Joe Grand Coeur

Suite des événements joués ici.

***

Un poing vint se loger dans la mâchoire de Joe. Ce dernier chuta lourdement, se tenant le menton après coup. Tel était le châtiment adressé à ceux qui flemmardaient au travail, et depuis le temps, le forban commençait à connaître la musique. Se relevant péniblement, il reprit sa pioche et continua de miner.
Cinq jours qu'il était réduit en l'esclavage, les fers aux pieds, à trimer comme une bête. Une bête feignante et peu productive, mais une bête tout de même. On lui avait ôté ses armes, sa ceinture de Ventio Dials, et le Flash Dial attaché dans le creux de sa main gauche. Les chances de sortir de cet enfer étaient faibles.

- Que je t'y reprenne plus à flemmarder !

Dans la veine de la galerie où ils se situaient, les mineurs étaient réunis en groupes de deux, espacés d'une dizaine de mètres chacun. Joe faisait évidemment équipe avec un mineur trop zélé dans son travail. Un rejeton d'une vingtaine d'année à peine, qui ressentait de la fierté à faire son travail. Cette engeance écoeurait le cafard, d'autant plus quand ceux-ci lui donnaient des coups.

- Flemmarder tu dis ? Regarde mon seau avant de parler.

Chaque mineur avait un seau à remplir de minerais. Toutes les heures, un contremaître était chargé de venir les prendre et les vider dans un chariot. De la sorte, les mineurs ne quittaient presque jamais leur poste de travail sauf pour rentrer chez eux. Mais Joe ne rentrait pas. Ses fers étaient reliés à une chaîne rattachée à un piquet enfoncé dans la roche. Il dormait sur place, et il s'estimait heureux quand on lui apportait de quoi manger.
Toujours est-il qu'il avait réussi à remplir son seau avant tout le monde. Son binôme n'en revenait pas.

- Je... Je n'ai pas dis mon dernier mot !

Et le jeune homme redoubla d'ardeur dans sa tâche. Pour lui, être moins productif qu'un criminel, cela relevait de l'affront, et il se sentait obligé de se surpasser.
Pourtant, Joe n'avait rien foutu de la journée. Il mêlait habilement des minerais à quelques cailloux pour remplir plus vite son seau et se la couler douce le reste du temps en attendant qu'on vienne vider le récipient.

Tandis que son camarade de mine s'épuisait pour ne pas perdre la face, le cafard s'allongea pour se reposer. Il travaillait moins que les autres, mais il se devait d'économiser ses forces. Ayant la gorge sèche, il savait qu'on ne lui donnerait de l'eau que selon le bon vouloir du ravitailleur, à ce rythme, il ne pourrait plus tenir encore longtemps.
Les mineurs avaient l'art et la manière de corriger leurs prisonniers. On ne tuait pas impunément deux des leurs comme Joe l'avait fait durant sa crise de folie. Cinq jours qu'il réfléchissait à un moyen de s'échapper, mais rien en tête.
Si on lui avait pris presque tout son arsenal, il lui restait toujours ses Impact Dials dans la doublure de ses manches d'anorak, deux dans chaque. Mais aucun n'était chargé avec un coup, et si tel avait été le cas, la puissance n'aurait pas suffit pour se libérer et vaincre tous les mineurs jusqu'à la sortie.

- Putains de révo et leurs moeurs de mongoliens....

Lâcha t-il dans un soupire. Soudain, les épaisses galeries se mirent à trembler, comme en réponse à sa plainte.

- Bordel de... Dieu c'est toi ? Je savais pas que tu étais révolutionnaire, excuse moi !

Pensant qu'il s'agissait d'un tremblement de terre, Joe pria pour s'excuser. Mais ce n'était pas une catastrophe naturelle, c'était pire. Un immense mineur sortit d'une galerie, le visage encrassé, et les yeux rouges de colère.

