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Genèse



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Les nuages s’étaient abattus pour rester sur Skypiéa, quelques jours après l’arrivée de Quadrant, Céline et Amaury. Cependant, après les festivités de la naissance et l’implication de Rafaelo dans son nouveau rôle de père, il avait été rapidement question de reprendre la lutte. Caleb et Esther avaient déjà bien changé, en peu de temps. Ils avaient les yeux gris, tous les deux, et se ressemblaient presque en tous points. Une réminiscence du pouvoir du révolutionnaire, peut-être. Quoi qu’il en fût, l’assassin avait récupéré une tenue de son ordre, suite au retour de sa bien-aimée. Celle-ci gardait encore la couche, pour cause de la difficulté de son accouchement et du trajet jusqu’à Skypiéa, mais cela n’empêchait pas Rafaelo de s’esquiver, laissant les bambins aux mains de Mangrove. Il supervisait les travaux du cimetière d’épaves, préparant son prochain retour vers Alabasta. Ils avaient contacté la révolution en guise de support, avec un objectif bien précis : la récupération de l’épave de l’Enterprise. Mais avant tout cela, il avait fallu faire de nombreux efforts pour faire de Skypiéa, et de Maselfush Island, un endroit où il faisait bon vivre.

Gageant que la cachette du ponéglyphe ferait un abri suffisant, et Mangrove faisant une grand-mère admirable, Céline s’était installée avec elle. Là demeurait à présent le cœur des communications de l’île. De nombreuses fois, Rafaelo et la jeune maman avaient discuté de l’avenir de l’Umbra, avec le consort des autres membres. À peine quelques semaines s’étaient passés depuis la naissance des jumeaux. Semaines consacrées à préparer le retour de Rafaelo au sein de la révolution, en toute discrétion. Il était convenu que sa nouvelle vision de l’avenir ne pouvait être possible qu’en ayant fait preuve de sa bonne volonté avant. Sans compter qu’il ne pouvait rester en ces terres sans mettre l’île en danger. Encore une fois, la Cause leur coûtait beaucoup. Ce fut pourquoi il décida d’aller consolider les bases révolutionnaires sur Alabasta, territoire officiellement neutre. Récupérer l’Enterprise en ferait une mission annexe, qu’ils accompliraient sur la route. Récupérant les matériaux et profitant du savoir-faire révolutionnaire en termes de discrétion et d’acheminement. Comment mieux prouver sa bonne volonté qu’en fournissant matériel technologiquement avancé et en s’assurant qu’il soit employé à bon escient ?

Se souleva alors un autre problème. Comment descendre la mer blanche ? Pariant tout d’abord sur ses talents, l’assassin essaya plusieurs fois de franchir les brumes avec ses pouvoirs mais les vents étaient trop puissants. Il en vint alors à la conclusion qu’il ne pourrait qu’emprunter la voie maritime, et il aurait, pour cela, besoin du consort des sélénites. C’était une condition sine qua non à la récupération de l’Enterprise, mais ces derniers étaient trop instables. Puis, après discussions avec Shaïness, ils avaient conclu qu’il était temps de leur donner un aperçu et une chance au sein de la révolution, la vraie. Ainsi, ce fut une équipe dirigée par Amaspa, la sélénite, et quelque peu Sanji, l’ange, que Rafaelo ratissa le cimetière d’épaves de façon à construire un navire adapté au retour sur les océans d’en-bas. Or, bloqué sur cette île céleste, il n’était pas question de perdre inutilement son temps. Il y avait toujours un point que l’assassin n’avait pu percer à jour. Il avait, certes, réussi à invoquer le pouvoir qu’était le fluide combatif lorsqu’il avait fait face à Kulkutanne, le serpent ailé géant, mais c’était tout. Seul Solomon, l’être amnésique qu’il était autrefois, avait su l’invoquer à sa guise. Transformant l’assassin en véritable guerrier. La fusion des deux essences lors de son voyage initiatique n’avait servi qu’à lui faire se poser plus de questions. Il n’y avait, sur Skypiéa, que deux êtres capables de manier ce pouvoir. L’un était mort, l’autre était … en froid avec l’assassin. Ne restait donc qu’une seule solution …

« C’est bizarre quand même, qu’est-ce qu’il fout sous une cascade ? »

« Je sais pas, s’il pouvait nous aider, ça serait sympa … »


Une véritable vision des temps anciens. Les îles célestes étaient bercées d’un magnétisme particulier qui faisait naître des courants d’une manière toujours inexpliquée. Comprendre comment une telle chose était possible était l’apanage des scientifiques, et il semblait que les sélénites avaient une marge d’avance là-dessus. Le révolutionnaire n’était pas de ceux-là, et il ne nourrissait qu’une idée : celle de devenir encore meilleur. Si un nouveau pouvoir avait jailli en lui, il devrait aller chercher au plus profond de lui-même la capacité de l’appréhender. De le cerner, de le nourrir. Or, il y avait une chose dont il ne pouvait plus se départir depuis qu’il avait refait surface. Les pouvoirs de son fruit du démon. Il avait cessé d’être humain longtemps auparavant, et était aujourd’hui arrivé à un degré de fusion avec la fumée tel qu’il ne l’avait jamais espéré. D’une pensée, la fumée obéissait. D’une pensée, il pouvait voler ou tordre les nuages. À quoi bon tant de puissance, s’il ne pouvait pas changer les choses ? Sur Skypeia, il n’avait été que violence et destruction. Il n’avait rien fait que suivre sa rage et sa passion. Et le fluide du combattant n’était apparu qu’aux instants où il avait pu apaiser cette folie destructrice qui lui collait à la peau depuis Goa. Ainsi, il ne lui restait qu’une chose à faire. Anéantir les pouvoirs du fruit fumigène.

