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Top Chef !

Mon adversaire du jour me lance un regard plein de défi et le temps semble soudain s'arrêter. Je sens presque la sueur perler sur mon front. Son regard est aussi féroce qu'à l'habitué et brûle d'une colère innommable. Il ne fera pas de quartier. Nous restons là, combien de temps? Deux secondes qui semblent durer deux heures. Je tente d'ouvrir mon haki au mieux, prêt à contre-attaquer dès qu'il fera le premier mouvement. Ce qu'il fait bien entendu, il est du genre impulsif. Sa bouche s'ouvre découvrant ses dents jaunies de féroce carnivore. Alors que mon bras s'allonge se transformant pour partie en sable, retirant le précieux saucisson hors de portée des babines avides de mon concurrent. Brandissant victorieux la cochonnaille je lance victorieux au crocodog (quel nom stupide).

Alors,c'est qui le patron l'clébard ?

La bestiole semble être aussi mauvais perdant que sa maîtresse. Voilà qu'il bondit gueule ouverte dans ma direction. Je le tiens. Laissant la bestiole traverser mon visage, je l'attrape par la queue, avant de l'enfermer prestement dans un tonneau. Cela devrait calmer un peu la bestiole. Pas du tout en fait, elle jappe, elle gratte, mais rien à faire elle est bloquée. Assis sur le couvercle de la prison du crocodog, je tire de mes poches une petite bouteille d'alcool.

Le navire était devenu le théâtre d'une sinistre guérilla m'opposant au capitaine, son fourbe de second et cette créature démoniaque de crocodog. Le reste des membres de l'équipage ayant vite déclaré sa neutralité, je me retrouvais seul dans le conflit. Enfin seul, mon fidèle Vautour était toujours juché sur mon épaule. L'horrible cabot enfermé, mon plus redoutable adversaire sur ce navire était définitivement neutralisé. Deux trois heures enfermés là dedans et je le lâcherais dans la cabine du capitaine, ça sera un beau carnage. Au début les petits tours de Fantine et Koorn m'avaient presque amusé, mais jour après jour le stade du bizutage d'entrée dans l'équipage s'éloignant leurs facéties à mon égard m'avaient de moins en moins amusé. J'avais décidé de mener victorieusement la résistance.

Pourquoi tu ne les as pas simplement tabassé crétin ?

Parce que c'est bien moins amusant que leur pourrir aussi la vie bien évidemment. Puis ça me rappelle ma jeunesse de petit fauteur de trouble à Goa.

J'avais mis du mien, cirer comme jamais les marches du navire, placer des seaux d'eau sur presque l'intégralité des portes du navire, le vinaigre dans l'eau, du sable dans les draps, vêtements et sous-vêtements et toutes la collection de costume qu'ils avaient emmagasiné dans la cale, inverser la garde robe du capitaine et de son second. Mais la réplique avait été impitoyable, ces types étaient d'une cruauté sans bornes. Maisje n'avais pas survécu à Whiskey Peak, Navaronne et à un nouvel an avec Lloyd Barrel pour abandonner face à une pisseuse et son mérou domestiqué. C'était sûrement un combat perdu d'avance, mais les causes perdues ont toujours eu ma sympathie.

Sinon tu pourrais toujours te barrer tu sais ?

C'est sûrement ce que je ferai quand j'en aurais marre …

Une bonne rasade et la précieuse bouteille était vide. Une des rares à avoir échappé à la cruauté de Fantine et de son âme damnée à branchies. Ou l'inverse d'ailleurs, ça m'étonnerait pas que ça soit la poiscaille le cerveau maléfique de cette opération.

Non mais je veux dire pourquoi t'es toujours là à jouer à qui sera le plus con avec des types qui te dominent aisément dans la discipline ? T'as pas mieux à foutre ?

Franchement Vautour ? Pas du tout.

Pathétique …

Pathétique ? C'est tout moi ça.

Et voilà le volatile qui se barre sans demander son reste. Je tire de mes affaires mon dernier paquet de cigarettes. Et je les entends murmurer. Qui ? Bah mes cigarettes. Le capitaine, car c'était elle et ses pouvoirs démoniaques qui rendaient à peu près tout vivant sur ce navire. Les premières s'étaient toutes échappées, elles étaient d'un naturel aventurier, rêvant d'explorer le monde après être resté enfermées dans leur paquet toute leur vie. Les pauvres, le crocodog les avaient massacrées sans aucune pitié. Celles-ci étaient du genre plus disciplinées. Voir carrément flippantes. Enfin surtout leur chef, une cigarette, une vraie vicieuse, convainquant ces sœurs de se sacrifier à sa place, espérant sans doute être épargnée.

"Réjouissons nous mes sœurs, car le grand Allumeur va aujourd'hui offrir à l'une de nous l'Illumination.

Que la chaleur de sa flamme, réchauffe nos cœurs à tous !"

C'est assez plaisant mine de rien. Même s'il ne s'agit que de cigarettes, être pris pour une sorte de Dieu ça fait toujours du bien au moral surtout si on peut fumer ses fidèles. Puis quand on voit ce que le Dieu des humains m'a fait, je suis assez décomplexé.

"Choisissez-moi !

Non moi ô grand allumeur ! Je n'ai vécu que pour ce jour."

Elle ne croyait pas si bien dire. Mais j'avais envie de jouer un peu. Il était temps qu'elles changent de grand prêtresse.

Attendez … Qu'est-ce que vous faites ?

Bah votre illumina ... machin là.

Non mais c'est avec les autres que vous faites ça, moi je vous les livre et vous me laissez tranquille. C'était notre accord.

Les voies du seigneur sont impénétrables.

Non attendez … Vous ne pouvez pas faire ….Aaaaaaaaah !

Illumination terminée. C'est vrai ce qu'on dit, la peur ça rend tout dégueulasse. Tu me diras après avoir fumé du papier ... Soudain la voix de Parabole retentit. Clock Work est en vue. Prenant garde à ne pas glisser, je gravis les escaliers. Et pendant que la brise marine caresse mon visage, je regarde l'île se dessiner à l'horizon mon haki déployé, prêt à subir une fourberie dont mes deux comparses ont le secret.
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Clockwork était visible. Fantine était sortie de sa cabine en fanfare, son T-shirt mis à l'envers, ses vêtements pas encore enfilés la poursuivant pour lui sauter dessus dès qu'elle arriva à la rambarde du navire. Ses yeux roses allèrent d'un bout à l'autre de l'île en question, ravie de pouvoir découvrir un nouvel endroit comme celui-ci avant d'être... Totalement désillusionnée.

Clockwork n'était pas vraiment ce qu'elle avait imaginé. Fallait dire que pour elle, avec un nom comme celui-ci, ça ne pouvait être qu'un lopin de terre avec plein d'horloges rythmant le coin dans un tintamarre régulier et entêtant. Mais de tout ça, il n'y avait pas grand chose en réalité. Pas de tic tac, pas de clock, ni grand chose d'intéressant. Juste un semblant d'île minuscule, quelques habitations pas bien glorieuses, des rues étriquées et un monde sous le niveau de la mer. Et c'était ce dernier point qui lui posa immédiatement un plus gros souci.

Sur cette île, il n'y avait rien à faire, rien à voir, rien à vivre, à part si on pouvait nager et respirer sous l'eau. Ce qui n'était plus son cas pour l'un des points, et qui n'avait jamais été pour elle pour l'autre. Sur tous les membres de son équipage restreint qu'elle menait grâce à des caprices de plus en plus farfelus, il n'y en avait qu'un seul qui pouvait s'en tirer et s'amuser ici. Kurn. Même le mousse qu'ils venaient tous deux de recruter était de la même veine qu'elle, avec ses super capacités des bac à sable, ne pouvait pas faire grand chose de folichon dans le coin.

Se reculant de la rambarde, elle se planta là, croisa les bras sur sa poitrine et lança avec une moue boudeuse mais tout à fait fermement :

« JE NE DESCENDRAI PAS DU NAVIRE. »

Toutes ces heures, tous ces jours à rêver après Clockwork, après une escale bien méritée compte tenu des jours terriblement difficiles faits de mesquineries en tout genre au sein de l'équipage qu'ils avaient traversé, descendre, mettre pied « à terre » aurait bien été le minimum. Mais non. Pas pour Fantine. Pas ici. Pas avec tout ce danger indicible menaçant de la tuer à chaque instant : l'eau de mer.

« Bah pourquoi ?
TROP D'EAU.
Roh ça va au pire-
PAS ASSEZ DE PLATEFORMES.
Bah je peux te-
JE VEUX PAS MOURIR. »

Voilà. Et c'était pas du tout du tout exagéré.
Pas son genre évidemment.

« ON PART D'ICI TOUT DE SUITE. »

Dans une position théâtrale, elle pointa l'horizon, la direction de laquelle ils venaient d'ailleurs, mais peu importait. Contre toute attente, le navire était prêt à faire demi-tour, surtout et avant tout parce qu'il vivait grâce à elle et qu'il l'écoutait. Mais il y avait un problème à résoudre :

« Disons qu'on peut pas vraiment, Capitaine, souffla le mousse entre deux lattes de sa cigarette trahie : Puis pour aller où surtout ?
Je sais pas ! On a bien d'autres machins comme ça pour nous guider vers des îles beaucoup moins moisies que celle-ci !
Elle est pas si moisie, y'a des trucs pour les hommes poissons.
Oui, exactement ! Homme-poisson, fit-elle en désignant Kurn. Pas homme-poisson, reprit-elle en désignant le mousse qui semblait n'en avoir rien à battre et elle-même. On va mourir ici.
Bon, lâcha Kurn un peu lassé. Et si je te porte ? »

Des étoiles dans les yeux, Fantine fixa son second avant de lui grimper dessus sans préavis. Voilà. Ça c'était une excellente idée. Elle ne tomberait pas à l'eau. Et si elle tombait, Kurn aussi. Et si Kurn tombait, il pourrait nager. Voilà, c'était un plan excellent.

