Au Nom De La Liberté
PREMIÈRE DANSE
PREMIÈRE DANSE
« Noooooooooooon ! Vingt cinq jours ! » Gueula Sunny alors que les Eagle claws venaient d'apprendre la durée de rechargement de leur log pose donc le temps de pouvoir repartir de l'île où le destin avait décidé de les jeter : Hungeria, plus exactement à Nakamura, le dernier royaume des longs bras. Vingt cinq jours à rester sur un territoire où le moindre écart pourrait les réduire en esclavage ou pire, leur ôter la vie. Il y avait en effet de quoi s'inquiéter mais, mis à part l'Excentrique de servie, les membres de l'équipage surent garder leur calme. *** Treize jours plus tard. Accoudée par-dessus le bastingage de leur navire, Terry son aigle royal perché sur son épaule gauche, Yamiko fixa le fond de la mer. Quelques secondes s'écoulèrent puis un tourbillon se forma à la surface de l'eau, s'agrandissant de plus en plus. Le rapace cessa de se nettoyer les ailes pour examiner ce qui se passait plus bas puis il pris son envol craignant ce qu'il voyait. « Fais attention à ce qu'on ne te voit pas en train d'utiliser ton pouvoir ! Cela pourrait nous attirer d'ennui, fit Fozia qui s'était rapprochée mais que Yamiko, sous une profonde concentration, n'avait pas remarqué. Sous l'effet de la surprise, elle perdit le contrôle du vent qui était à l'origine du tourbillon miniature. - Je sais, lâcha Yamiko d'une voix qui manquait cruellement de vivacité. - Quelque chose ne va pas ? - J'en ai marre de rester ici ! - Comme tout le monde je pense mais tu sais très bien qu'on n'a pas le choix alors prend ton mal en patience. - On ne peut vraiment pas chasser ? Ces longs bras s'enficheraient peut-être qu'on capture des pirates humains. - Je ne préfère pas courir le risque. N'oublie pas que le moindre grabuge pourrait nous faire atterrir sur le marché des esclaves ou bien nous envoyer vers l'autre monde. Et l'un comme l'autre ne m'enchantent pas vraiment alors on se tient tranquille ! Compris ? » Yamiko offrit un silence en guise de réponse tout en portant de nouveau son attention sur l'eau avant d'y former un nouveau tourbillon malgré la mise en garde de Fozia. Essayer de maitriser correctement le pouvoir de son fruit de démon et de tenter de découvrir d’autres possibilités à son utilisation étaient ses occupations pour tuer le temps. Elle comprenait parfaitement la précaution que prenait son amie pour leur survie sur ce territoire bien hostile mais l'ennui tendait à la pousser à la désobéir. Décidée cependant à ne plus se laisser dominer par son impulsivité qui la poussait bien trop souvent à commettre des actes bien regrettables, Yamiko prenait donc sur elle-même. Être dont l'inactivité pourrait bien périr, il fallait qu'elle s'occupe mais elle ne savait pas quoi faire. Elle avait fini de vadrouiller dans la ville hostile des autochtones. Elle s'était déjà aventurée au-delà du royaume des longs bras allant jusqu'à Harahettania, l'île d'à côté où vivaient des humains oppressés par les habitants de Nakamura. Le sort de ces malheureux l'avait d'ailleurs grandement touché mais n'oubliant pas l'avertissement de Miss gun, elle s'était retenue d'intervenir dans le conflit qui opposait les deux camps bien qu'elle le trouvait fort injuste. L'être qui fonçait la tête baissée qu'elle avait été n'aurait pas hésité à mettre sa vie et celle de ses compagnons en péril pour tenter de venir au secours des oppressés mais, comme elle l'avait promis à Fozia, elle avait changé. Lasse de son entrainement pour occuper le temps, Yamiko finit par abandonner leur navire amarré pour aller s'enfoncer dans la ville qu'elle connaissait à présent assez bien, un sac en plastique avec un peu de provision dans la main droite. Comme à l'accoutumée, Choupi l'avait accompagné. Depuis sa mésaventure avec Reyson D. Anastasis qui l'avait transformé en homme, Yamiko avait décidé d'être moins affable mais pas de geler son cœur alors elle avait fini par prendre l'habitude d'apporter à manger à deux orphelins longs bras qui vivaient dans la mendicité. Elle les avait croisé durant l'une de ses excursions et depuis, elle revenait tous les jours les apporter un peu de nourriture au grand dam de Fozia qui craignait que sa bonne action ne se retournerait contre eux. Crainte qui était justifiée car à Nakamura même un acte de plus noble pouvait être condamné par ceux qui y faisaient la loi. Au début, les petits - dont un devait avoir douze ans alors que son petit frère frôlait les neuf ans - étaient méfiants