Si les skypiéens ne s’en rendaient pas compte, il sentait l’effet retors de l’eau qui lui coulait sur le dos. Le poids accablant qui voulait le faire plier. Des entraînements similaires à ce qu’il avait enduré dans sa jeunesse. Isoler chacune des gouttes, isoler chacun des sons pour en extraire une mélodie. Estimer chaque trajet, voir que la flèche du temps s’en allait inexorablement vers le bas. Les hommes se heurtaient, se fondaient ou s’écartaient du flot pour ne jamais y revenir. Une métaphore parfois adaptée à ce que pouvait être le monde. Nécessaire pour comprendre qu’il n’était rien de plus qu’une goutte parmi les autres, pas plus importante. Une leçon d’humilité qui le ramenait à ses heures avec son vieux maître, mort depuis près d’une dizaine d’année à présent. Le vieux renard, qui s’était alors gardé de lui révéler qu’il n’était qu’un des derniers représentants de la Lame : ancienne organisation à laquelle était mêlée le paternel de Rafaelo. La révolution, chez les Auditore, c’était une histoire de famille. Ainsi que la marine. Mais il ne restait plus que des cendres de ce passé, à présent. Il avait longtemps marché sur la voie dressée par ses aïeux, et par son arrogance avait failli à voir sa propre route. Qui se dressait en bas, sous la cascade.

Les sélénites s’affairaient à extraire ce qu’il leur semblait capable de supporter une descente, mais ayant de gros doute sur la possibilité d’une telle chose. Leurs conjectures statuaient qu’il leur faudrait rapidement du soutien une fois en bas, ce qui avait été bien entendu accordé par la révolution. Ainsi qu’un soutien logistique d’ampleur : on parlait de s’approprier une merveille technologique après tout. Les négociations avaient été ardues, mais il avait été décidé que seule la propulsion serait cédée à la révolution, ce en quoi l’assassin était d’accord. Assez d’armes de destruction massive. De plus, l’armement sélénite ne serait pas si intéressant que ça pour la révolution, ayant déjà acquis des prototypes pacifistas par le passé. Il se garda bien de le dire, ne jugeant pas que cela soit opportun. Il approchait un renouveau de sa quête, percevant à grand peine son désir de penser à l’après. La naissance de ses enfants avait été une révélation, un pont entre ce qu’il avait été et ce qu’il sera. Un homme dont on pourra être fier, un homme qui serait synonyme d’espoir pour une cause entière. Mais il demeurait un assassin, un meurtrier. Un lourd fardeau qu’il ne pouvait ignorer. Il avait changé, de là à penser que c’était en bien ou en mal …

« Je croyais que l’eau avait le pouvoir d’annuler les fruits du démon … »

« Non, pas du tout. C’est le fait de s’immerger dedans ! Si tu es entièrement immergé, tu perds toute ta force, si tu es à la moitié … seulement la moitié. Tu confonds avec le graphite taquin, qui est une des faiblesses très connues des fruits du démon ! »

« Aaaah, et le graphite taquin, c’est ce qu’on trouve dans le fond de l’océan d’en bas ? »

« Tout à faire, chère tête ailée. »

« Mais alors, pourquoi il fait ça ? »

« Je sais pas, il est peut-être masochiste. »

« Ou alors fumette veut devenir plus fort. »


Un ombre venait de jeter son dévolu sur l’espace déjeuner des deux sélénites qui pointaient du doigt le refuge du révolutionnaire. Massive,  une voix d’outre-tombe. Une tignasse blonde comme les blés. Des yeux de glace. Et deux petites ailes qui jouaient dans le vent. Andy.

« Dites, les rigolos, où est la vieille peau ? J’ai un paquet de la part de Tenna. Et envoyez des cailloux sur fumette, dites-lui que je veux le voir. »

Et ce qui fut dit fut fait.


Dernière édition par Rafaelo le Lun 21 Déc 2015 - 18:17, édité 1 fois
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Un linge sale pour toute serviette, Rafaelo s’épouilla la tête avant de croquer dans l’un des nombreux fruits mis à disposition pour les travailleurs. Ici, on s’occupait bien des travailleurs. Ils avaient retourné une barque sur la terre ferme, trouvé deux morceaux de bastingage pour faire office de bancs. Andy occupait tout un côté, tandis que le révolutionnaire et la sélénite mangeait de l’autre. Enfin, Rafaelo mangeait. Amaspa soupirait. Et Andy … Andy regardait.

« C’est pas une mauvaise idée d’utiliser tes faiblesses pour t’améliorer. » fit le gros bonhomme pour rompre le silence.

Il avait été inutile de cacher ce genre de choses aux skypiéens, d’autant plus qu’ils l’apprendraient rapidement. C’était un gage de confiance plutôt restreint, mais gage de confiance tout de même. Andy semblait étrangement vouloir garder ses mains sur la table, au lieu de les enfoncer dans le visage de l’assassin, et c’était peut-être ce qu’il y avait de plus inquiétant.

« Ce qui est mauvais, par contre, c’est que nous n’avons pas assez de matériel pour faire quoi que ce soit. Il n’y a que des épaves de navires moisis ici. Pas un seul qui ait eu l’idée d’envoyer un cuirassé par le knock up. Je ne vois pas comment on pourrait s’en sortir. » déclara la sélénite, qui avait rangé le paquet amené par Andy sans même daigner y adresser un regard.

Ça aussi, c’était étrange. Que le malabar de service ait accepté de livrer un truc à une sélénite de la part d’un shandia. Il était peut-être limité en autonomie, mais au moins il était intègre. Son combat avait pris fin en même temps que celui d’Alincourt. Une loyauté … à toute épreuve. Etait-ce la raison de sa venue ?

« Oui. Et ça porte ses fruits. J’étais incapable d’utiliser ma fumée lorsque j’étais mouillé, avant. Et maintenant, je peux user de mes techniques. Ce qui est plutôt encourageant. Mais ce n’est pas l’effet escompté. » fit Rafaelo, reposant sur la table une tranche de ce qui ressemblait à une pastèque.

La main d’Andy sembla se revêtir d’une pellicule noire. Il la fit tourner devant le révolutionnaire avec un sourire narquois.

