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Un sauvetage pour le moins inattendu -

    1626,
    Non loin d’une petite île sur West Blue.


    « - Cette île m’a l’air calme, Costa. Nous logerons ici quelques nuits avec Ragnar.
    - Vous êtes sûrs ?
    - Totalement. Je ne pense pas qu’il puisse nous arriver quoique ce soit ici.
    - Soit, j’espère vous revoir très vite dans ce cas. Camarades, stoppez le navire, on s’arrête quelques instants. 
    - Merci pour tout, mon frère. Au moindre problème, tu sais comment nous joindre. 
    - Et Ragnar… Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’il fout ? »


    En fait, j’suis en train de me tirer sans me retourner, en plongeant comme un demeuré sur cette mer bleue, sauf que je fais un « plat » et me défonce tout le devant du corps. Bravo Etzmurt, t’es un génie. En fin de compte, j’voulais être discret, mais là c’est tous les enfoirés à bord qui se moquent de moi. Comme à son habitude, le borgne se tape le front, lassé de mes âneries. Je déteste les au revoir, tout le monde le sait, c’est comme ça. La dernière fois, j’en ai chialé des heures durant, c’est bon. Maintenant que je suis à l’eau, autant continuer à la nage jusqu’au rivage, j’aime bien nager.

    « - On te descend une barque ou tu comptes toi aussi y aller à la nage ?
    - Une barque m’ira très bien. Je te remercie.
    - Faites descendre une barque pour notre cher Stanislas !  Et faites attention, des sources m’ont transmises qu’il y aurait un fou furieux dans les environs, je n’ai pas encore son nom.
    - Hm… Merci pour l’info. Allez, à plus ! »


    Quelques accolades par-ci et par-là, puis le borgne me rejoint avec une barque. Pas étonnant qu’un type de sa trempe ne veuille pas se mouiller, mais à trop se prendre pour ce qu’il n’est pas, il risque un jour de tomber de très haut. Quand on y repense, il y a encore quelques mois, ce petit homme n’était encore qu’un esclave. Il est vrai que pour un esclave, je suis assez étonné de le savoir aussi cultivé et intelligent. Si je suis honnête, je dirais que sans lui mon aventure serait extrêmement compliquée, mais je suis bien trop fier pour le lui dire. Enfin bref, je sèche mes vêtements en attendant qu’il n’arrive. C’est qu’il prend son temps en plus.

    « - Ragnar, allons trouver un endroit où dormir pour commencer, qu’en penses-tu ?
    - Me donnes pas d’ordre, c’est moi qui t’ai attendu.
    - C’est toi qui a décidé de lamentablement sauter dans l’eau.
    - Bref, allons trouver un lit douillet.
    - Un lit douillet ? Avec nos moyens, si l’on trouve un simple abris, on pourra s’estimer très chanceux. »


    Il est vrai que nos revenus sont minces, quasi inexistants. On vit essentiellement de la charité des habitants des villages où l’on se rend. Faudrait qu’on puisse rendre des services pour être nourris et logé gratis. On s’réserve une piaule dans l’hôtel le plus minable du coin, de toute façon c’est le seul sur l’île, ça vous laisse imaginer l’état du village dans lequel on se retrouve. D’ailleurs, les villageois n’ont pas l’air très épanouis, j’en vois même qui pleurent… Que se passe-t-il ?

    « Je connais ce regard et oublies de suite. Qu’importe les questions que tu te poses, nous ne sommes pas là pour ça. Comprendo ? » Me dit le borgne avec son regard autoritaire.

    J’acquiesce pour qu’il arrête de m’emmerder, mais comme à mon habitude, je l’annonce, je n’en ferai qu’à ma tête si je juge nécessaire d’agir. J’aimerai en savoir un peu plus sur ce village minable à l’ambiance morbide.
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    Le lendemain matin, comme souvent malheureusement, je suis réveillé par le chant des poules… Ces foutues poules qui hantent mes matinées. Quand t’es doté de sens extraordinaires, c’est cool souvent, mais t’en subis aussi les conséquences dans la vie de tous les jours. Comment fait cet enfoiré de borgne pour dormir aussi bien ? C’est comme dans la chambre à côté, un couple j’imagine, qui batifole toute la nuit comme des animaux, mais je suis encore une fois le seul à être dérangé. Du coup, voyant l’autre dormir comme un bébé, je me permet de remplir un verre d’eau et m’approche de lui…

    « Essaye donc et je t’éclate la cervelle à coup de fusil. » Me dit le Stanislas d’un ton assassin en pointant son fusil sur moi.

