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Voilà, nous sommes en mer à nouveau. Depuis trois jours. Avec le bon cap cette fois, je m'en assure en faisant des allers-retours récurrents entre la cabine et le pont. Pour zieuter la Commandante qui ne bouge plus d'un cil. Véritable pilier tenant le gouvernail et fixant l'Eternal Pose. Si tout se passe bien... Bon sang, rien ne se passe jamais bien, alors pourquoi toujours répéter cette même phrase.

- Oh, bonjour Lieutenante-Colonelle. Je ne vous avais même pas remarquée !

- Pourtant ça va faire trois minutes qu'elle est là à scruter vos moindres faits et gestes.

- Je... euh... ouais. Oui.

Difficile de s'expliquer lorsque l'on a tendance à s'exporter sur la lune dès que possible. Encore un peu dans le cirage, je détourne le regard en direction de la Noirvoyante, occupée à pêcher plus loin. Et je sais pas comment elle se débrouille, mais son sceau est rempli à ras-bord. L'aveugle est diablement bonne pêcheuse. Bref, je fais mon tour journalier, zieutant de façon suspicieuse la Cook qui me rend la pareille.

- Quoi au menu ?

- Calamar à l'armoricaine.

Mon cul, des tentacules dans de la sauce blanche, le tout pas cuit. J'affiche une mine blafarde, ce qui veut tout dire.

- Si z'êtes pas contente, z'avez qu'à pas bouffer.

Faisons ça. C'est pas comme si j'avais mes réserves dissimulées dans ma cabine. En reprenant l'idée du réfrigérateur des pirates, un moyen fiable de conserver durablement les aliments. Et depuis que je me nourris de cette façon, clandestinement, étrangement mes entrailles me remercient.

- Vous pêchez quoi ? lancé-je à l'Adjudante.

- J'en sais rien. Une surprise.

- On dirait du lieu jaune.

- Ah bah du coup c'est plus une surprise.

- Mea culpa. m'excusé-je donc tout en m'écartant vivement.

Bon, le moment semble propice pour mener ma petite enquête, vu que de toute façon on n'a pas besoin de moi. En réalité, on n'a jamais besoin de moi, mais tout de même. Alors voyons voir : Velours et Soie. Soie et Velours. L'une est en haut, l'autre est en bas. La pipelette est la plus à même de rester isolée, mais sa forcenée de soeur est tout autant un calvaire, pour peu qu'une femme se prenne la tête avec l'autre gourde qui ne cesse de jacter. Bwah, commençons par la plus simple. En parlant, elle finira donc par se découvrir. Ce qui me vient à l'esprit lorsque mes mains viennent s'accrocher vers le cordage de l'échelle qui mène vers la vigie.

Le vertige, j'ai donné et ça c'est rien. En deux minutes, j'ai rejoint le sommet du mat et je me hisse par-dessus la balustrade qui encadre l'avant-poste.

- Caporale.

- L-lieutenante-C-colonelle... bredouille la bonne femme après un sursaut de surprise.

Mince, j'y ai été trop discrètement ? L'habitude. S'agirait pas que ça s'ébruite, que je suis discrète. On pourrait me prendre pour une agente. M'enfin bon, là n'est pas le sujet. Passons direct à table. Mais d'abord.

- Rompez.

- Ah, merci !

- Vous n'êtes pas censée me remercier, c'est un ordre.

- Toutes mes excuses. Vous savez, c'est la chaleur. Ca me fait tourner la tête, là-haut. Depuis déjà six heures que je suis levée, à scruter l'horizon. Ca file mal aux yeux, on devrait avoir des lunettes. Je parle de lunettes de soleil hein, pas de jumelles ou bien de lorgnette. Non, c'est une horreur ça, ça brûle la rétine. Mais bon, vous savez ce qu'on dit : tant qu'on voit le bout de ses chaussures...

Bon sang, la voilà repartie. Impossible d'en placer une. J'essaye bien, je lève le doigt, j'ouvre la bouche, j'émets des petits sons spontanés mais non. Elle n'écoute qu'elle. Obligée d'être plus autoritaire.

- Non je ne sais pas, bon sang ! Taisez vous, Velours. Je suis pas venue pour écouter vos salades !