« Dieu m’a demandé de venir ici, pour être honnête. Il a entendu parler de notre … dispute. Et m’a transmis un message pour toi. »
fit l’ange, sortant ce qui ressemblait à une feuille de bananier découpée au format épistolaire.

« Oh, et puis vous me faites chier. » s’écria Amaspa, avant de se lever comme une furie et de repartir en direction des épaves.

Il fallait dire qu’à force d’ignorer ses râleries incessantes, c’était ce qui leur pendait aux nez. Les deux hommes se regardèrent, haussèrent des épaules et se détournèrent, ne la voyant pas partir dans sa tente, serrant fort le paquet qui lui était adressé.

« Ça dit que t’es là pour m’aider et me délivrer un message. Et il dit qu’il a entendu parler de notre dispute. Et aussi qu’il t’a demandé de venir. » fit l’assassin, lui rendant la feuille de bananier.

Nouveau silence.

« Du coup, si je traduis en Alincourt, ça donne : ‘désolé de t’avoir utilisé, voilà ce que tu cherchais, car étant Dieu je l’ai deviné avant toi’ ? » lâcha Rafaelo, sarcastique.

« Si tu traduisais en Alincourt, ça donnerait surtout que tu es un PUTE. Premier Unificateur Territorial Exogène. Une sorte de truc bon pour l’avenir, et à entretenir. Mais il est meilleur pour les acronymes. » répliqua l’ange.

« Tu sais ce qu’acronyme veut dire ? Je suis impressionné. »

« Quoi ? »

« Non rien. »


À la réflexion, exogène aussi était un mot compliqué pour Andy. Un nouveau silence s’étira, désamorçant les esprits qui s’échauffaient peu à peu.

« Donc, cet entraînement ? »

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« Encore. »

C’était horriblement dur. C’était un combat sans fin. Dès qu’il progressait, ils s’avançaient encore plus dans l’eau. Au départ, seuls les pieds de Rafaelo baignaient dedans. Faire glisser le haki sur ses mains était déjà compliqué en temps normal, mais privé de sa force, c’était un calvaire. Il maîtrisait le processus conscient pour faire apparaître le fluide, mais il s’évaporait dès qu’il relâchait sa tension. Il n’arrivait qu’à donner qu’un seul coup, avant de devoir reprendre sa concentration. Et c’était épuisant. Puis, lorsqu’il y parvenait, Andy le faisait reculer d’un pas. Cela n’en était que plus dur. Sa force diminuait à chaque fois qu’il faisait un progrès. Un pas après l’autre, l’eau de mer sapait force et volonté chez Rafaelo.

« Encore. »

Reculer face à la difficulté n’était pas le genre du révolutionnaire. Il endurait en serrant les dents, se félicitant presque d’avoir un professeur aussi dur. La colère que faisait naître Andy en lui, le poussant dans ses derniers retranchements, lui donnait la force de manifester son esprit combatif.

« Tu te trompes d’émotion, Rafaelo. C’est pour cela que tu n’arrives pas à le maintenir. »

L’assassin, l’eau jusqu’au nombril, arqua un sourcil.

« La colère est fugace, puissante mais incertaine. La colère n’est qu’une ressource de la peur, et du désespoir. Aussitôt apparue, aussitôt disparue. Elle est peut-être utile pour les ombres que tu arpentes … mais dans la grande lumière, elle n’est rien. Elle n’est que haine et souffrance. »

« Ce ne sont que des émotions qui fournissent nos convictions. »

« Il n’y a pas d’émotion, il y a la paix. »


Illustrant son propos, sans frémir, il macula sa main du fluide, avant de le résorber dans un calme absolu.

« Ne rien ressentir … c’est donc ça la clef, l’asepsie mentale ? »

« Non. Tu as dû remarquer avec le temps que les fruits du démon portent d’autres malédictions que celles liées à l’eau et au granit marin. Si tu sens ta force sapée à cet instant, ce n’est rien : ton fruit est ton plus grand ennemi. Shaïness papillonne … et toi, toi tu es inconstant. Changeant, dominé par tes émotions. »


Il serra les dents. C’était une façon d’aborder les choses. Ses émotions avaient toujours dominé son crédo, mais depuis qu’il avait mis la main sur son fruit … cela avait empiré. Il était devenu un enfumeur, mystérieux et changeant. Il était devenu la fumée.

« Tu dois contrôler tes émotions afin de ne pas te laisser guider par elles. Tu dois avant tout faire passer la raison avant tes sentiments, tes actes ne doivent pas être guidés par la colère, l’amour ou la frustration, mais toujours être réfléchis. »

« La paix. Cela me rappelle quelque chose … L’émotion, puis la paix. La passion, puis la sérénité. Le chaos, puis l’harmonie. »

« En effet. Ce sont les mots gravés sur les ruines proches de Giant Jack. Ce sont les mots de l’ancien langage, traduisant la sagesse de nos aïeux. Une sagesse que je te transmets à présent, en remerciement de la part de certains de mes frères skypiéens. »


S’incluait-il dans ces derniers ? Peut-être. Andy était bien plus complexe qu’on aurait pu le percevoir aux premiers abords. Sage et mesuré. Sa rancœur était donc bien tenace envers Rafaelo et il avait opté pour le rôle du malabar sans cervelle avec une grande facilité. Il n’était pas homme de politique, mais possédait son intelligence propre, ce qui faisait de lui un grand guerrier, en ce sens. Et il transmettait ce savoir sans ciller, à un humain. Humain initié au langage ancien des ponéglyphe et ayant suivi le rite initiatique shandia, certes. Mais humain.

« Maîtrise tes émotions. Deviens harmonie et paix. Alors tu seras capable de manier ce don. »
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Le navire était enfin prêt. Ni voiles, ni mâts. Une merveille uniforme, multicolore et chargée pour une année entière de travaux. Les sélénites avaient travaillé des jours entiers pour construire quelque chose qui soit apte à résister à la force de pression. Ce n’était ni plus ni moins qu’une coque renforcée, bardée de morceaux de technologie sélénite. Le temps avait repris son cours sur Skypeia. Les Sélénites étaient peu à peu devenus des habitants de ces terres, et certains des leurs avaient même oublié leurs vieilles rancunes. Shaïness avait pris son rôle en main et les choses avançaient grandement pour le royaume en devenir.