    Je m’en vais ranger le verre sans dire un mot, boudant dans mon coin comme un enfant. Le pire dans tout ça est qu’il serait vraiment capable de me tirer dessus le con. Je devrai peut-être lui montrer de quel bois je me chauffe ? Très peu certain de l’efficacité de ce que je compte entreprendre. À vrai dire, il est fort à parier que ce type me connaisse mieux que je ne me connais moi-même, c’est pour vous dire. Puis je m’ennuie, là, maintenant.

    « - Qu’est-ce qu’on fait, Stan’ ? On s’bouge ?
    - On se repose.
    - Tu n’es pas assez repose ? Te moque pas d’moi.
    - N’as-tu donc rien entendu cette nuit ?  Le couple de la chambre à côté…
    - Ouais, ça passe.
    - S’il n’y avait eu que ça…
    - Qu’est-ce tu m’racontes ? Commences pas à faire ton mystérieux et vas jusqu’au bout de ta pensée.
    - Tu ne t’entends peut-être mais la nuit…
    - Accouche.
    - Tu as tendance à pas mal ronfler la nuit. Du coup, j’ai aussi tendance à croire que tu dors plutôt bien, et par la même occasion, je comprend mieux d’où te vient cette énergie débordante.
    - Foutaises.
    - C’est tout de même triste de ne pas pouvoir s’entendre, surtout quand on a des sens aussi développés que les tiens. »


    La dernière phrase a eu son effet, j’ai complètement cessé de moufter. Moi, ronfler ? Quelle blague. Enfin si ce qu’il dit est vrai, c’est vraiment triste pour moi de ne pas m’entendre faire tout ce vacarme.

    « - Sinon, pendant que je me repose, tu pourrais à la limite t’entrainer ?
    - Huh ?
    - Loin de moi l’idée de te tacler, mais sans mon intervention, je pense que ta présence ici ne serait pas. Tu serais mort en plein milieu d’une foule de petits marins.
    - Tu rigoles ? Je gérais parfaitement la situation.
    - Tu as le droit de te mentir à toi-même, mais ne me mens pas, s’il te plaît. Tu es encore trop faible pour te permettre ce genre d’initiative héroïque. »


    Je ravale ma salive. J’ai l’embarras du choix entre défoncer le mur à côté de moi ou lui défoncer la gueule, il a le don d’appuyer là où ça fait mal. Finalement, j’me tire sans oublier de récupérer, sait-on jamais. « Ne te mets pas dans des situations farfelues » Qu’il me sort avant que je claque la porte. Je sais qu’en réalité il regrette de m’avoir énervé, ça doit lui trotter à la tête l’idée que je puisse me mettre dans des situations désespérées. Notamment quand je vois tous ces types qui me dévisagent depuis quelques instants, c’est pas une façon d’accueillir des étrangers ça… Ayant retrouvé la vue depuis peu, je ne comprend pas trop leur regard, je ne sais pas si c’est du mépris ou un appel à l’aide, mais leur rythme cardiaque semble exprimer une profonde tristesse.

