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C'est qui l'Papa ?

Il y a un bon mois, dans la forêt sur l'Île aux éveillés

Purupurupuru ... Purupurupuru, katcha !

- Parle.
- Mahach ? Ouais c'est bien toi tout craché ça ... C'est Jolan ...
- Okay, je vois pas. Ciao.
- Attends ! Tu sais, le mec d'Innocent ?
- Toujours pas, je raccroche ?
- Mais si ! Le ... le ...


Il cherche ses mots. Ou plutôt, il va dégueuler un truc qui l'écorcherait de le dire.

- Le bouseux que tu as laissé sur Innocent pour surveiller l'île ... Voilà, c'est dit.
- Là je vois. Accouche. Elle a été attaquée ? Spica va bien j'espère ? Sinon je vous arrache les couilles par la bouche.
- Oui, merci ... Je vais bien ...
- Ta gueule, le sarcasme c'est pour les merdes dans ton genre, alors évite de m'en chier à la gueule, en plus c'est pas ce que j'ai demandé.
- Hmmm ... Non, l'île n'a pas été attaquée, oui Spica va mieux.
- Mieux ? Comment ça ? Elle allait pas bien ?
- Bah disons que ... Tu me promets de ne pas te mettre en colère ?
- Je promets rien.


Silence, déglutition.

- T'es papa, mec.

Silence. De moi. Un tas d'image défile devant mes yeux. La nuit que j'ai passé avec Spica, notamment.

- La merde ...
- Et sinon, je voulais savoir ... Comme t'es pas notre capitaine et que tu vas sûrement venir, on peut repart...


Gotciao


---

Une heure plus tard, au port de l'Île aux éveillés

- Mahach ? Qu'est ce que tu viens faire à bord ? Et les autres ?

Ca, c'est ma charpentière, Paris, une Miss Tonfa sévèrement burnée. Je l'ignore. Je dois me mettre mal pour oublier ce que je viens d'entendre. Ca fait déjà une heure que ça résonne dans mon crâne.

- Oh, répond-moi au moins !

Je m'enfonce dans la cale à la recherche d'une bouteille de gnôle.

- On a que ça ?
- Okay, tu déboules sans raison, sans me décrocher un mot et tu viens vider notre stock d'alcool, comme ça.
- Y'a un rade sur l'Île ?
- Non mais tu vas me répondre ? Oh !
- ...
- Hmpf. Y'a bien un boui-boui m...
- Okay.


Je me tire.

- Oh ! Mais tu vas où comme ça ?

Je me retourne, j'en ai marre de l'entendre brailler.

- Je crois que je deviens fou. Je crois que j'ai entendu que je vais être papa.
- Ah bah merde alors ...
- Nan nan, t'as pas compris, je te la refais : Je. Vais. Être. Papa. Moi. Mahach. Je vais être papa. Nan, je suis déjà papa.
- Merde ! Le choc ! Désolé, je comprends alors ...


Je me casse. C'est pas avec ce que j'ai dans les bras que je vais oublier ce que j'ai entendu. Je marche en m'enfilant la première bouteille. C'est quand ça t'arrache la gueule que ça commence à faire effet. Et comme c'est de la bière, eh bah ça fera pas effet bien longtemps.
Je sème des cadavres de verre derrière moi. Dans ma tête, quand ils s'éclatent sur le ponton, je vois autant de tessons que de gamins. Vision d'horreur. Je marche plus, je cours. Je vais m'échapper. Je veux sortir de ce cauchemar.

Dans l'horizon qui commence légèrement à trembloter, je vois un équipage sur le départ. Je me rue vers eux.
Quand ils entendent mes pas pressés sur le bois, ils se retournent. Je pose un pied sur la passerelle, je les entends qui commencent à gueuler parce que je m'incruste. Je choppe le premier gusse qui passe devant moi et je lui fourre un Black Monster Paw dans la colonne vertébrale. Il se redresse net, a un hoquet aussi violent que bref et je le fous à la baille.

- Oy ! Qu'est ce que tu crois faire ?

Deux connards me sautent dessus. Coup de boule sur le premier, l'autre m'emmanche un coup de marteau dans le buffet, je laisse partir mes baies et les lui renvoie dans le sien, avec un Canon Ball.

- Vous vous tiriez de c'te putain d'île de merde ? J'peux v'nir ?

Le capitaine se met à ricaner.

- Ta gueule, c'était rhétorique. Bien sûr que j'viens.
- Toi !


Il fait signe à un gros bras d'aller me démonter. Mais je me démonte pas. Je mets en posture Red Hyena, le haut de mon corps double en volume musculaire.
Estoc, je bondis à gauche vu qu'il est droitier. Je passe derrière lui, je lui choppe l'arrière du crâne à une main et je lui éclate la gueule contre le pont.

- C'est bon ? Vous êtes calmés ? On peut y aller ou faut que j'fasse d'autres exemples ?
- S-S-Souquez les artimuses !


Un rictus moqueur plein de dédain vient se nicher dans le coin de mes lèvres, le reste de l'équipage se met fébrilement au boulot.

Je me relève et je me dirige vers le capitaine, l'oeil noir.

- Ah, mon copain ! Mon arcandier de capitaine ! Tu sais que ça veut rien dire c'que tu viens d'babiller ?
- A-Ah bon ? P-Pourtant que j-je croyais q-q...
- Faut pas croire l'ami ! Faut franchir le cap et porter ses couilles ! Faut pas penser, faut agir ! C'est le grand frisson ! Mais j'parie qu't'as jamais connu ça avec ta vie d'peigne-cul ... Allez viens, suis moi.


Je passe mon bras derrière sa nuque pour le forcer à me suivre docilement, comme si on allait faire les 400 coups, copains comme cochon. Il ricane jaune, faussement assuré. Je le traine avec moi jusqu'au mât. Quand je commence à tirer sur une corde d'une des voiles fermées, il commence à comprendre et à me repousser. Je lui décolle un beignet dans sa jolie petite gueule boursoufflée et moustachue.

- Eh, oh ! Mon copain ! Tu me peux me faire confiance, nan ? Je veux dire, je suis pas complètement cinglé ? Je sais que ça peut foutre les boules de faire le grand saut, mais fallait t'y attendre en venant sur Grand Line ...

Il commence à chialer. Je lui tapote la joue.

- Allez, calme toi, ça va bien se passer. Après ça, tu seras un homme, un vrai. Un peu de mal peut faire beaucoup de bien !

Silence complet à bord pendant que je l'attache avec la corde.

- Là, voilà ! Bon capitaine ! C'est bien. L'adrénaline, c'est bien ! C'est ce qui anime les hommes ! Les vrais ! Tu sais ce qui est mieux qu'un saut à l'élastique ? Un saut sans élastique !

Le reste se passe en une fraction de seconde : je dégaine mon poignard de sa botte, je tranche net la corde qui se met à la claquer comme un serpent furieux, le capitaine est arraché du sol par les hauteurs en même temps que la voile se débine pour s'ouvrir et claquer au vent.
Je m'écarte un peu pour éviter la gerbe .... de gerbe -tellement prévisible- et je beugle :

- Je crois qu'on est parti sur de mauvaises bases. Je vous en propose de plus saines : à partir de maintenant, c'est moi le capitaine. Vous allez où vous voulez, j'en ai rien à foutre. J'occupe la cale, le premier qui descend, je le zigouille.
- Et ... Et si on vient simplement chercher de quoi manger ?
- Je vous zigouille. C'est moi qui vous donnerai de quoi bouffer si l'envie me dit. Vous inquiétez pas, j'ai l'habitude de picoler sec, je vais pas être minable dès la première bouteille, pas vrai ?


Je m'enfonce dans l'obscurité de la cale, le bateau commence à filer. Paris, qui m'a suivi mais raté de peu, essaie de me crier :

- Mahach ! Qu'est ce que tu fous ? Mais reviens !

Elle aura jamais la réponse.

- Capitaine de mes deux !

Et pour une fois dans ma vie, je vais pas répondre à la provocation. C'était quand même bien joué de sa part.


Dernière édition par Mahach le Dim 13 Mar 2016 - 16:36, édité 1 fois
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Plus d'une semaine après

- Putain, ça pue la charogne décomposée dans c'te cale ! J'en ai plus dégueulé qu'à cause de l'alcool ! Et qu'est ce qu'il fait libéré c'lui là ?

L'ours mal léché est sorti de son hibernation. Ou plutôt le vieux soiffard que je suis est sorti de sa gueule de bois catatonique pour une odeur pestilentielle qui te soulève et te vide les tripes en appuyant dessus bien comme il faut. Et je crois qu'elle tabasse encore plus que mon putain de mal de crâne.

