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Un plat particulièrement froid

    - Je dirais qu'il me reste moins d'une heure. Qu'est-ce que tu comptes faire?
    - Capturer la personne responsable de tout ça, aujourd'hui.
    - Hm, et tu te penses prêt ?
    - Plus que jamais.



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L'atmosphère était agréable. Chaude, lumineuse, humide. Tout du moins les premières secondes. Ensuite l'air poisseux vient nous entourer comme un voile de fumée et donne l'impression de s'enfoncer dans le sol. Un sol grisâtre couvert de cendres et de pierres volcaniques qui s'effritaient à chaque pas.Un cours d'eau passait à quelques mètres. D'étranges poissons gigotaient en éclairant la rivière. J'arrivais en face de la cabane, en bois bien entendu. Ce serait assez ironique que la bâtisse d'un bûcheron soit en pierre. Un petit ruban rouge était accroché à la poignée. Pas de doute, c'était la bonne. J'entrai, sans toquer.

    - Hé ! Gamin, on t'as jamais appris de pas rentrer chez les gens ? En particulier sans leur accord ?

C'était un barbu. On s'en serait douter, les bûcherons sont toujours barbus dans les livres. Une histoire de virilité. Il était brun, de taille normale. Un homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Sauf que contrairement à n'importe qui, il possédait des informations. De bonnes informations.

    - La lanterne se meut dans le noir.


Ses yeux se mirent à me lorgner d'une toute autre façon. Il se leva, reposant le verre de vin qu'il sirotait tranquillement sur son siège à bascule et s'approcha de moi. J'aimais pas ce regard.

    - Alors c'est toi l'agent qu'ils ont envoyé ? J'savais pas que le Cipher Pol recrutait chez playmobil.

Pas de bol pour lui. J'étais sur les nerfs depuis mon entraînement avec Curious. Et à l'inverse de mon instructeur, ce type là n'était pas mon supérieur. Alors je l'ai chopé à la gorge et je l'ai encastré dans son immonde parquet. Là encore, une nouvelle émotion apparut au fond de ses deux orbites : la peur. Je lui aurais bien enlevé un œil, pour la forme, mais j'avais besoin de lui pour le moment.

    - Crache tout. Vite.
    - L... le type est ici. Je l'ai vu accosté... c'est tout ! Il est pas reparti depuis.
    - Le détachement de la marine.
    - Ils sont passés, il y a u-u-une semaine... environ. Et puis ils ont disparu dans la forêt à l'ouest du mont !
    - Disparus ? Toute une escouade ?
    - C'est pas les seuls ! Tout le monde évite la zone où ils sont partis, surtout les bûcherons me dit-il en pointant du doigt une carte clouée contre le mur en face de lui. Ceux qui sont allés trop loin ne sont jamais revenus. On est comme assommé quand on s'approche trop. C'est... c'est la vérité.


C'est particulièrement compliqué de mentir quand notre vie ne tient qu'à un fil, et je doute qu'un indic de seconde zone ait ce genre de capacité. Pourtant, son histoire ne tient pas debout. Comment un seul homme pourrait couvrir une aire aussi grande. A moins qu'il ne soit pas seul. La mission risquait d'être plus épineuse que prévue.
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Avachis contre un immense luminous, ces arbres si particuliers qui poussent sur l'île, un capitaine de la marine se cramponnait de ses deux mains à une frêle branche. Son esprit était si confus qu'il avait bien du mal à se concentrer pour ne pas tomber. Il était complètement désorienté depuis qu'il avait traversé la rivière, à l'orée de la forêt mitoyenne au mont. Il aurait juré qu'il se dirigeait au nord, pour autant qu'on puisse parler de nord sur Grand Line. Pourtant la position du soleil semblait le contredire. Lorsqu'il voulut se diriger à l'est, au lieu de marcher vers la lueur chatoyante du soleil levant, il fonça droit vers l'opposé. Il sut qu'il était sur le point de devenir fou quand il se demanda si, après tout, le soleil ne se levait pas à l'ouest. C'est alors qu'il prit conscience qu'il tournait en rond depuis des jours. Épuisé, il avait fini par se poser contre le luminous, si perturbé qu'il était à peine capable de chasser.

