Et bonne année Norland!

Chez HSBC, on aidait globalement n'importe qui a faire n'importe quoi, pour peu que l'affaire soit légale. Et rentable, ou à tout le moins intéressante. Or en ce mois de 1626, c'était une entité très particulière qui s'était presque naturellement adressée à l'association.

Comme chaque année, l'hôtel de ville de la cité de Norland organisait les préparatifs des fêtes de fin d'année. Entre la pose des décorations qui ponctueraient la cité, la multitude d'événements et d'attractions bon enfant qui se multiplieraient en son sein, et les grands clous de spectacle qui resteraient secrets et si possible novateurs comme chaque année, il y avait de quoi faire.

Et après plusieurs coups forts organisés dans l'événementiel, que ce soit de la mise au rebut en très grande pompe de pirates façon musical, l'agencement de flash mobs sorties de nul part et les divers effets sons et lumières qu'ils déployaient au quotidien même pour un simple pique nique, les deux principaux acteurs d'HSBC avaient parfaitement réussi à se faire connaître. Ils avaient monté leur affaire ici peu après les fêtes du nouvel an dernier, sans avoir rien pu voir de tout ça. Mais ils avaient rassemblé bien assez de Luvneelois à leurs côtés pour savoir quoi faire.

De tout ça, pourtant, on éludera une grande partie de tous les travaux que le commerce d'Haylor et Dogaku a chapeauté pour nous intéresser directement à l'un de ses résultats. Certes, il y avait l'énorme sapin installé au centre du forum des Cachalions, une place qui avait été le plus ancien marché de plein air de Norland avant d'être reconverti en lieu de plaisance des siècles plus tard. Et ce sapin avait été dorloté par des jardiniers de premiers plan, qui n'étaient pas étrangés à l'art suspect des pop green. Cela se voyait à la façon dont l'arbre remuait parfois ses branches, comme s'il était vivant. Mais en fait, il l'était devenu.

Il y avait également la fontaine de nuages, qui portait merveilleusement bien son nom. Tout venait d'une idée simple, qu'un officiel de la ville avait avancé à miss Haylor, la sorcière d'HSBC. Tout le monde savait comment elle pouvait manipuler à sa guise des nuages cotonneux aux propriétés magiques pour se créer des membres ou des plateformes de tailles diverses. Alors, on lui avait proposé de se servir de ces nuages pour créer quelque chose, une fontaine à nuages, dressée contre le mur d'une des plus grandes halles de la ville, qui déverserait en continu des cumulus en cascades. Ce qu'Evangeline était incapable de faire, même si elle pouvait bien visualiser la chose. Jusqu'à ce que Sigurd reprenne le projet, en se disant comme d'habitude: pourquoi pas. Ça ne semblait pas impossible. Il leur faudrait beaucoup plus de nuages, mais ce n'était que ça.

Au début, on avait envisagé de recourir à des marchands ou à des mercenaires pour s'en charger. C'était comme rapporter une cargaison exotique d'une contrée lointaine ; de l'importation. Depuis les îles célestes de l'équateur. Mais compte tenu des coûts et des délais qu'auraient engendré une telle demande, ça n'était pas une bonne option. Pas selon les requins d'HSBC, du moins. De très gentils requins: il ne s'agissait pas de leur argent, mais de celui de la municipalité qu'ils cherchaient à employer au mieux. Alors, ils ont fait jouer leurs relations, appris beaucoup de choses, et notamment à propos d'une île extraordinaire qui n'en était pas vraiment une. Plus un îlot. Ou une soucoupe volante.

Et quand Sigurd proposa très sérieusement la chose à ses clients, on ne prit même pas la peine de hausser les sourcils.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 6 Juil - 11:44, édité 1 fois
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En temps normal, les excentricités des deux Nowel se cantonnaient au port de Norland, si bien qu'on avait beau entendre parler d'eux dans tous le pays, et de voir des photos de choses franchement impossibles au moins deux fois par mois, tout ça restait presque ignorable. Lointain et très facile à ignorer.

Aujourd'hui, par contre, c'était complètement différent. La cité de Norland avait rendez-vous avec une île céleste, et recevait à domicile. Pour couper court à toute panique, les autorités de Norland avaient averti les autres provinces du pays en conséquence. Et le message était aussi farfelu que ce qu'on pouvait imaginer. Mais même ainsi, voir Weatheria survoler un bon tiers du pays monopolisa l'attention de tous ceux qui purent y assister. L'île céleste fut même visible depuis la capitale, et fit jaser le roi au sein de sa salle du trône.

Norland devenait vraiment n'importe quoi. Il ne se passait pas une semaine sans qu'on lui fasse part d'une énormité liée à cette province.

Et tout ça à cause d'eux. Toujours. Mais pas seulement. Ils n'étaient plus les seuls. Toute la ville devenait folle.
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Joindre Weatheria. C'était une tâche qui s'était avéré étonnamment facile. Elle avait beau être une parcelle de nuages itinérante, l'île disposait d'une ligne directe et accessible, ainsi que d'un réseau plus spécifique que ses habitants cherchaient à faire connaître comme étant "SOS météo". Pour les débrouillards d'HSBC, qui étaient prêts à recourir à des binômes de mouettes et de commandos Denden pour arriver à leur fins et contacter les anges, c'avait été une aubaine. De même, les résidents de cet endroit, qui étaient tous des anges, s'avéraient étonnamment accessibles et... coopératifs. Surtout pour des anges. Les Nowel n'avaient jusqu'ici vu qu'un seul représentant de cette espèce, et cet homme était un transporteur de la guilde des Usuriers d'Armada. Réseau qu'ils avaient brutalement expulsé de Luvneel, en déchaînant les forces de centaines de personnes sur une simple saute d'humeur de Dogaku. Forcément, il y avait eu frictions. Ils n'aimaient pas du tout les anges. Mais en bons commerçants, ils étaient prêts à remettre ces avis en question quand une affaire intéressante se présentait.

À fortiori quand le marché consistait à acheter des nuages surnaturels pour un prix dérisoire une fois rapporté à ce que coûtaient les alternatives.

Le plus difficile, au final, avait été de se faire à l'idée de ce que pouvait être une île céleste, et que les coquillages qui servaient de grigris et d'amulettes -ou d'allumettes- à miss Haylor provenaient d'un endroit tout aussi merveilleux. Et encore plus impossible.

Et ça, c'était vraiment, vraiment difficile.

-Bon bah... on y va?, lâcha Sigurd.
-Je m'attendais à ce qu'ils descendent plus bas... à notre hauteur, répondit le maire de la ville.
-C'est ce qu'ils font habituellement. Et ils le feront une fois qu'on sera dessus, ouais. Mais on leur a demandé d'attendre un peu avant de se poser sur la mer.
-Pour nous laisser le temps de digérer?
-Pour qu'on leur montre ce que nous aussi on sait faire. Même si... j'ai totalement besoin de digérer, ouais. Putain, un truc de dingue. J'ai beau être le guignol qui a proposé tout ça... Mwarharh j'en reviens pas.

La vision de Weatheria, en stationnement à une centaine de mètres de hauteur, et une poignée de kilomètres de distance des quais du port. C'était une vision radicalement différente du grand large qu'il avait l'habitude de voir au quotidien. Et c'était tellement fou qu'il avait grand peine à conserver son calme.

Il n'était pas le seul. Dans toute la cité de Norland, les habitants étaient aux premières loges pour contempler la chose. Et on ne se privait pas de cette curiosité. Malgré la fraîcheur ambiante, toutes les terrasses, les promontoires les panoramas étaient bondées. Les gens s'étaient massés sur les quais, au moins pour quelques dizaines de minutes. Tout particulièrement auprès de la place des Coquillages, qui servirait d'aire de décollage pour les tapis.

À ses côtés, il y avait encore pire comme réaction. Evangeline bavait littéralement, bouche entrouverte, des pépites de cristal incrustées dans les yeux. Pour elle, c'était Nowel en avance. C'était peut être même le plus incroyable cadeau de Nowel qu'on aurait jamais pu lui faire. Une île céleste. Chez elle. L'origine de tous ses objets incroyables. Un lieu où ils pourraient sûrement découvrir des tas de choses à leurs sujets. Et des tas de choses tout court. Elle en tremblait d'impatience. C'était la réalisation d'un rêve qu'elle n'avait pas encore eu. Servi sur un plateau d'argent.

-Merci qui?, demanda une autre jeune femme d'un ton bien amusé.
-Merci de tout mon coeur, répondit la sorcière. Merci Nerassa.
-Nwehehehehehehe. Cadeau, pas de soucis. Je vous aurais tués si z'aviez fait ça sans moi, par contre.

Il y avaient quelques personnes, dans les cercles éloignés de Dogaku, qui l'avaient informé pour Weatheria. Mais il n'y en avait qu'une seule qui avait décidé de porter le projet sur ses épaules, et de traquer l'îlot flottant pour préparer les premiers contacts. La ville de Norland avait même remercié financièrement Roderik et son équipage pour ce service. Sigurd, lui, en avait profité pour la joindre au projet. C'était sa plus vieille amie ; ils avaient tellement voyagé ensemble que faire une chose pareille l'un sans l'autre était invraisemblable.

-Bon... eh bien puisque c'est comme ça... on y va?, proposa un officiel de la mairie.
-Ouais, ouais. C'est juste que...
-Naaaaaaan. J'adore. Alors c'est ça, vos tapis volants? Enooooooorme!
-J'aime pas les tapis volants, grimaça Dogaku.

Ils avaient trois tapis qui flottaient à un demi mètre au dessus du sol, supportés par une épaisse couche de nuages qui provenaient de coquillages magiques. Chacun d'eux pouvait contenir quatre personnes sans risque. Pas plus.

-J'imagine que vous voudrez rester ensemble?, proposa subtilement un soldat.
-S'il vous plait?, fit Roderik d'un grand sourire.
-Allez y, montez. Je suis le pilote. Anford Luthier, sergent.
-Nerassa Roderik. Enchantée.

Le militaire enjamba le tapis d'un geste qui trahissait toute son expérience avec la tapisserie. Un peu plus malhabile mais toute téméraire, Evangeline monta à son tour en peinant à conserver son équilibre. Et derrière elle, il y avait Nerassa qui, pour tout son enthousiasme, n'avait fait que deux pas de plus que Dogaku. Elle hésitait encore à monter sur la chose. Ou plutôt, elle ne se voyait pas voler dessus, et encore moins pour rejoindre l'îlot flottant qui se trouvait aussi...

-Vous venez?

Deux mains se tendirent pour la soutenir. Anford et Evangeline l'invitèrent conjointement. Alors elle leur sourit et se laissa porter par le mouvement. Ne restait plus que Sigurd, qui se sentait déjà pris de vertiges. Malgré tout, il posa un genou sur l'appareil, puis les deux bras, et une fois à bord, s'installa en tailleur sans trop le sentir, en se cramponnant comme il pouvait sur le tissu. Lorsqu'Evangeline lui pris la main pour essayer de le rassurer, il refusa de la décoller du tapis, totalement crispé.

Sur les deux autres tapis, on trouvait trois officiels de l'hôtel de ville, trois miliciens. Certains avaient l'air relativement à l'aise, et d'autres presque aussi tendus que Dogaku. Il fut pourtant le seul parmi les douze à se rouler en position foetale lorsque le tapis prit son envol, posant sa tête contre sa partenaire qui éclata de rire en l'accueillant d'un bras.

Malgré ça, même elle fut prise de hauts le coeur pendant les deux premières minutes de décollage. Il suffisait de voir la façon dont elle se cramponnait à Dogaku.

Il y avait de tout. Vent, secousses, vertiges.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 6 Juil - 12:07, édité 1 fois
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-Je... crois que ça va mieux, hésita Sigurd en osant lever la tête.
-Il serait temps.
-Faîtes pas comme si vous étiez totalement à l'aise, ça serait dur à croire.

Sigurd regarda les deux autres pour essayer de se réconforter. Le pilote était stoïque, mais souriait et s'amusait rien qu'à les écouter. Roderik ne disait rien, ce qui suffisait à déduire qu'elle était presque aussi mal à l'aise que lui. Elle parlait trop en temps normal.

Dans un effort considérable, le Nowel tourna la tête pour observer les deux autres tapis. Mais qu'en faisant ça, son champ de vision balaya l'immensité terrestre du royaume de Luvneel, qui s'étendait à perte de vue. Et au couinement désespéré qui sorti de sa gorge, on comprenait que cette vision avait failli l'achever. Il se recroquevilla immédiatement.

-C'est vrai que la vue est belle, approuva Luthier. Je n'ai pas souvent l'occasion de venir ici, aussi loin dans la mer, mais notre ville est magnifique.

Doucement. Trèèès, très doucement. Le jeune homme extirpa sa tête de la robe d'Evangeline pour observer une nouvelle fois le paysage. Il lui fallu longtemps pour perdre la sensation d'être happé par le vide, et en précarité mortelle. Il n'y parvint pas complètement. Mais assez pour apprécier le spectacle. Et la vue aérienne était tout simplement splendide, à couper le souffle. Une nouvelle fois, c'était une chose magique. Aussi magique que ces tapis.

-Sigurd?
-Mmmh?
-Merci de nous avoir fait venir ici. Vraiment.
-Oh. Avec plaisir, miss. Mais j'ai pas fait exprès. J'crois même que si j'avais su, j'aurais fait mon trouillard et je serais lâchement resté à...

Pour toute réponse, Evangeline passa sa main dans les cheveux de son partenaire, pour l'inciter à reposer sa tête contre ses jambes. Tout en lui caressant doucement le crâne. Elle détourna les yeux de Luvneel quelques instants pour le regarder lui. Et elle ne souriait pas, cette fois. C'était tout autre chose.

Il faisait froid, leur position était inconfortable, leur transport encore plus, et ils n'étaient pas seuls.

Mais forcément, il ne put s'empêcher de se dire...

-Ça va être très très dur de faire mieux que ça, la prochaine fois.
-Je ne m'inquiète pas.

... qu'il était vraiment bien, en fait.
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-Au fait, demanda Dogaku. Z'êtes vachement doué avec ce truc. Vous avez fait comment pour devenir pilote de tapis?
-Je me suis juste proposé. Et pour la suite... c'est toute une histoire.
-Mwarharh, j'imagine bien.
-Vous raconterez?, demanda Nerassa.
-Une fois tout ça fini, oui. Mais en attendant...

Anford était, de prime abord, un simple milicien comme beaucoup d'autres dans le port de Norland. L'homme avait servi pendant cinq ans au sein de l'armée royale, alternant entre les séjours dans la capitale et les opérations côtières, voire maritimes, où il s'agissait de défendre les intérêts de son pays. Mais il fallait admettre l'évidence: le royaume avait abandonné la défense de ses mers au gouvernement mondial, de sorte que ces opérations se faisaient extrêmement rares ; tout juste de la chasse au pirate. Alors, il avait demandé à être affecté à la milice de la cité de Norland. C'était le plus grand port du pays, un des plus importants de la planète, qui drainait quotidiennement d'innombrables navires marchands... et qui constituait donc une tentation irrésistible pour tout pirate en quête de gros butin. Ce qui offrait des perspectives bien plus intéressantes à Anford.

Bien plus intéressantes. Mais à quel point? Au delà du réel.

S'il se fiait au tapis volant dont il était le conducteur, à la jeune femme, elle même sorcière, qui voyageait à ses côtés, où à l'énorme îlot volant qui se trouvait en face de lui, il ne pouvait tirer qu'une conclusion.

Il n'avait jamais fait de meilleur choix de toute sa vie. Vivre à Norland était plus fou et plus incroyable que tout ce qu'il aurait jamais cru. Et tout ça, en grande partie du fait des deux personnes qui l'accompagnaient.

-Je peux essayer?, lui demanda Haylor.
-De quoi? Conduire?
-J'adorerais.
-NON, gronda Sigurd. Vous faîtes tous les trucs idiots que vous voulez, mais pas à cinquante mètres au dessus du sol!
-Nous sommes au dessus de l'océan...
-...
-Bon, d'accord, c'était de la mauvaise foi.
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-Ça n'est pas du tout la même chose, Anford. Est-ce que vous le sentez aussi?
-L'air frais?
-Non. Je parle des nuages. Sous le tapis. Ils sont... complètement... mieux.
-Mieux quoi?
-Mieux.