De son côté, Rafaelo n’était pas en reste. Il avait goûté chaque jour le bonheur d’une famille, sachant pertinemment que ce temps ne durerait pas. Il avait depuis ce jour quelque chose de cher à perdre et jamais il ne laisserait un de ses ennemis le lui arracher. Il se battrait pour Caleb et Esther, quand bien même ils ne devraient quasiment jamais voir leur père. C’était une nouvelle conviction qu’il n’avait pas envisagé depuis lors. Il savait à présent qu’il n’avait jamais eu l’intention de mourir à Goa, ce qui en un sens le rassurait. Il n’avait pas fui, il avait trouvé un moyen. Comme d’habitude, avec pertes et fracas. L’assassin avait cependant essayé de se détacher de son passé, mais il n’y arriverait certainement jamais …

« Alors ça y est, tu es prêt à partir. »

Un drap souple enroulé autour de sa taille, Céline vint se lover contre lui qui regardait par la fenêtre qui donnait sur la jungle. Libéré de ses oripeaux, Rafaelo faisait vieux. Très vieux. Il était bardé de cicatrices et son bras gauche était emmailloté dans un fatras de bandages. Une large cicatrice parcourait son torse et faisait écho à celle de son dos. Céline n’était cependant pas en reste. Deux corps tourmentés. Et à côté d’eux trônait un berceau où deux essences pures dormaient. Il attrapa la main de sa compagne, la serra contre lui.

« Non. J’aimerai ne jamais repartir, tout plaquer et rester vivre dans ce paradis jusqu’à la fin des temps. »

Elle sourit.

« Mais ce n’est pas la chose à faire, n’est-ce pas. »

Il hocha de la tête. En effet. Ce répit avait été … parfaits. Etait-ce la vie à laquelle il pourrait aspirer ? Pourrait-il un jour se reposer de tous ces combats, de tous ces morts ? Pensait-il toujours être le sacrifice nécessaire ? Tout avait changé lorsqu’il était devenu père. Jusqu’au fondement même de sa Cause. Il se battrait pour le futur. Il devait devenir plus fort pour devenir un homme meilleur. Et il devrait laver son nom. Pour que la postérité soit clémente envers les siens. Il avait un foyer à présent. Quelque chose à protéger. Il était plus faible que jamais. Paradoxalement, plus fort que jamais aussi. Shaïness avait raison. La Révolution était à peine comme elle devait être. On ne pouvait laisser la graine de la corruption se répandre plus encore. C’était là que se trouvait son combat à présent. C’était ce qu’il aurait dû apprendre d’Uther et de ses facéties. Lui aussi aurait à faire avec la véritable Justice, un de ces jours.

« Si je ne pars pas, ils me retrouveront. Et ils vous feront payer. Sans compter que notre combat commence à peine. »

Il soupira, baissa la tête.

« Reste encore un peu. Avec moi. Avec nous. »


Il sourit. Se retourna. Comment lui refuser ?


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Le premier ballon creva la surface dans le creux d’une vague. Soulevant l’écume, il flotta aux côtés de l’embarcation de fortune qui avait mené les sélénites et le révolutionnaire. Le relais de plongeurs avait mis plusieurs heures avant de localiser et harnacher le vestige de la gloire du peuple de la Lune. Puisant dans leur savoir, ils avaient amélioré leurs antiques tenues spatiales pour les rendre aptes à supporter la pression des flots, qui n’existait pas dans le vide sidéral. En plus de leur vocation à indiquer l’emplacement de l’épave, les ballons avaient un code de couleur qui leur permettait d’en situer les différents morceaux. En rouge, les moteurs. En gris, la navigation. Et ainsi de suite. Ayant crevé les cieux de Skypéia, pour s’enfoncer à jamais dans la mer de brume, l’Enterprise avait sombré pour ne jamais être retrouvé. Mais grâce aux calculs et aux relevés historiques, la chance tournait en faveur des nouveaux alliés des skypiéens. Suivant le premier ballon gris, un autre rouge creva rapidement la surface. Puis ce fut une myriade de flotteurs qui vinrent retracer la silhouette de l’antique navire. Aidé de quelques plongeurs de repos, l’assassin s’empara des cordes et attacha les câbles au navire à moteur qu’ils avaient fait descendre des îles célestes.

Le vaisseau avait sombré corps et biens, et tout l’intérêt de la mission de récupération résidait dans la force de son blindage, fait pour résister au feu nourri des anges et shandias. Les dégâts du navire avaient été soigneusement consignés dans les carnets de bord et il avait été évacué avec un minimum de pertes avant que l’alimentation ne soit coupée et qu’il ne s’enfonce irrémédiablement dans le monde d’en-dessous. Monde dont les sélénites ignoraient tout jusqu’à il y a quelques mois. Profitant de la visite d’un dragon céleste, ils s’étaient rassemblés sur terre pour la première fois depuis leur arrivée lunaire. Ainsi avait germé l’idée, ainsi les plans avaient été dressés. Ainsi l’Enterprise referait flot. Enfin, une immense bouée rouge perça le bleu de l’océan, ondulant sur les vagues. Les nuages étaient gris et maussades, un décor pré-apocalyptique qui se prêtait admirablement au retour de la technologie tant convoitée. Puis ce fut au tour d’une main gantée de crever la surface, aussi tôt attrapée par la poigne du seul humain à bord.

« Quelle est la situation ? » demanda-t-il, en hissant la sélénite en scaphandre à bord.

Ôtant son chef, Amaspa secoua sa chevelure bleutée et n’offrit pour réponse qu’un grand sourire.