- Toutes mes excuses, Lieutenante-Colonelle. Ça vient naturellement chez moi. C'est typique de ma grand-mère apparemment. Vous savez, elle a grandi à Inu Town et c'était une vendeuse de tapis. C'était une bonne commerça...

- Vous recommencez.

- Non je...

- Si, vous recommencez. Et vous avez encore essayé de recommencer.

Enfin, à force d'insister, la jeune femme se tait. Adoptant une expression d'infime tristesse. Mais je m'en fous royalement. Non, tout ce qui m'intéresse c'est qu'elle réponde à mes questions.

- Savez-vous quelle est notre destination, l'objet de notre mission ?

- Asterion non ? Si j'ai bien compris, un truc à récupérer là-bas.

- Et ensuite ?

La jeune femme gonfle les joues, lève les mains. Aucune idée. Vraiment ?

- Python Rocheux, ça ne vous dit rien ? Le Contre-Amiral Jonathan Nielson ?

- Non, pourquoi ? Je devrais ?

Sondage au Haki pour savoir si elle devrait. Dans le doute, je choppe sa pulsation en lui agrippant le poignet. Non, rythme cardiaque normal, c'est pas elle. Elle sait rien, c'est juste une bavarde sans prétentions. Une simple gosse.

- Lieutenante-Colonelle ? commence-t-elle à rougir.

Quoi ? Non ! Je comprends bien que les croisières entre femmes peuvent être déroutantes, mais je ne mange pas de ce pain là. Allez, pas la peine de perdre plus de temps, je bascule à nouveau dans le vide pour me rattraper aux cordages.

Une de moins sur ma liste. Au tour de sa sœur désormais.
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Après la vigie, la cale. Une présence assez régulière est nécessaire sur les lieux, histoire de vérifier que les canons sont bien attachés et que personne n'est en train de taper dans les caisses de nourriture. Ou d'autres conneries. Généralement c'est la Caporale Sparkle qui s'en charge, sauf qu'elle se remet encore de ses blessures infligées lors de la dernière bataille. Du coup on a vu là l'occasion d'isoler la deuxième sœur, la plus dangereuse en vérité, Soie. Celle-ci me voit d'ailleurs arriver de loin, glissant furtivement un regard sombre qu'elle croit indiscernable. Manque de bol, j'ai le Haki qui me permet, de surcroît, de lire ses intentions et quelques une de ses émotions. Dans le tas : la frustration, l'angoisse, la peur. Aucune intention de me faire du mal, plutôt celle d'être tranquille.

- Lieutenante-Colonelle, que puis-je pour vous ?

Pourquoi l'angoisse ? Pourquoi la peur ? J'aimerais y venir au fur et à mesure dans notre conversation. Je l'approche donc, mais en commençant par quelque chose de plus soft. Crescendo.

- Caporale. Alors, comment se porte notre cargaison et nos canons ?

Elle ne peut s'empêcher de soupirer, comme si le fait même de lui poser la question était un signe de manque de confiance.

- Tout va bien. Ces derniers jours nous n'avons même pas utilisé un-dixième de la nourriture que nous gardons en soutes. Apparemment la Lieutenante Konsho en aurait, elle aussi, dans les cales de son navire. Pour les canons, ils sont tous bien arrimés et prêts à faire feu.

- Parfait.

Vient le moment des questions plus intimes. Pour ce-faire, je m'adosse à une pile de barils couchés à l'horizontale, située à proximité des escaliers. La jeune femme devine que je prépare quelque chose.

- Besoin de quelque chose d'autre, Lieutenante-Colonelle ?

- A vrai dire... Vous connaissez notre destination ?

- Asterion si je ne me trompe pas. Puis ensuite une île obscure du nom de... Mitton Pocheux peut-être ?

On n'en a pas souvent parlé. Je l'excuse pour la déformation. Dans tous les cas, mes questions lui font arquer un sourcil interrogateur.

- Les Pythons Rocheux oui. Et Jonathan Nielson, c'est un nom qui vous dit quelque chose ?

- Non... pas que je sache. C'est qui ?

- Un Contre-Amiral. Il a participé à des nombreuses batailles dont celle du Ciel Vert, sur Jaya, il y a une bonne dizaine d'années.