Elle n'était pas si sûre. Alors, d'un geste de bras, Evangeline tira de sa manche un tentacule de gaz. Même Sigurd, qui n'en avait pas l'usage, pouvait constater la différence. Les rets de sa partenaire étaient plus souples, plus agiles, et leurs mouvements semblaient plus assurés. Ils étaient plus robustes, aussi. Ça, il n'y avait qu'Haylor pour le percevoir, à force d'avoir affûté sa sensibilité à les manier au quotidien. En temps normal, elle contrôlait ses chaînes de la même manière qu'on maniait un outil: comme un prolongement de son corps, auquel on se familiarisait de plus en plus au fil du temps. Mais là, c'était différent. Ses nuages, et même ses chaînes, réagissaient si fluidement qu'elle aurait dit qu'ils répondaient à ses pensées. Elle agitait ses liens de la même manière qu'elle aurait levé le bras. C'était bien plus intuitif que de manier une fourchette ou in stylo, même pour inscrire une signature.

C'était quelque chose de naturel qui était devenu incroyablement facile. Un peu comme un nageur qui emploirait des palmes pour la première fois. Elle découvrait maintenant l'étendue de ses possibilités découpées, et en tirait une énorme satisfaction.

-Alors c'est ça une île céleste...
-C'est plutôt petit, remarqua Nerassa. J'ai entendu parler de mer blanche, mais... c'est un îlot, en fait. C'est pas vraiment une île céleste. Plus un morceau de nuage volant. Y'a des barges avec beaucoup trop de fric qui se font faire ça... des îles flottantes, mobiles. C'est dans ce genre là.
-Très bonne idée, l'île flottante. Je me demandais quel genre de truc me faire construire... puisqu'on a les moyens, autant avoir un navire qu'a de la gueule aussi, nan? Je pensais à un dirigeable style zeppelin, mais s'vrai qu'une île entière...
-Reste en au dirigeable, ouais.
-Je crois que j'aime pas du tout les trucs qui volent, en fait.
-Sigurd. Je veux un dirigeable, posa Haylor. Ça me semble une très bonne idée.
-Vous avez une idée de ce que ça coûterait?
-Le Redcopter fait 30 millions. Cinq places, autonomie totale. C'est abordable, je trouve.
-Ouais bah ce sera sans moi. Mais arrêtez pas les gratouilles derrière les oreilles, siouplait.
-Comme ça?
-Rrrrrrrho que ouiiiii.
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Ils y étaient presque. Anford ralentit spontanément, non pour préparer l'atterrissage, mais pour laisser les autres se poser en même temps que lui. C'était aux officiels de représenter la ville et le pays, après tout. De la même manière qu'en face, une poignée d'anges se distinguaient du lot, et se tenaient particulièrement avancés du reste de leurs pairs. Il s'agissait des anciens du village, de ce qu'il avait pu comprendre. Ou de leur équivalent. À fortiori sur une île majoritairement constituée de seniors. Ces quelques hommes formaient une entité appelée le Quorum, un petit conseil qui se réunissait ponctuellement et prenait les décisions de la communauté en certaines occasions. Et au sein de ce groupe, il y en avait deux qui se démarquaient particulièrement du lot. Ils se nommaient respectivement Haredios et Argus.

Le premier était, il l'apprendrait plus tard, le maire de cette communauté. Et le second un ancien exilé, qu'on avait pas banni, qui était parti de lui même. Et qui avait fini par revenir.

Les deux autres tapis débarquèrent non loin d'eux, quelques instants avant que Luthier lui même ne se pose. Il laissa le temps aux trois officiels de faire les premiers pas en direction des anges.

Pour leur serrer la main, pour entamer les bienvenues. Les anges avaient déjà accepté de faire la livraison, sans quoi ils ne seraient même pas venus. Il n'y avait plus rien à négocier. Seulement les remercier, et se découvrir mutuellement.

-L'avantage de venir les voir en petit comité, aussi, signala Roderik. C'est qu'on peut faire un truc plus sympathique que les cérémonies en grande pompe où on risquerait de les contraindre à rester souriants devant la foule, ou à les intimider.
-Meuh, s'ils viennent de GL, ils sont naturellement plus charismatiques que n'importe quel clampin des bleues, et y'a aucune chance qu'ils soient intimidés voyons.
-Tu penses, Sig'?
-Non, je blague.


Pendant un instant, le petit groupe détailla longuement les habitants de l'île. En très grande majorité des anciens, qui avaient la particularité d'avoir chacun une paire d'île -étonamment petites- qui se glissaient en dehors de leurs manteaux de magiciens.

-Ils ont même le chapeau qui va avec, remarqua Haylor.
-Tu veux cosplay avec eux?, suggéra Roderik.
-..., lutta de répondre l'autre.

Il y avait aussi des jeunes, de humains, des anges sans ailes ; et là, la subtilité devenait beaucoup trop fine pour nos Luvneelois. Un bien curieux spectacle.

Et puis, d'autres se tenaient à l'écart. Anford fut le dernier à tourner son attention vers un groupe d'anges qui tranchait radicalement avec les météorologues en robes de mages qui faisaient la majorité de l'île. Ils étaient six.

-Ça me fait penser aux Power Rangers, tiens, murmura Dogaku.
-Nwehehe, rebondit la blonde. Y'en a un rouge, une noire, une verte, un jaune, un vert, un... oh.
-Vert-jaune?
-Pfff. Ils ont ruiné la combo. Faut pas doubler les couleurs.
-Aw.

Un assemblage hétéroclite. Du point de vue de la chevelure, notamment. Rouges, blonds, bruns, blancs...
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-J'aurais voulu voir ça plus tôt. Alors c'est vraiment...

L'homme qui foulait ces terres se nommait Gustav Vaxholm. Lui n'avait rien à voir avec HSBC ou la ville portuaire. C'était, comme Sigurd, un commerçant dont la vaste flotte marchande, appartenant à un ensemble répondant au doux nom d'IKEA, avait permis de rassembler une bonne partie des denrées destinées à Weatheria. D'où sa place aux premières loges pour la rencontre avec les anges.

Et même si on l'avait prévenu, même s'il avait vu d'autres choses sur la grande voie, l'homme était diablement émerveillé par tout ce qu'il voyait. Il ne pouvait s'empêcher de gratter le sol vaporeux avec la pointe de son soulier, sans trop savoir à quoi s'attendre. Ce n'était pas de la terre, mais du nuage. Du gaz. Solide. Il pouvait tenir et même forcer dessus, rien n'y faisait. Même en creusant du pied, l'ensemble continuait à tenir, et se reconstituait lentement... ou quelque chose comme ça. Au bout d'un moment, Gustav s'agenouilla pour poser les paumes contre le sol. Quoi que puisse être cette substance, c'était vraiment... étrange.

-On va jusqu'à s'agenouiller, comme ça?
-Et alors?
-Ben rien. C'est pas pire qu'eux, indiqua le milicien en désignant le troisième groupe d'un coup de tête.
-Sigurd est toujours aussi... tiens, Eva aussi.

Dogaku n'avait que rarement de la retenue, et la présence des anges n'y changeait rien. Encore sous le choc de son voyage en tapis, et tout aussi surpris que les autres par leur nouvel environnement, il avait immédiatement posé les deux genoux à terre en s'écrasant hors du tapis. Mais lui était tellement curieux qu'il avait poussé l'expérience jusqu'à s'aplatir ventre à terre sur les nuages. Et que loin de le rabrouer comme à son habitude, son associée l'avait vite imitée. Pour cause: tout ce qu'il y avait là n'avait rien à voir avec ce qu'elle connaissait. Même pas avec les nuages de ses dials.

-Et maintenant les anges se moquent de nous, soupira le voyageur.
-Ils vont penser que c'est un genre de coutume terrienne, sûrement.
-Même s'ils vivent en autarcie. Ils ont déjà vu des humains, et je ne pense pas qu'ils étaient aussi bêtes que les notres.
-Une coutume de Luvneel, sûrement? Enfin, ils ont plus l'air intéressés par le second du maire et l'envoyé du noble que...
-Et par les tapis, bien sûr.

Dogaku avait vu juste ; ces anges n'avaient jamais rien vu de tel, même s'ils connaissaient proches. Et quant au fait que des humains aient pu obtenir ça, il y avait curiosité.

-L'île commence à bouger, remarqua un autre membre de la mairie.
-Ah?

C'était étrange. Gustav ne sentait aucun mouvement ni inconfort. Mais c'était pourtant vrai: ses yeux ne mentaient pas, et Weatheria se rapprochait de Norland. Toujours cette même vision à couper le souffle, se dit-il.

D'un autre coté, si l'île pouvait se déplacer d'un point à l'autre de la planète, il valait mieux que ses occupants puissent rester à leur aise pendant ce temps.

-Et je me demande... qu'est-ce qui les empêcherait de se rendre au pied de reverse pour déterrer le one piece qui fait parler tout le monde?
-Aucune idée. Mais quelqu'un a bien dû l'avoir avant.
-M'étonnerait que le staff accepte, sourit Roderik en s'approchant.
-Euuh... effectivement.
-Et ben alors? Vous avez jamais vu de truc comme ça?
-Moi? Non.
-Eh. Vous êtes bien allé sur l'équateur, non? Grandline?
-Oui. Mais jamais sur une île céleste.
-Elles ne sont pas visibles depuis la mer, comme là?, s'étonna la borgne.
-Hahaha. Du tout. Elles sont... beaucoup, beaucoup plus hautes que ça. Ils appellent ça la mer de nuages, je crois. Depuis la mer, on ne voit que...

Vaxholm s'étonna. Que voyait-on? Des nuages? Une étendue de blanc sans fin? Il n'avait pas du tout ce souvenir. Il y avait autant de bleu dans le ciel qu'ailleurs. Mais alors quoi? Les mers blanches étaient beaucoup plus hautes que ça? Ou bien encore autre chose?

-Que quoi?, fit la blonde.
-Jeee... n'en sais rien. Je suis passé directement de Jaya à l'île suivante. Je ne savais même pas qu'il y avait quelque chose aussi. Je l'ai appris plus tard.
-Je vois je vois.
-Et j'avais beaucoup d'autres choses bizarres pour me distraire à ce moment.
-Hehehe. Ça, je n'en doute pas. Exemples?
-Peut être plus tard.
-Rhoooo. Oui.
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-Ooh et puis zut, j'y vais.

Maintenant c'en était trop ; il ne pouvait plus tenir. Il avait beau être un artificier, les appareils volants l'intéressaient énormément. Windwings, un jeune ange de Weatheria, avait un don pour tout ce qui touchait à leur contrôle. Un don en grande partie lié à l'affinité que le jeune ange avait avec le vent. Son appareil de prédilection était très étrangement le cerf volant, mais il était particulièrement à l'aise avec les patins aériens. Et en l'espèce, ce qui venait de piquer sa curiosité était évidemment le tapis volant qui se trouvait non loin du petit quatuor. Il y avait Vaxholm, Roderik, le milicien en charge du pilotage, ainsi qu'un autre notable de la région, un assistant du seigneur de la province. Et c'est naturellement vers le pilote que l'ange se dirigea.

-Bonjour! Vous allez bien?

Ils le regardèrent tous en même temps ; et à vrai dire, l'ange rougit légèrement. Il aurait pu dire autre chose que ça. "Bienvenue sur Weatheria"?. "Oh, des humains!". Bon. Il s'en voulu un peu. Mais il persévéra.

-Bienvenue sur Weatheria!
-Merci, lui simplifia Roderik. C'a l'air vraiment vraiment chouette, chez vous. Mais c'a l'air un peu... euh...

Elle l'accueilli d'un sourire, puis entama les présentations. Elle même d'abord, puis les trois autres. Ce fut ensuite à l'ange de se présenter.

-Félix Windwings, bouclier de Weatheria!

Bouclier? Un terme plutôt obscur, mais éloquent en soi. Les humains posèrent quelques questions dans ce sens. Le jeune ange ne se fit pas prier pour dresser le détail de sa charge prestigieuse.

-Vous voyez, il y a plein de choses utiles, ici. Utiles, précieuses ou,seulement incroyables. Les météorologues savent faire énormément de choses. Forcément, ça attire parfois de sales types.
-Dans le genre d'Auron?, glissa Roderik.
-Euh... oui.

Il lui lança un regard hésitant, nourrissant une question qu'il tatait à poser. "Vous connaissez Auron?".

-Nous nous sommes renseignés sur votre petit bout d'île. Ça devient très facile quand on regarde un peu. M'on n'a pas les détails, non.

S'ensuivit un échange sur les méfaits du tyran, ses motivations, et les conditions de vie des savants pendant cette période. Vaxholm, qui avait fini par s'intéresser à la discussion, ne pu s'empêcher de remarquer que Windwings était devenu beaucoup plus approximatif sur ce dernier sujet.

-Par exemple? Si ce n'est pas indiscret...
-Je... ne sais pas. Je n'étais pas sur Weatheria, à ce moment là.
-Ah?
-En fait, je viens de Stymphale.

Stymphale.

Et c'est à ce moment là seulement que Félix réalisa son erreur. Une gaffe monumentale. Stymphale était pirate. Officiellement sous la gouvernance d'une pirate d'Armada. Et quand bien même c'était également le cas de Weatheria, la chose restait secrète. Et elle devait le rester.

Apeuré, le jeune ange jeta un regard aux humains.

-Ah? Connais pas. Qu'est-ce que c'est?
-Une autre île céleste. De Grandline. Pas grand chose à dire dessus, en fait.
-Mmmh. Y'a combien d'îles célestes, au total?
-Euh...

Ils n'avaient rien remarqué. En fait, ils remarquaient plus son expression troublée que quoi que ce soit sur le sujet. Et tandis qu'il hésitait, le silence s'installait. Les humains, heureusement, ne cherchaient pas à le mettre mal à l'aise. Et avaient l'impression de pousser, à lui demander trop de choses.
Le milicien, très bonne pâte, lui parla du tapis. Il avait remarqué l'ange un peu avant qu'il ne se présente, et vu sur quoi ses yeux se fixaient. Aussi simplifia-t-il les choses.

-Tu n'en as jamais vu?
-On ne fait pas de ça, non. Même pas dans la boutique, et pourtant ils bricolent. Ça marche comment?
-Tahtahtah pas touche. Secret de fabrication.
-C'est vous qui les avez faits?
-Non. Mais on sait comment ça marche. Et on peut en refaire.
-Boah, à tous les coups c'est juste des jets dial pour la propulsion, et des milky pour suspendre.
-Ouais. Et c'est tout? Ça se résume à ça? On colle tout et ça marche?
-... non. D'accord.

Evidemment. Ce n'était pas... aussi... simple.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mar 5 Juil - 23:45, édité 2 fois
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-C'est quand même vachement chouette, ici. Vous auriez pas...?
-Non, je ne suis jamais venu sur une île céleste, répéta Vaxholm pour la dixième fois.
-Oh.

Les choses s'étaient un peu tassées. Les représentants des deux groupes échangeaient tranquillement, et le gros des anges s'était dispersé. Norland était une très belle cité portuaire, surtout vue depuis les cieux, mais les anges en avaient l'habitude. Ne restait donc que les humains pour s'émerveiller devant pareil spectacle.

S'émerveiller ou autre chose, en fait. Plus le temps passait, et plus Sigurd voyait les choses d'un nouvel angle. Il avait prit de la hauteur, pour voir -encore- les choses en grand. Et ce qu'il voyait face à lui, le pays de Luvneel à perte de vue, était une chose splendide. On ne voyait pas toutes les terres. L'île était trop grande pour ça.

-Dommage, parce que je me disais... que c'est franchement pas mal, des îles célestes itinérantes. Et que ça pourrait servir à quelques trucs.
-Vous voudriez une île céleste pour Luvneel?
-...
-...
-Oh waow. Je suis si prévisible?
-J'ai été très bien entraîné, s'excusa l'autre. Eva.
-Oh.

Il ne pu s'empêcher de tiquer, comme à absolument chaque fois. Que les amies d'Haylor l'appellent par un diminutif, bien sûr. Ou pourquoi pas. Entre filles un peu folles, sans souci. Mais pourquoi lui aussi? Des soupçons remuaient sous son derme à chaque fois.

-Il n'y a pas d'îles célestes sur les bleues, rappela l'autre.
-On en a une juste là, répliqua Dogaku.
-Ça ne compte pas vraiment.
-Ouais, c'est un îlot céleste. Ce qui ne change rien. Ça reste un truc qui vole et où on peut construire.
-...
-...

Gustav le regardait étrangement, sans comprendre ce qu'il voulait dire. Ou faire. Sigurd lui même n'avait aucune idée. Il se contentait de réfléchir, de se dire, d'envisager les choses. Plutôt que d'aligner les "mais", il posait des "et si". Et si Norland avait une île céleste?

Ça ne servirait à rien. Qu'est-ce qu'ils iraient en faire?

