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[FB - Duo] - Crois en moi, bras de fer, si je mens, bienvenue en Enfer.


Au Cipher Pol, y'a un truc qui est génial quand tu fais pas une mission, c'est le moment où tu en finis une et que tu attends tranquillement les instructions pour une nouvelle. Un entre-deux qui doit se savourer pleinement, car y'a que ça de bien dans l'affaire. Pour sûr, tu trouveras pas ça chez le charpentier ou le barman du coin. 'Faut savoir profiter dans la vie, et ça, je sais faire. Ok, c'est pas la Marine ou l'Élite où tu es entouré de bons copains, mais au moins, tu vois vraiment le Monde sous un autre angle. Et le plus souvent, c'est depuis le ras des ordures... Ouais, car y'a un hic. À chaque fois. 'Toujours pareil quand on vend du Rêve, y'a l'autre côté de la médaille.

Ah, pour changer de vie, j'ai changé de vie. Moi qui pensais trouver une situation moins crade, je suis tombé dans pire. J'ai perdu au change en venant au C.P. Je vois peut-être moins d'atrocités, mais elles sont plus ignobles et abjectes. À vomir! Maintenant, la 101ème me fait de l'œil depuis un moment. Je suis en plein déprime. Les questions m'assomment plus qu'un poing dans la gueule. J'ai besoin de décontracter. Un truc qui me ferait changer de mon quotidien de merde. La crasse, j'en parlais tout à l'heure. Je me retrouve plus souvent à boire que lorsque j'étais de service dans une garnison. Bon, 'faut dire que là c'est pour oublier la misère qui m'écrase le dos. Alors qu'avant, c'était pour fêter une victoire...

Maintenant que ma mission précédente est terminée, j'ai du temps à tuer. Et ça se laisse pas faire aussi bien qu'un criminel lambda. C'est même compliqué quand on se retrouve sur une île de merde au nom à coucher dehors. Kelkonk qu'elle s'appelle. Quant aux noms des bleds, je te dis pas. Dur à s'occuper parce qu'il y a trop de choix. C'est un Saint-Uréa à la Las Camp. Le bordel. L'île est pas un Royaume, juste un trou perdu en plein milieu d'une Blue. Seulement, l'endroit attire du monde malgré tout, autant de gens honnêtes que de malfrats. Ça pue la pègre à plein nez ici, d'où ma présence ici...

Je trouve pas ce que je veux, ça m'énerve. Je tombe dans plein d'impasses. Les rues, 's'avent pas faire ici. C'est l'anarchie! Je suis paumé, ça me gonfle. J'entre alors dans le premier bar à portée de main. 'cherche pas à comprendre. Comme par hasard, c'est celui qui est blindé. Personne me remarque malgré ma grande taille, il se passe un truc. Je tapote l'épaule du type devant moi. Ni bonjour, ni merde.

Il se passe quoi?

Le gars se retourne. Limite s'il prend peur. Ok, j'ai une sale tronche, mais je suis pas méchant. Du moins, c'est ce que je tente de lui faire voir avec mon sourire forcé. Il se décontracte.

▬ Il y a un concours de bras de fer. Le premier round vient de se finir. Un deuxième et dernier va suivre après les inscriptions. Les gagnants reçoivent un prix d'or. Mais ce n'est pas tout. Les spectateurs ont le droit de parier.
Je comprends mieux pourquoi ça braille autant.
▬ Vous devriez peut-être participer. Vu votre carrure...

M'ouais. Je suis pas venu démonter des bras à tour de bras à la base. Je veux juste cuver un coup. C'est un bar quoi. Mais bon, comme je savais pas quoi foutre, pourquoi pas?

Et 'faut payer combien pour s'inscrire?
▬ C'est gratuit! C'est ça qui est génial! N'importe qui peut tenter sa chance.

Je le fixe des yeux. Je suis intrigué.

