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Rhapsodie pirate

Suite des événements joués ici.



***



Ayant essayé de se relever, la douleur au ventre que lui avait infligé Bouba Ho Tep lui faisait trop mal. Ses jambes flagellaient encore, et c'était une très longue route jusqu'au village de la tribu qui l'avait pourchassé ces dernières semaines. Plein de ressources, il activa les Ventio Dials équipés à sa ceinture située sous sa parka. Ainsi, flottant dix centimètres au dessus du sol, ses jambes n'avaient plus à faire d'efforts.

- Magne toi le cul !

Malgré cette propulsion qui lui permettait de se mouvoir très rapidement, il devait ralentir la cadence. Il maintenait en joue à bout de bras Xatreis, qui, lui aussi en mauvais état suite à son affrontement avec le forban, ne pouvait avancer bien vite.
Ne pouvant mettre des coups de pieds à Grite tous les cents mètres comme il le faisait habituellement pour que l'animal arrête de se reposer, le cafard tenait le petit tigre sous son bras gauche le temps du trajet.

- Les miens te mettront en bouillie pirate !

Sur ces mots, Joe cracha, expulsant sa salive jusqu'à atteindre l'arrière du crâne de Xatreis trop diminué pour répliquer.

- Ça, c'est mon problème, on s'en souciera quand j'y serai.

Fier guerrier de sa tribu, Xatreis menait Joe à son village en étant confiant. Là bas, il n'aurait qu'à s'empresser de faire état de l'armement du forban afin que ses camarades ne subissent pas le même sort que lui ou Bouba. Une fois l'effet de surprise de ses armes gâché, le pirate ne pourrait par grand chose face à une centaine d'hommes en colère. C'était la raison pour laquelle Zaza avait si vite consentit à l'amener aux siens.
Mais bien que jubilant intérieurement de la mort prochaine du cafard, ses pensées allaient à Bouba qui avait encaissé une Muggy Ball de plein fouet, se demandant si il s'en était sorti. Le plus brave guerrier de l'Île maléfique, anéanti par un cafard. Cela ne pouvait pas être pardonné.

- Il faut que je me repose, je suis pas en état de marcher.
Ce n'était pas que pour gagner du temps que Xatreis disait cela, ses côtes brisées lui faisaient souffrir le martyr, chaque pas était un calvaire. En guise de réponse, Joe se contenta d'armer son mousquet à triple canon.

- Marche. Tu auras tout le temps de te reposer quand tu seras mort.

Au moins, il annonçait la couleur. Xatreis, qu'il le mène ou non à son village serait exécuté. Et cela, il le savait. Mais avant d'y passer, il devait prévenir la tribu de quelles armes disposait l'infâme pirate. Ce serait son ultime devoir avant de rejoindre ses camarades tombés au combat. Son sacrifice permettrait de sauver le village, et c'était tout ce qui importait.
Joe accepta néanmoins de faire une pause. Plus pour lui que pour son captif à vrai dire.

- Allume un feu, rends toi utile.

Zaza ne contesta pas l'ordre et obéit immédiatement. N'ayant aucune arme sur lui, il sortit le briquet artisanal qu'avaient les membres de sa tribu, et débuta un petit feu de bois, soufflant sur les braises afin qu'il prenne bien. Penché sur son feu, il tressaillit lorsqu'il entendit un coup de feu, et sursauta quand quelque chose s'écrasa à côté de lui.

- Tché ! Cet enculé de singe arrêtait pas de gueuler depuis tout à l'heure, ça fait du bien un peu de silence.

Joe venait d'abattre un immense primate, cela constituerai leur apport en protéines pour le repas qui s'annonçait. Zaza n'en revenait pas que l'on puisse être aussi monstrueux. Les singes étaient réputés pour ne pas être comestibles. Ça, le forban le savait aussi bien que son prisonnier, mais il savait aussi que la cervelle grillée était en revanche mangeable et surtout délicieuse.
Désactivant ses Ventio Dials, faisant signe à Xatreis de s'éloigner et de garder les mains en l'air, il martela la boîte crânienne du gros macaque à coup de bottes pour en extraire la cervelle qu'il étala sur une pierre.

- Fais moi chauffer ça.