- Ben ... On ne pouvait pas le laisser comme ça ... Et puis comme vous nous avez pas remonté de nourriture, on a essayé de descendre mais ...
- Mais ?
- Bah ... vous savez ...
- Ah, ouais. Je vous ai trucidé ?


Que je demande, l'air amusé.

- ... oui ...
- Bon, bah c'est bon, vous pouvez descendre dans la cale maintenant que j'y suis plus.
- Bah oui ... mais maintenant, avec tous les cadavres décomposés des membres de l'équipage, on veut plus trop descendre ...
- Mais vous êtes cons ou quoi ? Pourquoi vous avez fait descendre autant de mecs ?
- C'est que ... euh ... -désolé capitaine- mais le capitaine a envoyé plusieurs d'entre nous pour vous liquider en pensant que vous seriez trop soul pour vous défendre ...
- Et vous avez pas réussi ?


Je me marre. Comme un gamin. Et puis je m'en fous qu'il a essayé de me tuer le peigne-cul, il a pas réussi.

- Bah ... à part quelques lardasses ...

Je m'inspecte rapidement d'un coup oeil. Okay, les bras, et ... oh putain !

- Mais vous m'avez poignardé le bide ! La douleur, c'est pas qu'à cause de l'odeur ! Et vous m'avez laissé comme ça ?

Je plaque ma main contre la blessure.

- Allez me chercher des bandages et de l'alcool !
- Ben ... c'est à dire que l'alcool vous avez tout bu, et les bandages sont dans la cale.
- Putain ! Vous faites vraiment chier ! C'est mort, moi j'y retourne pas ! Ca pue la mort la dedans ! Pis j'suppose que personne veut y aller ? Je vais pas vous forcer, vous seriez capables de vous y évanouir ... Bon, calmos, vous avez un toubib ?
- Trucidé.
- Bande de branques ! Je ferai crier de mille façons si j'étais pas si mal en point !
- Désolé ...
- "Désolé" ? "Désolé" ? C'est tout ce que t'as à dire à un connard qui vient piller ton rafiot et buter plus de la moitié de tes hommes ? Putain de capitaine de merde ! T'as pas de couille ou quoi ?


Je fais les cents pas. Furieux, mais surtout comme je peux. Et gueuler me fait encore plus mal au crâne. Alors je me calme.

- Bon, des nouvelles du navigo ?
- Zigouillé ...
- Bordel de merde ! Et son Log, ou sa Vivre-card, son Eternel ?
- Dans la cale ...
- Putain mais dans quel putain de cauchemar que j'suis ? Je crois que j'vais même pas m'en réveiller ! Oh les mecs, c'est Grand Line ! C'est pas le pédiluve ! C'est pas la fête au village !
- Je crois que c'est vous qui avez le plus fêté avec tout l'alcool que vous avez ingé...
- TA GUEULE !!!!


Le lendemain, avec autant d'heures à péter la dalle et à douiller

- Bon. Bah, on va crever ici, comme des sous-merdes ! Perdu au milieu de nul part ! Grande Dame Bleue, invoque une tempête pour nous avaler ! Accorde nous une mort digne, je t'en supplie !
- Terre en vue à tribord ! C'est ... euh ... Redline. Je ... crois.
- Oh ! Trou du cul de vigie ! T'es même pas foutu de reconnaitre une île de Redline ?
- Bah si mais ...
- Fermes bien ta grande gueule ! Est ce que c'est une bande de terre rocheuse ou une île ? Ou une plage ? Ou je sais pas trop quoi d'autres moi ?
- Je dirais que c'est une bande de terre rocheuse ...
- Bon, okay, ça doit être Redline. Suffit de la suivre et de s'engouffrer dans une entrée. Avec beaucoup de chance, on pourra peut être s'en sortir. Avec la poisse qui nous colle à la peau, on s'inflitrera dans le réseau marijoan.
- Super ...
- FERME TA RACE ! T'AS UNE MEILLEURE IDEE, GRANDE GUEULE ? JE T'EN PRIE, ON T'ECOUTE, ECLAIRE NOUS DE TES LUMIERES !


Dernière édition par Mahach le Dim 13 Mar 2016 - 16:36, édité 1 fois
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Dans la soirée de cette même journée, dans la Flaque

- Poussez à la poupe !
- Eh oh ! Je peux pas être au four et au moulin !
- Alors ferme ta gueule et pousse ! Faut qu'on évite de se frotter contre les parois !
- Et les Rois des Mers et toutes ces conneries !
- On avisera. Pousse j'te dis !
- Une descente !
- Tout le monde à la poupe ! Une fois qu'on commence à s'engager, on court vers la proue pour équilibrer et limiter les dégâts !
- Tu crois qu'on va être assez nombreux pour équilibrer ?
- Je crois rien, on a pas le choix ! Essayez de pas tomber à la baille !


FOUCH !


---

- On a perdu un mes hommes !
- Jetez l'ancre, on va essayer de le récupérer ... ... ... Mais arrêtez bande de cons, l'ironie, ça vous parle ? On est en engagé dans des rapides depuis quelques heures, on peut rien pour ceux qui passent par dessus bord !


---

- Le bateau part en lambeaux ! On est foutus !
- Bande de branques ! J'ai réussi à passer par la Flaque une fois, et on était à peu près le même nombre !


CRAAAAC


- Merde, c'est la quille ! Capitaine, qu'est ce qu'on fait ?
- On peut plus rien faire ... On est foutus ...
- Faut espérer qu'on puisse sortir de là vivants et qu'on puisse atteindre une île de toute urgence !


---

- Eh merde ... Un virage en tête d'épingle ... Accrochez-vous ! La chute va être rude !


SCHPLOF !


- Capitaine ! Je crois que la vague a emporté le punk ! On est enfin débarrassé !
- Tu parles ! Quel soulagement ! Bravo ! T'as vu dans quel merdier on est ?


CRASH !


Dernière édition par Mahach le Dim 13 Mar 2016 - 16:34, édité 1 fois
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Je sais pas quand, je sais pas où

Je commence à sentir des choses. Une chaleur, et quelque chose de douillet. Alors c’est ça qu’il y a après la mort ? Ca ressemble au paradis en tout cas.
Nan, pas possible. Pas après la vie que j’ai vécu.
Puis une lumière douce transparaît à travers mes paupières à mesure que je m’éveille lentement et ...

- Oh putain !

Des douleurs ! Partout ! On dirait que je suis criblé de rhumatismes ! J’essaie péniblement de m’appuyer sur mes deux bras pour voir où est ce que j’ai atterri, le geste est aussi incertain que saccadé et soudain une main m’attrape l’arrière du crâne et m’enfonce violemment dans la surface douillette. Je peux pas m’empêcher de lâcher un râle d’agonie.

- Le maître a dit que tu devais rester au lit pour pas rouvrir tes blessures, gros faignant !

Une voix féminine ? Je la connais pas ... J’ouvre les yeux, je vois une bougie en face de moi, elle éclaire une pièce en bois, je m’aperçois aussi que je suis dans un lit.
Ah, on vient de me chicaner. C’est un réflexe chez moi, je peux pas laisser une provocation sans réponse. Je me fous sur le dos avec grand mal, je grimace tout le long de la manoeuvre, je suis gêné par des bandages et des points de suture. Je vois enfin la gueule de mon tortionnaire, un joli minois à la crinière blonde enfoncée dans une fourrure et je confirme bien que je suis dans une chambre. Pas le grand luxe, c’est sommaire mais ça me suffit.

- C’est pas en m’traitant comme ça que j’vais aller mieux, grognasse !
- Ferme ta gueule, sous-merde ! Z’avez même pas été capables de traverser la Flaque, bande de cons !


La Flaque ? Ah putain ouais, la Flaque ! Je recolle peu à peu les morceaux, je revois cette vague recouvrant le bateau. Elle a inondé la fibre de mes vêtements et transi jusqu’à l’os avant de m’emporter avec elle. Et le grand trou noir. J’ai donc du être sauvé, je dois m’estimer heureux, je me voyais bien crever comme un con.

- Ca y est ? Ca tilte ? Ca fait trois jours que tu dors, vieille loque. Tu pourrais au moins faire preuve d’un peu plus de gratitude ! Tu nous es redevable de ta vie et de ta survie ! Crois pas que tu vas duper le boss comme ça !
- Mais tu peux pas juste me foutre la paix cinq putain de minutes ! Je viens juste me réveiller d’un putain de naufrage à cause de troufions bons à rien !


Elle m’ignore un instant, trop occupée à se demander combien ça valait une vie. Et quand elle comprend que je l’envoie chier, elle revient à la charge.

- Va bien te faire foutre, crêteux de mes deux !

Qu’elle m’envoie dans les dents, juste avant de claquer la porte derrière elle.

Putain, enfin du calme ...

Ouaip ... le silence ... En tête à tête avec moi même ...

