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Au Nord-Est rien de nouveau

Suite des événements joués ici!,




***




En dépit de l'absence de vitres, la hutte des Raymond et Lucette protégeait bien du froid. Joe avait passé une très bonne nuit, la première depuis longtemps. Bien évidemment, il n'avait pas dormi dans la chambre à couché, c'eut été un peu salissant.
Redressant la tête de la table à manger où il s'était allongé, il s'étira comme il le faisait chaque matin et se leva. La situation commençait à s'améliorer pour lui. Il n'avait plus à craindre le froid puisqu'il pouvait voler les habits de Raymond, et surtout, la perspective d'être poursuivi et massacré par un couple de vieillards n'était plus un problème depuis la mort de ces derniers.

- Grite ! Debout feignasse !

La veille, en observant le bébé tigre dévorer les entrailles de Raymond répandues sur le plancher de la chambre, le cafard avait ressenti une certaine tendresse pour la bestiole. A moins que cela ne fut de la satisfaction de voir l'animal désacraliser le cadavre d'un homme qui ne lui avait que trop tapé sur les nerfs.
Toujours est-il qu'il avait donné un nom à la boule de poil qu'il souhaitait pourtant dépecer à l'origine. Le fait que Grite ait cessé de miauler une fois son estomac rempli avait disposé le forban à renoncer à s'emparer de la fourrure de l'animal.

- Je vais découper un morceau de Raymond pour la route et puis on est parti chasser notre repas et éventuellement mon trésor si le me souviens d'où il est.

Sans comprendre celui qu'il prenait pour sa mère, la bête allongée se contenta de bailler. Armé de son bout de roche tranchant, le cafard entra dans la chambre. L'odeur de charogne empestait déjà da pièce, si Joe n'y avait pas été habitué toute sa vie, sans doute eut-il essuyé un renvoi.
Le sang avait séché, et les tripes de Raymond, à l'air libre, avaient l'air ragoutantes. Servir un tel morceau de viande aurait pu empoisonner le bébé tigre. Mais cela ne posait pas de problème, car la veille, Joe avait engendré deux cadavres, il lui suffirait de découper un morceau de Lucette qui était moins esquintée.

- Faut trancher dans le muscle Grite, c'est ça le secret !

Et le forban s'y connaissait. Suite à son évasion de la prison du QG de South Blue, il avait dû déguster de la chair humaine pour tenir le coup. Emballant les biceps de Lucette dans quelques morceaux de papiers, il les mis dans sa poche. Car il ne portait plus son pagne tigré, simplement les vêtements de Raymond, trop petits pour lui, mais suffisant pour tenir face au froid.

- Putain de vioc, ses pantalons m'arrivent aux genoux...

Il est vrai que Raymond était un homme de petite taille, en portant sa veste, Joe avait craqué le dos dès l'instant où il l'avait enfilée. On pouvait dire qu'il avait fière allure vêtu ainsi. D'autant plus qu'il avait dû conserver ses chaussons faits en pattes de tigre, les chaussures du vieux charpentier étant immettable.
Un fusil en bandoulière dans le dos, un autre à la main, il était un peu mieux paré pour retourner explorer l'île.

Cependant, le cafard n'avait toujours pas retrouvé ses affaires. Ce n'était pas Raymond et Lucette qui l'avaient dépossédé de tous ses vêtements et équipements. Par élimination, ce devaient être ces indigènes dont lui avait parlé Lucette avant qu'il ne s'occupe d'elle.
Des peuplades du Nord-Est de l'île qui, depuis que la compagnie s'était servi d'eux comme gibier pour chasse à l'homme, n'appréciaient que très peu les intrusions étrangères.

- Des tarés sur une île qui n'aiment pas les étrangers... C'est l'histoire de ma vie ça peuh !