- Qui est le suicidaire qui se moque de la révolution ?!
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Les galeries faisaient bien plus d'une dizaine de mètres de haut, et le bestiau qui venait de se ramener touchait presque le plafond. C'était un géant, il n'y avait aucun doute là dessus. Union John avait en son sein des habitants insoupçonnés.

- J'attends ! Qui a dit ça sur la révolution ?!

Joe, tranquillement allongé pour se reposer se redressa, et avec désinvolture, dit à son binôme minant à ses côtés :

- Bordel Alfi, dénonces-toi, tu vois bien qu'il va tout péter autrement ?!

Alfi fut blème, pris au dépourvu, il ne sut quoi dire.

- M... Mais enfin C...C'est pas m...

Trop tard, un immense coup de pied vînt le heurter. Dans la mesure où le panard qui venait de le percuter faisait sa taille, le pauvre jeune homme fut propulsé au loin, les os brisés. Ce n'est que dans un ultime râle qu'il abandonna ce monde.
Le géant allait s'en retourner d'où il était venu quand il vît les fers aux pieds du cafard. Son regard se fit à nouveau menaçant.

- Ordure ! C'est toi qui a tué Etienne et Ranliet ?!

Si il voulait se sortir de ce mauvais, pas, Joe avait sacrèment intérêt à ruser, et vite ! Se redressant avec empressement, il chercha les paroles perfides et monsongères qui lui permettraient de survivre à ce qui s'annonçait.

- Je vais faire d'une pierre deux coups ! Prends ça !

L'immense bonhomme revînt sur ses pas, décidé à s'occuper lui même du prisonnier. Joe, face au coup de pied qui arrivait rapidement, se contenta de rester droit, plaçant son avant bras dressé devant son visage. Le tout à présent était de ne pas relâcher son sphincter, la descente d'organe dûe à la peur n'étant pas loin.
Une fois encore, le coup de pied heurta sa cible qui, cette fois cependant, ne s'envola pas, mais resta exactement au même endroit, sans la moindre blessure. Le cafard se mit à sourire en coin.

- Je n'en attendais pas moins de toi Hogweed.

Le géant fut alors surpris à deux titres. D'une part, un simpe humain minuscule avait résisté à son coup de pied sans essuyer le moindre dégât, ou même faire un pas en arrière, mais en plus il connaissait son nom.
Deux raisons à cela. La première étant que les deux Impact Dials dans la doublure de la manche droite de Joe avaient permis d'encaisser le coup de pied, et de donner l'impression d'être invincible. Quant au fait que le forban connaisse le nom du géant, cela était simplement dû au fait que son binôme, maintenant décédé, avait passé ces cinq derniers jours à vanter l'enthousiasme de la révolution sur Union John, évoquant à plusieurs reprises l'un de leurs plus gros atouts : Le géant Hogweed.

- Yukikurai m'a beaucoup parlé de toi.

Maintenant, il fallait ruser, car Joe avait un plan pour se sortir de la mauvaise passe dans laquelle il s'était logé.
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Qui sur Union John ignorait le nom de Yukikurai ? C'était grâce à ses mérites que l'élan révolutionnaire avait prit de l'ampleur sur l'île. Il était incontestablement un héro magnanime et puissant, digne serviteur de la révolution et de l'émancipation du peuple d'Union John permis il y a quelques années par Minos et la Légion.
Son visage avait été placardé un peu partout sur l'île. Son avis de recherche de cinquante millions de berries ornait de nombreux commerce. Il n'avait pas fallu longtemps à Joe pour comprendre l'importance que cet homme avait eu sur l'île. Néanmoins, tout ce qu'il savait de lui, c'est qu'il était révolutionnaire, qu'il s'appelait Yukikurai, et qu'il avait une bonne bouille.

- Yukikurai t'a parlé de moi ? Mais... On s'est jamais croisé.

Ça commençait bien. Le cafard pensait qu'un mineur aussi imposant qu'Hogweed aurait au moins eu quelques discussions avec le meneur de la révolution sur l'île, mais il n'en fut rien.