« … On peut s'arranger.
Je peux te porter, mais je porterais pas le mousse.
Pas de problèmes. »

ça n'avait même pas du tout l'air de le déranger. Bizarre, songea Fantine. On était quand même vachement bien installé sur ce perchoir improvisé et maintenant amélioré. Ouaip. Vu que la jeune fille y avait installé un coussin pour s'éviter les piques malgré les remarques de son second. Confort avant tout non ?
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Ils marchèrent quelques instants dans la partie émergée de la ville, contemplant la maigre animation de la surface.
« Bon, Groot, on vend l’eternal qui vient ici. Je savais que c’était nul.
- Mais ça fait à peine cinq minutes !
- Je m’en fiche, on s’en va.
- T’es pas bien installée ?
- Si.
- Bah fais la sieste et laisse-nous visiter, alors.
- Mousse ? Tu visites ?
- Hum.
- J’ai pas envie de faire la sieste. On y va ?
- Il faut vendre les eternals et choisir où on va ensuite, d’abord.
- Bah on le fait tout de suite, alors.
- Il faut aussi acheter des provisions pour le voyage.
- On a quoi comme trucs pour voyager ? »

Sentant cruellement à quel point il était ridicule à servir de siège à Fantine, Kurn plongea la main dans sa besace et en sortit leurs trois eternal poses.
« Alors. Ca indique Clock Work Island, ici.
- Nul. On vend.
- Jaya.
- Ca a l’air nul. On vend.
- Mais on en sait rien ?
- M’en fiche.
- Et si le dernier est nul aussi, on le vend et on fait quoi ?
- On avancera au hasard. C’est bien, le hasard.
- Sur Grand Line ? Vraiment ? Dis-lui, Mousse, que c’est pas une bonne idée !
- Alors oui, pour le coup, même si la destination finale, je m’en fiche, je voudrais quand même arriver quelque part et pas mourir en mer.
- Ah ouais ?
- Oui.
- Non mais j’veux dire, ah ouais vous vous liguez contre moi, comme ça, sans raison ?
- Comment ça sans raison ? Demanda Kurn.
- Vous discutez les décisions du capitaine !
- On veut juste pas mourir en mer.
- C’est scandaleux ! Je note !
- Et sinon, le troisième eternal, c’est… l’île en fête.
- Attends.
- Oui ?
- Répète ?
- Le troisième eternal, c’est l’île en fête.
- Tu veux dire qu’on avait un eternal qui pointait vers l’île en fête et qu’on est venu à Clock Work Island ?
- Hein ?
- Non, je vais la refaire. Tu veux dire qu’on avait un eternal qui pointait vers l’île en fête et qu’on est allé à Clock Work Island ?
- Ben… Oui ?
- Mais ça va pas du tout ! L’île en fête ! Rien que le nom est trop bien, l’île est sûrement trop bien !
- Je vois pas bien en quoi.
- Ce sera la fête ! C’est dit dans le nom !
- Oui mais c’est toi qui as choisi d’aller à Cl…
- Parce que tu m’avais pas dit !
- Comment ça je t’avais pas dit ?
- Tu m’avais pas dit qu’on pouvait aller à la fête !
- Mais ça se trouve c’est pas si bien.
- Si ! C’est forcément bien ! Donc on va vendre les deux autres et y aller ! Dingue, je comprends pas comment t’as pu choisir cette île nulle !
- Moi, je me souviens distinctement que j’ai sorti le premier du sac, et que t’as dit qu’on irait là-bas ‘’et puis voilà, ce sera sûrement marrant’’.
- Rouuuuh ! »

Le mousse regardait l’échange d’un air blasé. Il est sûrement content de ne plus être la cible de nos farces. Sur un regard suppliant de l’homme-poisson qui écoutait d’une oreille les plaintes incessantes de Fantine, il regarda autour de lui à la recherche de quelqu’un qui pourrait être intéressé par des eternal poses puis alla demander aux gens, une cigarette au bec.
La rascasse alla s’asseoir au bord de l’eau, sur un toit submergé, et trempa ses jambes, alors que son capitaine lui ordonnait de ne pas aller plus loin. Il ne fallut que dix minutes au borgne pour revenir avec un pirate à l’aspect sûr de lui.

« J’ai trouvé lui. Son chef serait intéressé par un achat d’eternal poses.
- Tu lui as dit quoi ?
- Qu’on vendait des eternals.
- D’accord. Vous êtes qui ? On vous retrouve où ?
- J’suis Shawn des Dead Dread. Mon cap’taine doit être à la taverne du porc. Avec un C. On fait escale quelques jours ici avant de continuer notre route avec notre Log Pose, mais, justement, des eternals pourraient être pas mal.
- On vous retrouve là-bas, alors.
- Pas d’souci. »

Quand il fut parti, Kurn se gratta la joue.
« Si tout le monde sait qu’on a des eternals, ils risquent pas de nous attaquer pour nous les voler ?
- Et alors ?
- On pourrait être en danger.
- On aura qu’à leur casser la gueule.
- Hum, fit le Mousse en comptant probablement sur son logia du sable.
- Puis ensuite on leur volera tout ce qu’ils possèdent.
- Ah, et sinon, il paraît que certains eternals sont plus rares que d’autres. J’ai lu ça dans le journal.
- Les nôtres sont rares ?
- Pas du tout.
- On n’a qu’à dire qu’ils le sont. Qu’ils mènent à, euh…
- Shabondy ?
- Voilà ! Chat-bondit !
- Bon, enfin, allons-y, on verra bien. »

Et le trio se dirigea vers la taverne du porc pour rencontrer le capitaine des Dead Dread et vendre un magnifique eternal vers Chat-bondit.
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Je presse le pas. Mon œil se promène à droite à gauche cherchant désespérément l'enseigne de la taverne du porc.

Hé ! Hé Mousse ralentis ! Ooooooooooh ! Mais tu m'écoutes le mousse ?

Le boss n'a le droit qu'à un signe de la main désobligeant pour lui montrer que oui je l'écoute. De là à ce qu'elle en déduise que je l'ignore, il y a sûrement un gouffre. Pas le temps de se coltiner les disputes des deux nigauds. Nigauds putain … sont tellement cons qu'ils me forcent à gratter les fonds de tiroir des synonymes d'idiot. Soudain mon regard se bloque en en croisant un autre. Un regard porcin. L'enseigne en forme de porc souriant se dandine doucement au gré du vent.

C'est là capitaine !

Je me retourne personne. Ils ne se sont quand même pas perdus ? Et pendant que la possibilité me traverse l'esprit, voilà que sort du détour d'une ruelle le grand mérou et la patronne juchée dessus. D'un signe de main, je parviens à capter leur intention avant de pénétrer dans la taverne du porc avant eux. Taverne du porc. Il y a pas à dire, les taverniers ont souvent un sacré sens de l'humour, celui là est pas mal même si on est encore loin de « la Bouche des goûts » ou le « Sire Rose ». L'odeur grasse et sale propre aux tavernes emplie mes narines, tandis que mes oreilles sont bientôt agressées par toutes sortes de beuglement aux origines variés. Un large sourire se dessine sur mon visage. Enfin de retour dans l'un de ces vieux troquets que j'affectionne. Je fonce au comptoir pour assouvir enfin cette envie qui me ronge depuis que je me suis réveillé sur cet étrange navire parlant.

Deux pintes tavernier !

Le tenancier se retourne vers moi et me jette un regard glaçant. Merde je le connais ? Ils ont une base de données de tous les clients de taverne et il sait que je ne suis pas toujours bon payeur ? Bon je tente le tout pour le tout.

S'il vous plaît.

Ah bah quand même … Je vous jure tout se casse la gueule en ce moment. Les jeunes qui …


Il a déjà perdu mon attention au profit de son aimable clientèle. Aimable … Vous imaginez bien le tableau, tout ce qu'on peut compter de loup de mer. Du vieux pêcheur au capitaine pirate. Je reconnais le type de tout à l'heure. Nos clients sont là. Une dizaine de types à l'aspect plus ou moins patibulaire en train d'enquiller des godets et de jouer aux cartes autour d'une table ronde. Les Dead Dread, je me demande bien ce qu'ils valent. J'en ai jamais entendu parler de ces cons. Le tintement des chopes contre le comptoir me fait comprendre que ma commande est arrivée. Délesté de quelques berrys, j'assiste à l'arrivée du capitaine et de son fidèle second.

Oh trop bien Mousse tu nous as pris à boire !

C'est-à-dire que …

Et sans que j'aie le temps d'en placer une, la donzelle m'arrache les chopes des mains. La colère parcourt mon corps. Oh ce coup-ci j'en ai marre je vais la cogner. Elle ne l'aura pas volé. Et si la poiscaille s'en mêle, j'en fais des sashimis.

Bah tu fais quoi Mousse ? On y va !

Et la voilà qui traverse mon corps. Et la colère descend immédiatement, je ne vais quand même pas la frapper la petite. Surtout qu'il y a du pognon à se faire dans cette histoire. Quelques millions de berrys ça vaut bien deux bières.

Je vais me chercher à boire …

Pfffffffff ... Tu ne pouvais pas faire cela avant ?

Pas la peine de répondre … Et je ne vais sûrement pas m'y forcer. Sans prêter attention au capitaine je retourne tranquillement vers le comptoir chercher à boire. M'imaginant souriant une bière à la main.

Hé mousse ! C'est dégueu ton truc là. Ramène autre chose.

Et que je te renverse les trois quarts de la chope en disant cela … On pourrait croire qu'elle cherche juste à m'énerver. Et avec un certain talent en plus. Alors qu'en fait là elle est juste dans son état normal, je serais même tenter de croire qu'elle est dans une petite forme aujourd'hui.

Deux autres pintes et un truc coloré avec un parasol ou une autre connerie et sans alcool si possible.



S'il vous plaît.

********************************************************************************

Je pose le cocktail rosâtre en face du capitaine, interrompant semble-t-il des négociations à à bâtons rompus.

C'est un eternal pour Chat-bondit ! Ça vaut bien plus que ça … N'est-ce-pas Groot ?