Je me suis renseignée sur le dossier officiel du bonhomme. Mais il me manque encore pas mal d'informations plus officieuses. Comme ses rapports avec l'un des empereurs pirates.

- Rien de chez rien. Je ne le connaissais pas avant.

Malgré la fin de sa phrase, j'échange avec elle un long contact visuel. Essayant de deviner si elle dit vrai, en lisant dans son regard la vérité. En me concentrant bien, je peux même entendre les pulsations de son cœur avec mon Haki, qui sont toutes aussi régulières que celles de sa petit sœur.

Non, j'en ai le cœur net, ce n'est pas elle, non plus. Mais alors qui ? La géante ? C'est ma prochaine étape. Toujours est-il que ma curiosité me titille quant à ce que j'ai pu découvrir précédemment.

- Pourquoi avez-vous peur ?

- Pardon, quoi ?! Je n'ai pas peu...

- Si, vous avez peur, vous êtes angoissée. Vous tremblez.

C'est vrai, elle ne peut pas le cacher. Ses spasmes. Nouveau soupire accompagné d'un froncement de sourcils. Après cinq secondes de court silence, la voilà qui se dévoile enfin.

- Velours. J'ai vu les femmes tomber au combat la semaine dernière. J'ai peur que ça puisse lui arriver aussi. Je ne me le pardonnerais pas. J'ai promis à notre père de veiller sur elle...

La tension laisse place au chagrin, tandis que ses intentions deviennent désormais limpides. On la savait déjà protectrice, mais ça vire quasiment à la paranoïa désormais. Elle s'inquiète constamment au sujet de sa sœur alors que le danger est loin à présent. Enfin, jusqu'à Asterion. Bref, j'ai eu mes réponses, inutile de m'éterniser. Et comme je ne suis pas psychologue...

- Merci pour votre aide, Caporale.

- Mon aide pour... ?

Pas le temps de répondre à sa question, je me suis déjà glissée dans les escaliers, montant les marches deux par deux en direction de la surface. Rapidement, je trace la route en direction du gaillard arrière où sont arrimées les cordes permettant de tracter le navire à voiles derrières nous. Un petit navire qui en tracte un gigantesque, c'est dément. Mais celui-là a des hélices en plus. Donc plus rapide, plus puissant.

- Vous souhaitez vous rendre sur l'autre navire, Lieutenante-Colonelle ? Vous voulez qu'on stoppe les machines temporairement pour diminuer l'écart ?

- Ouais, non, pas besoin merci.

Trois Geppous suffisent pour parcourir la distance qui sépare les deux bâtiments. Pour qu'enfin, je mette pour la première fois le pied sur le sloop gargantuesque sur lequel navigue la géante. Et les femmes sous son commandement.

C'est quand même bien mieux que d'être ligotée sur le pont du vaisseau mère, non ?
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En trois jours, même si le petit équipage du Rōzen Meiden n'est pas encore rodé, il est sur la bonne voie. Bien que l'autorité de leurs supérieurs du moment, c'est à dire moi, n'est pas écrasante, elle est tout de même présente. Ainsi se succèdent des exercices réguliers entre les quarts des membres de l'équipage et le tout ponctué de pauses réglementaires, même si celle-ci ressemble plus à des tea party à une terrasse. D'un point de vue extérieur, on pourrait presque penser que nous accumulons les clichés d'un équipage féminin, mais je vous affirmer qu'on les aligne bien et tant que cela ne gêne pas le bon fonctionnement de notre travail, je ne vois pas pourquoi je devrais changer ça.

C'est l'heure du roulement à la vigie, c'est la première chose que j'ai faite et accordée, le fait d'aménager un bureau là-haut avec quelques meubles que j'avais en réserve. Mais il va falloir assurément que j'en emprunte à la prochaine base où on passera, elles doivent déjà y passer des yeux, je n'ai pas envie qu'elle se tue non plus. Certes, ce n'est pas une croisière de plaisance, mais ça permet en retour d'avoir aussi un carnet de vigie complet et ça les forme pour le cas où un jour se navire ai l'obligation de voyager seul ou qu'elles soient affectées sur le bâtiment principal.

