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Suite des événements joués ici.


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Rien n'était plus agréable que de se réveiller en vomissant plusieurs décilitres de ses sucs gastriques. Trempé du menton jusqu'à la poitrine, le cafard émergea peu à peu. Peinant à décoller ses paupières pour ouvrir les yeux, il observa dans quelle situation il se trouvait.
Observer, c'était guère la seule chose qu'il pouvait faire à présent. Tout son corps lui faisait souffrir le martyr au moindre mouvement léger. Se trouvant dans une petite chambre, il ne tarda pas à en déduire qu'il se trouvait à bord d'un navire après avoir entendu les vagues s'écraser à proximité. En bon pirate, il avait le pied marin, mais pour la première fois de sa vie, il avait le mal de mer. Vomissant une nouvelle fois sans même prendre la peine de tourner la tête, il ne pouvait plus être davantage trempé qu'il ne l'était.

Observant son visage dans un miroir fendu jouxtant sa table de chevet, la mémoire lui revînt peu à peu. La fléchette avec laquelle la jeune fille l'avait blessé à la fesse était clairement empoisonnée. Vraisemblablement un tranquillisant musculaire qui le crèverai lentement mais surement.
Si il était sur un vaisseau, alors cela signifiait que Merry devait l'avoir accepté à bord malgré tout.

La porte de sa cabine s'ouvrit. Dehors, un court instant, il avait pu apercevoir un ciel bleu, et pourtant, ce court instant ou l'air de l'extérieur était rentré dans la piaule l'avait frigorifié. Aucun doute sur le fait que le poison avait méchamment affaibli le forban qui grinçait des dents à cette idée, tout en se blotissant dans la couverture miteuse sous la quelle il était installé.

- Service de chamb... Pouah ! Mais c'est quoi cette odeur ?

Marcus venait d'entrer. L'équipage de Merry ayant été réduit à trois hommes, capitaine inclus, ce dernier avait récemment pris du grade et était passé premier matelot. L'arôme amer et rance de nourriture régurgitée lui égratigna les sinus dès qu'il pénétra la pièce. Après un simple regard, il pouvait voir que le cafard baignait dans les relents gastriques. Pour autant, il ne s'en inquiéta pas le moins du monde.

- Content que tu sois réveillé, je viens te tenir au parfum.

N'écoutant qu'à moitié, la nausée ne facilitant pas l'attention, Joe, allongé dans son lit crasseux avait les yeux rivé sur le plafond.

- Nous allons te déposer sur la prochaine île, et nous ferons immédiatement demi-tour pour Dead End. Le capitaine pense que tu nous a suffisamment foutu la poisse comme ça pour ne pas te fréquenter plus longtemps.

En effet, depuis qu'ils avaient quitté Dead End avec le cafard à bord, l'équipage de Merry avait connu moult misères, son équipage ayant été réduit à trois membres par la force des choses. Bien que les torts étaient partagés entre la psychopathie du forban et le caractère passionné du capitaine Merry, Joe ne put s'empêcher d'esquisser un sourire vicieux se sachant responsable de tant de malheurs. Marcus ne manqua pas de s'en apercevoir, et, affichant sur son faciès un dégoût prononcé reprit sa tirade.

- Ne joue pas le satisfait avec moi. Si on te file un coup de main, c'est parce que le capitaine paie ses dettes, aussi pourries soient-elles. Mais d'ici à ce qu'on arrive, on n'a aucun soin à te donner. Vu ton état tu seras probablement crevé avant d'arriver à quai.

C'est suite à ce genre de provocation que Joe se serait imaginé sortir une répartie cinglante "Toi d'abord" par exemple, brandir son arme, et lui mettre une balle dans la tête. Mais ça, il ne pouvait que l'imaginer, car le simple fait de lever son bras était une torture pour ses muscles. Aussi contrariant cela pouvait être, sans aucun soin, il ne tarderai pas à y passer.
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Au point où il en était, Joe n'était plus capable d'estimer l'heure qui passait. Ses journées à bord n'étaient devenus qu'une succession de pertes de connaissances d'où il ne se réveillait que quatre ou cinq heures plus tard trempé de sueur, et pourtant, glacé à mort. On aurait pu croire que son état s'était amélioré puisqu'il ne vomissait plus. Mais le fait est qu'il vomissait continuellement, cependant, il n'avait plus rien dans son estomac à régurgiter, sa gorge souffrait à force d'esquisser des renvois à vide.