Crachant à même le sol alors qu'il s'apprêtait à quitter la hutte, il espérait que cette fois-ci, les choses se passeraient mieux que sur l'île des animaux. Rien n'était moins sûr.
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Difficile de se repérer dans une forêt aussi dense quand on se référait à la position du soleil. La plupart du temps, le feuillage lui bloquait la vue du ciel, le forban se surprit à devoir rectifier sa trajectoire plus d'une fois. Même au milieu d'une végétation aussi luxuriante, ce n'était pas son genre de se perdre. D'autant plus que de ce qu'il avait exploré jusque là, l'île lui paraissait bien plus grande que ce qu'il n'avait cru. Atteindre le Nord-Est alors qu'il était parti de l'extrême Sud, cela serait l'entreprise de plusieurs jours de marche.

- Formidable....

Se traîner avec ses chaussures artisanales faites en patte de Tigre était déjà assez désagréable, mais sur des dizaines de kilomètre, cela risquait d'être vite lassant. D'autant plus lassant que le petit tigre n'arrêtait pas de s'allonger pour se reposer. C'était un félin après tout, l'un des espèces animales les plus flemmardes de la planète.
Mais un bon coup de pied suffisait à motiver la bête qui reprenait la marche et suivait sa "maman". Depuis le temps, l'odeur de sa mère s'était confondue avec celle du forban. Ce dernier n'avait plus besoin de porter la peau de la mère tigre pour que Grite le considère comme sa génitrice et ne le suive partout. Si il prenait exemple sur Joe, le tigre finirait par devenir un animal vicieux et impitoyable.

- Arrête de te traîner saloperie !

Si le cafard s'était résigné à donner un nom à la bête, ce n'était pas pour autant qu'il allait cesser de lui jeter toutes les insultes possible et imaginable à la truffe. Le chemin promettait d'être long, et s'arrêter tous les cent mètres pour mettre un coup de pied afin de motiver la bête s'avérait usant. La boule de poils était si habituée aux coups du sinistre pirate qu'ils ne lui faisaient plus peur du tout.

Après six longues heures de marche sous une chaleur éreintante, le forban deigna faire une halte, il n'en pouvait plus. Ayant trouvé un cour d'eau, il s'installa à proximité que l'animal puisse s'y désaltérer. Joe lui, s'était gavé de tous les fruits qui lui étaient passés à portée de main durant tout le trajet, la fermentation dans son estomac lui donnait l'impression d'imploser. Si les fruits avaient pour vertu de désaltérer, ils avaient pour la plupart la formidable propriété de refiler la chiasse à qui en abusaient.
Accroupis derrière un buisson, le cafard pesta comme il en avait trop souvent l'habitude.

- Mange des fruits mon garçon, c'est bon pour la santé....

Cette phrase prononcée sur un ton ironique fut ponctuée du bruit d'une coulée intestinale. Plus il se vidait, plus il lui faudrait s'hydrater, plus il lui faudrait manger de fruits, plus il se viderai. Un cycle digestif infernal s'annonçait pour l'intégralité de la durée de son séjour sur l'île.
S'essuyant avec une des innombrables feuilles qui l'entourait, il espérait que la durée de recharge du Log Pose ne serait pas long. Mais il espérait surtout récupérer son Log Pose et l'intégralité de ses affaires avant de se soucier de ce problème.

Sorti de derrière les buissons, il jeta les morceaux de viande au bébé tigre, qu'il avait arraché de la carcasse de la vieille Lucette.

- Un bon conseil, savoure, je sais pas quand est-ce qu'on tombera sur un autre morceau de viande en chemin.

Lui même rêvait d'un bon rôti cuit à la braise et de viandes en tout genre. Le régime frugivore le tuait plus qu'il ne contribuait à améliorer sa santé. Il lui fallait de la viande lui aussi. S'adressant à Grite, il avait choisi de repousser son voyage jusqu'au village des autochtones pour quelques temps.

- Changement de programme tête de couille, on va partir à la chasse !

Armé de deux fusils, cela s'avérait plus facile qu'avec sa simple pierre taillée. Mais ce n'était pas gagné pour autant.
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- Trente et un, trente deux, trente trois !