Ça sent pas un peu anguille sous roche cette histoire, là? Pourquoi vous y allez pas, vous? La votre vous a laissé tomber?

Le gars fait un rire nerveux. Il me fait un signe avec sa main pour me montrer la scène qu'on débarrasse.

▬ Les perdants gagnent un allé simple à l'hosto'. Il faut dire que les plus forts sont assez violents et ils n'y vont pas de main morte, ah, ah, ah. Mais avec vous, ça changerait peut-être.
Peut-être... J'ai un peu perdu la main pour ce sport ces derniers temps.
▬ Ah? Bah, vous faites ce que vous voulez, hein. Je n'aurais pas pu vous donner un coup de main, mais j'aurais été prêts à me couper une main si vous perdez.

Bon, bah j'ai rien à perdre alors, contrairement à cet inconnu. Y'a de ces gens, parfois...

Croisez les doigts, alors.
▬ Super!! Venez, je vous conduits au guichet.

Et voilà, je sens que je vais encore m'embarquer dans une histoire disproportionnée. Mais bon, 'faut que je me change les esprits.


Dernière édition par Aran Z. Baal le Mar 17 Mai 2016 - 6:17, édité 2 fois
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« Roi de Kelkonk, triple champion en titre du tournoi de bras de fer. C’est lui, le grand, l’unique, le révéré : JULIUS LEDGER ! »

Foule en délire. Composée principalement de pêcheurs déformés par l’alcool. Avec des pifs à rendre jaloux un maître du cubisme. Au centre de leur attention, un chasseur de prime qui ne savait pas exactement ce qu’il foutait là. D’un autre côté, il était parti dans le grand schelem de la gnôle. Une forme très lente du suicide qui ne marchait pas depuis des années. Le moins qu’on pouvait dire était qu’il persistait.

Il se rappelait vaguement d’avoir participé au précédent tournoi. Il y avait rencontré une grosse qui avait roulé sous la table avec lui en coulisses. Il s’en souvenait parce qu’elle s’était mise à chialer juste après avoir gueulé comme une truie. Mon mari qu’elle reniflait dans sa jupe laminée et sa morale douteuse. Vu la tronche qu’elle tirait après les acrobaties, c’était clair qu’elle n’était pas partie aux champignons. Un beau morceau comme ça, gâché sur un vieux péquenot. Par contre, triple champion, cela ne lui disait rien du tout. Nib. D’un autre côté, avec le débit d’alcool dans le coin, pas évident que qui ce soit se souvienne de quoi que ce soit.

A Kelkonk, il y avait une grosse plantation de canne à sucre qui produisait un rhum immonde, mais en grande quantité. Il fallait avoir les boyaux du coin pour survivre au machin. Julius, par une sorte de providence alcoolique, pouvait descendre le tout, au baril, sans suer. Il finissait chaque fois sous la table, cependant il tenait bon à ne rien laisser dans son décalitre. Question de respect à l’artisanat local.

Flanqué de deux fendues, Julius attendait gentiment que ça commence. Il fallait faire du sport et le chasseur prenait sa condition physique très au sérieux. Il y avait l’échauffement avant. Et il s’agissait d’être généreux avec les deux meufs sans oublier sa chope de bibine.

« Allez, cul sec les filles ! »

Elles étaient mignonnes à s’appliquer. Lui, mirait dans la salle les concurrents. Il y avait des balèzes de toute sorte. Du chauve, du grand, mais surtout du laid dans la globalité. Dans le coin, ils n’avaient pas remporté la loterie de la génétique. Et puis, à force de niquer entre frères et sœurs, niveau physique et mental ça finissait par grincer. Il y avait quand même du bestiau à se mettre sous la dent. Histoire de mériter le grand prix merdique du tournoi.