Cette fois, si il s'était réveillé, ce n'était pas parce que la fièvre avait fait bouillonner sa cervelle au point où il en perdait le sommeil, mais parce qu'un bruit l'empêchait de rester endormi. Les yeux exorbités et cernés de fatigue, ses nerfs commençaient à pâtir. Un bruit pourtant anodin. Quelque chose d'assez peu lourd semblait se cogner de temps à autres contre la porte de sa cabine, par moment, il lui semblait entendre gratter.

- Marcus.... Fils... de....

Reprenant sa respiration après avoir expulsé quatre syllabes de ses poumons, le forban se savait maintenant trop épuisé pour se plaindre.
Il suspectait Marcus d'être assez vicieux pour le tenir éveillé. Peut-être espérait-il ainsi le tuer à l'usure. Toutefois, il devait ignorer que le cafard avait la vie dure, en matière d'endurance, rares étaient ceux qui l'égalaient. Un instinct de survie aussi exacerbé que le sien lui avait permis de se sortir plus d'une fois de situations désespérées, si bien qu'il était devenu aguerri aux pires crasses que l'univers avait en réserve. Même la peste serait morte à son contact. À croire que la seule chose capable de vaincre une espèce aussi insignifiante que le cafard, était un spécimen encore plus négligeable, en l'occurrence, une petite fille armée d'une sarbacane et d'une flèche empoisonnée.

En y repensant, il en bavait presque de rage, mais la salive lui faisait défaut. On lui avait laissé une bouteille d'eau à proximité, mais se lever pour s'en saisir lui aurait arraché les muscles tant il était dans un sale état. Dès lors, il ne s'abreuva que de l'immense quantité d'hémoglobine qui vînt emplir ses songes. Si il devait y passer, son seul regret serait de ne pas avoir pris le temps de torturer la fillette avant de l'abattre comme il l'avait fait.
Éviscération, dépeçage, écartèlement, rien n'eut été assez beau à ses yeux pour faire partager sa contrariété à cette enfant dont il avait tué la mère.

Malgré tout le bien que lui procurait son imagination pour le moins tourmentée, le forban n'arrivait pas à se concentrer sur ses scénarios fantasques de torture. Ce bruit continuait, et, bien qu'anodin, associé à la fièvre, suffisait à le rendre fou.

Cherchant à savoir ce qui pouvait l'agacer autant, il reporta son imagination sur ce qui pouvait se trouver derrière la porte. Dehors, il pouvait le voir derrière le hublot, il faisait nuit. Cela lui paraissait tout de même étrange que Marcus prenne sur son temps de sommeil seulement pour le contrarier. Il devait s'agir de quelque chose d'autre.

Peut-être était-ce un seau, ou on ne sait quoi posé sur le pont, qui, à force de tanguer, venait heurter à intervalle régulière la porte de sa cabine. Satisfait d'avoir trouvé une explication plausible, ses paupières se fermèrent toutes seules. Mais vînt à nouveau ce son de grattement qui le maintenait éveillé. Pour ça, il n'avait aucune explication.

- Et si...

Déjà glacé, un frisson vînt le geler davantage en parcourant sa colonne vertébrale. À bien y réfléchir, cela faisait un moment qu'il n'avait pas entendu un des trois autres hommes à bord. Il avait mis cela sur le compte de ses nombreuses phases de sommeil, mais il en vînt à se demander si quelqu'un ou quelque chose n'était pas monté à bord et ne se serait pas occupé d'eux.

On cessa de gratter à la porte. Le cafard souffla rassuré, mais son répit fut de courte durée. On semblait chercher à heurter violemment la poignée de sa porte. Quelque chose frappait contre la poignée, qui, de par le choc, se tournait peu à peu jusqu'à ce que la porte s'entrouvrit lentement de manière angoissante.
Il aurait aimé détourner le regard, mais il ne pouvait s'empêcher de garder ses yeux exorbités et angoissés rivés sur ce qui se présentait face à lui. Cette chose allai entrer, et il n'avait pas la force de prendre ses armes pour se défendre.
Au moins, la fin ne viendrai pas du poison. Ou peut-être que si. Car ce qui pénétra la pièce timidement ne fut nul autre que le petit tigre qu'il avait ramené de l'Île maléfique. Tourmenté par sa santé précaire, Joe en avait oublié jusqu'à la présence de l'animal à bord.