Et moi je te dis que je veux le voir avant ton foutu eternal pose. Sinon tu peux toujours aller te faire foutre pour ne serait-ce que voir un seul putain de berrys.

Et nous on veut voir l'argent.

Mon instinct me dit que ça va vite partir en cacahuètes cette histoire et un sacré paquet de cacahuètes si vous voulez mon avis. Un peu d'animation ça ne peut pas faire de mal après tout. Je commence à siffler tranquillement ma première binouze sans piper mot. Oh putain ça m'avait manqué. C'est un peu comme enfin se vider la vessie après s'être retenu toute une journée. Après d'âpres négociations, la boss et Kroot daignent enfin sortir le fameux log. Bel objet s'il en est, serti d'une magnifique étiquette faite main indiquant « Chat-bondit » dans une écriture maladroite. Le capitaine a fait du bon boulot, il y a pas à dire.

Tu me prends pour un abruti ou quoi ?

Oh il a mis la main à sa ceinture. Va falloir la jouer fine patronne.

Bah tu le fais exprès débile ? C'est écrit là regarde. Chat … Bon … Dit. Tu ne sais pas lire ou quoi ?

C'est moi qu'elle traite de débile la donzelle ?

Je crois que c'est là que ça part totalement en vrille. On va enfin pouvoir s'amuser un peu. Mais avant ça j'espère que j'aurais le temps de finir ma bière et de commencer la deuxième.


Dernière édition par Galowyr Dyrian le Mer 31 Aoû 2016 - 10:03, édité 2 fois
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La vie entourée par des idiots, c'était quand même pas toujours très simple. Fantine contempla son vis-à-vis avec l'air de dire qu'elle n'avait jamais connu pire crétin qu'aujourd'hui, et sans doute que ses manières de diplomate étaient encore à travailler. N'empêchait que, c'était vachement frustrant de voir quelqu'un qui ne se laissait pas facilement berner par son speech pourtant tellement convaincant ponctué de « crétin » et « d'idiot » attendris. Mais non. Rien à faire, il n'avalait pas sa bêtise, la trouvait même un peu trop grosse.

Elle jeta un regard triste à Kurn, Attrapant la paille entre ses lèvres, elle eut un petit soupir triste, comme pour lui dire « je te laisse la main, parce qu'il comprend pas quand on lui parle c'ui là et il a besoin de quelqu'un capable de s'abaisser à son niveau ». Et Groot était tout désigné pour ça. Il supportait Fantine depuis assez longtemps pour pouvoir la traduire à un demeuré complet, c'était bien sa veine. Il lui tapota la tête pour ne pas qu'elle s'énerve trop vite, la laissant siroter posément le super cocktail coloré que le mousse lui avait trouvé :

« Je vais prendre la main, fit-il en se grandissant un peu sur son tabouret pour impressionner son vis-à-vis. »

Fantine se tourna sur son siège, tandis que le mousse faisait ce qu'il savait faire de mieux : rien.

« On reprend les négociations. »

Le trio n'en était plus vraiment à des négociations, à dire vrai, Fantine était plutôt prête à jouer des poings pour se faire entendre. Mais Kurn avait décidé de la jouer autrement alors si c'était ce qu'il voulait, elle pouvait bien lui faire plaisir. Et par autrement, la jeune fille ne s'attendait pas à ce que son second ne lève littéralement le poing pour venir le coller dans les dents de celui qui lui faisait face, et ne renverse la table avec son cocktail au passage. Tout du moins, ça n'arriva qu'une demi-seconde plus tard. Une impression de déjà vu, songea la jeune femme alors qu'elle attrapait son verre pour éviter de le voir valdinguer dans la pièce.

Le lieu pourtant bruyant de base fut alors incroyablement silencieux. Il y eut comme un arrêt sur image, une seconde impression de déjà vu que la jeune fille anticipa : elle savait que s'ils poursuivaient le tabassage qu'ils s'apprêtaient à entreprendre ici, ils allaient avoir des soucis avec une certaine guilde qu'elle avait déjà rencontré. Tapotant l'épaule de son second, elle lui souffla avec un regard amusé :

« On fait pas ça ici !
Bien capitaine. »

Kurn comprit immédiatement pourquoi. Le mousse, par contre, fut un peu plus surpris. Mais ça n'était pas bien grave. Il ne lâcha pas son verre à moitié plein ou vide, allez savoir, admira juste le second balancer le capitaine par la fenêtre noircie par la suie et la crasse de la vie de tous les jours depuis des mois, et le talonna de près pour montrer la voie à la suite de l'équipage présent dans le bistrot.

Il y eut d'ailleurs comme un vent puissant dans la pièce pour balayer le passage. Un vent accompagné d'une bonne couche de sable que Fantine se reçut dans les yeux avant de se mettre à hurler en animant sans le vouloir tous les objets autour d'elle :

« Aaaaah mousse, mais fais attention euh ! J'ai maaaaal !
Pas fais exprès, désolé Cap'tain... »

ça piquait, bon sang, ça piquait ! Les yeux rougis par le sable et les larmes de crocodile qui lui inondaient les joues, la capitaine de cet équipage atypique était pour l'instant hors d'état de nuire... Même si, maintenant que les tabourets, les tables et les portraits de cochons, ainsi que les choppes et les bouteilles de bière, se ruaient dans la pièce et vers la brèche causée par Kurn en hurlant eux aussi leur douleur en se tabassant entre eux par sa faute, c'était pas vraiment « hors d'état de nuire ».

Parce que Fantine, même inconsciente et handicapée, était une véritable nuisance. Ewai.
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Le tavernier regarda s'enfuir son mobilier les yeux écarquillés et la bouche béante. Puis il cracha par terre, de dégoût à cause du sable qui était entré dans sa bouche. Tous les protagonistes intéressants de l'histoire l'abandonnèrent là, les mains fermement posées sur un tabouret moins rapide que les autres qui exigeait de pouvoir sortir avec les copains, que c'était trop pas juste que eux ils aient le droit de faire la fête le soir et pas lui.

De retour dans la lumière aveuglante de la mi-journée, les pirates laissèrent leurs yeux se réhabituer à la luminosité puis se fixèrent méchamment en roulant des mécaniques. Les meubles se contentèrent de regarder autour d'eux, puis de se poser sur les côtés pour regarder la prochaine animation prévue lors de cette formidable sortie scolaire. Le capitaine des Dread Dead se prépara à envoyer le signal de l'assaut, comptant sur la supériorité numérique indéniable qu'il possédait.

Fantine bondit sur lui bien avant et lui mordit le poignet avant de se dégager d'un saut périlleux qui s'acheva avec un coup de pied en plein menton. Il oscilla quelques instants sur place avant de raffermir ses appuis et de donner l'ordre de l'assaut. Le sable se leva à nouveau alors que le Mousse fronçait les sourcils sur sa seconde pinte de bière.
« Eh mais y'a du sable dedans !
- On se demande pourquoi, lâcha Kurn.
- C'est pas une raison !
- Vous voulez pas arrêter de discuter et qu'on les tabasse ? Ils ont été méchants !
- Ah bon ?
- Ils ont pas voulu acheter un eternal vers Chat-Bondit !
- Enfin, surtout, ils nous attaquent.
- Oui, en plus !
- Hum. Oui enfin on les a attaqués les premiers, non ? Donc c'est légitime qu'ils veuillent se défendre. »

La capitaine le fixa quelques instants sans rien dire tandis que les Dread Dead attendaient leur tour pour entrer dans la danse. Puis elle tendit brusquement le bras et renversa la choppe en terre cuite du Mousse par terre.
« Voilà. C'est bon ?
- Non mais j'aurais pu la boire.
- Tu te plaignais qu'il y avait du sable dedans !
- Et alors ? Je vois pas le rapport.
- Et en plus c'est pas bon.
- Je vois toujours pas le rapport, c'était une boisson alcoolisée.
- Le patron la coupait avec du jus de chaussette ! Intervint une table.
- Ah, ça m'étonne pas, la base quand on tient une taverne du port, commenta le Mousse.
- Je crois que je l'ai déjà vu jeter un type dedans.
- Plus original, déjà.
- Non mais on s'en fiche de la recette de ton truc pas bon, Mousse ! Ce qu'il faut, c'est les défoncer ! »

Les Dread Dead hochèrent la tête, trouvant sans doute le temps long. Avec un soupir, Kurn dégaina Respora et la soupesa tranquillement en regardant ses adversaires du jour. On pourra sûrement leur prendre leurs berries ensuite. Et un Log Pose, ils en ont sûrement un. Comme ça, après l'Île en Fête, nous trouverons une destination sans reposer sur des Eternals.

Un homme non-identifié apparut soudainement entre les deux équipages, et tendit les mains pour les arrêter.
« Halte ! S'écria l'inconnu.
- Ta gueule ! »
Le premier Dread Dead fut renvoyé dans son camp par un mouvement trop rapide pour que quiconque ne puisse le discerner parmi les gens présents, sous les cris de surprise et les applaudissement du public mobilier.
« Pourquoi vous battre ? N'y a-t-il pas de manières plus élégantes de vous affronter ?
Non ! »
Trois nouveaux types finirent au tapis sans même toucher le mystérieux inconnu.
« Vas-y, Mousse !
- Pourquoi moi ?
- Parce que t'es le Mousse !
- Oui, bon... »
Sans le moindre entrain, mais en tenant toujours sa pinte désormais vidée au sol, le Mousse manchot et borgne s'approcha tranquillement de l'homme, qui portait une blouse blanche et, à bien y réfléchir, une grande toque de cuisinier. Il inclina brusquement la tête sur le côté mais, au lieu de le traverser, la spatule du cuistot l'envoya lui aussi rejoindre les siens.
« Hahaha il t'a bien eu ! Railla Fantine.
- Oui, enfin, ça fait pas trop nos affaires, du coup, si ?
- ... Ah ben non.
- Donc on fait quoi ? On rentre chez nous ? Demanda Kurn.
- Pas du tout ! Fit l'inconnu. Je vous propose de régler votre différend par un concours... de cuisine ! »

Les Dread Dead se regardèrent en se grattant la tête, puis l'un d'entre eux, la panse large, s'avança jusqu'au premier rang. Ils levèrent tous les bras pour l'encourager en criant.
« Et nous on nomme qui ? Demanda la capitaine.
- Vous n'êtes que trois ?
- Oui.
- Participez tous les trois, ils en choisissent trois en face, et le meilleur plat gagne !
- Gagne quoi ?
- Les berries pour les uns, l'Eternal pour les autres ?
- Et si on n'est pas d'accord ?
- Co-mment-ça ? Demanda le cuisinier en agitant sa spatule d'un air menaçant. »

Tout le monde déglutit perceptiblement, avant de partir à la recherche des meilleurs ingrédients.
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Après le nettoyage de pont, faut faire la popote. Attention à la surdose d'aventure épique … Je me demande bien pourquoi on s'est pas tous mis sur le cuistot pour lui refaire le portrait, cela aurait été bien plus rapide et bien moins chiant. Enfin s'il faut compter sur l'intelligence pratique de certains on va rapidement être déçu. Surtout qu'entre la gamine et le mérou, je ne suis pas certains qu'on soit en face des plus illustres cordons bleus de ce côté-ci de Red Line. En y regardant de plus près je dirais plutôt qu'on a les deux plus gros acheteurs compulsifs de nourriture de ce côté-ci de Red Line. Et je vous laisse deviner qui porte les achats.

