Routine

- « J’ai entendu Ketsuno parler tout à l’heure après qu’Ethan soit partie. T’es pas un peu trop obsédé par cette affaire de révolutionnaires ? Y’a généralement que des pirates sur cet archipel. »

- « Oh, c’est toi Koko ? »

J’eus un sourire en l’observant pendant quelques secondes, avant de tourner mon regard vers l’horizon où la mer s’étendait à perte de vue. La jeune blonde ajusta sa jupe et posa ses fesses à mes côtés. Sans rien ajouter sur le moment, elle sortit un paquet de clopes et en planta un entre ses lèvres. Elle m’en proposa un, ce que j’acceptai volontiers, non sans dire : « T’étais pas sensée arrêter de fumer, toi ? » Je n’eus pour réponse qu’un simple haussement d’épaules, avant qu’elle n’actionne vite son briquet pour allumer nos cigarettes. L’instant d’après, nous profitâmes au même moment d’une bonne taffe, les regards presque dans le vague. J’aimais bien ces moments de répit. Le calme avant la tempête, sans doute. Puis cinq bonnes minutes passèrent. Avant qu’on ne reprenne tous les deux une nouvelle clope comme si de rien était. Au bout de la cinquième, soit je ne sais combien de temps après, elle reprit la parole :

- « T’es trop excessif. Et si jamais Ethan trouve rien ? »

- « C’est ce gars qui nous a raconté son histoire qui va morfler alors. Mais je doute qu’il ait balancé de mauvaises inf-»

« C’est bien ce que je disais ! » Coupa aussitôt Koko. « T’es trop excessif. C’est pas ça qui va la faire revenir à la vie, Salem… »

J’aurai pu m’énerver suite à l’allusion faite à ma défunte épouse, mais rien à faire. Aux côtés de la cuisinière, je n’y arrivais pas. Et puis, elle me connaissait bien depuis le temps. On échangeait pas mal de temps en temps. C’était un peu ma confidente, ma sœur, un truc du genre. La seule meuf que je n’avais jamais draguée. Sans doute parce qu’elle était déjà fiancée, bien qu’elle n’en parlait presque jamais. « Hormis ce que tu penses, ce sont tout de même des hors-la-loi qu’il faut arrêter. Ne te méprends pas. » En vain. La gueule presque blasée de mon interlocutrice me montrait qu’elle avait du mal à avaler mes prétextes et excuses. Ça en devenait presque flippant de voir à quel point elle me cernait, cette gamine. Bien mieux que Ketsuno peut-être. Elle finit par reporter son regard droit devant et releva ses genoux qu’elle entoura de ses bras comme pour se recroqueviller sur elle-même. La brise était fraiche.

- « Enfin… En plus du fait que tu ais raison sur le premier point, je suis sûr que je prêche dans le désert, non ? »

- « Faut bien faire le boulot que ces cons refusent de faire ici. »

- « Ce sont des excuses pour te donner bonne conscience. Tu veux juste buter un bon nombre de révos et ça, on le sait tout le deux. »

- « T’étais révolutionnaire avant ?! Vu comment tu les déf… Aïe ! »

Sans hésiter une seule seconde, la jeune blonde tira l’une de mes joues avec force, non sans rougir. Cette petite boutade devait lui rappeler son passé de pirate. Une histoire qu’elle avait fini par m’avouer, mais que je savais déjà. C’est depuis lors que notre relation avait dépassé le simple stade de supérieur à subordonnée. Elle était devenue une amie. L’une des rares que j’avais. La plupart des jolies femmes que je côtoyais finissaient dans mon lit… Enfin, ça c’était avant surtout. Maintenant, j’avais plus ou moins changé. Je ne comptais qu’une seule aventure depuis le début de l’année, là où j’enchainais dix voire vingt… On peut dire que j’ai été longtemps un cas et que je me suis pas mal cherché. Enfin… Personne n’avait encore réussi à remplacer Aisling dans mon cœur. Shaïness avait été à deux doigts de le faire, mais avec sa soudaine disparition, j’avais fini par conclure qu’elle était morte quelque part. Peut-être.