L’hôte de l’événement gueulait de s’asseoir. Julius se retrouva abandonné par les deux femmes et face à un gars tout mignon, tout propre. Une sorte d’adolescent gaulé comme une crevette. Et puis, pas intimidé. Il fixait le chasseur dans les globuleux, manière de dire qu’il n’avait pas du tout peur de se faire le champion. Ce dernier n’en avait strictement rien à battre. Il torcherait le morveux le moment venu et pourrait se reposer.

Coudes sur la table, ils sentaient la tension monter. Main dans la main, les poings serrés. L’arbitre était à leur côtés. Il leur expliquait les règles dont tout le monde se foutait. Le chasseur perçut dans le regard de son adversaire un air de défi et se mit à se demander si celui-ci n’était pas plus fort qu’il ne paraissait.

Fausse alerte.

Au signal du départ, la main, le poignet, l'épaule et enfin la gueule de l’adolescent allèrent se fracasser à travers la table sur le sol. Julius était franchement sur le cul. Il avait cru que le gosse avait plus de force qu’il n’en avait l’air. Visiblement pas. Il y était allé de toutes ses forces et le regrettait un poil. À cause de ça, il avait renversé son verre à moitié plein.

Du gâchis.


Dernière édition par Julius Ledger le Lun 13 Juin 2016 - 0:25, édité 1 fois
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Triple champion, qu'ils disent? M'ouais. Face à ce microbe, même le moins doué des gars peut le torcher en deux deux. Les gosses ont rien à foutre ici. Je remarque la gueule des participants. Une bonne brochette de types ayant des jambes à la place des bras et un cul à la place du visage. Ça promet. Alors qu'on ramasse le gringalet à la table du vieux, mon adversaire s'efforce de me faire plier sans succès. C'est décevant. Pourtant il a la tronche du mec qu'on veut pas faire chier. C'est marrant. J'écoute la foule.

▬ Aller, Dom!! Défonce-le!
▬ Montre-lui qui est le patron, Dom!

Désolé Dom, mais tu fais pas le poids. Et je m'emmerde. Sans qu'il réalise ce qu'il se passe, d'un coup, Sombracier, le canon qui forme mon avant-bras droit vient écraser le sien tout le long de la table jusqu'à la renverser et le type avec. Nos verres et les bouteilles décollent loin dans le public. Du gâchis. Les gens qui le soutiennent me hululent. Dom se relève tant bien que mal et s'agite en me menaçant de son autre membre valide. Il est indigné.

▬ T'as triché. T'as forcément utilisé tes gadgets de merde.

L'arbitre intervient en essayant de le saisir.

▬ Calmez-vous, monsieur. Contentez-vous d'accepter votre défaite.

Dom donne un coup de coude au nez de la personne qui le retient. Il se replace face à moi et me regarde droit dans les yeux. Il est persuadé que mon bras gauche est clean.

▬ On change de bras.

On se place sur une table voisine vide. Nonchalant, je lui présente mon membre. Tenant visiblement plus à son nez qu'à son devoir, l'arbitre dit rien et se contente de nous regarder d'un air ahuri. Sans même vérifier si j'étais prêt, Dom donne tout ce qui l'a. Je résiste une second, puis rebelote. À nouveau à terre, Dom s'énerve, mais le personnel le force à quitter la salle.

Entre-temps, le fameux triple champion déglingue son prochain concurrent easy. 'Faudra que je fasse gaffe à lui. La final risque d'être très intéressant. Quant à moi, on me place face à une horreur, une sorte de "femme" herculéenne adepte à la Juste Violence. Elle me regarde d'un mauvais air, le sourire complètement retourné. On place nos bras et on attend le signale de l'arbitre.

▬ Go!

Merde. Voilà autre chose. Mon membre flanche de trente degré. Je me concentre. Je crois que je suis tombé sur un os. Sa poigne est tellement puissante que ça fait vibrer mon acier sous l'effet de ma résistance. Tout mon côté droit supporte la force de cette chose immonde. Mon pied droit vient s'enfoncer sur le sol pour prendre appuis. Je redresse lentement. Maintenant, c'est elle qui le bras incliné à trente degré. Autour de nous, j'entends que la foule est en délire. Le présentateur commente la scène. Il semblerait que cette fois-là, le tournoi de cette année sera très différent.

