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Une rencontre inattendue

Un vagabond en mer




 Cela fait maintenant quelques jours que j'ai quitté le bateau de Barbe-Orange. Munis de mes outils de navigation rudimentaires, je vogue en direction de Sirup. Je n'ai pas précisément l'intention d'aller sur cette île, mais n'importe quel lieu habité se trouvant aux alentours fera l'affaire. J'ai besoin de me ressourcer, de faire quelques provisions et je ne vais pas me gêner avec la petite somme que je trimbale. Sachant déjà ce que je vais faire une fois là-bas, j'attends impatiemment d'apercevoir une terre au loin. Je fais des allers-retours frénétiques sur ma petite barque, l'épée rangée dans le fourreau à droite et ma sacoche alourdie et mal fermée sur mon côté gauche. Les flottements maladroits de la barque couplés au poids de mes armes me déséquilibrent fortement.

 J'ai vraiment hâte d'accoster, les seules choses que j'ai avalées ces derniers jours sont le contenu d'une bouteille de rhum et un poisson cru, qui a eu le malheur de sauter dans mon embarcation. Le pont de ma barque me servant de lit depuis pas mal de temps, c'est tout naturellement que j'irais pioncer dans la première auberge venue. J'en ai même oublié la sensation que procure un matelas. Je suis exténué à cause de mes sommeils tourmentés, j'arrête pas d'enchaîner les nuits blanches. Je ne sais pas si c'est à cause des pirates que j'ai massacrés sur ce bateau, du manque de nourriture ou du bois humide qui me sert de pieu. J'ai l'impression d'être un mort-vivant. Enfin bref, je pense passer deux ou trois jours sur la première île habitée en vue, histoire de bien me reposer.

 Le bateau avance à mesure que le temps passe. Le soleil est à son zénith, il fait assez chaud et la mer semble calme. Le vent souffle néanmoins assez fort pour déplacer mon embarcation à une vitesse acceptable. Pendant que je trie les objets se trouvant dans ma sacoche, histoire d'alléger le poids que je porte, une sorte d'ombre apparaît soudainement à l'horizon. Je m'avance de deux pas sur la barque avant de jeter mon regard au loin. J'arrive à distinguer très clairement la forme d'une île. Enfin ! Après plusieurs jours de navigation, une île est finalement en vue ! Je jubile, je sautille et je rigole tout en dévorant du regard la simple ombre d'île tout juste visible au loin. Une once de joie vient de pénétrer mon esprit ravagé par les insomnies et la faim.

 Plus la barque avance, plus les traits et les contours de l'île se précisent tandis que je manifeste ma joie. Un peu plus tard, je suis situé à environ une centaine de mètres de la rive et une chose m'interpelle en particulier. Il semble que les côtes de cette île soient impraticables, il n'y a que des falaises rendant toutes tentatives d'accostage inutiles. Ces dernières sont tellement hautes que je n'arrive même pas à voir ce qu'il se trouve sur l'île. Mais malgré cela, je ne désespère pas, il doit sûrement y' avoir un moyen d'accoster. Je change de cap et longe la côte en espérant trouver une plage, ou au moins une zone où les escarpements sont plus bas.
Après un chiant et long moment passé à longer la côte, tellement long que le soleil a eu le temps de changer de position, j'aperçois quelques petits bateaux de pêche amarrés à une plage. Après m'être rapproché de cette dernière, je saute fébrilement sur le sable avec la corde d'amarrage dans les mains, et je fais un noeud autour d'un petit poteau en bois planté profondément dans le sol. Je fais quelques mouvements de tête pour analyser les environs, il n'y a personne sur les bateaux de pêche et les lieux semblent être vide de toutes présences. Ayant déjà rangé tout ce qui pourrait m'être utile dans ma sacoche, je me dirige vers l'intérieur de l'île.


Dernière édition par Waylon A. Rendão le Mar 19 Juil 2016 - 11:42, édité 10 fois
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Mes chaussures usées et mouillées se font infiltrer par du sable, tandis que je me mets en quête d'un village ou d'une bourgade. Cette saleté de plage est complètement déserte, il n'y a pas l'ombre d'un chat. Je marche très lentement, la fatigue qui s'est accumulée ces derniers jours se fait bien ressentir. Mon ventre gargouille à en réveiller les morts. Je n'ai plus qu'une seule idée en tête, trouver un foutu bled capable de me loger et de me nourrir. J'en ai plus que marre, ma démarche lente se transforme en titubements d'ivrogne après plusieurs pas. C'est comme si je réapprenais à marcher. Et comme si cela ne suffisait pas, il fait une chaleur d'enfer sur ce maudit rivage. Après quelques minutes de mouvement, j'arrive devant une pente inclinée vers le haut, ouvrant un passage dans la roche. Apparemment, il n'y a pas d'autres chemins aux alentours pour progresser vers l'intérieur des terres. Je dois donc monter cette connerie qui vient à point nommé. J'engage la montée difficilement, étant en état d'épuisement avancé, je galère à monter et je glisse au sol. Je me relève et j'arrive à avancer sans trop de difficultés cette fois, en fournissant un petit effort.

  Après avoir passé cet obstacle, j'avance sur un chemin en terre jouxtant plusieurs arbres et buissons. Toujours aussi peu énergique et lent dans ma démarche, je progresse sans trop me soucier de ce qu'il y'a autour de moi. Plusieurs questions me viennent à l'esprit. Vais-je réussir à trouver un patelin avant de mourir de faim ? Si oui, la marine sera-t-elle présente ? En pensant à cela, je me rappelle que la marine n'a pas réellement mon signalement et n'est donc par conséquent pas à ma recherche, je n'ai pas grand-chose à craindre ici. Même si un jeune inconnu comme moi ne risque pas vraiment d'attirer l'attention, ce sabre que je porte comme un gage de ma barbarie pourrait bien attirer les regards. Après tout, ces suppositions ne sont qu'hypothétiques.

