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Une balade à Manshon - FB 1620

    1620,
    Au nord du globe,
    Manshon.





    « Soldats ! Préparez-vous à amarrer ! C’que vous voyez au loin est le début de l’enfer, peut-être l’endroit de votre mort, et une fois hors du navire, vous poserez un pied dans votre propre tombe ! »


    Discours très rassurant qui laisse sans voix presque l’intégralité de l’équipage. Parfois, je me demande ce que je fou dans la régulière, entouré de lopettes sans envergures, prêtes à donner leurs fesses pour éviter de rentrer chez eux avec des égratignures. Heureusement loin d’être le seul, il existe quelques personnes qui partagent plus ou moins les mêmes valeurs que moi, soit par exemple le fameux « no pain no gain », sans quoi rien n’est possible. Malgré ça, il se trouve qu’avec de l’argent et du pouvoir absolument tout est possible, je dis bien tout. J’ai été formé avec majoritairement des types de mon milieu, des « fils à papa » pourris gâtés jusqu’à l’os, mais je n’ai jamais pu les supporter de toute façon. Je déteste la bourgeoisie. Fuir ma famille ? J’ai tenté de le faire toute ma vie, mais sachez une chose : on n’échappe pas à sa famille. Mon nom me suivra toute ma vie.

    C’est un peu pour cela que j’ai décidé d’étudier la sociologie. Mes parents disaient que ce métier ne rapportait rien, mais je m’en fichais totalement, l’argent ne m’intéresse pas. Ce que je veux, ce n’est autre que la vérité sur ce monde, sur l’être humain et ses manières de comporter et de penser en fonction de son milieu social. Un jour peut-être, je deviendrais un simple professeur sur une île perdue, et enseigner à des enfants qui n’auraient en temps normal pas eu accès à un quelconque enseignement. C’est un avenir qui me plairait bien. Avant cela, j’aimerais beaucoup purger ce monde, en faire un monde plus « propre ». Vous voyez où je veux en venir ? Nettoyer les mers de ces abominables pirates qui abusent de leur liberté inexistante pour semer la terreur. Je n’aime pas les criminels, même ceux qui n’ont vraiment rien et ne trouvent d’autres solutions que de voler presque aussi pauvres qu’eux. Les plus grands voleurs restent selon ceux qui sont à la tête de ce gouvernement, ces « Dragons Célestes » qui volent s’enrichissent en volant les pauvres. Je les déteste mais je crois néanmoins en la force du gouvernement et de sa force face à ces criminels. Les dragons célestes… Je prie pour quelqu’un s’occupe d’eux, puis je l’arrêterai pour le crime, ou je devrais m’en occuper moi-même. Oui, je suis égoïste.

    « - Eh ! Toi ! Levi, c’est ça ? Dépêche-toi de descendre ton cul de bourgeois d’ici ! On est pas dans tes palais de Saint-Uréa ! Ne m’fais pas perdre mon temps, déjà que vous ternissez l’image de la marine…
    - Assez. J’en ai suffisamment entendu pour aujourd’hui, pardonnez-moi. Je descends immédiatement. »

    Très peu pour moi ce genre de paroles inutiles. Comme je l’ai dit, je descends lentement du navire en posant des regards meurtriers vers les curieux qui, au cas où il ne l’auraient pas remarqués, sont en train de m’agacer plus qu’autre chose. J’ai l’impression d’être un animal qu’ils observent derrière des barrières. Autant parfois la marine est accueillie en héros, bien que cela me gêne, c’est plutôt agréable, mais autant là j’ai l’impression d’être un poids pour eux. Pour comprendre leur attitude, il faudrait peut-être connaître la situation de l’île qui, je l’avoue, est quelque peu particulière. La mafia est maître des lieux. D’innombrables trafics se font ici, tout le monde le sait, mais personne ne fait rien. Apparemment, la mafia règle ses problèmes elle-même, mais ce n’est normalement pas à eux de le faire selon moi. Que fait donc la 257ème garnison ? Et surtout, que faisons-nous ici ? Perdu dans mes songes, je finis par m’apercevoir qu’un marin semble terrorisé par le lieu décrit quelques instants auparavant par notre supérieur.

    « Ne t’en fais pas mon grand, si tu ne fixe pas trop les types étranges et que tu restes sagement dans ton coin, à priori tu retourneras en vie à Saint-U. », lui dis-je en tapotant son épaule avec un regard sûr de moi.