▬ Chers amis, c'est incroyable! Pensez-vous que Julius Ledger a enfin trouvé son égal? On a affaire à un spectacle impressionnant. Aucun joueur ne se laisse faire.

T'es sûr de ce que tu dis? Redoublant d'effort, d'un coup, j'écrase le bras de mon adversaire. Sous l'effet de la douleur, la pseudo-femme s'empoigne son membre. 'Faut croire que je le lui ai déboîté.
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Depuis l’incident avec le gosse, Julius n’avait plus sorti le grand jeu. Il se contentait de gagner sans trop se faire de bile. Il fit face à deux autres adversaires, le premier un grand costaud qui lui avait presque donné du fil à retordre, sauf que pas vraiment. Le second avait tenté de tricher en mettant une aiguille dans sa main. L’arbitre le crama vite fait et il se fit dégager avant qu’il ne se fût assis. C’était crade de se faire défoncer la gueule par tout le bar. Allongé en position fœtale, il ramassait des marrons à la pelle.

Julius regardait le fond de son verre lui apparaître de plus en plus. Il était temps de le cacher sous une couche de bière. Il tendit sa chope très momentanément vide vers une grognasse en jupe avec un plateau. Quelque part, elle devait être serveuse. La vue embrumée du chasseur ne lui permettait pas d’en avoir quelque chose à branler. Du coup, il se contenta de balancer son verre dans une direction en espérant qu’on le remplirait.

Arrivé à la demi-finale, le tournoi prit une pause. Tout le monde se désaltérait. Bien que le chasseur fût parfaitement hydraté, il suivit la consigne. Si bien qu’à la reprise de la compétition, il était complètement pété. Il en était à son énième verre et avait réussi à transformer tout son sang en alcool à force de boire.

À un moment, il lui fallut se lever. Cela devenait de plus en plus compliqué à la montée de l’ivresse. En l’état, il avait la grâce d’un pachyderme funambule. Ses mains cherchaient les murs pour ne rencontrer que des visages. Et pour cause, il était au centre de la pièce. Perché sur des guiboles croulantes, il tituba mollement jusqu’à sa destination.

Pisser debout était un défi dans cet état. Ce foutu sol de merde n’arrêtait pas de le désarçonner. Sa bite avait la vivacité d’un serpent furieux. La fierté l’empêcha de s’asseoir comme une fendue et il arrosa approximativement tout ce qui se trouva devant lui. Puis, les nausées le submergèrent.

Adossé au mur des chiottes, il avait les yeux humides et la gerbe au coin de la bouche. Il venait de faire une murale sur un trône qui n’avait pas besoin de son aide pour être immonde. À la sortie, il se jeta un peu de flotte sur la gueule, s’essuya et se regarda dans la glace. Il était prêt à reprendre le tournoi.

Julius savait parfaitement qu’il était stupide de se croire quand on était bourré. Cela dit, il n’était pas en état de réfléchir. Alors, il traîna sa vieille carcasse jusqu’à sa chaise. Il se goura dans le processus et atterrit une ou deux fois sur une jupe malencontreusement placée. Évidemment, il le faisait sans malice.

Poussé par un arbitre et harangué par la foule, il se retrouva face à son nouvel adversaire. Il tenta piteusement de commander une bière, mais il n’en reçut aucune. Personne n’était assez con pour lui en filer une. Pourtant, dans la région, il n’y avait que de l’abruti congénital du meilleur cru.

Quand vint le moment de se mettre sur la gueule, Julius se reprit. Il ajusta ses vêtements et se cala dans sa chaise. Il était fin prêt à faire ce truc, là. Il s’endormit assis, absolument pété. Pas moyen de le réveiller.