J'avance sur ce petit chemin en terre en pensant à divers trucs futiles et anodins quand soudain, j'aperçois une habitation. J'accélère le pas vers la petite maisonnette avant de la contempler. C'est une simple maison en brique et en bois, plutôt petite et assez délabré. En me dirigeant vers l'entrée de la maison, j'entrevois vaguement une brouette et quelques outils de ferme à côté de la baraque. Je toque fortement sur la porte en bois en demandant à voix haute si il y'a quelqu'un. Quelques secondes passent et personne n'ouvre. Pris d'un énervement soudain, je mets un léger coup de pied dans le bas de la porte, ce qui a pour effet de la faire vibrer fortement en laissant une petite trace au passage. Une voix grinçante et légèrement étouffée par les murs se fait entendre. La porte s'ouvre brutalement, un vieil homme plutôt ridé et assez grincheux se montre.

- Tu veux quoi le gamin ? Tes crétins de parents ne t'ont jamais appris à toquer sur une porte ?
 
J'essaye de contenir toute la colère qui tente d'envahir mon esprit. Si je fais du grabuge ici, je risque de m'attirer des emmerdes qui me tomberont dessus plus tard, et ce n'est pas ça le plan. Il me lance un regard plein d'animosités en se grattant la partie de son crâne qui est dégarnie. Je lui réponds d'une manière sereine et calme en serrant mon poing gauche.

-Bonjour, vieil homme. Excuse moi pour avoir excessivement taper sur ta porte, je viens tout juste d'accoster sur cette île et j'aimerais savoir si il y'a une taverne ou une auberge par ici.

Alors que je lui parle, il me dévisage de haut en bas et semble remarquer mon sabre. Son expression change drastiquement alors qu'il reprend la parole.

- J-Je faisais un petit somme, vous m'avez réveillé en fait... Il y'a un village pas très loin d'ici, suivez simplement le chemin de terre qui se trouve là-bas et vous devriez y arriver sans soucis...Ne causez pas de problèmes.

-Ce n'est pas mon but, vieil homme. Mais j'ai une dernière question, sur quelle île somme-nous ?

- Bah on est à Sirup.

 Je repars sur le chemin tandis que le verrouillage de la porte se fait entendre. Ce doit être un petit bouseux à en juger par son odeur et sa bicoque toute pourrie. Il ne vaut même pas la peine que je m'énerve avec lui, je suis bien trop fatigué pour ça. Enfin bref, j'avance sur ce chemin les mains dans les poches, en espérant que ce cul-terreux ne m'a pas raconté des craques. Après un petit moment, j'arrive finalement au village de Sirup. Un soupir de soulagement émane de ma bouche alors que j'accélère la cadence. Je fais un peu le touriste en cherchant une taverne pour pouvoir becter un bon petit repas. Il y'a des maisons partout, ça a l'air d'être un simple bled sans histoire. Certains villageois que je croise me dévisagent lorsque je passe devant eux. Le vieux péquenauds de tout à l'heure leur a-t-il déjà raconté le petit coup de pression qu'il a subi ? Je ne pense pas.
Peut-être que les voyageurs sont vus d'un mauvais oeil ici. Ou alors c'est ma démarche d'alcoolique couplée au sabre que je trimbale qui doit les effrayer. Après plusieurs minutes passées à tourner en rond, j'arrive finalement à trouver une taverne.

 J'entre dans ce lieu plutôt sobre et vide, qui sent bon la bonne bouffe. Il n'y a que quelques hommes seuls qui doivent être en train de noyer leurs chagrins de plouc dans de l'eau de vie. Je m'assois sur un tabouret près du bar en attendant que le tavernier vienne prendre ma commande. Il semble plutôt occupé à écrire quelque chose sur un calepin. Le sable qui se trouve dans mes chaussures commence à me gêner. Je lis la petite carte des plats avant de faire mon choix. Un serveur vient me parler d'une manière assez distante, voir méfiante et me demande ce que je veux consommer.

Après avoir passé une commande plus que conséquente, je pars m'asseoir à une table. Le serveur me ramène mes plats après un petit moment passé à jubiler intérieurement. J'avale goulûment cet amas de viandes, de légumes et de pains tandis qu'un des hommes assis au bar m'épie. Je le trouve plus qu'étrange, à chaque fois que je jette un coup d'oeil dans sa direction, il détourne le regard. Après ce repas à la fois délicieux et revigorant, le serveur me ramène l'addition qui monte à cinq mille berrys. Je lui donne son dû avant de sortir de ce lieu peu fréquenté.

 En sortant, je remarque que le plouc qui n'a pas arrêté de m'épier pendant mon repas est vraiment très petit. Il fait même pas la taille d'un gosse de dix ans. Maintenant que je suis bien rassasié, je n'ai qu'une seule envie, dormir. Le soir ne va pas tarder à pointer le bout de son nez d'ailleurs. Je traîne un peu dans le village, à la recherche d'un endroit louant des chambres, avant de demander à une passante où se trouve l'auberge la plus proche. Elle me montre le chemin du doigt avant de retourner vaquer à ses occupations. Une fois dans l'auberge, je demande au réceptionniste, qui semble méfiant lui aussi, de me louer une simple piaule pour une nuit, avec un matelas. Me regardant d'un air douteux, puisqu'il y'a forcément un matelas dans une chambre, il me demande douze milles berrys que je lui paye directement, sans broncher. Il me fait visiter la chambre qui se trouve au fond d'un couloir et me file une clé. Il me parle également de douches collectives mais je ne l'écoute pas vraiment, tout ce que je veux c'est roupiller. Alors qu'il sort de la pièce, je verrouille la porte, j'enlève mes pompes pleines de sable et je jette mon sabre au sol avant de sauter sur le matelas pour pioncer comme un nourrisson.


