Parce que les meilleurs partent toujours en premier



À la fin, il n’en restera qu’un…

On m’avait répété sans cesse cette phrase, mais j’ignorais que mon heure viendrait si rapidement, peut-être un peu trop rapidement d’ailleurs, mais bon, on n’est pas maître de son destin…

Quelques heures auparavant

« -Le lieutenant Morneplume nous a demandé de lui faire cracher le morceau ! »

Beugla un marine à son collègue. Les deux hommes étaient debout face à moi, l’un était grand et élancé, tandis que l’autre était petit et enrobé, un peu comme ce duo que j’avais rencontré une fois au zouk d’Inu Town, un certain Laury et Hardel. Je me demandais ce qu’ils voulaient bien de moi, mais quelque chose  me disait que cela avait un rapport avec le scaphandre et peut-être avec mon commanditaire. Je ferais tout pour me taire, même si la douleur se révèle pesante, un peu comme cette ambiance qui règne actuellement dans le fond de la cale.

« -Dis-nous tous Bradstone si tu veux pas perdre une jambe ou un bras.
-Vous m’avez déjà attrapé, je peux plus marcher, j’ai plus rien à perdre alors à quoi bon…
-On peut toujours te torturer en attendant que ton heure vienne !
-Si vous faite ça, vous allez devoir expliquer pourquoi il y a un cadavre dans votre navire et je ne suis pas sûr que ce soit du goût de Morneplume… »


Le plus grand des deux marins me frappa avec la paume de son épée, puis lâcha un rire nerveux, avant de rappliquer

« -Dead or alive c’est écrit sur la prime ! indique-il en montrant l’affiche
-Certes, mais si je meurs dans le silence, je pense que Morneplume ne laissera pas ça passer.
-C’est lieutenant Morneplume pour vous !
-Je ne suis point sous ses ordres, ça sera donc Morneplume pour moi.
-Lieutenant ! »


Les deux hommes se mirent à me frapper à de nombreuses reprises, sans doute n’aimaient-ils pas le manque de respect envers leur supérieur, d’un côté je le comprenais, de l’autre je m’en fichais. Voyant du sang sur leurs mains, le duo d’arrêta pour me demander si j’avais bien compris

« -Compris kuf kuf…
-Maintenant que les choses sont mises aux claires, tu vas tous nous dire !
-Je ne vois pas de quoi vous parler…
-La tenue de Theolinus, pourquoi tu la voulais ?
-Pour ma collection personnelle. »


L’homme s’empressa de me frapper dans les bijoux de famille avant de me reposer la question. Même réponse, c’est reparti et cela pendant dix minutes environ. Visiblement impatient, le petit se mit à faire l’interrogatoire

« -On sait très bien que quelqu’un t’a engagé, dis-nous qui et tu nous feras gagner du temps !
-Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, c’était pour ma collection personnelle !
-On te suit depuis quelque temps, notamment tes actifs et il s’avère que tu n’as jamais eu les moyens de te payer ce genre d’objet.
-Piégé…
-Tu vas nous dire qui t’as engagé ?
-La mère de Morneplume, elle voulait faire un cadeau pour l’anniversaire de son fils. »


Le soldat se saisit de son épée, me coupe un doigt avant de me donner un violent coup dans le crâne avec son poing qui m’assomma sur le coup.



Dernière édition par Richard Bradstone le Sam 26 Mar 2016 - 23:27, édité 1 fois


    «-HEY OH IL Y A QUELQU’UN ?»

    Les bruits de pas fusaient dans tous les sens, surtout au-dessus de ma tête, tandis que l’eau commençait à rentrer dans le navire. J’ignorais ce qu’il pouvait bien se passer, mais cela me ne disait rien qui vaille.