Puis on va prendre ça … Oh et ça aussi. Puis ça aussi ça a l'air trop bon. Oh non en fait j'en veux pas reposes le !

Faut qu'on prenne des spécialités d'hommes-poissons aussi.

Et le mousse, tu suis oui ? Un peu plus vite.

J'arrive capitaine.

Mais pas trop vite. C'est que je suis chargé comme une mule moi. Bien qu'il y ait fort à parier que si j'étais une mule, je serais sans doute mieux traité qu'actuellement. Tiens d'ailleurs pendant que j'y pense.

Tiens d'ailleurs capitaine vous voudriez pas animer tout ça, histoire que ça rentre tout seul au bateau ?

Pourquoi faire alors qu'on a un mousse pour tout porter ? Surtout qu'on joue pas avec la nourriture Mousse. C'est Groot qui l'a dit ! Hein Groot ?

Le hochement de tête de notre ami à branchies vient conclure ce raisonnement d'une logique implacable, je m'incline. Enfin je l'aurais fait si je n'avais pas plusieurs kilos de nourriture sur le dos. Je porte silencieusement mon fardeau jusqu'à notre dernier arrêt dans cette séance d'achat de nourriture et à l'odeur il n'y a aucun doute possible que ça soit pour acheter les succulentes spécialités dont raffole notre ami Kroot. La boutique fleure bon la marée et l'algue séchée. Une odeur à vous en faire gerber plus d'un et à bien regarder la patronne, c'est pas loin d'être son cas. Le proprio est tellement vieux que je peine à distinguer son espèce, une chose de certaine c'est qu'il n'est pas de la même que le nôtre. Ni de la même taille d'ailleurs. Pas sûr qu'en en empilant 10 comme lui on arrive aux épaules de notre fidèle second. Mais trêve d'océanologie, je me décharge de la bonne dizaine de caisse pleine de denrées en tout genre, viandes séchées, œufs, sucres, farine … de blé noir. Et pendant que Kurn demande tout un tas de produits au nom aussi imprononçable que peu ragoutant, je me tourne vers le capitaine, le sac de farine à la main. Faut mieux l'occuper avant qu'elle fasse une connerie.

On va faire des crêpes capitaine ?

Bah non. Tu poses des questions bizarres Mousse.

Et bah et ça c'est pourquoi ?

Bah on va faire un gâteau pour le concours ! T'es bête ou quoi ?

Non mais pour des gâteau faut pas prendre cette farine là. Ça va être tout simplement infecte Cap...

Je ne suis pas assez bien au goût de Monsieur peut être ?

C'est bien le sac de farine qui vient de parler là ?

Je croyais qu'il fallait pas jouer avec la nourriture.

Tu rigoles on le fait tout le temps !

Oh Monsieur c'est à vous que je parle. C'est pas parce que Monsieur trouve que je suis infecte qu'il faut m'ignorer.

J'ai … J'ai pas dis que vous étiez infecte, j'ai juste dit qu'on pouvait pas vous utilisez pour faire un gâteau. Oh et puis j'ai pas à me justifier à un foutu sac de farine.

Ah parce que Monsieur s'imagine que je suis pas capable de faire un bon gâteau ? Que pour être capable de faire gâteau faut forcément être de la bonne farine de blé c'est ça ? Puis j'aimerais bien savoir ce que Monsieur, qui fait l'expert, connaît au travail de farine. Ça fait des années que je m'y prépare moi. On m'a formé pour ça, je vois pas pourquoi je serais moins bonne dans mon boulot sous prétexte que je suis un peu plus f...

Et en plus faut que ça soit un sac de farine insupportable. Je le refourre vite fait bien fait dans sa caisse sous ses insultes. Le capitaine avait vraiment trouvé un fruit du démon à sa mesure, elle était capable de rendre tout ce qu'elle touchait aussi insupportable qu'elle.

Le temps de cette grande discussion notre ami Groot avait eu le temps de récupérer tout ce dont il avait besoin. Même si à mon œil de parfait néophyte en matière de culture homme-poisson, rien de tous ces machins verts et luisants n'avaient véritablement pas l'air comestible par un être humain normalement constitué. Impression renforcée par l'odeur infâme qui se dégageait de ce que les tronches de mérous osaient appeler nourriture. C'est sans doute ça qu'on appelle un choc culturel. Si les premiers humains qui ont rencontré des hommes poissons se sont fait refiler des trucs aussi immondes, tu m'étonnes qu'on se fasse encore la guerre des millénaires après. Par contre, cette théorie n'expliquait pas le fait qu'on les ait pris comme esclave dans les cuisines … Et nous voilà reparti avec une caisse malodorante en plus pour moi, le capitaine se refusant sans doute à jouer une deuxième fois avec la nourriture.

Tiens pendant que j'y pense les gars … on est bien d'accord qu'il y a pas de cuisine sur le navire hein ?

Bah non pourquoi ?

Et vous comptez les faire où vos plats pour le concours ?
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Fantine resta plantée un long moment devant les caisses, dans la « cuisine » qu'ils avaient qui été bien plus un garde mangé bordélique qu'autre chose. Le mousse avait soulevé quelque chose de très important pour eux, qui les mettaient d'ores et déjà en échec face à leur adversaire du jour. Tapant rageusement du poing sur la table, la jeune fille se refusait à perdre face à des pirates de bas étage sur un concours de cuisine, elle qui avait regardé les cinquante premières saisons de Top Chef Pirates lorsque ça passait à la télévision avant d'abandonner pour partir à l'aventure.

Est-ce que ce show de grands cuistots lui avait appris quelque chose ? Par exemple, à fabriquer en urgence une cuisine avec les moyens du bord ? Pas du tout. Elle n'avait que de vagues souvenirs de ces moments perdus devant un écran denden, parce que la vie lui en avait donné d'autres bien plus intéressants bizarrement. Mais soudainement, un éclair de « génie » lui traversa l'esprit, alors qu'elle contemplait toujours le bordel monstre qui s'organisait tout seul grâce à son pouvoir et que le borgne derrière elle semblait bien content d'avoir dit quelque chose d'intelligent aujourd'hui.

Elle se tourna donc vers lui, le regard parfaitement sérieux, avant de se hisser sur sa chaise pour atteindre sa taille :

Nan mais le mousse, en fait, ça va pas du tout ce qu'on a fait là.
Dingue hein.
C'est une grave erreur de notre part.
Je sais Capitaine, ça m'arrive d'avo-
Prendre des trucs au supermarché ! Coupa-t-elle en hurlant dans les branches du mousse avec une mine parfaitement offusquée de diva : On aurait du aller les pêcher, chasser, récolter, et tout, nous même ! Comme dans les émissions qui passent à la dendenTV sur les show de bouffe et que j'adore parce que c'est grave joli ! Plein de produits super frais, super beaux, super tout c'que tu veux, c'est LA chance pour nous de nous démarquer !

Le borgne manchot sembla paumé sur le moment. Un peu. Et toute son histoire sur la cuisine, c'était passé ou ? Apparemment, la capitaine n'avait pas du tout réglé le problème de ce côté, s'attardant sur tout autre chose qui allait leur faire perdre tellement de temps. Mais il sembla dépité sur l'instant, en l'écoutant. Notamment parce que c'était lui qui avait amené tout ça ici, sur SON caprice encore, et qu'elle aurait quand même pu y penser avant ! Ou alors était-ce trop demandé ?
Sûrement un peu.

Alors, capitaine, vous voulez dire qu'on a transporté tout ça jusqu'au bateau de dieu sait où alors qu'on a même pas de cuisine... Pour rien ?
Oui, c'est ça.

Et elle disait ça avec tellement de naturel, comme si c'était évident et qu'il aurait du le voir depuis le début. C'était avec ses nerfs qu'elle jouait sans s'en rendre compte, comme elle jouait avec tous ceux de l'équipage depuis le tout début. Et il n'y avait que les faibles qui craquaient, PAS VRAI LE MOUSSE ?

Nan mais c'est pas grave, mousse. On va mettre tout ça dans un coin et peut-être qu'on en mangera quand on sera en mer et qu'on aura plus rien à se mettre sous la dent !
Ah, mieux, souffla le mousse, content de ne pas avoir porté ces cinquante caisses pleines pour des broutilles maintenant qu'un autre caprice du capitaine lui tombait sur la poire. Même s'il gardait son air détaché, au fond, même l'expérience du grand Lloyd Barrel n'était pas tout à fait suffisante et formatrice pour lui permettre d'affronter ça.
Espère pas trop, ça fera jamais long feu avec elle, trancha Kurn après avoir soupesé une laitue pas marine en se demandant qui pouvait manger ce genre de choses.