Dernière édition par Waylon A. Rendão le Mar 26 Juil 2016 - 3:17, édité 5 fois
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Quelques rayons de soleil viennent illuminer mon visage tandis que je m'étire fortement. Mes yeux encore tout collant s'entrouvrent doucement, mais les éclats lumineux m'obligent à vite les refermer en gigotant légèrement. Je pose mon vieux coussin sale et troué devant ma figure, avec l'intention de rester au lit un peu plus longtemps. Tout à coup, quelqu'un vient toquer frénétiquement à ma porte. N'ayant clairement pas l'envie d'aller lui ouvrir, je lui crie de repasser plus tard. Mais, l'espèce de crevure se tenant derrière la porte continue de frapper à cette dernière, l'air de dire "Dépêche-toi de te lever, connard !". Rassemblant les derniers fragments d'énergie vitale me restant, je décide finalement d'aller lui ouvrir, avec la ferme intention de lui carrer mon poing dans la bouche. En ouvrant la porte, c'est avec assez peu de surprise que je fais face à l'aubergiste.
Il me fait part des formules de salutations habituelles tandis que je bâille. Je lutte férocement contre mon envie de lui mettre une beigne tout en ne l'écoutant qu'à moitié, il m'informe que les douches sont ouvertes et que je dois déguerpir avant midi, dans moins de trois heures en somme. Après ça, il se dirige vers la chambre d'à côté, probablement pour réciter la même tirade qu'il vient de me dire. C'est avec fatigue et énervement que je referme la porte, avant de retourner me coucher. Était-ce vraiment nécessaire de me réveiller juste pour ça ?

Un peu plus tard, je sors de mon sommeil d'une manière bien moins brutale que précédemment. Je prends le temps d'enfiler mes fringues et me dirige vers les douches. Avant de sortir de la piaule, je cache ma sacoche et mon sabre sous le lit, on ne sait jamais. Redoutant de devoir me laver avec d'autres personnes dans ces douches collectives, c'est avec joie que je remarque qu'elles sont complètement vides. Je me lave et me sèche avec les objets mis à dispositions.
Cela doit bien faire plusieurs mois que je n'ai pas pris une douche digne de ce nom, j'ai l'impression de changer de peau. Les divers morceaux de peaux mortes et autres croûtes de sang tombent les unes après les autres.
En ressortant de la salle de bain, je me dirige vers ma chambre, une serviette autour de la taille. L'horloge clouée au mur indique qu'il est onze heure, ça va je suis large. Je m'habille tout de même assez rapidement avant de remarquer avec stupéfaction que mon sabre a disparu. Putain de merde, ça ne peut pas tomber à un autre moment. C'est obligatoirement quelqu'un qui me l'a pris, je n'ai pas pu le perdre. J'attrape ma sacoche en vérifiant son contenu, rien ne semble avoir disparu. Je sors de la pièce avec précipitation , en regardant une dernière fois si je n'ai rien oublié. J'accélère le pas jusqu'à l'accueil, où je vois l'aubergiste en train d'inspecter la lame de mon sabre.

En me voyant arriver, il range l'épée dans le fourreau et me la lance. Comment a-t-il osé subtiliser mon précieux sabre ? L'enfoiré ! Comment a-t-il osé rentrer dans mon espace privé, que J'AI payé avec MA thune ? Le salaud. Je serre mon sabre de toutes mes forces, une sorte de violente pulsion me donne envie de lui trancher la main, pour son vol. Mais il serait plus judicieux de passer mon chemin. Peut-être qu'il y'a une réglementation sur le port d'arme dans cette ville ? Après tout, c'est un instrument capable de ôter la vie assez facilement. Je ne sais pas... Alors que je bouillonne intérieurement, le réceptionniste semble pensif.

-Navré, c'était plus fort que moi ! J'avais remarqué votre sabre lors de votre arrivée hier, et j'ai voulu l'examiner de plus près.

-... Habituellement, ceux qui touchent à mes affaires sans mon autorisation perdent des doigts. Mais, allez savoir pourquoi, je vais faire une exception pour vous.

-Faut dire qu'un type avec un sabre à la taille qui passe dans mon auberge, c'est pas quotidien quoi ! Je m'y connais assez bien en forgeage, mon père était armurier. D'ailleurs, votre lame va pas tarder à se péter pour de bon.

-S-Sérieusement ?

-Il me semble qu'à force de trop l'aiguiser, vous avez en quelque sorte épuisé le tranchant. Je vous conseil de changer d'arme.

-Je verrais...Enfin, si mon sabre se casse en pleine capture de pirates, ça risque de chauffer pour moi haha !

-Vous êtes chasseur de primes ?

-Oui.

-On se sent vraiment protégé des pirates en ce moment, on a des Chasseurs de Primes et la Marine qui accostent !

-La Marine est ici ?

-Oh que oui, une section d'élite qui plus est, avec un lieutenant et tout. Vous pourriez aller encaisser une prime chez eux,  si vous avez une.

-Hum...

-Remarquez, je ne sais pas trop comment ce système marche. Vous allez rire, mais je vous ai pris pour un pirate hier soir ! Même si mes doutes viennent tout juste de partir en fumée, il faut dire qu'il y'a de quoi être confus ! La dégaine de brigand, la démarche, le sabre et l'odeur... Après, vous, les chasseurs de primes, vous avez des conditions de travail très dures, toujours là à chasser les pirates et les criminels en mer, vous ne pouvez pas être propres tout le temps !

-On me le dis souvent en effet, à force de pourfendre du pirate, on en vient à porter leurs odeurs ignobles. Bon, ce n'est pas tout mais je dois y aller, le travail m'appelle !