    Qu’est-ce qu’il se passe sur cette île, merde ? J’ai tellement envie d’en savoir un peu plus, mais je ne peux pas faire ça à Stanislas, je dois malheureusement prendre sur moi. La meilleure solution serait d’en discuter avec le borgne, peut-être qu’on peut aider, ça serait con de ne pas s’informer de la situation.
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    « - Stanislas… Ça fait maintenant quelques jours que nous sommes ici, et c’est pas que qu’on s’emmerde, mais on s’emmerde profondément. Les gens ici sont tendus, xénophobes, puis tu ne veux pas faire l’effort d’aller veux eux…
    - Stop. Tu en as bien trop dit. J’essaye de nous tenir éloigné de tous ces problèmes, on s’enflamme un peu trop ces temps-ci… Jette un oeil là-dessus. »


    Il me tend le journal du jour, déjà sur la page des primes, la mienne étant maintenant à 32 millions de berries. En effet, celle-ci ne s’est pas faite prier pour augmenter, je dois maintenant faire davantage attention. D’après le borgne, il nous faut maintenant se déplacer de manière intelligente, et non de manière hasardeuse comme nous avions l’habitude de le faire jusqu’à présent. Définir nos voyages, encore une galère qui s’ajoute à notre liste, enfin surtout à celle de Stanislas.

    « Ragnar, nous devons rendre la chambre. Allons manger un bon coup, puis partons tranquillement à la recherche d’une nouvelle quête. »

    Je suis content de partir de ce trou paumé, mais je reste sceptique concernant mon compagnon. Depuis quelques temps, je le trouve bien trop vide, seulement concentré dans nos missions et rien d’autre. Autrefois, nous passions des journées entières se fendre la poire, ça me paraît déjà bien loin. Il conserve toujours ce côté anxieux, qui l’emmène à me surprotéger, alors j’imagine que je peux toujours récupérer mon ami d’avant.

    Nous plions bagage, réglons nos nuits auprès de l’aubergiste, et partons aussi vite que nous sommes arrivés. Je n’ai eu l’occasion de discuter avec personne ici, m’emmenant presque à penser que je suis un agent secret, du genre qui vient et qui repart sans laisser de trace, aucune. Nous passons devant un bar/restaurant où se dégage une bonne odeur de cuisine. Je m’arrête en face quelques instants, mon ventre crie famine, Stanislas se retourne et en voyant mes petits yeux d’agneau, il ne peut finalement que céder à mon appel.

    « Bonjour messieurs, installez-vous, un serveur viendra dans quelques instants pour prendre votre commande. »

    Mon compagnon acquiesce d’un simple hochement de tête, je remercie l’homme qui nous accueille et on s’installe. Le borgne semble pensif, préoccupé par quelque chose, j’hésite à l’interpeller mais je doute qu’il apprécie. Que lui arrive-t-il ? Bref. Mon appétit passe au-dessus de toute cette ambiance morbide, je prend ma commande, essentiellement composée de viande et attend patiemment qu’elle me parvienne.

    « - Ragnar, as-tu observé le lieu dans lequel nous sommes ?
    - Heu nan, j’veux seulement manger.
    - Regardes, idiot. »


    Qu’est-ce qu’il me veut ? J’observe attentivement, c’est tout ce que j’ai à faire en attendant mon repas. Le restaurant est plutôt vide et les quelques clients n’ont pas l’air d’être du coin. Il suffit de voir les sacs à leurs pieds, ainsi que leur air décontracté qui n’est pas du tout à l’ordre du jour chez les villageois. Pourquoi ? Pourquoi ce restaurant en particulier est-il si peu rempli ? Et surtout, pourquoi n’y a-t-il que des étrangers ? La bouffe est mauvaise ?

    La porte s’ouvre brutalement.

    Je ne vois pas ce qu’il se passe derrière moi, la porte se trouvant dos à moi, mais aux yeux de Stanislas qui s’écarquillent, ça ne doit pas être bon signe pour nous. Plus l’individu se rapproche et plus je sens cette aura meurtrière qui pourrait en pétrifier plus d’un seul. Cet homme de grande envergure passe à côté de moi et s’en va s’assoir quelques tables devant moi. Je n’ai toujours pas vu sa tête, seulement ses cheveux rouges écarlates. En me retournant vers les autres clients qui ont pu voir son visage, je les vois terrorisé, prêt à partir en prenant soin de consulter attentivement le journal du jour.

