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Retrouvailles pour un au revoir

PREMIÈRE DANSE
Visite Surprise Chez Les Siens

Une main en visière, la jeune borgne aux cheveux blancs scrutait l'île qui se profilait à l'horizon. Au fur et à mesure que la terre ferme s'approchait, son excitation augmentait jusqu'à faire battre son cœur qui habituellement était pourtant si calme. La raison de tant d'engouement n'était nullement une rencontre amoureuse mais juste des retrouvailles avec des gens qu'elle appréciait et qu'elle n'avait pas revus depuis quatre ans.

Le Wind Wispher, ainsi se nommait la bateau qui la transportait, n'avait pas encore été amarré que la jeune chasseuse de primes avait sauté sur le quai pour se précipiter vers la ville.


« Ya-chin ! Lâcha d'une voix éplorée le protégé de la jeune femme qui s'éloignait sans lui alors, qu'habituellement, ils étaient inséparables.
- Ne t'en fais pas Choupi. Elle va revenir. Attends changement sur le bateau ! » Lui rassura Fozia.

L'homme-poisson ne dit mot mais se contenta de fixer des yeux attristés la silhouette de la jeune femme qui disparaissait.

***

La porte qui s'ouvrit brutalement attira l'attention de la seule personne présente dans le petit restaurant.


« Ya … Yamiko ? … Je rêv … La jeune borgne qui se précipita pour lui enlacer chaleureusement la taille, interrompit la propriétaire de l'établissement. On dirait que tu ressembles un peu à une femme maintenant, poursuivit cette dernière avec le sourire avant d'étreindre la jeune chasseuse de primes aux cheveux blancs à son tour … Je sens que ta poitrine est presque aussi grosse que la mienne ! »

La jeune borgne s'écarta pour fixer la rouquine dans les yeux.

« Ne compare pas ma jolie poitrine avec tes ballons trop gonflés Ellaine-san ! » Lâcha la jeune borgne d'un taquin.

Ellaine était réputée pour ne pas mâcher ses mots mais jamais ses piques n'avaient réussi à atteindre la jeune borgne qui, tout en sachant qu'elles n'étaient pas sérieuses, ne cessait de les lui renvoyer avec autant de légèreté. Malgré leur différence d'âge, la jeune chasseuse de primes avait toujours considéré la rouquine comme une camarade de raillerie enfantine qu'une adulte dont elle devrait écouter les paroles.

« Toujours aussi insolente à ce que je vois, rétorqua Ellaine tout en pinçant sans ménagement les joues de l'impertinente comme à l'époque.
- Yamiko ? Ma petite Yamiko ? »

Une femme d'un certain âge, d'une corpulence bien en chair et arborant une peau matte sorti de la cuisine pour venir serrer la jeune chasseuse de primes dans ses bras, la libérant des doigts tortionnaires la rouquine par la même occasion. C'était la chef cuisinière du bien modeste restaurant d'Ellaine.

« Madame Kirikou ! Lâcha la jeune borgne d'un ton guilleret.
- Ho ma petite Yamiko ! Que je suis heureuse de te revoir ! Madame Kirikou s'écarta pour fixer la jeune borgne. Quel bon vent te ramène donc vers nous ?
- C'est une longue histoire que je vous raconterai lorsque tout le monde sera réuni … Je vais me rendre chez Dame Hurano puis chercher mes amis ... Je suppose que Hika nii-san est occupé en ce moment ?
- Il doit être à la garnison mais il rentre tous les soirs à la maison sauf si le travail ne lui permet pas.
- J'irai le chercher à la garnison si jamais il ne rentre pas ce soir !
- Ne recommence pas avec tes conneries toi, hein !? Ce n'est pas parce que tu viens d'arriver que je vais être gentille avec toi !
- Toujours aussi ronchonne !
- Répète un peu ça ga … »

Ne laissant pas à la rouquine le temps de terminer sa tirade, la jeune borgne se précipita vers la sortie.

« Quatre assiettes pour ce soir s'il vous plaît ! Héla-t-elle depuis la porte avant de disparaitre aussi promptement qu'elle était venue.
- Elle n'a pas du tout changé ! Lâcha Madame Kiroukou d'un ton joyeux.
- On dirait bien que non … Je pensais que le temps la ferait un peu grandir mais il semblerait que seule sa poitrine ait pris du volume. Elle a toujours un petit-pois dans le crâne ! »

Sachant qu'au fond Ellaine ne pensait pas du mal de la jeune borgne mais qu'elle était juste du genre railleur, Madame Kirikou ne dit mot mais se contenta de fixer la rouquine puis ses lèvres esquissa un sourire amusé.

« C'est quoi ce sourire ?
- Je me disais juste que vous vous ressemblez beaucoup ! … Elle pourrait être ta fille !
- Ne me compare pas avec cette gamine veux-tu !
- Gamine, gamine … Je me demande bien laquelle de vous deux est la plus immature ! » Lâcha Madame Kirikou, tout en tournant les talons pour retourner dans la cuisine.

Le silence retomba de nouveau dans l'établissement.

***


« Yamiko ? C'est bien toi ?
- Oui, c'est bien moi Dame Hurano !
- Ho ma chère enfant ! Que je suis heureuse de te revoir après tant d'années !
- Moi de même Dame Hurano !

Blottie dans les bras de celle qu'elle considérait comme sa grand-mère, la jeune borgne se retint de verser des larmes de joie.

« Laisse-moi donc te regarder ! »

Ses mains ornées de bijoux de grande valeur, témoins de son milieu social plutôt aisé, sur les épaules de la chasseuse de primes, Dame Hurano se mit à contempler Yamiko qui en profita pour constater que sa grand-mère de cœur n'avait pas du tout changé. Elle était toujours aussi élégante malgré son âge assez avancé. Il fut une époque où Dame Hurano avait été une très belle femme, tant que nombreux avaient été des hommes qui l'avaient courtisé dans l'espoir de devenir l'élu de son cœur. Son choix s'était alors porté sur un marine de la garnison locale. Même aujourd'hui, à plus de soixante ans, Dame Hurano arborait toujours une beauté qui ne laissait indifférents les hommes de sa génération, voire même des plus jeunes, et suscitait la jalousie de bien de femmes.

