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La fièvre de l'or cuivré

Suite des événements joués ici





***

- De la grêle ? Une putain de pluie de grêle ?!

C'est en effet une pluie de grelons qui s'abattait sur la frêle embarcation du cafard. Ce dernier paniquait, chaque morceau de glace était presque aussi gros qu'une balle de mousquet. Jusque là, la puissance de l'impact de la grêle ne suffisait pas pour abimer la chaloupe, cependant, le poids de toute la glace qui s'accumulait faisait sombrer petit à petit la modeste barque qu'il avait volé à la Translinéenne.
Joe était partagé. Il avait le choix entre continuer de se protéger la tête avec ses mains endolories par le froid et couler dans quelques minutes, ou risquer d'avoir le crâne brisé par l'averse, tout en écopant le bateau.

Courageux, mais pas suicidaire, il préférait braver une éventuelle contusion cérébrale plutôt que de s'essayer à la brasse coulée sur Grand Line. Jetant par dessus bord des morceaux de glace par poignées entière, il sentit enfin l'air se réchauffer. Peu à peu, la pluie s'arrêtait. Elle n'avait durée qu'une dizaine de minutes, et le forban avait bien failli y passer.

- Bon, le pire est derrière moi...

Sortant son Log Pose du revers de l'intérieur de sa casquette, il ignorait à quel point il avait tort. Le pire était à l'Ouest, la direction vers lequelle le vent le poussait. Sous son bateau, une myriade de petites ombres faisaient leur chemin. Il s'agissait d'un banc de poissons qui fusait dans la direction opposée à celle vers laquelle se dirigeait le forban. Ayant la présence d'esprit de se demander ce qui pouvait bien les faire fuir en si grand nombre, il orienta son regard vers l'horizon où il se dirigeait. Ouvrant peu à peu la bouche du fait de la surprise, il prit une bouffée d'air frais, s'assis au fond de la barque, les jambes recroquevillées contre lui.

- Je savais que je créverai sur Grand Line, mais je me doutais pas que ça serait si prématuré.

Pourquoi un tel défaitisme ? Parce qu'à moins d'un lieu nautique où le courant l'entraînait se trouvait un tourbillon marin. A ce point là, ramer relevait de la simple perte de temps, et Joe l'avait bien compris.
Déjà, la chaloupe commençait à entrer dans la danse infernale du tourbillon. La vitesse de croisière de son embarcation se fit de plus en plus rapide, jusqu'à ce que la chaloupe vienne à se retourner. Déjà, Joe était entraîné sous l'eau. L'épopée du cafard approchait de sa fin.


***

Lorsqu'il se réveilla, le forban était sur un petit bout de plage qui jouxtait un immense complexe industriel. Le ciel était noir du fait des abondantes émanations de charbon, et l'air ambiant empestait le souffre.

- C'est ça l'au-delà ? Franchement je m'attendais à mieux.

Ayant dans l'idée de se relever, il avait bien trop mal pour ça, et décida de se prélasser encore quelques minutes sur le sable froid de cette île sinistre. Un mineur local, à peine étonné de voir quelqu'un échoué sur le récif alla en sa direction et le tâta du bout de sa pioche pour voir si il était mort. Le cafard gromella quelques insultes heureusement inaudibles.

- Bah reste pas la gueule dans le sable gamin. La vie est dure, mais c'est pas une raison pour déprimer sur la plage. Ressaisis toi ! Et lance toi à coeur perdu dans l'entreprise révolutionnaire d'Union John.

Joe ouvrit soudain les yeux pétrifié. A présent, il était certain de ne pas être dans l'au-delà.

- Oh putain... Je suis en enfer !


Dernière édition par Joe Biutag le Dim 13 Mar 2016 - 9:44, édité 5 fois
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Une île acquise à la cause révolutionnaire. C'est ici que les courants marins l'avaient fait dériver après son naufrage à proximité des côtes. Vouant une rancoeur particulière à l'attention de la révolution, Joe n'aurait pas pu tomber sur pire île pour commencer son voyage sur Grand Line. De mauvaise foi, il aurait même presque préféré échouer près d'un fort de la marine, car les révolutionnaires eux, ne s'embarrassaient pas de contraintes législatives pour punir les renégats, une corde leur suffisait à expédier le problème.