Trente trois munitions disponible. Plus qu'assez pour chasser un herbivore lambda. Les seuls animaux qu'il avait vu sur l'île étaient des tigres, de très nombreuses variétés d'oiseaux, et des foutus singes hurleurs qui s'époumonaient dans toute la jungle. Joe n'avait jamais mangé de primate, et il fallait avouer que cette perspective de repas l'alléchait. Seulement, pour le moment, aucun macaque ne zonait dans les alentours. A croire qu'ils avaient perçu les sombres desseins du cafard et avaient préféré se faire tout petit en attendant.

- Qu'est-ce qu'elle bouffait ta mère Grite ? En dehors de balles dans la tête hin hin

Heureusement, l'animal ne le comprenait pas son camarade. Joe avait tué sa mère sans remord dès son arrivée sur l'île, ce trait d'esprit n'amusait que lui. Si il avait pu lui répondre, l'animal lui aurait fait savoir que des phacochères peuplaient les environs au centre de l'île. Mais le forban ne tarda pas à le découvrir par lui même. N'étant pas un chasseur expert, des marques de sabot dans la terre indiquaient la présence d'un herbivore dans les environs. Que ce soit du cheval, du cochon, du zèbre ou de la girafe, il s'en foutait tant qu'il pouvait le bouffer.
Chopant la boule de poils par la peau du cou, il lui enfonça le nez dans les traces de sabot. Pourtant, le cafard savait pertinemment que les félins n'avaient pas le même odorat que les chiens, mais qui ne tente rien n'a rien. Aucun résultat, le bestiau se contenta de se rouler sur le dos et de ronronner.

- Qu'est-ce qu'il est con ce zèbre...

Joe ignorant à quelle espèce appartenait Grite, du fait de ses rayures, il l'appelait le zèbre. Pas vraiment le même genre d'animal.
Poursuivant tous deux les traces de sabots, il ne s'éloigna pas tant que ça de sa trajectoire d'origine, déviant un peu vers l'Ouest par rapport à là où il comptait se diriger. Puis, après quelques heures de marche, en fin d'après midi, Joe finit par trouver son bonheur.

Le groin enfoncé dans le sol, l'animal cherchait à déterrer des glands pour s'en repaître. Pointant le phacochère de son fusil, il s'apprêtait à tirer quand on vînt le bousculer. Un autre phacochère, aussi petit que celui qu'il braquait venait de le pousser.

- Connerie de cochon sauvage, je vais te faire la peau en premier. Tiens Grite, prends exemple sur ce brave Joe Biutag, je vais te montrer comment qu'on chasse.

Appuyant cette fois le canon de son fusil sur le front de l'animal, c'était la méthode de chasse de Joe Biutag, lâche, salissant, mais efficace. Le coup de feu se fit entendre à des centaines de mètres aux alentours, le bestiau d'était écroulé.

- À table !

Prêt à découper la bête, il jeta un oeil derrière lui alerte. Des bruits l'inquiétaient. Et pour cause, une dizaine de phacochères, plus costauds ceux-ci, avaient été attirés par le bruit. L'un des leurs venait d'être abattu.

- Deuxième technique de Joe Biutag.... COURS !

Le forban était aussi expert en meurtres déloyaux qu'en fuites déshonorantes. Suivi de près par Grite qui expérimentait sa première chasse, tous deux étaient poursuivis par une dizaine de sangliers noirs aux défenses acérées, un coup suffirait à leur percer la panse.
Grimpant à l'arbre le plus facile à escalader qu'il puisse trouver, le petit tigre, à l'aide de ses griffes l'imita parfaitement.

- Tu apprends vite tête de couille, c'est bien.

Les deux étaient grimpés jusqu'à une branche de l'arbre qui semblait être un hêtre. Tranquillement installé, Joe rechargea son fusil, cela lui prenait beaucoup plus de temps qu'avec son mousquet à triple canon. Son arme lui manquait terriblement.
Avec ses deux fusils, alternativement, il tira de là où il était perché, abattant quatre phacochères l'un après l'autre. Après un petit moment, le reste de la meute ne tarda pas à comprendre qu'ils subirait le même sort si ils restaient en bas à attendre que les chasseurs ne descendent de l'arbre.