La jeune borgne avait rencontré Dame Hurano il y avait maintenant plus de quatre ans, alors que son infortune l'avait amené à Hinu Town. Dès la première rencontre, les deux êtres s'étaient beaucoup appréciés, tant que Tsuki Hurano avait décidé d'héberger la jeune chasseuse de primes en échange des petits services de sa part. Grâce à elle, la petite Yamiko avait fait des bien agréables rencontres qui avaient contribué à son épanouissement. Parmi ces êtres figurait, entre autres, Ellaine, qui n'était autre que la veuve d'un des petits fils de Dame Hurano …


Dernière édition par Yamiko le Dim 24 Jan - 19:16, édité 2 fois
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SECONDE DANSE
La Décision De Yamiko

« Rejoins-moi au restaurant d'Ellaine pour le souper et tâche de ne pas arriver trop tard !
- Il s’est passé quelque chose grand-mère ?
- Non, ne t’inquiète pas. À ce soir mon petit Hikari.
- Il a peut-être beaucoup de travail.
- Peut-être mais son travail attendra alors que toi, tu ne fais que passer en coup de vent. Et puis, je suis sûr qu’il lâchera tout s’il apprenait ta présence mais gardons donc la surprise pour ce soir. »


***


Le soir venu, tous les membres d'Eagle Claws étaient réuni pour un grand repas improvisé pour fêter les retrouvailles avec les proches du « chef » de l’équipage. Alors que la jeune borgne n’avait réservé que des places, pour elle et ses nakama, pour le diner de ce soir, Ellaine avait entrepris de fermer complètement son petit restaurant afin de l’avoir rien que pour eux. Un geste qui avait grandement touché la chasseuse de primes aux cheveux blancs qui n’avait pas manqué de la remercier à sa façon : câlins à outrance que la rouquine, qui n’aimait guère se donner en spectacle quand il s’agissait de sentiments, avait esquivée sans délicatesse comme à ses habitudes.




Les présentations avaient été faites et la fête battait à présent son plein. Personne n’était déjà soûl mais les voix, rythmées par des rigolades, commençaient sérieusement à s’élever. Le plus bavard était Sunny qui vantait ses aventures. Ses récits étaient souvent contredits par Fozia qui ne pouvait s’empêcher de chambrer, gentiment, son collègue. Quant à Choupi, placé à côté d'Ellaine qui était tombé sous le charme de l’homme-poisson, était bien gâtée par la rouquine qui ne cessait de lui demander ce qu’il désirait manger et remplissait son assiette aussitôt que celle-ci était vidée. Yamiko, qui avait déjà conté ses périples, se contentait d’écouter ses camarades sans oublier de remplir son estomac des délicieux mets préparés avec amour et attention par Madame Kirikou, qui avait été assistée des deux aides-cuisiniers du restaurant. La chef cuisinière et un de ses assistants étaient parmi les convives. Le second aide-cuisinier n'avait pas pu rester à cause de devoir familial.

La porte du restaurant s’ouvrit tout doucement pour laisser apparaitre un jeune homme aux cheveux sombres. Le silence se fit alors que tout le monde s’était tourné pour fixer l'arrivé. La jeune borgne fut la première à rompre le calme, en abandonnant expressément sa place, pour aller accueillir le nouvel arrivant.




« Hika nii-san ! »

Fozia et Sunny se regardèrent d'un air interrogateur, se demandant si leur turbulente "chef" ne leur avait pas menti à propos de sa famille. Elle leur avait raconté que tous les siens avaient été décimés alors ils ne comprenaient pas pourquoi elle appelait le jeune homme qui venait d'arriver "grand frère".

« Yamiko ? Lâcha le jeune homme, l’air joyeusement surpris tout en interceptant la jeune femme qui se jetait littéralement dans ses bras. Tu es arrivée depuis quand ? … Pourquoi tu ne m'as pas prévenu de ta venue ?
- Je voulais vous faire une surprise.
- Bravo ! Tu as réussi ! » Fit Hikari avec le sourire.

Délicatement, Hikari posa une main au sommet de la tête de la jeune borne qui lui arrivait à peine au niveau de la poitrine.

« Tu n’as pas bien grandi dis-moi ! Fit le jeune homme d’un ton plaisantin.
- Crois-moi, dans la tête non plus ça n’a pas beaucoup grandi ! Enrichit Ellaine qui n’avait pas bougé de sa place avant de vider une coupelle de saké.
- Je n’ai peut-être pas grandi mais je peux te battre aujourd'hui Onii-san. Se vanta sans prétention la chasseuse de primes.
- Je ne m’en doute pas. J’ai vu ta prestation pour la promotion de la B.N.A. Tu as assuré comme un petit chef. Je suis très fière de toi, même si j'aurais préféré que tu portes autre chose qu’une jupe ce jour-là.
- Pas faute de lui avoir dit ! Lâcha Fozia qui se trouvait à une place qui faisait face à la porte d’entrée.
- Ha ! Vous devez être Miss Gun, fit Hikari qui avait enfin remarqué la présence des autres, tant son attention avait été monopolisée par la jeune borgne. Belle prestation à vous aussi d'ailleurs, poursuivit-il tout en avançant pour prendre place à côté de Dame Hurano … Je vois que ma petite sœur est venue avec ses amis. J’espère qu’elle ne vous mène pas trop la vie dure.
- Elle manque de nous mener vers la mort à chaque mission mais on s’est habituée ! … Yamiko, je pensais que tu n’avais plus de famille !?
- Ha ça ? On n’est pas lié par le sang. Elle a décidé de faire de moi son grand frère sans demander mon avis.
- Tu dis ça comme si cela ne te faisait pas plaisir. Dois-je te rappeler que tu étais tellement content lorsque je t'ai appelé grand frère pour la première que tu as perdu l'équilibre et nous a fait tomber dans la mer glacée.
- C'est parce que tu t'es jeté sur moi sans prévenir. Je me rappelle aussi que tu avais choppé un gros rhume après ça. Fit Hikari en souriant.
- Je me souviens très bien de cette histoire. On avait dû l'attacher à son lit parce que Mademoiselle voulait partir en mission avec Hikari avec plus de trente-huit degrés de fièvre.
- Je vois que sa folie ne date pas d'hier.
- Il faut être folle de toute façon pour souhaiter devenir disciple de ce monstre de Frau, marmonna Sunny entre deux bouchées.
- Frau ?
- Un "rasoir" de la B.N.A. Un être qui ne sait pas ce que c'est que la délicatesse … ni l'amitié !
- Un "rasoir" ?
- Un "rasoir" est un agent spécial de l'organisation. Ils sont au-dessus de nous simples chasseurs de primes de bas de l'échelle. Ils ont fait leurs preuves pour être reconnus comme des chasseurs fiables et fidèles à la guilde. En gros, ce sont des vrais chiens de chasse qui sont sous les ordres directs du patron.
- J'ai déjà entendu parler de ces "rasoirs" … J'aimerais bien en rencontrer un en personne afin de vérifier si les rumeurs qui courent à leur sujet sont fondées.
- Si vous parlez du fait que ce sont des monstres alors je vous confirme que ne sont pas que des rumeurs … même si certains sont plus humains que d'autres.
- Ce Frau est dans quelle catégorie ?
- Vrai monstre. D'ailleurs on le surnomme l'Ange de la mort … Je me demande toujours comment fait Yamiko pour le supporter. En plus d'être violent il est arrogant comme pas possible.
- On peut changer de sujet de conversation s'il vous plaît ? » Réclama la jeune borgne.