mais à la longue ils avaient fini par les accueillir, non pas les bras ouverts, mais ils ne cherchaient plus à fuir elle et Choupi. Tels des chiens maltraités et affamés, les gamins avaient évité de s'approcher d'eux qui avaient une articulation en moins au niveau des bras alors Yamiko avait été forcée de déposer le sac aux denrées puis de s'éloigner pour que les petits viennent le chercher. Peu à peu les choses avaient cependant changé. À présent, les malheureux enfants semblaient guetter leur venue et saisissaient sans méfiance le sac aux victuailles que Yamiko leur tendait, cependant, jamais encore ils ne s'étaient adressé la parole. Enfin, pas avant aujourd'hui. En effet, à la grande surprise de Yamiko, le plus grand leur dit bonjour et avec le sourire. Salutation à laquelle elle ne put répondre car cela l'avait laissé bouche bée. L'initiative du petit long bras la faisait grandement plaisir mais son être mit un certain temps pour se remettre de la stupéfaction. « Nous aimerions vous remercier de votre gentillesse alors accepteriez-vous de prendre le thé chez nous ? Poursuivit l'ainé. Nous avons réussi à avoir un peu d'argent pour acheter un peu de thé à votre attention. - Heu … avec plaisir, » répondit Yamiko d'une voix hésitante non pas par méfiance mais toujours par consternation. Sous les regards hostiles des riverains, les deux chasseurs de primes suivirent les deux gamins. Yamiko fit exprès de trainer en arrière afin de laisser quelques mètres de distance entre eux et les enfants longs bras. Elle ne désirait point voir ces derniers se faire réprimander par leurs semblables parce qu'ils avaient osé fréquenter des êtres que ceux de leur race méprisaient. Les bambins finirent par mener les agents de la B.N.A dans un endroit malfamé pour finir par pénétrer l'intérieur d'une cabane de misère, faite avec des matériaux de récupération. Yamiko eut un pincement au cœur voyant l'intérieur bien miteux mais elle ne laissa le sentiment de mal être se refléter à l'extérieur. Assis sur des objets récupérés pour servir de mobiliers, Yamiko et Choupi attendirent dans le silence qu'on leur serve le thé que le plus grand des deux frères s'était empressé de préparer. Durant le trajet comme présentement, ils ne s'étaient pas parlé mais étrangement Yamiko ne se sentait pas embarrassée. Sans doute parce qu'elle acceptait ce silence qui avait entre eux. Celui-ci était comme un mur invisible que les évitait de se rapprocher plus. Chose qui ne serait pas forcément une très bonne idée au vue de l'hostilité qu'il y avait entre leurs races. Yamiko et Choupi firent servis et sans faire attention au récipient plutôt crasseux qu'elle avait en mains, Yamiko descendit quelques gorgées du liquide fumant après l'avoir un peu soufflé pour le tiédir. Choupi, qui ne raffolait pas de thé, ne but pas le sien de suite. À peine Yamiko avait cessé de boire qu'elle se sentit étrange. Sa vue se brouilla puis se fit le noir total. Son corps s'affala misérablement sur le sol encrassé. « Ya-chin ? Cria Choupi tout en lâchant prise la tasse qu'il tenait pour se précipiter vers son compagnon inconscient. Ya-chin ? Ya-chin ? » Insista l'homme-poisson tout en secouant le corps inerte. Choupi fixa les enfants longs bras qui étaient restés à l'écart, l'un serré contre l'autre. Silencieusement, il les questionna du regard mais voyant qu'ils ne s'apprêtaient pas à lui fournir la moindre explication, il se redressa, s'apprêtant à les malmener pour leur faire cracher la vérité mais quatre longs bras adultes se pointèrent. L'homme-poisson se figea, la tête plein de points d'interrogation. La réponse la plus importante lui parvint bien assez tôt car les nouveaux arrivants se précipitèrent vers lui pour l'immobiliser. Alors que deux avaient les mains fermées sur lui, l'homme-poisson se rapetissât, passant de ses trois mètres et plus de trois cents kilogrammes de graisse à un petit gaillard tout en muscle d'un mètre cinquante deux. Ses assaillants le lâchèrent prise et l'homme-poisson en profita pour riposter. Une bagarre déséquilibrée éclata et durant laquelle Choupi tenta de mettre en pratique ce qui lui avait enseigné Yamiko. Dans ses esquives, Choupi finit par défoncer un mur de la cabane de misère qui s'effondra, ensevelissant Yamiko toujours inconsciente alors que les deux enfants s'étaient déjà éloignés du champ de bataille. « Ya-chin !? » S'inquiéta l'homme-poisson alors que les quatre longs bras se jetèrent sur lui pour l'immobiliser … |