Pour Sigurd, la réponse était simple. Tellement de choses inutiles... qu'il y en aurait des biens.

Il y réfléchirait.

-Et puis, c'est juste... non. Les îles célestes sont fixes. Elles ne se déplacent pas. Weatheria est une exception parce qu'elle est petite et qu'elle a sûrement un moteur ou...
-Si c'est un moteur, si c'est une science des anges, c'est pas inaccessible. Y'a toujours un moyen. J'dis pas que c'est facile, mais...

Gustav ne répondit pas. Ce qu'il entendait là lui rappelait le jeune ange. Félix, bouclier de Weatheria. Et surtout, la curiosité dont il avait fait preuve envers les trois tapis volants. Des tapis fabriqués par des anges, venus d'une autre île céleste, qui n'avait visiblement aucun contact avec ceux de Weatheria... ni de... Stymphale, si c'était le bon nom.

Les anges étaient un peuple comme les humains. Des nations différentes, des cultures différentes, des atouts, des outils différents. Ceux ci avaient la météo, de la même façon que Tanuki avait le mouton. Ce n'était pas une culture unifiée.

Alors, quand Sigurd disait qu'il y avait un moyen, par un biais ou un autre... il y avait du vrai. Les secrets des uns pouvaient être redécouverts avec les ressources des autres. De la même manière qu'ils pourraient concevoir d'autres tapis volants pour peu qu'ils trouvent des dials.

Encore qu'une île céleste...

Gustav se mit à rire. Maintenant, c'était lui qui avait des idées.

-J'ai eu peur. Pendant un moment, j'ai cru que vous alliez me parler du Boru Bodur qui est resté arrimé à Inari pendant des siècles avant de s'envoler pour Grandline.
-Je me demandais comment amener le sujet, lâcha Sigurd d'un grand sourire. Bien sûr que j'y ai pensé. C'est quelque chose de bien trop fou pour l'ignorer. Heureusement que tout ce que fait le gros pirate Red fini dans le journal, même aller prendre des clopes. Second Peace Island, c'est quoi?
-Une île céleste. Au bout de Grandline. Et... euh... il faudrait vérifier.
-Ça c'est clair que j'vais pas me gêner. Mais c'est un truc de fou! Une île céleste qui retourne spontanément de là où elle vient à l'autre bout du monde. C'est rigolo, mais ce qui m'éclate, c'est que personne ne se demande... comment elle est arrivée là dans un premier temps? Est-ce qu'on l'a ramenée? Est-ce que c'est autre chose? Comment est-ce qu'on l'a fait? Est-ce qu'on peut le refaire?

Des questions qui n'appelaient pas de réponses. Pas de la part de Vaxholm, en tout cas. L'autre était en train de rêver à voix haute. Sur des choses très possibles, ou peut être impossibles. En tout cas, ça restait séduisant. On pouvait dire de Sigurd que c'était un idiot aux lubies fantaisistes qui avait trop d'argent, mais c'était précisément grâce à ça que Weatheria était maintenant là, à couper le souffle de tout le monde.

Et c'était magnifique.
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Les anges ne s’étaient pas gênés pour arriver en fanfare, eux aussi. Le spectacle des tapis volant avait été une surprise pour eux. Et maintenant, ils s’étaient montés les uns les autres pour décider d’en mettre eux aussi plein la vue aux humains.
Forcément, ils avaient les moyens.

Au large, haut dans le ciel, se préparait une tempête telle qu’on n’en avait jamais vu par ici. Des nuages aussi noirs que la nuit, qui auraient pu faire croire à l’éclipse partielle s’ils n’avaient pas été gorgés d’éclairs qui zébraient leur surface. Les explosions de tonnerre qui détonnaient continuellement sonnaient comme le grondement d’une nuée de bombes tapissant méthodiquement une plaine.

Sur l’île céleste, les Luvneelois ne regardaient plus que ce gigantesque édifice magnétique, tous d’un air inquiet. Ils étaient tellement proches… c’était bien sûr dangereux. Sans même sans rendre compte, Dogaku s’était rapproché d’Haylor. Pour la presser contre lui, d’un geste protecteur. A moins que ce ne soit l’inverse. Encore que, inconsciemment, tous les humains avaient resserré les rangs. Les anges auraient pu décider de provoquer la fin du monde s’ils en avaient envie ; c’était en tout cas l’image que donnait cette horreur nuageuse.

Il n’y avait pas de quoi, pourtant. Le colossal ensemble orageux explosa subitement -littéralement- pour laisser place à un soleil splendide, un ciel bleu azuré, et des cascades d’arc en ciel ruisselant de gouttelettes en suspension dans l’air, mariant le tout dans un kaléidoscope de couleurs fabuleuses. Comme un feu d’artifice qui aurait déployé des draperies somptueuses dans le ciel, d’énormes rouleaux de soie éclatants qui flottaient dans le ciel.

Et avec le soleil au-dessus pour irradier le monde, c’était vraiment…

-Magique, lâcha Evangeline.
-J’dois avouer qu’ils déchirent.

Ils étaient maintenant à une poignée de kilomètres du port, presque au niveau de la mer. La distance s’avalait à vue d’œil. Alors, un des officiels applaudit. Seul, immédiatement enchaîné par Sigurd, puis les autres, et bientôt la majeure partie de la populace rassemblée sur les quais du port. Les miliciens s’y mirent tous, par devoir, mais le sourire aux lèvres. Les anges ne se firent pas prier, et multiplièrent les débauches d’effets - de nuages, de lumières, de cascades aériennes, de miracles sonores- pour remercier leur public.

Et puis, ils descendirent à terre. Une bonne trentaine d’entre eux, du moins. Rapidement suivi par la majorité des Luvneelois qui étaient montés jusqu’à eux. Le maire de la ville, le seigneur de la province de Norland s’avancèrent jusqu’à eux.

Et c’est globalement dans ce cadre qu’eux lieu de premier contact entre les anges de Weatheria et la cité de Norland.

-Mission accomplie, nan ?
-Je crois que c’est très réussi.

Ca faisait plaisir à voir. Et leurs sourires aussi. Ils étaient satisfaits… fiers… et n’avaient pas fini. Ils avaient fait leur part. D’autres choses étaient à venir. Ce seraient de belles fêtes.
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Klara n’était pas vraiment dans son élément dans les grandes cités et zones urbaines. Moins il y avait de monde, et mieux elle se portait. Alors, évidemment, se trouver à un tel endroit pour un tel événement ne la rendait pas particulièrement à l’aise. Mais elle ne cessait de se répéter à elle même que ça vaudrait le coup. Et en effet, la vision qui s’offrit à elle lui donna raison.

- Z’êtes sûre de vous, mademoiselle ? Difficile de se déplacer ici sans repère vous savez. Et pis avec ce monde…

Elle tourna le dos à son interlocuteur pour admirer ce qui se déroulait non loin derrière elle, vers le port. Ils n’allaient pas tarder à atterrir, ce n’était qu’une affaire de minutes. Au plus le large nuage s’avançait, au plus il lui semblait monstrueusement grand.

- Je pense pouvoir me débrouiller. Au revoir.

L’homme, l’air las, décida d’abandonner la bataille. Il tentait, depuis l’arrivée de la jeune femme à Norland, de se faire embaucher comme guide, pensant avoir trouvé une âme étrangère et perdue. Il avait déchanté quand elle avait répondu à la question « ‘faites quoi pour vivre ? ». Répondre que son métier consistait à tuer des êtres humains n’était pas dans son habitude, et n’était en plus qu’à moitié vrai, mais voir le visage du guide officiel de l’événement autoproclamé se décomposer valait totalement le coup.

Mais aujourd’hui, pas question de tuer qui que soit. Pas d’entrechoquement de lame, rien. Elle n’était pas là pour ça. Elle n’exerçait pas le métier de chasseur de prime depuis bien longtemps, mais elle en avait déjà suffisamment vu pour s’accorder une pause, ne serait-ce que le temps d’un passage sur l’île de Luvneel. En bref, aucune goutte de sang ne tomberait aujourd’hui.

* * *

Un mince filet rouge s’écoula sur le plan de travail. Après avoir poussé un juron qui avait dû demander à l’homme de puiser dans des réserves d’imaginations alors jusqu’ici inconnues, il s’enroula la main dans le torchon le plus propre qu’il trouva.

- Putain. Hm. Excusez-moi. Vous voulez ? Ah, vous vous demandez ce que c’est ! C’est une spécialité régionale. Parait qu’il faut leur en mettre plein les yeux, alors là, vous pouvez être sûr qu’ils vont s’en faire péter le bide !

La bouillasse rouge et jaune qu’il mélangeait dans un bol rouillé n’était visiblement pas enclin à appuyer son propos. Elle ne releva pas et se contenta d’ignorer le sujet, qui de toutes façons ne l’intéressait absolument pas. Et elle était pressé.

- Je suis perdue.
- Ah, vous allez les voir ? Pourtant pas compliqué de suivre le-
- On y voit rien dans ses ruelles, alors je suis perdue.
- C’est quand même dingue de pas savoir suivre une si simple…

Elle tourna la tête, n’ayant aucune envie de l’écouter ne serait-ce qu’une seconde de plus. Devant elle se tenait ce qui semblait être -malheureusement- son sauveur. Une tête connue.

- Oh bah mince, qui v’là ! Hinhin, z’êtes perdue finalement, ricana le guide.
- Moi en tout cas j’ai rarement vu ça. Vous savez, il suffit d’un peu de tr...

Son rire ne dura que jusqu’à ce que Klara titilla le fourreau de son épée, toujours placée à son dos.

- Et vous ?
- Boah, j’me suis paumé aussi. Mais je pense que c’est par là. Vous m’suivez ?

Pas le choix.

* * *

- Vous t’nez vraiment à les voir atterrir hein ?

Elle garda le silence, trop concentrée à chercher une ouverture parmi la masse de gens qui s’élevait devant elle. Ils y étaient. Et il avait raison. Elle ne l’admet que rarement, voir jamais ; mais si il y a bien une chose qui la passionne et la fascine, c’était ça. Ce qui se trouvait maintenant en face d’elle, à vue dégagée, même ce qui l’entourait, et qui faisait la réputation de Norland depuis quelque temps. Toutes ces fantaisies, ces choses qui semblait venir d’un tout autre monde. Ou en tout cas d’un monde autre que celui qu’elle côtoyait au quotidien. Alors, quand elle apprit que des anges, vivant sur une île flottante faite de nuages, allaient poser le pied sur une île non loin de là où elle se trouvait, c’était tout naturellement qu’elle décida de n’avoir pour seul et unique objectif celui d’assister à tout ça. De toutes façons, ce n’était pas comme si elle avait d’autre plan.

Et la voilà, devant ce magnifique spectacle qu’aucun mot ne pouvait réellement décrire aux yeux de la chasseuse. Ils venaient d’atterrir, et elle était arrivée juste à temps. Elle était assez éloigné, mais suffisamment près pour voir que les anges n’usurpaient pas leurs noms.

- C’est qui, avec eux ?
- Les humains vous voulez dire ? Probablement des émissaires et des gens influents du patelin, qu’est-ce que j’en sais moi.
- En tant que guide vous êtes pas censé savoir ce genre de chose ?
- … Si si, ouais. Tenez, r’garder. Dans le tas, je crois r’connaître machin, lui ouais, truc, et… ah, le blondinet là, au fond, lui je l’ai d’jà vu ! Bigurd je crois, et à côté… Iv… Divag… Non, je sais plus. Bref, la sorcière.
- La sorcière ? Vraiment ?
- C’est c’qu’on dit ouais.

Et juste comme ça, elle avait un objectif secondaire en tête.
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-C'est moi où y'a sensiblement plus de monde qu'en temps normal?
-En temps normal, on ne reçoit pas des îles volantes à domicile.
-Mwarharh. Pas faux, ouais. Mais ces gens...?

Ils étaient de retour sur la terre ferme ; de grands escaliers constitués de nuages s'étaient déroulés pour permettre l'accès à Weatheria depuis la halle des Coquillages, qui était la plus grande place jouxtant les quais du port. Port qui se retrouvait bardé de spectateurs venus pour l'occasion. Spectateurs qui ne donnaient pas à Sigurd l'impression d'être de Luvneel. Chez beaucoup, il y avait des traits physiques, vestimentaires ou symboliques qui l'annonçaient clairement. Et dans cette ville, les étrangers et voyageurs n'avaient rien d'inhabituel... mais pas aussi nombreux.

À sa connaissance, les autorités avaient eu le bon goût d'avertir les autres provinces du royaume de l'arrivée des anges et de Weatheria. Histoire que personne ne croit à l'envahisseur venu de l'espace et et hurle à la défense armée. Et oui, peut être que cela avait fait venir des curieux dans la ville. Mais pas pour ça. Ces gens venaient de beaucoup plus loin que ce qu'il attendait.

Haylor lui expliqua:

-La province en a profité pour faire de la publicité. Au dehors des frontières. Pas juste sur le thème des fêtes de fin d'année, mais sur celui de fêtes magiques. Et ce que vous voyez... eh bien c'est du tourisme.
-Tout ce monde?
-Oui, sourit-elle. Quand les gens pensent tourisme à Luvneel, ils visent plutôt la capitale ou les autres provinces parce qu'elles sont beaucoup mieux dotées en termes de patrimoine ou d'attractions ou... de tout, mais...
-Mais on a grave déchiré sur c'coup.
-C'est exactement ça, se régala la miss. Une île volante et des anges, c'est vraiment fabuleux.

Et de là où ils se tenaient, ils avaient une très bonne vue sur l'ensemble. Avec sa partenaire, ils avaient laissé toutes les figures d'autorité passer devant eux, se contentant d'observer la procession cérémoniale sans chercher à s'y insérer. Ils étaient en hauteur et en retrait de l'événement. Et c'était volontaire : ils avaient beau avoir initié le rapprochement, le monde pouvait maintenant tourner sans eux. Ils auraient pu jouer aux maîtres de cérémonie et être au centre de toutes les attentions, mais ça ne les intéressait pas.

-Pas de regret?, glissa Sigurd.
-Du tout. Imaginez s'ils m'avaient demandé de faire un discours. Qu'est-ce que j'aurais pu dire?
-Ah? Vous avez peur de ça?
-Pas peur en soi, mais je n'aurais rien su dire.
-Boah... harharhar, en général c'est moi qui me tape les grands blablas de toute manière. Me demande pourquoi s'jamais pour vous, d'ailleurs. Notre ami le vieux sexisme qui s'y remet? Ou alors ils se disent que c'est moi qui fait tout et que... 'fin nan, z'ont dû piger d'puis l'temps que chuis juste un singe qui dit plein d'trucs marrants mais que les réflexions poussées c'est de votre coté, sinon ils seraient juste grave. Conclusion : les gens sont pas plus malins que moi et préfèrent écouter le gentil singe plutôt que la personne intelligente. Ce qui colle bien au point de vue cynique qui gouverne le monde.
-Je préfère ça comme ça de toute manière, donc...
-Nan, vous reculez exprès pour que j'm'en charge quand on vous pose des questions trop ouvertes, ouais.
-Mmmh.
-Ce qu'est super marrant à voir d'ailleurs. Eva qu'est toute timide et qu'ose pas faire de grands discours publics. Crô mignooon!
-On ne se moque pas.
-Ben voyons. Pour faire la grande méchante sorcière y'a pas de soucis, mais pour les expressions publiques...
-Gnagnagna gna gna. J'ai dit qu'on ne se moquait pas.
-Et moi j'ai dit que c'était vraiment trop mignon, fit-il en l'embrassant doucement. Ça me donne envie de vous porter dans mes bras et de m'enfuir en courant pour...

Et ce faisant, il la prit par la main et la conduit à sa suite, au travers des escaliers de nuages qui ramenaient jusqu'au port, puis de la foule extrêmement compacte qu'ils s'efforcèrent de traverser -tant bien que mal- sans qu'on ne leur facilite la tâche. Ils allaient à contre courant de l'ensemble, et les mouvements de foules étaient toujours une force irrésistible. Pire encore, maintenant que la procession des officiels s'avancait jusqu'à l'hôtel de ville, plusieurs courants s'étaient formés ; ceux qui se dispersaient, ceux qui allaient la suivre. Et Sigurd, qui tenait fermement la main de sa partenaire, failli la perdre à maintes reprises. Et fini par l'enlacer par la taille pour parcourir la dernière centaine de mètres qui les séparaient de...

-Vous pouvez me lâcher, ouais!?

Sigurd se retourna lentement. La voix qu'il venait d'entendre... le visage qui lui faisait face... le flanc qu'il tenait contre lui... et le corps qui se pressa tout contre le sien à l'occasion d'une énième bousculade... n'étaient pas ceux d'Haylor. Ça ne faisait aucun doute.