    « Ragnar… Ne fais rien… »

    Stanislas transpire. Il semblerait que ses craintes se réalisent.
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    Le nouvel intrus s’installe quelques tables en face de moi. L’un des serveurs accoure aussi vite que possible, en sueur, presque terrorisé, et fini même par s’excuser pour l’attente inexistante. Attendez, c’est quoi ce traitement de faveur ? Je me tourne vers mon compagnon et lui demande des explications d’un air totalement désintéressé. Il me tend le journal du jour, ce même journal que les autres clients ont pris soin de consulter dès l’arrivée du tyran. Je revois ma prime en tête, puis juste en-dessous, une prime s’élevant à 30 millions de berries et une description ressemblant fortement à l’homme se trouvant face à moi. Il n’a pourtant pas l’air si méchant…

    Il tape soudainement du poing sur la table.

    L’un des serveurs s’empresse de ramener des apéritifs à notre homme visiblement très impatient, tandis que le borgne et moi-même attendons toujours notre carafe d’eau. Je commence déjà bouillir en moi. À quel moment un homme peut venir après tout le monde et se faire servir avant tout le monde ? J’ai extrêmement faim moi aussi. L’envie d’appeler le premier serveur que je vois me tente beaucoup, mais à les voir aussi paniqué, je me retiens. L’enflure rouquine commence la dégustation, il prend le temps de bien mâcher, de bien analyser chaque bouchée… On lui sert également du vin dans la foulée, qu’il prend soin de goûter de manière assez sophistiquée. Un homme de grande classe. Les pirates sont classes maintenant ?

    « L’entrée est dégueulasse. » Dit-il froidement.

    L’ensemble du personnel du restaurant accélère de le pas, l’intervention du pirate a rendu l’atmosphère encore plus pesante.

    « Le plat de résistance à tout intérêt à me satisfaire, auquel cas, je raserai ce restaurant de pacotille. »

    Là, j’en vois certains qui commencent à pleurer. Des clients se lèvent discrètement de leur chaise, mais ils essuient aussitôt un regard du dangereux pirate, qui les fait rassoir aussi vite qu’ils se sont levés. Le borgne n’a de cesse de taper du pied et frotter le couteau sur la table. Ses palpitations cardiaques augmentent de manières significatives. Il est temps pour moi de faire mon apparition, peut-être me ferais-je anéantir, mais au moins j’essayerai d’arranger les choses. Stanislas m’en voudra certainement, sauf qu’il n’est pas sourd d’oreille et a très bien entendu l’autre, si le plat ne lui convient pas, des morts il y aura.

    Allez, lève-toi, Ragnar.

    « Assieds-toi mon grand, ne fais rien de stupide. »

    C’est très mal me connaître.

    « J’ai mal au cul d’attendre que des privilégiés comme toi se fassent servir avant moi. »

    Il esquisse un sourire et se lève à son tour.

    « Je suppose que tu seras mon entrée en attendant mon plat. »

    Cette fois-ci, c’est à mon tour d’esquisser un sourire, puis je dégaine gentiment ma lame. Il suit. Ça s’annonce très excitant.
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    Je me tourne vers Stanislas, grave erreur, mon adversaire saisit l’occasion pour se rapprocher à deux mètres de moi, m’envoyant une lame qui m’expulse du bâtiment. Par la même occasion, des dégâts matériels sont provoqués, toute la façade avant est foutue. Le coup n’était pas mortel mais mes abdominaux n’en redemandent pas plus, ça m’a retourné l’estomac, alors je commence à relativiser sur le fait qu’on ai pas été servi dans les temps.

    Je me relève en tapotant mes habits pleins de poussières, mais voilà que mon adversaire ne me laisse aucun répit. Il charge une nouvelle fois comme un buffle. Le pensant à fond, je m’adapte à sa vitesse mais hélas pour moi, lors des derniers mètres, sa vitesse se voit relativement augmenter et j’esquive in extremis sa lame qui déchire une partie de ma chemise. De toute façon, elle était déjà bien abimée. Je m’en défais, laissant apparaître ma musculature, non excessive mais tout de même satisfaisante.