C'était donc l'heure pour Fantine d'aller chercher l'équipement de chasse, pêche et tradition qu'elle avait volé quelque part, s'enfonçant dans les entrailles du navire pour ça.
C'était donc l'heure pour le mousse de s'allumer une cigarette pour s'éviter un burn out officiel au risque d'être la risée de tout le monde, même et surtout la parabole.

C'est donc l'heure pour une partie de pêche, renchérit derrière Kurn en étirant son dos et en faisant craquer sa nuque, certain de pouvoir aller barboter dans son côté quand le capitaine lui avait interdit tout du long depuis qu'ils étaient arrivés ici, au risque qu'il se noie alors que c'était, sur le principe et contre toute logique, parfaitement absurde.

Ressortant des méandres du navire, les bras chargés de trucs avec d'autres encore qui la suivaient en sautillant partout et en lâchant des « youpiiii » super joyeux, elle stoppa net ses compagnons de voyage avec un regard courroucé digne de Christina Cordula :

Aaaaah nan mais vous allez pas y aller comme ça j'espère ?
Bah quoi ?

Bah quoi ? Une lueur brillante passa dans le regard de Fantine. A chaque occasion sa tenue, c'était évident !

Ainsi, à la fin de sa séance des Reines du Shopping, Kurn et Galowyr portaient tous les deux des toques de cuisinier sur des costumes de pêcheur et chasseur. L'un armé de sa canne à pêche alors que ça ne lui serait jamais utile, l'autre d'un fusil de chasse alors qu'il n'y avait rien à chasser à Clockwork depuis très longtemps. Et pour sa part, Fantine portait un costume de cuisinier-bricoleur, à savoir une toque avec un bleu de travail, pour essayer de fabriquer une cuisine en moins d'une heure.

C'est ma-gni-faï-que !

Challenge Accepted.
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Kurn jeta un regard pensif à sa canne à pêche. Il semblait s’agir d’un bon produit, avec du bois qui devait être lustré, ou verni, d’après certains points de la hampe. Le fil semblait avoir tenu le choc. Mais les longues semaines passées en mer, au fond de la cale, dans un tas de bric-à-brac d’objets divers et variés achetés, trouvés, volés, ou qui étaient venus de leur plein gré pour voyager avec eux n’avaient pas fait du bien à l’état de l’objet.

Une partie des soudures métallisées, notamment pour remonter la ligne, était rouillée. Le vernis avait totalement disparu par endroits, et des bosses semblaient parsemer la canne. En plus, le bois pourrit un peu. Je me demande comment nous l’avons eu, cette canne à pêche. Surtout que j’ai bien dû préciser que ça ne nous serait pas très uti…

« Salut, chef !
- Hein ?! Sursauta la rascasse.
- Je disais : salut, chef ! Maintint la voix.
- Oui, oui. Qui ?
- La canne à pêche, évidemment ! 
- Oui, bien sûr, la canne à pêche. Ca ne devrait plus me surprendre.
- Alors comme ça on va pêcher ? Ce noble combat entre le poisson et l’homme, au bord de l’affrontement entre terre et mer, une bataille pour la vie, la mort, la SURvie !
- Oui mais en fait…
- J’ai toujours rêvé de pêcher en mers étrangères. Ce voyage, c’est un peu l’occasion pour moi de…
- Non mais je vais plon…
- De voir de nouveaux poissons, oh je parle pas de vous, chef, hein ! Mais de capturer et d’aider, dans la mesure de mes moyens, à… »

En secouant la tête, l’homme-poisson plongea la canne à pêche sous l’eau, où ses dernières paroles disparurent dans un concert de bulles avant que le pouvoir du fruit du démon qui l’animait ne disparaisse de lui-même.
« Je vais simplement plonger et ramener un bon poisson, acheva Kurn certain de ne pas se faire interrompre cette fois-ci. »

Il doit bien y en avoir ici, après tout. Et si les gens ont tout pêché, je m’éloignerai un peu du rivage…

La rascasse posa doucement la canne sur le bord d’un ponton, tira un peu sur son accoutrement de pêcheur-chef cuisinier, puis sauta d’un coup dans l’eau. Comme d’habitude, le contact de la mer lui fit du bien, et ses branchies se soulevèrent légèrement tandis que ses nageoires se déployaient avant d’onduler légèrement pour comprendre la température et les courants sous-jacents.

Un rapide tour sur lui-même permit à l’homme-poisson de découvrir les bâtiments inondés de Clock Work Island. Quelques poissons erraient aux alentours, mais uniquement du petit gibier. Et Kurn savait qu’il lui fallait quelque chose de plus gros, de plus impressionnant. Davantage pour convaincre Fantine que le chef cuisinier, d’ailleurs, au démeurant...

« ...oooooooooooooooooot ! »

Le son étrange, suraigu et totalement déformé par le fait qu’il était sous la mer surprit la rascasse. Il leva les yeux vers la surface, puis se propulsa d’un mouvement de nageoires. Au loin, il vit son capitaine qui agitait les bras en l’air en pointant vers lui.

« ...aaaaaaaaaa...eeeeeeeeeeee ! »

Kurn se gratta la tête. Il fit quelques mètres en direction du ponton.

« ...iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii... »

Puis il fit quelques battements vers la mer.

« ...ooooooooooooon... »

L’homme-poisson se hissa sur le quai sur lequel il avait laissé la canne à pêche et l’attrapa.

« ...iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii... »

Oui, mais je n’ai pas vraiment envie de m’en servir, et je ne risque pas d’attraper quoi que ce soit avec... Finalement, il trouva un compromis qui lui semblait acceptable, et, surtout, qui le couvrait vis-à-vis de Fantine. Après tout, son seul souhait est probablement que j’utilise la canne pour attraper le poisson. Mais elle n’a pas dû préciser quel moyen précisément...

L’objet toujours en mains, Kurn sauta à l’eau puis plongea sous les vagues avant de s’écarter à l’aide de battements vigoureux vers le large. C’est là qu’il aurait le plus de chances de trouver un beau poisson, de bonne taille. Il ne lui fallut que quelques minutes pour s’éloigner assez de la ville submergée.

Et, effectivement, des specimens nettement plus gros rôdaient ici. Le genre de créatures qui, lui-même, le faisaient paraître petit. Mais il n’avait pas besoin d’aussi gros, ou alors cela présenterait un danger pour lui de les attraper. Non, un jeune carnivore correspondra parfaitement à mes besoins. La rascasse se laissa couler tranquillement en observant les environs, se laissant balloter par le courant.

Il repéra enfin sa proie qui, comme lui, cherchait à éviter les poissons les plus disproportionnés. Elle tournait en cercle dans une petite aire, ou sphère plutôt, à la recherche de ce qui constituerait son repas. Les petites dents aiguisées dépassaient légèrement de la mâchoire alors que les branchies palpitaient, sentant les courants, peut-être à la recherche de sang.

La queue battait tranquillement quand Kurn s’en saisit. Il se hissa le long du dos du carnivore, qui devait faire la même taille que lui, et aggripa le bord de la gueule. Le poisson tenta de le déloger en accélérant brusquement, puis de se retourner pour riposter. Mais, les jambes serrées autour du corps de sa victime, l’homme-poisson ne bougea pas. En ramenant son bras droit à hauteur de son visage, il put enfoncer le bois de la canne à pêche dans les branchies, de plus en plus profondément.

Au bout d’instants qui lui parurent douleureusement longs, tendu comme il l’était, sa victime arrêta de bouger, les yeux globuleux se figeant enfin. Les branchies laissèrent filer un peu de sang qui, nota Kurn, ne manquerait pas d’attirer tous les chasseurs du coin.

Toujours sous l’eau, il utilisa toutes les ressources du karaté aquatique dont il disposait pour tracer sa route vers le navire de Fantine, où la cuisine devait déjà être en place.
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J'aurais peut-être du signaler à mon cher capitaine que dans une île à moitié sous les eaux, il y avait peu de chances, mais alors très peu de chances, de se retrouver face à une faune terrestre foisonnante. Elle m'aurait sans doute envoyé péter cela dit, ou elle aurait fait exprès de ne pas comprendre ou elle aurait répondu totalement à côté de la plaque, le tout sur un ton bien désinvolte et ponctué de « mousse », « hé le mousse », « tu ne comprends rien le mousse » … La colère qui monte en moi me fait aspirer longuement sur ma cigarette, mais même le tabac n'est plus suffisant pour m'apaiser totalement. Et puis comme si ça ne suffisait pas, cet oiseau de mauvais augure juché sur mon épaule n'arrête pas de jacter.

Tu ne devrais pas fumer, l'odeur va faire fuir les animaux …

Qu'est ce qu'un piaf bouffeur de cadavre connaît à la chasse ?

Dans certaines îles de South Blue, on chasse à l'aide d'oiseau je te signale, si ça se trouve je suis super bon à ça.

Ouais j'en ai entendu parler, les types chassent avec des faucons. Pas de bol pour moi, j'en ai un vrai.

Un peu vexé, maître Vautour s'envole en piaffant. Je soupèse le fusil de chasse que m'a refourgué le capitaine. Je pourrais lui tirer dessus. Ça fera de la volaille. Quoiqu'un truc qui se nourrit essentiellement de cadavre, je suis pas certain que ça donne un excellent goût à la viande. Puis tirer sur son seul ami encore en vie et pas dans le coma c'est peut-être un peu con.

Hé je viens de saisir la blague. C'est pas mal. Vous avez un talent certain pour les calembours.

Je me demande un instant d'où peu vient provenir cette voix mais c'est l'évidence même, le seul autre être doué de parole ici ne peut être que le fusil.

Bon alors quand est ce que je peux me faire une bestiole. Je suis enfermé dans cette cale depuis une éternité. Vous savez ce que c'est que la vie d'un fusil qui n'a jamais pu tirer un coup ? Je deviens totalement obsédé par ça, je ne pense plus qu'à ça. Pour être même tout à fait honnête je suis prêt à le faire sur n'importe qui. Quand j'étais un jeune fusil plein de rêve, j'imaginais que ça serait un beau sanglier, au poil brun et à l'œil vif, le corps musclé dans une clairière bucolique où les rayons du soleil percerait à peine à travers la cime des arbres. Maintenant je me contenterais juste d'un clodo entrant sur une propriété privée sans autorisation. Oui je sais ce que vous vous dites, il ne se respecte pas, on a qu'une première fois. Mais là j'ai vraiment besoin de tirer une cartouche vous savez.