-Oh mer... désolé.

Sigurd releva la tête, présentant son menton au contact des lèvres de la jeune femme qui l'accompagnait. Yeux verts, cheveux blancs, tenue de voyage rustique et fonctionnelle, et une épée de bonne taille dans ses affaires. Les doigts de Sigurd en effleurèrent le fourreau lorsqu'il se cramponna à elle pour ne pas chuter, déséquilibré par sa rotation et un effet de vague arrière.

-Oulah oulah oulah. Vraiment désolé, miss, j'ai trop pas fait expr...

Le seul point commun qu'avait cette miss avec la sienne, c'était ce regard noir, dignement évocateur de la noirceur d'un canon de fusil, braqué droit dans ses yeux. Vu la façon dont il se tenait cramponné à ses fesses, c'était toutefois de bonne guerre.

C'était ça ou tomber, cela dit. Sur un simple réflexe, il avait fait son choix.

-Ouais bon chais que c'est horrible, promis chuis vraiment désolé, je le fais pas exprès mais...

Il glissa un peu plus, et s'agrippa encore un peu au pantalon de Klara Elliarth... qui descendit de dix bons centimètres, contrairement à ce qu'il y avait en dessous. La fille poussa un cri paniqué, de puis un plus colérique, porta ses mains pour remettre ses vêtements...

Et ils tombèrent à la renverse sur les genoux d'un groupe d'adolescents, engendrant une séquence dominos de grande ampleur. Ainsi que des réactions brutales partout aux alentours.

-MAIS VOUS LE FAÎTES EXPRÈS @&%=%&@*!?!!??
-NON!
-JE VAIS VOUS TUER.
-JEEE... le mérite totalement, ouais...

Dans sa chute, Sigurd se souvenait juste avoir eu le temps de couvrir le crâne de Klara pour qu'il ne choque pas contre le sol. Ça et l'horrible poids -l'équivalent d'un troupeau de buffles, il avait l'impression- qui le piétina à maintes reprises dans la minute qui suivit.

Il y avait aussi l'énorme coup de boule que lui expédia la jeune femme lorsque, écrasé à la cuisse, il trouva le moyen de lui griffer le nez à coups de dents. En criant de douleur. Ou quelque chose comme ça, c'était vraiment confus.

Et lorsqu'il se réveilla...
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L’avantage de la violence, c’est qu’en plus de défouler et de résoudre beaucoup de choses, ça permet également de regonfler un peu l’ego. Ce fut donc sans hésitation que Klara décida d’en faire usage. A petite dose, tout de même. Elle aurait de toute façon pas pu vraiment faire mieux –ou pire, selon le point de vue–, vu sa force à mains nues.

Et puis, il y avait deux choses en plus que la chasseuse avait du prendre en compte ; la première, de moindre importance, c’était la petite foule qui avait assister à la scène. La seconde, plus importante, était la compagne du blondinet qui ne l’aurait sûrement pas laisser se prendre une trop grosse raclée sans rien dire.

Seulement, elle n’était nulle part. Ce qui était bien dommage, car c’était l’unique raison de la présence de Klara si proche du cortège. Et la voilà coincée avec son comparse. Ils avaient réussie à s’extirper pour se retrouver un peu plus loin, sous le parvis d’une des nombreuses boutiques de Norland.

– C’était…
– Amplebent bérité, ouaib, continua Sigurd en se tenant le nez.

Klara, elle, s’en était réchappé avec seulement des griffures et quelques bleus, ainsi qu’un souvenir gênant et peu reluisant. Il y avait mieux, comme première approche.

– Je voulais rencontrer… commença Klara
– Oh…

Le blondinet repassa ses vêtements de ses mains et les remit le plus droit possible, avant de relever la tête pour apercevoir le regard de Klara parcourant les rues alentours et la foule, et comprendre que…

– Ah… Ouais. Vous parliez pas du tout de moi, en fait.

Sigurd, un peu gêné, laissa Klara scruter l’horizon pendant encore quelques secondes. Pas de trace de la sorcière. Elle haussa les épaules. Dommage.

– Touriste ? Tenta le civil.
– Pour l’occasion, oui.
– Le spectacle vous a plu ?

Ils commencèrent machinalement à s’éloigner de l’amas de personne.

– Plutôt oui, jusqu’au bain de foule.
– Hinhin, ouais… S’cusez, je vous ai prise pour quelqu’un d’autre là-dedans. Sans rancune hein ?
– Hmhm, fit la chasseuse avant de soupirer. J’ai aucune idée d’où aller, maintenant.
– Ah ! Les trucs marrants, c’est pas encore pour tout de suite, et j’ai pas spécialement envie d’y retourner, alors… J’peux p’tete vous aider. Pour me faire pardonner, tout ça. ‘vous qui voyez.

Pour Klara, la faute avait été pardonnée quand elle l’avait assommé d’un coup de crâne, mais après tout, pourquoi pas. Le port lui-même semblait regorger d’activité, et même si la moitié n’intéressait absolument pas la chasseuse, elle fut forcée de constater que s’éloigner de son train de vie habituel n’était pas vraiment désagréable.

Le civil passa le plus clair de son temps à lui raconter les péripéties vécues à différents endroits de la ville, soulignant particulièrement le rôle que lui et sa compagne avaient joué dans ces affaires. Si bien que le cerveau de la chasseuse fut bientôt rempli de CP, de pirates et de lyriques de comédies musicales. Et de feu, aussi, à en croire les dires du blondinet sur la dénommée Evangeline Haylor, car Klara n’avait évidemment pas tardé à lui poser des questions à son sujet, tout en évitant subtilement de paraître lourde.

Pour elle qui avait plutôt l’habitude d’éviter les gens plutôt que d’aller à leur rencontre, c’était une première, et un exercice difficile. En y repensant, elle se rendit compte qu’elle passait beaucoup plus de temps à parler à des primés et adversaires mortels, plutôt qu’à des gens un peu plus normaux. Ou du moins, moins dangereux. Le reste, c’était bien souvent un simple bonjour. Tout ceci rendait sa situation des plus inédites, d’autant plus que son interlocuteur semblait être à l’exact opposé d’elle.  

– Et vous, ‘faites quoi dans la vie ? Pas du social, j’suppose, s’amusa-t-il en pointant du doigt l’arme qu’elle portait dans le dos.

Prise par surprise. C’était plus simple quand elle n’avait qu’à écouter et hocher la tête.

– Pas vraiment, non, fit Klara qui lui tendit sa licence de chasseur de prime en guise de réponse.
– Ah ! Du genre farmeuse ?
– Euh…
Ouais, nan, c’est nous ça. Content de voir qu’on attire des gens d’horizon différent, en tout cas.
– Et c’est pas un problème ? Des gens importants, une foule immense, des anges venu de loin avec leur lot de raretés… Ça attirera pas forcément que des touristes.
– Ouaaais nan, vous inquiétez pas. On fait pas ça n’importe comment. Et Norland – Luvneel en général, en fait –, en a dans le ventre. Encore plus depuis… ben, nous. C’est beaucoup plus safe maintenant, ils s’y risquent moins. ‘Pis…

Il contempla un instant ce qui les entourait, c’est-à-dire le port lui-même, ses pontons et ses immenses navires parfois venu de très loin, et l’activité ambiante, amplifiée avec les fêtes. L’endroit avait vu son lot d’étrangeté et de dangers.

– Ouais, on a l’habitude.

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-Enfin, je dis ça mais mais quand on remet les choses dans l’ordre, on n’existe pas hein. La police, la milice, les gardes côtes, l’armée, la garde royale, tout ce petit monde fait très bien son boulot et le faisait déjà très bien avant qu’on arrive. Ils ont pas attendu que la miss décide de se mettre aux bizarreries sur un coup de tête pour assurer la ville. Heureusement d’ailleurs, ça serait bien déprimant sinon. Et moi je fais que regarder, chuis pas trop dans ces trucs. Pour l’idée, quand j’étais dans l’armée c’était purement du commandement. Et j’ai bien essayé d’être chasseur de primes comme vous dans l’genre activité annexe mais… au final ça me déprimait plus qu’autre chose, même quand c’était vraiment juste des crevures en face.
-Et tout ce qu’on dit sur elle alors ? La sorcière de North Blue ? Le monstre de Luvneel ?
-Aaaaw. Pitié, quoi qu’il arrive, ne dîtes pas ça devant elle.
-De quoi ?
-Le monstre de Luvneel. Elle adore qu’on l’appelle comme ça. Ca lui fait. TROP. Plaisir. Ca en devient malsain.
-Euh…

-Mwarharh. Breffouille, c’est surtout qu’Haylor se dérange pas pour faire du spectacle quand ça lui prend – ça ou alors elle craque et c’est juste la merde- et moi je me sens obligé de suivre pour m’assurer qu’elle… que ça… que euh… que ça finisse pas mal, quoi.

Une conclusion désagréablement articulée qui résumait efficacement la multitude de choses qui pouvaient virer au drame –peu importe pour qui- quand sa partenaire prenait sur elle de jouer aux justicières. Ou aux fureurs vengeresses qui se passaient les nerfs sur des contrariétés particulièrement peu avenantes. Ou aux folles lunatiques qui abusaient librement de leurs pouvoirs à tout va sur de simples coups de tête.
Et c’était incontestablement ce dernier point qu’il avait de plus en plus de mal à supporter. D’autant plus que plus le temps passait, moins elle se prémunissait de ces écarts. Il redoutait déjà qu’un jour, elle devienne ingérable. Mais ça… il verrait bien en temps voulu.

-Qu’est ce qu’il y a ?, lui demanda Eilhart.
-Euh… nan. J’étais juste en train de me dire que peu importe tout ce qu’on peut dire sur nous, sur elle, on est des êtres humains quand même, hein. Avec des qualités et des défauts. Des défauts parfois chouettes, parfois même adorables, et parfois… des défauts « gros défauts ». Faut le garder en tête.
-Ca j’ai pu remarquer, oui.
-Ah ?
-Vous vous êtes déjà très bien affiché tout à l’heure, commenta la chasseuse avec un air narquois.
-Oh. Ooooh. Rhoooo… tout de suite ça y va.
- Mais vous vous rattrapez très bien, hein.
-Pfff. Enfin… mwarharh. Ouais, je fais souvent ça, ‘ffectivemment. Et attendez, parce que vous avez pas encore tout vu.

En parallèle de leur discussion, Sigurd promenait Klara dans les quartiers portuaires. Qu’il connaissait très bien, qu’il avait déjà longuement arpenté pour son propre loisir. Tantôt dans les grandes avenues et les places incontournables de la zone, tantôt dans des recoins moins évidents mais tout aussi sympathiques à son sens. La chasseuse découvrit des portiques, des halles, des galeries et de potentiels coupe-gorges dans des allées qui flairaient toutes le voyage et l’aventure, même si son guide improvisé ne parvenait pas toujours à détailler chaque lieu. Dogaku connaissait pratiquement chaque endroit ainsi que ses fonctions, mais avait encore à parfaire sa culture historique de la ville.

-Ouais, désolé, je suis là que depuis deux ans, peut être deux ans et demi, haha. Et j’préfère me promener et regarder les trucs que d’écouter les histoires à rallonge. Jamais pu tenir les visites guidées en fait.
-Aucun problème, ça ne me dérange pas. Moi non plus, je ne tiens pas trop en place.

Une chasseuse de prime itinérante, qui n’avait guère d’attache, qui ne faisait guère de vagues, et qui ne poussait guère ses interactions sociales depuis plusieurs années maintenant, se résuma mentalement Klara. Non, en effet, elle ne tenait pas trop en place. Mais même si l’environnement de Norland était beaucoup plus sûr que ce qu’elle voyait dans ses mauvais voyages, elle se prenait elle aussi au jeu de l’exploration de ces quartiers. Comme Sigurd avant elle, elle était parfaitement sensible au charme de la cité portuaire.

Surtout maintenant qu’elle la voyait depuis les hauteurs. Ils se trouvaient sur le toit d’une des cinq minoteries qui jouxtaient l’océan. Des moulins industriels où se préparaient les farines de céréales, cultivées dans l’intérieur des terres, qui devaient être livrées au commerce. Pour illustrer ses dires, Sigurd détailla à Eilhart le peu d’explications qu’il avait retenu sur le fonctionnement des installations. Ce qui lui avait visiblement suffit à lui, quand bien même n’importe qui d’autre –et y compris la chasseuse- trouvait ça incomplet.

Son exposé était tellement partiel que Klara ne le suivit que d’une oreille. Au lieu de ça, elle détailla les festivités depuis leur promontoire, les grands rassemblements, l’île flottante toujours aussi vertigineuse et impossible au-dessus de l’océan, les petites taches brunes visibles un peu partout en ville qui correspondaient toutes à un uniforme de milicien…

Il y en avait beaucoup, remarqua-t-elle. Ils étaient forcément mobilisés en nombre pour tenir l’évènement. Concentrés dans des zones, aussi.

-Et ça là-bas, qu’est-ce que c’est ?

Elle désigna du doigt le bâtiment et la place qui jouxtaient l’un des plus grands rassemblements de la ville. Et devant, une estrade, sous très forte protection, sur laquelle la chasseuse pouvait reconnaître plusieurs membres des deux délégations en train de s’exprimer.

-L’hôtel de ville. J’arrive toujours pas à me dire si ça a été construit dans l’optique d’un très gros manoir ou d’un petit château, mais… c’est probablement ce qu’on appelle un « hôtel particulier » dans le jargon, je sais pas. En tout cas la baraque doit avoir quatre cent ans et le mobilier a une gueule monstrueuse. J’voudrais bien la même chose moi, plus tard. Ou alors dans le même genre, en campagne, ça doit être monstrueux.
-Et les personnes en armure ?
-Euh… aaah. Des chevaliers de la capitale. Je les avais pas vus, tiens. J’imagine que la commune aura demandé un peu plus de moyens pour que tout se passe bien. Et puis ils envoient du lourd niveau visuel, ça fait partie du folklore Luvneelois après tout. J’trouve que c’est un bon truc pour amuser la galerie, ça aussi. Putain on déchire trop.
-Ils sont forts ?
-Euh… certainement. Leur job c’est de se battre avant tout, ils ont tout un répertoire d’arts de la chevalerie qui contient vingt fois plus méthodes meurtrières de que de code de conduite honorable même si c’est ce truc qu’on garde en tête et qu’est très développé, on peut globalement vulgariser le groupe en disant qu’ils sont à Luvneel ce que les samourais sont à d’autres culture, et… ben le roi les envoie là où il le faut quand il le faut et ça marche très bien, quoi.
-Donc ils sont vraiment vraiment forts ?
-Baaaaah… oui ?, hésita Sigurd.
-Emph. Et sur une échelle de « Lieutenant » à « Contre amiral », vous leur donneriez combien ?
-Jeeeee… peux pas répondre, j’ai toujours été naze pour ces trucs. J’arrive vaguement à lire les galons des épaulières, mais je cherche pas vraiment au-delà une fois que j’ai discerné qui sont les gros connards bureaucrates imbus de leur personne et qui sont les gens vraiment extras qui cherchent à faire les choses bien autant que possible. Ou les entre deux et ce qu’ils valent globalement, quoi. Pourquoi ça ?
-Juste par curiosité. On parle beaucoup de grands combattants ou de castes de guerriers dans tous les pays. L’armée royale d’Alabasta, la garde rouge de Kanokuni et leur Hasshoken, les samourais de Wano, les dojos de l’île du Karaté… je me demandais si vous aviez la même chose ici aussi. Vu que… plus grand royaume des bleues, quoi.
-Aaaah. Mwarharharh. Je crois que pour le coup, c’est surtout que les marchands volent la vedette à un peu tout le monde. Ca et le fait que les chevaliers de Luvneel sortent pas trop du pays, forcément ça aide pas. Niveau pub on est vraiment trop des rats en fait. Mais en fait… j’avoue que j’en sais rien du tout à leur sujet, tiens. C’est même plutôt marrant. Si je vous dis que j’ai jamais mis un pied dans la capitale depuis que je suis là, vous me croyez ?

Ca n’était pas vraiment dans ses habitudes, de s’improviser guide touristique auprès de parfaits inconnus pour leur faire visiter la ville. Mais maintenant, il trouvait ça très agréable. Eilhart était un excellent public, avait envie de découvrir la ville, et elle était curieuse, même si pas forcément à l’aise. Mais comme il le lui avait fait remarquer un peu plus tôt, le fait qu’il soit un gros benêt bien maladroit qui avait formidablement bien raté son introduction le rendait sensiblement plus accessible que n’importe quel autre notable de la ville. Ce à quoi elle avait acquiescé sous hésitant, même si la tentation de lui recoller une baffe –juste la forme- s’était fait sentir.