La chasseuse de primes n'avait jamais confié à un de ses proches présents le fait qu'elle avait fait d'un "rasoir" son maitre parce qu'elle savait pertinemment qu'aucun d'entre eux n'aurait approuvé son choix. Ils étaient tous très protecteurs envers elle au point qu'à l'époque ils avaient tenté de la détourner de la voie de chasseur de primes, trouvant que celle-ci était bien trop dangereuse.

« Yamiko, tu es toujours l'élève de ce Frau ? Demanda Hikari d'une voix calme mais la petite sœur savait pertinemment la suite de la chanson si elle répondait dans l'affirmatif.
- C'est du passé maintenant. Je vais partir pour Grand Line alors je risque de ne plus le revoir vu qu'il ne désire pas quitter les Blues. »

La jeune borgne avait profité de l'occasion pour annoncer la fatidique nouvelle.

« Partir pour Grand Line ? Demanda Dame Hurano croyant avoir mal entendu.
- Oui. J'attendais que tout le monde soit réuni pour l'annoncer. Je suis revenue pour vous dire au revoir. »

Un silence pesant se fit alors que tout le monde semblait figé. Même Choupi cessa de manger, voyant que tout le monde s'était immobilisé.

« C'est une plaisanterie ? Finit par lâcher Ellaine qui avait reposé sa coupelle de saké. Les primés des Blues ne te suffisent plus pour que tu ailles chasser en enfer ? Arrête un peu de jouer aux héroïnes gamine ! Tu …
- Ellaine, laisse-la s'exprimer s'il te plaît ! Il doit bien avoir une raison … valable … qui te pousse à aller là-bas, n'est-ce pas ma petite Yamiko ?
- Oui. J'ai retrouvé la trace d'un des miens mais malheureusement, il est entre les mains d'un pirate qui se trouve actuellement sur Grand Line.
- Tu comptes donc aller lui arracher ? … Je te savais entêtée mais je ne pensais pas à ce point-là. Je sais que retrouver les survivants de ta famille est l'objectif de ta vie mais là, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin qui se trouve en plus dans un milieu très dangereux.
- Je le sais très bien Hika nii-san mais je ne peux pas laisser tomber maintenant alors que mes efforts finissent enfin par aboutir à quelque chose.
- Réfléchi un peu gamine ! Même si tu arrives à trouver la trace de ce pirate qui te dit que tu réussiras à libérer ce membre de ta famille de ses mains ? Les pirates de Grand Line sont des véritables monstres. Ils sont sans doute bien plus dangereux que vos "rasoirs". Si t'es une chasseuse de primes redoutée sur les Blues, là-bas, tu ne seras qu'une chasseuse de pacotille qu'un capitaine pirate pourra balayer en un seul claquement des doigts.
- Je sais tout ça mais je ne veux pas laisser la peur me freiner. J'ai peut-être une forte chance d'échouer mais il y a aussi la possibilité que j'y arrive. Si je laisse tomber maintenant, je vivrai dans le regret et ça je ne le veux pas.
- Je vois que tu es décidé. Peu importe ce que nous dirons, tu ne changeras pas d'avis, n'est-ce pas ?
- Non.
- Et vous êtes d'accord avec cette décision ? Fit Madame Kirikou à l'attention des nakama de la bornée.
- Je pense que vous êtes bien placés pour savoir qu'une fois qu'elle a pris une décision, il est impossible de lui en détourner ! »

Le silence se fit.

« Si nous savourons ces retrouvailles dans la joie les enfants ? Fit Dame Hurano qui tentait de détendre l'atmosphère devenue bien pesante. Ne gâchons pas donc cette soirée … Mon petit Hikari, tu peux me servir un peu de saké s'il te plaît ?
- Depuis quand tu bois grand-mère ?
- Juste une petite coupelle pour ce soir. Dame Hurano vida d'une traite ce qui lui avait été servi avant de poursuivre d'une voix nostalgique. Je me rappellerai toujours de ma première rencontre avec ma petite Yamiko … Ce jour où un ange aux cheveux blancs avait balancé des pommes d'un étalage sur un voleur qui avait arraché mon sac à main … Un souvenir qui m'arrache toujours un sourire quand j'y repense. Dire que c'était il y a plus de quatre ans.
- Et moi, je me souviendrai toujours de ce jour où elle a débarquée dans mon restaurant avec une troupe de la Marine à ses trousses car Mademoiselle avait osé frapper un des leurs.
- C'est parce qu'il martyrisait un pauvre pirate injustement.
- Certes mais tu avais failli perdre ta licence de chasseuse de primes ce jour-là à cause de tes conneries … Je me suis toujours demandé dans quel camp tu étais à force de te voir venir au secours des criminels alors que t'étais censée les arrêter.
- C'est parce que Mademoiselle n'arrête pas des pirates mais des méchants pirates !
- Hahaha !
- Cessez donc de la taquiner. Ma petite sœur est juste une justicière. Une vraie de vraie.
- Buvons donc à notre Super héroïne !
- À notre Super Yamiko ! »

Tous, sauf Yamiko et Choupi qui ne semblait même pas prêter attention à la conversion mais se contentait de manger tranquillement, rirent tous en chœur.

Les conversations se poursuivirent ainsi, avec comme sujet "les bêtises de Yamiko". Il était vrai qu'elle en avait fait des balourdises mais elles n'étaient point intentionnelles mais purement naturelles. Être soumis à son instinct, elle réagissait bien souvent sans réfléchir ce qui en résultait des actes qui laissaient les êtres sensés bouche bée. Mais, grâce à ses actions déplacées, elle avait aussi réussi à atteindre le cœur des êtres dont certains elle chérissaient aujourd'hui ; comme tous ceux qui entouraient la table de ce soir.

