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Nouvelle recrue pour la Marine d'élite.

Janvier 1626
Nouvelle recrue pour la Marine d'élite
Avec : Solo | Lieu : QG du BAN | En cours

Une carte et une boussole. Petits objets à priori anodins qu’Egao apprenait enfin à apprécier à leur juste valeur. Lors de son premier voyage — quand il avait quitté son île natale — il avait rapidement été confronté aux difficultés dues aux intempéries et son sens de l’orientation, déjà malmené par son inexpérience de navigateur, avait fait long feu. C’est ainsi qu’il s’était retrouvé coincé sur Boréa et qu’il avait été sauvé d’un blizzard hargneux par Midnight Santana, la commandante de la 444ème division de la Marine.

Le temps passé au contact de cette garnison avait permit à Egao d’apprécier la discipline, la rigueur et la loyauté dont faisaient preuve les hommes de la Marine au quotidien. Mais ce qui l’avait plus impressionné encore, était la force et la détermination de leur commandante.  

Au terme d’un conflit opposant la Marine — accompagnée de la police de fer boréalienne — au clan des Crânes de Cristal, le jeune garçon avait reçu de la commandante Santana le conseil de rejoindre la Marine d’élite. Comme Egao l’avait appris au cours de son séjour sur l’île aux reflets de cristal, la Marine d’élite se distinguait de la régulière en un seul point qui changeait tout : contrairement à sa sœur, l’élite ne se consacrait qu’à une seule et unique tâche où elle jetait toutes ses ressources, le combat. Pour ces soldats d’exception, pas de paperasse, de patrouille ou de garnison mais une succession ininterrompue de missions sur le terrain. Les tâches jugées trop difficiles ou trop dangereuses leur revenait et augmentaient ainsi considérablement leur prestige… et leurs pertes.  Une certaine liberté d’action venait cependant récompenser les braves qui s’engageaient et il n’était pas rare de voir des soldats ou des gradés d’élite se balader sur les Blues — voir sur Grand Line — en toute liberté.

Les raisons qui poussaient Egao à vouloir rejoindre ce groupe d’exception étaient multiples. Outre le fait qu’il admirait fortement l’exemple donné par certains Marines d’élite qu’il avait rencontré, comme la commandante Midnight, le jeune garçon devait s’avouer que suivre les traces de son père Alheïri Fenyang dans les forces de l’ordre  était un projet qu’il avait à cœur depuis sa plus tendre enfance. Bien que bouillonnant d’envie face à la liberté de certains pirates de légende, Egao désirait encore plus suivre le chemin que sa mère avait toujours voulu qu’il emprunte. Et qui sait quelles rencontres il ferait par ce biais.

Voguant à présent à bord d’une petite barque très bon marché gracieusement offerte par la Marine,  Egao se rapprochait inexorablement de « l’île du BAN », comme il l’appelait. Sans véritable nom et isolé du reste de North Blue, le petit bout de terre convoité se trouvait non loin du quartier général de la Marine de North Blue.

L’apprenti marin observa une fois de plus sa boussole et compara sa direction avec celle indiquée par sa petite carte. Cette fois il ne se perdrait pas. Confiant, il se permit un sourire étincelant en pensant à l’aventure qui l’attendait.

Une bonne journée de navigation fut encore nécessaire à Egao pour enfin apercevoir sa destination. Le climat s’était sensiblement réchauffé et il régnait à présent une chaleur tropicale qui n’était pas pour déplaire au jeune garçon. L’île était en vue et son cœur s’emballait dans sa poitrine.

Le premier pas qu’il fit sur l’île lui procura une intense sensation de paix et de bien-être intérieur. Lors du second, un flot étourdissant de cris d’attaque variés emplit ses oreilles et le garçon vit à sa grande stupeur une trentaine d’individus se jeter sur lui l’air belliqueux.

Egao esquiva ses attaquant en se projetant rapidement sur le coté, mais à peine avait-il reprit ses appuis qu’un autre groupe lui sautait dessus. Il se mit alors à courir de toutes ses forces vers la zone arborée qui marquait la fin de la plage. S’il voulait s’en sortir vivant, une zone aussi découverte qu’une étendue de sable fin était à proscrire. La forêt lui procurerait un arbi temporaire contre l’armée de brutes qui semblait vouloir lui dézinguer les fesses. Semant peu à peu ses poursuivant, le jeune garçon attendit d’être hors de vision pour sauter à un arbre et s’élever dans les branches. Maintenant qu’il était en relative sécurité, il allait pouvoir réfléchir calmement à ce qui venait de se passer.

Les hommes à sa poursuite passèrent sous l’arbre dans lequel il se cachait. Ils s’étaient organisés avec plus ou moins d’efficacité afin de ratisser le terrain le plus large possible mais pas un ne semblait avoir l’idée de lever les yeux. Manifestement, aucun d’eux ne pensait qu’un gamin d’une petite quinzaine d’années pouvait leur échapper bien longtemps. Egao sourit et les observa.

Jeunes pour la plupart, ils portaient l’uniforme réglementaire de la Marine d’élite mais semblaient beaucoup plus balourds et nerveux que les hommes surentrainés qu’avait jusqu’alors rencontré Egao.

*Je suis sans doute arrivé en tout début de formation*, se dit-il. *Ils ont du me voir arriver et reçu comme instruction de me capturer pour défendre le camp.*

Un coup d’œil supplémentaire lui appris que la recherche infructueuse des soldats semblait sérieusement commencer à les énerver.

*Enfin, j’espère qu’ils ont reçu l’ordre de me capturer…*

Laissant les recherches se poursuivre en toute tranquillité, il se déplaça de branche en branche tout aussi rapidement que s’il avait été au sol. Pour une fois, il constatait avec contentement que ses jeux dans la forêt avec Ichi et Ni lui étaient d’un grand secours. La forêt, c’était son domaine.

