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Le Culte

Parfois, je me pose sérieusement la question. A savoir si le hasard fait bien les choses ou, qu'au contraire, la vie n'est qu'une succession d'évènements se pouvant être aussi dénués de rapport et de sens les uns que les autres. Alors que je partais en direction de Saint-Uréa en quittant la petite ile où j'avais affronté les hommes de Davinson et libéré la jeune femme que l'on me sifflait dessus alors que je n'avais même pas parcouru cent mètres. Sur la plage se tenait -sac à la main- la dite femme. Une fois à bord de l'embarcation, très peu de palabres ne serait-ce que l'échange de nos prénoms et quelques petits détails concernant la facilité ou non avec laquelle elle s'était défaite de ma -notre, depuis peu- cible.

Je ne m'étais pas souvent rendu à Saint-Uréa par le passé, et la quantité de gens rien qu'en arrivant au port ne m'avait alors pas du tout manqué. Une ile si grande et autant fréquenté, ce n'est pas fait pour moi. Parfois, la tranquillité des terres de mon clan me manque terriblement. Une fois amarré, je prend la tête de la marche, ayant toujours en tête le trajet pour nous rendre au bureau des primes.


***

Le quartier dans lequel nous sommes n'est pas des plus nobles et l'empreinte de la misère est par endroits plus ancrée que d'autres. Mendiants, façades comdamnées et le sol mal pavé, sans parler de certaines patrouilles de Marines à la mine particulièrement ravie. Une fois la prime encaissée et le butin partagé, plus rien ne nous retenait elle et moi.

-Bon, il est temps pour moi de partir.
-De même.
-Je peux ravoir ma dague ?
Sans un mot de plus, la blondinette me lance l'arme. -Merci. Concluais-je avant de tourner les talons pour partir d'un pas lent à la recherche d'un endroit où dormir.

Mon dernier combat m'avait lessivé, et c'est plein d’entrain que je retournais au bureau des primes demander conseil quant à une bonne enseigne dans les environs. La meilleure, au vu de mon pouvoir financier du moment. Il y en a une pas très loin qui propose d'honnêtes chambres, endroit vers lequel je me dirige le plus vite possible. Trimballer cette armure est parfois vraiment inconfortable, il me faudra trouver une solution.

En arrivant près de l’hôtel, je peux voir un jeune garçon vêtu d'une modique robe et le crâne tondu en train de crier je ne sais quoi en s'agitant dans tous les sens. Je n'apprécie pas trop ce genre d'individu qui se donne en spectacle, surtout quand celui-ci vous attrape pour vous bassiner pendant trois jours. Fort heureusement que je ne mange pas de ce pain. Qu'il vienne et je le renverrai aussitôt prier et crier sur son trottoir. Mais, malheur, alors que je m'approche de la porte d'entrée de la taverne. Le garçon se met à crier après quelqu'un.

-Monsieur !

L'air de rien, je fais semblant de ne rien entendre pour arriver à la réception, toujours talonné par le gosse.

-Monsieur ?! Vous êtes s-
-Je me retourne et lui jette un regard foudroyant, les yeux planqués dans mes longs cheveux sombres et gras. Qu'est ce que tu veux ?
-Vous n'auriez p-
-Bon sang d'bonsoir ! Quand est-ce que tu vas comprendre que c'est pas une aire de charité, ici ?! Hurla un vieil et maigre homme plein de tâches de vieillesses qui déambula par une porte adjacente à la réception. A ces mots, le garçon prit les jambes à son cou en prenant soin de bien claquer la porte en signe de désapprobation. Il va me tuer un jour. Dit-il en le regardant détaler à travers la vitre. Lentement, il tâtonne sur le comptoir en bois sombre et verni pour prendre ses lunettes et me regarder ensuite avec ses yeux de mouche.
-Une chambre, un bain et un repas s'il vous plait.
-Nous ne servons pas de nourriture ici, Monsieur. La chambre sera un peu plus chère étant donné qu'une baignoire y est intégré. Cela vous va ?
-Oui. Lui dis-je en attendant les clés pour ensuite emprunter les escaliers d'un pas lourd.



Je ne sais pas quelle heure il est après ce profond sommeil. La seule chose m'étant acquise est cette énorme faim me tordant l'estomac. Une fois dehors, le soleil commence à se coucher. Alors que je tourne vers la droite en sortant pour emprunter le tournant, je me retrouve nez à nez avec une personne croisée tout à l'heure.

-Le Culte de la Miséricorde vous pardonnera de tous vos péchés ! Rendez vous dans l'église, en son centre et recevez la bénédiction de Siegfried !

Bon sang, encore un jeune endoctriné, me dis-je.

-Hey m'sieur ! Cria le garçon en robe croisé dans l’hôtel tout à l'heure. Z'aurez pas une pièce pour un garçon affamé ?
-Non. Que je lui rétorque en reprenant la route vers « Le Homard Fumant ».

Alors que j'arrive aux abords du restaurant, je me rend compte -avec stupeur et colère- que le gosse ne m'a pas lâché d'une semelle.

-Pas d'pièces mais ça va bouffer au Homard, hein !
-Par Asgeir, tu vas me suivre indéfiniment ?!
-Hein ? C'est qui Asgeir ? Me répondit-il la tête penché, d'un air interrogatif.

Par tous les dieux, il va me rendre fou s'il continue à jouer les pots de colle.

    Elle se réveilla en sursaut. Les trois coups frappés contre la porte de bois avaient résonné dans sa tête comme des impacts, rompant son cycle de sommeil à peine entamé. Klara se releva avec peine de son lit de fortune, tentant de replacer les derniers éléments dans l'ordre, comme à chaque réveil brut.  Elle se massa légèrement l'épaule sous sa tunique ; les bandages de fortune tenaient bons et la blessure ne s'était pas réouverte. Après s'être occuper de sa dernière prime et avoir partagé l'argent avec son partenaire du moment, ils s'étaient séparés et elle avait trouvé refuge dans ce qui était probablement l'une des pires auberges de l'île, mais l'une des meilleurs du quartier.  On retoqua une seconde fois. La personne n'eût pas le temps de finir de frapper ses habituels trois coups que la porte s'ouvra à la volée.

    - Oui?

    C'était le tenancier de l'endroit, un type a l'allure tellement quelconque que Klara l'avait presque oublié.

    - Alors, le bras? fit-il avec un sourire parfaitement hypocrite, tentant d'être aimable.
    - L'épaule.
    - Alors, l'épaule?
    - Ça peut aller.
    - Bien... Euh, un type veut vous voir, en bas.
    - Qui ça?
    - Il m'a dit son nom, mais j'ai oublié.
    - Il veut quoi?
    - Je sais plus.
    - Merci.

    Klara s’éclipsa en un clin d’œil dans les escaliers en bois, d'un pas si léger et rapide que le tenancier n'entendit quasiment pas le craquement des marches pourtant bien pourries par le temps.

    * * *

    Elle n'eût aucun mal à trouver des yeux la personne qui avait demander à la voir , et ce pour deux raisons; premièrement, l'homme était assis seul, à la table du fond, dans l'endroit le plus sombre de l'établissement. Il ne lui manquait plus que le capuchon noir pour être l'individu mystérieux parfait. Dommage, il ne portait qu'un simple attirail de clochard tout ce qu'il y a de plus classique. Ce qui voulait dire qu'il se fondait parfaitement dans la masse, dans le quartier.

    Et deuxièmement, elle l'avait déjà croisée quelques heures plus tôt. Devant le bureau des primes, lorsqu'elle et Hevrard avaient déposé la tête de feu Davinson, un primé, sur le comptoir. Klara avait croisé son regard en sortant, alors que le type mendiait contre le mur du bâtiment. Il remarqua la jeune femme et l'invita à le rejoindre, ce qu'elle fit sans attendre, la tête penchée sur le côté, comme si elle cherchait à l'examiner.

    - Bonjour ! fit-il tranquillement.
    - Bonsoir.
    - ... Comment qu'va l'bras?
    - L'épaule.
    - Comment qu'va l'épaule?
    - Ca peut aller.
    - Super. Asseyez-vous, asseyez-vous. Z'avez quelque chose de prévu?
    - Pourquoi?
    - J'ai pt'être quequ'chose à vous proposer. J'connais un type, un ami, qu'aurait besoin d'aide de quelqu'un comme vous. Rien d'illégal, au contraire. Et ça changerait pas d'vot boulot habituel.
    - Je ne suis pas mercenaire, désolée.
    - Allez l'voir quand même, au moins. Il est facile à trouver. Z'allez à la grande église, à l'est, pouvez pas la louper. D'mander à voir Siegfried, qu'vous venez d'ma part.
    - J'y penserais. Peut-être.
    - J'demande pas plus. Bonne journée m'dame.
    - Bonne soirée.

    * * *


    Elle se réveilla en sursaut, le regard pointé vers la porte de sa chambre. Mais personne n'avait toqué. Simple mauvais rêve. Elle soupira un grand coup, avant de reposer sa tête contre l'oreiller jaunis, pour fixer le plafond. Elle comptait repartir d'ici le plus vite possible, avec un énième primé à chercher, si possible. Ou un but. N'importe lequel. Elle n'avait rien à faire ici. Pas de laisser-passer pour accéder à la véritable ville, pas de contact, rien. Rien ne la retenait ici, si ce n'était sa blessure et la fatigue. Après cette nuit, la fatigue serait de l'histoire ancienne et la blessure, elle ne guérira de toute façon pas mieux ici. Elle se remit tout de même à penser à la proposition qu'elle avait reçu. Juste pour voir. Par curiosité.

    Pourquoi pas.

    * * *


    Elle n'eût aucun mal à trouver la grande bâtisse des yeux. Elle surplombait le reste du quartier pauvre, sans pour autant trop contraster avec celui-ci. Le bâtiment était vieux, en piteux état, et personne ne s'était donné la peine de le rénover. Du moins, pour l'extérieur.

    Le soleil était déjà couché depuis longtemps, et la lune se levait tranquillement derrière la paroisse. Peut-être était-il un peu tard, voir trop tard. Mais les portes de la Miséricorde sont toujours ouvertes, parait-il. C'est en tout cas ce qu'on lui avait dit quand elle avait demandé à un passant ce qu'était cet endroit. Alors, elle poussa la lourde porte dans un grincement caractéristique que tout le monde connaissait.

    Le silence qui régnait en maître dans l'endroit n'était brisé que quelques rares fois, par des chuchotements, quelques rares mouvements de fidèle, et aussi parfois par des inconnus qui poussait la porte. Quelques personnes en robe se retournèrent à sa vue, l'examinant de la tête au pied. L'une d'elle s'avança vers Klara mais resta à une distance raisonnable, avant de lui adresser la parole sur un ton calme et rassurant.