Par chance, le gibier était abondant. Mais il n'était pas un très bon chasseur. L'un de ses hommes l'était, avant qu'il ne le perde... Il allait mourir de faim. « La vie vous réserve de drôles de surprises », pensait-il. Il s'était toujours imaginé qu'il périrait aspiré en pleine mer par un ouragan ou héroïquement en défendant le gouvernement mondial d'un puissant pirate, le genre à raser une île entière d'un claquement de doigt. On racontait même qu'un jour, l'un d'eux l'un d'eux avaient englouti une île entière sous une vague de magma brûlant. Il grogna. « Ç’aurait été une fin plus digne d'un vieil officier de la marine ».

Il ne savait pas combien de nuits s'étaient écoulées depuis qu'il était là. Surtout qu'avec cette lumière immuable, on ne pouvait noter aucune différence notable avec le jour. Peu à peu, sa raison l'abandonnait et sa force ne cessait de se diluer. Il ne tarderait pas à être réduit à néant. Ah, il était descendu bien bas. Il frissonna quand un insecte trouva refuge dans son cou. Il essaya de rester philosophe. Il avait mené une vie extraordinaire, tour à tour, marin, père, navigateur, professeur. Aussi érudit que sportif, il ne dédaignait pas raconter une blague de mauvais goût de temps en temps. Bien sûr, il avait connu le danger et la tragédie. Il ferma les yeux et ne put réprimer une larme en repensant à sa chère et tendre. Enfin, du moins avait-il servi de nobles causes. « Aujourd'hui, se dit-il, je suis à l'hiver de ma vie ».

Il ne pût s'empêcher de se demander ce qui lui manquerait le plus. Peut-être la paix de l'aurore, lorsque le ciel, tel un diamant, se pare de mille feux. Les nouvelles recrues – oui, sans aucun doute. Ces braves jeunes à qui d'année en d'année, il avait appris la fierté d'appartenir à la marine. Enfin,il aimait plus que tout observer les caprices du climat. Voilà pourquoi cette fin sans éclat lui faisait tant horreur. Ni tsunami ni ouragan. Quelle humiliation de mourir affaibli et à demi fou dans une forêt qu'il connaissait à peine.
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Une rapide inspection de l'île m'a permis de découvrir que les habitants sont attachés à un étrange folklore. Une croyance inébranlable dans la nature, en particulier à un énorme geyser qui prend sa source au centre du mont de l'île. Le jet brûlant qui en sortirait serait capable de procurer certains pouvoirs surnaturels pour qui serait assez fou pour tenir dessus. Une personne aurait réussi, selon les rumeurs locales. Les renseignements à sont sujets sont lacunaires, particulièrement flous et changent d'une personne à une autre. Il semblerait qu'il s'agisse d'une femme capable de prédire l'avenir. Probablement rien de plus qu'une superstition mais, selon certains, elle aurait protégé l'île plus d'une fois grâce à des visions. C'est très loin de ce que je pourrais appeler un atout fiable, mais c'est tout ce que j'ai pu trouver.


Le mont ne mérite pas son appellation. En vérité, s'agissant de l'unique de relief de l'île, il donne la fausse impression d'une hauteur extrême. Là où il était particulièrement compliqué de ne serait-ce qu'atteindre le geyser, c'est qu'il fallait parcourir une paroi rocailleuse particulièrement complexe à escalader. Aucun chemin naturel ou artificiel ne permettait une ascension aisée. Ç’aurait été une épine dans mon pied si je n'avais pas appris le geppou. Beaucoup de conneries sortaient de la bouche de mon clown d'instructeur mais le rokushiki en faisait pas partie. En quelques bonds, j'avais atteint le sommet. Ici, l'air était plus sain, la roche plus solide et la forêt de l'île en contrebas donnait un splendide paysage à apprécier. Le sol vibrait sous la pression exercée par le geyser. C'était pour moi une première que d'observer ce phénomène, et à présent il ne faisait aucun doute qu'aucun humain ne survivrait une seconde à l'intérieur. Il ressemblait à un nuage expulsé violemment comme un jet.

    - Magnifique spectacle, n'est-il pas ?