Putain ! Ce que je crève la dalle ! Ca en fait des jours sans bouffer ... Dès que je peux sortir de cette piaule, je file bourrer les placards, saucer la cantinière et tout ce qui traîne de comestible. Quoi que ... Héhé, ouais !

- Oh, grognasse ! T’es toujours là ?

Rien. J’y retourne.

- J’sais que t’es là, mais que tu réponds pas. Ca te fait chier d’avoir à m’surveiller hein ? Bah fais péter la bidoche ou n’importe quoi d’bectable, tu s’ras mignonne !
- Crève ! J’suis pas ta bonne !
- P’t être, mais t’es celle de ton patron, et ton patron veut que j’aille bien ! Et ça commence par éviter que les parois d’mon estomac s’touchent !


Hahaha ! J'ai fait mouche ! Je l’entends qui rage mais qui s’éloigne ! J’ai gagné ! Elle va me chercher à bouffer la pétasse en fourrure !

Je remets bien dans mon lit, enfin, dans la position la moins douloureuse mais le sourire aux lèvres. Faut savoir se satisfaire d’un rien.

Bon, c’est bien beau tout ça mais qu’est ce que je foutais là moi déjà ?

...

Oh putain ouais. Tout ça à cause du chiard ... Putain, mec ! Tu m’en veux déjà ? On s’est même pas rencontré ! Tu sais même pas qui j’suis ni si j’existe ou pas et tu m’pourris déjà la vie ?! Comment tu veux que j’veuille de toi après ça ? T’es qu’une machine bonne à chialer, se pisser et se chier dessus !

- Livraison expreeeess !

C’est elle, la revoilà, j’essaie de me redresser comme je peux, la porte s’ouvre, ah ouais, du sauciflard et du pain, le tout sur un plateau !
Mais à peine le temps de me réjouir qu’elle m’envoie le tout dans la gueule ... Le couteau avec !

- Dans ta gueule, face de cul !
- Vieille salope !


Elle repart en se marrant et en claquant la porte derrière elle.
Après avoir fini d’enrager et de douiller, je soupire d’agacement et j’essaie d’attraper le saucisson, quitte à devoir croquer dedans si je peux pas chopper le couteau.
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Après quelques minutes de galère pour attraper la bouffe par terre, je peux boulotter tranquillement mon sauciflard en repensant à tout ça, au calme.

J’ai tellement treuillé que je m’en suis mis en danger. Tout ça pour un gosse. Bon, okay, soit disant mon gosse. J’ai jamais voulu de gosse, je comprenais pas pourquoi ça me tombait comme ça sur le coin dans la gueule. Je crois que j’avais peur. Ouais, j’avais peur. Je fuyais mes responsabilités. Est-ce que ça veut dire que je dois les assumer et coûte que coûte élever mon gosse ? Nan, je crois pas.
Nan, ma responsabilité, c’est d’aller dire à Spica qui faut pas qu’elle compte sur moi pour ça. Bon, je pense qu’elle s’en doute, qu’elle s’en fout et qu’elle s’en porte pas plus mal, mais faut que je lui dise. Faut que ce soit clair.
Ouaip, c’est ça.

Animé par une nouvelle force, un second souffle, j’essaie de surmonter la douleur omniprésente et de passer mes jambes par dessus le lit. C’est que ça fait du bien de toucher enfin la terre ferme.
Je reprends une dose de courage et je me blinde, parce que je me sens comme un vieux pantin verrouillé, et je sais que me dégripper ça va pas faire que du bien. Je laisse sortir un râle de douleur dans l’élan. Je suis enfin debout mais pas stable du tout. Mes premiers pas sont chancelants et hésitant, je tiens le mur comme si ma cabine tanguait sur les flots, je vois enfin ce qui reste de mes affaires. C’est cool, j’ai pas perdu ma sacoche, et elle a l’air bien fermée ... Je me baisse pour l’attraper et ...

... mes genoux se dérobent sous mon poids, je me vautre lamentablement dans un cri à moitié étouffé de douleur. Putain, j’ai du bouffer toutes les parois de la Flaque. En long, en large, et en travers.
Je profite d’être avachi comme une carne pour chopper la sangle. Au moins, si je parviens à me refoutre sur pied, ce sera pas peine perdue : j’aurais ma sacoche avec moi. Il me faut quelques essais douloureux et l’aide du mur pour que ce soit le cas.

Nickel ... Je décide de me servir de la chaise du petit bureau comme béquille auxiliaire que je place sous l’aisselle.

Faut que j’aille rencontrer ce fameux “boss” et que je lui dise qu’on part sur le champ. J’avance un peu mieux avec la chaise, et je me démerde comme je peux pour ouvrir la porte sans être gêné.

Et quand c’est fait, je tombe face à face avec un décor à couper le souffle ! Je prends même un instant pour m’émerveiller.
Je comprends que je suis toujours dans la Flaque, mais qu’il y a un recoin, un cul de sac même, qui a été complètement aménagé et qui est parfaitement habitable ! Les rapides du réseau de la Flaque se déverse dans un petit lagon, surmonté au bord opposé d’un dédale de ponts et pontons qui desservent une multitude de bâtiments ! C’est juste magnifique ! J’en arrive à comprendre pourquoi la poufiasse à tignasse blonde s’est foutu de notre gueule sur le fait qu’on arrive pas à travers la Flaque. Pour le commun des mortels, c’est une vraie épreuve de navigation, mais pour les locaux, ces troglodytes, c’est le petit quotidien ! Et puis entre les Rois des Mers et la poiscaille, les gens ici ne doivent pas mourir de faim, même si acheminer des produits autres ne doit pas être une mince affaire.

Merde ! Quel génie aussi dingue et fortuné a eu cette putain de bonne idée ?
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Je fais quelques pas dehors, l’émerveillement continue. Il y a même un port, quelques cultures et même de l’élevage ! Un paradis perdu de vue aux yeux du monde alors qu’il réside en son for intérieur, splendide ! Une voie d’accès difficile pour les novices, un accès aux quatre coins de monde, on ne peut pas rêver à mieux !

Je commence donc ma progression pour trouver ce “Boss”. Je sens moins la douleur parce que je suis occupé à admirer ce qui se déroule sous mes yeux. Ce petit coin tranquille est même bercé par le clapotis perpétuel de l’eau et de la fureur des rapides qu’on entend au loin.

Je monte, je descends d’étage de pontons jusqu’à trouver un vieux, impeccable dans son smoking, enfoncé dans son fauteuil, une table basse avec diverses denrées posées dessus. Un homme aux cheveux longs et qui reste interdit se tient droit à ses côtés, ainsi qu’une femme de ménage à moitié menottée (elle porte les bracelets fermés mais la chaine qui les relie est cassée) et aux cheveux roses qui balaie le ponton aux alentours. Ah, et la pouffiasse.
Donc j’ai trouvé mon interlocuteur.

Autant dire que les deux hommes et la blonde pas commode me repèrent assez vite à cause du bruit de la chaise et de ma dégaine. Sauf la bonne ... qui ... bah fait le ménage. Le boss m’adresse la parole :

- Oh, vous êtes déjà debout, mon très cher hôte ? Bienvenue au Contrevent des murmures.
- Qu’est ce que tu fais là, crétin ? Retourne te coucher !
- Natalia ...
- Hmpf.


Je réponds pas. Je continue d’avancer. Le boss boit une lampée de ce qui doit être un whisky et se lève pour aller à ma rencontre.

- Je m’appelle Victor de Saint-Louis, enchanté.

Il me tend la main.
Je finis d’arriver à mon rythme et je la lui serre.

- Mahach, juste Mahach. Merci pour tout ce que vous avez fait.

Derrière son épaule, je vois cette connasse de Natalia qui anime une grimace quand je prends la parole. Je l’ignore.

- Vous savez, vous n’êtes pas le seul à arriver ... hmm ... de cette façon ici. Loin s’en faut. Et nous avons à coeur d’accueillir chacun d’entre eux.
- A propos de rescapés, vous avez trouvé d’autres hommes en même temps que moi ?
- Hélas, uniquement quatre. Vous étiez nombreux ?
- J’sais pas. Faut dire que j’suis pas des leurs. Mais plus important, faudrait que je décolle maintenant pour Innocent Island, vous pourr...
- Vous désirez déjà nous quitter, mon nouvel ami ? L’accueil ne fut-il pas agréable ?
- Bah faut dire qu’avec une grognasse comme elle.
- Comment ?! Natalia ne fut pas à hauteur de sa tâche ?


Il se tourne vers elle.

- Hé ! Ferme bien ta gueule le punk ! T’aurais pu crever la gueule ouv...
- Natalia !


Il se retourne vers moi.

