne autour n’a réagi, comme si c’était courant, le genre de traquenards, d’attrape-touristes que tous les locaux connaissent…


    « Mich ! Demi… T… Trop tard. »

    Trois types nous bloquent le passage avec des armes à feu en main. Ils nous indiquent le chemin à suivre jusqu’à leur supérieur.

    « Bien le bonjour, messieurs. Vous semblez dans une sale état, alors je vous propose - bien que vous n’ayez plus le choix - une vie certainement un peu moins minable : une vie d’esclave pour nos maîtres vénérés. »

    C’est une blague ? Je suis sensé accepter ça ? Je pensais tomber sur des pirates, mais des esclavagistes, c’est une première ! Au moins la couverture marche bien si l'on nous prend pour des clochards désespérés. Alors les regards que je sens posés sur nous depuis quelques jours, ce sont eux ? On s’échange un regard avec Mich, toujours son regard rempli de détermination, j’aime ça. Et c’est reparti pour un tour. Chacun son mec, celui du milieu se prend un double chassé pour le tenir à distance le temps qu’on s’occupe des deux autres. Mich s’en va ensuite s’occuper du dernier tandis que je me retourne vers notre interlocuteur. Tout cela me semble bien trop simple.

    C’est pas peu dire quand je vois arriver des renforts de part et d’autre. Là, cette fois-ci on se rend pour de bon avec mon collègue. Il me chuchote d’ailleurs qu’on devrait annuler la mission et faire signaler notre position au vice-amiral, qui grâce à ses facultés, pourrait assez facilement nous retrouver. Je lui propose de patienter un peu. Pourquoi ? Seulement mon instinct qui me dit d’attendre. Mis à genoux, nous restons dociles pendant qu’on nous attache les mains, et au moment de repartir, du bruit semble de tous les côtés. La masse d’hommes de mains nous bloque la vue, alors on ne voit rien, mais ça semble se battre. Salem et Yamamoto seraient venus sans qu’on ne l’ai signalé ?

    Je me demande ce qu’il se passe jusqu’au moment où je vois les yeux de Mich s’écarquiller et qu’une giclée de sang se pose délicatement sur mon visage. C’est une véritable boucherie. Quelques clignements des yeux et nous ne sommes plus que trois, Mich, l’esclavagiste, puis une troupe d’hommes que je ne connais absolument pas. Une chose est sûre, mon comparse et moi-même en avons conscience, c’est que nous n’avons pas affaire à une bande d’amateurs. Serait-ce la fameuse cellule de la révolution ? Ils prennent le mauvais garçon teneur d’esclaves et s’en vont.

    « Attendez ! M’exclamé-je. Qui êtes vous ? 
    - Crois-moi mon garçon, il y a des choses que tu n’as pas envie de savoir.
    - Pour qui me prenez-vous ? Je vous en dois une sur ce coup. Puis j’ai aussi envie d’éradiquer tous ces types qui se prennent pour les seigneurs du monde, et ce, qu’importe leur rang, leur camp, leur fortune… Alors qui que vous soyez, ne me laissez pas ainsi.
    - Des paroles pleines de sens. Dit le seul qui m'adresse la parole, après concertation avec d'autres. Ils semblent surpris par ma demande. Nous vous recontacterons.
    - Mais… Ils ne sont plus là. »

    On pourrait les suivre, mais ça gâcherait notre chance de pouvoir les contacter de nouveau. Je ne sais pas s’ils étaient les personnes qui nous suivaient, peut-être ne le saurais-je jamais, à voir avec le temps. Je ne sais pas non s’il s’agit de la révolution, j’attend seulement avec impatience qu’ils me contactent.




Dernière édition par Ethan R. Levi le Mar 13 Sep 2016 - 22:57, édité 1 fois
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    Septième jour.

    À l’issue de cette journée, si nous n’avons rien de concluant, je pense sérieusement abandonner. À quoi bon errer dans les rues et risquer de mourir chaque jour en vain ? Je vous avouerai que ça serait un terrible échec pour moi, mais la vie de Mich vaut à mon sens bien plus que ma fierté d’homme. Je ne le connaissais pas vraiment avant, je savais qu’il appartenait à l’équipage mais sans plus. C’est un bon gars, un bon gars que j’ai appris à respecter et à apprécier au fil de la semaine. Beaucoup de principes à transmettre aux jeunes délinquants.

    Il ne rechigne pas, ne se plains pas et fais toujours tout ce qui doit être fait, un vrai soldat. Et le top, c’est qu’il hésite encore moins que moi pour cogner, sans doute un aspect important chez l’élite. En y repensant, c’est une faction de la marine qui m’aurait certainement plu, mais maintenant que je suis chez la régulière autant poursuivre. De toute manière, à force de trainer avec autant de fous de l’élite, je vais forcément en devenir dans les faits.