Si au début la jeune borgne ne s'amusait pas tellement en écoutant les récits de ses bêtises narrés par les autres, leur bonheur faisant le sien, elle réussit tout de même à entrer dans l'ambiance et s'amusa même à enrichir les conversations. Ainsi, la soirée était bercée des fous rires alors que chacun avait fini par révéler les bêtises des autres …


Dernière édition par Yamiko le Mer 6 Jan - 15:24, édité 2 fois
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TROISIÈME DANSE
En Route Pour La Capitale !

« Bonne route et surtout évitez les problèmes en chemin ! ... Fozia-san, je compte sur vous ! » Fit Hikari tout en levant le pouce droit accompagné d'un beau sourire.

Fozia ne dit mot. Comportement peu habituel qui n'échappa pas à Yamiko qui ne cessait de guetter Hikari et Miss gun qui semblaient beaucoup se rapprocher durant les trois jours qu'ils avaient passés dans la ville portuaire.

« Je compte sur toi pour notre bateau Hika nii-san !
- Ne t'en fais pas. Il est entre des bonnes mains !
- Merci Onii-san.
- Ne fais pas trop de bêtises hein ? Et mes salutations à la famille royale. »

Petit-fils prodige de Dame Hurano qui était la fille du précédent colonel, celui qui avait été à la tête de la Garnaison de la Marine d’Hinu Town, Hikari était connu sur toute l'île, y compris par la famille royale à qui, comme ses prédécesseurs, il avait déjà rendu bien de services. Occupant actuellement le poste de Commandant au sein de la garnison locale, suivant la tradition familiale, il avait une certaine notoriété sur l'île mais surtout dans la ville côtière où il est très apprécié par la population.

***

Chacun sur un chameau, sauf la jeune borgne qui partageait le sien avec Choupi, l'équipage d'Eagle Claws, précédé d'un guide, prit la direction du grand désert pour se rendre à la capitale. Plus exactement au palais royal. Tous étaient couverts de la tête aux pieds, tels des gens du désert, afin de se protéger du soleil et des grains de sable.

« Tu n'as pas intérêt à lui briser le cœur ! Lâcha la chasseuse de primes aux cheveux blancs alors qu'elle avait placé sa monture à côté de celle de Fozia.
- Mais de quoi tu parles ?
- Tu crois que je n'ai rien remarqué ? … Toi et Onii-san.
- Arrête de divaguer ! Le désert te ronge déjà le cerveau alors qu'on vient à peine de partir ?
- Ce n'est pas toi qui me dis sans cesse qu'il n'était pas bien de nier la vérité ?
- La vérité c'est que tu as tort. Il se passe rien entre moi et Hikari.
- Tu l'appelles par son simple prénom maintenant ? … Enfin bon, tant mieux s'il n'y a rien entre vous car tu ne vas pas rester alors autant que vous ne vous rapprochez pas trop.
- Tu crois que je ne le sais pas idiote ! » Lâcha tout bas Fozia alors que la jeune borgne s'éloignait pour se positionner à côté de leur guide.

Il était vrai que la jeune femme était attirée par le jeune Hurano mais, consciente qu'il était inutile d'entamer une relation amoureuse alors qu'elle était sur le point de quitter les Blues pour Grand Line, elle tentait alors d'étouffer ses sentiments naissants bien que l'élu ne semblait pas les rejeter.

Une séparation était toujours difficile et encore plus lorsqu'il s'agissait de quitter une personne qu'on aimait de tout notre être. Yamiko était bien placée pour savoir cette vérité. Son errance l'amenait sans cesse à quitter des êtres qui lui étaient chers. Des expériences tellement douloureuses que l'idée de ne s'attacher à personne durant son voyage lui avait effleurée l'esprit mais son être se révélait être incapable d'entreprendre une telle initiative.

***

Plus de deux heures plus tard.

« C'est encore loin ? Je n'en peux plus ? Geindra Sunny tout en s'affalant sur le dos de sa monture et eut ensuite la mauvaise idée de renifler sa bête car il suffoqua, tout en se redressant maladroitement et finit par perdre l'équilibre. Lourdement, il tomba dans le sable. Saleté de créature ! Qui a osé me filer une bête qui pue autant ? Continua-t-il de râler, une fois avoir retrouvé sa respiration et campé sur ses jambes.
- Qui t'a dit de l'embrasser aussi ?
- Je ne l'ai pas embrassé ! … Je ne veux plus monter sur cette salle bête !
- Très bien ! Tu n'as qu'à marcher alors, fit Fozia calmement tout en attrapant le licol de la monture de Sunny pour la conduire.
- Bon ! A plus Sunny ! Lâcha Yamiko d'un ton jovial. Ne traine pas trop où tu vas finir momifié … si des bandits du désert ne t'attrapent pas avant ! »

La troupe accéléra d'un coup, délaissant le pauvre Sunny, les pieds dans le sable et les mains sur les hanches.

« Vous n'êtes pas sérieux !? Fit l'Excentrique de service, une main tendue comme pour rattraper ses compagnons. Attendez ! Finit-il par hurler tout en courant maladroitement dans le sable. Ne me laissez pas ! Revenez ! »

Les autres continuèrent de s'éloigner et croyant réellement qu'il avait été abandonné, le pauvre se mit à courir de plus en plus belle mais finit par se vautrer misérablement, le visage dans le sable. Lorsqu'il releva la tête pour cracher des grains de sable, il remarqua que des paires de pattes des chameaux revenaient vers lui.

« Il a bon gout ce sable ? »

Yamiko et Fozia s'esclaffèrent alors que l'Excentrique de service se releva pour arracher avec rage la longe de sa monture de la main de Miss gun. Sentant son animosité, le chameau se mit à s'agiter mais finit par se laisser monter.

« Encore un petit effort Sunny. On y est presque, tenta de lui rassurer la jeune borgne.
- Tu as déjà dit ça il y a une heure déjà !
- Sunny, tu étais au courant de ce qui t'attendait et personne ne t'a forcé à venir alors cesse de te plaindre et avance !
- Pense aux bonnes choses qui t'attendent au palais ! » Fit Yamiko avant de se précipiter pour reprendre sa place à la tête de la file, juste derrière leur guide.