Chouette, un fusil bavard … Il ne manquait plus que ça. J'écoute mon arme déblatérer des conneries, tout en errant un peu sans but dans Clock Work. Qu'est-ce que j'espère moi ? Qu'un cerf débarque d'on ne sait où ? Ou qu'un sanglier aux tendances suicidaires, soit venu mettre fin à ses jours ici ? Vautour s'en est retourné sur mon épaule se lançant dans une grande discussion avec Fusil. Les deux se lançant dans un piteux concours de calembour. Pendant que je commence à me poser des questions sur ma santé mentale, mon ami à plume croasse joyeusement aux blagues de l'arme à feu.

Crôaaaa !

Mon haki m'avertit soudain d'un danger, trop tard une véritable salve retenti dans mon angle mort. Les balles traversent mon corps sableux sans dommage. Une plume noire au sol m'avertit que Vautour a réussi à s'enfuir sans problème. Je me retourne vers l'origine des coups de feu pour y trouver un groupe de quadragénaires bedonnant affublés d'un costume de chasseur presque aussi ridicule que le mien. Peinés de voir qu'ils n'ont tué personne, il me jette un regard accusateur.

C'est toi qu'a fait fuir la galinette cendrée mon gars?

La quoi ?

Une série d'explications plus tard, je sais enfin qui sont ces guignols. L'amical des chasseurs de Clock Work qui avait pour habitude de se réunir, avant la montée des eaux, deux fois par mois pour chasser la galinette cendrée. Espèce qui avait semble-t-il quasiment déserté l'île depuis les sinistres événements mais qu'ils continuaient de se réunir deux fois par mois, car et je cite « la chasse c'est avant tout picoler et manger avec les copains ». Le temps pour moi d'expliquer que mon fidèle ami à plume noir, n'avait rien d'une galinette cendrée (selon ses dires en tout cas) et qu'il n'avait sûrement pas du tout bon goût.
Confus et un peu honteux d'avoir failli tuer deux innocents, le brave homme qui semble être le chef du club m'invite à venir partager leur table. Entre mon devoir de mousse et la promesse d'un bon verre … Je vous laisse deviner où penche mon cœur. Ni une ni deux voilà que je descends plusieurs verres de rouge en dégustant leur délicieuse charcuterie artisanal. On tire en l'air dès qu'une mouette à l'audace de s'approcher d'un peu trop près de la tablée et on rit grassement. J'en viens presque à oublier la petite peste qui m'a ordonné d'aller à la chasse. D'un tir miraculeux je parviens à atteindre ma cible avec Fusil recueillant les applaudissements de l'audience.

Vous ne savez pas où je pourrais trouver de la bonne viande de gibier par hasard ?

Bah si mon gars, le père Marcel qu'est là, c'est l'boucher du coin. Il va bien te trouver un petit truc ? N'est-ce pas Marcel ?

Pour un si bon tireur tu parles qu'je vais lui trouver un petit truc.

« Un petit truc », c'est la manière poli que ces braves gens ont pour désigner l'une des nombreuses carcasse dépecées qu'un boucher garde dans sa chambre froide. Le temps pour moi de confier le petit Fusil au fils de Marcel qui en fera sans doute une meilleur usage que moi et me voilà reparti pour le navire. Non sans une certaine appréhension. Construire une cuisine qu'elle avait dit  … J'espère qu'elle n'a pas totalement couler le navire quand même … Je ferais bien d’accélérer un peu le pas je crois.


Dernière édition par Galowyr Dyrian le Mer 31 Aoû 2016 - 10:18, édité 1 fois
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Fantine et les garçons, deux heures pour tout changer. Armée de sa maroufle, de sa superbe toque et de ses chaussures imprimées zèbre marin sur salopette de travail, un pot de peinture dans l'autre main, la jeune fille avait une tâche énorme de boulot à accomplir. Sa mise en beauté n'était pas en reste non plus, volant sans peine un bon 10/10 dans le jury de filles présent sur un banc, des applaudissements et quelques commentaires de groupies quand en coulisses, les remarques assassines pleuvaient. Qu'importait, car ses cheveux ramenés en un chignon vintage à la houppette laqué et son maquillage digne des divas du beau monde faisaient tout : Fantine remportait le tournoi dans la catégorie « tenus de travail chic et pratique ».

Tout du moins, elle y croyait sérieusement avant de se tordre la cheville sur ses hauts talons aiguilles et de se ramasser sur le parquet de la cuisine. Heureusement, il n'y avait plus personne pour admirer la bévue, ses deux comparses étaient partis à l'aventure, autant dire qu'elle n'allait pas les revoir avant un moment. Se redressant péniblement, elle poussa un long soupir soulagé en constatant que son pot de peinture n'avait pas déversé son contenu sur le sol et qu'elle n'aurait pas a rattraper sa bêtise... Elle, avait un temps donné pour construire cette cuisine avant de rejoindre le lieu du concours avec les plats préparés.

Alors elle se mit au travail, avec une application et un sérieux à toute épreuve. Mastique collé un peu comme elle le pouvait, planches en bois taillées pas très droites, scie sauteuse qui faisait des siennes, marteau tueur, tournevis cruciforme coincé entre les dents,... Tout y passait, et le chantier se transforma progressivement en une sorte de cuisine, aux couleurs choisies avec goût par Fantine. Les meubles prirent forme, s'étalant le long des murs, avec des creux pour y rentrer les machines importantes (un peu étroit pour le frigo mais Fantine réussit quand même à l'y encastrer en forçant très fort, sauf que désormais il n'était plus question de le bouger). Du blanc, du rose, du pastel, de la dentelle, des poignées dorées qui restaient en main,...

Un endroit merveilleux pour les princesses de l'équipage.
Elle, quoi.

Mais ici, elle était sûre de faire des gâteaux extraordinaires quand elle n'aurait pas la flemme de faire quelque chose, ou quand elle ne mangerait pas la pâte pas cuite avant d'enfourner. Ici, des plats hors du communs seraient cuisinés puis servit autour de cette table construite par ses soins, avec le chemin de table au milieu qui prouvait que la découpe n'était absolument pas droite. Le ponçage, vernissage (ayant collé quelques outils au plan de travail mais c'était que du détail finalement), l'assemblage, tout ça fini, Fantine admira son travail.

Et alors qu'elle passait sa main couverte de peinture rose sur son front en sueur, étalant au passage un peu de couleur sur sa peau pâle, du bruit se fit entendre sur le pont du navire, et la jeune fille sortit de là sur ses hauts talons, pot de peinture en main qu'elle brandit comme un trophée en hurlant « Meeees chéris, vou êtes revenou-OY ! »... La chute fut aussi grandiose que l'entrée, quand son talon se prit dans les lattes du pont et qu'elle tomba de toute sa longueur en balançant son pot ouvert sur ses deux acolytes.

Sans entendre les plaintes et les râles, ou encore la blase coutumière sur le navire, Fantine se redressa sur un seul de ses talons (puisque l'autre était pris et qu'elle ne réussit pas à le retirer de là) et prit une pose de mannequin photoshopée des magasins people :

Surpraïseeee ! Lança-t-elle sans pouvoir perdre cet accent chantant : La couisaïne est praïte !

Top Chef !  Tumblr_myyjudBurQ1rymr5wo1_400

Les garçons eurent l'occasion de voir l'endroit et de s'en ébaubir évidemment. Ils n'avaient plutôt pas intérêt à dire quoique ce soit, car son pouvoir faisant encore effet sur les quelques outils qu'elle avait touché pour s'aider à aller plus vite, et ils n'avaient aucune envie de se retrouver emmuré ou recouvert de mastique, ou marouflé, ou... Bon. Il était grand temps de préparer le concours pour de vrai, désormais.
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Kurn jeta un long regard à la nouvelle cuisine du navire. Les travaux manuels, hein. Enfin, heureusement que les objets ont eux aussi participé à la création. Quoique… Ses yeux passèrent du plan de travail, à la peinture, au mastic. Il ouvrit la bouche pour exprimer ce qu’il ressentait.
« C’est euh… super.
- Jé t’avais dit que j’étais ouné pro ! Et toi, Mousse, tou en penses quoi ?
- C’est merveilleux. »

Le mousse s’éloigna prudemment d’un pinceau qui se rapprochait de lui en catimini.
« Vous avez ramené quoi à couisiner ?
- C’est obligé, l’accent ? Demanda le second.
- Quel accent ?
- Celui-là.
- Jé né sais pas dé quoi tou parles, mon chéri.
- Hum. »
La rascasse repensa à toutes les fois où Fantine s’était déguisée d’une façon ou d’une autre. Finalement, ce n’était jamais que dans la droite lignée du reste.

« J’ai un poisson pêché au large.
- J’ai une pièce de gibier capturée sur l’île, ajouta Galowyr. »
Pourtant, le premier regard suffit à voir qu’il s’agit d’un quartier de bœuf qui sort à peine d’une chambre froide. Kurn faillit le dire, mais se retint à l’idée que leur capitaine ne les renvoit chercher des trucs.
« Pairfecte ! J’ai lé thème ïdéal ! Mer-terre-air ! »
Il y eut un silence.
« Mais Fantine, on n’a qu’un poisson et un morceau de viande. Cela ne fait que mer et terre, à la rigueur. »
La jeune fille se dressa fièrement sur ses échasses et pointa, avec un éclat de satisfaction dans les yeux, vers le Mousse. Il haussa un sourcil. Elle pointa vers son épaule. Il tapota la viande. Elle pointa un peu plus haut.

Un croassement contestataire retentit et Vautour battit des ailes pour sortir de la cuisine surpeuplée et qui venait subitement de devenir un lieu dangereux pour lui. Mais la porte claqua d’elle-même et les outils de bricolage bondirent à sa rencontre. Ils s’empalèrent dans un quartier de bœuf qui trainait par là.