« La plupart des quartiers ont été scellés avant la chute, ce qui fait que les dégâts sont minimes. Un seul des quatre moteurs a été noyé, mais en relayant l’énergie sur les panneaux auxiliaires, nous serions en mesure de créer une poussée uniforme. Pas suffisante pour manœuvrer comme avant, mais assez pour refaire avancer l’Enterprise à la manière d'un de vos navires. » lâcha d’un trait celle qui était à présent le leader de la peuplade des sélénites, maintenant skypiéens.

« Il y a encore assez d’énergie ? » s’étonna Rafaelo, reculant d’un pas pour éviter le contact avec l’eau de mer dont dégoulinait la jeune femme.

Elle arqua un sourcil, s’étonnant de cette révulsion qui l’avait forcé à demeurer à bord du navire, alors que ses dons auraient pu être utiles au fond des flots.

« C’est ce que je dis, en relayant l’énergie … » répéta-t-elle.

« Oui, oui. J’ai compris ça. Mais y’a pas des piles, ou un carburant à y mettre là-dedans ? » l’interrompit-il, alors que d’autres sélénites se faisaient une place sur leur embarcation, le forçant à gagner le centre de ce dernier pour éviter la proximité de l’océan.

« Tout ira bien à partir du moment où nous referons surface. L’Enterprise marche à l’énergie solaire. On pourra relancer les turbines pour aider à le rapatrier. »
expliqua-t-elle.

Cela revenait doucement à Rafaelo, les réflexions sur le fait que l’atmosphère lunaire était si ténue que la moindre pollution pouvait déséquilibrer l’équilibre chimique qui permettait aux sélénites de survivre. Enfin, atmosphère … il avait eu le sentiment qu’on avait simplifié à l’extrême pour se débarrasser rapidement de lui. Quoi qu’il en fût, les sélénites avaient été les premiers à inventer l’énergie verte, ou jaune. Après tout, la lumière de la Lune n’était que le reflet de la lumière solaire sur cette dernière. Il se retourna pour faire face à la trirème déguisée en navire marchand. Il fit un signe de la main et la valse des révolutionnaires commença. Rapidement, une forme sombre se dessina sous les flots et ce fut dans un immense geyser qu’un navire colossal émergea des fonds marins. Il creva l’ondée et fut accueilli par de nombreux applaudissements et cris de joie. L’assassin, quant à lui attrapa Amaspa par l’épaule et la gratifia d’une accolade chaleureuse. Pas peu fière de son succès, la sélénite lui rendit le geste. Il fallait dire que les conditions de leur départ de Skypeia laissaient peu présager de ce succès …
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Quelques jours plus tôt, sur l’île céleste de Skypeia.

Vingt sélénites se tenaient sur le Précurseur, navire motorisé assemblé et construit en mélangeant composés technologiques récupérés sur le tas et coques issues du cimetière de navires. Vingt sélénites et un humain. Le navire flottait sur les eaux, et les matelots adressaient des signes de la main à leurs frères et familles entassés sur la berge. Certains des grands pontes se tenaient là, comme en attestaient la silhouette d’une femme aux cheveux roses ou celle d’un guerrier à la tignasse blonde faisant une tête de plus que tout ce beau monde. Venait encore une femme encombrée de deux ballots dans ses bras, voire un shandia à la mine revêche. Quoi qu’il en fût, c’était là la première expédition skypéienne révolutionnaire, sur le navire savamment nommé. L’expédition était censée durer un an a minima, et avait été préparée d’arrache-pied. Ils s’en allèrent ainsi jusqu’au bord du monde, devenant un point dans l’horizon de la mer blanche puis, dans un tonnerre de tous les diables, les moteurs du Précurseur se mirent en branle et ils s’enfoncèrent dans le ciel de Grand Line.

Le vent battait le pont du navire sans mâts ni voiles, manquant d’arracher les protections sur la coque. Rapidement, le navire commença à piquer du nez. Manoeuvrant la bête, la sélénite en charge, Amaspa, bascula les poids vers l’arrière et redressa la course de leur chute. Elle inversa les mannettes et le canon positionné à l’arrière vint stabiliser la rotation du navire. On vit alors s’échapper des nuages de Skypeia un léger point noir qui entraînait avec lui une chape de nuages opales. Chutant dans le ciel bleu, il se dirigeait à une vitesse ahurissante vers les flots, chose incongrue pour ceux qui ignoraient encore l’existence de cette île céleste. Des yeux experts auraient pu apercevoir le spectacle depuis Jaya, mais ce n’était malheureusement pas la destination. Hurlant à plein poumons, Amaspa pointa une direction dans les nuages. Alors le seul humain de l’embarcation se positionna à l’arrière du navire. Il enfonça ses mains dans un dispositif prévu à cet usage. Tous les autres matelots se cramponnaient tant bien que mal, faisant jouer des pales censées les aider à se diriger. Le navire n’était prévu que pour un voyage unique, mais contrôlé.

Amaspa hurla l’ordre, et l’assassin fit feu, déchargeant assez de fumée dans le container pour propulser la chute du navire plus avant. Profitant de la trajectoire longiligne, les sélénites ouvrirent la cale et une vingtaine de ballons s’en échappèrent pour stabiliser le navire, fuyant dans les airs. Les cordes se tendirent, claquèrent. Et le Précurseur tint bon. L’humain et la sélénite s’attrapèrent par l’avant-bras en guise de félicitation mutuelle. Leur plan avait fonctionné. Filant à vive allure dans le ciel de Grand Line, le navire amorçait lentement sa descente. Deux ailes mécaniques furent déployées, usant de leurs rameaux pour faire tourner l’étranger véhicule à l’envie. La Capitaine ouvrit son compas, qui tournait alors dans tous les sens. C’était inutile, ils étaient à présent sur Grand Line. Elle fit un signe de tête à son confrère révolutionnaire : tout était entre ses mains à présent. Il acquiesça et sortir un appareil de communication.