La surprise me prend au cœur. Un saut en arrière me permet de prendre de la distance pendant que je détermine la menace. Comment a-t-elle pu me prendre au dépourvu ? La discrétion de son déplacement sans aucun doute. Je n'ai rien vu, rien entendu, rien senti. Son visage était étrange. Son front et ses yeux étaient cachés derrière un masque noir. Des branches exotiques semblaient pousser au sommet de son crâne. Il s'agissait très certainement d'elle. Le terrain était dégagé, je n'avais qu'à tirer une dague de mon dos et lui placer sous la gorge

    - Une attaque frontale contre une inconnue potentiellement dangereuse ? Mauvaise analyse jeune homme. Ne fais pas cette tête. Dis-moi plutôt ce qui t'amène ici.
    - Un homme est arrivé sur cette île récemment, je suis à sa recherche.
    - Tu sais déjà où il se trouve, le prétendu bûcheron que tu as violenté dans sa propre maison te l'a déjà dit.


Impossible. Personne n'était au courant de ça. Le pauvre type n'aurait jamais parlé, le Cipher Pol ne réservait rien de bons à ceux qui trahissaient leurs agents. Tss, cette « femme » est dangereuse.

    - Et si tu répondais plus sincèrement à ma question ?


Je ne pouvais pas l'éliminer facilement, et je ne pouvais pas me permettre de m'épuiser avant d'atteindre Face d'Acier. Autant répondre et obtenir ce pour quoi je suis venu.

    - J'ai besoin d'en savoir plus sur ce qu'a orchestré la personne qui s'est installé au cœur des bois.
    - Oh, ainsi tu es venu réussir ce que le détachement de marine a échoué ?
    - Ça vous concerne je crois bien, certains de vos habitants ont disparu à l'intérieur de la forêt. Sans parler de la marine, vous ne voudriez pas vous mettre le gouvernement mondial à dos.
    - Les habitants de cette île ont été prévenus, libre à ceux qui respectent pas les avertissements d'en subir les conséquences. Quant au détachement de la marine... et bien c'est eux contre lui, je ne vois pas de raison de m'interposer dans cet affrontement.
    - Si vous m'aidez, je vous débarrasse de lui et de la marine. Tout ce dont j'ai besoin c'est de quelques précisions. De votre point de vue, c'est tout bénef' … non ?
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Toujours adossé à l'un de ces étranges arbres, le capitaine cligna des paupières. Serait-il en train de rêver ? Le vrombissement qui n'avait cessé de le tourmenter depuis des jours diminuait et le brouillard qui voilait son esprit se levait peu à peu. Lentement, il prit appui au sol pour se relever et regarda autour de lui. IL se sentait presque capable de reprendre la route. Oui, quelque chose avait changé. Pourquoi ne pas essayer d'atteindre un arbre voisin pour commencer ? Cela ne devrait pas être trop difficile. Après tout, il avait réussi à attraper de petites proies qui gambadaient aux pieds des luminous ? « Faisons simple, se dit-il. Il suffit de garder les yeux rivés sur l'arbre en face. Je vise le tronc, je lève mes jambes une à une et, en quelques pas, j'y suis. Tout n'est qu'une question de concentration, comme me disait mon sergent-chef de il y a des années. » Il s'apprêtait à se lancer quand il entendit le bruit d'une course effrénée. C'était un gamin, tout petit. Il avait la chevelure blanche et était habillé en noir de la tête au pied. Il voulut lui parler, lui demander de l'aide. Mais trop tard, il était déjà passé.


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Une carte, trois points. Une fois reliés ils formaient un triangle. Quelle arme monstrueuse. J'ignorais encore à quoi m'attendre. La shamane était restée relativement flou à ce sujet. Elle s'était juste mis à exposer les conséquences de certains phénomènes magnétiques sur le cerveau des hommes, qui pouvaient être désorientées au point de ne même plus pouvoir se déplacer. « Que se passerait-il à ton avis, si on installait une arme à disons, trois endroits différents ? ». Un cimetière humain. Une zone dont on se retrouverait incapable de mourir où l'on mourrait de faim ou de soif. Un piège mortel mis en place par une personne bien au courant de ce phénomène. J'avais l'avantage désormais, il ne me suffisait plus qu'à me déplacer à chaque sommet de ce triangle, et de brûler ce que j'y trouverai. Un autre conseil de la voyante.