    Ce n’est qu’un stage de formation après tout, le but n’est pas d’entrer en conflit avec quiconque, sauf s’ils veulent déclencher une guerre que nous ne sommes pas certains pas de gagner. Le groupe file rejoindre la garnison déjà présente sur l’île pour une débriefing. En toute honnêteté, je n’ai que faire de ces formalités, je m’en écarte alors discrètement. Je vais même jusqu’à changer de tenue pour ne pas être prit pour un marine et ne pas être reconnu par mes supérieurs, puis je rejoindrais le troupe à la tombée de la nuit, cela me semble correct.

    Après m’être changé dans une ruelle totalement vide, je ressors habillé en civil et mon sac à dos remplit par ma tenue de marin. J’ai toujours ma fidèle lame accroché au niveau de ma ceinture, prête à être dégainée en cas de danger. Une belle église attire mon attention. Je ne comprends ce que fait une si belle oeuvre architecturale au milieu de si modeste bâtiments. Allons voir ce qu’il s’y trame.
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    L’église de Manée, Manshon.

    Avant d’y entrer, je pose quelques questions à quelques passants, qui d’ailleurs me jettent des regards parfois assez terrifiés et dont la signification est très claire, du genre « ne poses pas ce genre de questions, tu ne sais pas dans quel genre de terrain miné tu t’aventure ». Je ne fais pourtant que poser des questions, je ne compte absolument pas m’immiscer dans un quelconque conflit, surtout sans l’appui de la marine. Mais d’autres passants, cette fois un peu plus bavards, m’expliquent cette magnifique église a été construite grâce à de généreuses donations des grands parrains de la mafia - ce qui d’ailleurs me surprend peu vue l’ampleur de la chose. Le plus drôle est qu’on la surnomme « notre dame du crime », ça en dit long sur le monument, et qui sait, peut-être qu’en cherchant un peu je pourrais peut-être y trouver des corps ? Je reste quand même quelques instants face au monument, presque sans voix, du fait de la réalisation architecturale magnifiquement bien réalisée. Un véritable trésor. À ce propos, quand j’entre dans cette merveille, je m’aperçois qu’il y a des tas d’autres trésors valant une fortune et que le tout n’est absolument pas gardé. C’est-à-dire que n’importe qui pourrait s’emparer de tout cela sans se faire prendre ?

    « - Vous être nouveau ici ? N’y pensez même pas mon brave, tous ceux qui ont tenté de voler quoique ce soit au sein de cette église ont été châtiés par le tout puissant en personne. »

    Je suis surpris dans un premier temps. J’étais tellement émerveillé par la splendeur des décorations que je n’avais pas remarqué la présence de cet individu. Le propriétaire ? Plutôt un simple père très certainement payé par la mafia pour garder un oeil sur toute cette mine d’or. Il s’agit d’un homme de petite taille (un point en commun avec moi), de corpulence assez forte, vêtu comme un saint parmi tant d’autres.

    « - Par le tout puissant en personne ? Ne me tentez pas, c’est typiquement le genre de trip que j’aime tenter.
    - Vous ne devriez pas, mon fils.
    - Primo, je ne suis pas votre fils et vous n’êtes pas mon père. Deuxio, je sais pertinemment que votre tout puissant en question n’est autre que la mafia. Ça me prouve que les mafieux sont de grands croyants. Je devrais l’ajouter à mon livre.
    - Votre livre ?
    - Je suis sociologue et…
    - Socio quoi ?
    - Je… Laissez tomber. J’écris simplement des thèses sur les différents milieux sociaux, leurs croyances, etc. Rien sur les manigances des mafias, je vous rassure.
    - Je ne travaille pas pour eux, mon f… Je ne travaille pas pour eux.
    - Je vous crois sur parole. Sur ce, je m’en vais. Passez une agréable journée.
    - À vous aussi… Si vous la terminez en une seul morceau.
    - Pardon ? J’ai cru entendre quelque chose ?
    - Certainement le chuchotement des soeurs.
    - Des soeurs, hein… »