Une fois que les bêtes furent suffisamment éloignées, Joe et la boule de poils descendirent à leur tour. Constatant l'hécatombe de porcs, Joe se retrouvait avec bien plus de viande sur les bras qu'il ne pouvait en manger ou même transporter.

- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de tous ces putains de gros porcelets ?

- Tu pourrais partager l'ami.

Partager. Rien que ce mot suffisait à lui donner des boutons, se retournant vivement, cinq indigènes le braquaient de leur arc. Lui qui voulait entrer en contact avec les locaux, c'était chose faite, le coup de feu avait suffit à les alerter.
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Comme les phacochères, Joe et Grite avaient été suspendus par les bras et les jambes à un poteau transportés par les sauvages qui l'avaient mis aux arrêts. Le sang leur montait à la tête, mais au moins le forban s'estima heureux d'être encore en vie. Puisqu'on l'avait baillonné, il ne pouvait pas se renseigner sur sa destination. Tout ce qu'il espérait, c'était qu'il ne partagerait pas le même destin que les phacochères qu'il avait lui même chassé. Depuis qu'il était sur l'île, c'est à dire environ trois jours, jamais il ne s'était demandé si les autochtones étaient anthropophage.

"J'aurais dû demander à Lucette avant de la buter"
Pensa t-il.

Mais il était un peu tard pour envisager ce genre de considérations. D'autant plus que les sauvages avaient jeté les fusils qu'il avait volé au couple de chasseurs. Difficile dans ses conditions de s'en sortir. Une fois qu'ils ôteraient son baillon, il ne lui resterait que ses cordes vocales pour se sortir du pétrin dans lequel il était.
Enfin il apercevait un village. Les habitations étaient plus que rudimentaires, on était loin du travail de charpentier de Raymond. Si l'on ajoutait à ça aux arcs et aux flèches pour se défendre, l'hypothèse de la tribu de bons sauvages se confirmait, Joe avait vu juste.

- J'comprends qu'vous ayez ramené les cochons, mais les deux machins là que veux-tu qu'on en fasse ? Bute moi ça.

Un blondin à la carrure assez épaisse s'était amené pour réprimander ceux qui venaient de rentrer avec le butin de "leur" chasse. Le cafard craignait le pire. Lucette lui avait bien dit que les étrangers n'étaient pas très appréciés sur l'île depuis que la compagnie touristique y avait fait du grabuge.

- Zaza, Papy Mujo a dit qu'on devait lui apporter tous les étrangers avant de les juger, pas d'exécution sommaire par ici, on vaut mieux que les salopards qui nous ont fait souffrir.

Grognant à moitié, le dit Zaza répondit avant de retourner à ses occupations.

- Encore de belles conneries si tu veux mon avis. Déjà qu'on doit nourrir les quatre bons à rien en prison, c'est une perte de temps.

"Quatre bons à rien". Joe n'était manifestement pas le seul étranger sur l'île, et il avait une idée précise de qui pouvaient être les autres. Il devait s'agir de Merry Fredcurry et ses hommes. Le forban était arrivé sur l'île avec eux, et leur avait faussé compagnie après qu'ils se soient échoué sur l'île maléfique.
Il espérait de tout coeur qu'on ne l'enfermerait pas avec Merry. Ce dernier était bien plus costaud que lui, et avait quelques bonnes raisons de lui faire la peau. Tout comme la moitié des habitants de la troisième voie de Grand Line d'ailleurs, l'autre moitié constituant ceux qui ne l'avaient pas encore rencontrés.

- Papy Mujo, encore un étranger. Celui-ci a l'air différent des autres, mais il avait deux fusils avec lui.

Un vieil homme buvait une tisane en lisant quelques parchemins de cuirs semblables à ceux que Joe avait vu dans la crypte. Levant la tête de ses lectures, il toisa le prisonnier qu'on lui amenait les mains attachées, et toujours bailloné.

