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Les pieds dans le plat

Une grande aventure est souvent marqué d'épisodes moins glorieux. La mienne bien entendu en fait partie. Les débuts d'un héros, voilà comment on pourrait appeler cet épisode. Car même si les événements qui s'y déroulent paraissent pour le moins anodins, c'est véritablement ici le point de départ d'Abel Maleterre, futur héros de ce monde.

Le restaurant le Baratie était réputé pour sa nourriture sublime autant que pour la capacité du lieu à être le point de départ de bagarres dantesque auxquelles les employés participaient sans vergogne. Brutaux, irascibles et particulièrement adeptes de bonnes raclées, les serveurs, chefs et autres employés du restaurant avaient la fâcheuse tendance de se foutre sur la gueule d'à peu près tous les gens qui présentaient le moindre problème. C'était pour cette raison d'abord que j'étais venu fourrer mon nez ici. J'attendais de participer au spectacle le plus jouissif et le plus attractif des Blues, le combat d'oignons à la sauce Tartare. Autrement dit, des baffes, des bonnes et des pas mûres.

Bien entendu, je ne me serais pas permis d'y manger seul, aussi, j'avais amené avec moi trois cocottes qui gloussaient plus que des dindes en chaleur ; Cynthia, Cassandra et Annabella je crois qu'elles s'appelaient. Les trois gonzesses aux cheveux plus peroxydés qu'une sirène en manque de triton dans ses nageoires, aux visages barbouillés d'infâme maquillage et à l'envie dévastatrice de ne faire qu'une bouchée de l'éphèbe que j'étais. Moi, bien sûr, je n'étais intéressé que par l'étendue bosselée de leurs décolletés respectifs, et par la perspective non moins alléchante de finir dans un pieu bien confortable, entouré de trois jolies créatures à qui j'apprendrais bien vite à ne pas parler la bouche pleine.

Parce que oui, la conversation depuis que nous avions pris le chemin du navire restaurant s'élevait à un niveau tellement ridicule que l'envie me prenait d'en attraper une pour taper sur les deux autres. Mais mon extraordinaire capacité à attendre que je n'en puisse plus avant de m'énerver pour de bon me retint. Puis j'avais franchement la flemme de les frapper, avouons le. J'avais franchi la porte du bar avec un tel air de zen sur mon visage magnifique que le portier avait failli nous refuser l'accès. Mais la présence des miss nibards avait joué en notre faveur.

« Cynthia, ma chérie, vient on s’assoit là ! J'suis sûre que c'est la meilleure table ouais !
-C'est réservé mademoiselle, si vous voulez bien me suivre.
-Oh, Abel, fais quelque chose, j'veux être ici !
-Mais oui, mais oui... M'sieur, y a pas moyen de prendre cette table ?
-Je vous dit que c'est réservé, vous n'allez quand même pas me casser les pieds pour une table ?
-Vous savez, moi, vous pouvez bien me mettre où vous voulez, je m'en cogne allègrement les parties sur un bout de métal chauffé à blanc, seulement, elle vont me prendre la tête tout le repas si elles posent pas leur énorme derrière sur la chaise adéquate. Vous savez, j'les ai pas choisi pour leurs capacités mentales.
-Bon... Je vais voir ce que je peux faire. »

Le mec nous lâcha au beau milieu de la salle. Tous les regards étaient tournés vers nous et je ne pouvais m'empêcher de penser à quel point ces tronches d’huîtres iraient super bien avec la marque de mes phalanges. Tout vient à point à qui sait attendre. Il fallait d'abord que je mange. Avec un peu de chances c'était vachement bon, et j'aurais de toute façon bien besoin de me défouler pour digérer mon plat, quelques beignes à droite et à gauche devraient suffire.

Le gusse revint avec l’assentiment du chef pour nous permettre de nous placer sur cette table réservée. En plein milieu de la salle bien entendu, avec vue sur toutes les tables et commérages possibles. Un endroit hautement stratégique d'où l'on pouvait facilement taper sur tout le monde rapidement, ça m'arrangeait. Cassandra prit place en face de moi, Annabella à gauche et Cynthia à droite. Je décidai alors de me concentrer uniquement sur la gorge bien en évidence de celle d'en face pour m'éviter un torticolis. Je perdis très vite le fil de la conversation.