    Des soeurs. Un système de proxénétisme me vient de suite en tête, bizarrement. J’ai suffisamment de preuves pour mener une enquête sur cette église, mais je ne suis hélas pas là pour ça et je doute que la marine me soutienne sur ce coup. Par curiosité je me cache dans une ruelle en face de l’église, d’où j’observe des types en costumes arriver en courant, l’air de chercher quelqu’un ou quelque chose, tout en discutant avec le père. Me voici recherché par la mafia, super. Et que puis-je bien faire maintenant ? Je suis dans une situation assez inconfortable.
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Il est temps pour moi de retrouver le reste de la garnison, mon absence ne passera plus très longtemps inaperçue, et dieu seul sait ce qui m’attend si l’on découvre que j’ai quitté le groupe pour me balader. En imaginant les pires souffrances que pourrait m’infliger le colonel, je quitte la ruelle dans laquelle je m’étais caché et reprends ma route. Pensant avoir semé les types, je me rends compte bien assez vite qu’il n’en est rien, ils m’attendaient au coin de la rue, tranquillement en train de fumer. Dois-je ainsi entamer un combat et attirer l’attention sur moi ? Dans les deux cas, que ce soit affronter ces types ou me rendre, je m’embarque dans une aventure que je n’ai pas spécialement envie de vivre. Je tente tout de même de passer en baissant la tête, mais le prêtre me montre du doigt, puis ils m’encerclent tranquillement. Ils n’ont pas l’air de vouloir se battre pour le moment, alors je reste silencieux et attend de voir ce qu’il va s’en suivre.

« Dis-moi petit, paraît-il que tu prends des notes, y’a moyen d’les voir ? », qu’il me dit en caressant le cross de son arme. Je suppose que je n’ai pas le choix, puis ce n’est pas comme si j’avais quelque chose à cacher, c’est pas comme s’ils allaient spoiler mes futurs lecteurs. C’est l’esprit léger et sans l’ombre d’une hésitation que je lui tends mon carnet où je tiens toutes mes notes. Les types se rassemblent autour, lisent et tirent des tronches assez étranges. Peut-être qu’ils ont du mal à lire mon écriture, même s’il me semble qu’elle est tout à fait lisible, ou bien peut-être qu’ils ne savent tout simplement pas lire.

« Ce que vous recherchez se trouve bien plus loin, plutôt vers la fin du carnet, ça vous évitera une lecture inutile. »

J’dis ça pour eux, hein. Quoique j’aimerais perdre mon temps bêtement aussi.

« On comprend rien à tes conneries ! Tu comptes vraiment faire lire cette daube incompréhensible à des gens ? »

J’crois qu’on m’a jamais rien dit d’aussi méchant. La puissance verbale est bien plus dévastatrice qu’une attaque physique, ça ne fait aucun doute. J’ai presque envie de sortir ma lame et de les torturer un par un, juste pour qu’ils comprennent que je ne suis pas un de ces villageois effrayés leur nom de famille, j’m’en contre fiche de leur mafia. L’un commence soudainement à sortir un briquet alors qu’il a déjà une clope coincée entre ses babines, si ce n’est pour brûler mon livre, je ne vois pas trop l’intérêt. Je dégaine ma lame à toute vitesse et la glisse sous la gorge du bruleur de livre. Je prends tout le monde de vitesse, sous le choc, ils me dévisagent d’un air très surpris, à croire qu’un gosse ne peut pas leur botter le fion.

« Que vous déchiriez les pages concernant les mafias, je peux le concevoir. Que vous ne sachiez lire ou comprendre un langage soutenu, je peux le concevoir. Mais que vous crachiez sur mon oeuvre et qu’en plus de cela, tentiez de la brûle, ça non, je ne peux le concevoir. Rendez-moi ce carnet, tirez-vous et ne m’emmerdez ou je ne serais pas aussi clément la prochaine fois. », dis-je lentement en articulant chacun de mes mots. Cette fois-ci, le ton était bien plus meurtrier, et ça a eu son effet sur certains d’entre eux. Les types sortent leurs flingues et les pointent sur moi. Est-ce que c’est une preuve que ma présence les gêne ou les intimide plus que prévu ? Ça m’en a tout l’air. Moi qui ne souhaitait pas attirer l’attention sur moi, je crois bien que c’est raté. Ce qui m’agace le plus, c'est qu’il ne s’agit de personnes importantes des familles mafieuses, mais seulement des cloportes qui utilisent le nom de leur parrain pour faire les barbots. Qu’est-ce qui me retient de tous les tuer ? Provoquer une guerre ? Rien à faire.

« LÉVIIIIIII ! QU’EST-CE QUE TU FOUS ICI ?? »

Hm ?