- « Chef. »

Mais alors que je me débattais pour essayer d’arrêter Koko qui martyrisait ma joue, trois éléments surgirent de nulle part, derrière nous. Il s’agissait de Toshinori, un commandant d’élite, Hermest un lieutenant-colonel et la belle Clara qui n’en finissaient plus de faire tourner la tête de plusieurs éléments de ma flotte. Une rouquine plutôt bien foutue, ma foi. Mais là n’était pas le plus important. En me retournant vers eux, je pus constater qu’ils avaient une mine des plus sérieuses. Koko qui sentit la même tension dans l’air, finit par lâcher ma joue et se leva carrément. Comme si elle sentait l’embrouille venir de loin. Enfin, l’embrouille… C’était vite dit. Disons qu’en sondant rapidement leurs esprits grâce à mon haki, je pus savoir ce qu’ils attendaient de moi. En fait, n’importe quel supérieur de mon calibre l’aurait plus ou moins deviné. Je finis par me lever à mon tour, avant de croiser les bras sur mon torse :

- « Alors ? »

- « Lorsque vous nous avez recrutés, nous avons adhérés à tous vos idéaux. » Me répondit un Toshinori serein.

- « Et ? Vous regrettez déjà d’être sous mes ordres ? Vous voulez une mutation ? »

- « Votre force est un point d’interrogation pour nous. Vous êtes peut-être un vice-amiral qui jouit d’une importante renommée, mais nous ne savons pas jusqu’à quel point vous êtes puissant. »

Je tournai ma tête vers Koko et nous échangeâmes un regard bref, avant qu’elle ne finisse par soupirer et s’éloigner doucement.

- « Je suis pas concernée par tout ça… » Qu’elle finit même par dire. De quoi m’arracher un petit sourire.

- « Donc ? Je suppose que vous voulez me défier pour avoir une idée de ma force, alors ? »

- « Oui s’il vous plait. Et je serai le premier. »

- « Oublie. Vous venez tous les trois. Sinon c’est pas marrant ! »

- « QUOI ?! M- »

Ma lame dégainée à la vitesse de la lumière et placée contre la grosse poitrine de Clara acheva de la faire taire. Sur le moment, elle eut même des sueurs froides. Et pas qu’elle seule. Les deux autres aussi. Le geste avait été bien trop rapide…

- « Surtout, vous gênez pas. Allez-y à fond. Comme si vous vouliez me tuer. Une objection ? »

Un moment de silence plana, puis…

- « Aucune… » Acheva un Hermest souriant, visiblement excité par ce qu’il venait de voir.

Je disparus d’un soru pour réapparaitre à cinq mètres d’eux, puis je dégainais ma lame d’un air nonchalant.

- « On peut y aller ! »

Sans attendre une seule seconde, Clara fonça sur moi en première. Pas de concertation entre eux ? Voilà qui était bien étonnant vu ce qu’ils venaient de voir. M’enfin bon. Même comme ça, c’était sans doute bien plus intéressant. La rouquine passa ses mains dans ses poches et les ressortit armées de poings américains avec des pics. Une mesure contre ma lame, sans doute. Peut-être aurais-je dû ne pas la dégainer, mais bref… Peu importe. Place à l’action ! Une fois près de moi, la jeune fille commença à enchainer punchs sur punchs. Pas mal pour une gamine de son âge. De son rang aussi. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle était costaude. Sauf que voilà, si elle était forte, j’étais monstrueux ; car c’est avec nonchalance que j’évitais ses nombreuses attaques. L’enchainement dura plus d’une minute sans qu’elle ne se décourage une seule seconde. Brave petite. L’ayant en estime, je décidai de faire usage de ma lame pour contrer l’un de ses poings. Mais une fois en contacts, Clara eut un sourire. Et pour cause : Une onde de choc se déclencha sans que je ne puisse faire grand-chose. Elle me propulsa à deux bons mètres d’elle, carrément. Je ne savais pas ce qu’elle avait fabriqué, mais elle devait avoir réussi son affaire, vu son sourire.