Je fus surpris de l'arrivée du serveur avec la carte et je lui adressais un sourire complètement faux. Derrière mes lunettes de soleil, toujours fixement calées sur mon nez, mes yeux auraient très bien pu lancer une myriade d'éclairs dans sa direction. Je fis comme si de rien n'était et parcourut la carte des yeux. Bien entendu, tout était beaucoup trop cher pour moi, mais j'avais prévu ce petit détail.

« Je voudrais un bon gros hamburger maison, avec sa garniture de frites et sa bonne sauce au poivre. Merci bien.
-Moi ce sera un menu végétarien.
-De même !
-Pareil, et les boissons, sans sucres s'il vous plaît. »

Oh putain les pétasses. Je ne pouvais m'empêcher de penser que j'étais tombé sur le gros lot de mémères bio avec leurs franges détestables et leur string qui remontait finement au-dessus de la ligne du pantalon. Bref, des parfaites connasses que j'aurais bien rapidement lâchées au premier écart de conduite.

On m'apporta mon plat et je n'en fis qu'une bouchée tandis que les fanatiques du tofu mangeaient difficilement leurs trois grains et demi de sésame bio assaisonnés avec un grain de poivre. Dégueulasse. J'hésitai pour ma part à recommander un deuxième plat, mais la carte des desserts me faisait plus envie qu'aucun autre met salé. Triple glace café, chocolat, vanille, avec son brownie à la crème anglaise. Miam. Bon, je finis ça, et j'mets des baffes.
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Jour de repos. Le moment idéal pour prendre un peu de recul sur les récents événements et refaire le monde autour d'un bon repas chaud. Quoi de mieux que le Baratie, ce restaurant légendaire dont on dit qu'il accueillait même l'ancien amiral en chef de la marine de temps à autre. Une réputation qui n'était plus à faire, confortée par la renommée mondiale de ce palais de la gastronomie.

Pour l'occasion, Lance avait troqué son apparat de mission noir et son masque inquiétant pour une tenue bien plus chic et lumineuse qui rayonnait d'un blanc éclatant. C'était aussi le moyen de marquer une rupture avec son travail. Enfin, pouvait-on réellement faire une pause en tant qu'agent du cipher pol?

Il fut accueilli  de manière impeccable par un homme élégant en costume trois pièces. Lance annonça un couvert et il fut amené à une table isolée, proche du mur. Un serveur en chemise blanche et pantalon noir lui apporta une carte avant de déposer une magnifique bouteille d'eau eau en verre. Avant de la consulter, Lance balaya la salle du regard, pivotant sa tête de gauche à droite à plusieurs reprises. Une habitude tenace sans doute. Étonnamment, la clientèle était plutôt variée. De riches monsieur et leurs épouses par-ci, quelques coupes-gorge venus tester l'établissement par là, sans parler de personnes tout à fait normales qui venaient juste profiter d'un repas au restaurant.

Difficile tout de même de ne pas remarquer la touffe blonde et les trois gourdes qui l'accompagnaient assis au milieu de la salle. A eux seuls, ils doublaient le niveau sonore sans le moindre scrupule. Lance prenait plaisir en profitant de cet agréable moment de détente et ce n'était pas un peu de bruit qui risquait de changer cet état de fait.

Un peu plus loin, près du comptoir, le gérant de salle hésitait à apporter la carte des vins. Difficile d'établir précisément l'âge de Lance, mais il ne faisait aucun doute qu'il restait particulièrement jeune. Face à cette impasse il préféra rester de marbre et détourner le regard espérant que cela soit la solution adéquate à son problème.

Après quelques minutes, un serveur revint vers Lance. S'attendant à ce qu'on lui tende la carte, l'agent du CP5 fut bien surpris quand il aperçut sur le plateau une minuscule escargoreillete. Le serveur déposa l'engin juste à côté de l'assiette avec les courbettes et tout le toutim qui s'imposaient. Bien que surpris, Lance enfila l'escargoreillette sans hésitation aucune.

    - East blue est une mer bien agréable en cette saison, vous ne trouvez pas, agent Fairshield ?


Tout en camouflant la moindre réaction faciale d'inquiétude, Lance analysa à nouveau le restaurant, concentrant son attention sur tout individu masculin, de préférence seul à table qui semblait discuter dans le vide.