Heureusement, si Joe avait sur sa tête une prime assez fournie, il n'était pas spécifié quelles avaient été ses exactions. Mais il n'était pas temps de penser à cela. Une ville minière suggère la présence de minerais, et qui dit minerai...

- De l'or ! De l'or partout !

Déjà, le cafard songeait à tirer profit de son infortune en s'enrichissant sur le dos de travailleurs honnêtes et acharnés. Seulement, ce n'était pas de l'or qui était miné ici, mais divers minerais destinés à des constructions de toutes sortes. Mais cela, le forban l'ignorait, il croyait dur comme fer à son fantasme d'île remplie d'or, et cela allait le mener droit vers une série d'emmerdes.

Quand un pirate se retrouvait au milieu d'honnêtes travailleurs, son premier réflexe consistait à profiter du fruit de leur labeur afin de s'enfuir avec. Cela n'était pas une partie de plaisir et nécessitait en général un équipage et un bateau pour prendre la fuite rapidement. Joe ne s'embarrassa même pas de ces considérations. Il était aveuglé par un or qui n'existait même pas sur l'île. Parti comme il était, ce n'était qu'une question d'heures avant qu'il soit pendu.

Reniflant l'air ambiant, le cafard se plaisait à croire qu'il était capable de repérer de l'or seulement grâce à son odorat. En réalité, personne n'aurait été capable de sentir ses propres pets du fait de la puanteur étouffante qui reignait en ces lieux. La prospection intensive et l'extraction de minerais soulevait nuit et jour une poussière nocive. Bien que le fond de l'air était frais, tout le monde semblait étouffer de chaleur, les discussions de foule étaient parsemées de toux grasses. L'industrialisation rapide de l'île avait eu des conséquences néfastes sur l'environnement, il ne faisait pas bon s'attarder en ces lieux.

Mais le forban n'y pensa pas un seul instant, sa seule préoccupation pour le moment consistait à se demander combien de kilos d'or il pourrait transporter sur lui.

- Mmmmh.. Je vais prendre entre 50 et 100 kilos d'or, ça devrait me suffire.

La fièvre de l'or l'entraînait déjà sur la pente de la folie des grandeurs. Lui qui n'était pas capable de soulever trente kilos à bout de bras pensait se tirer de l'île avec un quintal de métaux précieux sur lui. Déjà, il perdait le sens des réalités, cela n'augurait rien de bon.

Cependant, depuis son passage à Rokade, l'idée de pénétrer des galeries souterraines lui filait des sueurs froides. Une fois entré, il n'y avait qu'un chemin pour s'en sortir. Mais, suffisamment audacieux et débile pour croire qu'il arriverait avec ses petits bras, à voler de l'or à des mineurs nombreux et plus costauds, cela ne l'inquiétait pas.

- Bonjour camarade révolutionnaire ! Je viens pour miner de l'or ! Envoie moi une pioche.

Un contremaître tranquillement attablé à côté d'une entrée de mine leva un oeil et observa le cafard un air patibulaire affiché sur sa gueule cassée.

- Appelle moi encore une fois camarade et la pioche je vais t'l'envoyer dans la gueule p'tit con. Où est ton matériel ? Et puis c'est quoi c't'histoire de miner de l'or ?

Sans se démonter, Joe insista. Il savait être lourd quand il voulait quelque chose, et, telle une hyène enragée, ne lâchait jamais le morceau, il continua son petit manège afin de se faire passer pour un mineur et obtenir le droit d'entrer.

- Allons camarade ! Je suis venu de loin pour aider la révolution, tout ça, tout ça ! Ma pioche s'teuplaît !

Se faisant trop vieux pour lutter face à tant de connerie, le contremaître se contenta d'un soupir, tendit une pioche rouillée au forban afin que ce dernier foute le camp. En bon mineur, il avait passé sa vie dans des galeries lugubres dont la noirceur avaient déteint sur son tempérament. Il détestait les jeunes cons pleins d'enthousiasme et avait hâte que Joe aille se pourrir la santé à miner comme un forçat.
Seulement, le cafard n'avait pas l'intention de miner. Une fois entré dans la mine, il comptait en sortir très vite, avec un quintal d'or.

- Et puis après tout, on dit qu'une tonne c'est lourd, mais avec un peu de volonté...

A ce point là, il avait complètement perdu les pédales.