-Allez. J’vais vous montrer un coin où ils font de supers filets de saumon à emporter. On s’promène et on mange en même temps, s’plus sympa que de se poser vu ce qui se passe aujourd’hui. Ou alors… il parait que les anges ont préparé des stands où ils proposent leurs trucs, on pourrait aussi voir. Y’a quoi qui vous botterait ?
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La journée s’avéra mémorable dans toute la ville. Forcément, avoir une île flottante amarrée aux quais de la ville, des anges dans toutes les rues, d’autres qui proposaient même de découvrir des aspects de leur culture sur certains emplacements, des célébrations en préparation partout et d’autres déjà lancées, ça animait la ville.

La partie la plus déterminante de tout ceci eu néanmoins lieu en début de soirée. A l’occasion du repas qu’avaient partagé les officiels de la cité portuaire et les membres du concile des anges. Tous abondamment avinés par une excellente série de bouteilles originaires des vignobles de la province de Luvneelgarm, l’un des principaux greniers du pays. A l’abri des regards, des photographes et de la foule, dans le refuge que constituait la salle de bal de l’hotel de ville, ils pouvaient enfin faire connaissance et échanger dans un cadre sans se soucier d’être l’objet d’indiscrétions. De façon plus relâchée.

Beaucoup. Plus. Relâchée.

-BRARHARHARHARHARH !, s’exclama l’un des anges. N’empêche que c’est n’importe quoi ! Une fontaine de nuage ? On est venus juste pour ça ? On pourrait faire teeeeeeeellement mieux pour vraiment marquer le coup…
-Des grands feux d’artifices ?
-DES TIRS DE MORTIER D’ARTIFICES !, renchérit l’adjoint au maire.
-Pfffff. Mais nooon, reprit l’ange. On pourrait… je sais pas, moi… faire neiger des bonhommes de neige ? Tailler des nuages dans le ciel ? Faire une pyramide avec de l’eau de mer ? NOUS SOMMES DE WEATHERIA, NOUS AVONS LES MOYENS !
-La dernière fois que t’as essayé ça, ça a fait un séisme, tu te souviens ?
-Meuh, c’était juste un problème de phosphore. Ca le refera pas.

-Des cascades d’arc-en-ciel ?, suggéra un autre météomage. C’est pas quelque chose qui tient bien à long terme, mais niveau sensationnel…
-A ce propos, tiens. Il parait que vous pouvez foudroyer un petit pois à plusieurs centaines de mètres, c’est vrai ?, s’enquit le chef de la milice de Norland.
-Ben… on a jamais vraiment essayé, mais la reine s’est dit que ça rendrait bien sur la fiche d’île, donc…
-La reine ?
-Ah ! Je n’ai rien dit, oubliez.


Jusque-là, les discussions fusaient dans tous les sens, même si celle-ci avait fini par attirer l’attention de tous. A l’exception peut-être du maire de Norland, trop occupé à cuver ses digestifs pour se joindre à l’ensemble. Comme plusieurs humains, il était tombé victime d’un élixir des mers blanches particulièrement fascinant. Tant pour le palais que pour le taux d’alcoolémie.

-Moi la vraie question que je me pose, c’est… à quoi est-ce que vous jouez ?, questionna l’administrateur du port. En temps normal, je veux dire.
-On joue ?
-Bah ouais. Parce que bon, rencontre entre les peuples. Des échanges amicaux. Dans une atmosphère de partage de fin d’année. Dans un contexte de fête. Et tout le monde sait que pour faire de belles fêtes, rien de mieux qu’une compétition amicale entre des représentants de cultures différentes ! Qui c’est qui tape la balle le mieux, à votre avis ? Qu’est-ce que vous en dîtes les mecs ? Vous voulez essayer ?
-Taper la balle ?
-Vous connaissez pas le foot ?
-Je… c’est ce que font les humains pour garder la forme en courant, nan ?
-J’ai dit foot, pas footing.
-…
-Bon. C’est un sport où…
-Laisse tomber, ça sera trop long à expliquer, intervint l’ordonnateur en charge des gardes côtes de la province.
-Le foot ? Long à expliquer ?
-Ouais. A la place, pourquoi est-ce qu’on ferait pas…
-Mmmh ?
-Devinez.
-Je sais pas.
-…
-Vraiment pas, non.
-Allez, ça n’est pas compliqué.
-Puh.
-Allez. Réfléchissez, c’est un très grand cliché en plus, et vraiment très vendeur. Que font deux groupes de dirigeants quand ils cherchent à marquer le coup d’une grande rencontre au sommet ?
-Une orgie monumentale avec les plus belles femmes anges et humaines des deux peuples ?
-…
-…
-…
-…

L’ange qui avait prononcé ces mots écopa d’une multitude de regards embrumés, certains réprobateurs, et d’autres discrètement évocateurs. Pour autant, personne ne daigna dire quoi que ce soit, jusqu’à ce qu’il se rétracte évidemment.

-Je plaisantais, haha. Evidemment.
-Euh… ouais. Bon, fit le chef des gardes côtes. Avant que ça ne devienne n’importe quoi… et que je ne me mette moi aussi à dire ou me laisser tenter par des conneries pas possibles… je propose que l’on fasse un tournoi qui opposerait les plus grands anges et les meilleurs humains !

Une proposition qui ne tarde pas à rencontrer du succès parmi les membres des deux groupes. Mais qui allait devoir faire face à un obstacle majeur.

-NON !, enragea subitement le maire, sortit de sa torpeur alcoolisée. JE L’AI DIT ET JE LE REPETE, MOI VIVANT ET EN POSTE DANS CETTE VILLE, IL N’Y AURA PAS DE TOURNOI DE QUELQUE SORTE QUE CE SOIT DANS LA CITE DE NORLAND ! CE N’EST PAS UN SHONEN, C’EST TOUJOURS DANGEREUX, CA FAIT VENIR DES GENS INCROYABLEMENT DANGEREUX, ET LA FINALE EST TOUJOURS INTERROMPUE PAR DES ORGANISATIONS MALEFIQUES ET CA, JE N’EN VEUX PAS CHEZ MOI !!!
-Allez… on peut pas faire une petite exception ?
-NON NOUS NE POUVONS PAS. TOUS LES TOURNOIS PORTENT MALHEUR. MEME QUAND IL S’AGIT DE DUELS DE CARTES A JOUER, OU DE COMBATS DE TOUPIES, OU DE COURSES DE DENDEN, CA FINI TOUJOURS MAL !
-Rhooo… ben j’aurais essayé, gloussa le militaire avant de se resservir un verre.
-Monsieur, un tournoi serait…
-J’AI DIIIIIIIIIIT… NOOOOOOOOOOOOOOOON.
-Mmmh. Et des épreuves sportives ?, suggéra l’un des météorologues. Façon jeux Marijoalympiques ?
-Ca…

Plusieurs délégués de Luvneel jetèrent un regard inquiet en direction du maire de la ville. Et ils furent rapidement imités par les anges, qui trouvaient eux aussi l’idée très tentante. Aussi celui-ci se contenta d’acquiescer de la tête, avant de s’en retourner à sa merveille d’eau de vie de Weatheria. Il n’avait aps de problème avec les épreuves, car les participants étaient arbitrairement choisis par les organisateurs. Ca n’était pas comme un tournoi, où n’importe quel aspirant destructeur du monde pouvait s’inscrire pour en venir à ses fins.

-Okay. Une bonne chose de réglée, conclu l’ordonnateur. Après on peut faire plein d’autres choses, mais je pense déjà que rien qu’avec ça…

Ce fut à peu près là que céda l’attention générale, chacun s’en retournant à des discussions en cercles plus privés.

-Sinon je me demandais….
-Oui ?
-Je sais pas. Les angelettes, qu’est-ce que ça donne en vrai ? Est-ce que c’est différent ?
-Haha. Ben je sais pas. Et vos poulettes à vous alors, qu’est-ce que ça donne ?
-Ben c’est comme partout, ça dépend de…

Soirée très avinée. Ca ne faisait aucun doute.
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Tract officiel a écrit:
Vous vous ennuyez ?
Vous vous morfondez dans vos couettes en pensant que les festivités touchent déjà à leur fin ?
Que NENI ! La ville de Norland et le comité de Weatheria sont fiers de vous annoncer un événement UNIQUE !
Notre belle cité devient le théâtre de magnifiques et absolument titanesques* ÉPREUVES SPORTIVES auxquelles vous êtes invité GRATUITEMENT !* *

Soyez nombreux à assister à nos
Épreuves Sportives Visant à Favoriser le Rapprochement Entre Les Peuples de Weatheria et Luvneel !

Aussi appelées les ESVFRELPWL pour plus de simplicité, ces épreuves qui s’élèveront au nombre hallucinant de cinq feront se confronter la crème de nos peuples respectifs, dans des duels faramineux de voltige et de magie qui émerveilleront petits et grands !***

N’hésitez pas, et rejoignez nous dès AUJOURD’HUI !


*Mais non dangereuses. A priori.
**Les paris sont cependant ouvert dans notre bureau situé à l’entrée des jeux et vous octroient une place VIP proche de l’action.
***CECI N’EST PAS UN TOURNOI MERCI DE RANGER VOS DORIKIS.


Assise à l’extérieur du café depuis maintenant une petite heure, Klara avait été dérangée une bonne demi-douzaine de fois par des colporteurs et des gamins engagés pour faire passer les tracts. Elle avait fini par en avoir marre de les entasser et avait plutôt décidé d’apprendre à faire des oiseaux en papier. Mieux encore, elle savait maintenant parfaitement comment atteindre la tasse du goujat assis à la terrasse d’en face. Jusqu’à ce qu’il parte, agacé par une raison obscure. L’intérêt de la chasseuse pour l’aérodynamique s’arrêta alors aussi sec.

Luvneel regorgeait des petits coins de paradis et Sigurd Dogaku avait indiqué à Klara les meilleurs adresses qu’ils connaissaient. Il avait cependant omis de lui parler avec précisions des prix exorbitant, soit-disant que « les cdp, hein ». Tant pis. Ce fut donc avec les papilles ravies et le porte-monnaie léger qu’elle quitta silencieusement l’endroit. Ce que l’on appellera ici les Jeux pour le bien de la narration n’allait visiblement pas débuter avant un bon paquet d’heure ; elle avait encore le temps de flâner et peut-être même de rendre visite à son guide, avec la ferme intention de profiter entièrement de la journée qu’elle espérait, cette fois, sans aucun incidents de quelque nature qu’ils soient.


*


– Bon. Vous avez pigé le plan ?

Pièce sombre, faiblement éclairée par une petite lampe qui tanguait de gauche à droite dans un mouvement perpétuel provoquant un grincement particulièrement agaçant. Mais bon, c’était probablement pour l’ambiance. Sur l’unique meuble de l’endroit, une simple table en bois, se trouvait un plan du port et de la ville, ainsi que plusieurs tracts facilement reconnaissables. Et autour, des instigateurs des plus redoutables.

– Bof chef.
– Ouais, en fait… On comprend pas trop l’intérêt. Chef.
– C’est pourtant pas compliqué ! On ouvre la voie au Boss. On fait diversion. On créé des tensions. En résumé ; on fout la merde.
– Fallait commencer par là chef, ça on sait faire.
– Ouais, bon. Vous vous souviendrez bien de tout ?
– Euh…
– …
– C’est bon, ça va. Ce serait bête de tout gâcher, alors laissez moi vous réexpliquer, mais en hors-champ.


*


Au plus la journée avance, au plus elle pouvait se rendre compte de l’agitation grandissante. Une bonne partie des habitants se rendaient maintenant vers la grand place qui allait servir à l’ouverture des Jeux et de leurs épreuves. Il fallait bien admettre que Norland savait y faire pour mobiliser sa population et attirer les foules. On pouvait déjà entendre des tambours et des chants luvneelois au loin.

– Tiens, j’crois que je l’ai écrite celle-là, s’amusa Sigurd en remettant son chapeau en place.
– Vous êtes pas censé avoir une entreprise à faire tourner ?
– Ouaaais si. On va dire que ça fait partie de notre activité. En quelque sorte.
– Hm hm…
– … Ouais ?
– On va rejoindre votre amie ?
– Hm ? Oh, Eva, nan, elle est avec des amis à elle. Z’inquiètez pas, vous finirais bien par la voir. Même si ça devient un peu plus rabaissant à chaque fois qu’vous demand-…
– Oh…
– ? Wow, ‘ffectivement.

Ils étaient finalement arrivés à l’épicentre des festivités ; un peu plus dégagé que la veille, le port avait eu le loisir de se voir transformé en véritable lice. Plusieurs banderoles avaient était accrochées sur les façades des bâtiments environnent, aux couleurs du pays d’accueil et de l’île volante. Toute la zone était minutieusement quadrillé par des gardes et quelques chevaliers qui rassuraient la population par leur simple présence. On pouvait également apercevoir, sur la magnifique estrade qui avait été montée pour l’occasion, quelques officiels de la ville dont, évidemment, le plus important.

– ‘se sont bien débrouiller, même sans moi, plaisanta le civil.

Il y avait une pointe de fierté dans sa voix.

Le bureau des paris, situé un peu à l’écart, était littéralement bondé de monde, et Klara crut même entendre un débat houleux sur l’aspect anti-patriotique ou non du fait de parier sur l’adversaire. En effet, la première épreuve avait été dévoilée dans une mise en scène un peu too-much, mais qui avait su tout de même avoir son impact. Effectivement, des courses aériennes mettant en scène les bijoux de l’invention de chaque camp avaient de quoi attirer. Et les candidats eux-mêmes avaient la côte auprès du public, weatheriens comme luvneelois ; le flyer n’était pas mensonger, et c’était effectivement la crème de la crème qui avait été choisi pour représenter leur pays.

– MESDAMES, MESDEMOISELLES, MESSIEURS ! VOUS ÊTES NOMBREUX, SI NOMBREUX QUE JE NE PEUX CACHER MON ÉMOI ! Déclara le maire de Norland, s’exclamant à l’aide d’une sorte de mégaphone. Ahem. ET PUISQUE VOUS ÊTES SI NOMBREUX, C’EST UN VÉRITABLE TONNERRE D’APPLAUDISSEMENT QUE JE DEMANDE POUR NOS VALEUREUX VOLTIGEURS !

La première annoncée, pour bien faire, était une ange à l’allure fière et à la longue chevelure blonde, qui tira une jolie révérence en montant sur scène. Le premier candidat humain était l’un des pionniers de la gestion des tapis volants et faisait partie de ceux qui avait mené les officiels luvneelois sur l’île flottante la veille. Il fut suivi de prêt par un ange particulièrement hautain qui fut accueillis par des cris aigus d’humains sous le charme qui laissèrent Klara dubitative. Derrière lui grimpa sur l’estrade un second luvneelois qu’on ne pouvait distinguer sous son accoutrement qui se situait entre la tenue de voyage qui le mettait à l’aise pour l’épreuve, et l’armure de plate. Les personnes qui étaient parvenu à récupérer une place VIP étaient suffisamment proche pour pouvoir lire sur son blason « la sécurité avant tout ».

Enfin, ils annoncèrent les deux derniers candidats qui furent accueillis par une vague d’applaudissement ; c’était probablement les favoris et les champions de leur pays dans cette catégorie. Il y avait tout d’abord Anford Luthier, membre éminent de la fraîche escadrille de Norland, une brigade en tapis volant. Si celle-ci n’était pas encore tout à fait officielle, l’aide que ses quelques membres apportaient à la vie du port en général leur conféré une relativement bonne renommée, notamment à Luthier qui jouissait d’une excellente réputation auprès des habitants du port.

Enfin, il y avait le champion de Weatheria, un jeune ange répondant au nom de Félix Windwings, qui ne payait pas de mine, mais qui allait s’avérer être un adversaire redoutable pour les luvneelois,  à en croire les encouragements des habitants de l’île flottante.

Si les humains de Norland avaient leur tapis volant, les anges eux, avaient leur cerf-volant. Une méthode qui pouvait semblait particulièrement bancale et dangereuse, mais il n’y avait pas vraiment d’intérêt à douter d’anges qui vivaient sur une île volante qu’ils avaient tranquillement acheminé jusqu’à un royaume des bleues.