- Vous m’en voyez sincèrement navré, j'aurais du me douter sa rudesse habituelle. Cependant ... Elle marque un point. Nous vous avons sauvé la vie, et si nous devions le faire gratuitement pour chaque rescapé que nous sauv...
- Eh ! Le vioque ! J’crois qu’t’as pas bien saisi l’urgence de la chose ! Je dois me barrer sur Innocent MAINTENANT !


Au moment où je l’empoigne par le col, la blondasse pète un câble en beuglant “Enfoiré !” et me charge. J’esquive son coup de poing, je vois le garde du corps de ce Victor qui disparaît d’un rapide mouvement. Nouvel assaut, je fais pivoter la chaise, je la prends à pleine main et donne un coup dans le vide car elle l’esquive.
Déboussolé et emporté par l’élan du coup, elle en profite pour m’attaquer de dos, je lâche la chaise, me retourne, agrippe sa main, tombe à la renverse en foutant mon pied sur son bide et je l’envoie valser plus loin.
Je m’écroule sous la douleur en grimaçant, le gorille apparaît, m’emmanche un beignet dans le buffet, il recommence avec la gauche mais je parviens à l’esquiver, je relève en quatrième vitesse, je donne un coup imprécis qu’il évite mais ça me permet de gagner du temps, je me divise en baies et tourbillonne mais il arrive à passer au travers m’attrape la gueule à pleine main avant de la plaquer sur le pont. Au moment où je me reforme, Victor gueule “Assez !”.

A peine le temps de reprendre mes esprit et savourer une nouvelle fois les mille et une douleurs de mon corps qui se réveillent à nouveau que le boss m’écrase le canon de son flingue sur le front.

- Je serai vous, je ne ferai plus aucun mouvement. Croyez-le ou non, il est chargé d’une balle en granit marin à laquelle j’ai apporté mes propres modifications. Vous voulez essayer ? Vous voulez que l’intérieur de votre tête visiblement vide repeigne mon mur ? J’étais en train de vous donner une chance, mon cher “Mahach”. Que diriez-vous de la saisir posément autour d’un délicieux scotch tourbé, le meilleur des vertes étendues de Kage Berg ?


Dernière édition par Mahach le Mar 15 Mar 2016 - 12:12, édité 1 fois
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Hahaha ! Quelle catin cette vie ! Je m’en étonne encore ... Ca fait deux fois que je manque de crever en peu de temps, mais voilà que j’arrive à en avoir les miquettes alors que j’ai rien à perdre ! A la belle époque, je crois que je l’aurais encore plus provoqué et que j’aurais fini ma vie sur le tas de merde du Grey T. Mais heureusement pour moi, les gens n’ont pas de flingue avec des balles en granit marin au Grey T.

Je me suis donc assis douloureusement mais sagement dans un fauteuil en osier que son chien de garde a apporté, Victor m’a versé un petit scotch on the rock que j’ai porté à mes lèvres.

- Vous m’étonnez grandement. Nulle intention de vous offenser, mais d’habitude, ceux que je sauve attendent avant de boire. Comme s’ils se méfiaient. Comme si j’allais les empoisonner ...
- Vous auriez voulu me tuer, vous l’auriez déjà fait. Directement, et franchement. Pas avoir un poison, c’est une arme de lâche. J’aime votre style, vous êtes sévèrement burné.
- Dois-je prendre ça pour un compliment ?
- C’en était un. C’est vous qui être à l’origine de tout ça ? Je veux dire, l’habilitation de cette grotte ?
- En effet.
- Et ben mon cochon, ç’a du te coûter la peau du cul.
- ... Comme vous dites, bien que votre franchise me laisse perplexe.
- Bon, parlons de votre offre, puisque c’est de ça que nous devions causer. En prenant ma raclée, j’ai pu estimer quel genre d’homme vous êtes.
- Et quel genre d’homme vous pensez que je sois ?
- Le genre de mec qui a monté sa petite affaire, qui a plutôt réussi et qui va pas se laisser déboulonner par le premier connard venu.
- Votre analyse est avérée mon cher.
- C’est bien vu votre piaule dans la Flaque. C’était couillu et risqué, vous avez tout misé, et aujourd’hui le monde s’offre à vous. Mais moi aussi j’ai une offre à vous soumettre.
- Oh ? Vous piquez vivement ma curiosité ! Quelle est-elle ?


Je repose mon verre en renversant un peu de son contenu sur la table basse. Aussitôt, la femme de ménage m’emmanche la brosse du balai dans la gueule !

- Désolée !

Qu’elle chiale. Putain quelle tarée ! Toutes les veines de mon visage enflent mais je me retiens et instinctivement, je me frotte les dents pour voir si je saigne.

- Ils sont tous aussi tarés vos hommes ?
- Vous m’en voyez sincèrement navré, Mahach. Martine est quelques peux spéciale, je suis certain qu’elle ne vous aurait pas infligé cela en temps normal ... Ernst, apporte-moi un mouchoir je te prie.


Le colosse silencieux s’incline et commence à partir.

- Pas la peine, merci quand même. J’ai vu pire ...
- Comme vous voudrez. Et donc ? Votre offre ?
- Hmm, c’est délicat ... Je ne sais pas si vous trempez dedans ou pas, et si c’est pas le cas, vous allez trouver ça insultant mais je tente le coup.
- Allons mon ami, exprimez-vous ! Soyez sans crainte !
- Bon, okay ... Je vous signale d’abord que c’est hors de question que je joue vos larbins. Mais en contre partie, j’ai une clé qui ouvre sur un marché inexistant.
- Intéressant, continuez.
- Je viens de l’Île aux éveillés, et là bas, les hippies se shootent à une drogue locale. Mais comme l’île est un enfer pour les étrangers et qu’elle n’a quasiment rien à offrir, personne n’y fout les pieds ou presque.
- Je vois où vous voulez en venir.
- Ouaip. Et il s’avère que les arbres spéciaux de là bas donnent des fruits dont ils extraient leur drogue. Parole d’autochtone.
- Et pourquoi devrais-je vous croire ?
- Personne n’y fout les pieds ! Y’a peu de personnes qui savent pour leur drogue. Avec votre influence, vous pouvez ouvrir un nouveau marché et vous en foutre plein les fouilles avant que les concurrents comprennent !
- Vous vous méprenez. Ce que je sous-entends, c’est que cela est étrange qui vous divulguiez tout cela à un parfait inconnu. Votre histoire pourrait s’avérer être un mensonge, ou bien vous voudriez me faire prendre un poison pour une drogue. Pourquoi n’avez-vous pas vous même sauté sur cette mine d’or ?
- C’est là où je veux en venir. Au début, je voulais garder leur secret que pour moi et mon équipage. Mais j’ai reçu un appel sur mon Den Den personnel. Le genre d’appel qui vous fait tout quitter -équipage comme projets. Maintenant, c’est ma manière de vous faire savoir que je suis prêt à tout pour partir le plus vite possible. Et si ça suffit pas, j’accepte pour bosser pour vous. Vous avez vu plus loin que n’importe qui que j’ai suivi depuis ma naissance, plus loin encore que moi-même.
- Et qu’est ce qui me prouverait votre loyauté, vous qui êtes le genre d’homme à tout claquer du jour au lendemain sur un simple échange verbal ?
- Ta piaule mon copain ! J’veux m’incruster dedans pour y passer ma r’traite pénard, au nez et à la barbe de la grande mouette !


Il a eu un large sourire suite à ce compliment.

- Et donc, vous dites que vous seriez capable de reproduire cette drogue ?
- Ouaip. Heureusement que vous avez sauvé ma besace en même temps que moi. Dedans, y’a quelques fruits et des graines. Quand le camé de c’te foutue île m’a demandé si je voulais une dose, je lui ai dit oui.
- Et vous avez consommé ?
- Nan, c'était pour voir le traitement qui transforme le fruit en drogue. Par contre, j’ai consommé dans ma jeunesse, jusqu’à ce que je m’aperçoive que c’était plus rentable de distribuer.
- Hahaha, en effet. Bon, eh bien montrez moi, Mahach.
- Je suis pas un pro, mais à force de vous exercer, vous saurez la raffiner. Mais d’ailleurs, comment vous saurez que je vous arnaque pas ?
- Ne vous inquiétez pas pour cela, et dites moi plutôt si vous avez besoin de quelque chose en particulier.

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Il m’a surtout fallu grosso merdo une heure pour obtenir cette fameuse poudre blanche. Victor la regarde, je le regarde, anxieux.

- Ernst, va me chercher un déchet.

Un déchet ? Le colosse silencieux s’exécute. Victor regarde dans le vide, impassible. Moi j’attends. Nan, je m’impatiente. Je sais que je lui ai pas raconté de cracks, mais j’ai hâte de connaître son verdict.
Ernst revient enfin, avec un ... ouais, un déchet humain menotté. Un pauv’ type, un sale junky de merde, en manque, maigrichon et tout transpirant. Limite larmoyant.