    - Vous n'êtes pas d'humeur très bavarde aujourd'hui.
    - Qui êtes-vous ?
    - Oh c'est vrai, je ne me suis pas présenté, je m'appelle Aaron.
    - Qu'est-ce que vous voulez ?
    - Ah ça c'est la question à cent points, rétorqua-t-il avant de boire une rapide gorgée qui, déformée par l'escargoreillette, rendait le bruit particulièrement infâme. Nous verrons ça plus tard.
    - Je ne crois pas non.

Agacé par la tournure que prenait cette mystérieuse conversation, Lance approcha sa main de son oreille droite.

    - Je me doutais que vous réagiriez comme ça. C'est la raison pour laquelle j'ai pris la précaution de poser un engin explosif sous l'une de ces tables.

La voix mielleuse ponctua sa phrase d'un très léger gloussement. Lance resta de marbre face à cette nouvelle, tentant au mieux de réprimer sa pulsion de pencher sa tête pour regarder sous sa table.


    - Si vous êtes gentil avec moi, je vous dirais peut-être laquelle.


C'est dans cette intense moment de détresse qu'un serveur vint prendre la commande. Lance choisit le plat du jour afin d'éloigner rapidement le garçon de table.


    - Regardez ce jeune homme au milieu de la salle. Si banal, si insouciant ... Et pourtant le voilà entouré d'adorables silhouettes à profiter de son repas. L'ignorance rend la vie bien agréable vous ne trouvez pas ?
    - C'est certain.
    - Et si vous alliez le voir ? Bien sûr il faudrait d'abord que vous vous débarrassiez de ces demoiselles. Je vous laisse faire.


Peut-être était-ce là du bluff, ou une blague de très mauvais goût mais risquer la vie d'autant de civils pour des demandes qui s'avéraient pour le moment tout à fait accessibles serait une erreur. Autant accéder aux requêtes de ce supposé terroriste et tenter de le démasquer. Il devait manifestement se trouver dans le restaurant.

Approchant discrètement une main du sol, Lance matérialisa une très fine flèche noir qui se déplaça sur le sol comme un serpent. Le pied du serveur qui apportait une soupe de tomate au basilique ripa dessus, faisant basculer en avant le malheureux. Il réussit tout juste à récupérer son équilibre, mais pas sa soupe de tomate qui se déversa sur les trois charmantes dames assises à table.


Dernière édition par Lance C. Fairshield le Lun 1 Aoû 2016 - 12:35, édité 1 fois
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Pile ce qu'il me fallait pour taper un scandale. J'attendis patiemment que mes trois conquêtes du jour s'éclipsent joyeusement vers les toilettes, non sans pester hardiment contre le maladroit serveur pour m'essuyer rapidement la bouche et me lever de ma chaise. Le temps de craquer mes phalanges et ça allait être la fiesta dans le coin. Le serveur me fit une moue désolée et compris rapidement où je voulais en venir. Il fit la tête de « oh, non pas encore » et fila prévenir ses supérieurs que du barouf s'annonçait.

Les clients du restaurant s'empressèrent de prendre la position du « s'il fout la merde j'me casse », à savoir sur leurs deux pieds, les jambes légèrement fléchies, les couverts toujours bien actifs et un œil sur l'élément perturbateur, à savoir ; moi. Pour être un héros, il fallait avoir cassé la gueule des cuistots du Baratie, un loustic l'avait fait à une certaine époque et depuis tout ceux qui avaient l'âme de l'aventure dans le sang venaient en découdre pour absolument aucune raison valable. Certains avaient même décidé de rebaptiser ce restaurant : Aucune Raison Valable. Mais cette rumeur n'était que très faiblement répandue.

Je pris le temps de regarder à droite et à gauche pour savoir ce que j'allais défoncer en premier lieu. La tronche du serveur maladroit me paraissait une bonne idée. D'autant que je la voyais dépasser du coin cuisine. Quoi de plus facile. Je me rassis sur ma chaise. Mais non ! Je me relevai illico, furieux d'avoir exécuté une action non commandée par mon propre cerveau. Si je voulais que ce restaurant finisse sans dessus dessous, il fallait que je me lève. Je me rassis une seconde fois.