Quand je remarque l'arrivée de la Lieutenante-Colonelle, je suis assise sur le pont à écrire mon journal de bord tout en surveillant qu'il n'y ait pas de nouvel incident au niveau du "réfectoire" qui est pour le moment un amas de tables, chaise ainsi qu'un buffet où les marines en pause peuvent prendre une pause avec une boisson chaude ou non et discuter entre elles. Comme il y a de nouvelles têtes qui ne se connaissent pas très bien, il y a toujours des esprits qui s'échauffent, pas au point où ça en devient grave et je m'en assure, mais quand même.

"Lieutenante-Colonelle à bord."

Oui, il y a un protocole à respecter, et celui-ci indique qu'on se met au garde-à-vous quand notre supérieur est présent ou qu'elle est annoncée. Et ça ne manque pas, le tout avec du bruit de vaisselle cassée, une petite nouvelle qui a sursauté et fait tomber sa tasse. Des choses qui arrivent en somme.

"Bienvenue à bord du Rōzen Meiden, Lieutenante-Colonelle."

On attend sagement qu'elle nous dise de nous mettre au repos, ordre qui d'ailleurs et anormalement long à venir... C'est certainement un test, n'importe qu'elle sous-officier sais que ce n'est pas bon de faire tenir au garde-à-vous des gens surtout quand on débarque à l'improviste. Enfin ce n'est pas grave, c'est toujours un plaisir de la voir, surtout quand je peux bouger librement grâce à elle et avoir de la nourriture décente... D'ailleurs, Betty est présente, elle était attablée avec les autres à écouter des discussions. Elle est comme moi cette brave Betty, elle écoute bien plus qu'elle ne parle, mais je sais que c'est dur d'être timide alors je la laisse faire sans jamais rien dire, ça serait un comble de toute manière.

"Que puis-je pour vous ? Vous voulez boire quelque chose ?"

En attendant sa réponse, les demoiselles retournent à leur repos mérité, sauf une petite jeune, une matelot de première classe qui attend sagement pour servir la Lieutenante-Colonelle si nécessaire, une ancienne serveuse qui porte de grosses lunettes rondes et des couettes et qui manque au moins autant que moi d'amour-propre... S'il n'y avait pas de rapport de grade, on serait certainement amies. Mais on est plus que ça dans un sens, un équipage est une famille, la seconde famille que l'on chérit et protège de sa vie.

S'en suis avec ma supérieure une petite discussion une fois à l'écart pour une raison que je n'ai pas comprise... Bof, rien d'important, j'imagine. Elle me demande notre cap, notre mission et si je connais un certain Jonathan Nielson. Après un moment de réflexion, je réponds tout naturellement.

"Le contre-amiral Nielson ? Oui, une partie de ma famille a était sous ses ordres, je ne sais plus si c'est encore le cas, j'ai dû entendre ce nom il y a des années. Néanmoins, je n'en sais pas grand-chose de plus, on évite de parler travail quand on se croise."

Pourquoi cette question ? Oh ! Mais bien sûr, chaque supérieur à ses propres manies et sa manière de faire, il ne s’agirait pas de s'attirer son courroux, déjà qu'on est un équipage de femme avec une géante.

"Si vous voulez, je peux contacter l'un d'eux ? Il est toujours bon de savoir où on met les pieds."

Le tout suivi d'un grand sourire, je ne veux pas qu'elle se sente gênée de me demander quelque chose, au contraire ça me fait plaisir d'être utile.
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- Pas besoin.

Alors c'est pas elle non plus, hein ? Bon sang, je les ai quasiment toutes interrogées. Enfin, elles étaient cinq non ? Ça peut quand même pas être Fosters ? Après tout, une opportuniste désireuse de monter en grade ça peut faire une bonne couverture... Mouais. Et puis il y en a une autre aussi, mais impossible de me rappeler qui c'est. La cinquième. On l'a presque jamais vue à bord. Elle a un don pour passer... inaperçue.

- Dis-moi, tu te rappelles des noms de celles qui ont embarqué avec toi au G-0 ? Il y avait Soie, Velours, toi, la lèche-cul et...

Betty ? Oui, c'est ça, Betty. Sans nom de famille ? A vrai dire, j'avais commencé à m'interroger à son sujet quand Fosters était venue me cirer les pompes. Décidément, celle-là. Non, maintenant c'est sûr, c'est elle. Cette fameuse Betty. Et comme par hasard, quand je demande à la géante si elle sait où je peux la trouver, la voilà qui apparaît. Non, loin. Un chiffon dans les mains.