- Est-il nécessaire que le tigre soit baillonné lui aussi ?

C'est par excès de zèle que les indigènes avaient attaché les pattes de Grite et lui avaient mis un chiffon dans la bouche pour qu'il cesse de miauler.

- Jeune explorateur, dis moi ce que tu fais sur cette île et parle franchement, je suis doué pour déceler des mensonges. De tes réponses dépendra ton sort.

C'était la poisse la plus totale. Mentir, Joe ne savait faire que ça, surtout en situation de crise. On venait de le capturer sur une île où les autochtones sont réputés hostiles envers les étrangers. Il se voyait mal se présenter comme Joe Biutag, pirate cupide et vicieux, recherché activement par la marine, et, entre bien d'autres faits déplorables, responsable d'une guerre civile sur l'île de Clockwork Island.
Dire la vérité n'était pas une hypothèse envisageable, il devait mentir, mais cette fois-ci, il devrait le faire mieux que d'habitude. Ce test était l'occasion de tester les limites de sa sournoiserie, et il était plus que disposé à relever un défi aussi perfide.


Dernière édition par Joe Biutag le Mer 30 Mar 2016 - 9:37, édité 1 fois
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Pour commencer, celui que les habitants appelaient Papy Mujo lui avait demandé son nom. Joe et Grite, qui lui sommeillait dans un coin, étaient entourés de trois guerriers. Impossible de faire le moindre mouvement sans risquer d'être exécuté sur le champ. Celui qui lui posait les questions était vraisemblablement une figure de chef dans le village, il fallait la jouer fine.

- Joe Biutag

Les journaux du Gouvernement Mondial ne semblaient pas parvenir jusqu'à cette île, aussi il ne risquait pas grand chose à donner son nom. Même de réputation, personne ici ne devait le connaître en principe.

- Que fais-tu sur cette île ?

Avant de poser sa nouvelle question, Papy Mujo avait prit le temps de plisser les yeux pour analyser les traits du visage du forban. C'est ainsi qu'il arrivait à déterminer si il disait ou non la vérité. Les muscles du faciès trahissaient tout bon menteur. Il ne suffisait que d'une ride ou un clignement de l'oeil suspect pour traduire un mensonge.
C'était un exercice périlleux que d'essayer de mentir face à un homme qui avait l'oeil si aguerri pour déceler les mensonges.

- Je me suis échoué.

Ne surtout pas donner de détails. Si il ne pouvait pas mentir, il pouvait se permettre des omissions. D'un point de vue technique, il s'était effectivement échoué sur l'île. Ce qu'il ne dirait pas, c'est qu'il était venu grâce à l'équipage de Merry Fredcurry, et qu'ils avaient failli se massacrer dans l'estomac d'un roi des mers avant de parvenir jusqu'ici.

- Est-ce que tu es venu ici pour massacrer les indigènes ?

Drôle de question. Les pirates voyageaient pour voler, piller, éventuellement violer. Mais massacrer des populations qu'ils connaissaient à peine pour la finalité de les massacrer, ce n'était pas dans leurs prérogatives. Papy Mujo avait posé cette question pour deux raisons. Depuis que la compagnie avait organisé des chasses à l'homme, ils craignaient d'être considérés comme du gibier par certains. Mais surtout, le passage dévastateur des Saigneurs sur leurs terres avait laissé des séquelles lourdes à leurs peuplades.

- Non

Pas besoin de mentir pour cette fois. Néanmoins, Joe appréhendait quelle serait la prochaine question, et se prépara à y répondre par un mensonge. Car dire la vérité revenait à s'exposer à de dangereuses représailles.

- Est-ce que tu es un pirate ?

C'était ce qu'il attendait. Machinalement, le cafard répondit :

- Non

Aucun trait de son faciès ne le trahit. Et pour cause, il n'avait pas menti. En tout cas, il ne s'était pas menti à lui même. Le cerveau en analysant l'information savait faire la distinction entre une vérité, qui s'exprime par une réponse naturelle et spontanée, et un mensonge, qui lui, est fabriqué. Puisque fabriqué, le mensonge n'est pas naturel, entraînant donc des réactions anodines au niveau du visage qui trahissaient un mensonge.
Pourtant, Joe avait dit la vérité tout en mentant. La raison était simple. Il s'était menti à lui même.