Il finit par arriver à ce qui semblait être le cœur de l’île : une large zone sans arbre accueillait d’austères bâtiments en pierre. Tout ici clamait qu’il s’agissait bel et bien d’un camp militaire. Se servant de son ouïe fine pour se renseigner sur l’état des recherches de ses poursuivants, Egao sauta de l’arbre dans lequel il était perché et entra dans le camp militaire d’un pas circonspect. Bien qu’il voulait à tout prix être engagé, il n’avait pas non plus l’intention de se laisser malmener. Il fallait qu’il trouve rapidement l’un des responsables de l’île afin de lui expliquer la situation.

Le jeune garçon fini par arriver au centre du camp où il trouva un groupe d’hommes et de femmes à l’apparence redoutable tranquillement assis à une table en train de boire et de discuter. Si certain ne relevèrent même pas les yeux vers lui, comme s’ils étaient déjà conscient de son arrivée depuis un bon moment, d’autres — disons même la majorité — jetèrent sur lui un regard surpris et reposèrent leur verre sur la table.

— Eh bien eh bien messieurs, regardez qui nous avons là, lâcha un homme à la carrure trapue mais musclée et qui portait un large bonnet recouvrant la moitié de sa tête. On envoie nos recrues capturer un oisillon, une petite tâche facile pour les faire souffler un peu et voilà que ledit oisillon se pointe comme une fleur au milieu du camp tandis que l’autre bande de débile continue à ratisser l’île… Je pense qu’on a touché le fond du panier cette année les gars.

— Je viens pour passer la formation du BAN, fit Egao avant que la conversation ne puisse dégénérer. Je veux être un Marine d’élite.

Un éclat de rire général accueillit ses propos.

— On n’engage pas les demis portions dans ton genre, continua l’homme qui avait pris la parole précédemment. T’aurais jamais du te pointer sur cette île sans invitation morveux, tu…

Un raclement de gorge le fit taire aussi vite qu’un enfant prit en flagrant délit de mensonge et la petite assemblée se retourna vers un homme qui n’avait même pas encore levé les yeux de sa bière jusque-là. Grand et mince, relativement jeune, cheveux bruns, il se dégageait de lui une forte aura d’autorité et il semblait être aussi à l’aise parmi les autres hommes qu’un capitaine au milieu de son équipage.

— Lyanna. Se contenta-t-il de dire sans lever les yeux de son breuvage comme si l’ordre qu’il venait de donner était aussi explicite qu’un long discours.

Aussi rapide que l’éclair, l’unique femme du groupe se jeta sur Egao qui du faire pour la troisième fois de la journée un bond en arrière afin d’éviter de se manger une droite dans le museau.

— Rapide, commenta-t-elle en d’un hochement de tête approbateur avant de repasser à l’attaque.

Les coups s’enchainèrent à une vitesse époustouflante et le jeune garçon tentait tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau. Il évita plusieurs coups de poings qui l’auraient assommé net et du recourir à toute sa souplesse et à son talent d’acrobate pour dévier le coup de pied frontal qui suivit. La différence de force physique n’était pas si grande jugea-t-il rapidement, mais il affrontait une combattante entrainée et experte dans son domaine alors que lui avait encore du mal à éplucher des légumes. Sa seule chance de s’en sortir était une ruse ou un coup en traitre.

Le garçon recula de plusieurs bonds pour se mettre hors de portée de son attaquante. Comme il s’y attendait, celle-ci ne lui laissa pas le temps de se repositionner avant de lui sauter dessus. C’est alors qu’Egao s’écarta, révélant une racine qu’il avait cachée dans son esquive. Le point de chute avait été correctement estimé par le garçon et la jeune femme ne pouvait que s’écrouler, lui offrant ainsi une ouverture parfaite pour contre attaquer.

Une pirouette des plus impressionnante permit à la dénommée Lyanna de basculer ses appuis vers ses mains, évitant ainsi le piège de Egao et de lui projeter par la même occasion un formidable coup de pied latéral. Le garçon ne para le coup qu’avec difficulté et profita du rétablissement de la posture de combat initiale de son adversaire pour  s’éloigner une nouvelle fois. Cette fois, il ne savait pas comment il allait s’en sortir.

— Très bien. Lâcha une nouvelle fois la voix de l’étrange homme aux cheveux bruns. Merci Lyanna.

Cette dernière quitta sa posture de combat comme si rien ne s’était passé et retourna tranquillement s’asseoir.

— Tu es accepté, continua l’homme d’une voix désintéressée comme si le sujet n’avait jamais vraiment eu assez d’importance pour qu’il y perde du temps. Bienvenue à la formation BAN. Bobby va te fournir tes affaires et te présenter aux autres novices.



Dernière édition par Egao le Jeu 2 Juin 2016 - 3:25, édité 2 fois
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Avril 1626
Nouvelle recrue pour la Marine d'élite
Avec : Solo | Lieu : QG du BAN | En cours

Egao se réveilla sur son matelas de fortune sous la grande tente dortoir. Cela faisait à présent quatre mois qu’il suivait l’entrainement inhumain du BAN et bon nombre de ses camarades avaient déjà renoncé. S’ils avaient été plus de deux cents le jour de l’arrivée du jeune garçon sur l’île, une petite centaine seulement avait terminé le mois. Le mois suivant fit encore presque cinquante pourcent  de victimes ce qui réduisit les futurs soldats à une septantaine après seulement deux mois de formation. Les deux mois suivants furent encore plus difficiles que les précédents mais seul une vingtaine de participants abandonnèrent. Passé ce stade, Egao se disait que les moins motivés avaient déjà abandonné le navire, seul restait les acharnés.