    Blague à part, je me rend compte que j’essuie des attaques depuis tout à l’heure, et ce sans avoir pu en donner. Ma patience n’est absolument pas à envier, ça commence déjà à me gonfler. C’est triste à dire, mais je ne suis pas sûr de le vaincre en utilisant essentiellement mes yeux, son changement de vitesse me perturbe bien trop et c’est pour cela qu’il a réussi à m’atteindre à plusieurs reprise. L’ouïe et l’odorat peuvent beaucoup m’apporter, comme lorsque je ne voyais rien. C’est débile d’oublier les fondamentaux. Je ne tournoie ma lame et fixe intensément mon adversaire.

    « On commence ? »

    Sa réponse ? Aucune importance. Ne souhaitant lui laisser le temps de m’attaquer le premier, je bondis sur ce dernier assez rapidement. On se rue de coups, c’est un échange assez équilibré et seuls de petits peuvent nous départager. Comme ce moment où nos deux lames se bloquent l’une contre l’autre, on tente tous les deux de s’en défaire, mais je constate que son poing de libre se loge au niveau de ma mâchoire, le tout soutenu par une drôle de substance noire. Le coup m’a complètement sonné. Je lâche prise, ma garde est totalement baissée, et c’est là que je reçois un second coup, cette fois-ci en plein dans la diaphragme. Ma lame quitte ma main dans un premier temps, je crache une giclée de sang, puis je me retrouve sur les genoux dans un second temps, le souffle coupé.

    « Tu es un homme mort. Courageux, certes, mais mort. » me dit le pirate.

    En levant la tête, je distingue sa silhouette éblouissante grâce aux rayons du soleil, c’est si beau. Je crois aussi apercevoir son épée s’élevant vers les cieux avant de s’abattre sur moi. Les yeux fermés, je ressasse tous les moments passés, d’aussi loin que je me souvienne, de l’époque où je n’étais encore qu’un enfant jusqu’à maintenant… Est-ce déjà la fin pour moi ? Tant de projets en cours, tant d’endroits à explorer, c’est injuste. Pardonne-moi, Stanislas. Je t’ai vendu une aventure hors du commun, tu n’auras finalement que ma mort sur ta conscience et une vie de fugitif. La foule est en panique. Je ne le vois pas, je l’entend. Ça me rappelle le bon vieux temps.

    Un tir retentit.

    Suis-je toujours en vie ?

    J’ouvre les yeux. Plus personne en face de moi, la foule bouche-bée et les regards portés vers ma droite. Je tourne rapidement ma tête. Mon visage se décompose. Stanislas… Pourquoi…? Pourquoi… Pourquoi dois-tu sans cesse couvrir mes arrières ? Mon meilleur ami, embroché comme un vulgaire bout de viande par la lame de mon ennemi, pas le sien. Marcus retire sa lame, laissant Stanislas tomber dans le vide. Il n’atteindra jamais le sol, j’apparais de nulle part bien avant que cela n’arrive, je le réceptionne tout en douceur.

    « Tiens le coup, mon frère. Tu en as déjà bien trop fait pour moi, mais ne me quitte pas, je t’en supplie… Messieurs, dames, veuillez vous occuper de lui le temps que j’élimine cette vermine. »

    Mes yeux larmoyants, je repose délicatement mon ami avant de me relever, faisant face à cet homme dont la seule issue sera sa mort ou la mienne.

    « Es-tu conscient que ton ami ne s’en remettra jamais ? Tu n’es pas dupe, sa blessure est bien trop grave et l’île ne dispose d’aucun médecin.  Tu devrais lui faire tes adieux. C’est le châtiment de ceux qui interfèrent un combat d’épéiste. »

    Se trouvant juste en face de moi, à peine trois mètres nous séparent, j’apparais très rapidement très proche de lui, les yeux fermés, sous son centre de gravité. Sans lâcher la moindre parole, le moindre souffle, je m’exécute à l’instar d’un robot. Les 64 coups divins, une technique que j’ai développé quand j’étais encore aveugle, me permettant de bloquer avec précision les flux sanguins les plus importants. De ses mollets jusqu’au cou, de mes deux doigts, je le fais plier grâce à mes nombreux coups effectués à grande vitesse.