Dernière édition par Joe Biutag le Dim 3 Avr 2016 - 11:11, édité 1 fois
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Le vent fit que la porte claqua pour le plus grand bonheur du forban, frigorifié par l'air frais qui s'était engouffré dans la cabine. Subir une telle température seulement vingt minutes aurait suffit à avoir raison de lui.
À peine entré, l'animal qui avait malgré lui manqué de tuer Joe s'approcha de ce dernier, grimpant sur le lit écrasant le cafard en marchant dessus.

Hurler l'aurait vidé de ses force, aussi, le fiévreux serra les dents alors que la bête lui écrasait ses muscles déjà douloureusement malmenés par le poison dont les effets ne semblaient pas près de s'estomper.
Grite semblait avoir grandit, et grossit, pour le plus grand malheur du forban qui devait supporter son poids. La bête s'était inquiétée à force de ne pas voir Joe qu'il considérait comme sa mère. Gourmand, il vînt lécher les relents gastriques que le cafard avait régurgité à même sa poitrine. Après tout, la bête n'était plus à un repas écoeurant près, il avait dévoré maintes fois des entrailles humaines depuis qu'il fréquentait le forban.

- Sa....lo...pe...rie...

Joe étouffait à moitié alors que l'animal se reposait sur son ventre. Le tigre ronronna, ravi de telles retrouvailles, il allait sans dire que la joie n'était pas partagée. Afin de ne pas crever suite à cet élan d'affection qui l'empêchait de respirer convenablement, le cafard trouva en lui la force de faire un effort surhumain, leva son bras, se saisit de la peau du cou du tigre, et le fit descendre du lit.

Malgré lui, Grite avait redonné un peu de force au forban qui avait été contraint de se bouger pour survivre. On pouvait considérer cela comme une forme de thérapie par la torture, dont les vertus médicinales étaient mésestimées.

S'installant donc à terre à côté du lit, le petit tigre, que Joe aurait volontiers maltraité comme il le faisait si bien, s'endormit paisiblement se sachant à proximité de sa "mère".
Enfin, le cafard retrouvait un peu de répit.
Sans doute était venu le temps de se reposer, mais il n'y parvint pas. Cette fois, il fut maintenu éveillé par des pensées un peu plus saines. Si il se croyait plus ou moins immortel, il connaissait ses limites. Pensant que les effets du poison finiraient pas s'estomper, ce ne fut pas le cas, et, en l'absence de médecin pour le traiter, la perspective de la mort se fit de plus en plus pesante.

Accélérant sa respiration à cette idée, en bon pirate, il n'avait jamais réfléchi à la mort. Sachant que tout avait une fin, il se serait vu mourir vieux, dans son lit, entouré d'or, ou bien lors d'une bataille, abattu d'un coup sec qu'il n'aurait pas vu venir. Mais ce supplice que constituait la mort qui le minait petit à petit, lui laissant le temps de savourer sa déchéance au ralenti, cela figurait dans le top dix des morts qu'il aurait souhaité éviter à tout prix.

C'était en général dans ces instants décisifs qu'il fallait être digne, accepter la fatalité, et surtout, accepter son sort. Joe ne savait même prononcer le mot dignité, attendre de lui qu'il en fasse preuve relevait du fantasme. Serrant les dents,  fermant les poings, il cherchait à résister au poison qui le parcourait des pieds à la tête et qui le consumait lentement mais surement. Mais même la meilleure volonté du monde n'aurait su résister face à un tranquillisant musculaire aussi puissant. Pourtant, tel un gamin qui refusait l'évidence, Joe ne pouvait se résoudre à lâcher quoi que ce soit. Son instinct de survie lui permettrait peut-être de tenir une ou deux heures de plus que n'importe qui. À quoi cela le mènerait-il ?

Sa vie, son existence, il n'en profitait pas, il la consommait. Pragmatique au point que cela relève du cynisme le plus malsain, le cafard pesait tout en terme de perte et profit. Son temps sur terre n'était qu'un délai durant lequel il devait maximiser son enrichissement.
En réalité, sa vie, il l'avait simplement consommée, elle arrivait à présent à sa date d'expiration. Mais trop lâche pour aller au bout de sa logique et pousser le pragmatisme jusqu'au point de reconnaître que son existence était à présent compromise, le cafard redevenait humain et s'accrochait désespérément à la vie pour la finalité de vivre quelques secondes de plus.

À s'embourber dans ses pensées à envisager son destin funeste, le cafard n'avait pas vu la nuit passer. Que le temps passe vite quand on s'amuse.
La porte de sa cabine s'ouvrit, et ce fut Merry en personne, visage austère, qui se présenta à lui.

- On te débarque sur l'île.

Ainsi sonna le glas.
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