Comme tous les matins, les hommes se réunirent autour du caporal Garry pour l’entrainement d’endurance. Encore et toujours les mêmes consignes : faire le tour de l’île en courant tout en essayant de suivre le caporal. Les hommes qui s’arrêtaient avant d’en avoir reçu l’ordre ou qui se faisait distancer étaient privé de repas le midi même. Cette épreuve quotidienne avait éliminée à elle seule une bonne centaine de candidats lors des deux premiers mois de formation. Egao lui-même, qui avait pourtant passé son enfance à courir dans toutes les directions du matin au soir s’était écroulé plus souvent qu’à son tour tant le caporal maintenait une allure d’enfer. Bien que rébarbative, la tâche lui semblait pourtant à présent plus aisée et c’est confiant qu’il se mit à courir avec ses compagnons. Il n’avait plus loupé de repas depuis plusieurs semaines et il ne comptait pas récidiver maintenant.

À l’entrainement d’endurance succédait celui de la précision. Avec une froide logique, les instructeurs avaient jugé que c’était après une course épuisante, les mains tremblantes et la sueur coulant du front que les futurs soldats devaient être capables de saisir une arme à feu et de faire mouche sans la moindre hésitation et surtout, sans la moindre erreur. Seul réconfort lors de ce passage obligatoire : les recrues étaient confiées au frère du caporal Garry, Henry. Beaucoup plus calme et sympathique que son frangin, le caporal Henry Cooper était l’un des instructeurs favoris de Egao et certainement l’un de ceux qui lui avait le plus appris. N’ayant jamais tenu une arme de sa vie, le jeune garçon était passé en quelques mois du stade de néophyte le plus complet à celui de tireur expérimenté. Même s’il se rendait bel et bien compte — en voyant la précision inhumaine de son instructeur — qu’il n’aurait jamais le niveau d’un tireur d’élite, le jeune garçon ne craignait plus à présent de se servir d’une arme à feu et savait que ce talent lui serait certainement des plus utile lors de ses futurs combats.

Un repas frugal mais amplement mérité attendait ensuite Egao et ses compagnons. Comme chaque jours le garçon se jeta sur sa part qu’il englouti en deux temps trois mouvement puis se reposa sur sa chaise. S’il avait été en permanence exténué les premières semaines, il lui semblait à présent que son corps baignait dans une énergie plus ou moins constante. Il observait aussi que l’entrainement subit augmentait considérablement ses forces et ses ressources.

Le sergent instructeur Bobby Hoobermind, dit La note était l’homme qui les prenait en charge après le repas. Aucun entrainement physique avec lui mais une instruction claire et précise de toutes les compétences et les exigences liées à l’entretient d’une base, d’une garnison ou d’un navire. Cela passait autant par les tâches ménagères que par le système de communication et de réapprovisionnement. Bien que cet aspect du métier de Marine semblait insignifiant et rébarbatif pour la plupart des recrues énergiques et avides de combat présentes au BAN, Egao ne pouvait s’empêcher de trouver cela passionnant tant La note arrivait à rendre son sujet clair, précis et intéressant. Même si le jeune garçon était persuadé de pouvoir affronter cet instructeur en combat et d’en ressortir vainqueur, il éprouvait néanmoins un profond respect pour l’intelligence, la dévotion et le professionnalisme de son supérieur.

Le principal problème du futur Marine survenait alors : le sergent instructeur Castel Roc, ou comme les soldats aimaient le surnommer, la Montagne. Instructeur préféré de la plupart des recrues pour sa droiture et sa gentillesse, il fut néanmoins le premier de ses supérieur — et de loin le plus tenace — que Egao se mit à dos. Le parler léger voir irrespectueux du jeune garçon avait eu pour conséquence de rapidement faire sortir la Montagne de ses gonds et Egao était passé plusieurs fois à deux doigts de finir en pâté pour recrue. Le garçon avait rapidement appris à tenir sa langue devant ses supérieurs, malgré son incompréhension d’une telle colère pour une chose si futile. Mais tant que son entrainement dépendait de ces hommes, il faisait attention à faire profil bas. Pas question de se faire sortir pour une phrase mal choisie.

Malgré l’inimité qui liait l’instructeur à Egao, son enseignement n’en fut pas pour autant inutile. Le volet d’apprentissage sur la navigation avait prit à lui seul deux bons mois et l’apprenti marin s’était senti profondément stupide quand il repensait à ses premières sorties en mer à la lueur de ses nouvelles connaissances. Il se rendait compte à présent que la chance plus que le talent l’avait maintenu en vie jusqu’à l’île du BAN et il en était assez honteux. Le chapitre de la mer terminé, les recrues étaient à présent en plein apprentissage des armes : épées, couteaux, dagues, marteau, hache, fendoir, bâton, matraque,… Seule l’étude des armes à feu et des explosifs était laissée au caporal Henry Cooper.

L’un des entrainement préféré de Egao arrivait ensuite, donné par le sergent Jango Sanclair, un homme-poisson de la race des tortues — qui fit d’ailleurs une très forte impression au petit nordien qui n’avait jamais rencontré d’hommes-poisson auparavant. Sa matière de prédilection était les tactiques de combat sous toutes leur forme : des guérillas urbaines aux affrontements rangés sur des navires de guerre. Egao s’était rapidement distingué comme de loin le meilleur élément pour la tactique et il était au fur et à mesure devenu l’interlocuteur principal de Sanclair lors de ses leçons. Doté d’un esprit vif et d’un point de vue souvent inédit, le garçon avait su gagner l’estime du sergent qui fini même par le recommander à l’instructeur en chef Redfort, dit Tiger.