Sachant pertinemment que l'ancien allait lui demander si il était un pirate, il s'apprêtait à répondre "Non" à la prochaine question, quelle qu'elle soi. Pour simuler une réponse vrai, il s'était posé une question : "Veux-tu renoncer à piller, voler et tuer ?"
En répondant "Non", il avait en réalité répondu à l'interrogation qu'il s'était imposée, et non à la question du vieillard.

C'était une décision risquée, si le vieux lui avait demandé "Puis-je te faire confiance", la réponse là aussi aurait-été "non", et aurait amené à de graves conséquences. Mais Papy Mujo sembla soudain détendu, ne scrutant plus les yeux plissés, chaque détail du visage de Joe à chacune de ses réponses. Puisqu'il venait de relâcher son attention grâce aux fourberies du cafard, lui mentir deviendrait chose plus aisée.

- Sans vouloir t'offusquer l'ami, tu as un accoutrement bien ridicule.

En effet, les vêtements qu'il avait volé à Raymond étaient bien trop petits pour lui. Le pull et la veste ne couvraient même pas son nombril, et le pantalon ne lui arrivait que jusqu'aux genoux. Le cafard n'était pourtant pas bien grand, atteignant difficilement le mètre quatre-vingt, mais le possesseur originel de ces fringues était lui minuscule.

- Que voulez vous, c'est l'uniforme qui veut ça, je suis à la recherche d'un pirate réputé, un certain Merry Fredcurry.

Papy Mujo fit signe à l'un de ses hommes de lui apporter une autre tisane. Joe l'avait devancé alors qu'il comptait lui demander si il avait quelque chose à voir avec les hommes qu'il avait capturé il y a deux jours.

- Je vois, tu es ce qu'on appelle un marine. Ici, nous ne reconnaissons pas les lois du gouvernement mondial, mais si nous pouvons nous débarrasser de ces freluquets en te les livrant, rien ne me ferait plus plaisir. Accompagnez le à la prison.
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Déjà, on l'emmenait là où étaient retenus captifs ses anciens compagnons de voyage. Plus il approchait de la prison, plus un chant plein d'entrain vînt lui écorcher les oreilles. Pas de doute, il s'agissait bien du capitaine mélomane Merry Freducurry dans les geôles.
Les deux cages étaient faites de bambous. Dans l'une, Merry, dans l'autre, les trois hommes qui avaient survécu suite au périple dans le ventre du monstre marin. Sans doutes étaient-ils isolés de leur capitaine pour se retenir de l'étrangler. Sa passion pour la musique et le chant avait en effet tendance à taper sur les nerfs de ses interlocuteurs.

- Que ! Mais si c'est pas mon ancienne recrue ?!

La gaffe. Merry l'avait reconnu, si il ne la bouclait pas les autochtones ne tarderaient pas à comprendre qu'il était pirate à bord de son vaisseau.

- Un peu de respect quand on s'adresse à un caporal ! Je suis venu vous chercher, pour vous emmener à bord d'un bateau loin d'ici, dans une prison.

Prudent, Joe avait bien insisté sur "Je suis venu vous chercher" et "à bord d'un bateau loin d'ici." Ce n'était pas par altruisme qu'il songeait à libérer Fredcurry. Après tout, la dernière fois où ils s'étaient entretenus, ce dernier était sur le point de le tuer. Mais sans équipage, il ne pouvait pas décemment s'enfoncer plus loin sur Grand Line. Libérer Merry et ses hommes était un moyen de faire amende honorable tout en déguerpissant du coin.

- Compris "caporal".

Retenant un soupire de soulagement, le cafard savait à présent que Merry avait compris le plan. Suite à cela, il se renseigna auprès d'un des hommes de Papy Mujo qui l'avait accompagné pour savoir si on pourrait lui prêter une embarcation, et dans combien de temps il pourrait partir.