« Non, mais ça va pas oh, je fais ce que je veux et ce sont pas deux jambes, en parfait état de fonctionnement jusque maintenant qui vont m'empêcher d'aller casser des rotules si j'en ai envie. Jambes, bougez votre cul ! »

Mon troisième mouvement pour me lever fut le bon, fraîchement appuyé sur mes deux cannes, je me rassis pour aller de l'avant. MAIS BORDEL ! Mon visage était devenu écarlate et absolument tout le monde dans la salle me regardait. Avec une sorte de sourire gêné, des yeux ronds comme des cabillauds et une moitié de fourchetée devant leurs bouches infâmes, attendant juste d'être avalée. Le visage d'un gamin extrêmement bizarre qui venait d'apparaître en face de moi par je ne sais quel coup du hasard me laissa pantois.

« Monsieur, ne bougez pas, si nous discutions un peu.
-Moi, discuter avec un gamin qui a une tronche de merde ? Mais tu crois vraiment que j'ai que ça à faire pitchoune, je vais discuter tranquillement avec mes jambes et elles vont accepter de se lever sans faire d'histoires, ensuite, j'irai éclater la gueule de tout ce qui me plaît pas alentours. Je te conseille de déguerpir avant de te recevoir mon poing dans la gueule.
-Monsieur, restez calme s'il vous plaît.
-Je suis super calme, je veux juste récupérer, mes jambes, donner des coups aux gens et aller me taper ces trois super bombes.
-...
-Ah ouais, c'est vrai, tu sais pas encore ce que c'est, retourne jouer à la poupée le mioche. »

Visiblement, le gamin avait l'air de trouver mes plaisanteries à son sujet très ennuyeuses et stupides, mais visiblement, j'en avais rien à foutre. Trop occupé à essayer de reprendre contrôle sur mon corps qui refusait d'obéir. Pour ma quatrième tentative, je regardais tout en me levant ce qui pouvait à ce point m'empêcher de rester debout. Et je la vis. Cette curieuse toute petite flèche noire qui me poussait et me faisait rechuter aussi rapidement que je m'étais levé.

« C'est moi qui fais ça, monsieur.
-Tu sais que la probabilité que je te mette mes phalanges dans la mâchoire double si tu me racontes des craques et triple si ce que tu viens de dire est la vérité, arrête ça tout de suite !
-Pas tant que vous m'écouterez pas.
-Très bien, je vois que monsieur le nabot qu'est pas encore pubère a d'étranges révélations à me faire, je suis un héros moi ! Je dois tous leur péter la gueule ! Avais-je alors fait en désignant tout le monde autour.
-Si vous êtes vraiment un héros, tabassez pas tout le monde, c'est complètement stupide ! »

Le gamin se tint l'oreille et sembla écouter quelque chose. Il n'en avait absolument plus rien à foutre de moi et c'était très énervant. Je décidai de me calmer, mais ça non plus, ça ne voulait pas trop répondre à ma volonté. BON. Écoutons ce que le gamin a à dire... D'autant qu'handicapé par ma position assise, je risque de me faire éclater par l'ensemble des cuistots du coin qui attendent tous à la porte en me surveillant. Je n'aime pas ces hachoirs et ces mines de pitbull. Oh, ce que j'aimerais leur foutre une bonne raclée. Maudit gamin!
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« En plein milieu de la salle. Il a fallu que cet abruti s'assied en plein milieu de la salle. » pesta Lance, intérieurement. Sa position initiale, il l'avait choisie avec précaution. Deux tables vides à proximité, chaise dos au mur. De quoi surveiller sans être vu avec un angle permettant d'observer à la fois l'entrée, le porte menant à la cuisine et les diverses fenêtres. Le coin idéal en soi. Les plus crédules auraient parler de hasard, mais ceux qui connaissaient le Cipher Pol savaient que les habitudes de ses agents se révélaient particulièrement tenaces, surtout quand il s'agissait de leur propre sécurité.

Confortablement installé dans sa nouvelle chaise, Lance suait métaphoriquement à grosse gouttes. Trois fenêtres donnaient sur lui ainsi que la porte principale. Et maintenant que monsieur j'ai des couilles et je veux que tout le monde le sache avait pesté contre le gamin, la totalité du restaurant leur jetait des regards en coins et des petits rires nerveux.  

    - Étonnant. Je ne savais pas que vous cachiez un tel pouvoir agent Fairshield, ou peut-être est-ce un acquis récent ?
    - C'est vrai, regardez, dans les livres, le gentil c'est toujours celui qui bat le méchant à la fin, pas les gentils cuisiniers. D'ailleurs j'ai eu un livre très récemment qui parlait de ça.