    - Bonsoir et bienvenue. Vous êtes venue pour prier, ou donner? Je dois vous avertir que nous n'aimons pas les armes en ce lieu, dit-elle en lançant un regard au manche de l'épée que Klara portait dans le dos.
    - J'aimerai voir Siegfried.
    - Maître Siegfried est malheureusement très occupé pour le moment. Il vous recevra au lever du jour, lors des visites publiques quotidiennes. Vous pouvez cependant aller prier, ou bien faire un don du montant de votre choix. Mais, je me répète, nous n'aimons pas les armes.
    - Laisse, Numeria.

    La voix rauque qui venir de retentir provenait du fond de la chapelle, dans l'entrebaillement d'une discrète porte de bois menant à l'arrière de l'édifice, dont l'accés était restreint. L'homme qui se tenait là ne semblait même pas pouvoir y passer tant il était grand et robuste. Son capuchon relevé sur on crâne chauve, la partie de son visage visible était éclairé par la chandelle qu'il tenait à la main. Ses yeux noirs fixait sans gêne ni animositée la chasseuse, qui lui rendait la pareil. Ses énormes cernes indiquaient qu'il n'avait probablement pas dormi depuis des lustre.

    - Suivez-moi, lança-t-il doucement mais fermement à Klara. Laissez votre lame à Numeria, elle en prendra soin. Elle va pas nous lâcher la grappe sinon.

    * * *

    Le couloir dans lequel elle s'était engouffré était sombre, éclairé seulement à quelques endroits par des lanternes fermement accrochées aux épais murs de pierre. Elle ne vit passer que quelques fidèles seulement, la plupart ne lui accordèrent pas même un regard. Siegfried la mena jusqu'à la porte la plus au fond, qu'il déverrouilla avec une mince clef qu'il devait être facile à perdre.

    L'intérieur n'était que paperasse ; d'énorme tas de papiers, chiffonnés pour la plupart, recouvraient ce qui devait être un bureau de bois. Même les étagères à côtés croulaient sous le poids des feuilles. Des plans, des lettres, des listes et tout un tas de chose que Klara ne pouvait déchiffrer. Elle put cependant apercevoir des sceaux de cire sur certaines lettres d'importances.

    - Asseyez-vous. Vous êtes blessée au bras?
    - A l'épaule.
    - Et ça va?
    - Ça peut aller.
    - Bien. Bien, bien. Très bien. Richard vous a envoyer ici, n'est-ce pas?
    - Aucune idée. Sûrement.
    - Il m'a prévenu de votre arrivée en ville. Vous, et un plus gros. D'ailleurs, il n'est pas avec vous?
    - Non.
    - Hm. Bref. Richard sait que je suis dans une... position fâcheuse. Nous avons un problème, voyez-vous? Alors, quand il vous a vu, il s'est tout de suite dit que vous pourriez nous aider. Je le pense également. Et si vous êtes venue, c'est parce que vous êtes prête à m'écouter, alors je ne vais pas nous faire perdre plus de temps. Connaissez-vous la Maison d'Aballon? Probablement pas. Il s'agit d'un très vieux monastère, sûrement plus vieux que l'édifice dans lequel nous nous trouvons, qui se situe sur un îlot adjacent à l'île. Voyez-vous, nous tentons d'étendre le Culte un maximum, afin que nos fidèles aient toujours un lieu de recueil.

    Il marqua une courte pause.

    - Nous avons donc lancé un grand projet de restauration du lieu. Je vous passe les détails, ça n'intéresse personne ici. Tout se passait bien, jusqu'à il y a peu. Nous n'avons plus de nouvelle de nos fidèles là-bas. J'ai envoyé des hommes, pour voir ce qu'il se tramait. Aucune nouvelle d'eux non plus.
    - Demandez à la m-
    - La Marine? Voyons, un peu de sérieux. Nous sommes dans le quartier pauvre, nous sommes une salissure que les maîtres de lieu aimeraient bien balayer. Alors, la Marine... Non, c'est peine perdue. J'ai déjà tenté. Je vais être honnête avec vous : je n'ai aucune idée précise de ce qu'il se passe au monastère. Seulement des suppositions. Et l'une d'elle est qu'un ou plusieurs individus mal intentionnés ont élu domicile en ce lieu sacré. Vous êtes chasseuse de prime, les traquer, c'est votre boulot.
    - Mais je suis payée pour le faire.
    - En effet. Mais laissez-moi faire une dernière supposition : si il s'avère qu'effectivement, la Maison d'Aballon est infesté de mauvaises graines, il est tout à fait probable que l'une d'entre elle possède un avis de recherche à son nom, ce qui expliquerait pourquoi ils se terrent dans un endroit reculé et si peu publique. Et si je me trompe, et bien, nous trouverons bien de quoi vous dédommager. La Miséricorde tend la main à qui sait lui rendre. Alors?

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    Toujours devant la guinguette à tenter tant bien que mal de me débarrasser du tout nouveau parasite qui me colle aux basques, fort a été de constater à un moment la face étonnée des passants, qui assistaient médusés à un excès de colère, débordement justifié par l'attitude trop entreprenante du gamin -me mettant un peu la honte au passage-.

    -Bon, je vois que tu es indécrottable. Entre et ne t'avise même plus de me mettre la honte, jeune fourbe.
    -Pff, c'est vous qui vous énervez pour rien ! Une pièce et Monseigneur hurle dans la rue. Tout c'que vous méritez, pour l'coup, hahaha.
    -Silence, tu fais donc ça à toute les personnes à qui tu mendies ?! Lui dis-je tout en le poussant légèrement pour nous approcher de l'homme responsable de la réception.
    -Même pas, c'est votre armure qui m'a tapé dans l’œil !
    -Hein ? Lui lançais-je d'un air ignare.
    C'est là que nous arrivons à hauteur du réceptionniste. Jeune, une coupe au bol d'un noir brillant et la tenue bien tiré, il nous accueille sans attendre. -Monsieur, jeune homme. Nous dit-il avant d'énumérer certains plats et autres modalités de la maison.

    Toujours un peu gêné d'avoir été « forcé » de trainer un gosse avec moi mais toutefois pris de pitié vu sa situation, je lui adresse un regard du coin de l’œil en soupirant avant de lui proposer de prendre ce qu'il désire.



    A table, rapidement servi et installé sur une table et un siège confortable, le petit dévore son morceau de barbaque. Personnellement, je suis toujours à ruminer, mal assis à observer les gens autour de nous. Sa piètre robe contraste avec le reste de la clientèle. Certains se donnent clairement des airs, inutile de jouer le beau dans les bas-quartiers, à mon sens. Curieux d'une phrase énoncée plus tôt, je casse le silence à table -bien qu'il a l'air concentré à vider son assiette- tout en commençant à manger ces deux homards.

    -Qu'est ce qu'elle a mon armure ? Bien que je ne la porte pas en ce moment.
    -De quoi ?
    -Tout à l'heure tu as dit être venu m'aborder à cause d'elle.
    -Ah ! Lâche-t-il en avalant un bon morceau. C'est parce qu'à l'époque où je vivais encore avec mes parents, y'avait une grosse armure dans le grenier. Et elle ressemble à la votre, voilà. J'ai déjà trouvé votre surnom, d'ailleurs.
    -Quoi ? Dis-je, la bouche pleine et les yeux ronds.
    -Ouais, le chevalier du grenier ! Ça en jette, pas vrai ?
    -Cesse de raconter des âneries. Que je lui rétorque en cassant en deux mon dernier crustacé. Et tes parents, tu ne vis pas avec eux ?
    -Non, ça va faire un an, un an et demi environ. Désormais, c'est le Culte, ma famille.
    -Ceux pour qui tu cries et récolte quelques cailloux ?
    -Haha, très drôle. Non, je fais ça parce que j'en ai envie d'aider. C'est une église qui soutient les pauvres, qui s'trouve dans la frange.
    -Il y en a d'autres de ton âge ?
    -De tout âge, oui. Enfant comme adulte !  
    Je soupire doucement. -Chacun choisit la cause qu'il veut servir, hein. Bien, j'ai terminé de manger. J'espère que pour toi aussi car je vais y aller.
    -Roh, non, partez pas ! On discutait bien pourtant.
    -Peut-être mais je n'ai pas de temps à t'accorder davantage, navré. Lance-je un peu sèchement avant de régler la note à un serveur pour partir directement. Mais, évidemment, je sais pertinemment que la tâche ne serait pas aussi aisée.

    Nonchalamment, il se tenait à mon côté, la tête supportée par ses deux mains aux doigts entrecroisés, la démarche accompagnée d'un sifflotement narguant. -Pfiou, j'suis blindé ! Mais j'vais pas vous embêter plus longtemps, la flemme de réveiller l'dragon ! Juste, z'aurez pas un peu d'sous pour moi et les autres s'il-vous-plait ? Promis après je disparais, terminé.

    Ma langue claque bruyamment contre le palais, avant de ruminer pour farfouiller dans ma bourse pour me délester de berrys fraichement gagnés au péril de ma vie. -Tu me pourchasses littéralement pour manger comme un ogre et ensuite tu me grattes pour toi et « les autres ». Si c'est le prix à payer, je suis prêt à sortir la maille. C'est alors que je laisse l'offrande dans ma seule bourse pour garder une partie à l'intérieur d'une poche, bourse que je lui lance. Il l'attrape, en pèse le poids et commence à faire les gros yeux.
    -Pfiou, quelle générosité !
    -Vraiment ? Je ne m'en rend pas forcément compte.
    -Franchement, c'est très rare que l'un de nous arrive à se procurer une telle somme ! On traine pas ici quand a les moyens, quoi, haha.
    -Eh bien...
    -Ça, c'est un coup à vous présenter à Siegfried, je pense.
    -Hum, qui est-ce ?
    -Le représentant de notre culte, un type aimant et toujours à l'écoute de n'importe qui. Pas des conneries. Il vous remercierait surement chaleureusement pour une telle offrande. Vous pourriez même recevoir sa bénédiction !
    -Merci, mais j'ai ma « propre » divinité.
    -Allez, venez au moins vous faire remercier ? Ca fera plaisir à tout le monde. « Le bienveillant Chevalier du Grenier montre sa bonté en venant en aide au Culte de la Miséricorde » ca envoie, trouvez pas ? Me demande-t-il en tirant un grand sourire.
    -Et ce sera terminé, ensuite ? Tu arrêteras de me courir après comme tu l'as fait il y a une heure ?
    -Promis.
    -Chouette ! Crie t-il en imitant un petit saut. Au fait, moi c'est Dylon.
    -Enchanté Dylon, moi c'est Hevrard. Lui répondais-je en fixant droit devant moi, la main tranquillement posé sur le pommeau de l'épée.

    Il faisait assez noire dans les rues plutôt désertes en ce moment. Et c'est toujours accompagné de Dylon que je me rends à l'église du Culte. Drôle d'histoire, tout de même. S'ils sont tous comme lui, je vais me sauver de ce quartier en vitesse. Au passage, remarquant la pénombre grandissante, je fauche une torche dans son étui mural.