-Bonne journée ! N'hésitez pas à venir vous reposer ici si vous refaites escale à Sirup !


Putain, je ne savais pas que j'étais autant grillé en tant que pirate. Heureusement que je suis fort en bobard ! Au moins, mon petit séjour ici m'a permis de me débarrasser de l'odeur. Mais ce qui me préoccupe réellement à l'heure actuelle est le fait que la Marine soit sur l'île. Je n'ai jamais vu de marines d'élite, ils doivent être bien plus fort que de simples marines si ils se font appeler "l'élite". Mais bon, ils n'ont pas mon signalement à ce que je sache, je ne risque donc rien, enfin je crois. Je devrais faire quelques emplettes, histoire d'avoir moins la dégaine d'un clochard et de moins attirer l'attention. Il faut aussi que j'aille acheter quelques provisions pour le moment où je mettrais les voiles. Je marche tranquillement dans le village, la plupart des regards se tournent vers moi, ou plutôt vers mon sabre. Si je voulais ne pas trop attirer l'attention, il faut dire que c'est raté. Je ne fais pas attention à ces gens et continue de marcher à la recherche d'un commerce quelconque. Après quelques minutes à traîner dans la rue, j'en trouve finalement un. En entrant, je vois un vieil homme assez méfiant derrière un comptoir et un petit garçon en train de porter des sacs, sûrement son petit fils. Il y'a quelques babioles sur des étagères, mais rien de vraiment intéressant pour moi. Je demande donc au vieillard des vêtements plutôt modeste, en lui filant ma taille.


Tandis qu'il cherche ce que lui demande dans la réserve en ronchonnant, le jeune garçon semble m'espionner assez mal, sûrement pour vérifier que je ne carotte rien sur leurs foutus étagères. Finalement, le commerçant me montre des habits assez sobres, une salopette grise avec une sorte de tunique en dessous. Vu qu'il n'y a pas d'endroit pour que je les essaie et qu'à l'oeil, ils ont l'air de m'aller, je décide de les prendre. Je demande ensuite si le vieux chnoque vend des boîtes de conserves, il me répond que oui, surtout du poisson. J'en prends cinq, ce qui me fait, avec les fringues, un total de trente-trois barrette. Une fois ressortis, un sac de toile contenant mes achats en main, je prends le chemin menant à la côte, pour y entreposer mes affaires et me tailler vite fait bien fait.

En marchant, j'aperçois au loin la taverne que j'ai visité hier. Il doit être environ midi et je n'ai rien becté de la journée. C'est décidé, j'y vais ! L'ambiance est quasiment la même qu'hier, il n'y a pas trop de gens, surtout des hommes seuls qui ont l'air de broyer du noir. En me voyant rentrer, le serveur semble me reconnaître et se dirige vers moi. J'ai à peine posé mon sac au sol qu'il me demande déjà ce que je veux commander. Je demande une tarte aux poireaux et un peu de vin rouge, histoire de ne pas naviguer en étant trop lourd. Alors que je m'installe, je remarque que le nain d'hier est de nouveau ici. Il a l'air de ne pas trop faire attention à moi, moi non plus d'ailleurs. Je fais cependant assez attention à lui pour remarquer qu'il semble mal-à-l'aise. Il regarde le fond de sa choppe d'un air mélancolique. A part cela, je ne fais pas gaffe aux autres gens.

Quelques minutes plus tard, le serveur me ramène finalement mon repas, que je déguste convenablement cette fois-ci. Alors que je savoure vigoureusement ma tarte, il semble y'avoir de l'agitation un peu plus loin. On dirait que le nain et le tavernier se disputent, enfin, c'est plutôt le nain qui engueule le tavernier. Le ton commence à monter, et dans ces situations, y'a des mots qui risquent de se faire regretter, je sais de quoi je parle. Vais-je intervenir ? Sûrement pas ! Pour une fois que ce n'est pas moi qui m'engueule. Soudain, deux hommes se lèvent et commence à sermonner le nain barbu, qui commence à baisser la voix. Evidemment, j'aurais reconnu ces uniformes entre mille ! La Marine ! Au moins, je ne suis pas vraiment surpris, je m'attendais à les trouver là. Après un échange entre le tavernier et les marines, ces derniers accompagnent le petit homme jusqu'à la sortie. Le nabot se laisse faire, comme si il se dirigeait vers la potence. Après quoi, les marines retournent à leurs places en ricanant.


En tout cas, c'est une bonne affaire que d'assister à une pièce de théâtre pareille et de manger en même temps ! Après avoir payé mon addition de deux mille pièces, je me tire de la taverne sans autres formes de procès. J'avais juste peur que les marines ne m'embêtent par rapport au sabre ou au contenu de ma sacoche, mais il n'en est rien. Je retrouve le chemin que j'ai emprunté pour arriver au village. Comme hier, personne a l'horizon, une simple route en terre qui est censé vous indiquer où se trouve un village fréquenté. Cela doit faire maintenant une bonne dizaine de minute que je marche et la maison du vioc n'est pas encore en vue. De plus, le sac en toile commence à me peser sur l'épaule et je remarque, maintenant que je suis propre, que mes vêtements puent la mort. Je m'éloigne du chemin pour essayer mes nouveaux vêtements derrière un arbre.
Alors que j'enfile la salopette, une sorte de lézard arrive et commence à fouiller dans ma sacoche, en faisant beaucoup de bruits. Un coup de pied administré avec un grand élan lui fait comprendre que, putain, on ne touche pas à mes affaires. C'est quoi cette île de voleurs ? Je fais quelques mouvements de jambe avec ma salopette, elle a l'air de m'aller juste-juste. Après avoir raccroché ma sacoche et mon sabre à leurs places habituelles, une très mauvaise surprise montre le bout de son nez. Un canon de pistolet se loge au niveau de mon torse. Je n'ai même pas le temps de réagir, tout va si vite. Je comprends juste que je dois lever les mains en l'air. Je reconnais la personne en face de moi, c'est le nain de tout à l'heure. Il a le nez qui pisse le sang et semble très énervé. Peut-être que les Marines l'ont passés à tabac. Bordel, la journée a pourtant si bien commencé...