Dernière édition par Julius Ledger le Dim 11 Sep 2016 - 14:21, édité 1 fois
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Ça devient un bordel sans nom. Je bite que dalle. La faute aux règlements à la con. Je sais même plus pourquoi je participe à ce jeu débile. Le bar ressemble plus à rien avec tous ces boit-sans-soif de merde qui savent même pas tenir l'alcool. Une honte. Et dire que les habitants de l'île sont censés être des habitués. Mon cul, ouais! Ils m'énervent tous. Autant les joueurs qui tombent comme des mouches à force d'être ivres et de pas savoir faire un bras de fer que les autres gueulards derrière qui font les paris. Je me demande comment l'abrite arrive à suivre. C'est le seul avec le barman et les serveuses à tenir parfaitement debout, et surtout, à être tout à fait lucides.

Me voilà avec un énième adversaire. Le dernier pour l'ultime affrontement. Un vieux, cette fois. Et pas n'importe lequel. J'ai droit au soit-disant Roi de Kelkonk. Triple champion en plus? En regardant la tronche des participants, c'est normal qu'il soit l'heureux gagnant du tournoi à chaque fois. Ça me donne envie de gerber. De tout ce petit monde, je garde un semblant de bon sens malgré toutes les blondes, les brunes, les rousses et autres conneries de chez eux que je me suis coltiné. D'un côté, j'arrive à pas dormir contrairement à Julius, mais de l'autre, ça me demande un sacré effort.

J'ai pas le temps de brayer qu'on vient foutre de la flotte sur le type en face de moi pour le réveiller. Il peine à se remettre dans un premier temps, puis, il me capte une fois les yeux en face des trous. Je lui tends alors le bras et il en fait autant. C'est là que le mec chargé de nous surveiller donne le top départ. Je sens les yeux de tout le monde rivés sur nous. La tension est monté d'un cran. Je vois plus les autres participants, 'sont plus là. J'imagine qu'ils sont à l'infirmerie, la plupart d'entre eux, la queue entre les jambes. Et encore, il faut qu'elle existe! Ça doit pas être beau à voir.

Les bras en position, je sens la poigne phénoménale du vieux me serrer la main. C'est qu'il a une sacrée gauche, le vioque. Je me laisse pas faire, mais c'est lui qui entame les hostilités. Même encore à moitié pété il arrive à me maîtriser. Je suis à cinq centimètres de la table. Faisant appel à toute l'énergie qui me reste, je parviens à redresser jusqu'à la verticale. Les parieurs sont surmontés. Ceux qui sont pour Julius doivent être dégu' pendant que ceux qui sont pour moi retrouvent leur soulagement.

Aucun de nous deux semble pouvoir mettre à bas son adversaire. Quand je commence à le faire pencher, il replace nos bras dans l'autre sens. Et vice versa. Au moins, il me battra pas haut la main. Je grimace tant le défi est plus dur que je le croyais. Sûr, son titre, je sais d'où il vient maintenant. Mes yeux pénètrent alors dans les siens. On galère à se départager. Le commentateur sait plus trouver les mots pour décrire la scène. Une première en trois ans. Suis-je celui qui pourra détrôner le fameux Roi de Kelkonk?

Et c'est là que surgissant d'un recoin de la salle, un homme en costume noir en compagnie de deux lascars stoppe les jeux. Les rares bonhommes encore en état hurlent au scandale afin de savoir qui sera l'unique gagnant. Même l'arbitre est pas content et tente de s'interposer. Seulement, bien que ce nouveau type soit pas le propriétaire des lieux, tout semble indiquer qu'il est le patron du coin. Je détourne alors mon regard de Julius pour dévisager le mec à l'allure mafieuse. Levant les mains en signe d'apaisement de masse, l'inconnu commence alors un speech.

▬ Messieurs, cessez de vous lamenter. Aujourd'hui, vous n'avez non plus un Roi, mais deux.