Le maire continua à s’exclamer dans le mégaphone pendant encore quelques minutes, racontant des anecdotes sur chacun candidats, faisant un peu de publicité pour les meilleurs stands du coin,

Il fini enfin par expliquer les détails de l’épreuve ; la route des pilotes avaient été délimitée de manière à être parfaitement visible grâce aux plus hauts toits de la ville. Un énorme drapeau d’arrivée avait été dressée au dessus du phare qui servait également de point de départ.  Et puis, finalement, le maire prononça les mots que tout le monde ici attendaient ;

– EEEEEEEEET…. PARTEEEEEEEEEEEZ !

Les six participants s’élancèrent d’une traître au coup de feu tiré depuis le haut du phare par l’un des arbitres de l’épreuve, un ange accompagné par un huissier de justice humain. La foule ne manqua pas de lancer un cri de réjouissance à la vue du vol gracieux des candidats. L’humain en armure fit bien attention de laisser une certaine distance de sécurité entre lui et les autres, leur criant parfois dessus diverse injonctions et règles du code de l’air dont il était lui-même l’auteur. Windwings, lui, paradait fièrement en première position, suivit de prêt par Luthier qui maniait le tapis comme personne. L’elfe hautain, lui, était bon dernier, ce qui ne manqua pas de ravir la chasseuse.

Les pilotes passèrent un à un entre deux tours que Sigurd avait présentés à Klara la veille, mais elle avait depuis oublié ce qu’elles accueillaient.

– Eh, ‘savez c’est grâce à qui qu’on a de tels engins ? Demanda Sigurd, les yeux rivés sur les pirouettes que Luthier effectuait pour amuser la galerie, au grand dam du chevalier de la sécurité.
– Oh, j’ai ma petite idée…
– Mwarha, je me vante pas hein, du tout du tout. J’fais que mon devoir en vous renseignant.
– Bien sûr.
– Tenez, j’suis sûr que vous avez aucune idée de qui à-

L’entièreté de la foule s’était tue, et retenait maintenant son souffle. Et pour cause, non loin de là, plusieurs mètres au dessus du sol, Luthier luttait pour sa survie ; une forte bourrasque s’était soudainement levé, probablement à cause de l’air marin, et si Windwings avait parfaitement su s’y préparer, ce ne fut pas le cas de l’as de l’escadrille humaine, qui se tenait maintenant fermement à son engin de course à une main, les pieds ballant dans le vide. Le vent fit portait la voix du concourant en armure et on put entendre un faible « BAH VOILA » lorsqu’il passa à côté de son confrère.

Fort heureusement, ça ne s’avéra qu’être un classique cas de plus de peur que de mal, et Anford parvint à se rattraper magistralement et à reprendre pied sur son tapis qui se remit à filer fièrement au vent. Il venait de gagner de sacrés points de charisme et de sympathie auprès du public humain comme ange.

Félix, le champion ange qui avait ralenti face à ce petit incident, reprit lui aussi sa course à pleine vitesse et était maintenant au coude à coude avec Luthier. Les coureurs avaient parcouru une bonne partie de la piste, au dessus de la foule, et zigzaguait maintenant entre plusieurs bâtiments, disparaissant à un rythme presque régulier de la vue des spectateurs. Bien évidemment, un tas d’arbitres avaient été dépêchés un peu partout pour observer minutieusement la course.

Bien que le premier tour touchait à sa fin, l’issue était encore totalement imprévisible ; les luvneelois se donnait à leur maximum pour donner du fil à retorde aux professionnels weatheriens qui semblaient être dans leur élément naturel. Ils semblaient malgré tout avoir quelque peu sous-estimer les humains.

En bref, les parieurs ne pouvaient être sûr de rien et devaient être particulièrement à crans, les débats et les pronostiques hasardeux se multipliant. Mais personne ne put dire qui avait raison. Littéralement personne, pas même les résultats. A vrai dire, aucuns des candidats n’arriva jusqu’à la ligne d’arrivée.



Dernière édition par Klara Eilhart le Sam 15 Juil - 23:36, édité 1 fois
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Et pour cause : au beau milieu du second tour, un carambolage tel qu'on n'en avait jamais vu eu lieu aux abords de la place des Cachalions.

Windwings, en première position dans le couloir aérien agencé au-dessus du boulevard, bascula brutalement à la verticale. Droit vers le sol, sans plus du tout continuer à avancer. On pu entendre le grondement de l'ange - un hurlement strident de terreur - au fil de sa descente, jusqu'à ce qu'il parvienne à s'éjecter dans un bassin au terme d'un tonneau.

Le public s'exclama, contrairement aux musiciens qui n'avaient encore rien remarqué.

-MON DIEU! WINDWINGS PERD LE CONTROLE DE... UN TERRIBLE ACCIDENT!

Voyant le problème, Luthier et l'ange qui le talonnaient ralentissèrent brutalement. Contrairement au rédacteur du code de l'air, qui tripla subitement de vitesse pour leur rentrer dedans. Tous tombèrent dans le vide, désarçonnés de leurs véhicules par l'impact... droit vers une mort certaine, dans les rangs du public.

Ce qui causa le plus de commotions furent toutefois les véhicules des concurrents, hors de contrôle, qui basculèrent à plein vitesse dans les tribunes. Et là, la vague de panique enraya les festivités.

-MESDAMES ET MESSIEURS, GARDEZ VOTRE CALME, CE QUI ARRIVE EST COMPLETEMENT...

Il ne termina pas sa phrase. Le balcon sur lequel se tenaient les présentateurs s'effondra aussitôt, les projetant eux aussi vers le vide.



*
*     *
*



-Vous aurez besoin d'aide?

Le milicien adressa un regard appréciateur à Sigurd. Lieutenant Jérome Legrand, de la police de Norland, qu'il s'appelait. L'homme s'affichait avec un pardessus ouvert, qui laissait distinguer un holster par dessus sa chemise. Avec son chapeau feutre vissé sur la tête et sa cravate impeccableemnt nouée, il avait tout de l'inspecteur chien de chasse. A quelques détails près. Il ne fumait pas, était méticuleusement rasé, et avait préféré demander un thé aux agrumes plutôt qu'un scotch ou un café bien serré. Ca, et le fait qu'il gardait toujours son fusil près de lui. Une carabine agrémenté d'une bayonette en kit, démontée au repos, qui constituait son arme favorite. Elle s'appelait Vera, et était d'excellente facture au point de pouvoir tenir tête à un meitou. La bayonette, pas le fusil.

-C'est forcément du sabotage, répéta Legrand. Windwings a été abattu. Et les autres... ils ont tout trafiqué, ils savaient ce qu'ils faisaient. Ce qui est surprenant, parce que rien n'avait été organisé même pas quinze heures plus tôt.

Trois heures s'étaient écoulées. Le vent de panique s'était calmé de lui même, mais la foule s'était dissipée, et les esprits marqués. Plus important peut être, tous les concurrents étaient saufs, même si blessés pour la plupart. Luthier, rescapé de l'incident, assistait actuellement à la réunion, l'épaule bandée mais toujours opérationnelle. A cela, Legrand ne pouvait que concéder l'intérêt d'avoir des cellules révolutionnaires sauvages implantées dans la ville. C'était désagréable, évidemment. Mais ces "shinobis" avaient très certainement accompli un miracle en rattrapant in extremis les participants avant qu'ils ne touchent le sol. Et leur "chunin", ce qui correspondait au porte-parole de leur clan, avait accepté de se laisser interroger pour que la milice puisse confirmer ou non s'ils avaient quelque chose à voir dans tout ça.

C'était incroyable ce qu'ils pouvaient faire avec des cordes et des grappins. Et une telle réactivité face à cet impérvu... était franchement suspecte, même si ça n'avait rien d'inhabituel. Il se méfiait quand même.





-Aurez-vous besoin de moi plus longtemps?, s'enquit le ninja.
-Je pense que ça ira au moins pour le moment. Si nous avons besoin de vous contacter à nouveau...
-Nous saurons vous trouver, indiqua Jian Furinyapa. Faîtes simplement passer le mot à vos équipes que vous chercher à nous entendre, et nous nous présenterons.
-Ce qui est -trèès- rassurant. Vous avez des gens chez nous? Ou vous nous espionnez?

Legrand avait prononcé ces mots sans animosité, même si c'était forcément désagréable de savoir que des choses lui échappaient dans la ville qu'ils devaient contrôler. Encore plus au sein de ses institutions.

-Ni l'un. Ni l'autre, répondit le shinobi. Nous avons nos interlocuteurs, et ils savent nous trouver. Tout simplement.

L'inspecteur tiqua mentalement, mais passa à autre chose. Il n'était pas en charge d'essayer de percer le bazar infini qu'étaient les révolutionnaires de la ville. Et il avait la chance d'en avoir de très coopératifs à sa disposition. Il y avait plus à plaindre.

Pour combien de temps encore, c'était un autre sujet. Eh.

-Vous pouvez y aller. Evitez simplement de passer par la fen...

Le shinobi claqua des doigts, s'affaissant sur lui même... jusqu'à ne devenir qu'une ombre qui s'épancha sur le sol avant de disparaître. Et puis plus rien du tout, si ce n'est une odeur de liquide vaisselle particulièrement prononcée. Il ne comprendrait jamais.

-Putain j'en étais sûr, se plaignit le lieuteant.

C'était juste impossible. Du grand n'importe quoi. Ils ne pouvaient rien faire. Contrôler des ninjas? Qui faisaient ça? Cette ville tomberait en un instant le jour où ils le décideraient. Entre ça, les révolutionnaires, la sorcière qu'ils se trimballaient, les horreurs qui venaient frapper à leurs portes au moins tous les trimestres et les tapis volants...

-Ah ouais, pas mal, commenta Roderik à la vue du ninja.
-Je l'avais jamais vue, celle-là, renchérit Dogaku.

Ils étaient tous les deux installés sur la grande table de la salle de réunion, l'un à coté de l'autre. On ignorait encore si c'était juste pour rester ensemble, ou si c'était parce qu'il n'y avait qu'un seul bol remplit de pistaches qu'ils remplissaient et descendaient à vue d'oeil depuis qu'ils étaient arrivés. Bruyamment, ce qui leur avait valut plusieurs regards noirs dignement ignorés.

Klara et les autres miliciens présents dans la salle regardèrent les alentours, sans que rien ne transparaisse de Furinyapa. La fenêtre était fermée, contrairement à la porte entrouverte, mais... mais... aucune idée. Il avait disparu.

Eilhart s'était retrouvée ici sans trop comprendre comment. Elle avait assisté à la course en compagnie de Dogaku, et ils avaient été rejoints par la borgne, Nerassa Roderik, que le Luvneelois s'était contenté de présenter comme une excellente amie "un peu folle sur les bords, et complètement tarée dedans". Et en aussi peu de temps, Eilhart avait pu deviner que la nouvelle venue était extrêmement avenante au point d'en devenir suspecte, même si elle avait vraisemblament excellent fond.  A priori.

Ca et le fait qu'elle parlait encore plus que Sigurd, et qu'ils se chamaillaient pour un rien. Et qu'ils semblaient adorer ça. Et qu'ils parlaient d'un tas de choses qu'elle n'avait pas réussi à suivre. Et qu'ils s'étaient arrêtés de plaisanter juste le temps de l'incident, pour reprendre leurs idioties bien avant que les inquiétudes ne se soient dissipées.

Deux heures plus tard, après que la milice ait réussi à rétablir l'ordre, Dogaku s'était spontanément présenté aux officiers de la milice qui encadraient les lieux, comme s'il avait quelque chose à faire là.

"Ils vont sûrement se demander si j'ai quelque chose à faire dans ce bazar, ou si je sais un truc qui pourrait les aider. Parait que c'est souvent le cas. Je viens leur expliquer que non", avait-il expliqué aux deux femmes.

Et ils l'avaient laissé entrer sans une hésitation, conduit jusqu'à Legrand... et elles deux avec lui. Ce qui les amena dans cette petite salle de réunion tronant au coeur d'un poste de police du quartier, que le lieutenant avait réquisitionné pour ses besoins. Au final, ils avaient assisté à l'entrevue du chunin avec le lieutenant, ainsi qu'à un exposé détaillé des faits constatés jusque là.

Les quatre boulets de fonte retrouvés dans le cerf-volant de Windwings, apparus dieu seul sait comment pour l'aplatir contre le sol.

Les dials de propulsion en quantité six fois plus importantes qu'ils n'auraient dû l'être sur le tapis volant défectueux.

Les filins invisibles en cable d'acier qui avaient été tendus entre les immeubles à l'attention des concurrents.

Les colonnades complètement défoncées qui soutenaient le promontoir des présentateurs, abattues à l'aide d'outils contondants.

Comme l'avait dit Legrand, c'était du sabotage.

Et Sigurd Dogaku venait de lui proposer son aide. Ce qui était toujours bon à prendre, compte tenu des services qu'il avait déjà rendu à la ville jusque là. Même s'il ne payait pas de mine - il fallait être fort, pour donner l'impression de se laisser complètement aller quand on portait des vêtements aussi beaux - il était très utile. Et collaborait étroitement avec la milice en l'informant de tout ce qu'il trouvait et faisait, contrairement à tous ces insupportables qui préféraient faire cavalier seul et les laisser colmater les dégâts laissés sur leur sillage.

-Et bien oui, votre aide serait tout à fait appréciée, comme touj...
-Euuuh en fait nan, je préfèrerai ne pas avoir à me mêler de ça, se ravisa Dogaku. Chuis censé être un type normal et pas un enquêteur, et encore moins un combattant, vous vous souvenez?
-Eeeuh... eeeeuh... ah. Oh. Pourquoi pas.  Ca servait à quoi de dire ça tout à l'heure, alors?
-J'pas réfléchis, désolé.

-Tsss.

Bon. Pourquoi pas, se dit le lieutenant. C'est vrai qu'il n'était pas intervenu dans un quelconque incident depuis un bon moment, maintenant. Peut être qu'il n'avait pas le goût et les épaules pour ce genre de choses, finalement. Ou que ça lui était vite passé. Ce qui n'était pas plus mal. C'était à la milice de se charger de ça, pas à un pseudo héros autonome.

-Aucun problème. Mais vous n'êtes pas vraiment quelqu'un de normal, cela dit. Et vous ne faîtes pas vraiment des efforts pour l'être, monsieur l'homme d'affaires musical.
-Mwarharh. Pourquoi pas si c'est comme ça que vous voulez me mettre l'étiquette, mais ouais, chuis sûrement pas justicier vigilant. Elle par contre, c'est une chasseuse de primes, fit-il en désignant Eilhart. Elle pourrait vous aider si vous avez besoin de bras, de ce qu'elle m'a raconté elle s'en tire comme une cheffe. Et elle... c'est une putain de magouilleuse qu'on doit aussi pouvoir décrire comme une "aventurière itinérante", j'imagine, rajouta-t-il en indiquant Roderik. Mais elle est super efficace. Vous devriez la prendre.
-"Putain de magouilleuse"?
-Bougre de magouilleuse ou saleté de pirate, si tu veux plus poli.
-Mais t'es vraiment infect!
-Nan, je viens juste de me souvenir que je suis complètement dégouté que tu sois une pirate, zut.
-Une gentille pirate!
-Qui vole un porc vole un port, et je trouve ça injuste.

-Est-ce que j'ai bien entendu ce que j'ai...?, questionna le militaire.
-Probablement pas, répondit Sigurd. Je dis plein de bêtises. 'Videmment. Comme d'hab.

Il secoua la main comme en signe de dénégation : ce qu'il venait de dire était parfaitemnt ignorable... probablement. La borgne adressa un sourire éclatant au lieutenant Legrand, qui préféra finalement ne pas creuser le sujet. Pour ce qu'il savait, Dogaku était blanc comme neige, son amie avait été essentielle pour que la ville puisse rentrer en contact avec Weatheria, et...

-Mais plus sérieusement, elle ne fera rien de louche, y'a pas à s'inquiéter. Et elle va vous surprendre, elle sera très utile, appuya sincèrement le Luvneelois. Vous vouliez mon aide? Tout ce que je fais, elle le fait beaucoup mieux. Sauf être bête et grincheux, là je la surclasse bien. Vous perdez pas au change, z'avez pas à z'en faire.

Il garderait cette information sous le coude, pour une autre fois. Même Dogaku et ses amis n'avaient pas à bénéficier de passes-droits. Affecter quelques informateurs sur le sujet , en temps voulu, ne pourrait pas faire de mal. Mais pour l'heure, il avait d'autres affaires pressantes.

-Eh bien... ma foi. Pourquoi pas. Êtes vous prête à nous apporter votre aide?
-Certainement, lui répondit Klara.