    Depuis l’incident avec l’esclavagiste, les rues sont plus calmes et nous avons passés les deux jours les plus agréables de la semaine. Enfin peut-être ennuyants finalement, absolument rien ne se passe.

    « - Ça fait deux jours, tu penses vraiment qu’ils vont nous contacter ?
    - Je ne crois pas grand chose pour tout avouer. Dans ma tête, il est même question d’annuler la mission quand la nuit tombera.
    - Ton infiltration, tes décisions. »

    Toujours les bons mots.

    La nuit tombe. La mission est de toute façon foutue pour moi, alors je propose à mon ami de prendre un dernier verre avant de rentrer. J’espère sans doute inconsciemment que quelque chose se passe. On prend tranquillement nos verres, on trinque, puis on boit. Étant la dernière fois, on se permet même d’en prendre d’autres, autant tout dépenser.

    «  Messieurs ? Puis-je m’assoir ? »

    Un type totalement banal vient nous interrompre dans notre discussion de saoulards. Quoiqu’il est bien coiffé et plutôt bien habillé quand je regarde d’un peu plus près, mais sinon assez lambda. Un échange de regard se fait avec Mich, on lui fait signe de s’installer et nous l’écoutons.

    « - Bonsoir, je suis Mark Van Desvolt, investisseur immobilier.
    - D’où la tenue. Fait justement remarquer Mich. L’homme acquiesce simplement.
    - Quelle est la raison de votre venue ? Je ne crois pas que l’on ai fait appel à vos services.
    - Dormir dans les sombres ruelles n’est pas très sûr, vous le savez mieux que quiconque ? Dit-il en approchant sa tête, baissant ses lunettes et effectuant un clin d’oeil. Suivez-moi, j’ai quelques lotissements à vous montrer. »

    Ça se dessine dans ma tête. Ce types ou peut-être quelques-uns de ses camarades nous ont observés, puis sauvés quand notre situation était désespérée, afin que nous les voyons comme de véritables héros anarchistes souhaitant renverser le système actuel. La comédie doit être parfaite. Je regarde Mich d’un surpris, il me fait signe de le suivre, jouant à la perfection son rôle du type qui n’a peur de rien. On suit notre investisseur préféré qui nous emmène dans un lieu plutôt aisé, là où se trouvent de belles bâtisses, bien au-delà de nos prétendus moyens.

    « Entrez, je vous en prie. »

    Je le regarde d’un air hésitant, du style « vous êtes sûr ? », mais il insiste. Quelle demeure ! Elle ne rivalise pas avec celle de mes parents, en même temps difficile de mieux faire, mais c’est tout de même impressionnant. Je commence même à me demander si on ne s’est pas foutu dans une mouise encore plus grande. Un recrutement d’esclaves améliorés ? Prions pour que ce ne soit pas le cas.

    « Suivez-moi, j’aimerai vous présenter à quelqu’un qui a des choses à vous dire. »

    T’inquiètes pas, on te suivra aussi loin que tu nous mèneras. Nous montons d’élégants escaliers qui nous mènent face à une très belle porte. L’investisseur nous l’ouvre et nous fait signe d’y entrer. Une grande salle, une immense table ronde avec des personnes autour, deux chaises vides en face de nous. Ce sont les informations que j’ai pu immédiatement traiter en entrant dans la pièce. C’est d’ailleurs assez sombre, je ne parviens pas distinguer tous les visages, encore moins celle de l’homme se tenant de l’autre bout de la table. On s’assied et on écoute.

    « - Bonsoir messieurs, bienvenue chez nous…
    - Chez vous ? Interrompt Mich.
    - Où sont passées tes bonnes manières ? Laisse-le terminer. Lui lancé-je toujours en continuant de jouer la comédie.
    - C’est assez délicat de se présenter vue notre situation, je reste toujours un peu sceptique. Appelez-moi simplement Noah, je suis le chef de ce… Réseau d’hommes qui oeuvrent pour la paix des plus démunis, comme vous il me semble.
    - Je tiens d’ailleurs à vous remercier pour votre sauvetage de la dernière fois. Sans rien dire, Mich acquiesce à son tour.
    - Ne me remerciez pas, c’est normal. D’ailleurs, j’ai cru comprendre que vous souhaitiez combattre ces mauvaises personnes. Pourquoi ?
    - C’est délicat… Mich croise les bras et baisse la tête. Enfants, nous vivions dans un village quelque part sur Grand Line. Pardonnez-moi, je n’ai jamais connu le nom de cette île, nous étions bien trop jeune quand… Je tente d’afficher une mine triste. Quand une bataille entre des pirates et la marine commença. Des deux côtés, ils se fichaient totalement des innocents civils autour. La bataille fut d’une telle ampleur que le village entier n’existe désormais plus dans aucune carte. Disparue. Comme si elle n’avait jamais existé. Avant de se faire prendre à leur tour, nos parents nous jetèrent sur leur petite embarcations de pêcheurs, jusqu’à ce que nous tombions sur une île, puis encore une île… Le temps passa, nous continuons de grandir, nous enchainions les voyages, puis nous échouions sur cet archipel des années plus tard. Nous vouons une haine incommensurable envers cette société, mais nous n’avons ni les moyens, ni la force d’agir… »