    Nous sommes devant, l'endroit est particulièrement calme. Avant de nous diriger vers la porte, le gamin se tourne vers moi.

    -Les armes sont interdites dans l'enceinte. -Prends ton fourreau en main, s'teplait. Me demande-t-il -osant me tutoyer au passage-.

    Chose faite, je le suis pour pénétrer dans le bâtiment plongé dans obscurité. Quel lieu lugubre, je n'apprécie pas l'ambiance qui y règne. Les gens à l'intérieur sont tous vêtus de la même façon et la lumière est littéralement avalée par l'opacité. Me voilà prit de regrets pour avoir jeté la torche à l'entrée.

    C'est alors qu'une femme s'avance vers nous, Dylon s'adresse à elle dans un premier temps.

    -Numeria, regarde tout c'que j'ai eu, héhé.
    -Bien joué, petit Dylon. Lui répondit-elle en lui caressant son maigre cuir chevelu.
    -Siegfried va être content tu penses ? Qu'il lui demande sur un ton enfantin.
    -Surement. Dit-elle pour ensuite me lancer un regard, celui-ci coulissant instinctivement vers mon épée.
    -Numeria, j'te présente Hevrard. C'est lui qui m'a donné tout ça, et il m'a même invité au Homard. J'ai pensé que Siegfried pourrait le remercier pour ce don généreux.
    -Oui...Probablement... Mais Siegfried n'est pas là. Il s'entretient avec quelqu'un depuis peu.
    -Très bien. Dans ce cas je ne vais pas vous déranger plus. En espérant que l'offrande vous est salutaire. Au revoir, Dylon. Concluais-je en posant ma main contre sa tête.

    Une fois dehors, l'air frais se mit à emplir mes poumons en manque d'oxygène à l'intérieur de cette cave.

    A l'intérieur...


    -C'est bête, ç'aurait été cool qu'il soit remercié en personne par le Chef.
    -Ne t'en fais pas pour ça, Dylon. Si le Chef veut s'entretenir avec quelqu'un, il le fait.
    -Ouais...pas faux.

      - Vous vouliez me voir? fit une voix féminine.
      - Assieds-toi.

      Siegfried se leva, son crâne chauve frôlant le plafond, et joignit ses mains derrière son dos. Depuis la petite fenêtre de son bureau, il avait une vue imprenable sur l’arrière de l’église, une jungle de mauvaises herbes et de fleurs sauvages.

      - Non, en fait. Ne t’assieds pas, ça ne sert à rien. La femme que tu as croisée en rentrant. Suis-là. De loin, ne prend aucun risque. Fais moi un rapport régulièrement.
      - Compris.

      * * *

      La main gauche sur la poignée de son épée fraîchement acquise lors de sa prétendante traque, Klara poussa lentement la large porte du monastère. Plus imposante que celle de l’église du Culte, et surtout plus rouillée, elle dût la pousser de l’épaule pour l’entrouvrir suffisamment. L’architecture de l’église était en tout point similaire à celle du Culte, si bien que la chasseuse avait l’impression d’être dans une version apocalyptique du lieu ; car si les deux endroits avaient été construit à l’identique, celui-ci avait vu la nature reprendre ses droits. Des lianes et de la mousse recouvrait une bonne partie des murs, des branches d’arbres dépassaient par vitraux brisés, et l’herbe avait repoussée là ou le sol était fendu.

      Cependant, l’endroit n’était pas totalement sans vie. Elle passa et contourna plusieurs bidon rouillé, qui avaient sûrement servis à réchauffer ceux qui avaient élu domicile ici. Des personnes pas franchement recommandable, à en croire le reste de tag devant lesquels se tenait maintenant Klara.

      “ Mort à la Dame de Fer “ revenait souvent.

      Elle fit rapidement le tour de l’endroit. Rien ni personne. Aucune trace des fidèles. Il lui fallait explorer le reste du monastère.

      * * *

      La cour intérieur était entourée d’un long couloir de colonnes qui donnaient l’impression de pouvoir s’effondrer à tout moment. L’herbe était si haute qu’elle cachait entièrement les bancs de marbres qui entourait la statue centrale. Il s’agissait des restes d’une sculpture de femme, tenant dans sa main droite, tendue vers le bas, ce qui devait probablement être une représentation du soleil. Une inscription avait été gravé sur le socle libéré de la végétation par la chasseuse, mais elle ne parvint pas à comprendre ce qui y était écrit et décida d’abandonner au bout de quelques secondes de réflexion intense.

      Elle avait maintenant plusieurs choix quant à la direction à prendre. Le monastère était loin d’être petit et l’explorer de fond en comble risquait de prendre un certain temps. Elle n’avait ni piste, ni aucune indication sur ce qu’elle devait chercher, ainsi décida-t-elle de traverser le cloître et de passer la porte la plus proche, c’est à dire celle du sud.

      Il s’agissait probablement de la pièce la plus sombre de l’édifice ; seules quelques minces fenêtre placée en hauteur permettaient à la lune d’éclairer faiblement l’endroit. Il s’agissait d’une sorte de réserve, entièrement vide. Ou presque.

      Au delà de la poussière et des toiles d’araignées qui tanguaient un peu partout, Klara put remarquer plusieurs lanternes, éteintes depuis un temps indéterminé, posée sur certaines étagères. Quelques caisses avaient également été déposées au fond de la pièce. Après une rapide inspection, elles se révélèrent contenir des choses tout aussi pratiques et indispensable qu’inutile pour Klara ; tantôt des couvertures, parfois de la nourriture facilement conservable, bref, cela ne l’avança à rien si ce n’est à confirmer ce qu’elle savait déjà ; que cet endroit était bien supposé être habité. Elle retourna dans le jardin extérieur pour prendre cette fois-ci une autre direction. Les cuisines ne donnèrent pas grand chose elles non plus, si ce n’est que des couverts et autre ustensiles de cuisines avaient été utilisés puis abandonnés en cours de route, les plats semblaient n’être restés qu’au stade préparatoires, comme si quelque chose avait soudainement tirés ceux qui habitaient les lieux de leur quiétude. Tout ceci ne datait pas de plus d’il y a quelques jours.

      La dernière pièce importante du rez-de-chaussé s’avéra un peu plus intéressante déjà. Il s’agissait d’une immense bibliothèque qui, malgré l’abandon total qu’avait subit le monastère, était incroyablement fournie. Elle était divisé en plusieurs rayons, tous regorgeant de vieux livres poussiéreux qui n’avait pas été touchés depuis des années. La chasseuse en tira certains au hasard. Il s’agissait pour la plupart de traités philosophique, de récit religieux ou bien d’encyclopédies. Elle en repéra cependant un, plus vieux que les précédents. La légende d’As - elle n’eût pas le temps de finir d’observer la couverture de cuir qu’elle laissa tomber le livre au sol. La porte venait de s’ouvrir. La main sur le pommeau de son arme, elle se colla doucement contre la rangée de livre et s’avança à pas de loup pour contourner le rayon et ne pas se faire remarquer par la personne qui venait d’entrer.

      L’homme sifflait joyeusement. Il passa par la rangée adjacente à celle de la chasseuse qui retint sa respiration. Elle prit le sens inverse de celui-ci pour arriver derrière lui. Il s’avança vers une table de lecture en bois, haute et propre, sans doute entretenue par lui-même. Il posa la lanterne qu’il portait avec lui, puis ouvrit le livre posé sur le meuble et posa sa main à plat dessus, l’empêchant bêtement de lire ce qu’il y avait d’écrit.

      - Mais qu’est-ce que vous faites encore là... Bon sang, l’intrigue n’avance pas ! Un peu d’effort, enfin...

      Il releva soudainement la tête. A trois pas derrière lui se trouvait la jeune femme, qui venait de dégainer son arme. Il releva la main, sans geste brusque.

      - Bonjour ! fit-il gaiement.
      - Bonsoir. Retournez vous, s’il-vous-plaît.
      - Comme vous voulez.

      Il avait les cheveux longs et lisses, noires comme la nuit, et des yeux perçant d’une couleur tout à fait inhabituelle, oscillant entre le rose et le violet. Sa robe d’érudit sombre lui donnait l’air d’un sorcier tout à fait menaçant.

      - Et vous êtes?
      - Armée. Vous?
      - Je me nomme Elbert. Mes collègues et, et bien, la plupart des gens me surnomment le Magnificent. Vous avez sûrement entendu parler de moi...
      - Non.
      - Ou de mes ouvrages, mes récits interactifs tels que Cavernes&Wyvernes™, ou encore...
      - Non.
      - Non...?
      - Non. Ou sont passés les fidèles qui se trouvaient ici?
      - Je suis le seul être vivant et conscient ici, je peux vous l’assurer ! A part vous bien sûr.

      Klara leva un peu plus sa lame.

      - Oh, mais vous voulez parler de mes personnages ! Bien sûr, bien sûr.
      - Pardon?
      - Oui !

      Il pointa du doigt le grand livre qu’il avait ouvert plus tôt. Il le ferma à moitié pour montrer à la chasseuse la couverture, sur laquelle on pouvait lire, en lettre d’or, La fabuleuse et gargantuesque aventure de la communauté de l’arche de la grotte du temps.

      - Les fidèles que vous cherchez ne sont plus là.
      - Vous les avez tués?
      - Je leur ai donné une seconde vie, bien plus intéressante ! Ce sont mes personnages, maintenant.

      Excédée intérieurement, Klara commençait à perdre patience face aux inepties de ce fou. Elle se rapprocha d’un pas, l’épée toujours à la main.

      - Ils sont mort, ou non?
      - Hm, ils sont mort plusieurs fois depuis le début de l’aventure oui, mais là actuellement non. Ils sont encore bloqués au chapitre 6... Non mais je vous jure.
      - Vous êtes entrain de me dire qu’ils sont dans le livre?
      - Ou vouliez-vous qu’ils soient? Très bien très bien, ne vous énervez pas ! Je vais vous expliquer. Je fais un petit test, et jusqu’ici il est peu concluant. Seulement voilà, les personnes que vous voulez retrouver sont bloquées tant que le test n’est pas fini. Alors, laissez-moi vous faire une proposition ! Vous m’aidez à conclure mon test, et en même temps vous les sortez de là. C’est aussi simple que ça !

      Elbert tendit la main vers Klara, ignorant la pointe de l’épée qui était dangereusement proche de sa gorge.

      - Rien de dangereux, je ne suis pas armé, je n’ai rien qu’un livre.

      Il avait reposé son autre main sur celui-ci.

      - Alors?

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      -Des nouvelles ?
      -Non, rien n'a bougé depuis cette nuit.
      Le mastodonte, proche de la fenêtre a observer le paysage d'un air pensif expire bruyamment, comme désappointé par cette nouvelle information. -Eh bien, faut croire que les valeurs se perdent. Autant envoyer l'autre, quitte à envoyer quelqu'un pour y foutre le nez.
      -Bien. Répondit l'homme vêtu d'une robe pour sortir aussitôt du bureau. Juste après, Isidor s'écarte des vitraux pour prendre place sur son imposant plan de travail.