- Non ! S-S’il vous plait ! Qu’est ce que vous allez me faire ? J’vous-J’vous promets de r-rien faire de mal ! Demandez moi c-c’que vous voulez mais me faites pas de m-mal.
- La paix ! Détends toi, et sniffes ça.


Le sac à poudre pose fébrilement ses deux mains sur la table, il en tremble tellement qu’il est content de pouvoir se prendre un shot.

- M-Merci ! M-Merci beauc-beaucoup !

Une fois la ligne disparue, Victor se lève, enfile un paire de gants et colle sa victime dans le fond du fauteuil dans lequel il était assis et le maintient en place.

- Alors ? C’était comment ? Parle ?
- W-Waouh ! C’est d’enfer mec ! Continuez comme ça, c’est cool !
- C’est bon Ernst, ramène le.


Il retire ses gants et les jette avec dédain sur le fauteuil. Ernst embarque le drogué qui lui soupire "Relax mon frère, faut pas me brutaliser, elle est cool la vie !".

- Visiblement, cette petite merveille fait voir la vie en rose. Quoi qu'il en soit, tu me brûleras tout ça. Natalia, tu le surveilleras. Au moins symptôme, tu m’appelles.
- Reçu, boss.


Putain, je l’avais presque oubliée, la grognasse ! Faut dire que je suis pas habitué à l’entendre fermer sa gueule et pas moufeter toute seule dans son coin.

- L’offre tient toujours ? Ces quelques graines et ces quelques fruits contre un voyage à Innocent Island ?
- Sûr !
- Parfait. Vous conviendrez qu’il serait préférable que je m’assure qu’il n’arrive rien à notre jeune ami avant de mettre les voiles ?


Je grogne un coup, pas tellement satisfait mais comme j’ai pas trop le choix :

- Ouais ...
- Excellent. Nous aurons le temps de faire plus amples connaissances.


---

Et autour d’un verre, on a babillé comme ça pendant des heures. De mon parcours, du sien. De mon manque de sang froid, de sa folie des grandeurs. Et de la mienne de jolie, et de sa sécheresse de coeur alors que les crues du mien m’emmerdent. Que je suis un jeune chiot fou qui saute sur tout ce qui bouge et lui un vieil hibou sage mais opportuniste, qui attend la nuit pour régner sur son royaume de son oeil avisé.

Et puis on en est venu au fait.

- Et pourquoi tenez-vous à tout prix retourner sur Innocent Island alors que votre douce Spica n’aimerait plus vous y voir ?

Je soupire. Fort et longtemps.

- Parce qu’il parait que je vais être papa.

Qu’est ce que j’ai dit là ! Il s’est aussitôt levé et son visage s’est illuminé d’un sourire malicieux, limite malsain j’aurais dit.

- Mais il fallait le dire plutôt ! Nous partons sur le champ ! Laissez-moi regrouper mon équipage et nous levons le voile ! Cela vous laissera assez de temps pour monter tranquillement à bord.

Je reste sur le cul. Au propre comme au figuré.

- Mais bon sang, levez-vous ! Dépêchez-vous !

Et il part aussi sec.

- Eh mais ! C’est pas ce que vous croyez !

Je crois qu’il a fait la sourde oreille.
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Durant la moitié de la dernière semaine

Putain qu’il me casse les couilles ! Victor n’arrête pas de me coller à chaque fois qu’il me voit, et il me bourre le crâne de ses putains de conneries ! J’en viens à penser qu’il se trouve des prétextes pour passer devant moi et me parler de “famille”.
Non.

Non, la réalité, c’est qu’il a pas besoin de prétexte. Il a tout loisir de me les briser menu parce qu’il fait ce qu’il veut sur ce putain de rafiot !

Tu devrais accepter d’être père”, “Protège ta famille de ce monde sans pitié”, “C’est juste que tu as peur”, “Tu fuis tes responsabilités”, “Tu sais ce qu’il ne faut pas faire, donc tu peux empêcher ton fils de le faire, donc tu feras un bon père”.

Mais putain ! J’en ai rien à branler de ce chiard ! J’ai même pas demandé à ce qu’il vienne au monde pour m’emmerder dès la première seconde de sa putain d’existence ! Pis c’est pas ce que j’avais prévu !

Et ça, ça, ça me fout encore plus en rogne ! Victor dit que c’est parce que j’appréhende, que j’approche du moment fatidique et que je vais être confronté à mes responsabilités.
Mon cul ouais ! C’est juste lui qui me fait chier et qui me fout la pression pour une merde de chien parce que je veux pas être un putain de père !
Il me fout en rogne, et je peux même pas le toucher sans y laisser ma peau ! J’ai rien pour évacuer ma frustration et il vient constamment en rajouter une couche ! Qu’est ce qu’il veut à la fin ? Hein ? Il croit qu’en me bourrant le crâne et sans me laisser le choix, je vais accepter ? Mais je suis pas fait pour ces conneries ! Je l’ai jamais été et je le serai jamais ! Et je veux pas l’être bordel de merde !

- Terres en vue ! C’est Innocent Island !

Et ce putain de coeur ? Qu’est ce qu’il lui arrive ? Je croyais me l’avoir arraché, du moins je croyais m’être fait la promesse de plus jamais l’utiliser. Plus jamais le laisser parler et plus jamais l’entendre ?
Tu vas pas te mettre à jouer du violon toi aussi ? Me dit pas qu...

Non !

Arrêtes tes conneries ! Je me martèle pas tout ça pour y croire ! J’ai toujours été comme ça jusqu’à ce que tu te mettes à germer ! J’ai passé les meilleures années de ma vie sans toi, et je compte pas m’arrêter là ! Je suis un punk mec, la vie m’a toujours craché à la gueule, j’ai fait plein de fois la nique à la mort : j’ai rien à perdre mon gars !

On t’a déraciné quand la vie s’est mise à m’écorcher vif. Sans ma rage, t’es rien. C’est ça qui m’a toujours fait vivre, pas toi. C’est ça qui me maintient en vie et me fait avancer !

*** Quelque part dans l'inconscient du punk ***

- Tu es enfin de retour ... Je ne m’attendais pas à celui-ci mais ça me convient ...
- Toi !
- Quoi ? Ne joue pas les surpris, c’est toi qui m’a laissé ici. Et tu me l’as ramené en vie. Je vois qu’il sort d’une période difficile, mais il est entier, c’est déjà ça.