La dernière leçon de la journée était donnée en commun par les sergents Lyanna Flores et Andrew Harrick. Le groupe était alors divisé en deux : l’entrainement à la lutte et l’apprentissage des arts martiaux avec Flores pour le premier et apprentissage de l’analyse et des planifications de mission avec Harrick.

Lyanna Flores était l’instructrice qui avait attaqué Egao sur l’ordre du commandant de la base le jour de l’arrivée du garçon. Si Egao avait eu des difficultés à se défendre contre une experte de son niveau, se dirigeant inévitablement vers une défaite si le combat n’avait pas été interrompu, il ne fut pas peu fier de lui quand il constata qu’aucune recrue ne put parer ne fut-ce que le premier coup de la jeune femme les premières semaines. Son petit succès et la rumeur de son talent au corps à corps se propagea alors dans le camps et c’est à ce moment que Egao cessa d’être considéré par les autre comme un enfant mais bien comme un futur Marine d’élite. Les conséquences de cette réputation jouèrent aussi en sa défaveur car faute d’adversaire capable de lui résister plus de quelques secondes, c’est bel et bien Egao qui servit de cobaye pour les démonstrations de Flores tout au long de la formation. Le garçon se promit alors que les prochaines fois, il ferait tout pour rester dans l’anonymat.

Si l’analyse et la logistique de mission enseignées par Harrick n’étaient pas vraiment une partie compliquée de l'entrainement, les choses se corsaient quand les deux instructeurs réunissaient le groupe pour l’épreuve suivante. Bien que relativement petite, l’île comportait néanmoins un grand nombre de cachettes et de capacités de dissimulation et chaque journée d’entrainement se terminait par un combat d’infiltration – repérage entre les recrues. Un objet symbolique était donné au camp des défenseurs qui devaient le protéger à tout prix du camp des attaquants. Aucun combat ne pouvait avoir lieu et les attaquants étaient considérés comme éliminés par simple vision d’un défenseur. Après le temps réglementaire octroyé par les instructeurs, le camp en possession de l’objet était considéré comme vainqueur et se voyait obtenir une pause. Les perdants eux, avaient la joie de gagner entre cinq et quinze tours de l’île, selon l’humeur du jour. Très vite, les recrues se battirent pour faire partie de l’équipe de Egao qui avait fini par posséder une réputation d’invincibilité pour l’entrainement d’infiltration et de repérage. Les soldats n’avaient jamais réussi à le voir lorsqu’il dérobait l’objet symbolique et à l’inverse il semblait avoir des yeux partout lorsqu’il était en charge de sa défense.

Les capacités et les succès de Egao arrivèrent tant bien que mal aux oreilles de Tiger — l’instructeur en chef — qui l’invita au début à quelques leçons particulières supplémentaires pour finalement organiser un entrainement suivit et quotidien du jeune garçon. Homme d’une soixantaine d’année, Tiger avait atteint le grade de Sous-Amiral de la Marine avant de prendre sa retraite. Il était de loin l’instructeur le plus puissant et le plus expérimenté et Egao avait été enchanté de se voir ainsi distingué par un homme autant respecté et important.

Les entrainements avec Tiger étaient très différents de l’entrainement standard car ils étaient principalement constitués de discutions sur la stratégie et sur la politique du Gouvernement Mondiale. Durant ces longs mois, Tiger enseigna à Egao les grandes stratégies des maîtres à penser de la Marine. Ils analysèrent ensemble les défaites et les victoires de la Marine sur les pirates et les révolutionnaires ainsi que la composition des puissances du Gouvernement Mondial, leur influence et leur position par rapport aux autres.

Comme chaque soir après son entrainement physique et mental, Egao se coucha rompu de fatigue. Sa motivation n’avait pourtant fait qu’augmenter au fur et à mesure de la formation et il se sentait maintenant si proche du but qu’il en tremblait parfois d’excitation.



Dernière édition par Egao le Jeu 2 Juin 2016 - 3:41, édité 1 fois
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Juin 1626
Nouvelle recrue pour la Marine d'élite
Avec : Solo | Lieu : QG du BAN | En cours

Le dernier mois de formation était enfin arrivé à son terme et le nombre de recrues encore présentes s’élevait à présent à vingt-deux. La sélection — qui comptait au départ plus de deux cents participants — avait été rude et seuls les meilleurs avaient été gardés. Egao n’était pas peu fier de figurer parmi cette élite.

La dernière journée d’entrainement s’était terminée la veille et peu des survivants avaient fermé l’œil de la nuit. Tous savaient ce que la journée d’aujourd’hui allait représenter : leur nouveau départ dans la Marine d’élite, leur nouveau poste et leur nouvelle vie. Tout cela allait bien leur appartenir, ils avaient réussi.

L’appel du matin résonna dans le camp comme à son habitude et les hommes se réunirent une fois de plus devant le caporal Copper. Ils échangèrent des regards entendus et s’autorisèrent de minces sourires quand ce dernier les amena au centre de la base plutôt que vers le point de départ de l’entrainement d’endurance. Sur place, une large estrade avait été montée durant la nuit. L’ensemble des instructeurs y avait pris place, droits comme des « I » et aussi sérieux qu’à leur habitude. Seul Tiger, l’instructeur en chef semblait décontracté et adressa même un petit sourire aux arrivant.

Quand les futurs soldats furent au garde à vous dans une ligne impeccable face à l’estrade, Tiger prit la parole.

— Repos soldats.

Les recrues se détendirent aussitôt et un vent d’excitation parcouru le rang quand le vieil homme sorti un long rouleau de papier de sa poche.