Dernière édition par Waylon A. Rendão le Mar 26 Juil 2016 - 3:35, édité 8 fois
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-Tu bouges pas ! Tu fais un geste et je te tue ! La cervelle de ses morts j'y suce ! La calotte de ses morts j'y bouffe !

Putain de merde, je suis vraiment en mauvaise posture là ! Pour la première fois depuis je ne sais pas combien de temps, je tremble de peur ! Moi, Waylon, je tremble tel une petite fillette effrayée ! Ça me ferait vraiment chier de me faire descendre par un gnome dans son genre. Ma respiration s'accélère beaucoup, mon coeur commence à battre la chamade et j'ai du mal à bouger. J'étais tranquillement en train de me changer derrière un buisson puis y'a ce clochard qui sort de nulle-part et qui me braque avec son flingue ! Je ne peux rien faire, le temps que je prenne mon sabre ou ma sacoche, il m'aura déjà fait un trou dans le torse. Je vois bien sur sa sale gueule ensanglantée qu'il a une sacrée dent contre moi. Son regard emplit de haine et de détermination me fait un peu plus monter la pression. Il faut absolument que je lui ôte son arme des mains. Je dois me calmer et trouver une ouverture pour l'attaquer, une seule erreur de ma part et je me retrouve dans la catégorie "Faits Divers" du journal local. En plus, on est un peu éloigné d'un chemin peu fréquenté, si il y'a un coup de feu personne ne risque de l'entendre. Mais si j'arrive à l'atteindre, je lui péterai tellement sa vieille gueule de nabot qu'il rampera au sol en demandant pardon ! Cela-dit, il n'a vraiment pas l'air de rigoler, il semble réellement prêt à appuyer sur la gâchette ! Mais qu'est-ce qu'il me veut ?

-Ahhhh ! Faut que je me calme... Eh bien, je ne sais pas comment tu as fait pour me reconnaître mais c'était bien joué gamin !  

-Hein ? Mais de qu-

-Ferme ta gueule ! Maintenant tu vas faire trois pas en arrière, tu vas jeter ton sabre au sol, sans le retirer du fourreau bien sûr, puis tu vas vider tes poches et ta sacoche. Vas'y, bouges-toi le cul !

Je fais de mon mieux pour m'exécuter le plus lentement possible. J'essaye de trouver un moyen pour le neutraliser très rapidement, mais je ne peux rien faire si je m'éloigne de lui. Je dois le distraire, parler avec lui et attendre qu'il soit à ma portée. Mais cet enfoiré à l'air d'être un peu dérangé, et je ne suis pas tellement chaud pour taper la discute avec lui là. Il gigote son arme d'un air menaçant pour me faire signe de me grouiller. Je respire un grand coup pour me calmer avant d'accélérer le pas. Cette espèce d'empaffé veut ma thune, mais jamais je ne lui donnerais le fruit de mon travail ! Mes trois pas étant faits, je jette lourdement mon sabre à terre, qui soulève de la poussière dans l'air au moment de heurter le gravier, avant de vider mes poches. Fort heureusement, ce sont les poches de mon nouvel habits et donc, il n'y a pas un seul berry à l'intérieur. Le nabot, semblant très surpris de voir mes poches complètements vides, me demande de vider ma sacoche immédiatement.
Ça me fait un peu chier de foutre toutes mes affaires au sol mais je le fais sans broncher. Le gnome semble assez instable et énervé, si je fais trop le charlot avec lui il risque de me tuer sur un coup de tête. Je dois encore la jouer profil bas jusqu'à ce qu'une opportunité se montre. Là encore, mise à part quelques bricoles sans grandes valeurs, la sacoche ne contient rien. La demi-portion semble complètement perdue ! J'ai l'impression qu'il s'attendait à voir des montagnes de billets. Pour le coup, il tire vraiment une tête de con ! Il ne se doute pas que l'argent qu'il cherche tant est juste derrière lui, dans le froc que je viens d'enlever. Ça me réjouit un peu de le voir dans cet état.

-C..Comment ?! Mais c'est pas possible ! Tu étais blindé de pognon au bar, il est passé où tout le fric ?

-... J-Je ne vois pas de quoi vous parlez.

-Sale gosse ! Tu veux vraiment que je t-

Soudain, le nabot a le regard attiré vers mon ancien froc, dont la boucle de ceinture brille au soleil.

-Tiens, mais c'est quoi ce truc là-bas ?

-Rien du tout !

-Ah ouais ? Je vais vérifier quand même ! Héhéhé.

Il se dirige ensuite vers mon pognon d'un air fourbe.
Cette espèce d'inconscient me dévoile ainsi son côté droit, son arme n'est même plus braquée vers moi. C'est le moment ou jamais ! D'un pas déterminé, je saute dans sa direction avant de frapper son flingue d'un revers de la main. L'arme est violemment projetée à plusieurs mètres dans les buissons. Mon adversaire n'en croit pas ses yeux ! Super ! Je viens d'éliminer la principale menace !

-H-Hein ?

-Ahahaha ! Tu fais moins le malin sans ton petit joujou hein ?

-Et merde, je n'aurais jamais pensé que tu aurais les couilles de faire ça !

-Maintenant, c'est l'heure de régler les comptes ! Prends-ça !