- Nous pouvons vous donner un des bateaux des touristes que nous avons décimé. Mais ici, le temps de recharge de ce que vous appelez Log Pose prend un mois, j'espère que vous saurez apprécier notre compagnie en attendant.

Un mois, c'était de loin le plus long délai qu'il avait connu sur Grand Line. Cela signifiait qu'il lui restait vingt-sept jours à passer sans commettre de bourdes. Cela promettait d'être difficile.
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Après avoir passé une nuit logé chez l'habitant, Joe avait conçu un plan du tonnerre : fermer sa gueule à tout prix pendant le temps qu'il lui restait à passer ici, et espérer que tout aille bien. Il ne pouvait guère trouver de meilleure solution pour ne pas risquer d'être massacré par un indigène hostile.
Tous n'appréciaient pas les étrangers. Le dénommé Zaza, de son vrai nom Xatreis l'avait plus ou moins menacé la veille de lui faire la peau si il ne se tenait pas à carreau. Difficile de mieux faire connaître les modalités de séjour au forban.

- Putain de bestiole de merde arrête de me mordre le mollet !

Le petit tigre était bien excité de bon matin. Il ne cessait de mordiller le pirate et cherchait à ce que ce dernier lui cours après. Dans un premier temps, Joe, qui se retenait de frapper la bête de peur de contrarier les habitants, prit ce comportement comme une sorte de jeu. Mais la bête insistait tant et si bien que le cafard daigna le poursuivre.

- Va pas chez les gens comme ça triste cul !

Cet animal risquait de le faire tuer. Si la moindre contrariété des habitants les plus xénophobes suffisait à lui valoir la peine de mort, laisser ce qui était considéré comme son animal domestique débarquer à l'improviste chez n'importe qui, suffirait probablement à le faire pendre.
Poursuivant la boule de poils pour s'en saisir, il fut plus que surpris par ce qu'il trouva dans la case où s'était rendu l'animal.

- Mia !

Mia, c'était le mot. Grite avait été troublé car il avait senti quelque chose qui portait la même odeur que celui qu'il considérait comme sa mère. Ces artefacts à l'odeur si familière n'étaient autre que les affaires que Joe s'était fait voler une fois qu'il était cogné la tête il y a quatre jours de cela. Tout y était, sa casquette,  sa parka, son pantalon, ses bottes, la ceinture de Ventio Dials, le Flash Dials rattaché à des bandages, son mousquet à triple canon et même son mini canon portatif.

- Je peux vous aider ?

Figé sur place, il fut surpris par une voix de femme. Évidemment, la case appartenait à quelqu'un, et ce quelqu'un ne tarda pas à se manifester.

- Oh, vous êtes le marine accueilli par Papy Mujo ? Ce tas d'immondices vous intéresse ?

Tas d'immondices ? Joe lui aurait volontiers baffé la gueule jusqu'à ce que mort s'ensuive pour avoir osé dire ça. Qu'est-ce qu'une femme pouvait bien comprendre à l'arsenal d'un pirate se demanda t-il. L'impertinente lui fit la conversation alors qu'il n'avait qu'une hâte, c'est qu'elle s'éloigne d'ici pour récupérer ses affaires.

- Il paraît que les marines poursuivent les criminels. Vous ne connaîtriez pas quelqu'un sur les mers qui pillerait des tombes par hasard ?

Déglutissant, Joe connaissait un pillard de tombe en sa personne. La question n'était pas anodine.

- Ma fille a vu un étranger sortir de la crypte de nos ancêtres alors qu'elle jouait avec ses copines. Elle n'a pas osé s'approcher, il avait une dégaine de pirate, ça elle en était sûre.

La mère de famille soupira dépitée.

- Il... Il a détruit plusieurs des os de la sépulture. Ma fille l'a retrouvé plus tard assommé. Elle et ses copines lui ont prit toutes ses affaires et son parties avec. Ce sont de braves petites, elles n'avaient pas le coeur à le tuer, elles ont préféré laisser la nature faire le reste.