- Lieutenante-Colonelle, vous voulez me voir ?

Je ne peux m'empêcher de sourire, un peu à la manière d'une sociopathe. C'en est presque inquiétant, pourtant mes intentions ne sont pas malsaines. Je suis juste satisfaite. C'est mon sourire de satisfaction, on peut dire.

- Oui Seconde Classe, vous auriez un peu de temps libre devant vous ? fais-je tout en marchant dans sa direction, le bras déjà en barricade dans son dos pour la contraindre à avancer.

Nous faisons donc quelques pas en silence jusqu'à être enfin loin des oreilles indiscrètes.

- Je ne vais pas y aller par quatre chemin. C'est vous mon contact du CP4.

La soldate affiche une mine interloquée. Même si cela ne dure qu'un dixième de seconde, cela ne fait aucun doute. C'est elle, je sais que c'est elle. La surprise l'a trahie. Elle ne pensait probablement pas que quelqu'un serait au courant du motif de sa présence ni de son véritable métier.

- Non je... je ne vois pas de quoi vous voulez parler. essaye-t-elle de récuser, en vain.

- Allez, pas de secrets entre nous. Ce n'est pas au vieux singe que l'on apprend à faire la grimace.

Ses yeux balayent une nouvelle fois les environs, à la recherche d'un potentiel témoin. Mais il n'y en a aucun, par chance. Elle peut se découvrir. Son expression change alors du tout au tout.

- Comment avez-vous-

- Je suis moi-même sous couverture. l'interromps-je.

On ne dirait pas ? A vrai dire, j'y ai songé et avoir une couverture gradée est au moins aussi efficace que le contraire. Les gens ne suspecteraient pas un agent du Cipher Pol là où l'on demanderait un Marine qualifié. Il y a des responsabilités à avoir. Et j'apprends petit à petit à y faire face. Mais j'ai déjà laissé plein de failles. Des que je ne ferais plus aussi aisément aujourd'hui.

- Je... Je pensais être seule sur cette affaire.

- Vous ne l'êtes pas. Vous comptiez vous confronter à un Contre-Amiral et potentiellement aux larbins d'un Empereur toute seule ?

- Non, cela semble logique. A la limite, je soupçonnais la présence de renforts déjà sur le terrain. Pas à la tête d'une division complète.

- Réfléchissez un peu. Rien ne prédestine la 346ème à faire partie de la flotte de Jonathan Nielson. Rien, si ce n'est cette mission. Tout cela n'est qu'une couverture, un prétexte.

- Je sais, c'est pour cela que j'ai essayé de faire profil bas. On sait jamais, il peut y avoir des femmes de connivence avec Nielson à bord.

- Il n'y en a pas. Enfin, ça me semblerait tiré par les cheveux. Officiellement, la 346ème remplace la 678ème, rien d'autre. Pas de quoi suspecter la présence du CP4.

- Mais vous n'êtes pas du CP4.

La voilà qui plisse à nouveau les yeux, suspicieuse. Elle pense que je suis un agent double ? Si c'était le cas, je l'aurais déjà éliminée. Elle n'est rien pour personne ici. Ce qui prouve qu'elle fait convenablement son travail.

- En effet.

- CP8 ?

- CP9. Chef d'équipe du CP9.

Ça claque tellement, ce titre. Outre le salaire qui, lui aussi, est exorbitant. Le grade de chef d'équipe est prestigieux et il est assez rare de le confier à des personnes de mon âge. Vingt-huit ans. Vingt-neuf bientôt. C'est incroyablement jeune. Mais il faut croire que j'ai bien travaillé. A l'occasion, je m'entretiendrai d'ailleurs avec l'administrateur, qui désire apparemment me voir en tête à tête.

- Ça alors, si je m'attendais à ça ! Le CP9, carrément.

Sa couverture disparaît petit à petit. Jusque dans les mots utilisés, un peu plus populaires, argotiques. Loin du soldat respectueux et de son supérieur, ce sont désormais deux collègues qui discutent ensemble. Qu'importe la hiérarchie qui gouverne les deux couvertures.

- Je viens en soutien pour prêter main forte dans l'enquête. Mais pour être vraiment efficace, il va me falloir un peu plus d'informations.