— Tout d’abord, je tiens à vous féliciter pour votre endurance. La formation du BAN à laquelle vous venez de participer est pratiquement terminée et nous allons donc à présent vous décerner les grades que l’ensemble des instructeurs a choisi de vous octroyer.

Plusieurs mains vinrent taper dans le dos de Egao et ses camarades lui adressèrent un large sourire. De tous les participant, le jeune garçon s’était particulièrement distingué et personne ne doutait qu’il obtiendrait un grade élevé. L’attention se refocalisa sur Tiger quand celui-ci se racla la gorge avant de commencer sa lecture.

— Sont promus au grade de soldats d’élite : Richard, Josh, Carrel, Finn, Edouard, John, Karl, Smith, Tango, Berry, Armand et Peter.

Des applaudissements retentirent dans le camp alors que les nouveaux soldats se congratulaient. Le silence revint cependant très vite.

— Sont promus au grade de caporaux d’élite : Vader, Pierre, Ulric, Darr, Birmav et Diergov.  

De nouveaux applaudissements retentirent et moururent une nouvelle fois aussi vite. Tous voulaient entendre quels seraient les élus pour le poste le plus élevé octroyé par la formation du BAN. Le ventre de Egao se noua mais il attendit confiant. Le grade de sergent ne pouvait pas lui être refusé vu son implication et ses résultats à la formation.

— Sont promus au grade de sergents d’élite : Brandson et Fisk.

La foudre venait littéralement de frapper Egao et il n’eut même pas la capacité d’applaudir à la promotion exceptionnelle de ses camarades. Le jeune garçon n’avait même pas été cité, il ne comprenait plus rien.

— Je vous remercie de votre attention messieurs dames. Si vous avez des questions je serai dans mon bureau. Cette journée vous est offerte comme seul et unique jour de repos de toute la formation. Une fois la journée terminée, vous recevrez votre mission sur le terrain. Il s’agit de votre dernière épreuve. Réussissez et vous intégrez la Marine d’élite à votre grade actuel. Échouez, et vous nous quittez définitivement. Bonne journée.

Sans remarquer que Egao ne bougeait plus qu’un cil, comme tétanisé, les nouveaux membres de la Marine riaient et se félicitaient à haute voix. Le jeune garçon quant à lui voyait le monde à travers un étrange brouillard. Il ne s’était pas attendu à un tel résultat. Il avait donc bel et bien échoué à la formation du BAN. Il était même le seul du groupe à avoir été recalé lors de l’octroi des promotions. Son cœur se serra.

Les jambes d’Egao le menèrent machinalement vers le bureau de Tiger. Il allait au moins tenter de demander une explication, ou du moins il ferait tout pour obtenir une seconde chance afin de pouvoir repasser la formation. Il ne pouvait pas s’arrêter là. C’est avec résolution qu’il frappa à la porte de l’instructeur en chef.

— Ah, Egao ! Entre je t’attendais. Fit la voix de Tiger. Assied toi je t’en prie.

Le garçon prit place sur la chaise face à l’instructeur. Ce dernier avait posé ses coudes sur son bureau afin de soutenir sa tête du dos de ses mains et observait le jeune nordien d’un regard extrêmement sérieux.

— J’imagine que tu es venu me demander pourquoi tu n’as pas été cité, lâcha-t-il âprement.

— C’est ça, enfin non, enfin je… Je voudrais une deuxième chance. Je suis certain que je peux y arriver cette fois j’ai juste besoin d’une deuxième chance. Si c’est parce que la Montagne a encore râlé sur moi c’est injuste, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour pas l’ennuyer mais c’est lui qui a pas arrêté depuis le premier jour, il…

— Tu as bel et bien été accepté jeune homme, cesses donc de parler si vite tu vas te rompre la langue.

La remarque de Tiger coupa net le sifflet de Egao. Il n’en croyait pas ses oreilles.

— Tu as été accepté mais pas cité devant les autres soldats, continua le vieil homme. Pour la simple et bonne raison que tu n’as absolument rien à voir avec eux.

Tiger se leva et se planta devant la fenêtre de son bureau, les bras croisés dans le dos et les yeux perdus dans la contemplation d’on-ne-sait-quoi au dehors.

— Quand tu es arrivé ici tu étais déjà de loin le meilleur élément de cette année. De plus tu as probablement progressé plus que l’ensemble de tes compagnons réunis. Faire de toi un caporal ou un sergent d’élite n’avait absolument aucun intérêt.

Il se retourna vers Egao.

— Tu es pour l’instant trop jeune et trop peu connu dans la Marine pour qu’on t’octroie un grade à responsabilité. Bien que tu leur sois nettement supérieur dans tous les domaines, des hommes entrainés n’accepteront jamais de travailler sous tes ordres et ce simplement parce que tu es plus jeune qu’eux.

— Mais… commença le garçon.

— Tu es un cas à part mon garçon. Si un jour tu veux une promotion tu devra non seulement la mériter physiquement mais aussi être assez reconnu pour la justifier auprès des hommes. Il ne s’agit pas de justice ou d’injustice, il s’agit du monde des réalités. À toi de t’y plier ou pas.

Egao hocha la tête. Il comprenait.

— L’autre raison pour laquelle tu commenceras au bas de l’échelle est que tes talents ainsi que ton anonymat peuvent être très utiles à la Marine d’élite.

— Je ne comprends pas…

— Comme je l’ai expliqué tout à l’heure la dernière étape de la formation du BAN est une mission sur le terrain. C’est le succès ou l’échec de cette mission qui déterminera votre aptitude ou pas à rejoindre la Marine d’élite et la formation que vous avez reçue jusqu’ici ne vous a été dispensée que pour mettre le maximum de chances de votre coté lors de cette épreuve. Tes camarades recevront des missions de protection, d’escorte ou seront lancés à la poursuite d’un pirate primé qui a échappé à la Marine régulière.