Allant s'asseoir sur une souche, portant toujours en joue le sauvage, ce dernier, un peu plus réticent à l'idée d'obéir déglutit. Ce manque d'empathie pour son prochain comme envers le genre animal, c'était un comportement de barbare qui le révulsait. Avant de mourir, il espérait au moins avoir le temps de faire souffrir son ravisseur, ne serait-ce qu'un instant.
Le repas servit, Joe insista pour que Zaza en prenne une bouchée, il voulait s'assurer qu'il ne l'avait pas empoisonné. Xatreis, dont sa religion était un culte à la nature trahissait tout ce en quoi il croyait en obéissant. Mais il devait jouer le jeu assez longtemps pour conduire le sinistre forban jusqu'à chez lui.
Grite se régala d'une bonne portion de la cervelle de primate, tout comme Joe qui mangea quelques fruits en guise d'accompagnement. Seul Xatreis, les larmes aux yeux, régurgita son repas tremblant.

- Bon, t'as assez repris de forces comme ça. On y retourne.

Et le forban activa à nouveau ses Ventio Dials. Cet épisode avait plus affaiblit le sauvage blessé que ça ne l'avait renforcé, mais il devait tenir bon. Une fois ses camarades informés des atouts du pirate, ce dernier était assuré d'y passer.
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Une journée de trajet et ils n'étaient toujours pas arrivés. Joe se mordit la lèvre inférieure. À aucun moment il n'avait envisagé qu'il faudrait plus d'une journée pour faire le chemin. Il était évidemment hors de question de dormir avec un guerrier indigène dans le coin, même attaché à un arbre, le cafard n'était pas très confiant.
Il faudrait faire tout le chemin d'une traite, de jour comme de nuit. Bien qu'il connaissait l'emplacement du dit village, il était crucial pour Joe d'y aller avec Xatreis dont il comptait se servir comme otage afin de libérer Merry Fredcurry et ses hommes pour qu'ils l'accompagnent.

- On est encore loin ?

Zaza, qui avait eu en tête l'idée de profiter que le cafard se repose pour l'attaquer dans son sommeil lui adressa un sourire peu franc.

- Une dizaine d'heures encore, on ira après avoir dormi.

Mais il fut contrarié dans ses projets.

- C'est moi qui instaure la cadence, on marchera de jour comme de nuit. T'inquiète pas pour les grosses bêtes, je m'en occupe.

Vraiment, l'indigène n'aurait jamais cru que le forban soit assez déterminé pour faire tout le trajet sans interruption. A force de subir des crasses, Joe avait fini par développer une certaine endurance. Ne pas dormir pendant quarante huit heure et marcher tout le long demeurait du domaine du possible pour lui.
D'autant plus qu'il n'avait pas besoin de marcher, puisqu'il se reposait uniquement sur ses Ventio Dials pour se déplacer.

- Je... Je n'en aurais pas la force.

Essuyant une petite moue déçu, Joe lui répondit un sourire aux lèvres.

- Tu m'y mèneras, ou tu crèveras en essayant.

Compte tenu des modalités de captivité, le sauvage n'avait pas le choix, tous deux devaient y aller sans repos envisageable. La sécurité du forban en dépendait.
Alors s'annonça une longue marche. Tout du moins pour Xatreis qui lui n'était pas propulsé par Ventio Dials. La résolution du forban paraissait plus forte que la sienne, cela, il ne voulait pas y croire. Un pirate aussi minable ne pouvait être aussi endurant qu'un fier guerrier de l'Île maléfique. Il redoubla alors d'efforts pour tenir le coup, il était bien décidé à mener Joe à sa tribu, là où il serait enterré. Cette seule pensée le motivait pour marcher.
Ses forces l'avaient abandonnées, seule sa volonté et l'envie de prévenir les siens le maintenait debout. Il donnerai toutes les forces qu'il lui restait, de toutes manières, il savait qu'à l'issue de tout cela, il serait abattu d'une balle dans la nuque juste après avoir annoncé l'effet des armes du forban.

Avancer de nuit était une vraie plaie, mais il arrivait à se repérer. Cette forêt, il l'avait parcourue dans chacun de ses coins et recoins depuis qu'il était enfant. Si tout se passait bien, ils arriveraient quand le jour se lèverait.

- On s'arrête....