- Tu crois qu'on a besoin de discuter avec toi pour te connaître ? Je me suis peut-être trompé de Hogweed, il en connaissait un de réputation qui avait fait pas mal de grabuge pour permettre à la révolution de prendre le pouvoir.

Le géant réagit immédiatement tel un gosse appeuré.

- Non ! Non c'est bien moins ! Je t'assure !

Puis se reprenant, il scruta Joe de manière intriguée, commençant à soupçonner quelque chose de louche dans l'histoire. Hogweed ne se considérait pas comme quelqu'un de brillant, mais il n'était pas de ceux qui se laissaient manipuler.

- Dis voir toi, qu'est-ce qui me prouve que tu connais bien Yukikurai ?

Le forban serra les dents et se retînt de déglutir. Il ne devait pas paraître vulnérable, il devait se faire plus révolutionnaire qu'un révolutionnaire. Cela ferai mal à son estime personnelle, mais mieux valait ça qu'être massacré par un géant en colère.

- Le connaître, c'est un bien grand mot, on s'est croisé il y a un moment à Reverse Mountain pour échanger des infos. Il m'avait parlé de ses hauts-faits, et moi des miens, plus modestes. Je n'en ai pas l'air, mais je suis un révolutionnaire avec une prime sur ma tête.

Le géant ne cligna même pas des yeux, et ne croyait pas un traître mot du cafard. Mais un mineur intervint.

- C'est vrai Hog, on a vérifié tout à l'heure, cet enfoiré vaut un paquet de berries, il s'est même déjà évadé de la prison du QG de South Blue.

Le doute fut installé. Et si Joe était un révolutionnaire ? Mais cette pensée fut inenvisageable compte tenu des meurtres qu'il avait commis il y a cinq jours, et ça, le cafard le savait. Aussi, il décida de rebondir immédiatement sur un nouveau mensonge.

- J'ai été missionné par Shaïness pour débusquer les espions du gouvernement mondial sur les îles acquises à la révolution. J'étais encore à Skypiea il y a quelques jours, d'où mes dials.

A présent, il semait des indices mensongers, mentionnant le nom d'un meneur révolutionnaire qu'il avait lu dans les journaux récemment, et prétendant qu'il avait obtenu ses Dials sur une île céleste, ce qui n'était absolument pas le cas. Mais c'était le petit détail qui faisait l'authenticité, et l'authenticité qui validait le mensonge.

- Quand j'ai surpris ces deux là qui parlaient de faire sauter la galerie, je me suis occupé d'eux et me suis immédiatement emparé des minerais pour qu'il ne leur arrive rien, en pensant qu'il s'agissait d'or.

Rien qu'à cette idée, le cafard aurait volontiers pleuré. Confondre du cuivre et de l'or. L'avidité l'avait amené à des sommets de conneries. Mais sa fausse couverture d'agent du contre-espionnage révolutionnaire était vraisemblable.

- Dans ce cas pourquoi t'enfuir ?

Hogweed était vif d'esprit et ne laissait rien au hasard. Il suffisait de répondre du tac au tac pour ne pas avoir l'air déstabilisé et faillible.

- Pour que personne ne sache que j'étais sur l'île. Chercher des espions quand tout le monde sait que vous êtes là pour ça, c'est tout de suite plus difficile.

Les mineurs aux alentours qui ne travaillaient plus depuis un moment s'étaient attroupés et écoutaient la conversation, se demandant à leur tour si ils n'avaient pas été trop expéditifs en mettant des fers aux pieds du forban. Si Joe la jouait fine, on lui enléverait ses chaînes avec les honneurs de la révolution. Mais le géant ne démordait pas.

- Pourquoi avoir attendu si longtemps pour nous raconter ça ? Tu aurais pu être libre depuis un moment.