Il va voir ce qu'il en coûte de me menacer ! Je vais m'en donner à coeur joie.
L'heure du massacre a sonné ! Je serre les poings et les dents de toutes mes forces, avant de lui asséner une putain de patate de pirate directement dans la gueule ! C-Comment ?! Il esquive ! Déjà qu'il est petit de taille, mais si en plus il baisse la tête. Il est trop rapide ! Sa maudite contre-attaque ne se fait pas attendre ! Il me met un coup de poing au ventre, suivi d'un uppercut en pleine gueule ! Je suis violemment projeté au sol, argh !

-T'es résistant pour un sale gamin ! Un homme normal serait déjà tombé dans les vapes.

Je me relève en tenant délicatement ma joue. Même si je n'essaye de pas trop le montrer pour qu'il ne prenne pas trop la confiance, son coup m'a vraiment amoché.

-Réessaye de m'atteindre maintenant que je suis debout, sale nain !

-On veut se battre à ce que je vois, hein ? Très bien. Je peux facilement te vaincre sans utiliser d'armes à feu. Prépare-toi à affronter ma toute nouvelle et terrible transformation !
Spike Point !


Le nabot commence à rétrécir de plus en plus ! Des sortes de piques et d'écailles lui poussent dans le dos ! Est-ce que c'est un monstre ? J'ai un très mauvais pressentiment... Ah, mais je sais ! C'est un utilisateur d'un fruit du démon ! Un Zoan ! Je suis dans de beaux draps ! J'ai vraiment intérêt à me concentrer pour ce combat. Il semble être un Zoan de lézard, et j'ai entendu des rumeurs disant que les Zoans d'animaux carnivores sont les plus féroces. Je dois vite reprendre mon sabre, c'est la seule solution ! Je ne vais probablement pas me faire tirer dessus, mais je n'ai pas envie de lui servir de casse-dalle non plus ! Mais en fait, si il continu à rétrécir comme ça il va finir par...Hein ? Mais...

-C'EST QUOI CE BORDEL ?!

-Ahahahah ! Elle est vraiment terrible pour le coup ta transformation !

Quel idiot ! Il s'est directement transformé en petit lézard ! Il n'est pas plus grand qu'une boîte à chaussure. C'est vraiment ridicule ! A en voir sa tête, il ne semble pas avoir tenté cette transformation initialement ! C'est tout bénef pour moi en tout cas ! Il est à ma merci et je en vais pas lui laisser le temps de se retransformer. Mon sabre ne m'est plus d'aucune utilité, je vais terminer le combat sans me fatiguer. Si c'est pas complètement débile ça, un nain qui rapetisse encore plus ! Il va vraiment me le payer cette fois-ci.

-Hé, hé ! Attends ! Je maîtrise encore mal ma nouvelle transformation ! Laisse moi deux minutes pour rectifier le tir et je pourrais t'offrir un vrai combat !

-Et puis quoi encore ? Je ne vais pas laisser un vulgaire mouloque inoffensif, qui a essayer de me voler en plus, recouvrir ses forces sans rien faire !

-On dit "Moloch", espèce de demeuré !

-Et bien, tu vas être le premier moloch volant mon cher ami !

-Non !

Le petit lézard essaye de fuir, mais je le suis de près sans difficultés.

-Rendão ! Rendão se tient prêt pour le tir décisif de cette rencontre ! Rendão, Rendão qui prend son élan. Rendão qui commence à courir, il prépare sa jambe droite pour l'enroulé, Rendão qui tire et...

-NOOOOON !

-BUUUUUUUT !

Ainsi, je viens d'envoyer ce petit montre plusieurs mètre dans les airs, je ne suis pas prêt de le revoir de si tôt. Je range mes affaires avant de reprendre ma route vers la plage.


Dernière édition par Waylon A. Rendão le Mar 26 Juil 2016 - 3:44, édité 5 fois
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Quelle journée mouvementée ! D'abord, j'apprends que mon valeureux compagnon de combat, mon compère de toujours, mon bien-aimé sabre, va bientôt se briser en milles morceaux. Puis y'a cette espèce d'erreur de la nature qui essaye de me chourer mon fric, avant de se transformer en un animal dont je ne voudrais même pas pour tester le tranchant de ma lame. En tout cas, je continue mon chemin tranquillement, comme si de rien n'était. Mes provisions et mes vêtements de rechange vont me permettre de voyager plus sereinement, je n'aurais plus à crever la dalle pendant la majorité de la navigation et à sentir les termites grignoter mes fringues en permanence. Je me demande bien sur quelle île je vais mettre le cap, je verrais ça une fois dans mon embarcation. Ça me saoule vraiment de devoir changer d'épée, j'ai vécu tant de choses avec celle-là, c'est un morceau de ma vie qui est sur le point de se briser, j'espère en trouver une de bonne qualité très bientôt. Faudrait que je pense à élargir ma barque aussi, je bouge beaucoup durant mon sommeil ces derniers temps et la barque me paraît extrêmement étroite lors de mes amples mouvements durant mes cauchemars. Je me demande bien si l'argent qui me reste va me suffire, bon je verrais ça aussi. Arf...  Les coups de poings de ce misérable m'ont vraiment fracassés. Ce n'est pas non plus une grande blessure, mais j'ai comme des crampes à l'estomac, j'espère que ça va vite passer.

