[PV Eikichii] Souvenirs douloureux

G-2 - Salle des cérémonies - 1626

-C'est l'heure mon lieutenant.

Je suis alors sur l'"Indomptable Queen", mon navire. C'est probablement la dernière fois que je peux le contempler, caresser son bois avec un peu de nostalgie. Je reste encore quelque seconde avant de me tourner vers ma subalterne, le sergent Caporla.

-Dans ce cas allez a votre place sergent. J'arrive.

Je regarde un moment le dos de la jeune sergente qui, il y a peu encore, servait sur l'île de Shimotsuki. J'attends qu'elle ne soit plus visible pour me diriger vers la salle de cérémonie de la base. Oh, bien entendu, je porte toujours mon manteau de lieutenante car je ne suis pas encore officiellement commandante. Je ne mets pas longtemps à arriver devant l'une des très rare porte de bois du QG d'East-Blue qui s'ouvre devant moi par le biais de deux gardes me permettant ainsi de remarquer que la sous-amirale n'avait pas fait les choses à moitié... Voire le bataillon de mon officier supérieur au garde a vous de part et d'autre d'un tapis rouge, ce n'est pas fait pour me mettre a l'aise. Surtout qu'en avançant vers l'estrade je remarque d'abord les sous-officier, parmi eux Caporla et Sistérion, puis les places des officiers qui eux, ont des chaises pour s'assoir ensuite... Il y a un certain nombre de personne que je ne connais pas, sans doute d'anciens combattants toujours autorisé a venir à la base...

Pendant que j'avance vers l'estrade où se dresse le commandant Ramsteil avec le colonel Dutch Warp, la sous-amirale Debossah Bii et un autre officier que je connais bien... Je me demande brièvement ce que fait le sous-amiral Rayan Blamoka ici... N'avait-il pas été nommé à la tête de l'Escadre "Fleuve Blanc" ? Pendant que je m'avance vers l'estrade, le commandant parle moi, de mes états de service sous son commandement, de deux opération en particulier, sur Shimotsuki et Orange. Si la première était directement sous son commandement, pour la deuxième il a fallut agir dans l'urgence. C'est la dernière qui me vaut ma promotion et deux médailles que je suis fière de recevoir même si je suis un peu hésitante face a tant de cérémonial... Après tout je n'avais pas été exemplaire sur Shimotsuki...

Et puis c'est mon paternel qui prend la parole... Je m'attends a ce qu'il parle longtemps alors que je me tient debout au pieds des marches menant a l'estrade l'écoutant d'une oreille distraite, plongeant dans mes souvenirs car c'est d'abord de moi enfant qu'il parle... Surtout du moi après la mort de ma mère... J'avais six ans...

Rock Adam - Caserne de la Marine - 1612

Youpi ! J'ai six ans maintenant ! Y a plein de monde et je reçois tout plein de cadeau ! Il y des bonbons a foison, du chocolat en quantité, des gâteaux que je ne peux pas encore manger... Y a plein de cadeau aussi, des petits, des moyens et des grands. J'adore ce déguisement d'amiral de la marine... Y a des jouets en bois, pleins de jouets en bois, des poupées et même de petite figurines de soldats de la marine ! J'adore... j'adore tout...

Ils sont tous là, tout les habitants du village. Ils étaient là aussi il y a quelques semaines pour sa mise en terre... Ils sont tous très gentils avec moi, les cadeaux sont tous d'eux. Enfin, pas le déguisement pour jouer qui vient de mon père. Mais au milieu de cette joie, je ressens toujours un vide. Ma mère me manque... beaucoup beaucoup. Au point d'exclure de moi toute la joie que j'ai d'abords ressenti  et de me réfugier dans la cabane que mon père a fait pour moi il y a déjà quelques temps. Le cabane c'est mon petit coin rien qu'à moi...

Mais là... c'est pas pour jouer que je m'y réfugie... C'est pour fondre en larme.

Ce jour-là, j’ai été convié à la base du G2, pour une  remise de médaille. Cela fait des lustres que je n’avais pas mis le pied dans une base de la Marine. J’observais l’assemblée dans laquelle j’apercevais des nouvelles têtes, d’autres personnes que je connais et aussi mon ancien disciple, Rayan, dans ce tas je vis sa fille, justement, c’était la jeune Laïa qui m’avait invité.

Vous y croyez ? Un ancien gradé invité par la fille d’un de ses disciples. Bah moi oui, à vrai dire je ne trouvais rien d’étonnant là-dedans car je la traitais comme ma petite-fille tout comme son père était pour moi un fils à l’époque où j’étais encore Colonel.

J’avais décelé un potentiel incroyable en lui et franchement j’en suis fier. Il semble qu’en tout cas il n’était pas le seul à avoir un tel potentiel, je lis en cette jeune fille un immense pouvoir, elle a bien hérité de son père.

Alors que je restais là, immobile à contempler les Blamoka, lorsque Rayan s’est mit à parler de la jeunesse de Laïa je commence à me rappeler de cette année, 1612, déjà à la retraite je venais de temps en temps prendre des nouvelles de Rayan et de sa famille. Je me rappellerais toute ma vie, la mère de Laïa était fraichement assassinée… .

1612 :

Officier déjà retraité, je venais rendre visite à Rayan, ayant appris la nouvelle pour sa femme je me devais de lui rendre visite et au plus vite.

Je m’hâtais, je ne voulais pas non plus le louper.

Je traversais à une allure folle l’île, jusqu’au moment où je m’étais arrêté net. Pourquoi ? J’entendais des sanglots ! Provenant d’une cabane dans le coin. Je me rapprochais doucement, et jetais un coup d’œil discret à l’intérieur. Là je vis la jeune Laïa. Cela me brisa le cœur de la voir dans cet état. Je restais figé, le regard attristé par cette profonde peine.

Je m’assis sur le sol, de l’autre côté du mur de la cabane et je me mis à lui parler.

- Bah dis-donc, tu as bien grandi ! La dernière fois que je t’ai vu, tu n’étais encore qu’un tout petit bébé !