Je me demande tout de même pourquoi la jeune femme est la seule à détenir ces renseignements. Pourquoi ceux-ci n'ont pas été centralisés par les bureaucrates alors qu'elle se trouvait à Marie-Joie. Pourquoi mon coordinateur n'en savait pas plus. Un mystère qu'il me faudra élucider. Mais avant cela, j'ai besoin de savoir dans quoi je me suis embourbée.

Pourtant, toutes les réponses arrivent d'un seul coup, comme le couperet d'une guillotine.

- Pour les informations, j'en sais pas vraiment plus que vous sur la situation des Pythons et du Contre-Amiral. Mais je me suis portée volontaire pour cette mission parce que l'homme en question est mon oncle.
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Amanda Holmes, notre supérieur va parler seule à seule avec Betty, je ne me sens pas écarté c'est normal d'avoir des discussions privées... Non, cela ne fait que conforté une chose que je pensais, non que j'ai vu et qui est anormal. Je ne sais pas trop comment parler de ce genre de chose, ni si c'est mon travail, mais je dois juste le faire. Je suis simplement assise dans la cabine à ruminer, à penser et à me parler à moi-même. Est-ce que c'est bien, est-ce que je dois m'en mêler ?

"Betty..."
"Oui ?"
"Hé ! Tu avais promis de ne pas me refaire ça !"

J'ai sursauté en poussant un petit cri aigu typiquement féminin. Deux de mes marines viennent s'assurer que tout va bien, je les rassure en leur disant que ce n'est rien de grave et quand finalement on est de nouveau seules... Au passage, je dois penser à faire quelques choses pour cette porte, si n'importe qui peut se glisser en dessous alors autant mettre un rideau. Enfin soit, je soupire, le genre d'expression sur le visage est celui d'une personne qui doit aborder une conversation difficile.

"Il y a quelque chose qui te perturbe, n'est-ce pas ?"

Elle le sait, je le sais, ce n'est plus la peine de faire semblant, alors autant jouer cartes sur table.

"Betty, tu n'es pas ce que tu sembles être."

Elle ne montre rien, restant impassible, elle attend certainement que je développe plus mes propos ou simplement accuse le coup, allez savoir.

"Je t'ai vu combattre contre les géants, tu as des capacités bien au-delà d'un sous-officier ou même d'un officier supérieur moyen."

Elle me regarde de travers, enfin je pense... Son ton devient un peu plus sombre, plus sec alors qu'elle me répond. J'ai touché dans le mille n'est pas, alors la suite doit être vraie elle aussi.

"La vérité c'est que [...]"
"[...] Ce ne sont pas mes affaires, je ne sais pas qui tu as énervé dans la hiérarchie et peu importe."
"Tu ne sais rien."
"Bien sûr ! C'est tes affaires. Mais si tu as des soucis ou besoins d'aide, je veux que tu n'hésites pas à nous le demander. Tu ne peux pas rester à l'écart ou seconde classe toute ta vie."
"Je... D'accords."
"Par contre que ce soit clair, cette histoire ne doit pas interférer avec notre travail."

Je lui fais un grand sourire alors qu'elle soupire, je ne sais pas trop ce qu'elle pense et j'ai toujours du mal à lire dans le cœur des gens à cause de la différence de taille qui ne me laisse pas l'opportunité de simplement voir correctement leur visage. C'est pour ça que je dois m'améliorer. Finalement alors que je retourne au travail on parle de banalité jusqu'au soir où on est, tous les deux, de nouveau seule.

"Je peux te poser une question ?"
"Oui ?"

Non, je ne vais pas lui faire remarquer que ça en est déjà une, a mon âge ce n'est plus drôle depuis longtemps.

"Si quelqu'un que tu admires ou même de ta famille venait à trahir son serment, comment réagirais-tu ?"
"Je l'arrêterai moi-même si possible ou le dénoncerai après avoir réuni suffisamment de preuve."
"Sans lui demander ses motivations ?"
"L'enfer est pavé de bonnes intentions... Les criminels ont toujours de bonnes raisons, mais la justice est absolue."
"Je te pensais plus...."
"Gentille ? Être bon, ce n'est pas se laisser aveugler non plus. Le monde n'a pas besoin de ça, il a besoin d'ordre et de sécurité."