Dernière édition par Mahach le Mer 16 Mar 2016 - 18:42, édité 2 fois
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- Putain, je sens que tu vas encore m’emmerder ... Comme tous les autres ...
- Peut être est-ce parce que tu as tord, et les autres non.
- Rien à foutre.
- Pourtant, tu étais d’accord avec moi avant ton départ.
- Ouais, mais t’es ses sentiments, t’es juste là pour lui sauver les miches. Et là, ses miches vont très bien sans toi.
- Qui te dit que lui “sauver les miches” passe forcément l’empêcher de mourir ? Peut être que je suis aussi là pour l’empêcher de faire des mauvais choix.
- Teh, ce qu’il faut pas entendre. Genre moi j’en fais que des mauvais, c’est ça ?
- On en fait rarement des bons, sous le coup de la colère.
- Pourtant, comme il aime le répéter, c’est comme ça qu’il a toujours avancer ...
- Et quand il en a fait des bons, quand il a arrêté de répondre à la provocation pour s’éviter une mort bête, j’étais là pour te tempérer.
- Quoi ?
- Je ne fais pas qu’assurer tes arrières quand tu le fais foncer dans le tas, je vous canalise aussi. Et t’as peur de ça. Non, sans rage, c’est lui qui a peur d’avancer. Il ne sait pas s’il pourra continuer sans toi. Pourtant, moi, je suis là. Et je ne veux pas t’exclure, comme je ne veux pas qu’il m’exclut. On est ensemble. Mahach, c’est un odieux connard, c’est un type avec une énorme carapace couverte de grosses épines et il aime le faire savoir en rentrant dans le lard qui quiconque l’approche. Mais quiconque sait percer cette épaisse carapace atteint son coeur. Et son coeur, il te le dégueule dans tes mains. Ou à tes pieds. C’est ça Mahach, c’est lui Mahach, ce sont ses deux côtés, l’un sans l’autre, ce n’est plus Mahach.
- Arrête, je vais chialer.
- Tu peux prendre ça sur le ton de l’ironie, n’empêche que c’est vrai. C’est toi qui fait que Mahach fuit les responsabilités. Mais là, tu fais face à un problème que la rage ne sait pas résoudre, que tu ne peux pas résoudre. Alors tu enfles encore plus, mais ça ne résout rien. Et tu sais au fond de toi, sans mauvaise foi, que j’ai raison. Tu ne vois que le mauvais côté des choses, mais avoue sincèrement qu’il aimerait partager des moments de filouterie, complice avec son fils.
- Nan, ça c’est toi qui veut être complice avec lui. Moi, j’en veux pas tout court. Et comme c’est moi qui le pilote, il veut pas de chiard.
- Arrêtes ! Je sais que tu aimerais t’amuser avec lui, lui apprendre à jouer aux docteurs non-conventionné, lui apprendre à se battre pour se défendre, faire râler Spica à vous deux ...
- Haha, c’est vrai. Mais est-ce que ça vaut tous les mauvais moments ?
- Mais quels mauvais moments ? Tu aimes Spica, quitter Innocent Island t’as ruiné, et maintenant, vous avez la chance d’avoir la preuve de votre amour ! Je ne dis pas que ça va être rose tous les jours, mais tous les autres jours, tous les autres moments, ça les vaut bien non ?
- J’sais pas ...
- Et puis personne ne te dit qu’il va finir en charentaises avec une camomille tous les soirs ! En plus de ça, il connait l’histoire de l’île ! Il a beaucoup voyagé, Il sait lui même que le monde dans lequel il vit n’est pas idéal, et il faut qu’il soit là pour les protéger ! Sinon qui le fera ?
- Mais c’est pour ça ! Il ne voulait pas que son gosse ou sa gosse naisse dans ce monde de merde !
- Mahach, c’est pas quelqu’un de commun, donc ce ne sera pas un papa commun.
- Mais il veut pas être commun !
- Je sais, il veut être un bon père.
- Et il ne sait pas ce que c’est, à cause du sien.
- Mais grâce au sien, il sait ce qu’il ne doit pas faire.
- ...
- Arrêtes de le dévier du bonheur, c’est qu’il a toujours recherché !
- Putain mais tu lâches jamais l’affaire toi hein ! C’est pas ça, son bonheur ! Son bonheur c’est de se faire haïr, craindre, respecter et crouler sous l’or ! C’est un bonheur de pirate ! Un bonheur d’anarchiste !
- C’est surtout que l’anarchiste a peur de s'attacher, parce que ça fait qu'il a quelque chose à perdre maintenant. Il ne peut plus atteindre ce bonheur là, il est trop convoité. Risquer de crever pour un but inatteignable et trop convoité, ça ne vaut pas une petite vie pénarde ?
- Ca s’appelle la retraite ça.
- Non, s’il continue sur cette voix, il ne trouvera que la mort. Avec une femme et à un enfant à l’abandon. Et tout ce que tu fais, c’est laisser la vie se foutre de sa gueule. Or, c’est ce qu’il déteste. Tu vas à l’encontre même de ses idées.
- ...
- Tu ne peux pas gagner cette guerre. Nous sommes indissociables, et il n’y a pas de place pour la haine et la rage. Tu peux essayer de fuir la vérité comme tu fais fuir Mahach devant ses responsabilités, mais quoi que tu fasses, et tu sais pourquoi ?
- Je m’en carre.
- Parce que la rage est aussi un sentiment. Nous faisons partie de lui, tu n’es une partie de moi qui a longtemps tenté de prendre le dessus mais nous ne faisons qu’un. D’ailleurs, il n’y a jamais eu de toi ou de moi, c’est parce que Mahach a toujours penché entre son coeur et sa tête et que ça le bouffe que nous existons. Nous sommes les méandres de sa pensée, il nous a toujours imaginé en train de nous chamailler pour savoir si besoin avoir raison. Il n’y a qu’une fois réunis qu’on l’apaisera. Il n’y a qu’une fois réunis qu’il arrêtera de s’écorcher vif parce qu’il n’aura plus besoin de s’écorcher vif pour prendre une décision à la dernière minute, sur le fil du rasoir, quitte à se mettre en danger. Il fallait qu’il se détruise pour se sentir vivant. Mais maintenant, sa vie, c’est sa femme et son gosse. Il ne peut plus les détruire comme bon lui semble.


***

- Mahach ?

Le visage de Victor au dessus de moi me tire de mes pensées. J’étais assis sur le pont, je me relève.

- Ouais ?
- Nous sommes arrivés.
- Okay ...
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Qu’est ce que tu as décidé ?
- Je vais descendre, vous pouvez repartir.


Je le dépasse. J’ai jamais aimé les adieux. Je crois qu’il souriais tristement. J’attends que ses hommes finissent de s’assurer de la stabilité de la passerelle et je commence à m’engager, mais je m’arrête, sans me retourner.

- Victor ?
- Plait-il ?
- Mon gosse te remercie du fond du coeur d’avoir sauvé son père.


Il marque un temps.

- Tu lui répondras que ce n’était rien. Et qu’il te dise de faire attention à toi, que tu n’es plus tout seul maintenant !
- J’y manquerai pas.


Je lui adresse un dernier signe de dos, sans même prendre la peine de voir s’il m’est rendu.

- Allez les gars ! On lève les voiles ! Retour au Contrevent !

Mais je peux pas m’empêcher. Faut que je me retourne. Mais il s’enfonce déjà dans sa cabine ...
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Bon, ben voilà. J’y suis. Les deux pieds sur la terre ferme.

Y’a pas grand chose qui a changé ... A part les deux pourritures que j’avais pendu qui ne sont plus que des tas d’os, ç’a du embaumer sur toute l’île quand j’y pense. Allez messieurs les sous-merdes, vous avez déjà assez souillé la population locale, c’est temps de vous détrônez, la grande bleue vous réclame.

J’ai même pas fait un pas que les âmes se souviennent déjà de moi de mon passage un peu noir. Ca chuchote, ça m’évite. Comme j’ai toujours voulu que ça se passe, avant. Mais j’ai plus envie que ça se passe comme ça, pas ici. Alors je prends la parole, comme lors de mon dernier passage, mais beaucoup moins alertant et beaucoup plus avenant.

- Je suis désolé pour tout ce que vous avez du endurer à cause de moi. Je ne voulais pas vous imposer ça à vous, c’était plutôt un avertissement pour arrivants mal intentionnés. Mais maintenant je suis là et je compte bien y rester. Rassurez vous, je n’ai écrasé le reste d’une dictature pour en installer une nouvelle. Je viens en temps que nouveau parent.

Silence total. Ca doit juger la merde que ça va foutre sur l’île malgré moi, alors je continue.

- Je vous promets pas d’être le meilleur des parents, mais je ferai de mon mieux. Et je vais commencer par décrocher ces deux ordures qui n’ont plus rien à faire ici.

Je m’accomplis devant la foule perplexe qui s’amasse petit à petit. Comme à ma première venue, je me retrouve avec les deux carcasses sur les épaules. Mais cette fois-ci, je les jette à la baille. Je suis aussitôt rejoint par les deux pirates que j’avais laissé ici.

- Mahach !
- Ouaip. En personne.
- C’est bon de te revoir !
- Ta langue elle a rien à faire dans mon cul, on se connait pas.
- Nan mais. Ce que je veux dire, c’est qu’on peut enfin se casser.
- Ouaip.
- Abruti, comment on va faire sans notre navire ? Le capitaine est loin maintenant.
- Vous avez qu’à rester.
- Nan ! Hors de question ! On a plus rien à faire ici !
- Bah cassez-vous.
- Putain mais on peut pas ! Bon, bah on va devoir se chopper un abruti pour qu’il nous amène de force ...
- J’vous préviens, si vous foutez le bordel sur mon île, je vous fracasse le crâne.
- Hoy, c’est pas t...
- Ta gueule, c’est mon chez moi, c’est pareil.


Que je leur dis avant de me casser. Parce qu’au fond, j’en ai rien à péter de ces guignols qu’ont pas inventé l’eau chaude à couper le beurre.
Nan, je préfère prendre la direction de l’orphelinat.

---

Au bout de facilement une bonne grosse heure de marche, pénard, à me poser que j’espère être les bonnes questions, je reconnais de loin la petite montée, là où tous les mômes tendent une embuscade aux adultes qui connaissent pas.

J’entends un bruit d’oiseau pas naturel, je devine que c’est un gamin qui m’a aperçu et qui fait remonter le message aux autres, alors je fais mine de rien. Je me surprends même à me marrer. Bah ouais, la petite stratégie des gamins me fait marrer, parce que n’empêche, ces petits enfoirés avaient réussi à me piéger. Soudain, une tête qui dépasse de la petite colline. Je le reconnaitrais d’entre tous : Mini-Mahach. Quand il me reconnait à son tour, son visage s’illumine d’un sourire.

- Eh ! Venez ! C’est Mahach !
- Qui ça ?
- Le pirate à la crête qui a fait des cochonneries avec Spica !
- Il est revenu ?
- Ouais !


Et là, toute la tribu sort de je sais pas trop où, avec en tête, Mini-Mahach.