Dernière édition par Joe Biutag le Dim 13 Mar 2016 - 9:52, édité 1 fois
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Sifflotant au fur et à mesure qu'il s'enfonçait dans la mine, Joe, tout en marchant, éraflait la paroi du tranchant de sa pioche, tout en suivant le rail au sol. Scrutant la galerie dans ses moindres recoins, il espérait trouver un morceau d'or qui traînerait par là. Car c'était bien connu, les mineurs étaient réputés pour laisser traîner des minerais précieux derrière eux.
Enfin il commençait à entendre des voix qui résonnaient. Cette fois, c'était de réelles voix, pas celles dans sa tête qui lui hurlaient depuis tout à l'heure "Je suis riche ! Je suis riche !" Il approchait du fond, et ce, bien qu'il ait lui même déjà touché le fond et atteint le seuil de la folie extrême.
Toujours motivé par la soif de l'or, il n'avait pas encore retrouvé la raison et continuait de s'imaginer qu'il ressortirait de cette galerie riche à millions. Ce qui lui fallait pour se ressaisir, c'est une bonne paire de claques. Il ne restait qu'à espérer que sa propension à attirer les coups dans son visage puisse lui permettre de recouvrer sa santé mentale.

- Bah r'garde ça Ranliet ! V'là un nouveau ! Ils nous l'envoient alors que la mine est presque épuisée, t'y crois ça ?

Ranliet s'arrêta de miner une seconde, et de ses yeux globuleux ornant son visage noirci par la poussière, répondit par un "Yep" avant de reprendre son travail.

- Mon pauvre gamin ! A peine embauché que tu vas être à court de travail ! M'enfin c'est pas les mines qui manquent par chez nous.


- Yep

Ils n'étaient que deux au fond de la mine, l'exploitation approchait de sa fin, la veine qu'ils minaient devait être la dernière du coin à être rentable.

- Mine épuisée ? Il n'y a plus d'or ?

Tandis que Ranliet continuait de donner des coups de pioche, devenu sourd depuis des années à force de marteler le métal contre la pierre, Etienne le regarda quelque peu amusé.

- Ouais c'est ça haha, y'a plus d'or ! T'es un marrant toi.

Rigolant de bon coeur, il jeta un petit minerai de couleur jaune dans un wagon rempli à ras bord des mêmes métaux. Le cafard manqua de briser sa mâchoire en l'ouvrant trop du fait de la surprise qu'avait occasionnée cette vision. La gueule grande ouverte, il salivait comme un animal en rute devant ce qu'il pensait être la plus grosse occasion de s'enrichir qu'il n'ait jamais vu de son existence.

- Allez, assez discuté gamin, aide nous à finir le travail !

N'ayant droit à aucune réponse, Etienne se tourna et vit que le wagon avait disparu, il en allait de même pour Joe. Suivant la trajectoire du rail du regard, il vit le forban s'enfuir à toute blinde en poussant le wagonnet.

- Bah ça ! Ranliet, le jeunot se barre avec notre chariot de cuivre. C'est dingue non ?

- Yep !

Du cuivre. Ce que Joe avait confondu avec de l'or était du cuivre. La poussière soulevée dans cette gallerie avait teinté d'une couleur jaune les métaux environnant. Mais c'était bien plusieurs dizaines de kilos de cuivre que Joe était en train de pousser vers la surface.
Se serait-il contenté de cette seule bourde qu'il s'en serait tiré avec de simples moqueries. Seulement, quand le cafard s'abandonnait à la folie pure, il ne le faisait pas qu'à moitié.

- Vous n'aurez jamais mon or bande de chiassards !

Se retournant, il s'empara de son mousquet à triple canons, se contentant de tirer deux balles pour exécuter Etienne et Ranliet, de peur qu'ils ne le pourchassent pour récupérer leur "or". Il avait commis l'irréparable. Les coups de feu avaient probablement résonné jusqu'à l'extérieur. Alors qu'il approchait de la sortie, il ne se doutait pas qu'un joli petit comité d'accueil l'attendait.
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Au fur et à mesure qu'il fonçait vers la sortie, il commençait peu à peu à retrouver la raison. Cela se manifestait par l'émanation de quelques questions qui commençaient à occuper son esprit, comme "comment je vais passer devant tout le monde avec un chariot remplit d'or sans être repéré ?" ou encore "Avec quelle embarcation je vais pouvoir m'enfuir, sachant qu'une barque ne suffira pas à supporter tout le poids du métal ?".