Quelles charmantes petites pensa Joe en s'imaginant les étriper de la manière la plus salissante possible. C'était donc des gosses qui étaient responsables de son calvaire. La nature ferai le reste pensaient-elles. La nature avait essayé, et échoué, même aidée de chasseurs fous, elle n'avait pas réussi à se débarrasser du forban.

- Attendez, elle un fait un dessin de son visage je vous le montre. A l'heure actuelle, le pirate doit être mort, vous pourrez le recenser comme tel quand vous rentrerez chez vous.

Joe manqua de lui ricaner au nez tant elle avait tort. Sur un parchemin comme ceux qu'il avait trouvé à la crypte, on lui apporta un dessin. Dessus, le visage n'était pas symétrique, cela ne ressemblait qu'à une grosse touffe de cheveux parsemée de dents tranchantes, avec au milieu, une cicatrice. C'était une représentation encore trop flatteuse du cafard.

- Il devait être à la recherche de l'émeraude de notre peuple. Voilà trois cent ans qu'un pirate nous l'a volée et dissimulée sur l'île avant que nos ancêtres ne lui fassent la peau. On ne l'a jamais retrouvée depuis. Certains pirates venaient pour partir à sa recherche.

La main tremblante, Joe rendit le dessin à la dame. Le trésor qu'il avait vu sur la carte, et dont il ne parvenait pas à se remémorer l'emplacement suite au choc subit, il existait bel et bien. C'était un vrai supplice que de savoir qu'il était là, quelque part dans sa mémoire, et qu'il ne pouvait pas s'en souvenir. Une émeraude ancienne. Le cafard rêvait tout éveillé.
Pendant ce temps son interlocutrice regarda attendrit le dessin de sa fille et leva la tête sourire aux lèvres. Elle souriait alors de moins en moins, contemplant successivement le portrait dessiné par sa fille et la tête de l'homme qui lui faisait face.

- Vous aussi vous trouvez que c'est ressemblant ?

Alors, Joe afficha son sourire, et sa dentition agoissante se révéla. A cet instant la mère de famille compris qui elle avait en face d'elle. Trop appeurée pour crier à l'aide, cette hésitation suffit à la mener à la mort puisque le sinistre pirate lui enfonça d'un coup sec sa pierre tranchante dans la gorge.
Étant donné le fait que la case dans laquelle il se trouvait n'avait pas de porte, il devait s'habiller rapidement. Une fois qu'il eut reprit toutes ses affaires, il se sentait renaître. S'emparant de Grite qu'il porta sous le bras, il s'apprêtait à décamper en vitesse avant que quelqu'un ne découvre le cadavre qu'il venait d'engendrer.
- Un pirate ?

Le cafard n'en revenait pas, il venait à peine de sortir de la case qu'on savait déjà qui il était.

- C...Comment tu sais ?

- C'est marqué sur ta casquette couillon !

Si habitué à porter son couvre chef, il en oubliait souvent ce qui était écrit dessus. Cet élan d'impertinence était la source de beaucoup d'emmerdes, mais il y tenait malgré tout. C'était sa signature.

- BAUDROIE !

Activant immédiatement son Flash Dial avant que d'autres ne viennent pour l'encercler, il prit la tangente en quatrième vitesse. Passant devant la cage, propulsé par les Ventio Dials à la ceinture sous sa parka, Merry l'apostropha.

- Et nous ?!

En guise de réponse il n'eut qu'un haussement d'épaule. Pour le moment, Joe avait d'autres priorités puisque tout le village le prenait à présent en chasse. Cette fois, il ne s'agissait plus de deux malheureux vieillards, mais des dizaines de guerriers valeureux connaissant ces terres comme leur poche. Ceux là avaient fait d'une profession le massacre de touristes zélés, ils ne cesseraient leurs poursuites tant qu'ils n'auraient pas satisfaction.


Technique utilisée:
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