Egao acquiesça. On leur avait appris cette étape de leur formation tout au long du BAN et si certain la redoutait, la plupart des recrues était impatient de l’entamer.

— La mission qui va t’être confiée — bien que donnée à une recrue de façon rarissime et seulement sur l’appréciation de l’ensemble des instructeurs — ne requiert cependant aucun grade. Elle sera plus difficile et plus compliquée que n’importe laquelle des missions de tes camarades. Et tu ne pourra évoquer ne fut-ce que l’existence même de cette mission qu’avec tes supérieurs directs, c’est à dire moi, le lieutenant McKlcean et le commandant Jugo.

— Et quelle sera cette mission, demanda Egao, content de ne finalement pas être recalé à la formation.

— Un assassinat.



Dernière édition par Egao le Jeu 2 Juin 2016 - 3:48, édité 1 fois
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Juin 1626
Nouvelle recrue pou la Marine d'élite
Avec : Solo | Lieu : QG du BAN | Fini

Un assassinat. La mission que Egao s’était vu confier par Tiger n’avait cessé de lui tourner en tête. Quand il avait quitté le bureau de l’instructeur en chef pour aller retrouver ses compagnons d’arme, les futurs soldats de la Marine d’élite semblèrent soudain se rendre compte que personne ne l’avait plus vu depuis un moment et que personne ne se rappelait avoir entendu son nom lors des promotions. Se rappelant que l’ordre lui avait été donné de ne rien révéler de sa mission — jusqu’à l’existence même de cette dernière — Egao prétendit qu’il s’était rendu au bureau de Tiger afin de demander des explications quant à sa non-nomination. Il avait ensuite expliqué aux hommes que l’instructeur s’était rendu compte de son oubli et l’avait rassuré en lui disant qu’il avait été promu au grade de soldat d’élite. Les sourcils se levèrent d’étonnement à l’écoute de ce mensonge car beaucoup pensaient justement que le jeune garçon recevrait le grade le plus important de la sélection en récompense des prouesses qu’il avait effectué pendant l’ensemble de la formation. *C’est pourtant bel et bien la seule part de vérité dans ma petite histoire*, se dit-il à lui même.

La journée de repos, la première depuis six mois intensifs, passa à la vitesse de l’éclaire. Dès le lendemain matin les hommes furent appelés les uns après les autres pour constituer des groupes de missions. Comprenant en général deux à trois recrues, les missions allaient — comme l’avait annoncé Tiger à Egao la veille — de l’escorte de noble ou de marchand à l’attaque de pirates récalcitrants résistant à la Marine régulière. Les soldats partirent les uns après les autres jusqu’à ce que le jeune garçon se retrouve seul au camp en compagnie des instructeurs.

Quand son tour arriva, Egao ne fut pas convoqué dans le bureau de l’instructeur en chef mais dans celui du commandant Kaiser Jugo.

— Entre Egao, fit Tiger qui l’attendait à l’entrée du bureau. Nous t’attendions.

Le jeune garçon pénétra pour la première fois dans le sacro-saint de la Ferme — le nom donné à la base du BAN. Aucune recrue n’avait jamais pu prétendre à avoir foulé le sol du bureau du commandant et Egao commença malgré lui à se sentir nerveux. Le lieu était semblable au reste du camp : austère et froid, il était là pour l’efficacité et le travail et le luxe en avait été banni. De nombreuses décorations de la Marine étaient accrochées sur les murs mais le garçon ne trouva aucune des récompenses octroyées aux officiers supérieurs habituelles. La rumeur selon laquelle la plupart des opérations effectuées par Kaiser Jugo étaient classées Top Secret lui revint alors en mémoire. Au milieu de la salle  trônait un large bureau de bois sombre sur lequel une quantité impressionnante de documents trainaient de manière désordonnée. Pour finir, une large bibliothèque emplie de livres de stratégies et de règles de combats ainsi que de nombreux plans de constructions de navires recouvrait le mur du fond et donnait à l’endroit un air d’érudition imposant.

Le commandant Jugo et son second le lieutenant McKclean étaient déjà dans la pièce, plongés dans des documents de toute apparence de première importance.

— Voici la recrue messieurs, annonça Tiger quand Egao fut entré. Si vous le souhaitez, nous pouvons commencer.

Kaiser Jugo se leva et observa Egao, le jaugeant des pieds à la tête. S’il fut troublé par l’âge du garçon il n’en laissa rien transparaitre. Il s’empara d’un dossier bleu qu’il jeta vers le nordien. Celui-ci s’empara du document au vol.

— Voici l’ordre de mission. Tu as le temps que tu veux pour le lire et le mémoriser tant qu’il ne sort pas de cette pièce. Préviens moi quand ce sera fait.

Surpris, Egao ouvrit le document et commença à lire. La photo d’un homme aux traits fins et à l’allure joviale apparu suivie de quelques commentaires :

NOM : Ethan O. Connery
PROFESSION : Boulanger
LOCALISATION : Boréa – Lavallière – quartier des écluses
AFFILIATION : Résistance
MISSION : Élimination

Egao releva les yeux.

— C’est bon, lâcha-t-il.

McKclean repris le dossier des mains du garçon et le rendit à Jugo qui le jeta sur le haut de sa pile.

— Bien qu’elle ne soit pas très importante, la mission est classée Top Secret, fit le commandant. Toute divulgation d’information sera synonyme de trahison conduisant au mieux à un renvoi au pire à Impel Down. La cible doit être éliminée sans témoin et le corps ne doit jamais être découvert. Tu agis seul, sans avertir quiconque de ta mission. Des questions ?