D’ailleurs, y’avait un zigoto qui se trouvait dans mon dos, et pas le moindre : Toshinori en personne.

Ce dernier fit usage de sa naginata sans la moindre hésitation. L’objectif ? Bah, me décapiter quoi. Sauf que d’un soru effectué à la dernière seconde, j’évitai son coup et me retrouvai derrière lui avant de lui foutre un coup de pied au cul. Koko qui regardait le combat de loin eut un petit rire moqueur malgré elle. C’est que je ne fournissais presque aucun effort. Pas de quoi dissuader la belle Clara de venir une fois de plus enchainer ses poings. Une vraie pugiliste la lieutenante. Curieux de voir encore ce qu’elle m’avait fait précédemment et de comprendre le principe de cette technique qui m’avait échappé, je contrai une nouvelle fois l’une de ses droites avec mon sabre. Cette fois-ci, je sentis des vibrations irradier mon épée et ma main qui la tenait sans pour autant sentir une quelconque douleur. C’était juste désagréable. Un peu comme une onde de choc à très faible dose. Mais perdu dans mes pensées, rebelote : L’attaque me fit valser sur quelques. Rien de renversant. Sauf que Hermest, le troisième gars de cette bande de joyeux lurons fonça également sur moi. Il était temps. J’eus un sourire en le voyant arriver, mais un sourcil levé lorsqu’un voile noir très distinctif se mit à recouvrir ses poings. Haki de l’armement hein ? Eh bien…

J’avais des éléments très prometteurs.

Sans me défiler, je restai figé sur place en plaçant une main sur ma hanche. J’aurai pu adopter une posture de combat, mais il ne servait à rien de faire semblant. L’idée était de leur montrer que j’étais fort. Très fort. Leur requête pouvait sembler amusante, mais elle ne l’était pas. Ni pour eux, ni pour moi. Ceci dit, si je ne me débarrassais pas de mon indolence lors de cet affrontement, c’était bien parce qu’il fallait leur montrer l’écart entre nous et dissiper tous les doutes qui parasitaient leurs esprits pour qu’ils travaillaient correctement sous mes ordres. Pis, quelque part, ça me permettait moi aussi de bien les jauger. Avec le sourire, Hermest se mit à me foutre des droites comme Clara. Sauf que les siennes étaient bien plus percutantes. Une vraie furie. Gauche, droite, uppercut, crochets en tous genres… Tout y passait. Mais je les évitais sans trop faire d’efforts. Ceci dit, je trébuchai sur une partie humide du gazon de notre terrain d’entrainement improvisé, ce dont le lieutenant-colonel profita pour me foutre un coup de poing bien senti dans la gueule qui précipita ma chute. Il en fut même ravi. Mais comme si de rien était, je fis aussitôt un saut carpé, avant de me tâter la joue touchée et la mâchoire. Le tout sous ses yeux ahuris.

- « T’es vraiment étonné, là ? »

Hermest n’eut qu’un sourire en guise de réponse, alors que le vieux Toshinori revenait à la charge dans mon dos. Même sans mantra, je l’aurai grillé. Il fallait avouer qu’avec l’ouïe fine de bretteur que j’avais, entendre la lame de sa naginata fendre le vent n’était pas chose difficile à capter. Une situation dont profita aussi Hermest pour me foutre un coup de poing. Résultat : Soru. Tout simplement. J’aurai pu les bloquer de chaque côté, mais je préférai la solution de facilité. Disparaitre. Mais comme si Clara était dotée elle aussi du mantra, celle-ci s’était élancée dans une direction, au hasard, attendit que je réapparaisse pour me foutre une grosse beigne en pleine gueule, le tout agrémenté de son pouvoir chelou qui me fit basculer jusqu’à un arbre que je heurtai de plein fouet. Enorme de sa part ? Ouais carrément. Si bien que l’assistance en fut médusée. Ceci dit, la surprise fut encore plus grande lorsque je m’étais aussitôt relevé. L’une des piques de ses armes avait bien gratté une partie de ma lèvre inférieure qui saignait légèrement. Du sang hein ? Pour la plus faible du groupe, elle pouvait en être fière d’elle. Peut-être que je devais les considérer un peu plus sérieusement ? Mais pour l’heure, j’allais me cantonner à la défense, comme d’habitude.