Depuis le début de sa conversation, Lance avait entrepris de garder un air enfantin avec un soupçon d'insolence. En effet, son interlocuteur ne semblait pas du genre à pouvoir comprendre le danger de la situation alors pour le faire parler, autant employer une ruse simple. Ainsi, il pouvait aussi également glisser les réponses à l'amoureux des explosifs qui ne cessait de parler dans son oreille.

    - Astucieux, très astucieux. Une bonne chose que vous ayez anticiper certaines règles de notre relation agent Fairshield. Si vous révélez ma présence, celle de la bombe, ou ce que vous essayez de faire à qui que ce soit, je tirerai une balle dans l'une de vos articulations.
    - Déjà je tabasse qui je veux le nain. C'est pas parce que t'as des cheveux blancs et un air de chien battu que tu peux me donner des leçons.  Je suis pas magnanime dans mon genre.


Une belle épreuve de patience pour l'agent du CP5 qui avait une tendance à agir un peu trop impulsivement. Cela dit, il ne le faisait que quand l'avenir de la mission n'était pas en danger. Et en l’occurrence, agir avec trop de précipitations coûteraient la vie à beaucoup d'innocents. « Ah bah tiens » se dit-il en voyant arriver les trois concubines de la mèche blonde.


    - Hey le mioche, tu détalles de là ?
    - Je peux m'en occuper tu sais. Un hochement de tête et ces trois là te laisseront tranquille à tout jamais.
    - NON ! Je veux dire, non, détallerai pas ! Vous savez ce qu'il a dit sur vous pendant que vous étiez parti ? Que même s'il devait traverser un désert il s'encombrerait pas de trois gourdes dans votre genre. Et que vous étiez juste bonnes à « baiser ».
    - Hein ? Qu...


SBIM. SHPLAF. SBLAF

Un peu comme une machine à mettre des mandales, les demoiselles avaient tour à tour fait part de leur mécontentement au blondinet, entremêlant entre chaque impact de quelques mots doux tel que  « sombre connard » ou encore le subtil « petite bite » bien que le traditionnel « fumier » employé par la dernière restait indémodable. Hors de ses gonds, le jeune homme sauta de sa chaise.

    - Sale petit … squalala, reprit-il à la vue de menaçantes flèches avant de se rasseoir.
    - Hahaha, je ne me lasserai jamais de le voir réagir. Nouvelle règle, plus de fruits du démon. Oh et puis interdiction de le blesser grièvement.


Lance marmonna dans sa bouche, reprenant vite son jeu de rôle en affichant un grand sourire. Il lui fallait trouver un moyen de démasquer l'inconnu au plus vite. Mais comment faire ? Surtout que vu l'énergumène en face de lui, il n'allait pas pouvoir réfléchir en toute quiétude.
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Tout compte fait, mon idée géniale, de venir dans un restaurant génial avec des nanas dont les dimensions poitrinaires et fessières étaient géniales n'était pas si bien que ça. Surtout quand un gamin irascible prenait pour passe-temps celui de me faire chier, moi et pas d'aller se glisser dans les jupes de mémère brioche, la grosse là, à côté avec son regard de hareng. Tout en ne laissant transparaître qu'une humeur massacrante à mon vis-à-vis, je décidais de tapoter frénétiquement du pied contre le sol. J'espérais qu'au moins ça pourrait l'emmerder un max, puisque visiblement, même me lever était au dessus de mes forces.

« Bon, gamin, on va jouer à un jeu. Tu me laisses tranquille et je te paye une glace.
-Je ne suis pas là pour jouer monsieur. Restez tranquille et tout se passera bien.
-Si je pouvais me lever et te décoller une mandale, rassure toi, je le ferais. Et à ce que m'ont toujours dit les mâchoires que j'ai fracassées, je cogne avec une puissance non négligeable.
-J'en suis ravi.
-T'es très lourd gamin ! Je vais m'énerver, et tes fléchettes ne vont pas longtemps retenir ma colère de Héros.
-D'accord, si vous voulez, on va jouer à un jeu. »

L'ignoble petite créature ne cessait de m'étonner. Déjà il parlait comme s'il était un grand ponte de la dynastie moderne. Le tutoiement n'était pas vraiment au rendez-vous et son vocabulaire était certainement bien trop fourni pour un gamin normal. Puis il parlait comme s'il avait le contrôle sur moi, ce qui n'était pas totalement faux si ce qu'il racontait sur ses flèches noires était vrai. Bref, les quelques instants de surprise qui suivirent sa question furent pour moi désastreux et quand enfin, je cessai d'avoir l'air idiot et complètement ahuri, je lui répondis.