Egao assimila les informations.

— Qu’est-ce qu’il a fait pour mériter ça ? Demanda-t-il.

— Ceci n’est pas une information qui te sera utile pour remplir ta mission. Au travail soldat.

Kaiser Jugo replongea alors ses yeux dans ses dossiers comme si Egao n’était jamais entré dans son bureau. Quelque peu abasourdit, le jeune garçon balbutia un salut et sorti en compagnie de Tiger.

— Suis moi, lui dit celui-ci une fois dehors.

Le jeune nordien suivit l’instructeur jusqu’à l’armurerie. Tiger ouvrit la porte et se planta au milieu de la salle avec Egao.

— Tu as le droit de te servir, lâcha-t-il. Tu peux emporter tout ce qui te semblera nécessaire au bon déroulement de ta mission. Tu recevras aussi une barque de qualité et des vivres en suffisance pour le voyage. La mission n’a pas de date d’expiration mais je te conseille vivement de faire au plus vite. N’oublie pas qu’il s’agit de ton test final en plus d’une mission Top Secret.

Sur cette phrase, il laissa Egao seul dans la pièce.

— La barque est dors et déjà apprêtée, tu pars quand tu veux, dit-il avant de fermer la porte.

Une fois seul le jeune garçon tenta de se détendre. La mission qui venait de lui être confiée était à la fois un honneur et une horreur, et il ne savait pas encore vers quel penchant tombait son cœur. Il repensa à la localisation de la mission et ses pensées s’envolèrent alors vers Boréa. L’image de Midnight Santana s’imposa à son esprit. La commandante avait eu foi en lui, et elle faisait aussi partie de la Marine d’élite. C’était la vocation qu’il s’était choisie et il allait persévérer, quoi qu’il lui en coute.

Egao parcouru le vaste étalage d’arme que proposait la pièce et arrêta son choix sur deux dagues d’acier qu’il glissa à sa ceinture. Il y accrocha aussi une vingtaine de petits couteaux de lancer et attacha finalement une lame secrète sous sa manche au niveau de son avant bras. Une fois satisfait de son équipement il se dirigea vers la zone d’affrètement  des navires de visite de l’île. Autant partir immédiatement.
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Le voyage fut beaucoup plus cours que lors de son premier départ de Boréa et Egao constata à quel point l’enseignement qu’il avait reçu lors du BAN l’avait transformé. Il atteignit les côtes de Boréa en seulement deux jours et ne rencontra aucune difficulté sur le chemin. Une fois sur place, il dissimula la barque dans un coin isolé non loin de Lavallière et se dirigea vers la ville.  

Egao évita les hérauts de l’aurore et se fondit dans la masse de la population. Il avait déjà pris soin d’étudier la carte de Lavallière lors de ses cours particuliers avec Tiger et il se demandait maintenant si le vieil instructeur n’avait pas prévu le coup depuis un bon moment. Le quartier des écluses était une zone peuplée non loin du port de la ville. Dans le souvenir qu’il gardait des explications de Tiger, il s’agissait d’un quartier de classe moyenne où régnait peu d’agitation.

Le garçon chercha une boulangerie des yeux, se demandant comment il s’y prendrait pour savoir s’il s’agissait du bon établissement. Après seulement quelques minutes de recherche il tomba sur un bâtiment sobre arborant une impressionnante vitrine de pâtisseries en tout genre. Sur le dessus de la porte, un panneau délavé indiquait « Connery : Au royaume de la baguette ».

— Eh ben je m’en faisais pour rien… marmonna-t-il.

Il entra dans la boutique avec son air le plus jovial.

— Bien le bonjour ! L’accueilli immédiatement la copie conforme de la photo que Egao avait vue dans le dossier bleu. Que puis-je faire pour vous mon petit monsieur ?
Constatant qu’il s’agissait bel et bien de sa cible et jugeant qu’il avait toutes les informations nécessaires, Egao acheta simplement une pâtisserie qu’il dégusta ensuite dans la rue. La journée était déjà bien avancée et la nuit n’allait pas tarder à tomber. Il savait à présent ce qu’il devait faire.

Le jeune nordien se hissa sur le toit du bâtiment d’en face et attendit patiemment la fermeture de la boulangerie. Quand il vit sa cible fermer derrière lui et partir, il la fila sans un bruit. Le boulanger s’arrêta une centaine de mètres plus loin et entra dans sa maison et Egao patienta plusieurs heures, le temps de voir la lumière de l’habitation s’éteindre et attendant que sa cible s’endorme. Il crocheta alors la serrure et pénétra silencieusement dans la maison.

Le boulanger était endormi dans son lit et ronflait bruyamment. Egao s’approcha et sorti l’une de ses dague, l’approchant de la gorge de la victime. Le jeune garçon savait qu’il s’agissait du dernier moment où il pouvait encore faire marche arrière et tout abandonner. Mais l’idée de revenir annoncer son échec à ses supérieurs le révolta. Après tout, si cet homme avait été désigné comme cible par la Marine, c’est qu’il devait le mériter.

Conscient qu’il commettait là un acte qui allait changer sa vie entière, Egao trancha la gorge de Ethan Connery, le tuant proprement dans son sommeil.


Le sang coulait sur les draps du lit et Egao comprit qu’il venait de faire une erreur monumentale. Tellement absorbé par le duel qui faisait rage dans sa tête sur l’idée de commettre ou non un assassinat, il en avait négligé la suite de son plan. L’ordre de mission stipulait clairement que le corps de la victime ne devait jamais être découvert et Egao se retrouvait donc avec un cadavre et des draps ensanglantés sur les bras. Tentant de maitriser sa panique, le jeune garçon fouilla la maison dans l’espoir de trouver une idée pour se sortir de là. Il repéra alors deux énormes sacs de farine dans la cuisine et un plan germa dans son esprit.