    Une heure et demie avant le drame

    « -Réveillé princesse ?
    -Ma tête… Kof Kof…
    -On pourra t’épargner plus de galère si tu coopères avec nous !
    -Vous pourriez me libérer et ne faire comme si rien ne s’était passé ?
    -C’est impossible, t’es fiché par le gouvernement pour plus de trente millions de berries, t’es pas n’importe qui.
    -Et vous pourriez pas réduire ma peine à quelques semaines ou mois ? Je ne suis pas méchant…
    -Le terroriste ça vous dit rien ? Pour moi ça veut tout dire !
    -Sans critiquer vos supérieurs, je n’ai rien d’un terroriste, il s’agit d’un amalgame !
    -Un quoi ?
    -Un quiproquo si vous préférez.

    -Un malentendu quoi ! Fichtre le français et vous ça fait dix…
    … »


    Le soldat chargé de me surveiller me frappa au niveau de la tête, exactement au même endroit que son collègue peu de temps auparavant. La blessure n’était pas sérieuse, mais elle faisait tout de même mal. Quoi qu’il en soit, l’homme se remit de ses émotions avant de me lancer

    « -Le lieutenant Morneplume est certain que cet objet dont tes amis nous ont pris une partie n’était pas pour toi, mais quelqu’un de plus haut placé dans la révolution.
    -Et ?
    -Si tu veux t’épargner des souffrances, donne nous le nom de ton commanditaire !
    -Bien sûr que je le ferais, mais quand mon avocat sera là et lors de mon jugement sur Ennie Lobbies !
    -AHAHAHAH, tu as vraiment cru que ça marchait ainsi l’ordre et la loi ?
    -Evidemment, la seule différence entre l’ordre et le chaos, c’est la présence de lois, c’est ça qui nous différencie des animaux…
    -Va dire ça aux pirates et à tes amis qui détruisent tout sur leur passage !
    -Comme partout, il y a du bon et du mauvais et ce même dans le gouvernement…
    -Parle pas du gouvernement ainsi !
    -Parce que vous croyez vraiment qu’il n’y a pas de gens corrompus dans votre système ?

    -Tout ça pour dire que les révos ne sont pas tous des meurtriers, certains font mêmes de bonnes actions pour le peuple là où vous n’osez pas aller.
    -Cite-moi une personne qui a fait de bonnes actions !
    -Ivan de Cimetiero…
    -Le même qui t’a vendu au gouvernement ?
    -… Celui-là même »


    Sacré Ivan, ça faisait un moment que je n’avais pas entendu parlé de lui. Cet homme responsable de la mort de mon sauveur et qui a vendu Costa peut être considéré comme un mécréant, mais malgré tout il a un passif qui m’a surpris, puisqu’il est entre autre le responsable de la loi martiale sur Las Camp, là ou avant le chaos et la loi du plus fort régnaient en maître. Le soldat avait trouvé ma corde sensible et il n’hésita pas à jouer avec

    « -Donc si je comprends bien, tu considères Ivan comme un héros ? Ce même homme qui a vendu des centaines de tes collègues, l’homme qui a failli tuer Costa, l’homme qui a tué Sharp Jones !
    -Sharp Jones ?
    -Tu fais équipe avec des gens que tu ne connais pas ? C’est franchement désespérant…
    -Tu veux dire que le célèbre mafieux des Blues est l’homme qui m’a sauvé la vie ce jour-là ?
    -Il est mort par ta faute et son sacrifice va servir à rien vu que tu vas finir en prison !
    -…Vous savez, même si je meurs mes idéaux seront toujours là et un jour ou l’autre, vous allez le regretter…
    -J’ai hâte de voir ça, mais tu ne seras pas là pour assister au spectacle.
    -BIG DICK IS BACK IN TOWN !
    hurla un soldat qui se trouvait sur les marches menant au pont du navire.
    -J’arrive, que quelqu’un s’occupe du terroriste ! »



      « -BANG BANG ! »

      Tel est le bruit que j’entendis avant de voir plusieurs planches de bois se fracasser contre l’autre partie du bateau. Je n’eus même pas le temps de fixer le trou qui venait de se former que celui-ci m’aspira et m’entraîna dans les eaux, ce qui voulait dire pour moi une mort imminente.