    Les hommes se concertent tous.

    « Messieurs, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer. Nous restons à l’écoute. Nous sentons votre détermination et elle nous sera utile. Des places se sont libérées récemment, alors je vous en prie, acceptez de combattre dans nos rangs, et ensemble combattons cette gangrène qui ne cesse de se développer. »

    Sans prendre la peine de nous concerter, nous acceptons bien évidemment l’offre. Pour cette nuit, nous logeons au sein de ce merveilleux domaine. Enfin une bonne douche, un lit douillet, de la bonne bouffe… Avant de dormir, je passe ma tête par la fenêtre et d’un air pensif, je murmure à voix haute.

    « Dieu n’oublie pas ses enfants. »

    T’as pas plus débile pour la prochaine fois, Salem ? J’espère qu’il ne dort pas, parce que même s’ils sont certainement pas du genre à rester sur place, ce domaine ne peut être que leur QG, ou alors ils disposent de bien plus de moyens qu’on ne l’imagine.
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    « Quand est-ce qu’on commence ? Balancé-je innocemment. »

    Les types avec qui nous avons sympathisé se mettent à rire.

    « - Haha la jeunesse à soif d’action !
    - Noah, le boss, disait hier que l’on servirait à la cause, non ?
    - Sérieusement, tu n’as pas vraiment cru qu’il s’agissait du boss, hier ? »

    Ils se remettent à pouffer de rire une nouvelle fois. S’ils ne s’arrêtent pas, je vais vraiment finir par griller ma couverture et me les faire tous en même temps… Heureusement, Mich me calme d’une main à l’épaule, je dois conserver mon sang froid. Je me sens un peu con du coup, s’il ne s’agit pas du boss, ça ne nous avance pas autant que je l’aurai imaginé.

    « - Il s’est présenté comme tel, je n’ai fait que naïvement croire mes camarades en qui j’ai confiance, même si ce n’est visiblement pas le cas de tous.
    - C’est qu’il a les réponses qui fâchent, le p’tit.
    - Vous êtes bons pour détourner l’attention. Soit, vous ne nous faites pas totalement confiance, c’est normal. Mais quand allons-nous pouvoir vous prouver notre fidélité ?
    - Ne sois pas si impatient, mon p’tit gars. Nous allons devoir vous former tous les deux, suivez-moi. »


    C’est le moment de sortir le grand jeu. Nous suivons notre instructeur jusque dans une cour où deux types nous attendent, et ce n’est visiblement pas pour nous regarder faire. Déjà en garde, prêts à en découdre, l’instructeur nous fait signe de commencer. Super l’accueil ici. Je n'ai pas spécialement envie d’être en formation pendant une longue durée, le temps nous manque cruellement.

    Face à mon adversaire, je lance l’offensive. Je diminue la distance qui nous sépare en quelques foulées, j’arme mon poing que j’envoi vers son visage, mais alors qu’il te tente de le bloquer, mon pied fauche violemment sa jambe qui le fait fléchir. Il se prend - cette fois pour de bon - mon poing dans la figure, suivi de mon fidèle coup de pied retourné de l’autre côté de son visage. Une giclée de sang s’échappe de sa bouche. Mich en a également fini avec son adversaire, nous ne sommes pas là pour rigoler. On se retourne face à notre instructeurs avec des regards de conquérants.
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    Je suis complètement lessivé. Je m’entraîne régulièrement, faisant toujours en sorte d’avoir des bons temps de récupération, mais là c’est un condensé de tout ce qu’on doit maîtriser normalement en plusieurs mois sans trop s’épuiser. Le style des révolutionnaires est vraiment propre à eux-même, tout est dans la subtilité et la discrétion. Heureusement pour moi, de part mon physique peut imposant, je me débrouille assez bien. C’est amusant. Ça m’amuse car cela me rappelle mes premiers cours au Q.G de St.-Uréa.