Elle ne dit plus rien, mais elle a l'air de meilleure humeur. Je ne sais pas où elle voulait en venir, mais je sens que je ne vais pas apprécier de l'apprendre, alors je ne préfère rien demander. Non, il vaut mieux partager une tasse de thé et attendre les ordres.
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Putain, si je m'attendais à ça. Tout s'expliquait. En tout cas, sur le moment ça donnait déjà pas mal de réponses. Mais comme il commençait à faire frisquet et que le vent s'était soudainement levé, j'avais fait signe à la jeune femme de me rejoindre un peu plus tard, dans mon bureau, pour que l'on discute plus calmement. Que l'on mette les choses à plat et que, peut-être, on commence à réfléchir à un plan. Ou à une ébauche de plan.

Plutôt le brouillon de l'ébauche d'un plan.

Ce que nous avions fait. Le soir même, puis le soir suivant, puis le soir d'après encore. Avant que ça devienne routinier et que nous partagions le même point de vue sur ce qu'il fallait faire et ce qu'il fallait dire. Sur l'objet de notre mission et son déroulement. Qu'elle soit nièce de notre cible n'y changeait rien, selon elle, mais je savais pertinemment ce que ça faisait lorsque l'on devait agir contre un membre de sa famille. Elle ne pouvait se mentir à elle-même, comme à moi. Je lisais en elle comme dans un livre ouvert, car elle me ressemblait beaucoup. En plus gentille probablement, moins cruelle. Mais aussi moins secrète. Elle était encore humaine et il ne fallait pas que ça entrave nos objectifs. Ainsi donc je le lui avais dit, le dernier soir, que si elle se mettait sur mon chemin, il lui en cuirait. Et comme elle avait déjà vu de quoi j'étais capable et bien... elle n'avait pas osé répondre.

En tout cas, j'avais effectivement eu plus d'informations à propos du Contre-Amiral. Plus des rumeurs familiales, les différents entre frères et sœurs qui avaient poussé la jeune femme à haïr son oncle assez tôt. Enfin, tout ça. Mais de ses rapports avec l'illégalité, rien. Ça semblait improbable vu son pédigrée. Un véritable officier modèle. Et pourtant, s'il fallait en croire nos sources, aussi floues pouvaient-elles être, c'était un corrompu. Elles étaient assez fiables en général. Il fallait s'attendre au pire. Et c'était pour ça que nous faisions route, que nous investiguions.

Après tout cela, la mission demeurait aussi énigmatique. Mais au moins je n'étais plus seule.

Quelques jours plus tard.

- Île en vue, ma Commandante !

- Astérion, je désespérais !

- Faut dire qu'on a pas vraiment pris le chemin le plus court aussi.

- Si c'est comme ça, je retourne éplucher mes patates.

- Commandante, c'est étrange...

Ce genre de moments à bord ou tout le monde gueule, la vigie la première. Je sors donc pour admirer le spectacle. La terre en vue. Grande, immense, un vrai continent. C'est donc ça, Astérion ? Mais, attendez...

- C'est quoi ces points noirs au large...

Des navires ? Des.. pavillons noirs ?! Merde, ils sont beaucoup.

- Des pirates ! Des pirates Commandante ! Ils se dirigent droit sur nous !! Une dizaine de navires ! Des frégates.

- Fait chier ! Détachez le Sloop et armez-le ! Nous allons avoir de la visite.

Branle-bas de combat aussitôt. Tout semble s'animer. Les voiles bougent, les cordages aussi, des femmes virevoltent en montant aux mats, prêtes à obéir aux ordres. Pour les plus expérimentées. Elles savent quoi faire et la Commandante aussi. Pourtant c'est peut-être pas le plus judicieux, de se battre, face à dix vaisseaux lourdement armés. Surtout lorsque l'on a le bénéfice de la vitesse. Pourtant je ne contredis pas les ordres de ma subalterne. Elle semble sûre d'elle. Je dis juste :

- C'est une mauvaise idée.

- Pardon ?

A l'approche du combat, la voilà qui tire de plus en plus la gueule. Pourtant je la devine envenimée, au fond, prête à mordre et à griffer. Mais elle semble tout bonnement molle. C'est la Loque.