La méthode pour les dénicher était simple. Je m'approchais approximativement de la zone où se situait l'arme par rapport au triangle dessiné sur une carte que je transportais. Ensuite il me suffisait me fier à mon odorat, principalement, mais aussi à l'étrange bourdonnement qui m'emplissait la cervelle. Plus la sensation d'étourdissement se faisait lourde, plus je m'approchais. Finalement, je tombais devant un sac remplis de petits joyaux colorés. Il ne me suffisait plus qu'à décrocher le sac de l'arbre où il était attaché et de l'enflammer à l'aide d'un paquet d'allumettes préalablement subtilisé dans l'un des chalets du coin.Je restai à côté pour éviter tout débordement d'incendie, histoire d'éviter de signaler ma présence et de m'attirer les foudres de la shamane et puis je passai au suivant. Dans le ciel, des nuages grisâtres s'annonçaient.
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    - Et maintenant te voilà.
    - Et maintenant me voilà.
    - Je ne pensais pas que quelqu'un réussirait à déjouer le triangle du diable, encore moins un enfant.
    - Mauvaise idée de m'insulter.
    - Pardon, pardon. Après tout tu es la première personne à m'atteindre. J'imagine que tu es là pour me tuer ? Pour le compte de Montbellius ?
    - Je ne discute pas des ordres de mission avec un terroriste.
    - Un terroriste ? C'est ça qu'ils ont raconté ? Donc quoi, tu penses que je suis un malade qui ait soudainement décider de m'attaquer au paaauvre Montbellius Oxford ? Petit, réfléchis deu
x minutes.

Ça faisait deux fois en moins d'une petite qu'il commençait à me rabaisser sur mon âge. Je contenais mes pulsions d'en finir avec lui uniquement parce qu'il semblait prêt à livrer tous ses secrets.

    - J'écoute.
    - A l'origine j'habitais sur une petite île où se trouvait la ville de Silver Town. Là-bas je travaillais comme mineur. Une vie simple et sans embrouille. Jusqu'à ce que mes collègues et moi trouvions les fameuses paillettes dont tu viens d'anéantir les derniers exemplaires. Au départ tout le monde les pris pour de simples joyaux inoffensifs. Les habitants s'en servirent comme collier, bague ou n'importe quel ornement. Mais quand certains habitants commencèrent à développer certains symptômes comme l'étourdissement, la perte d'équilibre voire même de mémoire, elles furent stockées en masse dans de gros entrepôts. Plus tard, les chercheurs comprirent qu'une simple enveloppe métallique suffisait à protéger le cerveau des effets indésirables. Les mineurs furent dont renvoyer au travail. C'est alors que certains dirigeants virent là une opportunité unique, qui leur permettrait de devenir riche. Ils désiraient l'exploitation à grand échelle et l'exportation de ces paillettes. Des tensions apparurent au sein de l'île, si bien qu'au final la ville se scinda alors en deux camps : ceux qui désiraient exporter ces paillettes et les vendre, et ceux qui préféraient les garder secrètes enfouies. De violentes confrontations explosèrent entre ces camps. Finalement,  les habitants se massacrèrent mutuellement entraînant un chaos permanent, menant à la famine et à la désolation. La guerre qui s'en suivit anéantit la ville de Silver Town. Elle n'est aujourd'hui plus qu'un champ de ruines où ne vivent que cendres et insectes. Pour autant que j'en sache, j'en suis l'unique rescapé.
    - Je ne vois pas ce que Montbellius vient faire là-dedans.
    - Montbellius Oxford est un marchand d'armes. Et c'est lui qui vendit au deux camps de quoi s'exterminer. Il attisait la colère d'un camp en payant quelques mercenaires pour tuer quelques innocents et proposait ensuite. Malgré mes avertissements, et je n'étais pas le seul à voir la supercherie, les leader continuèrent de s'entre-tuer. Je n'ai fait que saboter quelques-uns de ses entrepôts remplis de marchandises et l'afficher nu sur la place public pour montrer à tous le monstre qu'il était. Un prix bien maigre pour le massacre dont il est responsable. Et j'imagine que ce n'était pas le seul.
    - Tu as fini ?
    - Mon log pose a presque fini de se recharger. Il me reste moins d'une heure. Qu'est-ce que tu comptes faire ?
    - Capturer la personne responsable de tout ça, aujourd'hui.
    - Hm, et tu te penses prêt ?
    - Plus que jamais.
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Face d'Acier tira une longue épée de son dos. Pendant ses années de cavale il n'avait cessé de s'entraîner encore et encore. Il estimait avoir depuis atteint un niveau respectable. Jamais il n'aurait pensé avoir à l'utiliser sur un enfant. Mais la vie était ainsi faite. En dégainant la lame de son fourreau il tenta de terminer son adversaire d'un unique coup. L'art du « Iai » comme aimait le nommer les samouraï du pays de Wano. C'était sans compter sur l'agilité de Lance qui bondit en arrière, laissant la pointe de la lame passer à quelques centimètres de son visage. Les deux se zieutèrent pendant un instant puis s’élancèrent l'un vers l'autre. Face d'Acier avait l'avantage, son nodachi lançait de grands coups en diagonal que Lance se retrouvait obligé de dévier ou de parer. Sa dague se frottait à l'arme de son adversaire. Les aciers s'embrassaient avec vigueur, laissant quelques étincelles virevolter au contact des lames.
Le jeu de jambe de l'agent du cipher pol se révélait particulièrement habile, déplaçant chacun de ses pieds dans une position précise destinée à diriger les attaques de son adversaire dans une direction calculée. « On y arrive, une frappe circulaire, se dit-il. » Lance n'eut qu'à descendre son centre de gravité pour se diriger sous la lame qui se déplaçait horizontalement. Il cherchait à le serrer au corps à corps, là où son poignard et ses petits membres auraient l'ascendant. L'assaut fut rapide, les muscles tendus, la lame acérée et le bras sûr. Son adversaire revêtait une cuirasse. Probablement assez légère, mais suffisamment renforcée pour éviter tout dégât sérieux. C'est pourquoi Lance visait l'aine. Le timing était parfait, le nodachi n'aurait jamais le temps de l'atteindre avant qu'il ait touché son ennemi.