Oh nan cette voix n’annonce vraiment rien de bon, j’aurais préféré être kidnappé par ces… Hein ? Où sont-ils passés ? Les mafieux ne sont plus là. Je me retourne et les voilà qu’ils prennent la fuite. Le colonel a le don de foutre un sacré boucan, surtout quand il est accompagné, ça a certainement effrayé les trouillards. Quant à moi, ce qui va suivre n’aura rien de glorieux, vraiment pas. Une tarte dans la gueule, je sers les poings mais interdiction de répondre si je veux espérer faire carrière, puis une série d’insultes toutes aussi inutiles les unes que les autres. J’crois que j’ai vraiment un problème avec l’autorité, elle n’a presque aucun effet sur moi. Mon carnet traine au sol, je le ramasse et suis le reste de la garnison.
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Heureusement que les renforts passaient par là pour faire visiter les lieux aux bleus - avec qui j’aurais normalement dû être. Sans ça, la place de l’église aurait été le lieu d’un véritable bain de sang. Maintenant, nous sommes retournés avec le reste de la garnison, dans nos piaules, après bien sûr que je me fasse sévèrement remonter les bretelles. Un moment assez dérangeant du fait que je n’aime pas tellement que l’on me gueule dessus, donc comme je n’écoute pas, ça me laisse un bruit de fond qui rend ce moment encore plus long. Cette excursion me gonfle déjà.

_____________________________

Le lendemain matin, levé à la première heure, entraînement physique à jeun sinon ça serait moins drôle. Cela permettrait apparement d’utiliser davantage les graisses et par la même occasion de les éliminer. Très peu utile me concernant, mais je crois en effet comprendre que certains sont dans le besoin de réduire leur production de lipides, si vous voyez ce que j’veux dire. Pour beaucoup d’entre eux, l’ambition est d’être dans les bureaux à faire de la paperasses, rares sont ceux qui veulent se mouiller dans ma promo.

« - LEVIII ! TU VAS T’BOUGER, OUI ?!
- Oui, m’sieur. »

Je m’exécute gentiment. C’est soit ça, soit je lui fais bouffer toutes ces dents avec en prime une suppression de mon devoir de marin. Allez, au boulot ! Des courses, des pompes, des tractions, des flexions, des abdos… Aucun membre n’est épargné. Les plus « costauds » - pour rester correct - font seulement du cardio pour perdre du gras. Perdre un maximum pour ensuite muscler le tout. Encore une fois, la plupart souhaite intégrer les bureaux de la marine, alors j’imagine que tous ces exercices n’ont pas réellement de sens pour eux. Je pouffe de rire pendant mon temps de récup’, mais c’est sans compter le colonel qui vient me foutre un coup de pied au cul en me hurlant dessus. À mon tour cette fois d’être victime de diverses moqueries.

Dans le groupe, nous sommes deux à être au-dessus et du lot, et bien sûr, on se déteste mutuellement. Enfin, je déteste tout le monde donc pas surprenant de mon côté, mais l’autre débile me voit comme son concurrent. J’me fiche pas mal de sa vieille gueule. Les autres baltringues l’admirent plus que moi, car il semble bien plus sociable, plus approchable. Il est plus grand que moi en taille, plus imposant aussi physiquement, c’est une force de la nature, une bête forgée pour le combat. Vous savez, du moment qu’on m’laisse tranquille, j’me fiche pas mal du reste. Sauf que là, ce crétin a sans arrêt envie de me prouver sa supériorité inexistante, et pour tout avouer, je perd peu à peu patience et l’idée de lui refaire le portrait me plaît de plus en plus.

« - Levi, on s’tape ? Allez, juste histoire de t’montrer que j’suis meilleur que toi.
- Matt, Matt… »

Il s’appelle Matthieu.

« Écoutes mon grand, t’es déjà suffisamment chanceux que le colonel me surveille de près, car sans ça mon pauvre, crois-le ou non, mais tu serais déjà dans un état déplorable. », dis-je d’un air moqueur.