Tout en s'avançant au milieu de la foule qui s'écarte, il termine sa prose en se tournant vers Julius et moi.

▬ Félicitation à vous deux. Venez prendre votre récompense.

Je retourne la tête pour voir la tronche du vieux s'il est aussi dubitatif que moi. Qu'est-ce que c'est cette merde? Les deux gardes du corps nous fait comprendre qu'on doit arrêter la compétition et nous fait signe de venir. Aussitôt, dans l'assemblé général, ça se remet à jacter. À moité dans les choux, je parviens à bouger ma carcasse avec Julius vers le type en noir. Je suis un poil fatigué. 'Faut dire que leur gnôle me tape sur le système. J'ai pas le temps de demander c'est quoi ce délire qu'on nous colle un gros collier par la nuque. On disparaît en suite dans l'ombre et je sens un violent coup par l'arrière du crâne.

***

Je me réveille dans une sorte de cave en compagnie de Julius et d'autres malheureux. J'ai une gueule de bois pas possible. Merde, c'est pas un rêve à la con, j'ai toujours ce collier au cou. 'Fait chier. Je me frotte les yeux. Y'a pas à dire, je suis bien en prison. Impossible de savoir où par contre. Ça se trouve, on est hors de Kelkonk. Et évidemment, personne ne sait pourquoi on est là. Bordel! Je tente de me rappeler ce que j'ai fait avant d'atterrir ici quand la porte se met à grincer. Le même gaillard en costume parfaitement clean se ramène avec quelques troufions. Une fois au centre, il sort son discours.

▬ Bien le bonjour, chers amis. Vous vous demandez sûrement pourquoi vous êtes ici. Hé bien, c'est très simple. J'ai besoin de personnes puissantes pour un boulot peu commun. Et comme vous faites tous preuves de force incroyable, je vous ai naturellement sélectionné, car vous êtes les meilleurs parmi les meilleurs.

Il prend une petite pause histoire de s'assurer qu'on le suit bien.

▬ Désormais, ou plutôt dorénavant, vous êtes à mon service. Ainsi, votre première mission en tant que membre de ma communauté est d'aller voler une certaine marchandise à non concurrent. Il détient une caisse que je veux absolument récupérer. Peu importante comment vous vous débrouillez pour l'obtenir, l'important, c'est que vous me la rameniez ici. Et ce, malgré le monstre qui protège la boîte. Il est dit imbattable.

'Manquait plus que ça. Je rage. Je m'apprête à gueule, mais un pauvre et brave prisonnier conteste avant moi. Il réplique alors aussitôt.

▬ Et si on refuse? Vous allez nous tuer?

À peine la question posée, à peine le malheureux se fait déchiqueter par une détonation au niveau de son cou. Sa tête expose et se détache hors du corps. Ça gicle de partout, surtout à côté d'un autre mec qui devient alors blanc de chez blanc. Limite s'il claque des dents. En voyant ça, ça me réveille d'un coup. Et pour sûr, je risque pas de faire le malin pour le moment. Je comprends alors que c'est le mafieux qui dispose du détonateur. Bordel de couilles, nous avons le droit aux même putains de collier que les Dragons Célestes utilisent sur leurs esclaves. Au moins, on sait à quoi s'attendre...

▬ Les récalcitrants n'ont pas leur place chez moi. Que cela soit bien clair. Alors maintenant, en route!

Me voilà avec les Rois de Kelkonk à faire une sale besogne. J'aurais plutôt dit les Rois quelconques...
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« On va pas se mettre à genou devant ce trouduc quand même ? »

Julius l’avait mauvaise. Il n’avait aucun souci à dézinguer qui que ce soit pour assurer sa survie, cependant ce n’était pas le genre de la maison de baisser son froc. Nonobstant le costard classe et les troufions, le mec qui leur avait foutu les colliers était un connard de base. Une sorte de petite frappe infâme qu’il fallait charcler à l’ancienne. Croire qu’on pouvait dompter le vieil homme avec des menaces n’était pas malin. Il ne savait pas qu’il n’en avait strictement rien à branler de tout, qu’il n’avait rien à perdre et qu’il ne marchait plus qu’à la fierté. Le concept de service lui passait par-dessus le crâne.