BOOOOONNNG

Bruit étrange pour une dague s'insinuant à travers la peau et les muscles. Pourquoi cette soudaine douleur au niveau de la cheville ? Face d'Acier en était certain, le piège qu'il avait tendu avait marché à merveille. Le gamin avait foncé sur l'ouverture qu'il avait cru voir sans même réfléchir aux siennes. La jambe qu'il avait tendu aurait dû l'assommer. Ce n’était pas un menton qu'il venait de percuter mais un bloc de fer.
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    - Écoute bien trois pommes. La plupart des agents pensent que le tekkai est une technique défensive. Mais tu sais quoi ? Il n'y a rien de plus facile à dégommer qu'un abruti qui se tient immobile dans une position soi-disant impénétrable. La vraie force de cette technique est dans la surprise. Aucun combattant ne s'attendrait à ce qu'un homme puisse encaisser une balle à bout portant ou un coup dans une partie vitale.


Sacré Lance. Les enseignements de Curious avaient remonté les escaliers de sa mémoire en plein milieu du duel, lui permettant de se sortir d'une sale situation avec brio. Le premier coup était porté. Il n'avait plus qu'à exploiter la blessure de son adversaire.
Lance avait rétabli une distance de sécurité. Frapper et repartir. Un style de combat très salvateur. Lorgnant son adversaire de son unique pupille, il attendait le prochain mouvement de l'homme masqué. Mais celui-ci restait passif. Son pied le faisait souffrir, le forçant à garder son autre jambe en appui de manière permanente. Ses options étaient donc très limitées. Le meilleur moyen de se préserver était les attaques à distance. Tranchant l'air à pleine vitesse, il balança plusieurs lame d'air. Au fur et à mesure que Lance les esquivait, il en renvoyait d'autres, tentant de prévoir ses déplacements. Les luminous autour d'eux furent littéralement couper en deux, laissant une étrange sève fluorescente s'écouler des troncs meurtris. Un épais de nuage de poussières recouvrait la zone. Lance parvenait à peine à distinguer le sol à deux pas devant lui. Sa condition de borgne l'handicapait beaucoup dans ce genre situations alors il se reposait sur ses autres sens. Ce ne fut pas suffisant cette fois-ci. Face d'acier arriva dans son dos par les airs et l'entailla de ses omoplates jusqu'au bassin. Le sang se mit à dégouliner sur la tenue du jeune agent. Face d'Acier s'attendait à une violente réaction. Des cris de souffrance sans doute, mais aussi les jambes qui auraient lâché sous la douleur. C'est pourquoi il avait choisi une telle attaque, le laissant dans une posture délicate après son exécution.

Une erreur fatale.

Lance se retourna, sans même un bruit ou une fraction de seconde. Seulement avec un regard enragé. Il projeta son genou en plein sur les côtes de son adversaire, brisant plusieurs d'entre elles à l'impact. De bouche partirent quelques projectiles rougeâtres, signe de dégâts internes. En panique il fit des moulinets dans tous les sens avec sa lame, pour espérer toucher à nouvelle fois ce redoutable gamin. Mais encore une fois, Lance s'était déjà éloigné.