    Le tyran aux cheveux rouges lâche son arme, puis fini sur les rotules, laissant couler une légère trainée de sang au coin de ses lèvres. Je n’ai que peu très peu de temps avant qu’il ne retrouve ses fonctions. Je fléchis très bas mon centre de gravité, charge mon poing droit de bas en haut, et lui colle un puissant uppercut au niveau du menton, qui l’élève légèrement, suffisamment pour lui foutre un coup de pied retourné au niveau du diaphragme, qui l’envoi valser quelques mètres plus loin. Comme ça, on est quitte. Je le poursuis en ramassant « Divinité » sur le chemin, il est encore au sol, alors je tente de lui enfoncer ma lame en plein coeur, mais il bloque le coup de son poing, cette fois encore recouvert de cette substance noire. Serait-ce le haki que tant de personnes souhaitent maîtriser ? C’est bien embêtant.

    Pendant le peu de temps d’absence que j’ai eu à l’instant, Marcus me fait perdre l’équilibre d’un coup de sabot, puis il me balaye avant de se relever et courir jusqu’à son épée. Je me relève aussi vite que possible, mais le voici en train de me foncer dessus. Une lame d’air envoyée par mes soins lui parvient, il la bloque sans soucis, cela me laissait simplement le temps de mettre un peu plus de distance entre nous.

    « Ça sera la dernière attaque. » me dit « Red ».

    Nous sommes à bout de force, c’est logique. On fonce. Je ferme une nouvelle fois les yeux et j’écoute. J’écoute le battement de son coeur, j’écoute ses pas, ses foulées, j’écoute son souffle, j’écoute absolument tout. Je sens son odeur, sa sueur, le fer de sa lame, le cuir de ses bottes, tout.  Ce sifflement, ça fait longtemps que je ne l’ai pas entendu, quelque chose approche et ça ne peut être que sa lame. Je l’esquive en tournoyant vers l’intérieur, ça frôle mes côtes, mais je continue mon ascension le long de son arme tendue. Toujours en tournoyant, je me fléchis et tranche une jambe, puis l’autre, finissant par coupe la main tenant l’épée en m’élevant de nouveau. Quelque chose approche vers mon flanc gauche. Je place mon bras en protection, il se casse complètement suite au choc avec ce qu’il semble être le poing de mon adversaire. Le coup est si puissant qu’il arrive même à me fêler une côte.

    Ma vue se trouble à nouveau.

    « - Regrettes-tu tes crimes ?
    - Que dis-tu sombre idiot ? Je suis un pirate. Je ne sais pas dans quel monde tu vis, mais un pirate agit à sa guise sans jamais regretter quoique ce soit. Tu fais allusion à ton ami ? Je ne regrette pas. Tu es le seul de fautif, ton impuissance lui a coûté la vie.
    - Ne parles pas comme s’il était mort.
    - Tu es bien naïf de croire qu’il s’en remettra… Bref, tue-moi à présent. »


    Avec le peu de force qu’il me reste, je brandis fièrement ma lame. J’inspire, j’expire, je tranche sa tête qui s’envole, avant de finir par rouler au sol sur quelques mètres. J’accours immédiatement vers le borgne, mais en voyant les têtes de ceux qui l’entourent, ça sent mauvais. J’en pousse quelques-uns pour me laisser voir… C’est une abomination. Je n’ai vu autant de sang gisant au sol jusqu’à présent. Stanislas est tout blanc, il crache du sang, ses yeux sont tellement vides… Il utilise ses dernières forces pour me faire signe d’approcher ma tête.

    « - É… Écoutes-moi attentivement. Je… je n’serais plus là pour… pour te surveiller. Assures-toi… De te… cultiver. Apprends-en plus… sur le monde. Bientôt… nous plongerons dans les… froides té… ténèbres…
    - Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! Jusqu’à la fin, tu n’auras eu de cesse de me protéger… Adieu, poète ! Il faut que les mots enterrent les mots. »


    Ses yeux se ferment, son coeur ne bat plus. Il garde malgré tout son maudit sourire aux lèvres, celui que j’ai tant détesté, mais que je finis finalement par aimer plus que tout. Je pleurs. J’hurle de tout mon coeur. Il n’y a plus rien autour de moi. Mon regard s’obscurcit, jusqu’à ne plus rien voir autour de moi. Je sens mon corps m’abandonner, je m’écroule aux côtés du cadavre de mon défunt ami.