« Je ne sais pas vous, mais j’ai piscine là. Alors, je vous laisse lui astiquer le zob. »

Julius observa la grande maison derrière eux. Il croisa les regards suspicieux des gardes postés devant. Il avait encore mal au crâne après tout le merdier. De base, les connards de ce genre prenaient un tas de précautions. Il avait lui-même fait un cursus assez long en la matière et savait ce que c’était d’être constamment menacé. Un concurrent, un mystérieux justicier qui n’arrivait pas à rester chez lui à se caresser. Il ne manquait jamais de petits cons pour venir l’emmerder. Le fait que tous les autres avant eux aient échoué ne les dissuadaient pas le moins du monde. Pour le coup, Julius allait lui défoncer sa race à ce mec. Il devait faire croire qu’il était partant pour la mission. D’une voix suffisamment forte pour être entendue, il s’adressa aux trois gars debout à côté de lui.

« Bon, les branleurs, on va ramener cette caisse histoire de pas trop traîner. »

Julius n’était pas du genre à rendre service. Surtout pas dans des conditions pareilles.

« - Je ne sais pas vous, mais moi je préfère lui refaire la gueule à ce type.
- Et le collier ?
- Bonne remarque la ferraille, tu m’as l’air vif quand même. Il va falloir éviter de le déclencher. 
- Ça m’a l’air trop risqué. »

Les deux autres gars se débinaient à vue d’œil. Ils préféraient faire ce qu’on leur demander sans prendre de risque. La murale faite avec la cervelle de leur pote avait laissé une grande impression sur eux. Pas moyen de les convaincre qu’ils avaient signé pour une servitude à vie, qu’il n’allait pas les lâcher maintenant qu’il les tenait par les couilles. Le cyborg semblait partant. Cependant, Julius avait des doutes quant à sa capacité à être discret. Un seul faux-pas et ils crevaient. Le vieil homme ne voulait pas partir sur un concerto de casserole. Mais bon, il n’allait pas foutre une mauvaise ambiance.

« Bon, allons-y. Mon plan est simple. Il faut lui tomber sur la gueule pendant son sommeil et le menacer pour qu’il nous libère. Il n’osera pas déclencher une explosion à côté de sa gueule. »

Julius et le cyborg firent le tour du bâtiment. L’étage du bas grouillait de gardes visibles à travers les fenêtres malgré l’obscurité. Certains patrouillaient et d’autres becquetaient du sauciflard avec de la gnôle. Y en avaient deux qui étaient bourrés comme des vaches, allongés sur des fauteuils. Jamais son personnel ne lui avait fait le coup, l’ancien criminel savait les mettre au pas. Un mélange d’intransigeance et de générosité.

« - Pas moyen de passer par le rez-de-chaussée et les toits sont trop éloignés pour sauter sans faire du bruit. Ce serait pas mal si tu pouvais m’aider à atteindre la fenêtre de l’étage sans faire trop de bruit.
- D’accord, on y va. »