Elle avait répondit sans vraiment réfléchir, en se laissant porter. La chasseuse n'avait pas envisagé que Dogaku la présente sous un jour favorable auprès de l'inspecteur -parce que bon, même s'il n'avait rien dit de spécial à son compte, il l'avait quasiment recommandée pour l'affaire-, mais en fin de compte, pourquoi pas. Elle était censée venir là en vacances, et profiter des festivités pour se reposer, pour changer. Mais au final... cette tension, ces incidents, le fait d'avoir à nouveau un réel objectif à acomplir, et quelque chose de bien à faire... c'était son élément. La visite de la ville lui ferait un excellent souvenir, mais Eilhart avait déjà trop de temps libre pendant ses traversées de l'océan. Vagabonder au gré des bonnes idées de son guide, c'était encore autre chose qui ne lui correspondait pas tant que ça.

-Je vous en remercie. Je vous propose de vous rapprocher du bureau de la milice, dans un premier temps, ne serait-ce que pour qu'ils vous donnent les accréditations nécessaires et qu'ils puissent vous inscrire dans les registres des aides de la ville. Vous devriez aussi parler à Faris - notre gestionnaire des scientifiques, ils balaient toute la zone à la recherche de traces. Pour un plus gros briefing, on verra ça plus tard. Et en ce qui vous concerne...

Ces derniers mots étaient adressés à Roderik, qui était restée présente, bien qu'assez dissipée. Elle était occupée à se chamailler à voix basse avec l'autre, et... ça n'était pas exactement une bataille de pouces qu'ils venaient de faire, mais... pourquoi diable se tenaient-ils tous les deux le nez comme ça?

-Allô?, hésita l'officier.

Elle lâcha les deux joues de Dogaku étirées stupidement en une grimace absurde, attendit qu'il en fasse de même avec ses sourcils à elle, puis se tourna vers lui en ajustant son tricorne pour se redonner contenance.

-Ouiiii. Suis vexée que vous n'ayez pas commencé par moi, pour info. Alors donc... on pourrait vous aider? Vraiment?
-Jeee... j'ai des doutes, commença le lieutenant. En fait, je me demande...

Il ne termina pas. Nerassa venait déjà de se désintéresser de lui, faisant volte face pour s'en retourner vers Sigurd.

-Allez, ça va être mégachouette. T'as vraiment pas envie de te mêler de ça?, lui demanda-t-elle.
-Vraiment trop pas du tout. Chuis convaincu que le monde fera très bien moi. Comme j'disais à Klara l'autre jour, la milice fait très bien son boulot. Vous z'avez pas besoin de moi.
-Mais ça va être fuuuuun.
-Naaan. Je préfère glandouiller pendant mon temps libre, en ce moment. J'd'autres moyens de m'amuser.
-T'as toujours du temps libre!
-Que tu crois. Ca s'est pas fait tout seul, déclara-t-il en tirant sur le col de sa redingote pour montrer ce qu'il portait.
-Et voilà, c'est fini. Maintenant : Sig' est riche, il s'sent plus, dans dix ans il sera gros comme un baril et chiant comme la pluie.
-Tuuu... parles à un gars qui organise des comédies musicales qui pop de nulle part, tu sais?
-Et qui jouait au Sheepball avant ça, putain!

-Tut tut tut. Mon boulot c'était d'organiser les fêtes de fin d'année pour la ville, d'avoir de chouettes idées et de les mettre en place. Et je crois qu'on a une petite île volante en orbite stationnaire au dessus du port, donc le taf est bien fait.
-Nan mais...

Elle ne termina pas sa phrase. Pour cause, une grande figure musculeuse qui venait de pénétrer dans l'antichambre de leur salle de réunion... et qui l'avait visiblement fait sans autorisation.

Sans que personne ne puisse la stopper, également. Et rares étaient ceux qui osaient protester au dessus d'un demi-ton, alors que le nouveau avançait au milieu des bureaux de l'office.

-Doucement, Letka, douuuucement. ils n'y sont pour rien.
-Je sais. Je me contente d'entrer. Je n'ai frappé personne, tu as vu.
-Tu les as renversés et... oh, je suis vraiment désolée, il ne tenait pas à...
-Mais oui, on est désolé. Allez, y'a pas de mal.

L'ange, ou plutôt l'armoire à glace rousse dotée d'ailes, releva un officier qu'il avait à moitié couché sur une table en forçant le passage. D'une seule main, en le soulevant à hauteur de la ceinture, à bout de bras, sans montrer le moindre effort.

   

-Stylééééée, commenta Roderik. Et plutôt beau gosse.
-Je le savais, répondit Dogaku. Vous êtes toutes toujours à baver sur les dark ténébreux.

Il jeta un regard à Eilhart... qui était, en effet, elle aussi subjuguée par les muscles de l'ange. On voyait chaque contour de ses bras, et...

Il lui fallu un instant avant de refermer la bouche et éponger la bave qui coulait sur sa joue.

-Tu reviendras quand t'auras ses biceps, bonhomme.
-Aaaarghbl.
-Mais j'aime pas ses tatouages, si ça peut te...

 

-Bonjour. Je suis Letka, des boucliers de Weatheria. La troupe d'élite qui protège les magos. C'est ma soeur, indiqua-t-il en parlant de la femme derrière lui, une autre ange elle aussi.
-Tina Firespirit, enchantée. Je... vous êtes sur l'incident? C'est bien vous?, demanda-t-elle à l'adresse de Legrand.
-Tout à fait.
-J'ai besoin de savoir tout ce que vous savez sur ce qui s'est passé, intima le guerrier. Félix m'a dit qu'il avait été attaqué. A coups de boulets de canon. On a rien entendu. Et ça n'est pas normal.
-Oui, alors donc...
-Je vous laisse!, déclara Sigurd. Qui m'aime me suive et pour les autres... ben bon courage, et merci pour ce que vous faîtes. Sincèrement.

Des paroles peut être maladroites, et sûrement mal interprêtées. Sa désinvolture lui attira plusieurs regards, dont ceux des anges qui trouvèrent presque suspects qu'il s'éclipse à leur arrivée. Letka le regarda d'un air inquisiteur, qu'il préféra ne pas soutenir. L'ange ne le retint pas. Pas plus que Roderik, qui n'en avait pas fini de vouloir le recruter, mais ne voulait pas perdre sa chance auprès du lieutenant pour faire partie des festivités. Et puis, la borgne sentait qu'elle pourrait faire montre de ses talents de négociatrice -ou d'enfumeuse notoire- avec ce Letka qui semblait de mauvais poil. Aussi se rassit-elle, ignorant les cacahouètes pour se rapprocher de Luthier.

Cela dit, quelqu'un talonna Dogaku au sortir de la salle. Lorsqu'il se retourna, il retrouva Klara, qui avait visiblement quelque chose à lui dire. Qu'elle ne savait pas vraiment comment lui formuler.

-Merci pour le cadeau, lâcha-t-elle finalement.
-Oh beuh... désolé si c'est ça. Je croyais que ça aurait pu vous faire des affaires ici, et... comme vous m'aviez dit que...
-Non, non, je veux dire, vraiment merci. Je préfère ce genre de choses.
-Ah?
-Oui. Je crois que les vacances... ça n'est pas trop mon truc.
-Ah. 'Kay. C'est bizarre, mais...
-Je suis bizarre, je sais.

-Bah. J'connais pire. Et pour l'illustration, voilà. C'est mon taf de faire ça. Permettre aux gens de trouver des occaz' pour faire des choses chouettes. Du coup j'ai aucune idée de ce qui va se passer sur s't'histoire, mais... merci pour ce que vous allez faire, je m'inquiète pas du tout.
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-Et donc, vous leur avez dit que..?
-Que je suis convaincu qu'ils y arriveront très bien tous seuls et qu'ils le savent très bien. J'ai juste mis Nerassa sur le coup pour lui faire plaisir parce que c'était obligé que ça l'intéresse, et la chasseuse de primes parce que... euh... ça m'a semblé normal.
-Mais vous avez quand même tout écouté de A à Z.
-Baah euh... même en espérant très fort que j'aurais rien à voir avec ça... c'est utile de savoir ce qui se passe, ouais.
-Hum mmh. Évidemment, fit-elle d'un ton condescendant.

En cette fin de beau jour festif, Haylor et Dogaku s'étaient retrouvés... dans leur bureau commun au sein des locaux d'HSBC, parce que c'était de toute manière ce qu'ils avaient qui se rapprochait le plus d'un salon pour faire salle commune. Et aussi parce que la folle furieuse qui servait de partenaire à Sigurd tenait absolument à travailler même en ce jour. Ce qui ne les empêchaient pas d'échanger en même temps. Elle affairée à éplucher méthodiquement une pile de dossiers haute de un mètre - et il y en avait huit autres disposées en équilibre précaire autour d'elle -, lui à passer en revue toutes les correspondances qu'on leur avait adressées depuis la veille.

À ceci près qu'il avait commencé à faire un château de cartes avec toutes ces enveloppes, et qu'il cherchait maintenant à déplacer du mobilier dans la pièce afin d'avoir la place de continuer. Le donjon principal avait fière allure, il avait monté de magnifiques toitures avec des post-it, et travaillait maintenant sur le village jouxtant le château. On pouvait voir par-ci par-là des animaux en origami qu'il avait chapardé à la chasseuse un peu plus tôt dans la journée, avant l'incident. Ils avaient très bonne mine et complétaient à merveille l'ensemble.

-Il faudrait une fontaine.
-Mmh?
-Dans la cour intérieure. Construisez une fontaine, lui demanda Haylor.
-À vos ordres, ma reine. Je propose qu'on l'appelle Fort Stupide, pour info.

Il était très très bête, mais ne faisait ça que pour l'amuser, ce qui était effectivement une distraction bienvenue. Et il devenait bon, à force.

Et puis, il ne s'arrêtait pas vraiment de travailler pour autant, même s'il perdait du temps. Il préparait mentalement ses retours de courrier en même temps qu'il jouait.

-Bon, pour Bambana. Je propose un "Cher Monsieur, excusez moi de vous demander pardon, mais je meurs d'envie de vous envoyer vous faire foutre parce que les termes de votre accord sont complètement pétés et qu'il est juste hors de question qu'on se mette à voler les gens comme ça. Des taux à douze pourcents c'est mort, même quand les gens sont assez dans la merde pour les prendre, on ne fera pas ça". Z'en dîtes quoi?
- Je valide. Vous pouvez lui répondre.
-Hein? Naaan, vous devez m'tempérer, vous qui êtes la personne raisonnable. "Sigurd, vous ne pouvez pas répondre ça à un affilié de la mafia influent sur Luvneel!"
- Je pense la même chose que vous de cet homme.
-Aw. Bon, va falloir que j'arrondisse alors, ça serait bête qu'on se fasse des amis.

Et il se replongea sur son bureau, rédigeant son courrier tout en caressant les antennes de son escargophone quand celui-ci bipotait jalousement pour avoir de l'attention. Ce qui lui prit cinq minutes de silence, avant qu'il ne se relise.

- Bon, et à votre tour, maintenant. Votre journée? La milice? Vous leur avez dit oui, j'imagine? Vous allez sauver le monde? Pour changer?
-S'ils ont besoin de mon aide. Ou de... puissance de feu... oui, je les aiderai.
-Que pour les trucs dangereux, quoi. Vous signez que pour ça. Yaaaaay, joie, bonheur, bienveillance.
-Ma foi, ça pourrait être dangereux, mais... c'est moi la plus dangereuse, non?
-Pfff. Probablement que oui, et ça doit être ça l'pire. Mais c'est pas une raison.
-Pas besoin de faire cette tête. Je ferai attention.
- Et JE ferai attention, surtout. Ca ou me bouffer les doigts de vous avoir laissé faire des conneries et d'y perdre des plumes. Bon okay, pourquoi pas.
-Allez. Ca ne sera pas la première fois... oh, et puis...

Elle lui détailla sa journée, avec beaucoup plus de détails que lui même ne l'avait fait. Globalement similaire à la sienne, à quelques détails près. Elle avait passé beaucoup moins de temps avec la police, mais avait également reçu la visite de Jian, le chunin, qui l'avait informée de ce qui s'était dit.

Elle avait aussi tiré sur quelques-uns de ses tuyaux personnels pour avoir un retour des révolutionnaires sur le sujet. Pas du groupe des ninjas, mais de l'ensemble le plus dur de l'armée du Dragon, celui qui ne collaborait pas de plein gré avec les autorités. Ils ne savaient rien de plus que la milice n'avait pu découvrir. Mais ça, elle ne l'indiqua pas à Dogaku. Il ne les aimait pas, et avait des sautes d'humeur à leur simple mention.

-Sinon... la ville m'a demandé de participer aux épreuves, glissa-t-elle doucement.
-Pour les jeux trollympiques?
-Hu?
-Les... jeux inter espèces machins bidules imprononçable, là.
-Les Epreuves Sportives Visant à Favoriser le Rapprochement Entre Les Peuples de Weatheria et Luvneel. ESVFRELPWL.
-Ca ouais. Et?
-Je participe à la troisième épreuve. Demain en fin de journée, probablement.
-Mh mh. Sans surprise.
- Ah?
-Baaah... ouais? Ca semblait... évident. Ces épreuves, c'est l'occasion de flamber, de montrer tout ce qu'on a dans le ventre, de faire les intéressants. Alors forcément, ils allaient pas se gêner pour vous mettre en avant. Ce sera un truc dangereux, ça aussi? Un duel de magie, ou dans le genre?
-Sigurd. Si vous devinez tout...
-Je peux faire le dialogue à moi seul, ouais je sais. Allez hop, et la preuve par l'exmple!

Il s'enfonça un peu plus dans son siège, ouvrit un de ses tiroirs, et en tira deux chaussettes qu'il passa sur ses mains. Celle de droite était à pointe beige pour le visage, ornée d'une perruque chatain coiffée comme un chignon, et d'une robe indigo aux motifs détaillés. L'autre, coiffée d'une tignasse blonde, portait une redingote grise, un foulard de carmin et souriait d'un air niais.

Encore que, les deux chaussettes-figurines souriaient d'un air niais, pour le coup.

Et la voix de souris enrhumée que leur prêtait Sigurd n'arrangeait pas les choses.

"Et voilà, c'est toujooouuuuurs la même chose.", fit la chaussette à l'effigie d'Evangeline. "Vous pourriez au moins être fier de moi, plutôt que de tout de suite parler de s'inquiéter alors qu'il ne s'est encore rien passé".

"Nan mais ça c'est pas le problème, je suis le premier à vous dire que je suis ravi que vous ayez trouvé un truc qui vous botte à ce point et que ça rende aussi dingue. Et suis aussi celui qui profite le plus de tous ces trucs pratiques, on va pas se mentir".

"Mais ça vous brulerait la langue de me féliciter, hein?".

"Nan, mais ça piquerait très fort. Et surtout..."

"Hhhh..."

"Bon, bon. Mais tout le monde sait déjà que vous êtes la plus puissante et la plus réputée des sorcières de North Blue et... aaargh... mais pour moi vous êtes juste une timbrée maniaque qui se jette voracement sur la moindre trace de machin vaguement nébuleux qui peut être qualifié de magie et... je trouve ça complètement adorable quand vous êtes à fond dessus mais parfois vous êtes juste vraiment trop... argh... mais je suis très heureux que les gens vous reconnaissent sur quelque chose qui vous fait aussi plaisir, même si c'est quand même quand même hyper dommage qu'ils s'arrêtent à la psychopathe armée de boules de feu et qu'ils ne voient pas l'encyclopédie de l'étrange qui fait des recherches et mémorise des anecdotes obscures sur tout et n'importe quoi, mais... ouais, je suis content pour vous. Et suis sûr que vous allez les défoncer sur l'épreuve, même si chais pas ce que c'est."

"...."

"Rhooo allez, c'tait pas si mal que ça."

"Bon, ça fera bien l'affaire. Alors. Était-ce si difficile?"

"Je crois que ça a été un gros effort, quand même. Ca mérite quelque chose. J'peux avoir des papouilles?"

"Oh, bien ma foi..."

"Brrrrrbl"

"Tsss."

"Mwarflmwarflmwarfl"

"Pas les oreilles, non, ça chatouiiiiiiillle!!!!".

"MWAAAAARGH, A L'ATTAQUE, JE VAIS VOOOOUUUUUUS..."

"HIIIIIIIIIIII!!!"

Et il rapprocha les deux chaussettes, en simulant toute une série de bruitages -progressivement de plus en plus absurdes et évocateurs- qui vinrent à bout de la réserve de l'autre. Morte de rire, complètement hilare, elle bascula sur sa gauche et expédia un coup de tête sur sa pile de classeurs, qui lui retomba dessus... ce qui redoubla ses gloussements. Et rendit l'autre très fier de sa victoire par K.O.