- Eh Mahach ! Regarde ! J’ai toujours ton os de mouton !
- J’espère bien ouais, héhé !


Il le sort d’un épais mouchoir et me le tend, radieux.

- J’espère que t’as eu besoin de t’en servir ...
- Non mais pourquoi ? C’aurait été trop cool ! Y’a juste un gros monsieur homme-poisson qui est venu, Spica elle lui a tapé dans l’oeil !
- QUOI ?!
- Bah ouais, elle est comme ça ! BAM ! Dans l’oeil ! Un gros coquard ! Mais il était gentil en fait ...


Putain, me voilà rassuré ... Et lui un peu déçu. Avant qu’il prenne un air enjoué, limite vicieux.

- Du coup tu reviens faire des cochonneries avec Spica ?
- Dis pas ça !
- Bah pourquoi ? Tu vas pas en faire ?
- Mais c’est pas ça ! C’est que ... c’est difficile.
- De faire des cochonneries ?
- MAIS NON ! Enfin. Rhaa, pis mêle toi de tes oignons, c’est des affaires de grands.


Ouaip, y’a pas à chier, je suis mal à l’aise face aux gamins ... Et je parierais pas que c’est mieux avec les adultes ...
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Je vais pour reprendre mon ascension, quand soudain, je la vois au sommet, avec cet Alan à ses côtés.

- Qu’est ce que tu fais là, abruti de punk !

Je la toise, comme une Immense. Je me sens comme une pauvre hère qui ne demande que le repentir, apitoyé par cette volonté interdite et implacable. Elle demeure impassible, parce qu’elle est forte.

- Tu sais pourquoi je suis là ...
- Je n’ai pas besoin de toi. Pars.
- Non. Cette fois, je ne t’écouterai pas.
- Ta venue va semer le chaos sur cette île, tu le sais bien.
- Si c’est le cas, laisse-moi m’en occuper.
- Tu ne peux pas en être la cause et la solution. Ca ne fera jamais qu’empirer. Donc tu peux limiter la casse en partant.


Putain, ça me fait mal de la voir comme ça ... Je sais qu’elle le fait pour nôtre bien, mais je peux juste pas.

- Alan, chasse-le.
- A tes ordres !
- C’est pas la peine, je me battrai pas.


Plus un mot, il me fond dessus.

- Je connais ton petit tour, tu peux manipuler mes sentiments autant que tu veux, mais je te le déconseille.

Il s’arrête.

- Ah oui ? Sais-tu ce que signifie le rouge ?

Il commence sa manipulation en sortant une balle rouge.

- Il signifie l’ardeur de la passion entre vous deux ...

Il passe son autre main devant, mais la balle reste rouge.

- ... mais il symbolise également ta colère. Et si tu la soustrais à votre amour ....

Il la refait passer mais dans l’autre sens.

- Il ne reste que le rouge de la douleur que tu infliges à Spica. Veux-tu endosser un dixième de ce que tu lui fais supporter ?
- Je suis la pour ça. Envoie ta balle, gamin.


Elle m’éclate en pleine gueule, j’imagine que je suis recouvert de peinture rouge et soudain, une vive douleur générale s’empare de tout mon corps, comme si j’étais électrocuté. Je me mets à être pris de violents spasmes sans pourvoir me contrôler, je ne veux juste pas perdre Spica des yeux et à mon tour lui montrer ma détermination. Et je douille, pendant de longues secondes, sous le rire cristallin de jeune homme-pantin.
Une fois l’illusion achevée, je vais pour m’écrouler au sol mais je me retiens d’une main, un genou presque à terre.

- Si je veux rester ici, il va me falloir supporter bien plus.
- Oh ? Alors laisse-moi mettre le feu aux poudres !


Je continue ma progression vers Spica qui assiste au spectacle, complètement fermée. Alan tourne autour de moi et me canarde de petites billes rouges, ce qui a le don de m’agacer, mais j’essaie de rester calme, pour leur montrer à tous les deux.

Garder à l’esprit son but. Ne pas céder. C’est ce qu’ils cherchent. Montre-leur.

Alors que j’allais pouvoir effleurer sa main, elle a fait un petit bond instinctif en arrière, a saisi le fusil à bouchons d’un de ses gamins et le met en joue contre moi.

- Contrôle parental unlocked !

Le jouet devient une arme réelle. Je lève les mains, faussement serein, pour ne pas l’affoler encore plus.

- Recule ! Ne me touche pas !
- Okay, d’accord ! D’accord ... mais laisse-moi au moins te parler, donne-moi une chance !
- Mais tu ne peux pas !


Au fur et à mesure que j’essaie de la raisonner, j’avance lentement.

- Tu vois bien tous les efforts que je fais pour nous trois ... Pourquoi tu ne veux pas y croire ?
- Parce que tu restes un pirate aux yeux de la Marine ! Et de tous qui veulent ta peau pour tout ce que tu as fait ! Alors tu ne peux pas rester ici ! C’est ce qu’on s’était dit ! Pour nôtre bien commun !
- Je sais ! Mais la donne a changé maintenant ! Et si la Marine envahit l’île, je me rendrais sans faire d’histoire ...
- Parce que tu crois que je pourrais vivre avec ça sur le coeur ? Mais c’est horrible Mahach, c’est horrible tout ce que tu veux me faire vivre ! Je sais que ça part d’une bonne intension, mais on ne peut pas ! On ne peut juste pas !
- Mais on peut essayer ! Toi et moi on a fait des choses qui n’auraient pas du nous être possibles ! Mais on les a accomplies ! Alors pourquoi je ne pourrais pas être mari et père ? La décision a été aussi difficile à prendre pour moi que pour toi ...
- Mais toi, tu m’imposes la tienne !
- Ecoute, je sais que je suis pas très adroit avec les sentiments, mais je te dis pas que ce sera rose tous les jours non plus ...


A ces mots, elle s’aperçoit que j’ai grignoté un peu de l’espace qui nous sépare et tire un coup en l’air pour me prévenir que c’est ma dernière chance.

- Spica, tu as donné la vie.

J’approche ma main de la sienne qui a le doigt sur la gâchette.

- Tu es Maman à présent, tu ne peux retirer celle d’un autre ... Ces mains ne sont pas faites pour tuer.

Elle se met à trembler.

- Demain, cette île peut être attaquée un nouveau tyran peut la revendiquer. Je ne te laisserai pas tout foutre en l’air pour aller risquer ta vie ou la lui laisser parce qu’il avait envie de te la prendre. Pas sans rien dire, pas sans rien faire. Tu sais mieux que moi quand le monde dehors n’est pas tendre. Alors laisse-moi nous protéger. Et si l’on vient me chercher, ils verront qu’ils ne font plus face à un pirate mais à un père de famille qui tient simplement à protéger sa famille et son nid. Et qu’il n’est plus prêt à tout dévaster pour gagner. Parce que vos vies valent plus que la mienne.

J’arrive à lui enlever le fusil des mains, elle tombe dans mes bras en sanglots. Alors je l’embrasse et ce faisant, je vois le canon par dessus son épaule, et ça me rassure pas. Je sais bien qu’on partage un moment émotion mais ...

- Par contre, avant, tu voudrais pas le retransformer en fusil à bouchons ? Je suis pas tellement rassuré ...

Elle se redresse, me sourit tristement avant de toucher l’arme.

- Contrôle parental, locked.

On finit par s’enlacer encore une fois. Et j’essaie de plaisanter, parce que je sais pas faire avec le pathos dégoulinant.

- Ca t’arrive souvent des crises comme ça ? Nan parce qu’avec ton pouvoir, si ça t’arrive en plein orphelinat, t’auras rien à envier à un terroriste ...

Sans enlever son visage humide de larmes de mon épaule, elle me tambourine l’autre de son poing.
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- Bon, c’est pas le tout, mais tu me montres le petit diable ?

Au même moment, les gamins crient “A l’assaut !”, une bollas faite en corde à sauter s’enroule autour de nos chevilles et le Roi des Enfants déclare :

- Plus jamais vous nous faites ça hein ! C’est un ordre ! Nous, on aime bien Mahach ! Même que si des méchants veulent s’en prendre à notre île, nous non plus on les laissera pas faire ! Alors on vous libère mais vous restez ensemble ? Promis, juré, craché ?
- Mais oui, c’est bon ! Promis, juré ! Vous pouvez venir nous libérer !
- Hé ! J’ai dit “Promis, juré, craché” !


Je crache par terre.

- Mahach !
- Bah quoi ? Comme ça on a promis juré craché ensemble.


Elle soupire, je lui rends un petit sourire moqueur mais complice pendant que les gamins nous détachent les chevilles.

- Bon allez les enfants ! On range ! C’est la semaine des parents, et ils arrivent dans trente petites minutes alors je veux que tout soit rangé !

Elle tourne la tête vers moi.

- Tu viens ?