« C'est quoi ton jeu ? Parce que le mien consiste à fracasser des mâchoires. J'espère que le tien en vaut la chandelle et que j'aurai l'occasion de bien montrer à tous à quel point je suis supérieur.
-Le jeu c'est... »

Je vis la mine du gamin se froncer et sa main qui revenait inlassablement sur son oreille. C'était très pénible. Mais peut-être souffrait-il de maux de tête horribles ou d'une otite incurable. Rien à faire, ça me gonflait de l'attendre, ce minable. Je mis à profit ce moment d'inattention de sa part pour me lever avant qu'il ait eu le temps de faire quoi que ce soit avec ses maudites flèches, puis je l'empoignai férocement par le col.

« Alors, on fait moins le malin ? Plus de petites fléchettes à opposer à mon grand corps musclé ?
-Ça fait partie des règles du jeu. Je t'explique ?
-Tu passes au tutoiement maintenant ? C'est vrai que l'intimité a grandi entre nous depuis que mon magnifique poing menace d'éclater ta subtile petite gueule. »

Autour de nous, la tension des gens avait augmenté et certaines des personnes présentes mangeaient leur plat en quatrième vitesse, debout, prêts à partir à la moindre envolée lyrique de mes phalanges. Aucun n'était assez courageux pour s'opposer à ce que je décime la tronche de ce gamin malpoli. À part les cuistôts, qui doucement s'étaient rapprochés, couteaux de cuisine en main. Si je décidai de frapper, nul doute que je me retrouverais planté par une quantité astronomique d'armes à découper la viande. Un éclair d'intelligence inattendu me perça aussitôt l'esprit et je reposai le gamin sur sa chaise. J'étais un héros, mais je n'étais pas fou. J'éclatai alors d'un grand rire sonore, comme pour faire croire à une mauvaise blague de ma part. Intérieurement, je bouillonnais.

« Bon, gamin, chuchotais-je à son attention, t'as cinq minutes pour m'expliquer les règles de ton jeu, et il a intérêt à être bien, sinon, on sort sur le pont et je te mets la misère.
-D'accord, répondit-il rapidement sans la moindre pression. C'est très simple...
-Monsieur, vous désirez autre chose ? Intervint le serveur qui venait d'arriver. Sinon il va falloir payer et partir, vous dérangez le reste de la clientèle.
-Je...
-Il prendra un café, n'est-ce pas, Papa ?
-Papa ? Mais vous étiez à des tables séparées. Et vous êtes beaucoup trop jeune pour être le père de ce gamin.
-J'ai commencé jeune, c'est mon deuxième enfant. Voyez-vous, je suis Abel Maleterre, vous avez certainement entendu parler de moi, et si ce n'est pas le cas, vous ne tarderez pas à entendre parler de la somptueuse épopée du nouveau héros des mers. Lui, c'est Démoclès, mon deuxième enfant, il a l'habitude de manger à une autre table que la mienne lorsque je fais du speed-dating. Voyez-vous, c'est un enfant sympathique et je l'aime de tout mon cœur, mais lorsque je fais de nouvelles rencontres, j'aime qu'il soit loin de moi.
-Tiens donc... Au fait, vos amies sont parties sans payer.
-Ah les putes.
-Pardon ?
-Non, je disais, ah, zut ! Je suis à fond pour l'égalité homme-femme et c'était à leur tour de régler l'addition.
-Vous voulez dire que vous ne pourrez pas payer ?
-Bien sûr que si, je donne suffisamment d'argent de poche à mon petit Démo pour qu'il puisse aider son papa lorsque celui-ci a des problèmes de fric, n'est-ce pas Démoclou d'amour ? »

La petite peste me regarda droit dans les yeux. Soit ce coup de bluff magistral de ma part passait, soit je me faisais évacuer un grand coup de pied au cul, avec peut-être quelques membres en moins. C'était pas facile d'être un héros. Il soupira avant d'acquiescer. Le serveur repartit donc chercher un café.