      ***

      Alors que je me dirige vers le marché, tout juste réveillé et énervé de la nuit atroce que je venais de passer. Le lit, de bien trop mauvaise qualité n'a eu d'autre idée que de céder sur mon poids en pleine nuit. Les gens se lèvent et commencent à se demander quoi, sans parler du vieillard qui te harcèle pour être bien sur que tu le rembourses. Et, bien évidemment, il n'y avait aucune autre chambre en guise de remplacement pour la nuit. Foutu quartier.

      Ce matin les étables sont plutôt bien remplies. Babioles, vivres, nourriture, tout le petit peuple pouvait y trouver son compte. Quant au prix, la populace ne devait pas s'en plaindre. Et puis, c'est bien connu. On ne va pas dans les quartiers pauvres pour y vivre aisément, ou pour n'importe quelle chose d'autre. Enfin... a peu de chose près.
      Pas mal de monde aujourd'hui, et personne ne se gêne pour bousculer l'autre ou vice-versa. Comme hier, ces illuminés du Culte de machin-chose sont repérables à presque tous les coins de rues. Mendiant, semeur de la bonne parole, les rôles m'ont tout l'air d'être bien attribués. Mais bon, ce n'est pas un sujet sur lequel j'ai envie de m'attarder.

      Alors que j'avance vers un stand pour acheter quelques fruits, j'aperçois un homme qui reste à bonne distance de moi, sans pour autant dévier son regard de ma personne. Pâlot, classiquement vêtu dans la trentaine. Il n'a pas l'air dangereux, juste étrange à presque rester planté là à me lancer des regards lorsque je m'adresse au propriétaire des marchandises achetées. Chose faite, je me recule tout en continuant à pousser les acheteurs bornés, refusant de céder le passage. -de peur de se faire dépasser dans la petite file, à cause de la foule ?-

      Une fois extirpé de là, je reprends la route vers la chambre afin d'y récupérer mes affaires. Il me faut alors passer au niveau du drôle de gars, qui n'hésite même pas une seconde à m'interpeller, posant une main contre mon bras.

      -Monsieur, un message pour vous. Me dit-il rapidement tout en me tendant une petite enveloppe.
      Légèrement abasourdi, j'attrape doucement la lettre en continuant à le fixer de mes yeux ronds. -Comment ? De qui ça vient ?
      -J'sais pas, j'sais pas. Moi je me contente de livrer c'qu'on m'donne. Conclue-t-il avant de s'enfoncer dans le petit marché. J'ai tenté de le suivre, en vain. Impossible de me mouvoir rapidement dans cette fourmilière miséreuse contrairement à lui.

      Je presse alors le pas jusque chez moi, gardant ce qu'on venait de me donner bien caché dans une poche en prenant bien soin de regarder autour de moi lors de l'avancée. Une fois dans la bâtisse, je monte tel une flèche dans la chambre, ferme à double tour et me pose lourdement devant le bureau pour analyser la clisse. Impossible de savoir de qui ça peut provenir à Uréa. Pareil pour le cachet, le motif ne m'inspire rien du tout. Mais le plus important est de savoir ce qu'elle contient, maintenant.

      « Hier soir, j'étais bien occupé. On m'a informé de votre geste très généreux et de votre venue, visant à recevoir ma bénédiction. Aujourd'hui, me voilà disponible.

      Siegfried 
      »

      C'est bon, je me souviens. Siegfried, c'est celui qui dirige cet ordre de mendiants et crieurs publiques. Pourquoi dois-je absolument me faire remercier pour mon acte, un donneur ne serait-il pas dans le droit de rester anonyme ? Étrange. Cette histoire me met mal à l'aise, je m'en vais de ce pas.



      Armure et armes enfilées, note réglée, je peux enfin partir d'ici. C'est en poussant la porte de la gargote que mon plan est immédiatement tombé à l'eau. Trois hommes, chacun en robe si distinctive s'avancent vers moi, joignant leurs mains devant eux.

      -Nous avons tous les quatre un ami en commun qui souhaiterait vous parler. Prononce celui devant les deux autres.
      -Qu'est ce qu'il me veut ? Rétorque-je, posant seulement la main sur le pommeau de mon épée.
      -Du calme, Siegfried ne vous veut aucun mal. Simplement vous remercier, pour votre gentillesse.
      -Mais je n'ai pas envie ! La chose est faite, point. Inutile de me remercier, vous le ferez en faisant bon usage de la chose.
      -C'est comme ça qu'il fonctionne. Me lance l'un des deux, juste derrière.
      -Allons, il serait cruel de vexer un homme de bien qu'est Siegfried, Monsieur. Venez avec nous, il n'y en aura pas pour longtemps. Rares sont ceux bénéficiant d'un tel traitement de faveur. Notons aussi qu'un tel cadeau dans les bas-quartiers, c'est quelque chose d'exceptionnel, il faut avouer.
      -Oui, oui, je vous suis. Le message est reçu.
      -Merci sincèrement, venez vous autres.


      ***

      De retour dans cette sombre église, je me heurte une nouvelle fois à Numéria, le chien de garde des lieux. Dylon n'a pas l'air là, surement en vadrouille à quémander des sous.

      -Il ne devrait pas tarder. M'annonce la femme, stoïque.

      Elle ne mentait pas, il est arrivé bien vite. Et quel fut mon étonnement au moment où j'ai vu l'énergumène. Une sacrée masse chauve, qui plus est est au coude-à-coude en terme de taille avec moi. Des yeux ambres et vides, des mains disproportionnées, cet homme n'a rien d'un bon samaritain.

      -Enchanté, je me nomme Siegfried. Commence-t-il en me tendant la main.
      -Hevrard, de même. Lui dis-je tout en lui serrant la pince, doucement interpellé par la force de celle-ci.
      -Venez, allons dans mon bureau. La poussière va nous ensevelir en un rien d'temps, ici.

      Nous avançons dans un couloir tout aussi sombre que la pièce principale de l'église pour passer plusieurs portes et atterrir dans une pièce, probablement son bureau. L'endroit est bien éclairé, bien assez pour toujours mieux m'apercevoir de l'aspect menaçant de cet homme.

      -Asseyez vous donc, Hevrard. Ce ne sera pas long. J'espère d'ailleurs que mes amis se sont adressés décemment à votre égard ?
      -Oui, ça a été. On me répète quelque chose d'assez similaire depuis hier soir.
      -Monsieur parle sans détours, dirait on, je le sens, oui. Quelque chose que j'apprécie.
      -Eh bien... Bredouille-je.
      -Oui, pardon, je m'égare. Déjà, permettez moi de vous remercier pour votre action. Cela faisait déjà un petit moment que mes amis n'arrivaient plus à capter la générosité du peuple. Ce que vous avez fait leur redonne de l'espoir, vous savez.
      -Je ne peux qu'être moi-même comblé, dans ce cas. Que je lui réponds, lâchant un très léger sourire.
      Il regarde à gauche, à droite, pour se lever et se diriger vers la fenêtre. Pensif, silencieux, il me tourne le dos pour continuer à parler. -Moi aussi, je m'exprime sans détours, vous savez ?
      -Qu'est ce que je dois comprendre ?
      C'est alors qu'il se retourne, m'observant d'un air complètement vide, un reflet du soleil tapant en plein sur son crâne pour presque m'éblouir. -Un homme comme vous ne pensait tout de même pas qu'il se serait fait convoqué pour une simple discussion de remerciements, rassurez moi. Je vais vous le dire, moi, j'ai quelque chose à vous proposer. Une prime, dans les bas quartiers.
      -Si je veux chasser, je me rends directement dans un bureau de primes.
      -Oui, certainement, mais... là, c'est plus compliqué. Puis-je m'exprimer ?
      -Toujours.
      -Bien, le Culte possède non loin d'ici un monastère en attente de travaux de rénovations. Le souci étant que les fidèles ont disparu du jour au lendemain. Les autorités ne veulent rien entendre, et la bâtisse est laissée à l'abandon, avec peut-être à l'intérieur les responsables de la disparition de mes amis. Surtout qu'une de vos connaissances a été envoyée hier soir, sans aucune manifestation de sa part depuis.
      -Je ne c-
      -La fille. Cheveux blancs, cicatrice, un dessin ?

      C'est à ce moment que les ennuis allaient forcément se pointer.

      -Dans quoi elle s'est encore fourrée...
      -Encore ?
      -Non, rien, je pensais tout haut. Vous n'avez envoyé personne d'autres depuis ?
      -Pas un chat.
      -Dans ce cas il faudrait que j'y aille, hein. Que je revienne ou non, ça revient presque au même. J'irais, mais qu'au moins quelqu'un daigne m'escorter.
      -Une de vos connaissances vous indiquera le chemin. Votre bravoure est notable, secourir de la sorte un allié.
      -Je ne laisse pas tomber un collègue, tout simplement.

      A la sortie du bureau, c'est Dylon qui m'attend, toujours souriant.

      -Alors, on y va ?


      ***

      -Ce serait une mauvaise idée d'emprunter la voie principale. Il doit y avoir d'autres moyens d'entrer.

      Aux alentours de la bâtisse, je suis accompagné du petit qui lui cherche tant bien que mal un endroit par lequel je pourrais m'infiltrer. Je lui ai pourtant dit que sa tâche était terminée, qu'il n'y avait plus lieu de me suivre comme il le fait. Mais ce gamin doit probablement être encore têtu que moi. Par Asgeir, ces enfants m'énervent.
      Alors que j'avance toujours dans les buissons autour du monastère, Dylon m'appelle.

      -Hey, j'pense avoir trouvé un passage !
      En effet, un endroit du mur où les briques s'étaient effritées au fil du temps pouvait accueillir une personne de maigre constitution. Mais pour moi... ce n'était pas possible. -J'passe et j'trouve un moyen pour vous faire entrer !
      -N-Non, Dylon, reviens !

      Et merde...


        INTRODUCTION


        Désolé, désolé. Euh, attendez. Vous avez pris en cours de route, tout va bien. Je vais vous expliquer.

        - Qu’est-ce que...

        Attendez, ne vous inquiétez pas. Laissez-moi retrouver mes fiches. Oui, voilà. Comme ils en étaient au chapitre 6, et bien vous avez atterrie directement avec eux. Sauf qu’ils ont encore une fois perdu, vous êtes tous morts. Et vous voilà de retour dans l’introduction.

        - Laisse nous sortir, gros taré ! fit l’un des fidèles.
        - On en a ras le cul, putain, appuya un autre.

        Mais je vous l’ai déjà dis, vous sortirez quand vous aurez fini l’histoire. C’est pourtant pas compliqué !

        - Mais on pige rien à ta merde !
        - Quelqu’un peut m’expliquer? tenta Klara, visiblement perdue.