Cette fois, le cafard ne parvint pas à cacher sa frustration d'être encore une fois réfuté dans sa rhétorique mensongère. Bien qu'il grinça des dents, il devait tenir. Si on lui posait toutes ces questions, c'est parce qu'il y avait bel et bien un doute, c'eut été suicidaire de ne pas en profiter.

- Yuki est censé revenir ici dans le mois, je ne sais pas exactement quand. Vous ne m'auriez pas cru si je vous avais dit que j'étais innocent. Alors je l'attendais lui.

Un long silence se fit entendre. Joe demeurait crispé, observant la moue dubitative du géant qui se triturait les méninges. Le verdict allai tomber, ce serait un nouveau coup de pied ou la liberté. Le forban s'efforçait de ne pas trembler, mais il commençait à claquer des dents.

- Allez chercher la clé, on ne va pas laisser un ami de Yukikurai croupir ici. Désolé euh... C'est quoi ton nom déjà ?

Il sourit en coin et répondit d'une intonation quelque peu malicieuse :

- Joe... Joe Grand Coeur le révolutionnaire hinhin.

Le rictus était de trop, mais il n'avait pas pu s'en empêcher.
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Libre, il était libre, à cet instant Joe aurait voulu courir partout pour profiter de sa liberté retrouvée. Mais il devait se comporter décemment, après tout, il était officiellement un cadre révolutionnaire, tout du moins, aussi longtemps qu'il serait sur Union John. Intérieurement, il espérait que sa réputation de pirate, traître et vénal ne parviendrait pas à leurs oreilles. Les réseaux révolutionnaires étaient connus pour leurs informateurs bien renseignés.
Pourtant, le cafard n'avait pas croisé un meneur révolutionnaire ou quoi que ce soit s'y apparentant, l'île semblait autogérée par les habitants.

- Je voudrais pas abuser de votre hospitalité mais...

Abuser, Joe ne savait faire que ça. Il était libre, il aurait dû s'e estimer heureux, mais il lui en fallait toujours plus. C'est avec ce genre de mentalité qu'on se retrouve enchaîné au fond d'une mine sur une île révolutionnaire. Mais le pirate n'était pas du genre à retenir les leçons de ses erreurs.

- Vous pourriez me fournir un bateau ? Il fallait que je vienne ici incognito, j'ai donc sabordé le mien pour ne pas être tracé.

Les visages des mineurs affichaient un respect non feint. C'était la première fois qu'ils rencontraient un membre du contre espionnage révolutionnaire aussi méthodique et consciencieux. En réalité, le cafard s'était lamentablement échoué sur l'île après être entré dans un tourbillon, mais, riche de sa réputation du jour, il comptait bien se faire offrir une embarcation. Car pourquoi se gêner quand on est une vermine sans remord ?

- Je croyais que tu devais mener une mission ici.

L'atmosphère fut soudain glaciale.

- Bah, maintenant que ma couverture est grillée, faut que je poursuive sur la prochaine île révo.... C'est quoi son nom déjà ?

N'ayant jamais étudié de près ou de loin Grand Line, le forban ignorait tout des îles qui composaient la route de tous les périls. Rassembler quelques informations au préalable ne lui ferait pas de mal. Les mineurs, Hogweed compris, tirèrent une tronche pas croyable.

- Tu vas sur l'île des animaux ?! Y'a des espions dans les troupes de Minos ?

Joe blanchit. Si il ne connaissait pas Grand Line, il avait déjà entendu par le passé le nom de "Minos", et on ne tarissait pas d'éloges en mentionnait ses hauts-faits. Un révolutionnaire d'une pareille trempe sur la prochaine île, cela relevait du cauchemar. Et avec un type de sa trempe, Joe ne pourrait pas décemment se faire passer pour un cadre de la révolution.

- Ne t'inquiète pas Joe au Grand Coeur ! Des hommes t'emmeneront là bas, tu seras quitte de te faire avoir par les geyser. Faudra juste que tu te débrouilles pour partir de là bas par tes propres moyens, m'enfin je suppose que Minos te prêtera une embarcation.