- « A ce rythme-là, on va y passer toute la journée ! Qu’est-ce que vous attendez ?! »

De quoi les titiller encore un peu plus.

Cette fois-ci, ce fut Toshinori qui initia la première offensive. Il leva son arme un peu plus haut et l’agita dans le vide avant de déclencher une lame d’air qui fonça vers moi et menaça de me hacher menu. Mais cette lame d’air était trop faible. Presque instable, si bien que je la contrai d’un revers de ma propre lame sans aucun effort notable. L’homme eut alors un sourire et me chargea à son tour. Une confrontation directe. En venant sur moi, j’eus la surprise de voir ses avant-bras et sa naginata toute entière virer au noir. Lui aussi possédait l’armement. Incroyable ! Ces gars-là maitrisaient ce haki comme si de rien était alors que j’étais encore à la traine pour ma part… Presque frustrant. Aussi m’étais-je mis en garde cette fois-ci. Ma nouvelle posture arracha une mine surprise à tous ceux qui se tenaient là, combattants comme spectatrice. Toshinori faillit être décontenancé, mais eut un sourire avant de commencer à agiter son arme dans tous les sens une fois que je fus dans son champ d’action. Vu qu’elle avait une très longue portée, il essayait de me foutre un coup de loin en l’utilisant de toutes ses forces. Mais je la bloquai avec tout autant de force, ce qui avait l’art de le bousculer voire même de le déséquilibrer parfois.

- « C’est pas comme ça que tu vas réussir quoique ce soit ! »

Cependant, l’homme n’en démordait pas malgré mes piques. Il continuait de sourire. J’avais l’impression que plus le temps passait et plus ils étaient tous confortés dans le fait qu’il avait fait le bon choix : Me servir. Une très bonne chose, ça. Mais le combat n’était pas prêt de se terminer tout de suite. Tout dépendait de moi en fait, mais j’allais leur laisser le loisir de m’attaquer jusqu’à ce qu’ils soient fatigués. C’est à ce moment précis que je profiterais pour les mettre tous K.O. En attendant, je contrai une attaque très lourde, descendante, qui m’obligea à placer mon arme au-dessus de ma tête pour me protéger. Mais au moment même où je voulus dégager la lame de sa naginata, Clara apparut soudainement à ma droite, m’arrachant une expression à la fois surprise et amusée. Malgré mon mantra, je ne l’avais pas du tout senti arriver ! Elle déclencha l’un de ses fameux poings que je bloquai à l’aide de ma main de libre, bien stabilisé sur mes jambes. Si son pouvoir n’eut pas d’effets escomptés cette fois-ci, elle enchaina tout de même avec un coup de pied que je contrai grâce à mon tibia. Sans défense et comme par hasard, Hermest fit son apparition à ma gauche et me porta un gros coup de poing recouvert de haki au flanc gauche.

- « OH PUTAIN ! »

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça faisait plutôt mal ! Il cognait fort le petit. Je m’étais presque tordu sur moi-même, tel un contorsionniste, grinçant des dents et grimaçant de douleur. Mais le plus gros vint du high kick de Toshinori que je mangeai en pleine face, avant de lâcher mon arme, de faire plusieurs rebonds au sol, avant de me cracher une nouvelle fois comme un arbre qui trainait pas loin de Koko qui me regarda avec une mine amusée, non sans se perdre dans un rire plus que moqueur. Travail d’équipe hein ? Ils m’avaient bien eu. Avec le nez qui saignait un peu et l’une de mes côtes que le petit retors d’Hermest avait sans doute fêlée, on pouvait dire que je n’en menais pas large. Je n’avais même pas remarqué que j’avais lâché mon arme dans tout ça. Arme que finit par récupérer Clara en vitesse, avant de la balancer avec force vers moi. Toujours au sol, je sentis l’épée fondre sur moi telle une lance. De quoi me pousser à me relever rapidement, à l’éviter avec grâce, avant de la récupérer dans l’écorce où elle s’était plantée profondément. J’essuyai le sang qui coulait sur ma gueule, avant de me tourner vers Koko. Devant ma tronche de constipé, elle eut un autre rire, avant d’allumer une clope qu’elle me passait et dont je profitai aussitôt.