« Pas Vautour ! S’exclama le mousse.
- Mais… Pourquoi ?
- C’est mon ami et un membre de l’équipage !
- Groot est un membre de l’équipage. Parabole est un membre de l’équipage. Mais je n’ai jamais accepté Vautour dans mon équipage, d’abord !
- Tu arrêtes de faire l’accent bizarre ?
- Jé né sais pas dou tout dé quoi tou parles, mon chéri.
- Oui, bien sûr.
- On est obligé dé couisiner Vautour pour faire Mer-Terre-Air ! »

Un coup de pied dégonda la porte et Vautour partit immédiatement se réfugier auprès de Parabole, qui le réconforta en lui murmurant de douces paroles.
« Mais sinon, on se contente de Terre-Mer, c’est déjà pas mal si on arrive à quelque chose, hasarda Kurn.
- Il semblerait bien qu’il lé faille, pouisqué vous faites preuves de mauvaise volonté !
- De toute façon, tu connais une recette de cuisine, Fantine ?
- Jé… Jé… Pleins ! Mais jé soui la chef, alors vous devez couisiner !
- T’aurais pas pu te taire ? Fait le mousse.
- Non mais c’est bon, je sais cuisiner du poisson. La viande, cela ne doit pas être différent.
- …
- Mousse, tou es en charge dé la viande !
- Merde. »

Le borgne se mit donc à l’ouvrage, commençant à découper la pièce de viande un peu au hasard, pendant que l’homme-poisson faisait plus ou moins pareil avec le poisson.
« Il faut bien dénerver la viande ! Fit Fantine en regardant par-dessus l’épaule du mousse.
- Oui.
- Il en reste un peu, là, pointa-t-elle.
- Oui… Je n’avais pas fini.
- J’espère ! Il faut qu’on gagne !
- On peut pas juste partir ?
- Non, on va gagner, mes chéris ! Et toi, Groot, tou t’en sors ?
- Euh… Oui. Oui, bien sûr.
- Tou dois enlever toutés les arêtes ! »

Il n’en fallut pas beaucoup plus pour qu’une bouillie rouge rejoigne une bouille blanche sur deux assiettes côte à côte, au milieu du plan de travail qui lâcha un craquement de mauvais augure sous le poids de la nourriture.
« Et maintenant ?
- Maintenant quoi ?
- Ben, on ne peut pas servir ça.
- On peut boire un coup ?
- On né boit jamais pendant lé service ! Et évidemment qu’on va pas servir ça. Il faut cuire et assaisonner.
- Et mettre des légumes ? Il reste de la laitue sous-mar…
- Pas de laitoue ! Refusée ! Zéro !
- Bon, bon… Ben dans ce cas, débrouillez-vous. Moi, je ne connais que les spécialités sous-marines. »

Puis Kurn alla s’asseoir et regarda avec attention les deux humains qui semblaient tout à fait prêts à pondre quelque chose que d’autres humains apprécieraient.
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Aller un peu de courage c'est la dernière caisse de bouffe que la patronne m'a demandé de remonter. Elle devrait bientôt en avoir assez de jouer la cuisinière et on pourra peut être arrêter ce concours stupide. Quand je pense qu'on avait qu'à péter la gueule à ces crétins et qu'au lieu de ça on se retrouve à trimer comme des chiens. Enfin « on », je plutôt. J'imagine que c'est ça la dure vie de mousse. Je lâche brusquement la caisse sur le sol de la cuisine tout satisfait d'avoir enfin fini mon boulot, celle-ci ne manque cependant pas de me couvrir d'insulte. C'est dingue à quel point on s'y fait vite de voir des pinceaux s'excuser d'avoir sali vos chaussures ou des caisses vous traiter de gougeât indélicat. Bon maintenant j'imagine que je vais pouvoir me tirer et laisser la gamine s'amuser avec les ustensiles de cuisine. Et alors que je m'éloigne tranquillement en m'apprêtant à mettre une cigarette aux lèvres, la revoilà partie.

Hé tou fait quoi le mousse ? Faut encoure couisiner tout ça !

Évidemment … J'imagine que je devrais déjà m'estimer heureux d'être le seul qui ne soit pas gratifié du doux sobriquet  « mon chéri ». Je devrais peut être lui dire que les deux derniers capitaines sont l'un dans le coma, l'autre porté disparu … Non des fois que la malédiction se reproduise ... Bon bah j'imagine que c'est à moi de m'y coller alors. En moins le temps qu'il n'en faut pour le dire me voilà affublé d'une toute nouvelle tenue de chef. Où diable ces abrutis ont ils dégoté un tablier du Barati ? Tu me diras vu toutes les saloperies qu'on trimbale c'est à peine étonnant. Vêtu de cette « tenu magnifaïque », je me creuse la tête pour trouver une idée.

OOOOooo bonneuh mère ! J'ai trouvé la recette.  On va faire des bâtonnets poissong et les paner avec le reste de paing, ça fera commeuh … un genre de friteuh. Et pour la viande, feuzon nou-euh une bonneuh sauce bieng de chez nous peutiotte avec …

Heu tu fais quoi le mousse ? Me lâche mon capitaine sans aucun accent et avec un regard noir.

Je sais pas trop vu que vous preniez un accent, je me suis dit que ...

Non ! Déjà j'ai pas d'accent et parler comme ça c'est mon truc. Toi t'es le mousse, t'es borgne, manchot et tu pues le tabac et moi jé souis le capitaine et jé parle avec classe tou voua !

Plus d'accent du coup ?

Plus d'accent.  Et au boulot !

T'es justeuh jalouse parce que le mieng est mieux fada …

Toua dis quelque chose lé mousse ?

Pas un mot capitaine.

Et pendant que je me demande bien pourquoi c'est le type qui n'a qu'une seule main qui cuisine, le plat commence à se dessiner sous mes yeux. Fantine elle s'amuse avec les ustensiles de cuisine en faisant en boucan d'enfer mais maintenant je parviens presque à complètement l'ignorer. Même quant elle vient de temps en temps fureter autour de moi et zieuter par dessus mon épaule en lâchant de son accent grotesque quelques conseils plus ou moins pertinent.  Non le plus dérangeant ça reste les casseroles et les poêles qui parlent mais mes capacités à l’indifférence augmentent de plus en plus.

Une bonne quarantaine de minute après la plat est terminé. Une jolie pyramide de poisson pané bien doré, une viande saignante assaisonné avec ce qu'il restait dans les fonds de tiroirs puis ce qu'il faut de sauce. Ne restez plus qu'à savoir comment la gamine ou le mérou allait tout gâcher … D'ailleurs ça fait bien trente bonnes secondes que je n'entends plus Fantine. L'état de la cuisine parle pour elle. Un véritable bordel. Plus de vaisselle salle qu'après deux journée de service au Barati, une matière visqueuse et colorée recouvrant sol, plafond et murs, des coquilles d’œufs, de la farine et je ne sais quoi d'autres partout. Et elle toute souriante au milieu de ce capharnaüm, la tronche recouverte de farine. Un vrai petite reine du désordre et de la crasse sur son trône. Elle me désigne toute fièrement le four où cuit ce qui ressemble pour un œil optimiste à un tiers de gâteau en train de cuire.

Toua vu j'ai fait lé dessert mousse ! J'ai goutté la patte elle est super bonne. On va trop gagné le concours avec ça.

Avec ce qu'il en reste plutôt… Elle ne semble pas encore s'être lassé de son accent, enfin ça ne devrait plus tarder maintenant, un autre délire devrait rapidement suivre. De peur qu'elle n'ingurgite la moitié du plat avant qu'il ne soit confié au juge, je tends l'assiette à Groot qui vu le regard qu'il me jette a parfaitement compris. Moi elle ne m'écoute pas, lui non plus d'ailleurs mais au moins c'est pas moi qu'elle fera ch …

Bon maintenant faut que tou fasse la vaisselle Mousse.

Ah non excusez moi j'ai rien dit. Bon maintenant j'imagine qu'il faut que je réfléchisse à comment balancer tout ça à la mer discrètement. Mais avant ça j'ai vraiment besoin de boire un coup.


Dernière édition par Galowyr Dyrian le Mar 20 Sep 2016 - 0:11, édité 1 fois
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Dites voir, capitaine, est-ce que ça serait plus logique que vous m'aidiez à faire la vaisselle avec votre... pouvoir là ?
Qué ?

Fantine fixa le mousse en faisant mine de ne pas comprendre derrière ses grosses lunettes de starlette. Elle était sur le point de s’éclipser dans les cales pour sortir de ses malles des tonnes et des tonnes de vêtement pour essayer de trouver LA bonne tenue qui irait avec le concours. Mais le mousse venait tout juste de l'interrompre avec une suggestion un peu stupide, comme l'air mystérieux qu'il portait constamment sur le visage et qui ne cachait pas une once d'intelligence à son humble avis. passablement agacée de se faire interrompre alors qu'elle allait faire quelque chose de hautement plus important que la vaisselle, elle concéda néanmoins à écouter les explications de son sbire borgne :

Vous savez... Faire en sorte que la vaisselle saute toute seule dans le seau d'eau et que les éponges frottent comme des grandes et...
Tou as deux mains pour ça ! Et je dois mé préparé !
Te préparer ? Demanda Kurn en regardant Fantine avec des petits yeux plissés, l'air de ne pas comprendre où elle voulait en venir.

La jeune fille, de son côté, regarda son ami avec la même mine agacée qu'elle offrait en générale au mousse lorsqu'il se montrait plus benêt que les fois d'avant. Avec une pointe de peur dans le regard par-dessus ses lunettes à strass : la peur que cette débilité soit contagieuse...

Claro que si ! Je vais pas y aller dans cette tenou !
Mais c'est pas un concours de cuisine ?
Il paraît, et puis, on va pas perdre plus de temps avec ça-
Jé vé te toué.