Comme un crétin, je lui ai donné son bout de carotte et il me saute dessus. Pourquoi faut-il toujours que je tombe sur les plus débiles ? J’esquive coups après coups. Ses potes l’encouragent, tandis que personne n’ose faire de même de mon côté, comme si j’en avais quelque chose à foutre. J’attends. J’attends. J’attends quoi ? Que le colonel rapplique et soit témoin de mon innocence et de mon self-control dans cette dispute enfantine. Mais il ne vient pas. Et je ne peux pas esquiver indéfiniment ses coups, il doit être au moins de mon niveau, peut-être même plus. Je n’ai pas ma lame sur moi rendant la situation encore plus délicate, et oui, sans arme je suis moins fort. Mes nerfs fatiguent, je trébuche sur une… peau de banane ? Je tourne la tête et j’aperçois les visages amusés des potes de Matthieu. Au même moment, toujours pendant ma chute, je reçois un coup de tibia sur mes flottantes, me faisant ainsi valser quelques mètres plus loin.

« Alors Levi, c’est tout c’que t’as ? »

Qu’est-ce que fout ce connard de colonel ? Pour une fois que j’aimerais qu’il soit là.
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« Vas crever, Matthieu, vraiment. »

Je me relève lentement en prenant de tapoter ma tenue pour en enlever le maximum de poussières accumulées.

« Sérieusement, je n’ai jamais cherché d’emmerde avec qui que ce soit ici, alors fiche-moi la paix, compris ? Perdre mon temps à défigurer la gueule d’ange d’un fils à papa un peu plus entraîné que les autres, je préfère encore passer mon tour. »

Les autres tout autour qui se mettent à engrener le Matthieu un peu trop fier.

« Fermez-la vous autres ! Encore une moquerie et une interminable souffrance vous attendra. Ne testez pas mes limites, je suis suffisamment sur les nerfs comme ça. », dis-je d’un ton sec en les fixant d’un regard meurtrier.

Ils se regardent tous l’air béa et finissent par la fermer une bonne fois pour toute. Je leur tourne le dos et retrousse mon chemin, mais après quelques piques bien placés venant des types que j’avais normalement calmés quelques instants auparavant, Matthieu se voit en train de charger vers moi munit d’une profonde rage. À peine retourné qu’il est à porté de main, j’esquive en basculant vers l’arrière, et dans le même temps, je lève mon talon jusqu’à son menton. La tête relevée vers l’arrière, il recule de quelques pas, puis il tombe sur les fesses. Les boxeurs visent souvent cette zone pour paralyser leur adversaire, c’est exactement ce que j’ai fais.

Comme quoi, même un type normalement plus fort peut prendre cher, suffit juste de savoir anticiper et agir en conséquence. Pourtant, sa volonté de vouloir me détruire est grande, bien trop grande pour n’être qu’une histoire de comparaison de niveau. Je retrousse une nouvelle fois mes pas dans l’espoir de ne devoir m’arrêter une fois encore. Les types de la promo l’encouragent à se relever, et à entendre leurs hurlements, j’ai envie de croire qu’il y est finalement parvenu. Ma route se poursuit sans que je prenne la peine de me retourner. J’accélère la foulée tranquillement, ni vu ni connu, pensant passer inaperçu.

« Lévi ! S’pèse de p’tit enfoiré… »

Il reprend son souffle avant de reprendre. Se relever semble avoir été une épreuve. Je me retourne et l’écoute calmement.

« - Qui est-ce qui t’a dit que notre combat était terminé ? 
- Qui a décidé de combattre ? Cela n’a jamais été mon désir d’affronter le plus puissant de mes camarades.
- J’suis pas ton camarade !
- Et si, tu l’es, même si tu me détestes pour une raison que j’ignore. Pour être tout à fait franc une bonne fois pour toute, je n’apprécie aucun type en particulier ici, mais je mettrais ma vie en jeu pour chacun de vous s’il le fallait, et ce sans aucune hésitation. Aucune. Vous êtes malgré tout mes frères d’armes, ceux avec qui je défend tous ces pauvres gens victimes des attaques de criminels assoiffés de sang. Pensez ce que bon vous semble, mais je ne suis pas là pour faire le beau, alors sans vous donner d’ordre, je vous conseil vivement de travailler et de suivre les instructions. »

Un silence s’installe. Les types se regardent encore comme des idiots et rien n’en sort, muets comme des carpes, c’est sans doute pas plus mal ainsi. Je me retourne pour retrouver la cantine où il est prévu de prendre le petit-déjeuner, mais c’est sans compter sur le fait que je tombe nez à nez avec le colonel. Quelle plaie… Depuis tout à l’heure que j’attends sa présence, le voilà qu’il prend ses grands airs quand tout est fini, c’te tête de con qu’il tire.