        Je vous l’ai dis, vous vous êtes retrouvé propulsée au chapit-

        - Oui, ça j’ai compris. Je veux savoir ce que c’est que tout ça.

        Ah, oui, c’est vrai. Pardon. Vous êtes dans le livre que vous avez vu tout à l’heure, vous vous souvenez? Un livre avec une couverture très très classe ! C’est le mien. Et vous êtes : à l’intérieur. C’est mon pouvoir. Si vous voulez sortir, il n’y a qu’un seul moyen : finir l’histoire. J’espère que vous êtes meilleure que ces gros nuls, sinon vous êtes pas dans la merde.

        - Les gros nuls t’emmerdent. En sortant d’ici, on t’étripe, c’est clair?

        Oui oui. Bon. Donc. Laissez-moi continuer mes explic- Ah, attendez. J’ai entendu du bruit. Je re.

        - Quoi? Reviens espèce de fou furieux ! Bon. Bonjour. Comment tu t’appelles?
        - Klara.
        - Ok Klara, on est dans l’introduction. On l’a déjà faites je sais plus combien de fois, y’a aucune difficulté ici, si ce n’est celle qui consiste à supporter le discours d’un type. On le connaît par cœur, et putain qu’il est lourd. Mais avant, je vais nous présenter, ça sera moins le bordel. Moi, c’est Abraham. L’autre au fond, celui qui fait la gueule, c’est Edmur. Le reste, ce sont des fidèles lambda qui gardent leurs capuches. Ils vont nous suivre tranquillement sans rien dire ni rien faire, faut pas faire attention.
        - Ok.
        - Ah, et c’est un livre dont vous êtes le héros. Alors on est plus ou moins libre de faire nos propres choix, tant que ça rentre dans le bon déroulement de l’intrigue. Bon, il est où l’autre con... Ah bah, le voilà.

        Vous vous trouvez dans une taverne tout à fait charmante, nommée “ La Taverne “
        - Ah t’es de retour, toi, fit Abraham.

        Oui. Sûrement une planche branlante. Bref. L’endroit est remplie de monde, mais, au fond, vous remarquez qu’un homme à l’allure étrange se rapproche de vous. Il porte une large cape mauve qui se mouve avec virtuosité à mesure que l’homme avance. Il est également coiffé d’un étrange chapeau à plume. Quand il se met à parler, vous êtes interloqué par son accent exotique tout à fait charmant.

        - Braves aventouriers ! Laissez moi vous conter oune étrange mésaventoure qui m’est-
        - “Arrivé pas plous tard què cè matin” ouais ouais on sait, on sait.

        Le valeureux aventurier Abraham décide aussitôt de la fermer et d’arrêter de faire n’importe quoi dans mon aventure.

        - Hm.
        - Arrivé pas plous tard què cè matin ! Voyez-vous, yé souis... yé souis...

        Hm? Bah merde. Qu’est-ce qu’il fait? J’ai jamais écris ça m- Ahem. Il se mit alors à regarder Klara avec une étrange insistance...

        - Madémoiselle... Yé vois qué votre père est oune voleur !
        - Hein?
        - Oui ! Il a volé les étoiles dou ciel... Pour les placer dans vos yeux !
        - Ok.

        Klara renifle bruyamment. L’homme se fige un instant, avant de commencer à... bouder? Quand même, vous manquez de tact.

        - Qu’est-ce que j’ai dis?

        Rien, rien. Bon, faut qu’il se resais- Rah, attendez. Encore du bruit. Je re.

        - ... Faudrai p’tête l’inciter à continuer, non? fit Maxime.
        - Ouais, pas bête. Ahem. Mon brave? Vous êtiez entrain de nous conter vos aventures et...
        - Ah ! Oui ! En effet ! Yé disais donc qué yé souis lé Barde, et lé promis d’oune magnifique jeune femme, plous belle qué vous, madame ! Cher ! Yé veux bien sour parler... dé la princesse dou Royaume ! Et...

        Soudain, un bruit assourdissant ! Une explosion ! Qu’est-ce donc?

        - Par Asgeir... Magie noire ! Qu’as-tu fais, sorcier?!

        Mais oui, c’est un nouvel aventurier qui vient faire son entrée !

        - Hevrard?

        Klara l’aventurière semble surprise... ( Vous vous connaissez? )

        - Où suis-je?! Où est Dylon?
        - I-Ici... C’est quoi cet endroit?
        - Et merde, on se retape encore les explications et le reste? s’exclama Maxime, irrité.

        Oui.

        * * *

        - Et c’est ainsi... que la princesse, ma promise, a été kidnappée par oune horrible indivudou ! Aidez-moi à la retrouver, et yé vous récompenserez.

        Nos valeureux aventuriers, au nombre de... euh, 2...3...5 ! Décidèrent d’accepter cette noble quête. Mais qui sont-ils vraiment?

        - Prêtre, fit Abraham.
        - Voleur, soupira Edmur.

        Et vous ?

        - Quoi?
        - Tu dois choisir une classe. Tu dois faire ta fiche perso, quoi. Guerrière, par exemple. Ou voleuse, ou barbare, ou sorcière, ou-
        - Sorcière.
        - Sûre?
        - Oui.

        * * *

        ( Vous avez tous fait vos fiches? Bien. ) Nos braves aventuriers sont maintenant prêt à en découdre... Accompagnant le Barde, ils prennent le chemin de la première étape de leur grand voyage... la Forêt Magique.

        - Vous êtes quand même bien nul en nom.

        CHAPITRE I : LA FORET MAGIQUE

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        -Mais où sommes nous, par tous les dieux ?! FAIS MOI SORTIR, DEMON ! Hurle Hevrard comme un dingue, semblable à un captif s'accrochant de toutes ses forces aux barreaux de sa cellule. -Et vous, arrêtez de me coller ! Rugit-il en se tournant furieusement vers ce qui semble être des moines, se contentant de marcher dans l'ombre du groupe, le « vrai » groupe.
        -Encore un nouveau ?! Roh p-

        Non, non, non. On ne s'affole pas ! Disons que vous avez eu droit à votre Joker, vous empêchant de recommencer à l'introduction. Fascinant, n'est-ce guère ? Allez, dites le.

        -De quoi ? Y'a rien d'fasc- Maxime tente de s'exprimer mais se retrouve alors bâillonné par la main d'Abraham.
        -On a jamais rien vu d'aussi fascinant, franchement. Dit Ab, la tête relevée vers le ciel comme pour s'entretenir avec une force invisible.

        Hum... en êtes vous bien sur ? Je crois ressentir comme de la malhonnêteté dans vos paroles. Que diriez-vous si... UNE ARMEE DE CENTAURES EN FLAMMES VOUS PRENAIENT EN EMBUSCADE A PEINE ENTRES DANS LA FORET ?! HEIN?! Gyahahaha ! Mais regardez les, Abraham et Edmur se reculent tandis que Klara la sorcière brandit son bâton pour projeter une boule de flocon au blizzard mordant -oui- en plein milieu de la bande ! Ils rugissent, encerclent le groupe et préparent sûrement quelque chose. Et là, attention, c'est le géant Hevrard qui se rue sur l'un d'eux mais est tellement bête qu'il ne se rend pas compte qu'il n'a pas d'armes ! Monsieur n'a pas choisi sa classe ! Voilà ce que c'est de râler, à me qualifier de mage noir. De l'art...La littérature sous sa forme la plus pure, mes petits.

        -Mais qu'est ce que ça veut dire ?! RENDS MOI MON EPEE !
        -On vé tous murir !
        -Non...la classe. Répondit simplement Elbert, d'un ton narquois alors que les créatures chimériques s'avançaient petit à petit. Vu leur nombre, il était clair que la bande ne faisait pas du tout le poids. -Prêtre, barbare, guerrier, voleur ou sorcier ? Reprit-il lentement, se languissant du spectacle qu'il pouvait s'offrir depuis peu.
        -Euh... guerrier !
        -Comme si c'était fait.

        Hevrard devient Guerrier et gagne une épée pour maintenant dégainer et porter un coup rotatif, tournant sur lui-même sur la première bête venue. Mais là, coup de théâtre ! Au moment de l'impact, absolument tous vos ennemis se sont évaporés instantanément ! Eh oui, ce n'était qu'un mirage. Vous venez de passer le test d'entrée de la Forêt Magique, un test visant à évaluer la bravoure de l'équipe ! Ab, Ed, et Max se relèvent, les trois en position fœtale caché derrière leurs frères fidèles, eux vides d'expressions et totalement muets -je ne sais d'ailleurs pas ce qui a bien leur arriver. Cependant, je ne trouve p- ah, si, il est là, derrière le buisson sur votre gauche. Il revient vers vous, l'air totalement apeuré. Vous ne vous êtes pas assez occupés du héros, faites bien attention la prochaine fois ! Sinon... sanctions.

        -Hey mais yé vraiment cru qué y'allé murir. Ci criatoures dé l'enfer, quand yé lé zé vu... Yé
        -Oui, oui, on fera gaffe la prochaine fois. Tu vas pas mourir. Juste, reste près du groupe si tu veux avoir une p'tite chance de survivre, vu ? Lance Abraham sur un ton venimeux, exaspéré par la situation.
        -Si senior...

        Le portail magique et inter dimensionnel s'offre à vous. Pénétrez dans la forêt Magique et découvrez ces secrets ! Arriverez-vous à surmonter les épreuves pour sauver la princesse ? C'est ce que nous verrons dans le prochain chapitre...


        ...

        Bon, je fais la transition moi même, tout compte fait. Je...je...j'n'ai pas trouvé d'idées, tout simplement. On n'se moque pas. Bref, le groupe s'avance doucement dans cette mystérieuse forêt. L'endroit semble baigné dans un halo de lumière bleutée, sans parler de ces arbres parfaitement droits et alignés. Il vous est impossible de contempler le ciel du à la densité des feuilles. Vous vous sentez comme dans une boite ici, vous sentez que quelque chose ne tourne pas rond. Peut-être ne l'auriez vous pas remarqué mais... un compagnon manque à l'appel. L'un des moines ! Gyahaha...

        -Où sommes nous ? Qu'est ce que c'est que ce cirque ?! Demande Hevrard à Klara, profitant de quelques instants de « tranquillité », terme bien incongrue en ces lieux.
        -Aucune idée.
        -Siegfried m'a raconté, tout cela me semble être un joli traquenard. Il faut trouver le moyen de sortir d'ici.
        -Y'en a qu'un. Relance Edmur en arrivant instantanément à auteur du costaud et de la balafrée. Faut juste finir son histoire, rien d'autre.
        -C'est tout ? Dans ce cas... Dit Hev, l'air songeur. HEY, TOI LA HAUT ?!

        Le groupe marche tranquillement dans ce lieu agréable et silencieux, moment auquel je décide de m'ecpliser rapidement pour me faire un sandwich qu'un aventurier m'interpelle. Faisant au passage tomber ma DERNIERE tranche de pain, si durement acquise. Que désire-tu, jeune aventurier ?