Le navire fila longtemps dans les airs avant qu’ils ne retrouvent la trace du convoi chargé de les récupérer au pied, tout aussi relatif qu’il soit, de Skypeia. Un ensemble de trois navires dépêchés pour les besoins de la mission. Finalement, la mission se passait aussi bien qu’on pouvait l’espérer. Le Précurseur amerrit sans encombre. Ses ailes furent détachées et rapidement une délégation fut envoyée pour les récupérer. Rafaelo, après s’être présenté et avoir passé les doutes et surprises quant au fait qu’il était vivant, introduit Amaspa auprès de ses frères, la présentant comme responsable technologique et capitaine de l’expédition. Les politesses élémentaires furent faites puis on se dirigea vers le lieu triangulé concernant la chute de l’Enterprise, supposé non loin d’Alabasta. Et tout cela en moins de cinq heures. Le temps et le Destin était avec eux.

Les premières fouilles furent entreprises trois jours après leur départ. On ne trouva rien. Et ainsi continuèrent les jours suivants : un Rafaelo se tournant les pouces et des sélénites le moral en berne. Puis, enfin, au bout d’un temps trop long, vint le premier succès. On avait retrouvé un morceau d’épave, séparé du reste, portant l’étendard sélénite. Ils avaient essuyé plusieurs grains depuis, mais aucun n’avait été à la hauteur des légendaires furies de Grand Line. On pouvait donc considérer qu’ils étaient chanceux. Ils avaient déjà dû faire plusieurs escales dans le désert, préparant les voies de transport futures et pour se ravitailler. L’activité suspecte avait été savamment maquillée, le monde étant tourné vers d’autres problèmes. Et ainsi avaient commencé les problèmes. Le remue-ménage n’était pas passé inaperçu pour tout le monde, et ce fut le perturbateur le plus inattendu qui vint les déranger …


Dernière édition par Rafaelo le Lun 21 Déc 2015 - 18:19, édité 1 fois
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« Equipe 8, répondez. Equipe 8 ? »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« C’est l’équipe chargée de quadriller le secteur sud, au niveau de la brèche. Ils ont déjà manqué deux rondes et ils ne répondent plus. C’est déjà arrivé qu’on loupe des rondes à cause des interférences, mais là ça fait un peu trop. »

« Equipe 9 ? Equipe 9 ?! Merde … c’était quoi ce bruit ?!! »
paniqua un autre opérateur, secouant son denden.

Le chargé des communications se leva d’un bloc, pointant son doigt sur un autre révolutionnaire.

« Prévenez l’As, allez chercher le Capitaine Tessu. »

« Pourquoi ? »

« Je crois qu’on a un plus gros problème sur les bras … »


La porte de la trirème principale s’ouvrit à la volée. La sélénite aux cheveux bleus était encore recouverte de sa tunique de plongée, et l’assassin, quant à lui, était toujours habillé de la tenue de son ordre. Une carte des fonds marins avait été fixée par le biais de quatre dagues sur la table en bois, et des cercles rouges retraçaient les zones dangereuses. Ils avaient perdu trois équipes de deux, en une zone précise du navire. Un autre groupe avait été rescapé de justesse, et clamait n’avoir vu qu’une gigantesque ombre, ce qui confirmait les pires craintes.

« Je ne peux pas impliquer plus d’hommes là-dedans. Si nous avons un monstre marin sur les bras, c’est beaucoup trop dangereux. » clama le chef des opérations révolutionnaires.

« Les attaques ne sont survenues que lorsque nous avons entreprit de vider les secteurs sud de l’appareil, nous avons dû déloger la créature à ce moment là. » remarqua Amaspa, pointant le croquis de l’Enterprise éventré sur la carte.

Le monstre avait élu domicile dans l’épave, depuis certainement plusieurs années, et avait dû être réveillé par les travaux faits sur cette dernière. Déjà passablement retardés par la difficulté à trouver l’épave, les travaux se voyaient impactés par des pertes humaines. L’assassin laissa échapper un juron et s’en retourna à contempler l’océan en tournant le dos à la carte. Il croisa les bras à s’en déboîter les épaules. Il ne pouvait rien faire une fois la surface de l’océan passée. Il serra les dents. Il sentit les regards se poser sur lui, pendant qu’il réfléchissait à une solution. Son statut d’As le propulsait au sommet de la hiérarchie locale. Il était donc le chef réel de cette expédition. Il souffla du nez, sans se retourner.

« Il va falloir déloger cette créature de là. » fit-il.

« Mais … »

« Pas de mais, ces hommes ne seront pas morts pour rien. Amaspa, tu vas devoir faire quelques travaux sur ton temps libre. Vous, Rieger, vous allez me rassembler assez de vivres pour tout un mois. »
ordonna Rafaelo, obtenant un hochement de la tête pour toute réponse.

« Que comptez-vous faire, Rafaelo ? » lui demanda le dénommé Rieger, capitaine officiel des trois trirèmes.

« Partir à la pêche. Il va me falloir un moyen de locomotion sur l’océan suffisamment petit pour être rapide et suffisamment puissant pour me permettre de transporter un gros appât. Tu penses que c’est faisable, Amaspa ? »
demanda-t-il, revenant vers le plan sur la table.

« C’est possible … mais ça voudrait dire démonter le moteur qu’on a construit  pour le Précurseur … si je vois bien là où tu veux en venir. » commenta la donzelle, se frottant le menton.

« Je pense que tu vois. Si on décide de se battre contre cette chose, soit on perd et c’est la fin, soit on gagne et son sang va en attirer des centaines d’autres. Il va falloir trouver un moyen de l’éloigner durablement. Et c’est bien la seule chose pour laquelle je serais utile en ce moment. Combien de temps il te faudra, Amaspa ? »


« Au moins deux jours. »


« Tu as 5 heures. » lui fit l’assassin, arrivant à lui tirer un sourire amusé.
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Genèse 935f43cf6a2b7aee65fa46644c9db32d

« C’est … c’est quoi ça ? »


« Ce que je peux faire en cinq heures. J’ai aménagé un système de pivot pour le canon, et un siège rudimentaire. La t’as les manettes pour gérer le flux de fumée et t’auras juste à mettre les pieds là pour pouvoir utiliser la fumée. Tu devrais pas pouvoir décoller beaucoup, mais suffisamment pour te mettre hors de portée de la bestiole. » fit-elle, émergeant de sous sa construction, une clef à molette entre les dents.