    Mich a un peu plus de mal. Faut dire ce qu’il en est, c’est plus une brute qu’autre chose, certes technique, mais bien plus véloce que moi par exemple. Quoiqu’il en soit, une réunion est organisée dans la soirée pour les individus qui auront validés les items d’entraînement proposés. C’est d’ailleurs maintenant l’heure des résultats. Chacun son tour, nous sommes appelés les uns après les autres, une sorte de remise de diplôme à l’oral est effectuée. Les candidats non appelés sont naturellement éliminés et devront repasser lors de seconde session.

    « Ethan Springfield. Me lance l’instructeur en chef. Naturellement, ma famille est mondialement connue, alors j’ai tout simplement donné un faux nom. Reçu. Vos résultats, soit dit en passant, les meilleurs de la promo’, vous donne accès à la prestigieuse armée révolutionnaire. Conclu ce dernier en m’offrant une dague. »

    Tu parles d’une prestigieuse armée. En fin de compte, à mon sens, ce ne sont que des contestataires qui veulent renverser ce système - avec tous ses défauts - et instaurer leur idéologies. Un monde parfait voudrait que chacun puisse vivre à ses idéologies, et non subir celle d’un groupement d’individus, particulièrement l’élite sociale. Et naturellement, je n’admet pas tout ce que font mes employeurs, bien au contraire. Tout le monde a les mains sales. Tout le monde.

    Mich n’est pas reçu. C’est tout de même bizarre qu’il soit envoyé à la seconde session d’entraînement, ses résultats étaient plus que satisfaisants. Bon, il manque un peu de finessse, mais tout de même, c’est Mich. Cela complique légèrement les choses, mais je pense me débrouiller seul. J’attend la fin de la cérémonie pour rejoindre mon camarade et discuter avec lui de la suite des évènements. De toute manière, il n’y a pas tant de solution possible que ça. C’est assez simple en soit.

    « - Je te propose de m’attendre au bar. Si à la fermeture de celui-ci, je ne suis toujours pas revenu, retourne d’urgence au navire et envahissez ce lieu. Je ne vois pas pourquoi cela se passerait mal. Dans le cas où les choses prendraient une sombre tournure, je tiens à te dire que-
    - Évites. Très peu pour moi ce genre de discours solennelle. Dit-il en me coupant la parole, juste avant de s’en aller. »

    Me voici seul à présent. Et comme dans toute institution où il y a des notations, de la « concurrence », je suis vu par certains comme l’homme à dépasser par tous les moyens. Je le vois à travers certains regards qui me sont hostiles. Je monte à l’étage, un grand salon donnant l’accès à une belle terrasse dans laquelle je me pose en attendant le début de la réunion. Un des types de la promo, Bertrand, se pose à côté de moi. Il est assez timide, peureux, j’ai dû l’aider à maintes reprises pendant les entraînements. Depuis, ce dernier n’a de cesse de me remercier pour l’aide, chose que j’ai fait naturellement, n’attendant aucun remerciement en retour.

    Le temps passe tout de même bien plus vite à deux. La réunion va débuter.

    J’ai bien envie de dire à mon nouveau camarade d’aller voir ailleurs, j’ai besoin d’être complètement seul pour écouter ce qu’il se dit derrière cette foutue porte. Je dois réfléchir et vite, la moindre parole est une information importante que je ne dois pas manquer.

    « Bertrand… J’ai besoin d’être seul pour le moment. Dis-je d’un air à la fois fatigué et désemparé. Je te rejoindrai une fois le vide fait dans ma tête. »

    L’étage est à présent vide. Faut croire qu’il n’y a pas beaucoup de curieux ici, c’est pourtant intéressant d’écouter derrière les portes.

    « Bonsoir chers frères, car en effet, c’est ce que vous représentez pour moi à présent. La réunion du jour consistera à vous dévoiler la suite de nos opérations. »

    L’homme se présente comme étant un valet de la révolution. Sans plus attendre, il informe ses camarades de la mission qui aura lieu demain. L’idée est de libérer les esclaves avant qu’ils ne soient vendus lors de l’enchère plus tard dans la journée. Le tout se fera discrètement, avant même qu’ils n’atteignent l’enceinte de la vente aux enchères. La cargaison passera dans une route déserte, choisie justement pour sa discrétion, mais sans compter sur le réseau d’infiltrés de la révolution, qui se trouve même dans l’organisation du transport de marchandises. Ça aide un peu. Je tente de retenir le maximum d’information possible. Chose qui aurait été plus simple avec Mich, mais je vais devoir sans lui pour cette fois, il en a déjà suffisamment fait.