Julius grimpa sur les épaules de la boîte de conserve et atteignit la rambarde de la fenêtre en question. Quand il passa la tête, il se trouva face à un type hébété, assis sur le trône. Avant qu’il puisse l’ouvrir, le chasseur lui cala la patte en travers de la gueule. Un gnon judicieusement placé sur le coin de la mâchoire et l’autre s’évanouit. Il rattrapa le verre qu’il lâcha avant qu’il ne se brise et le posa précautionneusement au sol. Puis, il entra dans la pièce. Il égorgea le gars évanoui dans la baignoire et le cacha avec le rideau. Ensuite, il passa sa tête dans le couloir désert. De l’autre côté, il avisa une porte imposante, certainement la chambre de l’abruti. Sans faire grincer le sol, il en entrouvrit l’accès. Il trouva le lit encombré de vêtements jetés pêle-mêle et les placards ouverts. Pendant qu’il cherchait des indices, quelqu’un entra à sa suite. Julius se cacha dans le placard et ferma rapidement la porte. C’était une femme de ménage qui ramassait les vêtements, une femme mûre qui se dirigeait dangereusement vers sa cachette. Il ouvrit la porte et la planta dans la gorge et referma le placard sur son cadavre. Il ne pouvait pas se permettre de se faire repérer pas plus que faire le tri. Au point où il en était de toute façon. Perplexe, il décida de quitter la maison par la salle de bain. Il en profita pour boire le verre abandonné tout à l’heure. Arrivé en bas, il n’y trouva pas le cyborg.

Mais il est passé où ce con ?
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Je vais pas rester là éternellement. Que le vieux se débrouille, moi, je vais inspecter ailleurs. Je fais alors le tour du bâtiment. Je trouve rapidement une porte menant à la cave à vin. Personne. Je me précipite pour l'ouvrir sans un bruit et descends les escaliers. Une faible lumière illumine la pièce. J'entends au fur et à mesure que j'approche deux hommes glousser. Ils sont ivres. La victoire est trop tôt bande de couillons. Le contrat, on l'a jamais accepté. Je profite de leur état pour apparaître en un éclair face à l'un deux et je lui assène un méchant coup dans le nez avant que l'autre ne puis réagir. Le gars tombe à la renverse. Séché. La bouteille en verre entre ses mains se brise alors, créant ainsi du bruit qui résonne dans toute la cave. Quant à son pote, je l'attrape par le cou et je le soulève. Alors que ses jambes cherchent le palpable, son esprit commence à devenir lucide.

Où est ton boss? Parle ou je te défonce!

Le mec peine à sortir une phrase audible. Je le secoue alors, plus violemment que jamais tant que je suis énervé.

▬ Il... Il... Il est dans son repère secret... Ne me tuez pas, pitié.

Les yeux rouges, je serre davantage ma prise jusqu'à ce que j'entende les os se briser. Je délaisse ensuite le cadavre joncer sur le sol pathétiquement. Abandonnant le coin, je reprends ma recherche. J'arrive au niveau des escaliers en colimaçon que j'emprunte. Je croise un homme qui dévale les marches quatre par quatre. Se percutant à mon poing, le gars dégringole le reste des marches huit par huit. J'atteints le rez-de-chaussé. Rien d'intéressant. Je continue à monter. Premier étage. J'aperçois la porte des chiottes entre-ouverte avec le vieux en train de jurer au bout du corridor.

Qu'es-ce que tu fous?! Le connard en costard doit sûrement être en haut.

Sans l'attendre, je poursuis ma route. Au moins, comme ça, j'ouvre la voie. Seulement, je commence à croire que la fameuse salle secrète est que du flanc. Je me trouve maintenant dans un couloir vide. Je suis en rogne. J'ai l'impression que le boss est pas dans cette baraque. 'Fait chier. 'Va falloir tout redescendre... J'inspecte quand même l'endroit. Je vais pour rentrer dans la première chambre qu'une partie du mur dans le dégagement se met à pivoter. C'est le lascar qu'on recherche qui en sort et qui gueule à ses hommes.

▬ Qu'est-ce que c'est encore ce foutoir?!

Et il me remarque. Il me voit que je le vois que je sais qu'il me voit. D'instinct, il met sa main dans poche, mais de l'autre côté, moi, je me précipite vers lui. Il lâche alors le détonateur pendant que je le plaque au sol. À ce moment-là, Julius se pointe.

Enlève-nous cette merde ou tu saute avec nous!! Capiche?

Du moins, j'espère que c'est l'autre vieux... Il est temps d'en finir et maintenant.
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