Elle avait, elle aussi, fait du chemin depuis leur première rencontre au sein du Maquis Corse. L’assassin promena sa main sur la carlingue de l’étrange véhicule.

« On avait des trucs du genre quand j’étais gamine, sur la Lune. J’ai juste eu à me souvenir et à transformer le moteur en turbine. Cela devrait te donner une accélération suffisante quand les valves compresseront la fumée pour l’expédier par-là. Mais t’auras qu’un seul boost, donc faudra bien l’utiliser. » trancha-t-elle, en enlevant ses oripeaux de mécanicienne.

Rafaelo esquissa un sourire. Ils avaient fait un gros sac de provisions en tout genre, afin d’appâter la bestiole lorsqu’elle sortirait de son antre. Il se doutait que, maintenant qu’elle était réveillée, elle ne tarderait pas à refaire surface. Ainsi, il comptait lui agiter tout ça sous le museau afin qu’elle se mette en tête de le poursuivre. Il fit donc quelques tests avec l’engin, avant de faire descendre des explosifs non loin du vaisseau. L’après-midi était déjà bien avancé lorsque leurs préparatifs furent terminés. Puis, une fois que tous les navires se furent éloignés, l’appât – qui obligerait les révolutionnaires à aller se ravitailler bien plus tôt que prévu – fut lancé à la mer. Un câble solide le maintenait à ce qu’Amaspa avait surnommé la moto-fumée et à la dernière trirème qui était restée sur place. Et les explosifs furent déclenchés.

Le mantra de l’assassin vibra aussi tôt, captant les fréquences assourdissantes de la rage d’une créature des temps anciens. Et en moins de quelques secondes, une ombre noire vint se glisser sous les flots. Sur un signe de tête d’Amaspa, il démarra la moto et on coupa les liens attachant le gigantesque sac d’appâts à la trirème. Avant qu’il ne fut envoyé par le fond à cause du poids de ce dernier, Rafaelo mit les gaz et fila à grande vitesse un peu au-dessus de la surface de l’océan. Une quinzaine de secondes plus tard, une mâchoire de la taille d’un éléphant vint percer les flots, à quelques mètres à peine de la trirème, avant de darder son œil terne sur le sac en toile qui filait sur la mer. L’assassin décrivit un cercle pour frôler la bête avant de gagner le large tandis qu’on luttait pour conserver son calme et son équilibre sur le navire.

Poussée par la fin et l’agacement, la créature s’enfonça de nouveau dans les flots, et son gigantesque aileron vint crever la surface. Si ses yeux étaient reptiliens, ainsi que ses pattes avant, la fin de son corps avait définitivement l’allure d’un épaulard colossal. Il s’agissait d’une sorte de mélange entre un dinosaure de Garden Island et d’un mammifère marin. À se demander s’il s’agissait d’un roi des mers ou simplement d’une créature prédatrice antique. L’assassin filait à vive allure, sa capuche rabattue en arrière par le vent. Il se retournait sans arrêt pour juger la distance de la bête. Puis, au bout de quelques minutes, comme il le craignait, la bête disparut dans les fonds, ayant certainement compris le stratagème de Rafaelo. Mais c’était sans compter ses talents et la voix identifiable qu’il percevait encore de la créature. Chose ardue à expliquer dans son plan, même à Amaspa.

La créature avait décidé de se laisser couler pour gagner en profondeur et donc en possible élan pour attraper sa proie à la surface. Patiente, elle l’avait tout de même suivi longtemps avant de changer d’optique. Quoi que, patiente n’était peut-être pas le mot. Il continua donc à avancer, avant de sentir que le monstre se rapprochait de plus en plus. Il accéléra afin de creuser l’écart. Une vingtaine de secondes, ce fut tout ce qu’il gagna. La vitesse de la bête était bien plus grande que dans ses prédictions. Il jura, en arrivant à la seule conclusion logique. Le boost installé à la va-vite par Amaspa. Il tira sur le manche et redressa l’appareil puis enfonça profondément ses pieds dans les encoches sur les côtés. Il écrasa le bouton rouge de son pouce et se cramponna tandis que la fumée qu’il émanait se faisait aspirer. Il eut l’impression de se faire séparer en deux mais un regard arrière lui apprit qu’il avait déjà gagné plus d’une dizaine de mètres. Soit une distance de sécurité appréciable entre la gueule béante qui le talonnait et lui.

Ils grimpèrent tous deux dans les airs, le boost lui permettant de gagner une distance appréciable. Le sac d’appâts, quand à lui, était déjà loin enfoncé dans le gosier de la bête. Ses dents claquèrent alors, écorchant l’arrière de l’appareil. Elle avait entièrement émergé des flots et paraissait encore bien plus grande. Sa tête était presque ridicule comparé à son corps. Puis la chute commença, entraînant l’appareil, l’assassin et le monstre. À perdu contre perdu, il se laissa glisser en arrière, arrivant sur le museau de la créature. Celle-ci donna un léger coup de tête pour faire de Rafaelo son quatre-heure mais cela ne servir qu’à le propulser un peu plus bas. Le temps sembla se ralentir, avant d’accélérer à nouveau pour leur chute conjointe.

« Pas d’émotions … » se murmura l’assassin, avant de refermer son poing.

Il inspira paisiblement, ignorant qu’il était sous le ventre d’un ignoble monstre des mers. Une pellicule noire macula son poing qui décupla soudainement de taille pour prendre l’aspect de celui d’un géant. Le fluide trônait toujours dessus. Il gonfla ses poumons et remonta son bras pour l’enfoncer dans les entrailles de la bête. L’amas de fumée formé par sa main tourbillonna, emmenant avec elle chair et écailles, puis le son d’un claquement tonitruant résonna. L’onde déclenchée par le coup souleva les flots en-dessous d’eux et la créature fut projetée au loin, tournant sur elle-même, désarticulée.