Tout comme Sunny, la jeune femme aux cheveux blancs avait hâte d'arriver à destination mais la raison qui les animait n'était point la même. Si l'Excentrique de service était pressé que leur trajet, qui pour lui était un enfer, s'achevait, la jeune femme quant à elle était animée tout simplement d'un désir ardent de revoir les princesses Sania et Shara Al-Jawhara. Ainsi, lorsque la capitale fut à portée de vue, elle accéléra sa monture pour devancer même le guide, forçant l'homme-poisson, qui était derrière elle, à se cramponner à sa personne jusqu'à lui faire mal.

« Choupi, desserre un peu tes bras s'il te plaît !
- Ya-chin va trop vite !
- Ne t'inquiètes pas. Tu ne tomberas pas. En plus, on va bientôt arriver. Regarde, c'est la ville là-bas ! … Elle est belle non ? … Silence … J'oublie toujours que tu t'en fiches de ce genre de détails toi ! » …
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QUATRIÈME DANSE
L'Aspiration De Shara

Leurs montures laissées au guide à qui ils les avaient loués, l'équipage d'Eagle Claws se dirigea à pied vers le palais royal. Réfrénant sans envie de courir, tant son envie d'arriver était brûlante, Yamiko se mit à détailler les environs, alors que là n'était point sa passion, pour tenter de calmer son impatience. Elle remarqua que rien n'avait changé. Les bâtiments, les activités … tous paraissaient comme ils étaient il y a quatre ans. Elle se demanda alors si au palais aussi rien n'avait changé. Elle se remémora les pièces où elle avait souvent trainé ainsi que l'extérieur où elle avait maintes fois affronté la princesse Sania Al-Jawhara qui avait été sa première sensei. Celle qui lui avait enseigné les bases du combat à mains nues mais aussi au sabre mais surtout elle était son modèle. La jeune borgne se souviendra toujours de ce jour où elle avait rencontré la princesse héritière pour la première fois. Ce jour où elle avait cru se trouver face à une déesse qu'elle était alors prête à vénérer à l'époque.

C'était la princesse Sania elle-même qui avait introduit la jeune borgne au palais pour la première fois. Elle l'avait engagé pour protéger sa petite sœur Shara alors que la chasseuse de primes venait de libérer des animaux de compagnie des habitants de la ville côtière d'Hinu Town qui avaient été volés par des trafiquants. Parmi les bêtes capturées, il y avait eu un singe qui appartenait à la jeune princesse. Elle avait fréquenté la famille royale pendant plus de deux mois avant de décider de reprendre son chemin à la poursuite son but. La revoilà aujourd'hui dans cette ville où elle avait tant traînée et les bons souvenirs lui arrachèrent un sourire heureux.


***


« C'est impossible ! Répondit sèchement un des deux gardes postés devant l'entrée principale du palais alors que la jeune borgne avait demandé l'autorisation de passer.
- Puisque je vous dis que je suis une vieille et très bonne connaissance des princesses Sania et Shara ! La jeune borgne sortit une lettre. Regardez, c'est la dernière lettre qu'elles m'ont envoyée. »

Les gardes, qui n'étaient plus les mêmes que ceux qu'elle avait connus à l'époque, parcoururent la missive que les princesses lui avaient écrite voilà quelques mois. En plus de donner de leurs nouvelles et de demander les siennes, celle-ci mentionnait également une invitation à venir les rendre visite. Chose qu'elle les avait promis par une lettre en retour et elle était venue aujourd'hui honorer cette promesse avant de partir pour Grand Line. Si elle avait informé les princesses de sa visite, les choses auraient été moins compliquées mais, comme avec ses proches dans la ville côtière, elle souhaitait les surprendre par sa présence inattendue.

« Cela ne prouve rien. Vous aurez pu la griffonner vous-même.
- Mais regardez en bas, il y a le sceau royal ! Commença à s'exciter Yamiko.
- Rien ne prouve que c'est authentique.
- Vous pouvez au moins leur annoncer notre présence ! Fit Fozia alors que Yamiko sortait son escargot-phone.
- Pour cela, il faut une invitation officielle !
- Bon, on ne va pas rester plan …
- Yamiko ?
- Bonjour Sania-sama. Navrée de vous déranger mais j'aurai besoin de votre intervention s'il vous plaît ! Fit la jeune borgne d'une voix qui manquait d'assurance.
- Tu n'es pas croyable ! Tu m'appelles après tant de mois sans nouvel et c'est pour me demander un service sans demander comment je vais !
- Veuillez pardonner mon impolitesse Sania-Sama ! Fit la jeune femme d'un ton navré, tout en faisant une courbette comme si elle était en face de son interlocutrice.
- Enfin, passons. En quoi puis-je donc aider ma disciple indisciplinée ?
- Disons que … j'ai un léger souci avec les gardes de l'entrée principale du palais.
- Comment ça ?
- Heu … Ils ne veulent pas nous laisser passer … C'est qui est compréhensible. Ils ne font que leur travail.
- Tu es devant le palais . Je veux dire notre palais ?
- Oui ! Fit la chasseuse de primes à contre cœur car sa surprise venait d'être en partie gâchée.
- Sérieusement ? Tu …
- Princesse ? Excusez-moi de vous interrompre mais votre invité est arrivé ! Fit une voix masculine à travers l'escargot-phone.
- Yamiko, passe-moi un des gardes ! »

La jeune borgne s'exécuta.

« Entendu Princesse … Navré pour ce malentendu, fit le garde tout en rendant l'escargot-phone à sa propriétaire. Vous pouvez passer !
- Yamiko ?
- Oui Princesse ?
- Ne repart pas avant de m'avoir dit bonjour en face, c'est bien compris ? Lâcha Sania avec empressement.
- Bien sûr. Je … Tutututu … Allô ? Princesse Sania ? Elle a raccroché ! » Fit-elle aux autres avec consternation alors qu'ils franchissaient le grand portail pour s'engager dans la grande allée qui menait vers le palais.


***


« Waouh ! Cette vase est vraiment magnifique ! S'extasia Sunny qui semblait ne plus savoir où donner de la tête face aux objets qui ornaient la pièce où ils se trouvaient.
- Sunny, tu peux arrêter s'il te plaît !? … N'oublie pas où tu te trouves ! Tu n'es pas dans un musée !
- Quoi ? … Je ne fais que regarder !
- Laissez-le donc faire. Cela n'est pas un problème. Au contraire, le roi, aime qu'on admire ses acquisitions. » Fit une des chefs domestiques du palais royal qui les avait accueilli.

C'était une dame d'un âge assez avancé avec un visage bien chaleureux qui les avait conduit dans une pièce prévue pour faire patienter les invités autour d'un thé. Elle avait ensuite envoyé une des celles, qui étaient sous ses ordres directs, prévenir la princesse Shara de la visite à l'improviste de Yamiko et ses amis.