    Mon voeu le plus cher est de le retrouver au paradis, mais qu’importe si je me réveille ou non, il est peut probable que ce soit au même endroit. Son âme était si pure à côté de la mienne. Adieu. Adieu, Stanislas Montenegro, à jamais tu vivras dans mon coeur.
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    « - Va-t-il se remettre ?
    - Son coeur bat toujours, gardons espoir. Ses blessures sont soignées, c’est à lui de décider s’il veut vivre ou mourir. »


    Qui est-ce ? Je ne vois rien. Je ne sens rien. Je n’entend que ces voix brouillées. Suis-je encore vivant ? Je ne sens même pas mon corps. Je l’habite toujours ? Pourquoi me battre ?

    « - Ragnar ?
    - Stanislas ? Tu n’es pas mort ?!
    - Si, crétin.
    - Je te parle dans mes rêves, c’est pire que c’que je pensais…
    - Réveille-toi espèce d’enflure ! T’as l’intention de rester éternellement dans cet état ? Pire encore, te laisser mourir ? Tu penses à moi par moment ? Mon sacrifice aura été vain et cela ne te dérange pas ?
    - …
    - J’aurais aimé une autre réponse, enfoiré. T’auras ma mort sur ta conscience toute ta vie, mais ne viens jamais me dire que je suis mort bêtement ! J’avais aussi des projets, des choses à découvrir… Que cela te rende plus fort, pas l’inverse. Réveille-toi et bats-toi ! Nous ne faisons qu’un à présent. »


    Un tourbillon de souvenirs me submerge.

    Du soleil ? Une odeur d’épices ? Des enfants jouent ? Des oiseaux qui chantent ? Une brise ?

    « - Où suis-je ?
    - Chez une des nombreuses familles que vous avez sauvée. »


    À défaut d’avoir sauvé mon véritable ami. Mais quand j’y pense, Stanislas aurait été très heureux de voir ça. Moi, le terrible Ragnar sauvant une île entière d’un tyran. J’esquisse alors un sourire.


    ***********************************


    Après avoir mangé, pansé les quelques plaies, immobilisé mon bras cassé, je sors enfin après une dizaine de jours de sommeil. Le village s’arrête quelques instants, un silence prend place. Pendant une bonne minute, ils me regardent silencieusement. Même les oiseaux ont arrêtés de chanter. Une minute plus tard, ils applaudissent, m’acclament et semblent vouloir m’emmener dans un lieu isolé. On monte relativement haut vers les falaises de l’île, traversant les bois et la chaleur. Les villageois s’arrêtent, la forêt se dégage, laissant place à une petite étendue d’herbes au bout d’une falaise d’où la vue est tout simplement extraordinaire. Au bout, une sorte de pierre tombale, des fleurs autour, une pelle à côté… Je comprend qu’il s’agit de la tombe de mon plus fidèle ami et que je vais devoir lui faire mes adieux.

    Je lâche mes derniers sanglots avant de le voir une dernière fois. Je ne veux pas être gêné par des larmes. Je m’approche. Wow! Il est tout beau, tout propre, soigné comme il l’a toujours été, très élégant. Un excellent boulot de la part des villageois vers lesquels je me retourne. Je sors de ma poche un paquet de clopes que je gardais toujours sur moi au cas où Stanislas en manquait durant nos voyages. Je m’en allume une et jette le paquet dans la tombe, comme ça il en aura toujours sur lui. Je tousse comme une pauvre merde, c’est dégueulasse, mais c’est probablement la dernière.

    Je sens les sanglots arriver, je chope la pelle et commence à boucher le trou;

    C’est la fin d’une histoire, et le début d’une autre, mais seul cette fois-ci.
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