Un regard suspicieux, le forban scrutait partout à droite à gauche, ne voyant pas à deux mètres devant lui. Ne voulant pas être repéré par des alliés de Xatreis en pleine forêt, il avait exigé qu'aucune torche ne soit allumée. Ayant un mauvais pressentiment, il révisa sa position.

Alors que Xatreis, vraiment éreinté peinait à faire une torche qu'il alluma enfin, tous deux écarquillèrent les yeux lorsque les alentours se firent plus visibles.

- B... Biutag, c'est....

Le sauvage n'avait pas besoin de lui dire de quoi il s'agissait. Bien que Joe ignorait tout du nom exact de ce qui les avait traqué cette nuit, il avait compris que c'était hostile.

- Des putains de macaques...
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Lors de leur pause repas, c'était un orang-outan qu'avait abattu Joe afin de s'en repaître. Cette variété simiesque qui les entourait à présent était plus petite, mais avait l'air autrement plus dangereuse. Une horde de babouins sauvages, aux crocs proéminents.

- Ça mange pas des fruits en principe ces saloperies ?

Comptant le nombre de spécimens autour d'eux, Xatreis en dénombra une bonne vingtaine.

- Ceux-ci font parfois quelques exceptions. Ce sont des animaux territoriaux, et ils n'aiment pas les intrus...

Si il avait passé sa vie dans la forêt, Zaza savait évidemment qu'il y avait des babouins dans cette région de l'île. Mais trop épuisé pour faire un détour et allonger le chemin jusqu'à son village, il avait compté sur le fait qu'ils passeraient leur nuit à dormir. Ce fut un mauvais calcul de sa part. Mais aussi fâcheuse s'avérait cette situation, il finit par s'en accommoder et même s'en réjouir.

- Nous sommes foutus pirate héhé... Je n'ai pas la force de les affronter, et ils ne te laisseront pas le temps de recharger ton trois coups. Pour toi, le voyage s'arrête ici.

Observant scrupuleusement les animaux qui semblaient hésiter à les attaquer, s'approchant sournoisement centimètre après centimètre, Joe en avait conclu une chose. Dans une meute, il y avait toujours un chef, peu importe la race animale. De par ses lectures, il savait que pour pourrir la cohésion d'un groupe animal, tuer le chef était la meilleure solution. Cela valait autant avec les marines que les babouins, les deux pour Joe, appartenant plus ou moins à la même espèce.

- T'es sûr de toi Zaza ?

Annonça t-il un sourire vicieux au visage. Cela eut pour effet d'entamer la bonne humeur du sauvage qui venait de comprendre que Joe avait une solution. Il se demanda si il allait à nouveau avoir recours à une de ses munitions explosives.
Mais il n'en fut rien.
Une simple balle fut tirée dans le crâne de celui qui s'imposait comme le mâle dominant. Un épais bestiau qui criait le plus. Ses congénères semblèrent perdus.

- C'est ça enfuyez vous bandes de....

Il allait les traiter de "macaques" mais cela n'était pas tellement une insulte.

- Bande de saloperies.

Un manque d'inspiration manifeste. En entendant "saloperie", Grite qui passait son temps pendu au bras gauche du forban se réveilla croyant qu'on venait de l'appeler. Une vingtaine de singes était la dernière chose qu'il avait envie de voir, l'amenant à se blottir contre son "bienfaiteur".
Malgré les prévisions du pirate sournois, les babouins ne partirent nulle part. Pire encore, le coup de feu et la mort de leur meneur semblait les avoir excités. Comme quoi, il ne fallait pas croire sur parole tout ce qu'on trouvait dans les livres de la bibliothèque de Torino.

- Fais chier !

Se penchant bien en avant pour bénéficier de la vitesse de propulsion de ses Ventio dials, il saisit Xatreis par la gorge et le traîna avec lui. Après avoir été patient, les circonstances firent qu'il devait se presser. Tout ce qu'il espérait, c'était que son otage ne finisse pas étranglé avant qu'ils n'arrivent au village.
Propulsé à une telle vitesse par Ventio Dials, il ne leur faudrait pas une heure avant d'arriver.


Technique utilisée:


Dernière édition par Joe Biutag le Ven 1 Avr 2016 - 10:28, édité 1 fois
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Bébé tigre sous le bras gauche, sauvage hargneux au bout de l'autre bras, si on l'attaquait, Joe ne pourrait pas se défendre comme il se devait. Par conséquent, il était crucial qu'il arrive au village dans les plus brefs délais. Xatreis, ainsi maintenu, martelait le poignet du cafard avec le peu de force qu'il lui restait. Cela n'eut comme effet que de renforcer l'étreinte de la poigne serrée autour de son cou.