Tel deux guerriers, ils se fixèrent dans la prunelle de leurs yeux. Leur respiration était saccadée et rauque. Une petite flaque carmin commençait à se former sous les pieds de l'agent du CP5. C'est Face d'Acier qui brisa le silence sacré de ce combat.

    - Hé... pff... pff... et si... pff... et si on restait là petit ? Vu la blessure dans ton dos, tu vas rapidement te vider de ton sang.


Lance ne répondit pas tout de suite. Il observait l'horizon. Puis un sourire se dessina sur son visage.

    - Aucune chance.
    - J'aurais essayé. Tu es vraiment ignoble de me forcer à tuer un e...


Schlak. Rare sont les douleurs physiques qui surpassent celle d'une cuisse se faisant transpercer par une lame. Le hurlement qui s'en suivit était à peine humain. Face d'acier tomba à genoux. Les larmes coulaient derrière son masque de métal. Un coup sur la tête, et le voilà qui rejoignait le royaume de l'inconscient.

    - Capitaine Hensen, 22ème régiment.
    - CP5, répliqua simplement Lance.

Un simple échange de regard en dit long. Les deux hommes étaient en piteux état.

La pluie tomba.
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    Autre lieu, autre temps


Appuyé contre le rebord de sa fenêtre, un homme âgé observait l'horizon. Sa chevelure poivre et sel se soulevait légèrement quand la brise venait la caresser. Les habitants se baladaient de manière insouciante effectuant leur routine quotidienne comme de bonnes fourmis. Le marché était plein à craquer en cette belle journée. Les dames étaient de sortie, de belles tenues mettaient leurs formes en valeur. Pourtant son regard plongeait au plus loin, sur les houles de l'océan. Il se demandait comment il jouerait sa prochaine carte, et surtout où est-ce qu'il la jouerait.

Trois sons distinctifs le sortirent de ses pensées. « Entrez, dit-il. » Un de ses gens l'informait d'une importante livraison. Deux sourcils qui se froncent. Il n'attendait pourtant aucune commande aujourd'hui. Alors il suivit le messager, descendit lentement les soixante marches de son escalier en colimaçon. Au rez-de-chaussée il suivit le long couloir qui l'amena à sa porte d'entrée. Une porte ornementée, réalisée main en bois précieux.

Deux hommes de main accompagnaient un troisième, menotté. Ils discuta brièvement avec eux. Puis un plaisir fou envahit son corps, des rides de son visage jusqu'à la plante de ses pieds meurtris. Le prisonnier fut déplacé dans une cave profonde, humide et froide. Il n'allait plus jamais voir le jour, et c'était le moins désagréable de tout ce qu'il allait subir.



    - Romuald, amenez ceci à notre ami commun. Ne lui donnez qu'en main propre et refusez toute inspection catégoriquement. Vous êtes un émissaire agissant en mon nom, ne l'oubliez pas.




Si vous lisez cette lettre, c'est que vous êtes l'agent du CP5 Lance C. Fairshield, et je souhaite vous adresser mes salutations respectueuses,

Sans doute connaissez-vous déjà la raison de cet épître. Elle prend d'abord le sens de remerciements profonds pour avoir capturé le terroriste bien connu sous l'absurde pseudonyme « Face d'Acier ». Pour vous il s'agissait certainement d'une mission comme une autre, avec ses dangers et ses obstacles mais pour moi il s'agit d'une épine plantée dans mon honneur depuis trop longtemps. Une épine que par votre talent, vous avez su retirer.
J'ai appris que vous étiez sorti blessé de cet affrontement. J'espère que vous vous rétablirez rapidement. Je vais être tout à fait honnête avec vous, je pense que vos capacités pourraient nous être profitables à tous les deux. Ainsi, si jamais vos missions vous menaient jusqu'à South Blue, prenez le temps de venir me rendre visite au royaume de Saint-Urea.
Je vous joint avec cette lettre un présent en guise de ma gratitude. Prenez en soin, c'est un bien particulièrement rare et précieux qu'il ma coûté d'acquérir. Je suis certain qu'il sera à votre goût et que vous saurez en faire bon usage.


Sincèrement, Montbellius Oxford.
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