«  Vous arrivez après la fête, monsieur. », que je balance en le contournant et toujours avec cet air provocateur.

« J’ai tout vu, tout entendu, Levi. Il semblerait que je m’sois trompé sur ton cas. »

Je m’arrête quelques instants. Nous sommes à présent dos à dos, à peut-être un mètre l’un de l’autre. Un brise vient briser se silence de marbre qui s’est installé.

« Ne t’y habitue pas trop le chauve, tout ça, c’était rien que du vent pour calmer les autres abrutis. »

Pas une réaction dans un premier. Alors, j’anticipe et commence à gagner du terrain avec de petits, mais voilà qu’il devient hors de contrôle. Il crie mon nom sans interruption, puis me course à travers tout le complexe, défonçant tout ce qu’il se trouve sur son passage.

Si j’ai bien compris une chose, c’est qu’il ne faut jamais chambrer un chauve.
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Après des heures à ramasser la merde des autres, une fois de plus, j’ai finalement compris qu’il n’y a rien de bon à taquiner ses supérieurs. Ensuite, j’ai aussi appris que dans des villes comme celle de Manshon, marin ou pas, vaut mieux rester tranquillement dans son coin. Message reçu !

« Soldats, aujourd’hui, nouvelle excursion dans la ville. N’engagez aucune poursuite sans mon accord, compris ? »

Cool. Bouger de ce taudis de merde, ça va m’faire du bien. Hum ? Mes habitudes de bourgeois semblent reprendre le dessus. Le confort proposé ici me poserait donc quelques problèmes ? Cela va sans dire que c’est certainement le cadet des soucis de beaucoup, si ce n’est tous, quelle plaie.

« Mais m’sieur, ce n’est pas la mafia qui gère tout ça ? », s’exclame un petit merdeux dont j’entend la voix pour la première fois. Je ne pense que le colonel annulerait ce qu’il a prévu pour un trouillard.

« Mon cher camarade, aussi débile sois-tu, la mafia ne gère que ses propres histoires. Pour ce qui est du reste, elle ne s’en occupe pas du moment que ça ne la touche, compris ? ».

Pardonnez mon insolence, c’est sorti tout seul. Le type en face de moi se sent stupide, il baisse la tête et n’ose même pas me regarder. J’ai l’air d’un véritable tyran. C’est tellement amusant de martyriser tous ces nullards de temps en temps. J’essaye de ne pas en abuser.

« Levi, reste correct avant que j’te refasse le portrait. Malgré tout, c’qu’il est vrai. Armez-vous de patience, de courage et surtout de vigilance, aucune infraction à la loi doit nous échapper. »

C’est le moment de m’barrer discrètement. Mais je remarque très rapidement le silence plombant qui s’est rapidement installé. En me retournant, j’aperçois tous les salopards qui me pointent du doigt, le colonel retourné vers ma direction et qui me fixe avec de gros yeux.

« J’allais seulement pisser, m’sieur. Vous savez, ma vessie… »

Il s’approche de moi en craquant ses doigts.

« Et si je n’y vais pas maintenant, avant qu’on y aille, et bien… »

Sans même me crier dessus comme à son habitude, il me poire carrément la gueule, cette fois devant tout le monde - pour leur plus grand plaisir et avec une facilité déconcertante. Quelque chose me dit qu’il a compris que c’est la meilleure solution pour moi. Me parler est inévitablement une perte de temps, alors penser qu’en me cassant la gueule ça irait n’est pas si bête, mais pas certain que ça puisse fonctionner. Franchement, tout ce merdier pour une balade de santé ? C’est loin d’être une vie.
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Enfin en-dehors de cette prison qui n’est autre que notre campement. Nous sommes organisés en plusieurs lignes, marchons de manière coordonnée comme enseigné à l’école, et scrutons les alentours afin que rien ne nous échappe. Personnellement, ça m’ennuie totalement. Le colonel, A’dock qu’il s’appelle, garde son précieux regard vers moi. Lâchement, je me détourne du sien et simule un investissement total dans le repérage d’un éventuel danger. Tu parles, je cherche seulement un moyen de me détacher de ma ligne, de fuir loin de cette mascarade. À Saint-U, l’avantage, c’est que j’étais malgré tout chez moi.