        -Accélère la cadence, qu'on en finisse !


        Quelle impatience... Si c'est ce que vous voulez, tenez vous prêts !


        -Ouyah, yé oune mouvé prissentiment...

          CHAPITRE 42 – LA TOUR DE L’ENGEANCE

          La tour de granite se dressait maintenant devant les aventuriers, par delà la cime des arbres. La Lune, rouge sang, rendait le tableau particulièrement macabre. Mais ce qui était le plus effrayant, c’était bel et bien l’énorme silhouette au sommet de la structure noire. Les deux ailes se déployèrent dans un énorme mouvement qui fit se plier même les arbres les plus robustes. Le dragon prit alors son envol, virevolta au dessus du groupe d’aventurier, en crachant ses flammes infernales en guise d’avertissement.

          - Pardon ? Fit Klara, bâton en main.
          - C’est quoi ce bordel ? OH !

          Oh merde. Merde merde merde. Désolé, j’ai glissé et j’ai tourné trop de pages. Attendez, juste…

          CHAPITRE 1 – LA FORET MAGIQUE

          … Voilà. Reprenons. La Forêt semble plus calme que jamais. Vous avancez prudemment, quand tout un coup, une créature similaire à celles vous ayant attaquer un peu plus tôt sort des fourrées pour vous barrer le chemin. Le-

          - Vous êtes pas obligé de nous décrire ce qu’on peut voir, vous savez.

          Le torse bombé, la lance à la main, il s’adresse alors à vous.

          - Vous n’êtes pas les bienvenues, humains. Sortez de ces terres sacrées.

          Que faites-vous?

          - Je ne comprends pas, soupira Klara.
          - Y’a rien à comprendre, c’est n’importe quoi ce truc.
          - Nous sommes dans un livre déjà écrit, comment veut-il que l’on choisisse quoi faire?
          - Non mais ne cherchez pas à comprendre.

          Vous n’êtes pas dans un livre habituel, Sorcière ! J’ai prévu environ 15000 situations différentes, selon les choix fait par les personnages. Il me suffit de tourner les bonnes pages pour vous mener à la situation correspondante et…

          - Aah putain ! s’exclama Edmur. C’est pour ça qu’on passait pas le chapitre 6 et qu’on arrivait à rien, c’est parce que vous étiez parti vous coucher. 

          … Le centaure attends une quelconque réponse ou mouvement de votre part. Aux alentours, vous percevez des bruits suspects, presque inaudibles.

          - Alors là, les nouveaux, en gros c’est une embuscade. On a essayer plein de fois d’y aller avec diplomatie, mais à chaque fois ça foire. Une histoire de dés, ou de D je sais plus. Du coup je propose qu’on aille directement au contact.
          - Dommage, ce sont de jolies créatures, fit Klara, penaude.
          - Ils ont essayé de nous tuer, et puis je vous l’ai dis, pas le c-
          - Je n’ai pas dis que je n’étais pas d’accord.
          - Oh, bien. Le guerrier aussi est d’accord ?

          Le guerrier Hevrard a déjà dégainé son épée depuis bien longtemps.

          Le décor semble être altéré pendant une fraction de seconde, mais rien ne change. Si ce n’est l’attitude clairement hostile du….

          … Centaure, qui lance son arme vers Edmur, tandis que cinq de ses compagnons semblent bondir hors des arbres et chargent dans votre direction. Le fier guerrier part avec habilité une première attaque, avant de trancher son assaillant de haut en bas. Fou de rage, le chef s’élance dans sa direction mais se retrouve projeté en arrière par la boule d’énergie qu’envoit la magicienne Klara. De leur côté, Edmur se faufile avec agilité entre les lignes ennemis, prenant soin de ne les attaquer que par derrière, dans la plus grande des fourberies, tandis qu’Abraham protège ses valeureux compagnons du mieux qu’il peut.

          - Non, ils ont encore rien pris comme dégât, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? s’étonna le concerné, assis en tailleur au sol.

          Bientôt, toutes les créatures de la forêt sont au sol. Mais vous n’avez toujours pas fait attention au héros… qui était parti se cacher dans un buisson.

          - Yé souis lé héros.

          La fin de cette dense forêt n’est plus très loin, vous pouvez le sentir. Vous avancez pendant un court laps de temps avant d’y parvenir.

          - Et voilà, c’est ça sa forêt magique, franchement nulle, non ? Ricanna Edmur.

          MAIS TAISEZ VOUS, VOUS.

          * * *

          Et tandis que les dernières striges tombent, inertes, vous parvenez à grimper jusqu’au sommet de la colline, obtenant ainsi un large champ de vision. Au loin, vous apercevez votre objectif, la Capitale. Félicitation, vous avez terminé le chapitre 6.

          - Bah putain, pas trop tôt.

          CHAPITRE 7 – LE CONTACT

          Vous vous trouvez à présent dans la Capitale, la plus grand ville du Royaume. Il vous faut impérativement trouver des informations sur le ravisseur de la Princesse. Votre première destination, et la plus logique, la Taverne. La musique y est douce et mélodieuse, l’aubergiste sert quelques commandes ici et là, beuglant quelques ordres à la serveuse qui lance un regard éloquent au guerrier. Quelques aventuriers tels que vous dépensent allégrement leurs butins en boissons. Mais ce qui vous intéresse le plus, c’est le vieil homme assis au coin du feu, seul. Il remarque votre arrivé et vous invite à le rejoindre.

          - Bonjour messe braves. Este-vous di aventuriers ? J’avoie des indications que je doing a vous, si vous besoignieist. Questei vous une chose partiement ?
          - Euh…
          - Yé cherche lé Princesse dou Royaume. Yé souis en quête, pour touer lé ravisseur et gagner son coeur. A la Princesse, pas celui dou ravisseur.
          - Je voys ! J’ay tendé que le cuens di villasse de Gauffrois este liet a la Princes disparent.
          - Vous comprenez quelque chose, vous ?
          - Par Asgeir, cette langue n’a aucun sens !
          - Ecoutez un peu, enfin ! Lé Comte dou village dé Gauffrois est lié à la disparition de la Princesse dou Royaume ! Vous n’écoutez donc rien ?

          Cette information précieuse en votre possession, vous vous apprêtez à sortir de la taverne. Mais votre destination est lointaine, et dangereux est le chemin a parcourir. Peut-être devriez vous vous préparer et profiter de ce que la Capitale a à vous offrir… Que faites-vous ?
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          -Ce que je fais ?! Je pars ! S'il n'y a qu'un Comte à tuer, je me charge d'exécuter la besogne de ce pas ! Râle Hevrard en poussant la porte d'un geste déterminé. Derrière lui, le reste de l'équipe l'observait, médusé. Et qu'à tu fais de Dylon !? Si tu as levé la main sur lui, je te plains !

          Rassure toi, Hevrard le Guerrier. Dylon va très bien ; Et vous serez vite amené à vous revoir. Si tout se passe bien, huhuhu.

          -Né fou t'il pas rester ensemble ?! Ci plous sour, la capit-
          -SILENCE ! Je n'ai pas besoin de vous. Nous tournons en rond depuis des lustres. Personne n'a l'air de comprendre ce qui se passe et les chapitres défilent sans qu'on ait le temps de rien dire. Alors je p-

          Non. Le héros a raison. Vous devez rester ensemble, pour le bien de la prophétie et le déroulement de l'histoire. Sinon... Retour à l'introduction.


          -Y'a rien dans l'ordre ! On en peut plus, merde ! Hurle Edmur les yeux vers le ciel, observé par quelques passants pensant croisé un fou. Et toi, fous un truc aussi ! Renchérit-il en bousculant Abraham, lui légèrement dans la lune.


          Décidez vous ! Le temps presse, mais vous avez tout de même le temps de gambader dans la capitale. C'est bon , vous vous calmez ? Bien. Les membres du groupe rengainent leurs colère et marchent ensemble dans les rues animées de la Capitale. Vous apercevez des marchés, des échoppes, des crieurs publiques promouvant une nouvelle recette de saucisse. Bref, une grande ville animée. Mais alors que vous vous éloignez de l'endroit, vous vous rendez compte que les moines muets vous accompagnant se ruent vers le crieur.


          -On a faim ! On a faim ! Disent-ils frénétiquement devant le crieur. Tout le groupe les observent, désolés.
          -Abandonnons les, ils servent à que dalle t'façon.
          -Oublie pas c'qu'à dit l'autre fou.
          -Je m'en charge. Dit Hevrard en bousculant un peu Edmur et Ab pour saisir les deux énergumènes « affamés » par le col en s'excusant auprès du crieur. -On va se faire emprisonner avec vos folies, par tous les dieux.



          Alors que vous continuez à vous promener, jetant quelques coups d’œils dans de jolies boutiques, Ed' trouve la bonne idée de diviser le groupe le temps de visiter les lieux et qui sait, trouver quelque chose qui pourrait intéresser chacun de vous.

          -T'viens avec moi Ab' ?
          -Ouais, ouais. Répondit-il au quart de tour, en se ruant presque sur son partenaire.
          -On se rejoint à la taverne dans... deux heures ? J'suppose que vous allez rester à deux. Demande Edmur à Hev et Klara.
          -Hm. Grommelle-je en acquiesant d'un petit signe de la tête. -Par contre, vous gardez ces deux étrangetés avec vous. Nous prenons le héros, il sera en sécurité.
          -Tant mieux.



          Bon, vous avez décidé de vous séparer pour vaquer chacun de vos côtés à vos envies. Visiblement, personne n'a envie de discuter, et c'est en ne trouvant strictement rien à faire que vous retournez à la taverne en traînant le pas. Le héros tente tant bien que mal d'entamer la conversation, mais rien n'y fait. Chacun tire la gueule, tout ceci n'est guère drôle. Hevrard se commande à manger histoire d'être plein pour la route, tandis que Klara regarde à droite à gauche, qui tout à coup tourne la tête vers la porte d'entrée. « Les voilà. » qu'elle dit. C'est qu'elle parle... fascinant.

          -Hey ! Crie Abraham et Edmur simultanément, l'air visiblement bien remonté. -On s'est fait avoir, sa Capitale c'est d'la vraie merde !
          -Calme toi, nous n'sommes pas seuls. Lui lance Hev tout en s'essuyant la bouche.
          -Mais j'en ai rien à foutre ! T'as pas compris qu'c'était pas réel toute cette merde ?! Avec Ab on s'est tapé plusieurs boutiques, y'en avaient des vides, des enseignes qui vendent même pas c'qui est écrit sur la façade ! Et putain, ces abrutis qui parlent dans leur accent merdique... Failli en tuer un. OH ! FAIS NOUS CHANGER DE CHAPITRE, TA CAPITALE ELLE EST A CHIER, C'EST UNE BOITE DE CONSERVE !
          -Irréel... Songe le golem.
          -Un peu d'c- « Un peu d'calme » tenta de dire le tavernier. Mais trop tard.
          -TA GUEULE ! Lui hurle Edmur dessus avant de lui décocher son poing dans la figure, faisant tituber et reculer de manière pittoresque le pauvre tenancier qui s'écroule dans plusieurs chaises.
          -D'où tu le frappes ?! Rétorque un client révolté par la scène pour courir vers Ed telle une bête sauvage.