J'ai toutes mes affaires sur moi. Elles me pèsent un peu sur les épaules mais ça ne me gêne pas plus que ça. Je marche lourdement sur ce chemin en terre en regardant droit devant moi. Les oiseaux sifflotent beaucoup, les moustiques virevoltent un peu partout, et une vieille baraque est visible au loin. Ce doit être la maison du vioc d'hier. Ça signifie donc que je ne dois plus être très loin de la côte. En passant à côté de la bicoque en bois, j'essaye de ne pas faire attention au vieux croûton, j'essaye de l'ignorer pour m'en aller le plus vite possible. Je n'ai vraiment pas envie de perdre mon temps avec ce vieux cul-terreux. Il est en train de creuser un trou dans de la terre battue, sûrement pour y planter des légumes ou je ne sais quoi d'autres. Il me regarde du coin de l'oeil pendant quelques secondes avant de me tourner le dos. Son crâne brille au soleil tel une cuvette de chiotte. Je poursuis ma route très calmement, sans me soucier de lui. À mesure que je progresse, une brise marine se fait sentir sur mon visage tout propre et le bruit des vagues se fait de plus en plus intense. J'approche de la pente, au-dessus de laquelle je saute sans soucis majeurs, avec toutes mes affaires sur le dos.

Ma barque est toujours bien amarrée, parfait ! Je vais pouvoir me tailler de ce bled illico-presto. Je dénoue proprement la corde d'amarrage avant de poser un pied dans l'embarcation. Tout à coup, des glissements maladroits et des bruits de pas sont audibles derrière moi. J'ai bien une petite idée concernant la personne qui se tient là. Ce doit être le vieux, il veut sûrement en découdre avec moi lui aussi ! Il ne va pas être déçu ! Je serre fortement la manche de mon sabre, prêt à le sortir dans la seconde. Je pivote très rapidement en arrière tout en sortant promptement l'épée de son fourreau. Là, c'est le clochard de tout à l'heure qui se tient devant moi. Ses halètements grotesques couplés à son visage meurtri par les coups et la fatigue me font penser qu'il a dû courir de loin et très rapidement. Mon coup de pied magistral a dû le faire valser très loin pour qu'il finisse dans un état pareil. Cette espèce de crevure semble à peine tenir debout ! Que veut-il encore ? Mourir ? Je suis en position de combat avec le sabre presque sorti du fourreau, et lui semble tout juste tenir sur ses pattes, comme si il me suppliait à genoux de l'achever ! Mais pourquoi ? Peut-être que sa défaite est tellement humiliante pour lui qu'il a décidé d'en finir ? Soit ! Dans le doute, je vais réaliser son souhait !

-A-Attends ! Je ne suis pas ici pour me battre !

-Cite-moi une seule raison qui m'empêcherait d'étaler tes petites tripes sur le sable ?

-J'ai besoin de ton aide...

-Aaaaah ! J'en étais sûr, tu veux mourir de ma main, c'est ça ?

-Ecoute-moi bien, monsieur le pirate.

-Comment est-ce que tu sais pour ça ?

-Tu sais, pendant que tu jouais encore avec ta bave, moi j'abordais les navires commerçants qui s'approchaient un peu trop de la ligne de mire de mon équipage. Ce n'est pas très difficile pour un vieux loup de mer dans mon genre de différencier les simples voyageurs des vils forbans d'East Blue. Et toi, je peux te dire que tu pu le pirate, peu importe le nombre de douches que tu prends ou à quel point tu peux changer ton style vestimentaire.

-...Tu disais que t'avais besoin de mon aide non ?

-Oui, j'ai besoin que tu m'emmènes sur une autre île. Je dois vite partir chercher mon dû.

-Oh... et bien, pour quelle raison ferais-je preuve d'autant de charité envers une personne qui voulait clairement me faire la peau y'a genre quinze minutes ? Et par extension, pour quelle raisons ne t'éviscérais-je pas ici, là, maintenant, tout de suite ?

-Ecoute, je sais que tu as toutes les raisons du monde pour refuser ma demande, mais je ne pouvais pas faire autrement. Tu as bien vu ce qui s'est passé au bar, hein ? Et bien c'est à cause de cette espèce d'enfoiré de propriétaire du bistro, qui me logeait et me sous-payait en échange de petits services.

-Des...services ?  

-Grâce à ma grande force au combat, j'expulsais du bar les ivrognes qui voulaient se battre. Si j'acceptais d'être sous-payé c'est uniquement parce qu'il connaissait mon passé de pirate, vu qu'on aurait apparemment attaqué un navire où il était passager et se serait souvenu de mon visage. C'est la seule raison pour laquelle je travaillais pour lui, il me menaçait de me livrer à la Marine. Récemment, j'en ai eu marre de cette situation et je lui ai demandé une augmentation pour aller chercher mon dû. La suite, tu la connais. Je t'ai aperçu avec toute cette thune au bar, comme je ne t'avais jamais vu auparavant je me suis dis que tu étais venu en bateau. J'ai paniqué, j'ai voulu m'en aller le plus vite possible de Sirup.

- Mais pourquoi ne lui as-tu pas simplement pété la gueule ? C'est souvent ce que je fais quand quelqu'un m'exaspère.

-Ce n'est pas les occasions qui ont manqué. J'aurais pu à plusieurs reprises lui faire avaler ses dents, mais pour aller où ensuite ? Si il crache le morceau, je risque de me faire embarquer pour agression et piraterie. Et comme en plus j'ai mangé un fruit du démon, on risque de m'envoyer dans une prison ultra sécurisée, où il est impossible de se barrer. Et encore, ça c'est que dans le cas où je ne me fais pas exécuter.

-Et ton pouvoir ? T'as qu'à te transformer en petit lézard et te cacher à l'intérieur d'un navire qui passe.

-Si seulement... Comme tu as pu le voir tout à l'heure, je ne maîtrise pas bien mes transformations, et je ne voulais pas risquer de me retrouver avec ma forme humaine, en tant que passager clandestin, sur un Croiseur de la marine uniquement pour aller chercher mon dû.

-Mais, c'est quoi ce "dû" dont tu parles tant depuis tout à l'heure ?