« Restez vigilant, on rentre dans une zone de forte densité de population, certaines choses peuvent se passer sous notre nez.

C’est long, rien ne se passe, c’est clairement le pire déplacé effectué à ce jour. Surtout devoir fermer les yeux sur les activités illégales de certaines personnes, ça me gêne un peu. Serait-ce dû aux éventuelles relations entretenues entre la mafia et le gouvernement ? C’est probablement l’une des raison pour lesquelles je ne m’acharnerai pas sur les révolutionnaires, même si ce sont des criminels et que je n’hésiterais pas à en arrêter s’ils agissent sous mes yeux, mais je ne pense pas les traquer de ma propre volonté. Le gouvernement est une instance pas totalement claire, agissant parfois contre les lois qu’elle régit, sauf que tout le monde ferme les yeux là-dessus. Ce n’est pas moi, jeune marin, qui va changer la donne. Saloperie de vie.

Alors que je suis décidé à ne plus faire attention à quoique ce soit, en tournant la tête innocemment, je crois apercevoir un échange d’armements - certes de bas de gamme. Je pointe du doigt, tout le monde réagit, les types nous voient et prennent la fuite, chose qui ne m’étonne pas vraiment étant donné qu’on ne passe pas inaperçu. Le colonel nous ordonne de les poursuivre, quitte à se scinder en petits groupes dans le cas où ils se séparent. Je m’arrête prêt des cagettes de légumes sous lesquels se trouvent les armes. Un échange d’amateurs. Depuis des échanges d’armes se font à l’arrache dans un lieu aussi bondé ? Ce détail me fait penser qu’il ne s’agit pas de la mafia et simplement de petits criminels de bas étages. De plus, les armes encore présentes sont belles et biens de mauvaises qualités, pas le genre qu’un baron de la mafia commanderait.

« Levi… »

Craquements de doigts.

« Pourquoi n’es-tu pas avec les autres, s’pèse d’enflure ? »

Je l’avais oublié celui-ci. Tellement concentré dans ma prise d’information que les autres éléments n’existaient plus.

« J’analysais seulement la situation, m’sieur. Vous savez, foncer tête baissée sur l’inconnu, c’est pas trop ma tasse de thé. »

Il m’ordonne de rejoindre les autres avant qu’il ne puisse se contrôler. Naturellement, je m’en vais très rapidement, pas envie de rééditer l’expérience de la matinée. Quoiqu’il en soit, nous n’avons pas à faire avec des professionnels, il s’agit certainement de petits voyous mais il faut les arrêter avant qu’ils ne se prennent pour des cow-boys. Gauche ? Droit ? En-face ?

Boum !

Un coup de feu ! À droite ! Je cours sans réfléchir, c’est forcément eux. Après quelques mètres, je vois un soldat à terre avec un autre à ses côtés.

« - Camarade, que se passe-t-il ?
- Un des hommes a tiré, la blessure est superficielle, mais je préfère rester à ses côtés au cas où.
- Sage décision. Qu’en est-il des autres ?
- Matthieu et les autres sont à la poursuite des types…
- Très bien. Je file immédiatement à leur poursuite. Le colonel est derrière avec quelques-uns de nos camarades, ils ne devraient pas tarder à passer par ici. »

Il acquiesce. Je commence ma foulée.

« Ethan ! »

Je m’arrête et me retourne.

« Ramènes-les tous sains et saufs. »

J’esquisse un léger sourire remplit d’assurance avant de reprendre ma route.
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Pas évident de courir longtemps à 90% de sa VMA. Pour rattraper mes camarades, pas le choix, je ne peux pas trottiner. J’arrive à les suivre grâce aux réactions diverses et variées de la foule, puis les coupes m’aident beaucoup aussi. Les enflures, si ça continue ainsi, il risque d’y avoir un véritable bain de sang. Je pousse sur mes cannes, j’utilise mes segments libres avec beaucoup d’amplitude et de fréquence, c’est ainsi que les meilleurs sprinters font pour aller plus vite. Pour l’endurance, c’est au mental.