- « Aaaaah… Ça fait tellement de bien ! »

Que fallait-il faire ? Lancer la contre-attaque ? Non. Trop tôt. Les faire danser ? Là, ouais. Pourquoi pas. Une petite réflexion qui m’amusa, avant que je ne lève mon arme au-dessus de ma tête, sourire vicieux aux lèvres. L’instant d’après, je l’abattis dans le vide devant moi, créant ainsi une grosse lame de vent qui fonça vite fait vers eux. Ne pouvant pas vraiment l’éviter, les trois officiers conjuguèrent alors leurs efforts pour la contrer et pour la dévier dans les airs. Un moment plein d’ouvertures que j’aurai surement exploité en combat réel. Mais je ne fis rien. Ce n’était pas le moment. J’avais encore envie de m’amuser avec eux, car c’est ce que je faisais clairement. Et puis, ça me changeait des entrainements bourrins que j’avais eus avec mon père quelques jours plus tôt sur les blues. Il m’avait bien défoncé celui-là ! Et ça se disait mon père hein ! Une pensée qui m’arracha un rire sous l’œil interrogatif de ma cuisinière plus que captivée par le combat. Me voir en joie comme ça, c’était sans doute ce qu’elle espérait du fond du cœur. Sans attendre plus longtemps, je décochai trois petites lames de vent, destinés à chaque adversaire que j’avais en face de moi, mais je fus étonné de voir qu’ils s’étaient presque facilement débarrassés de mes projectiles.

Bornés jusqu’au bout hein ? Maaaah… Ce genre de comportements ne me déplaisait pas vraiment.

Bien au contraire !

Souriant, j’usai tout de même d’un soru pour disparaitre de l’endroit où j’étais. J’étais bien trop proche de la p’tite Koko qui pouvait se manger une attaque, même si je savais bien qu’elle était assez forte pour esquiver. Je réapparus un peu plus loin, vers un mur d’une caserne annexe de la marine, autour de laquelle nous nous affrontions, avant de tirer une taffe de ma cigarette, pendant qu’ils me recherchaient visuellement. Lorsqu’ils me trouvèrent, ils se remirent à foncer vers moi. Mais un constat me frappa : A ce rythme, j’allais finir par m’ennuyer. Et puis, attendre qu’ils soient fatigués pour les achever n’était peut-être pas une si bonne idée que ça. Il fallait qu’ils ressentent ma puissance au sommet de leur force, histoire que le respect soit un peu plus consolidé dans leurs cœurs et âmes. C’était soudain comme volte-face, mais je venais de comprendre que j’avais pas le choix. Pis, j’aurai le loisir de tenir compagnie à Koko lorsqu’elle me ferait la cuisine, tout à l’heure, pour passer le temps. J’observai l’horizon d’un air rêveur pendant quelques secondes encore, avant qu’une lame ne fonce vers moi et ne dévie vers ma tête en quelques secondes. Le commandant d’élite à l’aide de sa naginata fut le premier à me défier une fois de plus.

Mais sans doute la dernière fois de cette journée un peu morte. Presque la routine, quoi…

En l’évitant, je répliquai cette fois-ci. Et la pointe de ma lame lui laissa une fine balafre sur la joue gauche. Etonné par cette prise d’initiatives, l’homme se braqua sur place, tandis que les deux pugilistes me prirent d’assaut par les flancs une fois encore. Mais une fois qu’ils furent sur le point de me toucher, un soru me sauva la peau du cul et les deux boxeurs faillirent se taper dessus. En attendant, je me retrouvai derrière le vétéran du groupe qui se retourna par reflexe et enchaina sur un balayage à l’aide de son arme. Je sautai tout bêtement pour éviter l’attaque et me tint débout sur la lame de sa naginata, comme si je ne pesais rien du tout. Deux ou trois pas sur la hampe et je lui flanquai un coup de pied bien senti qui l’envoya paitre plus loin. Ceci dit, les deux autres tentèrent une nouvelle fois leur chance en se ruant derrière moi lorsque je me réceptionnai au sol. Alors que Clara tentait un middle kick à l’aide de son pied gauche, Hermest qui avait récupéré l’un de ses poings américains, tentait un punch couvert de haki. J’encaissai alors leurs attaques de plein fouet, sans bouger, sans broncher et restai immobile pendant une bonne poignée de secondes. Devant tant de solidité, Hermest fut le premier à retirer promptement sa main.