-C'est la partie qui risque de t'intéresser le plus ! Comme je te l'ai dit, avant d'arriver à Sirup je faisais parti d'un équipage de pirates. Un jour, j'ai dû me séparer du groupe pour une question d'argent. J'ai récemment reçu un coup de fil de la part d'un membre de mon ancien équipage qui avait lui aussi quitté le navire, en emportant avec lui une carte au trésor ! Or, cette personne me doit la vie, je lui ai sauvé la mise à plusieurs reprises. Mais cette espèce de sale chien sans honneurs refuse catégoriquement de partager sa carte avec moi. Heureusement, il m'a dit où il se trouvait avant qu'on commence à parler de la carte et qu'il ne me raccroche au nez. Je vais donc aller chercher ce qu'il me doit ! Je te demande de m'y emmener, avec à la clé à peu près vingt-cinq pour cent du magot.

-Et qu'est-ce qui me prouve que tu ne vas pas me jeter par-dessus bord au moment où je m'y attends le moins ? Ou que ce que tu me dis est la pure vérité ?

-Je ne sais pas lire une carte, je dispose d'un pouvoir qui me fait instantanément perdre mes forces au contact de l'eau et je veux m'embarquer sur un radeau qui peut chavirer à la moindre grosse vague, c'est plutôt moi qui devrais te poser cette question non ?

-Laisse-moi réfléchir, je dois peser le pour et le contre.

-Kof...

Je passe un petit moment à réfléchir, tout en piétinant le sable mouillé.

-C'est soixante pour cent pour moi et tu dois faire un truc avant.

-Je t'écoute.

-Je veux un gage de ta bonne foi, je veux au moins être sûr d'être récompensé pour te prendre avec moi. Vas défoncer le proprio, prends le contenu de la caisse et ramène le moi.

-Abrubrubru ! Je comptais aller lui faire mes adieux justement !

Le nabot se met ensuite à courir assez vivement en direction du village de Sirup. C'est con mais je ne connais pas son nom. Plusieurs questions s'entrechoquent subitement dans ma tête, des questions que j'aurais dû me poser un peu plus tôt. Pourquoi ne l'ai-je pas pourfendu au lieu d'écouter ses conneries ? Pourquoi est-ce que j'ai tout cru sans plus le questionner ? Je ne sais pas si c'est l'appât du gain qui m'a rendu aussi attentif à son discours ou si c'est parce que sa détresse me rappelle un peu mes galères au moment de commencer la piraterie. Et même si ça me fait un peu mal de l'admettre, il me ressemble sur certains points. Pas des points physiques évidemment mais au niveau de la mentalité. En tout cas, même si son histoire me semble un peu tirée par les cheveux, je n'aurais pas accepté sa proposition pour des prunes. J'amarre de nouveau ma barque en attendant son retour. La mer semble quelque peu agitée, j'espère que la navigation va se faire sans bavures. J'entrepose toutes mes affaires sur les planches de ma barque, en sifflotant. Je n'ai plus qu'à attendre son retour. C'est peut-être une bonne occasion pour moi de m'ouvrir un peu, d'être un peu moins renfermé sur moi-même et de changer. J'ai passé je ne sais pas combien de temps à errer tout seul en mer, un peu de compagnie ne serait pas de refus. De toutes façons, il sait qu'à la moindre petite tentative de trahison de sa part, il sera coulé par le fond. Je vais peut-être même essayer de lui chiper la carte si jamais il réussit à l'avoir.

L'heure tourne et je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis son départ. Une demie-heure, une heure peut-être ? En tout cas, le soleil tape de plus en plus fort. J'espère que ce con ne s'est pas perdu en chemin. Maintenant que j'y pense, ce serait vraiment un coup de pute magistral si je le laissai là, vu que je suis son seul moyen de quitter l'île. C'est vraiment trop tentant ! Faut dire que son arrivée bouleverse un peu mes projets futures. Et puis, qu'y-a-t-il de bon à être ouvert aux autres ? Franchement la solitude y'a pas mieux, c'est le plus vieux sentiment que je connais ça, la solitude.

-On met les voiles !

Enfin ! Il est revenu. D'un air complètement exténué, en courant comme un dératé, il se dirige vers moi en hurlant. Il trimbale avec lui un petit sac de pommes de terres troué, dont quelques billets tombent à mesure qu'il fonce dans ma direction. Il saute maladroitement dans l'embarcation, ce qui a pour effet de m'éclabousser un peu. On quitte ensuite cette petite île, de prime abord sans histoires. La silhouette de l'île se désagrège de plus en plus, pour au final ne devenir qu'une ombre lointaine. Le nain, dont je ne connais pas encore le nom, regarde assez nerveusement l'eau qui nous entoure. Il doit certainement craindre de tomber dans la flotte. Son visage plein de sang séché semble pensif.

-Je ne connais toujours pas ton nom.

-Tu peux m'appeler Fink, gamin.

-Très bien Fink, je m'appelle Waylon.

-Oh ! Je ne t'ai pas montré ? Regarde ce que j'ai ramené en plus de la thune !

-Waouw, pas mal l'arquebuse ! Tu l'as pris à qui ?

-Aux Marines qui m'avaient sorti dehors tout à l'heure.

-T'as réussi à leur prendre une arquebuse sans qu'ils ne s'en rendent comptes ?

-Justement, il étaient dans le bar. J'ai donc dû les assommer avant de m'en prendre au proprio.

-Quoi ?! T'as agressé des Marines d'élite ?

-Ce n'est pas la première fois ! En tout cas, ils étaient vraiment faibles pour des marines d'élites.

-... Tu sais quoi ?  Tsunami !

Je fais bouger la barque très fortement, comme pour la faire chavirer.

-Bordel Waylon, arrête ! Je vais tomber !

-Ahahahaha !

Je me demande bien où cette histoire va me mener.
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