Toutefois, il était un peu tard pour commencer à réfléchir à ces points cruciaux. Dehors, le contremaître avait alerté plusieurs mineurs du bruit des coups de feu. Une vingtaine de personnes attendaient le pirate de pied ferme.
Malgré ça, Joe arriva comme une fleur, poussant son wagonnet. Arrivé au bout des rails, le trajet du chariot s'arrêta net. Le cafard tenta de mobiliser ses maigres forces pour le pousser plus loin, en vain. C'était un spectacle assez lamentable qui se présentait sous les yeux des mineurs médusés : un fou furieux doublé d'un gringalet qui essayait de se faire la malle avec quelques kilos de cuivre.
Hésitant un instant à s'attaquer à un homme aussi pitoyable, ils ne pouvaient pas décemment le laisser partir comme ça.

Désespéré, le forban empoigna quelques minerais de cuivre qu'il pensait être des pépites, et s'élança comme un dératé. Les mineurs qui ne s'étaient pas attendu à une telle vitesse n'avaient pas réagi sur le coup et l'avaient laissé leur passer sous le nez. Alors s'engagea une poursuite assez burlesque, avec une vingtaine de pue-la-sueur pourchassant un voleur de cuivre.
Mais le cafard commençait à fatiguer et ne tarderai pas à être rattrapé. C'était donc pour lui l'occasion rêvée de tester son invention.
A sa ceinture, sous sa parka donc, il avait attaché deux Ventio Dials, situés à droite et gauche de ses hanches, dont l'ouverture du souffle se faisait vers le bas.
Appuyant simultanément sur les Dials pour les enclencher, le souffle se fit assez puissant pour le soulever de quelques centimètres au dessus du sol. Il ne lui suffisait plus qu'à se pencher en avant afin d'orienter la direction du souffle à la diagonale, et être propulsé en avant, comme flottant au dessus du sol à une assez grande vitesse.

- Ça marche ! Ça marche ! Ça marche ! Ah ! Comment on freine ?! Comment on freine ?! Comment on freine ?!

Si son invention pour se déplacer en flottant fonctionnait, il n'en avait pas encore la maîtrise. Devant lui, un mineur s'était contenté de tendre le bras pour que le fuyard se prenne la gorge contre. Ce fut chose faite.
Renversé au sol, les Ventio Dials toujours activés le projetèrent cette fois en direction de ses poursuivants. Bien qu'il eut le temps de les désactiver, il était trop tard, à présent, ils l'encerclaient.

- *peuf * peuf * L'enfoiré ! On a pas idée de faire courir son monde comme ça !

Plusieurs gaillards empoignèrent le cafard qui gesticulait et cherchait à se saisir de ses armes. En vain, les mineurs prirent les devants et lui confisquèrent son arsenal.

- Salopard, tu as tué Ranliet et Etienne ! Qu'on aille chercher une corde !

Un mineur plus sage interrompit la joie populaire qui se manifestait déjà à l'idée d'un lynchage en place publique.

- Les enfants, qui sommes nous pour nous dispenser de bras supplémentaires pour travailler dans la mine ?

Joe commençait à reprendre ses esprits, quelque peu sonné après avoir chuté pour être ensuite traîné au sol par ses propre Dials.

- Vous voulez me réduire en esclavage ?

Tout de suite, l'assemblée prit un air de vierges effarouchées.

- Allons ! Tout de suite !
- M'enfin ! Mais pas du toouuut !
- Meuuuuh non !
-  On est révolutionnaire enfin !

Tout révolutionnaires qu'ils étaient, il fallait profiter du maximum de main d'oeuvre possible pour mieux financer la révolution. L'esclavage était prohibé, mais compte tenu de la nature de l'île, ils pouvaient se permettre quelques entorses à la règle en cas de capture d'un élément perturbateur.

- Nous préférons appeler cela du travail à durée indéterminée à volonté modérée.

Cela sonnait tout de suite bien mieux.

- Bah en gros... De l'escla...

On l'assomma avant qu'il termine sa phrase. Avant de perdre totalement connaissance, Joe sentit la froideur de l'acier recouvrir ses chevilles. Il était enchaîné. Exit Joe le pirate, saluez les aventures de Joe : esclave dans les mines.


Technique utilisée:
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