« Vous avez de la chance...
-Non, je suis un héros, je suis...
-Abel Maleterre, j'ai bien entendu. Je vous paye votre repas, mais maintenant, laissez moi vous exposer les règles de mon jeu. »
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Il fallait gagner du temps. Pas tant avec celui qui se tenait derrière l'escargoreillette qu'avec le héros en face de Lui. Abel Maleterre. Rien ne venait à la mémoire du jeune agent quand il entendit ce nom. Rien d'étonnant puisque le gus assis en face de lui n'était pas plus connu que la chaise sur laquelle il s'asseyait et encore. Cinq minutes, avait-il donné à Lance. Si seulement il se rendait compte dans la merde dans laquelle il se fourrait. Le rayer de la surface de la terre aurait pris cinq secondes, bien plus court que le temps de légitimer tout ça à coup de paperasse. Voilà qui il était. Le type plus long à buter sur le papier qu'en pratique.

    - Oh, quel dommage. Je m'attendais à plus de la part de notre ami Abel. A moins que vous vous connaissiez plus que ce que vous me laissez à penser ? Un mot de code aurait ainsi pu démarrer c'est stupide conversation


« Parfait, pensait Lance. Il doute » Un bon point pour Abel qui n'aura peut-être éviter d'être un poids tout au long de ce calvaire.

    - Bien, agent Fairshield, cet fut un excellent moment et je resterai volontiers mais j'ai pris d'autres dispositions pour la suite de la journée
    - Sous quelle table est l'engin ?
    - Quel engin ? T'étais pas censé blablater à propos d'un jeu dont je me tape royalement ?
    - Ah c'est vrai, j'oubliais. J'ai menti. Il n'y en a pas.


Lance quitta sa chaise faisant quelques pas vers l'entrée. Ses yeux affûtés s'animèrent hâtivement, cherchant le moindre indice d'un départ. Un client précipité ? Un moteur inconnu ? Des bruits de pas irréguliers ? Voire même une odeur qui sortirait de la normal. Mais rien. Le néant.

    - C'est ça ton jeu ? Faire vœu de silence ? Youhou. Passe moi ta carte que je la fasse passer à mes amis. Tu mets quoi dessus ? Gamin chelou anime vos soirées, anniversaires, cérémonies … ?

Tout en soulevant la nappe de la table ronde à laquelle il était assis, le jeune agent s'accroupit et découvrit une lumière rouge clignotante à côté du pied central. Elle affichait 0:30. Il s'en empara sans attendre, la gardant cachée des regards indiscrets. La suite se déroula en un instant. Le tapotement vif et nerveux de ses pieds contre le sol le propulsa en avant. Les portes s'ouvrirent violemment avant d'éclater contre les murs en bois comme si un tornade venait de les traverser. Il lui fallut recourir à nouveau aux arts secrets du cipher pol pour s'envoler dans le ciel nuageux afin de s'éloigner autant que possible et balancer la charge à l'eau.

La détonation provoqua un grondement pareil au tonnerre, formant comme un geyser d'eau qui retomba rapidement dans la mer d'East Blue. Lance observa la colonne d'eau s'effondrer alors que deux vecteurs le maintenaient en l'air. S'il avait su, il ne serait pas resté planter là à penser ce qui aurait pu se passer si Abel avait bavé trente secondes de conneries en plus.

C'est le cri, ou plutôt le hurlement d'une voix féminine qui l'alerta. Aucun doute, cela venait du restaurant. Il le rejoignit aussi vite qu'il l'avait quitté. Le restaurant était en émois. Les pleurs d'une veuve couvraient les chuchotements indiscrets et les haut-le-cœur. Touché à la tête, le type était déjà mort depuis longtemps. Malgré ça le personnel s'empressait de prévenir les secours, en même temps que la marine. Abel avait quitté sa table. Probablement le jeune homme s'était-il mêlé à la foule, mais Lance s'en fichait royalement. Son corps bougeait frénétiquement, des allers-retours. La colère se dessinait lentement sur son visage.

    - Vous ne vous en tirerez pas.
    - Haha. C'est déjà fait, je ne suis même plus ici. C'est une bonne leçon pour vous, et c'est bien que vous l'appreniez tôt.
    - Ah oui ?! Laquelle !
    - On ne peut pas gagner à chaque fois. C'était une conversation intéressante mais il faut que j'y aille maintenant. Allez, bonne chance agent Fairshield.