- Tiens toi tranquille Zaza ou je te lâche !

Cela suffit à calmer l'indigène en colère en dépit du fait qu'il étouffait lentement mais surement. Si Joe, qui fusait à vive allure propulsé par ses Ventio Dials, venait à le laisser en pleine nature, c'en était fini de lui. En effet, la horde de babouins en colère ne les avait pas lâché. Habiles, prenant appui de branches en branches pour tenter de les poursuivre, la race simiesque semblait en colère. C'était l'effet Joe Biutag qu'ils ressentaient, ce même effet qui motivait des foules en colère à se saisir de leurs torches et leurs fourches pour casser du cafard.

Le forban reconnaissait ce recoin de la forêt. Partout, des flèches étaient plantées dans les arbres aux alentours. C'était là où il était passé lorsque les autochtones l'avaient poursuivi la première fois qu'il était arrivé au village de la tribu. Et malgré cet accueil chaleureux, il y retournait comme une fleur. Comme le disait l'adage "Si on te chasse une première fois d'un village, revient une autre fois avec un otage et une vingtaine de babouins au cul". Ce n'était pas un dicton très connu.

Les cris tonitruants des bêtes enragées se mêlaient aux complaintes de Grite, terrifié par ses poursuivants, ainsi que les gargouillis de Xatreis qui s'étranglait et commençait à virer au bleu. Joe comptait sur une arrivée discrète, c'était raté.

- Me claque pas entre les pattes on est arrivé !

Déjà il apercevait les cases et les visages ahuris qui voyaient flotter le forban, un indigène en mains poursuivi par une meute de macaques. S'enfonçant dans le village, les babouins, se sentant menacés par les nombreux humains qui peuplaient le lieu se séparèrent pour s'attaquer à des proies isolées. En même pas vingt seconde de présence au sein de la tribu, le chaos total régnait.

- Bordel Zaza, t'y crois ça ? Avec ces cons de singes j'ai même plus besoin d'otage hinhin !

Sans la moindre hésitation, il lâcha le dit otage qui, chutant à plus de vingt kilomètres heures, perdit conscience immédiatement, assommé contre le sol. Au moins à présent, il pouvait respirer, mais il n'avertirait personne de quoi que ce soit.
Effectivement, l'infâme forban n'avait plus besoin d'otage. Les babouins constituaient une source de distraction monstrueuse, puisque les guerriers, afin de protéger les femmes et les enfants, devaient chasser chaque animal et délaisser Joe qui se baladait tranquillement dans les alentours.

Mais il n'était pas venu pour profiter du paysage ou regarder des femmes se faire arracher la joue par des crocs de macaques, aussi distrayant cela puisse être. Non, il était venu pour récupérer le reste de l'équipage avec lequel il était arrivé ici. A l'origine, ils avaient quitté Dead End avec plus d'une quarantaine d'hommes, mais il ne restait que le capitaine Merry Fredcurry et trois de ses hommes enfermés dans une cage de bambou.
Ces derniers jours, ils les avaient passé à se faire tabasser par les autochtones qui voulaient des informations sur où pourrait se trouver Joe Biutag. Les malheureux n'en savaient évidemment rien. Tandis que le forban s'adonnait à la cueillette de fleurs, les quatre captifs avaient méchamment morflé, surtout le capitaine.

Doté d'une technique qui lui permettait de tuer un homme avec des ultrasons qu'il projetait de sa bouche, Merry devait se trouver à au moins cinq centimètres du tympan pour que son attaque fonctionne. Après avoir perdu plusieurs hommes, les sauvages avaient opté pour une torture plus indirecte. De l'extérieur de la cage, ils l'avaient harcelé à coups de pieux.
C'était un Merry Fredcurry coupé de partout que Joe retrouva allongé dans sa cage. Les deux hommes s'étaient quitté en de mauvais termes lorsqu'ils étaient arrivé sur l'île, il ne tenait qu'au forban de se faire passer pour son sauveur afin que le capitaine pirate lui soit redevable et consente à ne pas le tuer.
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Ces derniers jours de torture, le pirate chansonnier ne les oublierait jamais de sa vie. Lui, était venu sur Grand Line afin de découvrir de nouvelles musiques. Jamais il ne s'était attendu à tant de haine sur la route de tous les périls. Suffisamment redoutable pour se battre contre des adversaires puissants, à son arrivée brutale sur l'Île maléfique, il s'était réveillé du naufrage mains et jambes attachées, ligoté pendant son sommeil sur la plage.