      Dix minutes avant le drame


      « -Bon Bradstone, nous avons été gentils jusque-là, mais maintenant t’as intérêt à répondre à nos questions !
      -Je suis tout ouïe.
      -Arrête de faire le malin, dis-nous pour qui tu travailles
      -Adam Freeman, l’armée révolutionnaire !

      (l’homme me frappa d’un coup violent avant d’enchaîner)
      -Pour qui tu travailles ?
      -Je vous l’ai dit c’est Adam Freeman…
      -Arrête ton char Bradstone, on sait très bien que personne à part quelques-uns ont eu l’occasion de lui parler. Tu vas nous faire croire que toi, un pion de la révolution, a été contacté par Adam Freeman ?
      -Tout à fait, il m’a contacté dans un rêve et même qu’il s’agissait de Pludbus Céldèborde !
      -Te fout pas de notre gueule !
      dit-il avant d’enchaîner les frappes
      -Puisque je vous le dis !
      -T’as le fruit de la marche, pas de la voyance ! Qui plus est Pludbus est mort depuis plusieurs années…
      -C’est ce que vos supérieurs vous font croire, vous ne trouvez pas ça bizarre qu’un marine ait exactement le même fruit que Pludbus ?
      -Une coïncidence !
      -Cela n’existe pas mon cher, je suis certain que Pludbus Céldèborde et l’homme avec le fruit de la forteresse sont une seule et unique personne…
      -C’est impossible, ils ont plus de cinquante ans de différence…
      -Impossible ? Des gens se transforment en animaux, d’autres en rochers ou éléments, certains mêmes volent dans les airs et marchent sur l’eau… Je pense sans vouloir vous offenser que vous devriez revoir votre notion de l’impossible.
      -Hum… Foutaises… Dis-moi maintenant qui t’a engagé sinon je te coupe la langue.
      -Ca ne sera pas très pratique pour parler si vous le faite…
      »

      L’homme m’arracha les doigts qui me restaient sur la main blessée tandis qu’il semblait se poser moult questions. Le soldat devait être un fervent défenseur de ses convictions, mais mine de rien mon discours ne le laissait pas insensible. Bien que ma théorie semblait énorme et tiré par les cheveux, il en demeurait qu’elle pouvait être réel, surtout dans un monde comme le nôtre et je vis dans son regard qu’il y croyait. Le soldat respira un bon coup, puis il se remit à m’interroger

      « -le nom de ton commanditaire, donne le maintenant !
      -Fichtre… Diantre… Putain ça fait mal !
      -Encore heureux ! Maintenant répond…
      -Aieee… Bon bon… Kof kof… Mon employeur… Si vous y tenez vraiment… Mais je ne pense pas que ça vous avancera à grand-chose de connaître son nom, c’est l’un des hommes les plus discrets que je connaisse, la preuve étant que je ne l’ai jamais rencontré…
      -Son nom ! Balance son nom et vite !
      -En fait le fait amusant, c’est qu’il ne m’a jamais dit son prénom, il m’a juste dit qu’il était comptable.
      -… Comptable ? Comptable de quoi ?
      -Je ne sais rien, pas plus que ses intermédiaires, je sais juste que si je lui rapportais le bien en question, je pouvais me faire un nom.
      -Conneries !
      -Puisque je vous dis que c’est vrai !
      -Vous deviez le donner à qui le scaphandre ?
      -Aucune idée, j’étais surtout une diversion pour un de mes collègues que votre lieutenant a tué de ce que j’ai entendu.
      -Nash ?
      -Qui ?
      -Un petit blond rapide, mais pas assez visiblement pour échapper à notre lieutenant ahahah !
      -Pauvre de lui, qu’il repose en paix…
      -On s’en fout, c’était un ennemi du gouvernement !
      -Il en demeure pas moins un être humain, que vous ne le vouliez ou non, il mérite le repos éternel !
      -La religion est un sujet que je préfère éviter…
      -Pourquoi ? Vous êtes non croyant ?
      -Quand vous voyez le monde dans lequel on vit, il est difficile de croire en des choses…
      -Personnellement, je crois surtout aux faits scientifiques
      -Pragmatique et idéaliste, le pire des cocktails pour un révolutionnaire…
      -Ce sont les idéaux qui guident les gens vers la réussite, tout comme l’espoir !
      -Si vous le dites, mais ça ne vous a pas franchement réussi jusque-là Bradstone…
      -Tout vient à point qui sait attendre…