Lance arracha l'escargoreillete. Dehors, la pluie tomba.
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C'était le moment délicat où il fallait profiter du brouhaha sordide qui s'échappait de la salle de restaurant pour prendre la tangente et filer sans demander son reste. Ou alors, bomber le torse, aller voir le cadavre et dire qu'on est un héros et qu'on va sauver le reste des personnes ici présentes contre ce meurtrier infâme. Mouais, la deuxième solution me paraissait alors la meilleure. Fuir la queue entre les jambes n'était pas une option quand on avait la trempe d'Abel Maleterre, futur héros des mers.

« Laissez ce pauvre homme, il s'est sacrifié pour le bien de vous tous ! Plus de soucis, j'ai fait fuir la menace.
-Vous avez... Pleurnicha la femme accroupie sur la cadavre.
-Vous m'avez bien entendu ma p'tite dame, l'homme que vous avez entre vos bras a été assassiné et j'ai vengé votre Mari. Pendant que tous, vous étiez retenus à l'intérieur par cet acte affreux, je suis sorti et j'ai affronté les éléments et cet homme, terreur des mers, je l'ai pourfendu de mon poing héroïque. »

Toute l'assemblée m'avait regardée avec des visages ébahis. Je trouvais aussi que ça sonnait comme une sorte de classe. Le grand talent. Un premier pas pour devenir un héros. Finalement, on pouvait faire autre chose que de foutre le boxon pour se faire remarquer dans ce restaurant. Trop cool, je sentais sur moi le regard des hommes et des femmes, des cuistots qui quelques temps plus tôt voulaient me faire ma fête. Je me retournai, de façon qu'ils ne voient pas l'excitation soudaine sur mon visage héroïque, passai une main dans mes cheveux et levai deux doigts en signe de victoire. On ne pouvait avoir plus la classe qu'à ce moment là.

Je fis ce que tout héros aurait fait à ma place, je partis lentement, très lentement, dans un ralenti héroïque en direction de la porte. La lumière venant de l'entrée donnait probablement à mon ombre une allure merveilleuse et je pouvais imaginer les mines atterrées des clients et serveurs du restaurant, voyant pour la première fois de mon existence cette image qui hanterait les nuits des jeunes filles effarouchées et qui donnerait envie aux jeunes adolescents de suivre ma route.

« Hey petit, fais gaffe quand tu marches face à la lumière, me fit soudainement la voix de la personne dans laquelle je venais de rentrer par mégarde.
-Vous auriez pu m'éviter ! Vous savez qui je suis ? Je viens de sauver ce restaurant d'un meurtrier infâme ! Demandez à ce gamin !
-Quel gamin ? »

Je me retournais. Plus de gamin. Ah le connard, il aura pas payé ma note, j'espère qu'il ira crever sous une table, complètement abattu par des décilitres d'alcool fermenté. Sale môme, heureusement qu'il s'est cassé, faites qu'il soit mort. J'me retourne de nouveau devant le mec que j'ai percuté.

« Hé, mais j'vous reconnais vous, votre bobine me dit quelque chose, vous êtes un acteur reconnu ?
-Pas exactement, je...
-Bon, tant pis, Abel Maleterre, souvenez vous de moi papy, vous entendrez parler de moi de nouveau d'ici quelques temps.
-En bien j'espère ?
-Bien entendu, je suis un héros ! Vous m'avez pas l'air bien malin vous... »

Le vieux fut pris d'un éclat de rire tonitruant. Cela dérida l'atmosphère tendue pour quelques instants, puis je pris prudemment le chemin de la sortie, histoire de ne pas me retrouver une fois de plus à percuter quelqu'un. Derrière moi, le Baratie se remettait en activité et je pus tranquillement repartir en mer. Me fourrant dans la cale d'un des navires en partance. Plus qu'à attendre que celui-ci daigne me déposer quelque part. À l'intérieur, je n'entendis pas la conversation entre le vieux et les clients encore sous le choc.

« Ex-amiral en chef, ce gamin nous a vraiment sauvé ?
-Sauvé de quoi ?
-Du meurtrier de Nel, sanglota la femme.
-Eh bien, sans doute... »
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