          C'est alors qu'Abraham plonge tel un nageur professionnel sur l'individu enragé et une bagarre éclate ! Les deux taiseux se lèvent, celle aux cheveux d'argent dégaine son bâton tandis que le colosse saisit l'un des buveurs prêt à en découdre pour faire passer sa tête à travers la table ! Rien ne va plus ! Ce n'était pas prévu ! ARRETEZ J'AI DIS !


          -ON T'EMMERDE ELBERT !
          -C'EST LA GUERRE !

          L'un des moines muets est sauvagement attrapé pour être balancé par dessus une table dans un mouvement parfaitement circulaire par un costaud le dépassant de deux têtes. MAIS OU EST LE HEROS ?! JE N'ARRIVE PLUS A SUIVRE BON SANG ! Bande de mal élevés ! Des tirs de feux retentissent, un client à dégainé son arme ! Mais d'où il la sort, d'ailleurs. Tout ça n'était p-

          RAAAAAAH ! J'EN AI ASSEZ !



          -Mé ou sommes nous ? Oya ! Régardez lé ciel , il y tout rouge !

          Au loin, vous pouvez apercevoir le fruit de ma colère. Pour là peine, vous voilà projetés au Chapitre Zéro, le Chapitre X, le Bonus, le Gouffre, ce que vous voulez. Vous affronterez le Wyrm, le Maitre de ces Lieux, le Maitre de mon Monde pour la peine. Cela vous apprendra à contredire Elbert le Magnificent.

          Hevrard dégaine une fois de plus son épée le premier et ferme doucement les yeux. M-Mais, que lui arrive-t-il ?! Ceux ci sont devenus bleus ?!

          -Oulah, qu'est-ce qu'il a ? Demande Ab
          -Aucune idée. Répondit Klara sur un ton placide.
          -Aux armes ! Peut-être que ceci est notre dernière épreuve ! PAR ASGEIR, DONNEZ TOUT CE QUE VOUS AVEZ !

          Le martial hurle à s'en décoller les poumons, cri retentissant jusque dans les oreilles de l'abomination niché au sommet de la Tour. Ils vous a entendu, plus de retour en arrière possible. Ma Capitale n'est pas belle ? Peut-être allez vous trouver votre bonheur en ces lieux.

            Le Culte  Ryan-w10

            Ça vous fait rire de piétiner trois ans de travail intensif et artistique ? J’ai écrit 42 chapitres intriguant et intéressant, parfaitement liés et ficelés, mais nooon, vous préférez n’en faire qu’à votre tête, et bien soit. Personne ne finit ce chapitre. Vous allez mourir, retourner à l’introduction, encore et encore. Bien fait.

            Au loin, le Wyrm s’enfonce sous terre avant de réapparaître, plus près des héros cette fois.

            – …
            – …
            – … Vous avez vraiment écrit tout un chapitre au cas où vos personnages vous saoulent ?

            Non. Normalement, il vous fallait parcourir les chapitres et ouvrir l’œil pour trouver les indices cachés qui permettent de résoudre une énigme à la fin du chapitre 41, qui ouvre un portail vers ce Chapitre, la Vraie Fin.

            – Je pensais qu’on devait juste sauver une bonne femme, moi, s’exclama Edmur. Et maintenant on est au purgatoire…

            L’histoire est en effet un peu plus compliqué que ça. Il s’agit en fait d’une manigance du Seigneur-Démon Uldu’r, qui…

            – Où est Hevrard ?

            La main serrant son bâton, Klara scrute de tout les côtés.

            … car il y a de ça maintenant 150 ans, sa bien-aimée, la déesse Muina…

            – Parti se fritter, il est vers les rochers, là-bas.

            … son plan était simple, mais ingénieux : utiliser le sang de la princesse, qui, comme je le disais plus tôt, est en fait la réincarnation de…

            – On le rejoint ?
            – Allez.

            * * *

            Le Wyrm était encore plus impressionnant vu de près. Sa peau semblait être constituée d’un mélange de pierre, d’écaille, et de mue. Une carapace visiblement impénétrable. Il était de toute façon très difficile de l’atteindre : la créature mythique se tortillait avant de replonger dans le sol, empêchant une quelconque attaque. Mais l’objectif n’était seulement de vaincre le chose, mais de la vaincre dès la première tentative. Et Elbert ne semblait pas décidé à les laisser sortir.

            Alors, que faites-vous ?

            Hevrard était bien décidé à en découdre, et fut le premier à foncer sur la bête, épée à la main. Les attaques physiques ne faisaient absolument aucuns dégâts, mais le chasseur parvenait tout de même à accaparer l’attention de la bête, voir de l’énerver… jusqu’à ce qu’elle retourne dans les profondeurs. Les vibrations étaient trop dense pour parvenir à localiser efficacement la bête avant qu’elle ne commence son ascension vers la surface. Elle tenta tout d’abord d’avaler Abraham et Edmur, qui esquivèrent au dernier moment d’un bond sur le côté, évitant ainsi de se faire aspirer par le fond. Le combat s’éternisa ainsi jusqu’à ce que Klara, un peu plus éloignée des combattants au corps à corps, se rendit compte que la créature semblait vouloir s’éloigner le plus possible de ses flammes, même si sa peau y résistait autant que les coups d’épées.

            Alors, elle eût une idée. Abraham et Edmur feraient très bien l’affaire pour détourner l’attention du Wyrm. Mais attirer le regard d’Hevrard s’avéra être l’étape la plus difficile du plan ; il semblait vouloir en découdre coûte que coûte. Heureusement que son rôle n’avait, en théorie, rien de compliquer, et que le lui signifier ne nécessita qu’une seconde de son attention et un simple signe de la main.

            Le Wyrm était retourné sous terre. Hevrard se rapprocha des deux membres du culte, attendant le moment opportun. Klara avait cessé de jeter ses sorts fictifs. Enfin, le monstre ressurgit des entrailles des enfers, visant encore une fois Edmur et Abraham. Mais cette fois, Hevrard était prêt ; il profita de la sortie de la créature pour s’accrocha tant bien que mal à la peau de celle-ci, qui l’entraîna en hauteur, bien au dessus de ses comparses. Réunissant la totalité de ses forces en un seul coup, il planta son épée en travers de la gueule du Wyrm, qui, même sans le blessé, le plaqua en direction du sol.

            La boule de feu de Klara eut l’effet escompté : la gueule grande ouverte en guise de cible, le Wyrm ne put rien faire face à l’attaque. Il poussa un cri strident, avant que sa peau ne se noircisse et qu’il s’écroule au sol. Quelques secondes plus tard, il n’en restait que des cendres. Mais Elbert resta silencieux.

            Le ciel, auparavant rouge sang, se vit noircir en un clin d’œil. L’endroit fut alors plongé dans l’obscurité la plus totale, jusqu’à ce qu’un mince rayon de lumière transperça les ombres et vint se planter au sol, non loin devant le groupe d’aventuriers. C’est à cet endroit précis qu’apparut un personnage qu’ils n’avaient vu qu’une seule fois jusqu’ici, dans la bibliothèque du monastère.

            Elbert se tenait devant eux. Similaire à la personne qui les avait enfermé dans ce livre, mais pourtant différant. Il s’était en effet muni d’un tout autre accoutrement : une longue cape noire décorée de runes l’habillait, tandis qu’il semblait s’être équipé de différentes armes, mais surtout de lentilles lui donnant un regard violâtre aux allures magiques.

            – Bonsoir. Mon nom est Uldu’r, Seigneur-Démon du Cataclysme. Vous êtes parvenue jusqu’ici, aventurier, bien. Très bien. Mais pour vous, l’aventure s’arrête ici. Vous noterez que, n’étant moi-même plus à l’extérieur, je n’ai plus aucun contrôle sur l’ordre, l’histoire, ou même vos actions. Je ne peux plus tourner de page. Vous n’avez plus aucune compétence, si ce n’est vos habilitées réelles. Que vous aviez depuis le début, évidemment. Plus d’équipement provenant du livre et de vos classes. J’ai, dans un acte parfaitement altruiste, glissé dans la description de ce chapitre des armes de toutes sortes. A vous de les trouver. Commençons.


            Dernière édition par Klara Eilhart le Mer 19 Oct 2016 - 15:37, édité 1 fois
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            Il a enfin décidé de se montrer. Derrière ton accoutrement farfelu tu restes le même Elbert : un couard. Le décor apocalyptique comme à l'accoutumée a une nouvelle fois disparu pour maintenant être tous transportés dans une salle de château, plus précisément la salle du trône. Sur le siège, un homme est allongé en travers de celui-ci, le corps gisant presque au sol. A côté, le fameux « héros » tenant un poignard ensanglanté. « Yé lé fait... » dit-il, tremblant et fixant l'arme dégoulinante d'hémoglobines. Face à nous, l'autoproclamé Uldur avec à mes côtés trois guerriers aptes au combat. Abraham et Edmur sont tous deux surpris mais aussi pressé d'en découdre avec l'individu.

            -Où on est cette fois ? Demande Edmur sur un ton sec et autoritaire.
            D'un air moqueur, le Magnificent jette un regard autour de lui sans porter attention à ses opposants. -La dernière salle. Qu'il répond en souriant.
            -Yé toué lé comte ! Où est li princesse ?! Crie le héros de l'histoire comme par pulsions, surprenant l'assemblée au passage.
            -Silence, chemineau. Lui rétorque le « Démon » sur un timbre de voix presque changeant. -J'ai modifié le cours de l'histoire pour transformer celle-ci en votre tombeau à tous. Vous n'avez tous aucun respect, aucune considération pour le travail d'autrui. J'ai été aimable avec mais vous ne m'avez pas écouté. Continue-t-il tout en tirant une flamberge à la lame ondulée de sa longue veste. Que chacun se sert en arme, je vous attends.

            En effet, des râteliers étaient présents à quelques endroits de la salle, assez variés en terme de choix ; Allant de la masse d'arme à la faucille à chaîne. Elbert se tient toujours au milieu de la pièce, totalement confiant et son arme étincelante en main tandis que le groupe part à reculons le temps de s'armer. Lui reste confiant, le regard fixe comme si son esprit était déconnecté. Tous le monde armé et maintenant prêt, j'ai pu repérer les deux inséparables en train de comploter, sans pouvoir saisir le moindre de leurs paroles. Encerclé mais toujours serein, c'est en prenant une garde que je juge médiocre que le combat éclate.