Si le passage du portail avait été un obstacle, une fois avoir franchi celui-ci, la petite équipe n'avait pas eu trop de mal pour arriver jusqu'à l'intérieur du palais car, si les gardes avaient été changés, il restait des domestiques que la jeune borgne avait fréquentés à l'époque et qui l'avaient reconnu sans problème.




« Yamiko ? Fit une petite voix alors que la porte s'ouvrit brusquement pour laisser passer une jeune fille aux magnifiques cheveux de jais, talonnée par un tigre portant un singe sur son dos.
- Princesse Shara. »  Lâcha Yamiko tout en se précipitant, les bras ouverts, pour accueillir la jeune princesse.

Si à l'époque, elle avait besoin de se baisser pour prendre la jeune princesse dans ses bras, ce ne fut plus le cas aujourd'hui car elle n'était plus un enfant de six ans mais une jeune fille de dix ans. Pourtant Yamiko la fit tournoyer comme par le passé avant de la reposer.

« Que tu as grandi et toujours aussi jolie ! … Princesse, laisse-moi te présenter mes a … Le singe qui avait abandonné sa monture pour grimper sur elle interrompit Yamiko … Bonjour Kaola. C'est la grande forme on dirait ? »

Le singe se contenta de lui montrer toutes ses dents. Comportement que la jeune borgne connaissait déjà la signification qui était un "oui". La jeune femme caressa docilement la tête de l'animal alors que le tigre se frotta contre elle tout en poussant un grognement de réclamation d'attention.

« Bien sûr que je ne t'ai pas oublié mon bon Satin ! On dirait que tu as encore grandi ! » Fit la jeune borgne, tout en posant un genou à terre pour caresser la tête de la bête à la carrure intimidante mais qui était d'une douceur surprenante.

Kaola était le singe qu'elle avait sauvé à l'époque. Un sauvetage qui l'avait mené à fréquenter les Al-Jawhara. C'était incroyable comment une action qui pour elle était presque anodine avait fait croiser son destin avec ceux de ces êtres dont beaucoup auraient bien aimés connaitre.

« Princesse Shara, je te présente donc …
- Sunny, Fozia et … Choupi … Qu'il est mignon ! L'interrompit la princesse avant de se précipiter vers l'homme-poisson qui continuait de manger tranquillement les petits biscuits qui leur avaient été servis pour accompagner le thé.
- Comment ça se fait que tu les connais princesse ? Demanda la jeune borgne avec étonnement car elle n'avait jamais mentionné les noms de ses collègues durant leur correspondance écrite ou téléphonique.
- C'est parce que la jeune princesse suit vos aventures. Elle ne manque aucun de vos exploits publiés ou diffusés comme lors de la promotion de votre organisation … D'ailleurs, elle a décidé de devenir chasseuse de primes comme vous, au grand dam de son père qui ne désire point la voir s'engager dans cette voie.
- Je suis flattée mais je pensais que son modèle était la princesse Sania ?
- Je veux sillonner les mers et arrêter des méchants comme toi ! » Déclara avec enthousiasme Shara qui avait pris place à côté de Choupi.

Yamiko ne sut quoi dire face à la déclaration qui ne la réjouissait aucunement. Elle connaissait trop la dangerosité du métier de chasseur de primes alors, tout comme le roi, elle ne désirait point voir Shara s'engager là-dedans, cependant, elle savait pertinemment que raisonner la princesse était inutile. À l'image de tous les Al-Jawhara, quand elle désirait quelque chose il était impossible de lui en détourner. La jeune borgne se contenta alors d'espérer que la jeune princesse changerait d'avis en grandissant comme elle l'avait déjà fait concernant son projet de devenir comme sa grande sœur Sania …
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CINQUIÈME DANSE
Terry, L'Indomptable

Yamiko ne tarda pas à apprendre que la princesse Sania était en déplacement pour des affaires et après l’avoir recontactée, la princesse héritière l'informa qu’elle ne sera pas de retour au palais avant au moins dix jours. Le but de son déplacement étant de revoir elle et la princesse Shara avant de partir pour Grand Line, la Danseuse du vent convainquit donc ses amis d’attendre le retour de la princesse héritière.

Ne désirant pas imposer leur présence pour un si longs séjours, l’équipage d’Eagle claws décida de louer des chambres dans une auberge de la ville mais la princesse Shara insista pour qu’ils passèrent au moins leur première nuit au palais.

Durant le diner, qui était ce qu’il y avait de plus ordinaire pour la jeune princesse mais un vrai festin royal pour les chasseurs de primes, ces derniers durent conter leurs aventures à Shara. Chose que la jeune borgne fit, insistant sur la dangerosité de leur métier. Comprenant son initiative, ses collègues ne tardèrent pas à l’imiter mais, malheureusement, leurs entreprises n’eurent pas le résultat escompté. Au contraire, ils n’avaient fait qu’alimenter le désir de la princesse de devenir chasseuse de primes au grand désespoir de Yamiko.

Yamiko profita de la soirée pour annoncer à la jeune princesse la raison de son retour à Anataka et bien que celle-ci n'avait dit mot, la chasseuse de primes sentit que Shara n'était point exaltée par son départ pour Grand Line. Malgré son jeune âge, la princesse était certainement au courant de la dangerosité de la Route de tous les périls et avait donc une idée de ce qu'attendait la jeune borgne à qui elle était très attachée.

***

« Ne t’en fais pas va ! Tenta de lui rassurer Fozia, une fois qu’ils se retrouvèrent entre agents de la B.N.A. Ce n’est qu’un rêve d’enfant. En grandissant, elle comprendra qu’elle a ses devoirs de princesse à tenir.
- J’espère que tu as raison. »

Après une bonne heure de discussion, chacun partit dans la chambre qui lui avait été attribuée pour la nuit. Pour la première fois depuis que Yamiko l’avait pris sous son aile, Choupi allait dormir seul dans une pièce et, bien qu’il ne dît rien, l’inquiétude se lisait dans le regard de l’homme-poisson. Ce dernier était resté planté devant la porte de sa chambre pour fixer la jeune borgne qui se dirigeait vers la sienne juxtaposante. Sentant le regard insistant derrière elle, la jeune femme finit par faire demi-tour.