Muni de l’un des sacs pratiquement vide, il lutta pour y entrer le corps du boulanger ainsi que les draps tâchés de sang. Par chance la lame aiguisée de sa dague avait permis à la blessure de ne pas trop saigner et le matelas n’avait pas été touché. Il entreprit ensuite de fouiller la garde robe pour refaire le lit afin de tromper d’éventuels enquêteurs et fourra la clé de la maison dans sa poche. Personne ne penserait alors que l’homme était bel et bien arrivé chez lui après son travail et les autorités allaient certainement conclure à une simple disparition.

Une fois revenu dans la cuisine, Egao transféra le reste de la farine d’un sac à l’autre et recouvrit ainsi le corps du boulanger. Sachant que le subterfuge ne résisterait pas à l’ouverture du contenant, le sac dans lequel le corps se trouvait ressemblait à présent à s’y méprendre à un sac de farine normal. Du moins en apparence extérieure.  

Egao sorti le sac par la porte d’entrée, refermant à clé derrière lui. Son objectif était d’atteindre le port et de jeter le tout au fond de l’eau avant de quitter la ville. Il fallait qu’il fasse vite et qu’il évite de se faire repérer par tous les moyens.

Alors qu’il était à quelques centaines de mètres d’atteindre le port, une patrouille de hérauts de l’aurore arriva dans sa direction. Pris au piège, Egao senti la peur resserrer peu à peu l’étau sur son estomac. Il n’avait aucun moyen de les éviter et transporter le sac jusqu’ici, malgré l’entrainement intensif qu’il avait reçu au BAN l’avait fait transpirer à grosses goutes. Il prit alors son courage à deux mains et tenta le tout pour le tout :

— Eh ! Eh ! Messieurs ! Cria-t-il aux hérauts qui arrivaient vers lui.

Les hommes se rapprochèrent alors méfiant, puis se détendirent quand ils virent qu’ils avaient à faire à un jeune garçon d’une petite quinzaine d’années.

— Qu’est-ce qu’il y a mon gars ? Demandèrent-ils en observant le sac que Egao transportait avec curiosité.

— S’il vous plait messieurs, implora le jeune garçon de sa voix la plus innocente et angoissée. Je devrais déjà être chez moi depuis des heures mais mon chariot s’est cassé en route. Je suis presque arrivé chez moi mais je suis à bout de force et si je ne ramène pas le sac de farine à mon père avant de rentrer il va être furieux. Comme vous êtes des hommes forts je me demandais si vous pourriez m’aider…

L’audace dont il faisait preuve épatait Egao lui-même. Mais dans tous les cas, si les gardes avaient posé des questions il aurait été découvert. C’était le moment de profiter de son âge, pour une fois que ça allait lui être utile.

Les hérauts rirent entre eux.

— T’inquiète mon gars, on va te donner un coup de main, firent-ils en se saisissant du sac. Où veux tu qu’on te dépose ça ?

Egao les guida jusqu’à une petite habitation à moins d’une dizaine de mètres de la jetée. Une fois arrivé à destination, il remercia chaleureusement les gardes pour leur aide et leur gentillesse et affirma qu’il rentrait se coucher en entrant par la porte de derrière. Pas un seul des soldats ne remarqua la nuque trempée de Egao ni les énormes gouttes de sueurs qui parcourait son front tout au long de la marche. Si le sac s’était rompu ou si un soldat avait senti le corps à travers la farine, s’en aurait été fini de lui. Une fois qu’il fut certain que les hommes s’étaient éloignés pour de bon, le jeune garçon traina une dernière fois le sac vers le bord du quai, ajouta toutes les pierres qu’il trouva à proximité dans ledit sac pour faire bonne mesure et jeta le tout dans l’eau le plus délicatement possible. Il se fondit alors une nouvelle fois dans l’obscurité et sorti de la ville.
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Le retour vers l’île du BAN fut aussi rapide et calme que l’allé. Lorsqu’il se retrouva seul en mer, le stress retombé et sa mission accomplie, Egao sorti la clé qui était toujours dans sa poche et l’observa. Dorénavant, il était un soldat au service de la Marine. Si on lui donnait l’ordre de défendre la veuve et l’orphelin, il le ferait le cœur empli de joie. Si on lui ordonnait d’assassiner un homme, il le ferait le cœur triste. Mais son devoir passerait avant toute autre chose. C’est la promesse qu’il se fit à lui-même en jetant la clé dans les profondeurs de l’océan, afin qu’elle rejoigne les secrets que les générations d’hommes et de femmes avant lui avaient déjà confié aux abysses.
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— Travail superbement exécuté mon garçon, le félicita Tiger lors de son compte rendu. Je n’en attendais pas moins de ta part.

Le commandant Jugo approuva d’un hochement de tête et tendit là main à Egao.

— Bienvenue dans la Marine d’élite soldat.

Le garçon serra la main du commandant qui retourna ensuite s’asseoir à son bureau.

— Dorénavant vous faites officiellement partie de la Marine. Vous aurez donc droit à tous les avantages et privilèges qui se rapportent à votre grade. De plus aucune affectation particulière ne vous est imposée pour l’instant, vous avez donc droit de parcourir les Blues à votre guise afin d’intervenir là où vous le jugerez nécessaire. N’oubliez cependant pas que vous restez à la disposition de la Marine qui pourra faire appel à vous à tout moment.

Egao s’inclina devant son supérieur, le regard neutre.

— Merci mon commandant.

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