- Leur attaque. Ils ne savent pas qui on est, ils foncent sur nous. Inutile de détacher les navires, continuons sans faire de cas. Nous sommes plus rapides qu'eux. Je vous ferai signe lorsqu'il faudra virer de bord.

La jeune femme et sa secondes affichent des tronches ahuries. Un peu comme la dizaine de soldates présentes tout autour de la scène. Elles me regardent, sans comprendre, stoppées dans leur actions. Vasilieva s'énerve, remettant en question mes ordres.

- Mais enfin, que comptez-vous faire ? Ils vont nous bombarder sans sommation. Votre stratégie est...

- Suivez mes ordres à la lettre, Commandante, et aucune Marine ne mourra aujourd'hui. Ou alors je peux considérer que vous chercher à vous mutiner et je vous mets aux fers. Vous choisissez.

Menotter la femme qui possède le Fruit des Menottes. C'est plutôt saugrenu et je ne sais pas si ça fonctionnerait. En revanche, le petit rappel à l'ordre semble la toucher en plein cœur. C'est moi qui commande ici, après tout.

- Comme vous le désirez, Lieutenante-Colonelle. Alors, que fais-t-on ?

- On prend en vitesse, le maximum possible. Puis on les contourne par tribord. Je m'occupe du reste.

Elles ont besoin d'être rassurées. Je suppose qu'il faut que je leur donne une démonstration de ma force. A toutes. Le capitaine pirate géant n'a visiblement pas suffit. Je me déplace alors jusqu'au gaillard avant, comprime le poing et frappe l'air devant moi. Une fissure se forme. Palpable, visible. Dans le vide. Puis c'est au tour de l'eau de se fendre sur plusieurs mètres de profondeur, juste devant le navire. Formant un angle en arc-de-cercle où l'eau est violemment expulsée, par devant et sur les côtés.

- Wooohh...

- Tant que je serai là, aucun boulet ne nous fauchera. Mais eux seront fauchés... par ça. fais-je tout en pointant l'une des épaisses vagues créées par ma lame sismique.

- ...Vous avez entendu la Lieutenante-Colonelle ?!

- Détachez les voiles ! Poussez les hélices au max. Et bon sang, dites à Konsho d'se bouger le popotin, c'pas une croisière !

Dix navires. Relativement espacés. En couler deux de cette façon devrait suffire, les autres prendront la tangente. D'ailleurs je crois reconnaître l’emblème sur leur drapeau. Décidément, ils sont partout. Et ils nous feront chier jusqu'à la fin.

Les Sunset Pirates.
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Les jours sont passés, encore, j'ai continuée comme avant et c'est très bien. Rien ne semble nous menacer ou changer notre routine et finalement...

"Lieutenante, ils semblent s'agiter sur le navire principal !"

Comment ça... Ah oui, c'est vrai, qu'est-ce qui se passe encore. Tiens, c'est quoi ces points au loin ?

"Vigie, au rapport !"

Elle observe cet horizon de points de couleur et remarque la même chose que ce que notre femme a vu sur le bâtiment principal, mais en retard...

"Des pirates Lieutenante, au moins une dizaine de navires !"

"Branle bas de combat, tout le monde à son poste !"

Je n'ai pas besoin qu'on me dise qu'on est dans une situation délicate, tout ce que je peux faire c'est mi préparer et attendre les ordres. Pendant que les petites s'affairent tout autour, je sors de la cale mon fusil à canon long... Il fait ma taille ou presque de bout à bout, c'est déjà du calibre naval sans être aussi puissant qu'une artillerie que l'on trouve sur un cuirassé de la marine. Mon arme n'a surtout pas la même cadence de tir et encore je n'ai pas de canon portatif sur moi, a la prochaine île avec une unité de géant j'en demanderai un d'ailleurs. Je vais au bout du navire essayer de voir s'il ya des ordres qui arrive et préparer à détacher mon embarcation de... Oh là ! Cette accélération subite ! Ils veulent faire quoi ?!

"Lieutenante-Colonelle que ce passe-t-il ?!"

Mais je n'aurais pas de réponse, je détache la voile, j'imagine que le moindre nœud aura son importance, puis je me contente de m'accrocher à ce que je peux d'une main, un genou à terre et d'attendre sagement la suite.
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