            Restant dans la sobriété, c'est armés d'épées que les deux fidèles du Culte se ruent vers le détenteur du Fruit du Livre. D'une agile roue appuyé seulement d'une main, Elbert s'écarte de nous pour bénéficier de plus d'espace. Déjà, c'est un rapide. En retrait avec Klara, nous observons le combat jugé à leur avantage dans cette vaste et luxueuse salle. Ils portent des coups sans faire attention à leurs garde, permettant déjà au créateur de l'histoire de parer sans problèmes les attaques combinées et nourries des deux râleurs. Les coups pleuvent et les tentatives mal menées et dirigées sans force sont comme des coups de vents pour le bretteur acrobate. A force, les erreurs se multiplient... et peuvent être fatales. Bousculant son adversaire dans l'idée de provoquer une ouverture, Abraham se voit directement après désarmé et tranché au niveau du poignet. Dans la foulée, l'écrivain esquive un féroce tranche-tête de la part d'Edmur en exécutant une roulade à son côté. Pris au dépourvu et surpris par la lame maintenant plaqué contre son estomac, seul un cri de douleur retentit après la large lacération. Ses deux assaillants sont maintenant au tapis, dont l'un toujours debout se tenant le bras dégoulinant.

            -Rah... fils de pute... lâche Abraham.
            Tout de même haletant pour avoir réalisé ses prouesses, le je ne sais quoi du Cataclysme s'approche d'Edmur, assez mal en point et la lame levée.
            -Laisse le, il n'est plus en état de se battre. Que je lui lance, tenant fermement la hache dont je me suis menu pour le combat.

            Il n'écoute pas mes conseils, je m'apprête donc à me ruer sur lui pour l'empêcher de sévir quand un coutelas est lancé à toute allure dans la direction de ce chien, esquivé de très peu, lui arrachant une partie de son manteau burlesque. Interloqué, j'en profite pour me ruer vers lui en portant un puissant coup de hache en direction de sa poitrine. Il virevolte et vient utiliser le plat de sa lame pour me frapper dans le dos, me faisant légèrement trébucher vers l'avant. Armée de sa dague, la chasseuse se lance à son tour sur lui pour rapidement échanger contre l'écrivain raté qui lui montre des signes de plus en plus visibles de fatigue, son épée un peu trop encombrante pour un tel type d'arme en face. Fonçant tel un taureau dans son dos pour encastrer la hache dans sa tête, l'acrobate se décale et, d'une rapide prouesse, retire son manteau et nous y enveloppe avec ma partenaire du moment nous faisant nous cogner l'un contre l'autre. Je sens la rage monter et ses petites passes diminuent de plus en plus son espérance de vie. Manteau arraché tel un gorille et lui maintenant à bonne distance, il est temps de terminer ce combat. Klara un peu derrière moi, je tourne à peine la tête pour proposer une tactique d'approche.

            -Il faut réussir à le prendre à revers quand il ne s'y attends pas. Je vais tenter de me rapprocher et de l'occuper pour que tu passes derrière lui. Tu t'en sens capable ?
            -Ca devrait le faire. Me dit-elle calmement, comme d'habitude.
            -Battez vous au lieu de geindre !

            J'utilise mon pouvoir une dernière fois me permettant de bondir vers lui plus rapidement que d'habitude. Il se met instinctivement en garde mais ne se doute sûrement pas de ce qui l'attend. A un peu moins d'un mètre de distance, je m'agenouille rapidement, dérapant quelque peu contre le sol et bombe le dos.

            -MAINTENANT !
            -Qu'es-

            C'est alors que la guerrière entreprend une course pour alors prendre appui sur mon dos et sauter par dessus notre ennemi pour le prendre sur tous les fronts. Il ne s'y attendait pas, la situation se retourne à son avantage et les tactiques de fuites s'amenuisent, n'est ce pas ? Impossible pour lui de contrer les deux attaques en même temps, s'il veut faire ça, l'une d'elle va l'atteindre. Il a bien compris qu'il avait perdu. Au moment où je le plaque au sol via le manche de la hache, nous revoilà tous projeté dans un tout autre endroit... Au monastère.


              Même en plein jour, le bureau semblait magiquement protégé des rayons du soleil. Le peu de lumière qui parvenait à rentrer ne faisait que rentre plus visible la poussière qui s’élevait dans toute la pièce. Le chef du culte servit à boire à son invitée. De l’eau, seulement. Les boissons alcoolisés étaient prohibées au sein du culte. La politesse ainsi effectuées, il s’adossa confortablement dans son siège, derrière une pile de paperasse qui n’avait toujours pas diminué en taille.

              – Je ne m’étais donc pas trompé, fit-il en sirotant sa coupe comme si il s’agissait d’un bon vin ; il n’avait visiblement pas soif et s’était contenté de paraître poli et aimable.
              – Non, lui répondit Klara dans une nonchalance à peine exagérée.
              – Bien, très bien. Où est votre partenaire ?
              – Il est avec Dylon.
              – Ah… Oui.
              – Vous savez ce qu’il s’est passé ?
              – Je suis au courant de tout ce qui touche de prêt ou de loin mes fidèles.

              Sigmund était calme. Parfaitement calme. Ce qu’il s’était passé au monastère ne semblait pas l’émouvoir plus que ça.

              – C’était un criminel. Vous en avez tué plus d’un, je me trompe ? Bon sang, vous vous êtes même baladé avec la tête de l’un d’eux. Vraiment, je ne comprends pas ce qui vous dérange.


              * * * * *


              – Arrêtez, je me rends !

              Le monastère avait perdu de son calme. L’agitation dans la grande bibliothèque était telle que plusieurs étagères s’étaient retrouvé renversées, une marée de livre recouvrant alors une partie du sol. Elbert, dans un coin de la pièce, s’était recroquevillé sur lui-même. Le pauvre homme avait perdu de toute sa splendeur. Un énorme livre s’était écrasé par terre, plusieurs page chiffonnées voir déchirées.

              – On ne va pas vous tuer, le rassura Klara.
              – Ah bon ? s’exclama Edmur, aussi bourru qu’au sein du livre.
              – Oui. Levez-vous.
              – J-je pars pas avec vous. Pas avec Eux. J-j’ai vu ce qu-…

              Il n’en fallu pas plus à Edmur pour dégainer une arme à feu qui ne sied absolument pas à un membre de culte. Il le pointa pourtant avec grâce vers le criminel et écrivain. Et pour une fois, il ne fut absolument pas retenu par Abraham.

              – Qu’est-ce que vous faites ?! s’exclama soudainement Hevrard, qui dû s’arrêter de feuilleter un des livres tombé au sol.
              – Il est notre responsabilité, maintenant, fit Klara sur un ton volontairement calme.
              – Nous partons, et vous ne le reverrez pas, rajouta Hevrard qui se rangea du côté de sa camarade du moment.
              – Je vous l’avais d-dit !

              Épuisé par son pouvoir et son combat, Elbert ne pouvait faire face à la plupart des personnes qui se trouvaient face à lui. Alors il jeta son dévolu sur la moins dégourdie et la plus vulnérable du coin.

              – Laissez moi partir, loin de ces tarés, où je bute le petit !
              – Il était entrain de se rendre…

              Klara, quelque peu exténuée, lança un regard à Hevrard.

              – Laisse le partir. Laisse partir Dylon, où bien je jure devant Asgeir que tu t’empalera sur ma lame.

              Dylon, le jeune qui avait accompagné le chasseur de prime jusqu’au monastère, semblait avoir échappé au pouvoir de l’écrivain en partant explorer le reste de l’édifice, seul. Si tout ce beau avait réchappé à l’emprise d’Elbert, c’était en partie grâce à lui ; il avait en effet fait en sorte que le livre devienne inutilisable, sans le vouloir. Il avait trébuché à la recherche d’un quelconque indice dans la grande bibliothèque, et, tentant de se rattraper avec le meuble le plus proche, il avait arraché plusieurs pages du livre avant de le faire tomber au sol.

              Mais maintenant, c’était aux autres de le sortir de ce pétrin. Elbert, la lame sous la gorge du jeune homme, partit à reculons vers la sortie de la pièce, tandis qu’Edmur le visait toujours. La scène qui suivit fut des plus confuses. Dylon, devant le regard résolu de son camarade de culte, tenta le tout pour le tout. Elbert, pensant que le petit ne représentait absolument aucune menace, fut surpris par celui-ci lorsqu’il se mit à se débattre. Un coup de coude, suivit d’une morsure des plus sauvages au poignet. L’écrivain était cependant bien plus fort, et ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne reprenne son emprise sur lui. Mais c’était sans compter le coup de feu qui retentit dans tout l’endroit, l’écho se répercutant sur les immenses murs de la pièce.

              Les deux avaient été touchés. Dylon s’écroula au sol, la main plaquée contre la plaie ensenglantée, heureusement peu profonde : la balle ne l’avait pas entièrement touché. Ce qui n’était pas le cas de la cible principale du tir.

              Plusieurs traces de sang bien visibles formaient un chemin clair qui partait de l’entrée de la bibliothèque jusqu’à un escalier en colimaçon qui menait en haut d’une petite tour à moitié délabrée. Tandis qu’Hevrard couru en direction de Dylon, suivi par Klara, Edmur et Abraham, eux, se jetèrent en direction du fugitif, qui n’était de toute façon pas bien difficile à rattraper.

              Voyant que Dylon n’était pas grièvement blessé, la chasseuse partit sur les traces des deux membres éminent du culte. Les autres, encapuchonnés, s’étaient enfuit depuis bien longtemps.

              Le toit de la petite tour était un endroit assez dangereux. Les bords n’étaient absolument pas stables. Et c’est exactement là où avait décidé de se tenir Elbert. Lorsque Klara passa sa tête par l’ouverture de la porte de bois, elle n’eût que le temps de le voir disparaître dans le vide, derrière Edmur, l’arme baissée, et Abraham, déconcerté. La balle qui l’avait touchée avait visiblement signée son arrêt de mort, et le tireur n’avait pas eu besoin de récidiver.


              * * * * *


              – Il avait pris l’un des nôtres en otage. Êtes-vous vraiment émue par la manière dont tout ça s’est terminé ?

              Klara prit un moment pour réfléchir et inspirer, avant de répondre par la négative.

              – Bien. Enfin, bref. Je suppose que vous n’êtes là que pour la prime, après tout. Bien entendu. Allez au bureau des primes. Nous nous sommes occupés de tout. Numeria va vous raccompagner.
              – Adieu.

              Il attendit un instant que la chasseuse et Numeria soit éloignées, avant d’appeler à sa suite l’encapuchonné qui attendait au seuil de la porte de son bureau.

              – Continue de les suivre, Malmere . On ne sait jamais.
              – Entendu, maître.

              Les pas du membre du culte s’éloignant, Sigmund plongea à nouveau dans son bureau sombre en prenant soin de fermer la porte derrière lui. Il avait du travail, beaucoup de travail.

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