Rien n'était moins probable, à part lui prêter un cercueil pour son ultime voyage, Minos ne lui ferait probablement pas de cadeaux quand ils se croiseraient. On lui avait dit que Grand Line était périlleux, mais il ne s'attendait pas à devoir rencontrer un héro de la révolution aussi tôt au cours de son périple. Cependant, il n'en était pas là. Sans doute aurait-il le temps de réfléchir à un plan pour la suite des évènements.
On lui rendit ses armes et il fut raccompagné hors de la mine où il put enfin sentir de l'air frais caresser son visage. L'odeur ambiante était toujours aussi infecte, mais au moins il était dehors. On vînt lui tapoter l'épaule.

- Vous êtes Joe Grand Coeur ?

Chaque fois qu'on l'affublait du titre grotesque qu'il s'était attribué, le cafard manquait de hurler de rire. Retenant un rictus il répondit à l'affirmative.

- En vous fouillant tout à l'heure, nous avons saisi une recette pour la construction de balles explosives.

Effectivement, Joe, en quittant Torino, s'était emparé de la recette de fabrication des Muggy Balls. Mais il n'y comprenait que dalle, car n'ayant aucune expérience en chimie. L'homme qui lui adressait la parole n'était autre qu'un des scientifiques de la compagnie "Les p'tits futés" fondée par le révolutionnaire Kyoshi Okabe. C'est tout du moins en tant que tel que se présenta l'homme.

- Est-ce que vous auriez du temps pour rejoindre nos laboratoires ? Vous ne perdrez pas votre temps croyez moi.

Le pirate accepta, mais il avait à faire pour le moment, et promis de venir jeter un oeil à ce qu'ils avaient crée. Cependant, après avoir discuté avec pas mal de mineurs qui lui demandaient si il connaissait les grands révolutionnaires, et leur avoir copieusement menti, le forban s'isola de la foule.
Il n'avait qu'une idée en tête pour le moment, cela consistait à casser du mineur en douce avant de se faire la malle. L'idée lui trottait dans la tête depuis un moment. Être libre ne lui suffisait pas, il voulait se venger, tout en jetant le blâme sur quelqu'un d'autre, cela va de soi.
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Zonant ici et là sur l'île, le cafard était à la recherche de l'occasion rêvée pour faire du dégât sur l'île. Cela n'était pas chose aisée. On avait fait passer le mot un peu partout sur Union John pour dire qu'il était un cadre révolutionnaire, ami personnel de Yukikurai, et même l'amant de Shaïness. Après tout, il pouvait être ce qu'il voulait, dans quelques jours il ne serai plus sur l'île et n'aurait plus à se faire passer pour ce qu'il n'était pas.
Puisque tant de rumeurs couraient à son sujet, tous les habitants allaient à sa rencontre pour papoter. Le plus dur pour Joe consistait à se faire passer pour quelqu'un de sympathique. Chaque fois qu'un travailleur venait lui mettre une tape amicale dans le dos, le cafard s'imaginait en train de leur arracher les globes oculaires. Cette familiarité avait le don de l'exaspérer, mais il devait jouer le jeu jusqu'au bout.

Difficile donc de trouver un endroit où perpétrer un sabotage quand on le sollicitait dès qu'on le croisait. Peut-être aurait-il pu abandonner son projet risqué, se contenter d'être libre et de passer à autre chose. Mais quand on passait cinq jours à croupir dans sa pisse au fond d'une mine étouffante, il y avait de quoi être rancunier.
Ce n'est que lorsque le soleil commençait à se coucher qu'il trouva l'endroit rêvé pour s'adonner à son vice. Une entrée de mine non gardée, d'où émanait pourtant certaines voix venant des tréfonds de ses galeries. Comment comptait-il faire du dégât ? Affronter les mineurs de face signifiait trahir sa couverture, et il ne pouvait pas briser les poutres qui soutenaient les fondations de la mine. A moins que....
Fouillant dans la doublure de sa manche droite, il sortit les deux dials qui avaient servi plus tôt à bloquer le coup de pied de Hogweed. Jetant un oeil par dessus son épaule, personne en vue. Alors, il s'approcha de la poutre et balança son impact Dial contre. Mais cela n'engendra aucun effet.