Il avait senti le danger venir de loin.

Clara elle, s’y était prise trop tard.

J’avais chopé son pied, avant de commencer à rire en me retournant vers elle. Paniquée, elle enchaina un deuxième kick avec son pied de libre qui m’atteint à la tronche, sans aucune conséquence. Tout ce qu’elle réussit à faire fut de tomber bêtement. En matant sa croupe bien rebondie, j’eus envie de la fesser -Plutôt que de lui foutre un coup qui l’endormirait instantanément-, mais j’allais sans doute me faire taxer de pervers par les autres. Pis, j’imaginais pas les remontrances de Ketsuno quand elle saurait ça. Alors, plutôt que de la fesser ou de la taper franchement, je me mis à la trainer à même le sol pour m’éloigner d’un Hermest médusé qui ne savait pas trop quoi faire. Il était découragé le pauvre. J’avais encaissé sa meilleure attaque sans broncher et sans paraitre avoir mal. En vrai, il avait achevé de me casser une côte, mais c’était une blessure relativement gérable pour une personne de mon calibre. Ça faisait mal, mais pas au point de pleurnicher ou d’arrêter le combat. Pis, dans quelques temps, avec tous les médocs qu’on me donnerait, ça allait se ressouder tout seul. Une fois au bord de la mer, je soulevai Clara que je tenais toujours par la patte alors qu’elle se débattait comme une folle, puis je la balançai tout simplement à la flotte.

Très loin. A dix ou quinze mètres, sans élan et sans forcer. De quoi refroidir ses ardeurs pour un bon moment.

En attendant qu’elle émerge, je me redressai et me retournai vers Hermest. Découragé dans un premier temps, il finit par se reprendre et me chargea sans réfléchir. Alors que je fis de même, il finit par se bloquer à cinq bons mètres de ma gueule, puis il flanqua un gros coup de poing au sol. Son attaque retourna le gazon et la terre tout ça, de sorte à provoquer un écran de poussière conséquent qui envahit le coin. Habitué à la poussière, il m’attaqua de toutes ses forces. Mais quelques secondes après la multiplication de ses attaques, il dut se rendre à l’évidence : Cette poussière ne m’incommodait pas du tout et j’avais même bloqué toutes ses frappes à l’aide de mon glaive. Comment de la poussière pouvait-elle gêner un gars qui avait vécu dans le désert d’Alabasta pendant un bon moment ? « Bien joué, mais… » D’un sourire, j’utilisai le plat de ma lame pour lui flanquer un bon coup au bide. Il se plia en deux, cracha aussitôt du sang, avant que je n’utilise cette fois le tranchant de ma main droite pour lui assener une charge au niveau de la nuque. Il mangea violemment le sol, mais mordit sa langue pour ne pas tomber dans les pommes. Sauf que je levai un pied lorsqu’il voulut se redresser tant bien que mal, avant d’enflammer sa nuque une seconde fois.

Ne restait plus que le vioque.