Je lui réponds d’un signe de tête et on entre dans l’orphelinat dans le flot de gamins qui traînent le pas, déçu de devoir ranger leurs affaires. Elle me confie :

- On a de la chance, on va pouvoir être tranquilles cette semaine. On pourra se retrouver que tous les trois, au calme ... Et puis tu pourras rencontrer les parents, faire leur connaissance et te faire accepter. Pour eux, tu es encore un sombre inconnu qui sauvé l’île d’une étrange façon ... C’est pas que tu n’es pas apprécié, mais tu es craint. Et c’est tout un travail que tu devras faire en plus ...
- Ouaip, je sais.


Mais le truc, c’est que je sais pas trop comment m’y prendre ...

- Tu pourras peut être leur proposer ton aide pour divers travaux. Tu sais, des bras en plus, jamais perdu ...

Je ne réponds pas. Parce qu’elle a raison et que j’ai rien à dire. Et parce que j’appréhende aussi un peu. C’est pas le genre de truc que je fais naturellement, et que ma nature, elle va changer. Faudra que je m’y habitue, ça reste mon choix après tout.

On entre dans la chambre de ... bah ouais, de mon fils. Spica se penche par dessus un lit tout minuscule, tout sourire.

- Coucou toi ! Tu viens de te réveiller à ce que je vois !

Je me sens con, mais je souris à sa phrase. Elle se tourne vers moi et me dit :

- Bah allez quoi ! Approche ! Il va pas te bouffer !

Héhé, elle a pas tord, mais je suis pas à mon aise. Je m’approche à mon tour et je me penche. Oh ! Il a la même malice dans les yeux que sa mère ! Quand ma tête apparaît enfin, il la regarde aussitôt.

- Salut p’tit mec ! Alors c’est à toi que je dois tout ce que j’ai vécu pour venir ici ?

Pour toute réponse, il gazouille en souriant, comme s’il était fier de m’avoir rendu chèvre. Héhé, il me plait déjà ce ch’tit bout !

- T’as vu ? C’est un Besinger tout craché !
- Tu trouves ? En tout cas, il a ton regard !
- Et il a autant de cheveux que ses parents !
- Hahaha, tu m’étonnes !


Je vois qu’il est un peu découvert, alors je passe ma main dans le berceau et ... il m’attrape l’index avec sa petite main potelée.

- Eh bah alors, petit coquin !

Encore ce même éclat de rire ... J’adore !

- Je crois qu’il t’apprécie ...
- Attends qu’il devienne grand ...
- Oulà, on a bien le temps ! Il vient à peine de faire ses nuits, laisse-moi me contenter de ça !
- Héhé ... Et ... comment tu l’as appelé ?
- Liam. Qu’est ce que t’en penses ?


Liam ? Liam Besinger ?
Ouais, j’aime bien !

- Super !
- Bon, ça va être l’heure du biberon ... Tu veux lui donner ?
- Tu ... Tu crois ?
- Bah oui ? T’inquiètes pas, tu vas pas lui faire mal ... Et puis il faudra bien que t’apprennes un jour où l’autre, surtout quand l’orphelinat sera ouvert.


Elle le prend et limite me l’envoie dans les bras comme elle m’enverrait un ballon, j’ai à peine le temps d’écarquiller les yeux quand je capte et de replier le bras gauche que Liam “atterrit” lentement dessus.

- Eh mais t’es cinglée ?!
- Relax ! Je savais ce que je faisais : c’était pour voir si t’avais l’instinct paternel ...


Je regarde mon bras, avec mon fils dessus.

- Et apparemment, tu l’as. Hahaha ! Paie ton punk en mousse !
- M-M-M-Mais tais-toi !
- Oh ! C’est mignon ! Il a plus de répartie devant son fiston adoré !
- Tu sais pas qu’il faut pas dire de gros mots devant un gamin ? T’es sûre que c’est bien un orphelinat que tu tiens !


On s’arrête net, et on repense à notre chamaillerie de gamin avant d’éclater de rire.

- Bon, Papa Poule, mets bien ta main pour caler ton petit trésor, je vais chercher le ravitaillement.

Elle s’éloigne et s’assure les autres enfants, pas les nôtres mais quand même un petit peu, obéissent bien à ce qu’elle leur avait demandé de faire avant d’aller chercher le biberon.
Un peu plus en confiance, ça me permet de me confier à mon petit Liam.

- Tu vois, première leçon : faut pas écouter ta mère, elle est cinglée des fois. Alors on la fera râler et nous on se marrera.

Il continue de gazouiller pénard, je crois qu’on est sur la même longueur d’onde. On taille le bout de gras à notre façon.

- Pis je t’apprendrais à pas te laisser emmerder par le premier petit con venu, parce que des chieurs, y’en a partout. Même des qui voudront te piquer ton goûter. Comme t’auras pas des parents modèles, je t’apprendrais à reconnaître les merdeux qui se croient mieux que tout le monde. Je te ferai faire des tours en bateau, je t’apprendrais à naviguer et à jouer les bourreaux des coeurs aussi pour les emmener faire un tour. Ca marche toujours, mais faudra pas t’emmerder à te caser avec une nana, enfin, pas tout de suite. Les faire chialer c’est bien aussi, ça montre que tu leur manques. C’est même à ça que tu remarqueras que c’est pas la bonne. La bonne, c’est celle qui te colle un pain quand tu reviens. Je sais, c’est con, mais c’est la vérité, crois-moi. Y’a qu’à regarder ta mère et moi ...

D’ailleurs, sa mère, elle revient avec de quoi remplir son petit estomac. D’ailleurs, quand elle arrive, il se met à s’exciter en voyant le biberon.

- Je vois que vous êtes en pleine discussion ...
- Faut bien ! Faut bien qu’on apprenne à se connaître, non ?


Mais maintenant, il s’en fout bien de ce que je peux lui dire. Il a une seule priorité, c’est se remplir la panse ! Je prends le biberon et je le fais tournoyer au dessus de lui.

- Demande d’accostage ! Je répète, demande d’accostage !

Mais je vois qu’il tend les bras comme s’il voulait me dire “Tais-toi et nourris moi !”. Alors je rapproche la tétine qu’il prend sa bouche et commence à téter dans un bruit de succion presque mécanique.

- Eh bé ! On croirait que tu le nourris pas !

Que je plaisante. Aussitôt, sur le même ton, elle me répond :

- Nan, j’ai toujours cru que s’il avait faim, il irait se chercher à manger tout seul.

Et nous reste à l’admirer pendant que le biberon se vide, un petit sourire apaisé aux lèvres. Jusqu’à ce que Spica se souvienne d’un truc.

- Ah ... euh ... J’ai oublié, les parents ! Tu t’occupes de lui hein ? Lui taper doucement dans le dos pour lui faire faire son rot quand il a fini ... et ... et puis tout ça quoi !
- Eh mais ! Attends !


Tout ça, quoi ? Bordel ! Bon, j’improviserai, ça doit pas être sorcier ... Parait que j’ai la fibre paternelle, alors je vais tout miser sur elle.

---

Une fois le biberon avalé, j’attends un peu en le berçant tout doucement, histoire qu’il digère un peu avant de lui faire faire son rot, comme Spica me l’a demandé.

Allez c’est parti ... Bon, comment faire ... Je vais le caler contre moi ... Comme ça ... Ouais, ça me semble bien ... Hop, et de l’autre main ... Ah, voilà !

*tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap* *tap*

QUOI ! NAN ! Pas sur mon marcel ! Je parie qu’elle l’a fait exprès ! La garce !
Bon ... ben au moins, ça, c’est fait ... C’est quoi la suite ?

Je reprends normalement avant de le porter à bout de bras, comme si j’allais lui poser la question et qu’il allait me répondre ... Sauf qu’il devient tout rouge ...

Nan ! Nan, attends, c’est pas ce que je crois ?!

...

Ben si ...

- Spica ! Enfoirée ! T’es où ! Arrête de te cacher !

---

Après quelques minutes à la chercher, on l’a trouvée en train de se marrer dans son coin ! L’enflûre ! Et on a juste eu le temps de changer la couche que les parents ont débarqué.

- Mahach, tu viens ? Ca va permettre de t’intégrer encore plus vite comme ça !
- Attends, j’ai une dernière chose importante à faire avant, j’te jure.


Elle me croit, parce que je suis sérieux dans le ton.

Je m’isole un peu et sors mon escargophone.

Purupurupuru ... Purupurupuru ... Purupurupuru ...

Katcha !

- Mai, c’est moi, t’es toute seule ?
- Toujours si je te réponds. C’est que tu as besoin de moi qui tu m’appelles ?
- Nan, je dois te dire quelque chose ...
- Oh ? Tu m’inquiètes, c’est grave ?
- Nan ... Mai ? Tu es tata.

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