Joe ne pouvait pas presser le Dial de sa main, le recul du coup enregistré lui aurait déboîté l'épaule, si ce n'est arraché le bras, il tentait donc d'activer le coup en balançant le Dial contre une surface pour enclencher l'impact stocké.
Adroit comme il était, il dût s'y reprendre à plus de cinq fois avant que le Dials ne restitue enfin le coup contre l'une des deux poutres à l'entrée de la mine. Le bruit qui s'ensuivit fut celui d'un éboulement assez violent. Rapidement, avant que qui que ce soit n'arrive, il lança le deuxième dial chargé, afin de briser la seconde poutre et d'en finir. Là encore, cela nécessita plusieurs lancers, mais la poutre finit par subir le choc à son tour.

Allant récupérer ses Dials, projetés loin en arrière à cause du contrecoup, il remarqua après les avoir remis dans sa manche, qu'un homme, tétanisé, l'avait observé.

- Merde...

"Merde" c'était le mot. Dire qu'il comptait courir partout sur l'île en hurlant tout candide "A l'aide ! Quelqu'un a fait sauter la mine." Voilà qui compromettait son "brillant" plan.

Pas le temps de réfléchir, le mousquet à canon triple fut dégaîné et aussitôt vidé de la seule balle qui était chargée. Le bruit de l'effondrement de la mine avait attiré du monde qui l'avait vu tirer en direction de l'homme. Maintenant, il allait falloir soigner la mise en scène, car cette fois, ce n'était pas les fers qui l'attendaient, mais la corde.
Se ruant sur le cadavre qu'il venait d'engendrer, Joe s'essaya à la comédie.

- Crèves pas salopard, qui t'envoie ? Parles !

Penché aisi sur la dépouille, il vida un peu de poudre du barillet de son arme pour en mettre sur les mains du pauvre mineur ne s'étant pas trouvé au bon endroit au bon moment. De la sorte, il pouvait le faire passer pour un poseur d'explosif responsable de l'éboulement dans la mine.
Se retournant vers la nuée de mineur qui s'approchait, Joe hurla :

- Appelez des secours ! Il y a des hommes piégés dans la mine !

Avec un peu de poussière dans les yeux, il avait le regard larmoyant. Son jeu d'acteur avait l'air si sincère, il était pourtant si factice.
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[Épilogue]


Joe Grand Coeur Lloyd-11_imagesia-com_3rnl_large


- Racontes moi tout.

Suite au "malencontreux" éboulement "indépendant de la volonté du cafard", une enquête avait été ouverte. On avait dépéché le Shériff Lloyd Bullet pour tirer tout au clair. Lui n'était pas un zélote pro révolution, il faisait son travail simplement.
Il y avait eu plus de trente morts suite à l'effondrement de la mine. Les rares survivants qu'on avait extrait avaient même remercié Joe d'avoir prevenu les secours.

- Je précise au préalable que le fait que tu sois grand manitou de la révolution ou je ne sais quoi, je m'en tamponne, je veux des faits, rien que des faits.

Il aura fallu que Joe tombe sur un pragmatique. Son histoire, il avait eu le temps de l'inventer et de la peauffiner comme il se devait.

- Bien que ma couverture de contre-espion soit grillée, j'ai tenté une dernière inspection de routine avant mon départ. De tous les habitants de cette île, j'avais repéré un type louche qui avait l'air mal à l'aise de me savoir dans le coin. Je l'ai un peu filé en journée, pour le retrouver le soir devant une mine à attacher je ne sais quoi à la poutre qui soutenait l'entrée de la mine.