« Choupi, va donc dormir ! Tu es en sécurité ici. Personne ne te fera du mal ! »

Malgré ses trois mètres de hauteur et ses trois cents kilos, Choupi était comme un enfant dont il fallait s’en occuper en permanence. Raison d’ailleurs qui avait poussé Yamiko à prendre en charge l’homme-poisson qui s’était retrouvé seul, après qu’elle l’avait libéré de sa case avec d’autres esclaves. Le traumatisme lié à son esclavage l’avait rendu méfiant et peureux. Il ne se sentait rassuré qu’auprès d’un être en qui il avait entièrement confiance.

« La jeune princesse nous a accordé une chambre à chacun et il serait impoli de notre part de ne pas honorer sa gentillesse alors essaie de dormir tout seul au moins pour cette nuit. Fais-le pour moi s'il te plait ! » Ajouta Yamiko tout en se rapprochant de la créature rose afin de le toucher pour tenter de la rassurer.

Choupi hocha la tête mais l’inquiétude voilait toujours son regard, qui avait le don de faire craquer la chasseuse de primes mais, cette fois-ci, la jeune femme résista à l’envie de céder à la réclamation silencieuse de son protégé.

« Tu es un bon garçon ! Dors-bien mon Gros doudou ! »

Après un doux baiser sur le front de l'homme-poisson, qui avait réduit sa taille sans que Yamiko l'eût réclamé, car là était devenu une habitude, la chasseuse de primes regagna enfin sa chambre. Choupi n'investit la sienne qu’une fois la jeune femme fut hors de portée de sa vue.

***

Après un petit déjeuner royal, la jeune princesse, toujours accompagnée de ses fidèles compagnons Kaola le singe et Satin le tigre, vint chercher les chasseurs primes pour les amener voir son éléphant Batyr. Animal que Yamiko connaissait déjà mais, bien que la bête était réputée avoir une grande mémoire, celle-ci ne semblait pas se souvenir de la jeune borgne. Sans doute parce que cette dernière n’avait pas passé assez de temps avec la bête à l’époque ou bien ce qu’on raconte sur leur mémoire n’était que du racontar. En tout cas, contrairement avec Kaola et Satin qui eux ne l’avaient point oublié, la complicité que la jeune femme avait réussie autrefois à tisser avec l’éléphant semblait s’être évaporée. Ce qui assombrit quelque peu la chasseuse de primes aux cheveux blancs qui avait fini par s’attacher aux animaux de la princesse Shara.

« Tu n’as pas eu d’autres animaux depuis mon départ Princesse ? » S’étonna la chasseuse de primes aux cheveux blancs qui était au courant de l’amour de la jeune princesse pour les animaux et qui, depuis ses trois ans, avait droit à une nouvelle bête, de la part de son père ou de sa grande sœur Sania, à chaque anniversaire.

Connaissant la tradition de l’époque, la jeune femme s’attendait donc à voir au moins quatre nouveaux compagnons animaliers de plus s’ajouter à la liste qu’elle connaissait déjà. Or, elle ne voyait que des têtes connues.

« Père a jugé que j’en avais assez à s’en occuper. Après la mort de César et Cléopâtre – un couple de perruches calopsitte – Grande sœur Sania m’a offert un aigle royal mais celui-ci n’en fait vraiment qu’à sa tête. Il ne fait qu’attaquer mes autres animaux et les paons de la cour alors je l’ai enfermé.
- Enfermé ? Pourquoi ne pas lui rendre sa liberté ? Comme tu l'avais fait avec César et Cléopâtre. Je sais que tu détestes voir un animal en case.
- J’ai déjà essayé mais, comme César et Cléopâtre, il a fini par revenir et ne désire plus repartir. Je n’ai pas eu donc d’autres choix que de l’enfermer car je ne veux pas voir des bêtes mourir ou blesser à cause de lui. De même, je ne tiens pas à ce qu'il meurt ou se blesse à cause de ses propres bêtises. Satin a failli l’attraper l’autre jour et père n'apprécie guère qu'il s'en prenne aux paons du palais.
- Je pensais que tous les animaux en ta possession étaient bien éduqués au préalable.
- Terry a été bien éduqué. Il fait très bien ce pour quoi il a été élevé mais seulement, il semble avoir gardé son instinct de prédateur. Il arrive que, même domestiqués, certains animaux gardent un côté sauvage. Terry se révèle être un de ceux-là.
- Vous avez dit, ce pour quoi il a été élevé ? De quoi s'agit-il donc ?
- Terry a été dressé pour attaquer quiconque qui s’en prenne à une personne qui porte ceci. »

Shara révéla un collier avec une sorte de sifflet en guise de pendentif. Ce dernier était orné d’une pierre étincelante d’une belle couleur azur. Cet objet émet un ultra-son qui me permet de l'appeler quand je veux et il peut également venir à mon secours sans que je le réclame si on m'agresse, du moment que cette pierre est à la portée de sa vue. C'est elle qui lui permet d'identifier son maître, autrement dit, la personne qu'il doit protéger.

« Étonnant !
- Vous semblez ne pas beaucoup connaitre les animaux Fozia-sans ! Shara posa alors un genou à terre pour caresser la tête de Satin. Un animal peut devenir le meilleur ami de l'homme qui serait prêt à sacrifier sa propre vie pour sauver celle de son maitre. Satin et Kaola sont déjà venus plusieurs fois à mon secours bien qu'ils n'aient pas été dressés pour ce prédisposition comme Terry. Là est un instinct qu'un animal adopte naturellement envers une personne à qui il est très attaché. De plus, contrairement à un humain, un animal qui vous est fidèle ne vous trahira jamais, conclut la jeune princesse tout en se révélant.
- Je suis bien d'accord. On peut faire de n'importe quel animal un fidèle compagnon. Il suffit de l'habituer à soi dès son plus âgé et de bien le traiter. Certains animaux s'éduquent même dans l'œuf, comme l'aigle justement.
- C'est vrai que Yamiko-san a fréquenté plein d'animaux autrefois. »

L'autrefois était l'époque où la jeune borgne vivait encore parmi sa troupe de cirque ambulante.