Torturé plus tard, après que Joe ait fait des siennes comme il le faisait trop souvent, le capitaine pirate se jura de lui faire payer si il venait à sortir. Mais, perforé ici et là par les pieux confectionnés par les sauvages, ses forces le quittaient peu à peu.

- N'ayez crainte capitaine ! Je suis venu vous sauver !

Si il s'était attendu à ça. Ayant peu fréquenté Joe, ce dernier avait passé son temps à lui pourrir la vie, bien que cela fut réciproque. Qu'il arrive la fleur au fusil en l'appelant en plus "capitaine", il n'y croyait pas. C'était trop beau. Tout était pardonné. Si le cafard venait à le sortir de cette cage où il avait croupi ces dernières semaines, il renoncerait à son projet de le tuer, il en faisait le serment.

Bien évidemment, Joe n'était pas venu pour ses beaux yeux, mais uniquement parce qu'il ne pouvait pas naviguer seul sur Grand Line. Aurait-il trouvé un autre équipage qu'il aurait laissé Merry et ses hommes crever sans avoir la moindre pensée à leur encontre. Brisant le loquet à coup de mousquet, les quatre hommes étaient libres.

- Vous réjouissez pas trop vite. Il reste trois jours avant que le Log Pose soit rechargé.

Se retournant vers là où se trouvaient les habitations, il ajouta :

- Et je doute que les singes les retienne jusque là...

Dans un cri déchirant, le dernier des babouins venait d'être trucidé d'un coup de lance par un guerrier arrivé hélas trop tard pour sauver un nouveau né. Ayant expédié les affaires courantes, fous de rages dû au fait que les dégâts occasionnés par l'engeance simiesque étaient à mettre sur le dos du cafard, l'occasion parfaite de se débarrasser de lui venait de se présenter.

- Tu es fait pirate ! Cette fois tu ne nous échapperas pas.

Brandissant lances et autres armes de sauvages, ils poussèrent un hurlement de combattants. Tous les hommes du village, ce qui se montait à une bonne centaine de personnes, se ruèrent en direction cages. Joe aurait pu fuir facilement, mais Merry et ses hommes étaient trop faibles pour marcher. Si le forban vicieux était doué quand il s'agissait de sauver sa peau, il n'était pas rôdé à la protection de ses camarades. Lui faisait plus dans la trahison que dans la protection.

- Arrêtez vous.

Une voix profonde stoppa l'intégralité des autochtones. Ceux-ci levèrent le nez en direction d'où elle venait. En haut d'une falaise, fièrement dressé, se trouvait un homme à la silhouette élancée. Le soleil faisait que Joe ne parvint pas à voir de qui il s'agissait. Mettant sa main en écran, ses yeux furent soudain gorgés de veines sanguines.

- C'est pas vrai !

Malheureusement pour lui, ce n'était pas un cauchemar. Debout, le surplombant, ce n'était autre que Bouba Ho Tep qui resplendissait de mille feux. Lourdement blessé par la Muggy Ball qu'il n'avait pas bloqué, il avait été néanmoins suffisamment résistant pour se lever et rattraper le cafard. Le jeune garçon au pantalon rayé n'avait pas usurpé son titre de guerrier le plus puissant de l'Île. Survivre à une telle explosion et se lever pour un nouveau combat, cela forçait le respect.
Dans le cas du forban, cela lui donnait des frissons. Il n'avait pas chargé son mousquet à triple canon avec ses trois Muggy Balls restantes. L'affaire se présentait mal.
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Il ne perdait pas de temps. Bouba sauta de la falaise prêt à s'écraser sur le cafard et à en terminer rapidement. Aucun autre sauvage n'osait intervenir, tous étaient bien trop respectueux de l'aura du jeune guerrier pour entraver son combat.
La chute était assez haute, Joe eut le temps d'esquiver le coup de pied sauté qui fit sauter la roche sous le pied de Bouba. Ce n'était qu'une introduction pour montrer qu'il ne plaisantait pas.