Le cafard pencha la tête en avant, comme si il était dévasté de savoir ce qui était arrivé. En réalité, si il penchait la tête, c'était pour que le shériff ne voit pas son sourire malsain et satisfait.

( J'ai compris ce qui était attaché quand je l'ai vu s'enfuir en courant. Comme je le filais, j'étais assez loin de lui pour ne pas me faire repérer, et vu que j'avais peur de perdre sa trace, j'ai tiré pour l'immobiliser. Vraiment... Je me doutais pas qu'il en crèverais.

La sonorité avec laquelle il avait prononcé "vraiment" sonnait faux, mais pour autant, Lloyd ne dit rien. Le shériff resta silencieux un moment, s'alluma une clope, et descendit du bureau où il était assis pour aller à la fenêtre cracher sa fumée.

- Ça se tient. Affaire classée.

Joe était assis face au bureau où se trouvait plus tôt Bullet. Cette conclusion paraissait trop abrupte. Quel genre de gardien de l'ordre pouvait classer aussi vite une affaire d'une si grosse importance ? Il y avait anguille sous roche. Mais si affaire classée il y avait, le cafard n'avait plus aucune raison de rester sur place, aussi il se leva et s'apprêtait à quitter le bureau du shériff.

- C'est tout de même étrange...

Se trouvant au pas de la porte, le forban s'immobilisa.

- Te retrouver dans tant de mauvaises affaires dans un délai aussi court, étrange en effet...

Lloyd se tourna vers Joe, plongeant son regard dans le sien.

- Ça ne te dérange pas si je téléphone pour me renseigner auprès de connaissances à moi sur ton appartenance à la révolution ?

"Salopard de shérif" pensa Joe. Il était clair qu'il était un des types les plus intelligents de l'île. Tout en se montrant conciliant avec lui, il parvenait mettre le pirate dos au mur.

- Tu peux essayer, mais je connais aucun organisme qui serais prêt à balancer des membres de son service de contre espionnage. Tu sais... le secret, ce genre de chose.

Bullet jeta le mégot de sa clope au sol et l'écrasa de la pointe de sa botte, comme il aurait écrasé un cafard. Relevant la tête, il afficha un sourire lourd de sens.

- Bien sûr.

A ce point là, il n'était plus question de soupçons, mais de certitudes. Lloyd savait que Joe était coupable,. Il n'avait pas encore les éléments pour le démontrer, mais il ne pouvait se permettre de prendre tant de pincettes pour s'occuper de lui.
Le pirate lui demanda si il pouvait enfin partir, et le shérif accepta sa requête. Une fois que Joe eut quitté le bureau, Bullet s'emparra de son escargophone.

- Ici le bureau du shérif d'Union John, je m'adresse bien à la Légion de Minos ?

Minos et lui avaient eu quelques différends par le passé, mais en dépit de ses rapports antagonistes avec le révolutionnaire, Lloyd ne pouvait pas laisser un individu comme Joe repartir impuni.

- Il ya un type du nom de Joe "Grand Coeur" Biutag qui va arriver sur l'île des animaux d'ici peu, il se fait passer pour un révolutionnaire. J'aimerais être certain qu'il stoppe son voyage sur Grand Line après vous avoir rencontré. Je ne le sens pas ce type.

Pour qu'il demande un service aux hommes de Minos, cela signifiait que Lloyd se méfiait pas mal de Joe, suffisamment en tout cas pour entrer en contact avec l'armée d'un homme qui avait jadis brûlé son bar. Il ne préférait pas s'en occuper lui même. Joe bénéficiait d'un certain prestige auprès d'Union John grâce à ses mensonges, l'éliminer eut été mauvais pour la cohésion sociale, déjà qu'il ne jouissait pas lui même d'un très grand succès auprès de la populace. Laisser le cafard se faire massacrer par Minos sur l'île des animaux réglerait le problème sans remous.
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