-Mwarharharh. Mais j'adore ces chaussettes, putain. Elles sont vraiment géniales. Je sais pas ce qui me rend le plus dingue : que j'ai sorti que ce serait une bonne idée d'en avoir des comme nous quand je fais mes conneries, que vous m'ayez pris au lot pour les tricoter vous même, ou qu'on soit encore là à en rire plus de cinq mois plus tard.
-C'était très amusant. De les faire.
-Promis, dans notre prochaine vie, vous faîtes couturière et je vous suis.
-Aaaaah, la réincarnation. C'est un énorme chantier, oui. Vous avez lu mes livres?
-Euh... nan, j'voulais dire...
-Il faudrait que l'on fasse un tour sur Inari, un de ces jours. Je sais que vous n'êtes pas à l'aise avec tout ce qui est religieux, mais il s'agit d'un thème très fortement lié aux dimensions théologiques, et les trois quarts des autorités en la matière sont...
-Nan mais j'm'en fiiii... argh.
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– Du coup, la pro, on commence par quoi ? Demanda Nerassa en marchant à reculons, de sorte à faire face à la chasseuse. Genre, vous faites comment d’habitude ?
– Je fouine. Mais là, on fait ça officiellement, répondit-elle en secouant la petite lettre signée qu’on leur avait filé au bureau de la milice.

Elles étaient officiellement autorisée à mettre leur nez presque partout pour aider la cité de Norland. Bien que ce n’était pas une première fois pour Klara, la plupart de ses traques étaient plus ou moins en solitaire. Aujourd’hui, elle n’était qu’une simple aide et un bras armé en plus. Ce qui, au final, n’était pas si déplaisant que ça. Elle pouvait compter sur tout un tas d’autres personnes. Et sur une compagnie plutôt inhabituelle, en la personne de Nerassa, amie de Sigurd et… Klara ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait. Elle avait juste le regard malicieux. Ce qui n’était pas forcément de bon augure.

Elles se déplaçaient de rues en rues, toutes aussi bondées l’une que les autres. Klara commençait à s’habituer à la ville, même si les festivités la rendaient un peu étouffante pour elle. Un peu de grand air lui ferait du bien. Sigurd lui avait rapidement parlé des autres provinces du royaume. Peut-être qu’elle se laisserait tenter par l’une d’elle, après tout ça. Peut-être.

– Dooonc… Chasseuse de prime, hein, s’extasia Nerassa un peu trop pour que ça soit naturel. Classe.
– Sûrement.
– Vous aimez votre boulot ?
– Ça va.
– Vous aimez bien l’action ?
– Plutôt, oui.
– Et… vous aimez bien tuer ?
– Ça dépend qui, je suppose.
– Ah ouais… Et, genre… Tout ce qui a une prime, paf, hein ?
– Bof.
– Bof ?
– Pas vraiment.
– Je veux dire, c’est pourtant votre job.
– Ouais, mais le gouvernement à l’air prêt à dépenser une fortune pour déléguer. Du coup, je crois que j’en suis plus ou moins arrivé au stade ou je peux un peu choisir mes cibles. Ça va un peu à l’encontre de la chose, mais bon.
– Ah ! Rassurant.
– Comment ça, rassurant ?
– Rien, je voulais dire cool. Vous avez un genre de code d’honneur, quoi. C’est cool. Ah, on est arrivée regardez. Booonjour !

Devant eux se dressait un petit bâtiment qui semblait avoir été réquisitionné par tout un tas de membres de la garde et de spécialistes qui avaient tous pour job de retrouver et d’analyser tout ce qui pouvait servir à comprendre ce qui s’était passé lors de la course. L’endroit avait donc était choisi en conséquence, et il se trouvait au milieu du parcours qui avait été dessiné pour la première épreuve. C’était un café à la base, mais il s’était bien vite transformé en QG de recherches. Des papiers en tout genre et des cartes avaient remplacés les godets habituels, et les ivrognes et fêtards avaient fait place aux chercheurs. Les filles trouvèrent rapidement des yeux la personne qu’elles étaient venu trouver.

Faris avait la mine fatiguée mais il avait toujours l’air droit et totalement sérieux : il avait les cheveux courts et noirs implacablement plaqués sur le côté, une moustache taillée à la perfection, et portait sur lui un long imperméable qui lui donnait un air cliché de détective. Il portait aussi des gants fins mais élégants. Il était entrain de discuter avec d’autres détéctives-clichés quand Nerassa s’approcha.

– Désolé, commença-t-il d’une voix roque. Interdit aux v-
– Chasseuse de prime, réquisitionnée par la ville pour aider, le coupa Klara en agitant le petit papier devant lui.

Le coordinateur vérifia par lui-même, puis soupira avant d’inviter les deux jeunes femmes à le suivre. Il les mena jusqu’à une grande table sur laquelle se trouvait la carte précise de la zone de course, avec des croix et d’autres annotions marquant le lieu de l’incident, et probablement les endroits sabotés ou autre. Parmi les bâtiments marqués se trouvait celui dans lequel elles venaient d’entrer, ainsi que d’autres.

– Alors, commença Faris, ic-
– Attendez, attendez, le coupa Nerassa qui sorti un calepin -probablement volé sur une autre table- et un petit crayon. Je dois tout noter, conscience professionnelle.
Il me semble pas que vous soyez détective…, chuchota Klara.
Je suis sûre que j’ai le talent pour !
– Bon, vous m’écoutez ? Les reprit le coordinateur.
– Oui.
– Oui !
– Alors. Le lieutenant vous a donné tout les détails ?
– Non.
– Non !
– Hmpf. Bon. Je vais reprendre depuis le début. Écoutez bien hein, parce que je répéterai pas tout.
– De toutes façons, je note tout.
– Hmhm. Donc, voilà où nous sommes actuellement. Juste au niveau d’un des checkpoints de la course d’aujourd’hui. Les saboteurs ont tiré depuis le dernier étage. Les boulets de fonte ont directement touchés le tapis de Windwings. Et… Si le lieutenant vous recommande, je suppose que je peux… Entre nous… l’arme utilisée vient de notre milice.
– Haha ! s’exclama un peu trop fort Nerassa, ce qui lui attira plusieurs regards curieux.
– Un traître ?
– Probable. Qu’est-ce que je raconte… C’est même obligé. Vous voyez, c’est loin d’être tout ; ces types savaient où frapper et quand frapper. Ils connaissaient le parcours d’avance et se sont organisé en conséquence. Vous voyez les deux tours, là ? Ils ont tendu plusieurs câbles d’acier entre. Et ils sont aussi parvenu à trafiquer le tapis de Securitron, notre chevalier de la prudence. Et ces engins là, on les confie pas à n’importe qui. Mes gars sont entrain de chercher des traces d’effractions. Et c’est à peu près tout ce qu’on sait pour le moment. Autant vous dire qu’on navigue en plein brouillard.
– … navigue en plein… brouillard.
– Vous notez vraiment tout ce que je dis ?
– notez vraiment… ce que…
– Eh, oh. Ce que je dis là, gardez le pour vous. Vraiment, pas besoin de semer le doute ou la panique plus que nécessaire.
– Pas de problème ! Le rassura la pirate. Ils ont saboté son tapis donc ? Ces machins là, ça marche pas par dials ?
– Tout à fait.
– Donc, ils en avaient en réserve.
– Tout à fait.
– Les anges aussi en ont en réserve, non ? Tout plein !
– Effectivement. Mais je vous déconseille de les mettre sur la liste des suspects. Leurs participants aussi auraient pu y passer. Et le lieutenant a mis des hommes sur le coup pour voir si certains de leurs machins-coquillages ont disparu.
– Je vois ! Je les mets entre-parenthèse sur ma liste de coupables alors.
– Suspects.
– Ouais. Je mets votre nom aussi.
– Pardon ?!
– Bah quoi ? Vous dites que y’a sûrement une taupe, ça peut-être vous.

Le coordinateur chercha le regard de Klara, sûrement pour l’inviter à calmer sa partenaire. La chasseuse haussa simplement les épaules.

– Vous pensez que c’est des parieurs qui voulaient influer le donne ? Continua la pirate.
– Peu probable, trop bien organisé pour au final rien.
– Soit ils sont très nuls, soit ils ont un tout autre but, confirma Klara. Mais tu peux mettre ta théorie entre parenthèse si tu veux, ajouta-t-elle en voyant la mine triste de Nerassa.
Yes.
– On peut prendre une de vos cartes ? Demanda la chasseuse face au silence de leur interlocuteur. On ira sûrement faire un tour après.
– Pas de problème, mais vous trouverez rien de plus que mes gars. Vous voulez du café ?

La tasse et son contenu était si brûlant que Klara peinait à s’en approcher. Elle allait devoir être prudente pour pas se-

– PATRON !

Le claquement de porte suivi de l’apparition incongru d’un des « gars » de Faris déconcentra Klara et ses papilles se retrouvèrent instantanément carbonisées par la caféine à température située entre 60 et 60 000 000 degrés selon ses estimations. La chasseuse réprima un cri puis tâcha de se concentrer et d’enregistrer le visage du nouvel arrivant dans sa mémoire, imaginant une douzaine de façon de le tuer.

– Accouche, bon sang.
– Vous d’vez v’nir voir ça… Urgent, m’sieur.

*

Klara fit claquer sa langue douloureuse en rentrant dans la pièce désignée par le jeune enquêteur ; elle put sentir de l’eau s’infiltrer dans ses bottes abîmées. Ils se trouvaient, elle, Nerassa et Faris, dans un petit appartement non loin du QG improvisé. Et tout le sol du séjour s’était visiblement vu recouvert d’une couche d’eau d’un bon deux centimètres. La chasseuse constata rapidement les traces de luttes visible un peu partout ; sur les fauteuils, la table, les murs. De l’eau, quelques traces de sang, des impacts, et…

– Oh… soupira Nerassa.

Et un corps. Humain. Le coordinateur et la chasseuse s’en approchèrent tandis que la pirate sortit son calepin pour y gribouiller on-ne-savait quoi à vitesse mach-3.

– Mâle, la trentaine. Pas de blessures, pas de sang. Seule cause de la mort possible…
– Noyé, constata Klara en appuyant au niveau d’un des poumons de la victime.
– Un homme-poisson ? Demanda Nerassa qui n’avait jamais écrit aussi vite.
– Possible. Mais ils restent en grande majorité terré à Luvneelroom, indiqua Faris.
– Patron, r’gardez…

Le jeune homme indiqua au petit groupe plusieurs plumes qui flottaient tranquillement à surface de l’eau, avant de reprendre ;

– Y’avait un ange, ici. Probablement une ! s’exclama-t-il en jetant un regard au cadavre. Mais j’sais pas si c’est vraiment lié à notre affaire, patron…
– Ça l’-
– Et pourquoi pas ! On est en plein dans la zone de course, constata Nerassa en regardant le plan.
– Et on a une sacrée vue sur le parcours, ajouta Klara.
– Si vous arrêtiez de me couper, soupira Faris. C’était l’un des postes d’observation. Pour les arbitres. Un humain et un ange par poste, pour vérifier que tout se passait correctement, surveiller les éventuelles tentatives de triches, ce genre de chose. Et celui-ci était parfaitement situé pour observer l’incident. Ils avaient peut-être besoin d’un autre point de vue, ou alors ils voulaient éliminer les meilleurs témoins qu’on aurait pu avoir.
– Mais pourquoi prendre l’ange…
– Ils veulent peut-être se couvrir, proposa la chasseuse. Les armes luvneeloises, les techniques d’homme-poisson, les dia-… les coquillages des anges, l’ange disparu.
– On a pas vraiment besoin de ce genre de tension. Ça va nous retomber dessus… Ça pue, ça pue vraiment. Toi, reste ici, je vais envoyer quelqu’un pour t’aider à déplacer le corps. Je doute qu’il nous apprenne grand-chose en plus, mais on ne sait jamais. Quant à vous deux, je pense qu’on devrait tous retourner voir le lieutenant.

*

– Pardon ? Bordel ! s’exclama le Lieutenant Legrand. Manquait plus que ça. Ces types là sont sérieux. Vraiment sérieux. Il faut que j’en informe les autres.
– A part ça, on piétine, conclut Faris tristement.
– Vous pouvez retourner à vos affaires, Faris. Informez moi de la moindre découverte, passez tout le port au peigne fin s’il le faut, enfin… Faites votre boulot, quoi. Quant à vous… Une quelconque idée avant que je parte affronter nos hôtes ? Eilhart, qu’est-ce que vous feriez dans ce genre de situation ?
– Ben… commença l’intéressée.
– En fait… continua sa partenaire.
– Ça va pas vous plaire…
– Parce que…
Oui, allez-y.
Non non, à vous l’honneur.
– Et ben, quand je peux pas moi-même trouver ma cible…
– Ah non ! s’emporta le lieutenant de police.
– Je me retrouve parfois obligée de…
– Non, non.
– Enfin, de la faire venir à moi quoi. Et comme là, on sait où ils vont sûrement frapper si ils continuent…
– Bon sang.

*


– BIENVENUE, BIENVENUUUUE, LUVNEELOIS, LUVNEELOISES, WEATHERIENS, WEATHERIENNES, TOURISTES DE TOUT HORIZONS… JE VOUS SOUHAITE A TOUS LA BIENVENUE DANS NOTRE SECONDE EPREUVE DES « ÉPREUVES SPORTIVES VISANT À FAVORISER LE RAPPROCHEMENT ENTRE LES PEUPLES DE WEATHERIA ET LUVNEEL » ! MALGRÉ LE PETIT INCIDENT D’HIER, qui je le répète n’a fait aucunes victimes, LA FETE DOIT CONTINUER ! ET C’EST AINSI QUE JE VOUS RECLAME UN TOURBILLON D’APPLAUDISSEMENT POUR NOS CHAMPIONS D’AUJOURD’HUI ! VOYEZ VOUS…

La scène avait été déplacée et renforcée, et une distance de sécurité avait été établie entre celle-ci et le public. Officiellement, parce que l’épreuve du jour le requérait. Officieusement, parce qu’il y avait toujours un risque, même minime, de pépin. Ce qui, d’après le maire et le Lieutenant Legrand, qui avait été mis à la tête des opérations et de la sécurité de l’événement, ne devrait pas arriver. Un nombre incalculable de mesures avait été prises pour éviter tout problème ou sabotage : le nombre de miliciens avait doublé, d’autres chevaliers de la capitale s’étaient déplacés exprès et on pouvait en apercevoir à chaque coin de rue. La plupart des bâtiments environnent avaient été investi et la milice local avait même requérit l’aide des shinobis de Norland. De manière presque-officielle d’ailleurs, car leur efficacité la veille avait fait sensation parmi les habitants du port, et leur présence avait quelque chose de rassurant. Leur côte de popularité avait tellement grimpée que…

– …NOUS VOUS AVONS ENTENDU, PEUPLE DE LUVNEEL, PEUPLE DE WEATHERIA… VEUILLEZ ADRESSER UN DÉLUGE D’APPLAUDISSEMENT POUR NOTRE PREMIER CONCURRENT… JIAAAAN… FURINYAPAAA !

Le déluge de clap eut bel et bien lieu, et Klara eût du mal à se concentrer pendant un instant. Elle avait bien entendu accepter de prêter assistance à la milice pour surveiller l’épreuve et tenter de débusquer les éventuels saboteurs. Outre l’enquête qui avait lieu, Legrand avait organisé une vaste toile de surveillance, prévoyant des groupes de gardes, des rondes, et poste d’observation, des planques, ce genre de chose. Toutes les personnes concernée avaient reçu leurs ordres la veille, puis de nouveaux ordres, différents cette fois, le lendemain matin, puis encore des autres peu de temps avant l’épreuve. Tout ça pour empêcher le plus possible les saboteurs de s’organiser correctement. Si tant est qu’ils aient prévu de sévir encore aujourd’hui.

Chaque groupe avait reçu un denden pour faire leur rapport toutes les quelques minutes. Le dispositif était véritablement impressionnant, surtout en sachant qu’il fallait qu’il soit invisible au public. Les civils savaient que la sécurité avait été renforcée à cause des événements de la veille, évidemment, mais ils ne savaient pas à quel point.

En bref, le lieutenant n’avait très certainement pas dormi cette nuit.

Et tandis que Klara observait la foule depuis le petit balcon sur lequel elle avait été envoyée, le commentateur sportif, toujours en forme malgré le plâtre qui lui bloquait le bras gauche, annonça le second concurrent de l’épreuve qui s’annonçait bien différente de la précédente.

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