Dévoré par la rage, Ho Tep ne retiendrait aucun coup. Observant le cafard tremblant qui allait à reculon, se protégeant déjà avec ses avant bras pour encaisser un coup dans ses Impact Dials situés dans la doublure des manches de sa parka, il n'eut qu'un regard de mépris à lui adresser. Le petit tigre avait été déposé à terre depuis longtemps et se cachait derrière Merry pour ne pas risquer de subir le moindre coup.

- Ta garde est pleine de trous.

Évidemment qu'elle l'était, Joe n'avait rien d'un combattant. C'était le surestimer que de lui faire une telle remarque. Bondissant tel un fauve, Bouba glissa à même le sol, l'idée était de  tacler son adversaire au niveau des tibias. Une fois ses os brisés, le cafard serait immobilisé, et il ne resterait qu'à l'achever.
Cependant, obsédé qu'il était par l'impitoyable forban, il l'avait pas vu venir Merry Freducurry qui, libéré de ses liens, lui fondit dessus, poussant un ultrason redoutable.
Heureusement pour Bouba, il avait repoussé le trouble fête avant que celui-ci ne soit trop près pour le tuer de par son cri qui tue. Néanmoins, les vagues de sons étaient passées à dix centimètres de son oreille droite, et il souffrait le martyr. Hurlant, il se tînt la boîte crânienne entre les mains. Joe tomba littéralement sur le cul. Merry l'avait sauvé. Pour un temps seulement.

Tous les guerriers restés sagement en retrait pour observer le combat de Bouba intervinrent en voyant ce dernier blessé par les vagues soniques. Fous de rage, c'était comme ça que Joe les aimait. Se relevant vivement, il les aveugla de de son Flash Dial au creux de sa main gauche.

- Baudroie !

Les quatre hommes derrière lui comprirent qu'il était temps de faire machine arrière. Profitant de la cécité temporaire, néanmoins assez longue des sauvages qui s'étaient approchés trop près de la lumière, la petite troupe s'enfonça suffisamment loin ans la forêt, accompagnée du petit tigre, pour ne pas pouvoir être pourchassé.
Derrière eux, l'un des hommes du capitaine avait prit soin d'effacer leurs traces de pas en les essuyant avec une large feuille d'arbre qu'il avait trouvé à terre. Leurs arrières étaient saufs grâce à lui.

Toutefois, il ne fallait pas  se reposer sur ses lauriers. Tant qu'ils n'auraient pas mis au moins dix kilomètres entre eux et le village, leur sécurité n'était pas assurée. Bien qu'épuisés, les évadés usaient de leurs dernières forces pour aller toujours plus loin dans la jungle.

Ils avaient été libérés aux premiers rayons du soleil, et déjà, ce dernier culminait au zénith. Ne pouvant marcher plus loin, ils décidèrent enfin de faire halte pour se reposer. D'après la position du soleil, ils étaient à l'extrême Nord de l'île. Non loin de là, on pouvait même entendre les vagues s'écraser sur la plage toute proche.

Couverts de coups de soleil, Merry et ses hommes se ruèrent sur la plage afin d'asperger leur peau malmenée d'une eau glacée. Joe ne les suivit pas. Lui n'avait pas dormi de la nuit une fois encore. Il s'adossa au bord d'un bananier. Se laissant glisser le long du tronc, il sentit quelque chose de rapeux dans le dos. Se retournant, l'arbre avait trois entailles tracées au couteau.
Cela lui rappelait quelque chose. Ces vagues entailles lui semblaient cruciales, il ne savait pas pourquoi, mais il en avait le sentiment.

Plus loin, Grite creusait dans le sol pour y déloger la taupe qui venait de s'y enfouir. Ces bruits de terre grattée constituèrent le déclic. La mémoire de son premier jour arrivé sur l'île, qui avait disparu suite à un violent choc à l'encontre de son crâne lui revînt.

- Oh chiasse...

Il se laissa tomber sur le cul. Ce n'était pas la fatigue qui l'avait mené à tomber ainsi, mais la surprise. Ses bras et ses jambes étaient devenus soudainement fébriles. La consécration venait de se manifester face à lui.

- C'est là où l'émeraude est enterrée !


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