      « CRACK »
      -C’était quoi ?
      -Roger, on a besoin de toi sur le pont tout de suite !
      -Pourquoi ?
      -Une menace a été détectée !
      -Encore un code Avast ?
      -Non pire, un roi des mers…
      -Mais ils ne sont pas censés nous attaquer ?! »


      Les deux hommes quittèrent la cale me laissant seul face à mon destin. Il s’avérera plus tard que l’attaque du roi des mers était dû à un défaut du revêtement du bateau.



        Les bruits de pas fusaient dans tous les sens, surtout au-dessus de ma tête, tandis que l’eau commençait à rentrer dans le navire. Le roi des mers avait attaqué une partie du bateau et visiblement il continua dans sa lancée puisque les bruits de fusils éclataient dans tous les sens. Je tentais tant bien que mal de faire le tour de ma cellule, mais je ne vis aucun moyen de sortir, alors que je pouvais entendre des marins prendre la poudre d’escampette. Pour moi c’était du suicide que de partir en radeau sur une mer comme Calm Belt, c’était un peu comme de tenter de gravir les plus hautes montagnes en marcel. J’entendais donc le monstre des mers se goinfrer des marins présents sur le navire, ce qui me dégouta, car bien que ne les aimant pas particulièrement, j’avais l’image de leurs morts en tête, la façon dont ils se faisaient déchiqueter par la créature, tout cela me donna envie de vomir. Je réfléchissais donc à un moyen pour m’en sortir, sachant que j’avais déjà pu enlever une des menottes grâce à mes doigts manquants. Pour pouvoir les enlever complètement, je devais me casser une partie de la main droite à mon grand désespoir, ce que je fis naturellement pour me donner plus de chances de survie

        « -Vil faquin des falaises, ça fait putain de mal ! »

        La douleur était intense, mais je pouvais maintenant me promener dans la cellule comme bon il me semblait sans tomber dans les pommes quelques secondes après à cause des menottes. Alors que je criais à la vie à la mort, personne ne me répondit, la plupart des soldats étant trop occupé à sauver le navire ou à survivre tout simplement. Mais alors que je pensais que la situation allait se calmer, sans doute à cause de la baisse des cris, je vis des planches voler de part et autres de la cellule à mon grand désarroi. Le siphon créé m’aspira littéralement pour me jeter dans la mer salée qui m’empêcha de bouger. Si mon esprit était motivé pour remonter, mon corps en revanche ne l’était pas et il commença à couler en même temps que le navire de la marine. Ma vie défila sous forme de flashback, les meilleurs comme les pires souvenirs, mais les noms de Sharp, Pludbus, Ivan et Sarioshi revenaient sans cesse. La respiration se faisait de plus en plus difficilement, et alors que je commençais à halluciner, je vis un monstre marin foncer sur moi

        « -Blurp blurp blurp… »

        J’avalai de l’eau tout en voyant la créature foncer sur moi la gueule grande ouverte. Ce n’était plus qu’une question de secondes avant de voir ma fin arriver, mais j’avais assez de temps pour repenser à ma quête et ce qu’elle deviendrait, en espérant que Wade puisse se charger de retrouver Pludbus pour établir la vérité…

        « -CLAP ! »

        Le roi des mers ferma la bouche et avala ce qu’il venait d’aspirer, Richard Bradstone compris.

        La suite personne ne la connait, mais il se dit que la moustache du révolutionnaire voguerait sur les eaux de Calm Belt à la recherche d’un nouveau propriétaire…