L’assassin, quant à lui, vit les flots défiler et se rapprocher dangereusement de lui. Il tenta de trouver de quoi se sauver mais ne vit rien parmi les océans à même de l'aider. Seulement les navires des Sélénites, un peu plus loin ... Il tendit une main vers eux, puis ce fut le noir total.
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Malgré sa capacité légendaire à survivre aux coups du sort, l’assassin ne revint à lui que quelques jours plus tard. Mais s’il y avait un point positif dans la révolution, c’était la capacité à déléguer. Ainsi, les choses s’étaient déroulées sans lui et il n’avait eu qu’à revenir à lui pour attester de la résurrection de l’Enterprise.  Quelques heures à peine avant que le premier ballon ne crève la surface, il avait ouvert les yeux. Hasard ? Ou mantra, allez savoir. La suite des choses ne fut qu’une conséquence logique des derniers jours de préparation logistique. Les navires révolutionnaires les localisèrent grâce aux vivre cards mises à disposition et, après avoir amarré l’épave volante à leurs navires, ils mirent en place le convoi qui rallierait discrètement les terres Syrdahennes. Le révolutionnaire avait beaucoup changé depuis ces derniers mois, la paternité faisant de lui un assassin nouveau. Mais les choses ne faisaient que débuter …

Les forces en stationnement dans le désert de la cité des sables avaient largement gonflée depuis leur départ avec Shaïness, ce qui n’était pas innocent aux efforts de Raven. Ce fut l’Issifi lui-même qui vint les accueillir, ayant été prévenu par denden depuis quelques jours de leur arrivée. Profitant du couvert de la nuit, et des recoins méconnus du désert, les révolutionnaires et les sélénites, car ce n’était pas inclusif, acheminèrent ce qu’il restait de l’Enterprise jusqu’aux tréfonds de la cité, cachant les merveilles de la technologie lunaire dans ce qui ressemblait alors à une vieille tente de cirque.

« Il en aura fallu des efforts pour arriver jusque-là … »

C’était Amaspa. Elle se tenait droite, fière. Les deux mains rivées sur les hanches. Peut-être que ce spectacle de désolation aux dunes infinies lui rappelait ce qu’elle avait entendu de la Lune ? Ou était-elle enfin en train de constater l’étendue de la paix ? Elle était une scientifique éminente et avait mis en berne de nombreux préceptes pour aider la révolution. L’assassin hocha de la tête. Que dire de plus ? Il était passé par monts et par vaux, avait appris de nombreuses choses sur lui-même et ses pouvoirs. Tout cela pour quoi, au final ? Passer à deux doigts de toute laisser tomber pour vivre sa vie reclus parmi sa famille. Tant de choses à accomplir encore … Faire payer Uther. Détruire Salem. Bah. La routine quoi.

« Y’a une certaine Raven qui veut te parler. »

L’intéressé haussa un sourcil, interloqué.

« J’ai pas bien compris, mais elle a parlé de Freeman, de rencontre … et de destin. Enfin bon, elle rappellera. »

« La routine, ma chère, la routine. »

« Ce n’est pas tout, Rafaelo. Mes amis et moi avons quelque chose pour toi. Tu nous as sauvé la mise plusieurs fois, et malgré tes travers, nous sommes plutôt d’accord pour te considérer comme l’un des nôtres. Sans toi … je crois que nous serions tous morts. Sans notre … amie commune aussi, bien entendu. Mais c’était toi qui était là pour nous, à chaque fois. Alors c’est bien peu … mais tu pourrais me suivre dans ma tente je te prie ? »

« Tant que tu te fous pas à poil, ça me … Je déconne, je déconne … »

Dieu, que cette femme avait le don de glacer le sang d’un seul regard. Fier de sa vanne à deux balles, l’assassin se glissa derrière elle, marchant sans le vouloir dans ses pas. Il ne faisait pas plus de bruit qu’un coup de vent. Les vieilles habitudes avaient la vie dure. Cela aussi devrait changer, le plan Ourobouros n’allait pas tarder à entrer en jeu de toute manière.

« Voilà. Après que tu sois tombé dans les pommes, nous avons récupéré les quelques pièces qui étaient restées sur place du Précurseur et … bon, pas grand-chose, hein, mais voilà ce que j’ai pu en faire. »

C’était une planche, tout ce qu’il y avait de plus sobre. Noire, au design épuré. Quelques lignes carmines la parcouraient, ce qui ressemblait à de la tuyauterie high-tech. Mais ce n’était pas ça qui attirait le regard de l’assassin. Deux encoches étaient disposées au niveau de ses pieds, surplombant une petite turbine. Il n’y avait aucune source d’énergie visible, mais il ne savait que trop bien ce qu’il pouvait en faire.

« J’ai appelé ça la Lunar-board. Mais je pense que tu préfèreras Smoke-board, non ? »

« Tu lis dans mes pensées … »

« Au nom de tous les sélénites, merci Rafaelo. J’espère que ça nous permettra de nous racheter un peu de la dette que nous avons envers toi … »

« J’en suis honoré. Et puis je … Enfin … Je peux … ? »

« Oui, tu peux aller jouer avec. Je vois pas pourquoi tu aurais besoin de mon autorisation mais bon. De mon côté, on m’a parlé d’une oasis et de cocktails, si jamais t’as besoin de moi je … Je déteste quand il fait ça. »

Aussi volatile qu’à son habitude, l’assassin avait disparu sans un bruit.

Nul ne le vit s’envoler au loin les pieds vissés sur la smoke board, les yeux perdus dans le ciel. Si tous avaient trouvé la paix ici-bas, ce qui lui était de plus précieux au monde trônait à présent au fin fond des étoiles, dans le ciel. Mais, comme toujours, sa cause prévalait. Quand pourrait-il revoir Céline et ses enfants ? Nul ne le savait … mais il créerait un monde dont ils seraient fier. Un monde où ils pourraient vivre sans avoir peur du lendemain.
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