Devant une scène qui montrait le gouffre qui nous séparait, le vétéran charitable comme on le surnommait eu un rire et passa sa paume droite sur son visage. Il voyait bien que je n’avais pas usurpé mon grade actuel. Ils furent nombreux, ceux qui eurent au moins une fois la pensée que j’avais utilisé l’influence de mon vieux pour me hisser là où j’étais. Croyance fausse. J’avais bataillé pour avoir ma propre force, pour me faire un nom et pour faire honneur justement à ce vioque qui devait encore avoir le sourire aux lèvres à l’heure actuelle. D’un soru, je me retrouvai près de Toshinori et lui portai un coup d’estoc qu’il bloqua in-extrémis grâce à la hampe de sa naginata. Mais sans lui laisser le temps de se reposer, je me remis à multiplier ledit coup d’estoc comme si je voulais lui perforer un membre ou un organe. Devant cette offensive à outrance, l’homme avait du mal à suivre. Son haki ne lui fut d’aucune utilité, puisque j’arrivai à loger la pointe de ma lame dans sa chair, avant de la retirer aussitôt à chaque fois que je réussissais à le toucher. Après une minute, je finis par briser son arme, carrément. Décontenancé, il voulut utiliser sa prothèse pour attaquer, mais je réussis à le faucher violemment, avant de m’asseoir lourdement sur son ventre une fois qu’il fut à terre.

- « Échec et mat comme on dit ! »

Je plaçai la pointe de mon épée contre son cou avant de me marrer.

Toshi eut également un sourire.

Défaite totale pour les trois zigs.

- « Koko, j’veux une clope ! »

- « J’en ai plus. »

- « J’ai faim ! »

- « Je sais. C’est bien pour ça qu’on repart au bateau non ? »

- « Je veux un bisou ! »

- « Raaaaah ! Tu m'énerves ! Va te faire foutre Salem ! »

Tandis que je tentais de lui faire un bisou alors qu’elle avait écrasé sa paume sur mon visage pour m’en empêcher, mes trois adversaires de tout à l’heure s’approchèrent de nous, puis se mirent au garde-à-vous. Clara avait une mine grincheuse, le corps tout mouillé et couvert d’algues en tout genre. Mais malgré ça, bon Dieu qu’elle était sexy. Avec ses gros boobs et ses hanches voluptueuses et tout. J’en baverais presque. Mais l’heure n’était pas au matage de formes. Vu leur gueule, je devinais d’avance ce qu’ils voulaient me dire. C’était d’un chiant…

- « Ooooh, c’est bon les gars ! Votre demande était légitime. Pas besoin d’excuses. Foutez le camp pour vous reposer un peu ! »

Personne ne put prononcer un mot. Même Clara qui était particulièrement à cran parce que je ne l’avais pas affronté sérieusement. J’aurai pu lui adresser quelques mots de réconfort, mais non. Pas l’envie. Et puis, elle le digèrerait toute seule comme une grande et comprendrait plus tard pourquoi je ne m’étais lâché avec eux. Si je tapais fort sur mes meilleurs éléments, comment pourrais-je effectuer des missions par la suite ? J’étais certes très fort, mais je ne pouvais clairement pas tout faire tout seul. Impossible. Et puis, si Ethan venait avec de bonnes nouvelles…

Ils auraient tout le loisir de se défouler sur des révolutionnaires ! Je n’en doutais pas une seule seconde !

Lorsqu’ils prirent la direction d’autres vaisseaux, je recommençai à embêter ma petite Koko jusqu’à ce que nous arrivâmes enfin à notre bateau. Si elle prit le chemin des fourneaux, je me retirai à l’infirmerie du cuirassé pour soigner mes petits bobos. L’affaire dura un quart d’heure, quand, à la sortie de l’infirmerie, un choc sourd ébranla le gigantesque navire. Les alarmes se déclenchèrent et je me précipitai au pont pour voir de quoi il s’agissait. Mais rien de très inquiétant ou de très grave. Juste un roi de mer de bas-étage qui s’était sans doute égaré de Calm Belt.

- « Un lapin des mers. Je suis sûr que vous aimeriez sa chair, amiral. En plus, il est facile à cuisiner. » Intervint Koko s’était approchée de moi et qui me vouvoyait lorsqu’il y avait beaucoup de monde autour de nous.

- « Oh ? Dans ce cas, il ne me reste plus qu’à l’abattre alors… » Qu’avais-je dis en enjambant le bastingage devant moi, lame à la main et sourire baveux aux lèvres.

Pas besoin de raconter la suite, non ?