Il y eut un regard assassin, une lueur brillante et très mauvaise dans son regard, bien visiblement derrière ses lunettes opaques pourtant. Kurn se prépara à recevoir sa capitaine en plein dans les dents, mais le mousse observa d'abord :

Avant qu'elle ne commence, je te conseille de poser le gâteau, ça serait dommage de le refaire.
Bonne idée.

Kurn déposa sagement le gâteau en le confiant au mousse, qui lui le confia à la parabole pour une raison obscure. La suite fut un déchaînement d'insultes avec un accent, de cris avec un accent, de morsures avec un accent, alors que la jeune fille essayait de faire comprendre à son second qu'il ne devait plus jamais, jamais, jamais, jamais, remettre en question le fait qu'elle change quinze fois de tenues en un jour. La vaisselle vola (toute seule), les couverts se plantèrent dans les murs (tous seuls), les outils plongèrent et passèrent à travers le mousse (avec l'aide de Fantine, un peu),... Quand elle descendit des épaules de l'homme-poisson après lui avoir mis les doigts dans les yeux et lui avoir tiré les épines sur son crâne en lui soufflant dans les branchies, le mousse remarqua en tirant une clope de son paquet :

Bon, maintenant que tout est cassé, y'a plus de vaisselle à faire on est d'accord ?

Et sans se débarrasser du culot qui faisait sa marque de fabrique jusqu'ici, la capitaine de cette équipage d'abrutis décréta solennellement dans sa nouvelle tenue haute couture dérobée sur armada :

Vu que c'est de votre faute, vous recollerez tous les morceaux à notre retour !
Euh quoi ?
Mais... Mais c'est toi qui-
Tutututut, ye veux pas savouar ! En route !

Elle claqua des doigts, et les plats transportant la bouffe furent soudainement animés. Les uns après les autres, ils descendirent sur leurs petites pattes minuscules du navire, en chantant gaiement une comptine motivante. L'équipage suivit de près ceux qui ouvraient la marche. Et alors que Fantine allait poser le pied sur l'île de Clockword à nouveau, elle s'arrêta pile à ce moment-là :

Grooooooooot ! Tes épaules ! Hurla-t-elle d'une petite voix aiguë insupportable.

Oh, elle avait passé du temps sur le navire, mais il n'était pour autant pas question d'oublier ce qui l'avait maintenu en vie jusqu'ici : elle ne devait jamais, jamais, jamais, jamais, poser le pied sur cette île. Et puis, ça avait quand même un certain panache de se rendre à un concours de cuisine sur les épaules d'un destrier homme-poisson.

Et yé vous préviens, si on remporte pas la victouare, je casse tout !

Ah oui, Fantine voulait bien reconnaître qu'elle avait deux défauts. Elle était mauvaise perdante, et mauvaise gagnante. Dans tous les cas, ça allait être mauvais.
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Fantine sur les épaules, Kurn descendit à la suite des plats, le Mousse derrière eux. Il ne ressentait pas spécialement de confiance pour ce que le manchot avait bien pu produire dans la cuisine. Mais ce n’était rien à côté du gâteau, qui avait laissé la cuisine dans un triste état. Il faudrait clairement mettre le feu à la pièce histoire de purifier le bateau, en fait…

« Bonne chance ! S’écrièrent les roues à aubes.
- On compte sur vous pour tout nous raconter ! Dirent les voiles.
- Pas de problème, je vais tout observer, assura la Parabole.
- Soyez sages ! Fit la capitaine. »

Dans une marche digne du flûtiste qui guidait les rats, le plat de résistance ouvrit le chemin sous les yeux ébahis de la foule, faisant toutefois attention à ne pas marcher dans les zones humides de peur de gâcher son contenu. Pendant ce temps, Fantine criait à tout-va qu’ils allaient gagner le concours de cuisine et que tout le monde devait venir voir.

Et s’ils ne gagnaient pas ?

Paix à leurs âmes.

Ils arrivèrent à nouveau sur la petite place qui se trouvait devant la taverne où ils avaient rencontré les Dead Dread Pirates et le chef cuisinier mystérieux. Il se trouvait là, assis derrière une table. Le coq à l’ample panse des Dead Dread venait d’arriver lui aussi, avec deux plats couverts d’une cloche et un tablier immaculé. Le capitaine et son second se trouvaient là aussi.

« Dis, Groot ?
- Oui ?
- C’est quoi, le symbole sur le tablier du gros ?
- Je suis pas gros !
- A vue de nez, on dirait le logo du Baratie.
- Ah, ils les ont volés aussi ?
- Oui, c’est sûrement ça, assura Kurn.
- Ah non, pas du tout, je vous arrête tout de suite. J’ai suivi une formation en cuisine dans un restaurant deux dragons au guide Mariejoan avant de venir travailler mon art au célèbre Baratie. Je suis monté petit à petit dans la hiérarchie, jusqu’au jour où j’ai perdu une battle de cuisine contre…
- Nan mais on s’en fiche, le gros, coupa Fantine.
- Dites, c’est le moment où je rappelle mes souvenirs, c’est important, vous savez ? »
Le capitaine des Dead Dread intervint :
« Vous pourriez le laisser parler, quand même. C’a été un grand drame dans sa vie, et il a passé de longs moments seuls à s’entrainer et s’améliorer pour revenir affronter son rival.
- Nan mais vous faites cette longue discussion juste pour gagner du temps avant de perdre !
- Oui, on pourrait se dépêcher et alors boire un godet ?
- Bande de barbares. »

Le patron de la taverne allait et venait entre les bancs et les tables en extérieur pour servir ses clients, dont nombre venait de la foule rameutée par Fantine. Pour lui, les affaires étaient bonnes, mais elles seraient sans doute meilleures si deux de ses tables n’avaient pas fugué dans Clock Work et essayaient de réserver des places sur un navire en partance vers l’île maléfique pour un voyage de noce inoubliable.

Les deux cloches furent soulevées pour révéler deux œuvres d’art qui n’attendaient que le jugement du grand maître de la cuisine qui venait de personne-ne-savait-bien-où. Le premier était un plat de viande à l’aspect juteux et appétissant recouvert d’une sauce brune qui dégageait un délicat fumet. Le dessert était un beau gâteau tout en légèreté dont la forme rappelait justement le Baratie.

Le chef sortit des couverts et commença à goûter.

« Psst, Mousse ?
- Ouais ?
- S’il est vraiment du Baratie, on a une chance ? »
Le borgne jeta un regard de pitié à l’homme-poisson.
« Avec moi dans la partie tu crois vraiment qu’on a la moindre chance de gagner quoi que ce soit ?
- Euh…
- Evidemment qu’on va gagner ! On est trop fort ! Enfin, surtout mon gâteau, votre truc, là… »

Et, effectivement, le Mystery Chef donna la note de huit sur dix, ce qui rendit le coq ennemi tout fier. Il éclata en sanglots dans les bras de son capitaine, qui le réconforta en lui tapotant gentiment le dos. Vu les plats de Fantine et les Garçons, qui avaient en plus souffert du trajet sur les petites pattes des plats, il n’y avait vraiment pas grand risque de défaite.

Le plat principal était une mixture douteuse entre le poisson pêché par Kurn et la viande ramenée par Galowyr. Et il y avait un petit quelque chose de rouge à côté, qui semblait fait à base de légumes. Des légumes ? On avait des légumes ? Ou alors il aurait utilisé… Et le dessert était un gâteau collant à la couleur rose fluo. Nul ne savait comment une teinte pareille avait été obtenue, mais Kurn supputait que cela avait quelque chose à voir avec la peinture qui se trouvait dans la pièce à ce moment-là.

Le chef inconnu se tourna vers Fantine, et plongea la cuillère dans le plat de résistance. Il ramassa un peu de viande, un peu de poisson, et un peu de rougaille, puis il renifla.
« Je vois. De la rougaille. C’est malin. Sachez que cette rougaille peut lier votre plat tout comme elle peut le détruire. Elle peut constituer le pont délicat entre la terre et la mer, un passage qui donne l’harmonie à votre création. Mais elle peut également être la bombe qui détruira toute cohérence et supprimera tous les goûts de votre plat. Bref, vous le comprenez bien.

C’est la rougaille de votre vie. »

Le Mousse bailla. Kurn se gratta la tête. Fantine fit un large sourire.

Puis la cuillère entra dans sa bouche et il goûta avec attention, les yeux légèrement plissés. Les Dead Dread Pirates en profitèrent aussi pour tester le plat qui était leur rival.
« C’est de la merde. Le gâteau, maintenant. Bien que je n’en attende pas grand-chose. »
Cette fois, il s’abstint de faire des commentaires ou un cours magistral. Il attrapa un peu de pâte, un peu de garniture, et un peu de croustillant sur le dessus. En fait, ce qui est le plus troublant, c’est que ça n’a pas la moindre odeur, songea Kurn.

Les trois pirates et le chef enfourchèrent en même temps une part du gâteau. Ils mâchèrent, en tentant de comprendre ce qu’ils ressentaient, les signaux contradictoires que leur cerveau leur envoyait. Puis, dans un bel ensemble, ils tombèrent tous au sol en se tenant la gorge, avant de devenir immobiles.

« On a gagné ! Cria Fantine d’une voix aigue.
- Manifestement, et j’en suis le premier surpris, ajouta le Mousse.
- Mais… Mais c’est de l’empoisonnement ! C’est de la triche ! Intervint un pirate.
- Rien du tout ! Et maintenant que ce concours est fait, BASTOOOOOOOOON ! »

Alors qu’ils tapaient sur les têtes des pirates qui n’opposaient qu’une maigre résistance, Kurn posa à voix haute la question que tout le monde se posait.
« Tu as mis quoi dans la rougaille, Mousse ?
- Oh, j’ai pris tous les légumes du réfrigérateur.
- Même la laitue sous-marine ?
- Surtout la laitue sous-marine. Il est hors de question que je mange ça en mer.
- Et Fantine ? La couleur rose ?
- Oui, c’était le reste de peinture. C’était joli, hein ? »

Bon, ils avaient combien d’argent sur eux, finalement, les Dread Dead Pirates ?
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