    En arrivant sur les lieux, je constate malheureusement qu’il est fermé. Je commence légèrement à paniquer, car si Mich est déjà à bord du navire en train de raconter à Salem et Yama que ma couverture est probablement foutue, j’imagine même pas la folie qui se passera dans la nuit. Je cours aussi vite que je peux pour tenter de rattraper le coup, quand soudain dans ma vision périphérique, une silhouette m’interpelle. Je m’arrête brusquement et m’aperçois que c’est justement l’homme de Yamamoto qui se tient les bras croisés contre un mur. Quelle surprise !

    « - Tu n’es pas sensé retourner au navire ?
    - Je me suis dit que la réunion prendrait un peu plus de temps que prévu
    - T’es un véritable génie ! Dire qu’au début, sans même prendre le temps de te connaître, je te prenais pour un peintre !
    - Pardon ? »

    Une longue et folle course-poursuite commence, Mich voulant à présent me refaire le portrait.

    Le temps des amusements fini, on se rend sans perdre plus de temps au navire. Au moment de quitter le groove, je m’arrête quelques instants, silencieusement. Le marine d’élite me demande s’il y a un problème. Mon visage commence à se durcir, je sens quelque chose qui n’annonce rien de bon. Une personne nous suit depuis le début, sa filature n’est d’ailleurs pas bonne du tout, mais il n’empêche que nous sommes suivis et que pour nous, jeunes révolutionnaires, il est formellement interdit de quitter le groove. Si l’on apprend que je l’ai quitté, mes jours risquent d’être compté, ou du moins ma couverture sautera.

    Je disparais du champ de vision de Mich et l’inconnu mystère. Paniqué, il se retourne pour prendre la fuite, mais c’est là qu’il se heurte à mon poing qui le met à terre. À la surprise générale, quand sa capuche tombe au moment de sa chute, je m’aperçois douloureusement qu’il s’agit de Bertrand. Que fait-il ici ? Je lui ai pourtant demandé de rentrer à l’appartement.

    « - Pourquoi me suis-tu, Bertrand ?
    - Qu… Qu’allais-tu faire en-dehors du groove ? Il est pourtant formellement inter-
    - Réponds à ma question.
    - Tu… Tu étais bizarre tout à l’heure, j’ai eu peur que tu fasses une bêtise. Et cette technique de déplacement, c’est… Ne me dis pas que… Pourquoi me l’avoir montré ? Vas-tu me…
    - Il semblerait que tu sois bien plus perspicace que je ne l’aurais imaginé.
    - Nos discussions sur ce monde, tes pensées, tes idées, tout ça n’était que mensonges ?
    - Aucunement. Seulement, je dois suivre des directives pour le moment. Un jour viendra où je pourrais agir librement. Tu en sais trop à présent, que ce soit sur mes projets futurs et personnels ou mon camp actuel. Je le regarde une dernière avant de fermer les yeux. Adieu, Bertrand, tu fus une belle rencontre. »

    Je ne prend aucun plaisir à devoir faire ça, mais je n’ai pas le choix. Le laisser en vie me met en danger. Je tiens fermement la dague donnée plus tôt dans la journée, et d’une grande vitesse de déplacement, je tranche la gorge de mon ami qui est resté assit, avant de se laisser tomber vers l’arrière quelques instants après. Du sang, son sang sur mon visage, je le regarde péniblement se vider de son sang. Je hais définitivement cette société, que ce soit le gouvernement, la piraterie ou la révolution, je vais finir par tous les décimés s’ils continuent de m’obliger à prendre ce genre de décisions. Je laisse la dépouille de mon défunt camarade en plein milieu de l’allée. Après tout, ce n’est pas comme si c’était la première qu’une telle chose se produit.

    « Facile », pensez-vous. Non. Cet acte me terrorisera quand la mission sera achevée, mais je ne dois n’avoir rien d’autre en tête jusque-là, je dois impérativement agir comme un parfait soldat. Je ne prend pas la peine de me retourner une dernière fois, ça me ferait bien trop mal, je poursuis ma route jusqu’au navire sans un mot. Mich semble comprendre que ses questions n’auront pas de réponse. Des gouttes s’échappent malgré tout de mes petits yeux. Je tente de rester fort mais faut croire que je ne serais jamais comme ces tueurs sans coeur.

    Une fois au navire, Salem nous attend aux côtés de Yamamoto. Il se fait pourtant tard, je suis quelque peu surpris de leur présence.

    « Messieurs, il y a beaucoup à dire. »


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