« Allez Ethan, accroche ! »

Phrase que je me répète sans cesse tout au long de ma pénible course. Quand je lève finalement ma tête - car oui je courais tête baissée avant - je vois finalement les marins qui pourchassent les petits voyous. Je regarde soudainement les rues, intersections, les noms… Depuis mon altercation avec la mafia, j’ai un peu observé les zones à éviter, histoire de ne m’embarquer une nouvelle fois dans un traquenard. Sauf que là, on fonce en direction de notre mort. D’ici quelques mètres, c’est l’entrée de la zone de la famille Tempiesta, la plus grande famille. Pas le temps de réfléchir, je sors mon pistolet à silex, tire sans attendre et hurle par la même occasion. Surpris, les marins s’arrêtent, se retournent et me guettent d’un oeil étranger. En tentant de reprendre mon souffle, je leur demande de cesser la poursuite.

« Les gars… N’allez pas plus loin, laissez-les filer. »

Je me fais immédiatement fusiller de questions. Ils n’ont pas la moindre envie d’abandonner ces criminels, puis je crois que cette poursuite les a bien excité, ce que je comprend tout à fait étant donné que nous sommes enfermés entre quatre murs la plupart du temps. Du coup, je leur dois bien quelques réponses. Qu’ils se taisent une bonne fois pour toute.

« Retournez-vous et observez ces idiots. »

En nous voyant à l’arrêt, ils se permettent de nous narguer, allant même jusqu’à tirer dans les airs pour exprimer leur joie. Ils déchantent rapidement quand des hommes vêtus de costards noirs apparaissent et neutralisent aisément les malfrats. Un coup de poing bien placé suffit à les arrêter, puis ils sont rapidement transportés.

« Que fait-on Ethan ? »

Il n’y a je crois rien à faire mon ami, ce n’est désormais plus notre affaire. Si tu ne peux le comprendre maintenant, tu comprendras avec le temps que notre statut ne nous permet pas tout. Je ne me vois pas leur expliquer à nouveau que la marine n’est pas très utile à Manshon. Le colonel l’a suffisamment rabâché à sa manière.

« Retournons retrouver Ed’, il s’est fait tirer dessus. »

Dans l’incompréhension pour certains, dans la tristesse d’avoir échoués pour d’autres, et tout simplement dans la joie d’avoir fini cette journée pour d’autres encore, nous retournons sur nos pas. Le fameux Ed’ est escorté à la caserne où il sera soigné. Heureusement, sa blessure est superficielle, on s’en sort sans aucune perte et c’est selon moi le plus important. Certains marins s’occupent pendant ce temps de faire un rapport au colonel. C’est à mon sens le moment opportun pour prendre la fuite et me balader tranquillement.

« Levi ! Ou vas-tu comme ça ? »

Et merde. Il ne me lâche décidément jamais celui-ci. Ce foutu colonel qui me tient en laisse à l’instar de son chien qu’il promène de bonne heure.

« - À la caserne, m’sieur.
- Dans ce cas tu t’es trompé de direction.
- Mon sens de l’orientation me fait défaut, m’sieur.
- Bien sûr. »

Raté sur ce coup. Obligé de rester à ses côtés et de rentrer.

« T’as un sérieux problème avec les règles, Levi… Pour la suite de ta carrière, ça risque de poser quelques problèmes. Oui, en tant qu’instructeur, j’serais débile de ne pas voir ton potentiel et t’imaginer une bonne carrière dans la marine. Mais cela va sans dire que ça dépendra de ton comportement. Tes camarades m’ont raconté ton intervention de tout à l’heure. Tu as su réutiliser les infos transmises, réagir très rapidement, te faire écouter… Pour le dernier point, c’est aussi probablement dû à tes résultats et puissance qui te donnent un certain leadership contesté par Matthieu. Ouais, c’est vrai que j’ai aussi assisté à la scène d’hier. Là encore, tu as été digne jusqu’au bout. Tu feras, je l’espère, un très bon officier supérieur. »

Waow. Je m’attendais à beaucoup de choses mais pas à cela. Il continue de me parler de tas de choses intéressantes tout le long du chemin. Comme quoi, il n’est pas si con ce colonel, puis il a le mérite d’avoir vécu pas mal de choses. Je ne sais pas s’il l’a fait exprès, mais pour la première depuis notre arrivée ici, il a toute mon attention. Je ne réalise aussi que maintenant les bienfaits de ce voyage. J’en ressors plus grand, plus mature. L’importance du leadership… Ça m’a toujours semblé futile, mais c’est en réalité un élément fondamental pour prétendre à un statut d’officier supérieur.

Il est l'heure du bilan, l'heure de se remettre en question, l'heure de fermer ses valises et monter à bord.
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