« Hé oui ! J'avais même un singe qui s'appelait Mana. Un vrai petit garnement qui n'obéissait à personne lui non plus d'ailleurs … Les animaux sont comme les enfants, il y en a qui sont plus obéissants que d'autres. Comme les humains, ils ont chacun leur caractère … Je ne sais pas pourquoi mais j'ai toujours attiré les singes plus que les autres animaux, ajouta Yamiko tout en caressant joyeusement Kaola qui s'était perché sur son épaule droite dès le départ.
- Sans doute parce qu'ils te ressemblent ! Plaisanta Sunny.
- Celui qui ressemble le plus à un singe ici, est plutôt toi ! Ajouta Fozia qui ne pouvait s'empêcher d'asticoter son camarade.
- Répète un peu !
- Princesse ? Pourrais-je voir Terry ?
- Bien sûr ! »

La jeune princesse mena alors les chasseurs de primes auprès d'un enclos très spacieux et fermé jusqu'au-dessus. L'intérieur avait été aménagé avec soin pour le plus grand confort l'animal qui y était enfermé : un très majestueux aigle royal qui se contenta de lorgner avec un certain dédain les importuns.


« Qu'il est beau ! S'extasia Yamiko, tout en se précipitant vers la case géante pour y agripper ses doigts.
- Fais attention Yamiko-san ! Il est vraiment imprévisible. De tous les animaux que j'ai eus, Terry est bien le seul que je n'arrive vraiment pas prévoir les actes. Enfin, jusqu'à présent, il ne s'est encore jamais pris à un humain.
- Vous voulez dire que vous n'avez jamais eu à être secouru par lui ?
- Vous savez, je sors rarement du palais et lorsque l'occasion se présente, j'ai des vrais gardes du corps qui m'escortent. La plupart du temps, j'ai l'autorisation d'amener Kaola avec moi et parfois Satin aussi mais jamais encore l'occasion de me promener en compagnie de Terry s'est présentée. Je l'ai en ma possession que depuis un peu plus de deux mois. »

La princesse ouvrit l'enclos et aussitôt l'animal s'échappa pour filer à toute vitesse vers le ciel. La princesse et les chasseurs de primes levèrent la tête pour le suivre du regard alors que Satin grogna de mécontentement.

« On dirait bien que Satin n'apprécie vraiment pas Terry !
- C'est bien le cas et là un réel problème. Terry a fini par ignorer Kaola et Batyr mais il n'arrive vraiment pas à s'entendre avec Satin.
- Sans doute parce que les deux sont des prédateurs. Je me souviens que mes parents avaient du mal à faire travailler deux prédateurs ensemble.
- Pourquoi ne pas parfaire son dressage ?
- Il est un peu tard pour cela. Comme l'avait dit Yamiko-san, il faut dresser un animal dès son plus jeune âge. Une fois devenu adulte, il est difficile, voire impossible, de dresser une bête. On ne peut alors que compter sur la bonne volonté de l'animal. Parfois, à force de douceur et de persévérance cela finit par payer mais pas toujours. Terry a été bien dressé. Ses mauvaises habitudes ne sont pas liées à un mauvais dressage mais à son propre caractère et dans ce cas il faut juste espérer qu'il change de lui-même.
- On dirait qu'il re … »

Yamiko suspendit sa phrase voyant que l'aigle fonçait droit sur elle.

« Attention Yamiko-san ! »

Sans même attendre l'avertissement de la princesse, la jeune borgne s'était mise à courir alors que Terry la coursait.

« Ya-chin !? » Fit Choupi avec inquiétude alors que jusqu'à présent il se contentait de les suivre sans montrer le moindre intéressé à ce qui se passait.

L'homme-poisson se précipita ensuite à la poursuite de la chasseuse de primes aux cheveux blancs qui continuait de détaler, Terry toujours à ses trousses alors que la princesse se précipita dans l'enclos.

« Choupi ! … Merde, je n'ai aucune arme sur moi !
- Tu ne compte tout de même pas tirer sur cette bête !?
- Tu préfères peut-être voir Yamiko se faire déchiqueter . … Tiens … on dirait qu'il abandonne !
- Il … il fonce sur nous ! »

Les chasseurs de primes se baissèrent, protégeant leur tête de leurs bras. L'aigle rasa l'air au-dessus d'eux pour aller se poser sur l'avant-bras droit de Shara, revêtu d'un gant spécial pour ne pas se faire écorcher par les serres de l'animal. La jeune princesse était allée récupérer l'objet dans la case géante avant d'interpeler l'animal grâce au sifflet orné de pierre à son cou.

« Décidément, tu es impossible Terry ! Je suis très en colère ! Tu tiens donc à ce que je te laisse dans cette case le restant de ta vie ? »

L'animal se contenta de lever la tête tout en regardant de droite à gauche.

« Tu crois qu'il la comprend ? » Chuchota Sunny à Fozia alors que les deux agents s'étaient relevés.

Yamiko rejoignit les autres, accompagnée de Choupi.

« Je n'ai jamais autant couru depuis que je me suis faite courser par les hommes de main de Tempiesta … Merci d'être venu à mon secours Chou … »

Une fois de plus Yamiko ne termina pas sa tirade car Terry abandonna l'avant-bras de sa maitresse pour se précipiter de nouveau vers elle. La jeune borgne eut juste le réflexe d'user du rope action pour sortir des cordes de son encolure afin de protéger sa tête. Le rapace se posa au sommet de son crâne, qui était à présent confiné dans des cordes qui l'empêchaient de bouger correctement le cou en plus de lui fournir des sensations désagréables.

Face au spectacle, au lieu de venir à son secours, Fozia et Sunny se mirent à rire, jusqu'à se plier en deux.

« Si vous m'aidez plutôt au lieu de rigoler de mon malheur ? »

Choupi s'approcha pour venir à l'aide de sa protectrice mais la princesse le stoppa d'une main.

« Attendez ! … On dirait qu'il cherchait juste à se poser sur ta tête Yamiko-san ! »

Fozia et Sunny s'esclaffèrent de plus belle.

« Surement mais j'aimerais qu'il aille se poser ailleurs si cela ne te dérange pas Princesse !
- Ne bouge pas ! »

Shara s'avança vers le perchoir humain, tout en enlevant le gant de protection pour l'enfiler à la main droite de Yamiko sauf que Terry ne daigna même pas regarder le membre que la jeune femme avait mis en évidence pour l'inviter à s'y percher plutôt que sur sa tête. L'animal se contenta de becqueter les cheveux blancs qui dépassaient à travers les cordes qui servaient de protection contre ses serres acérées.

« J'ai compris ! S'écria soudain Shara. Il est attiré par tes cheveux Yamiko-san !
- Pourtant ceux de Sunny sont bien plus attirants ! En tout cas, ils attirent beaucoup de bambins. Enfin … qu'on me vire cette bête de ma tête s'il vous plaît ! »

La princesse se précipita dans l'enclos puis usa du sifflet pour interpeler le rapace qui, aussitôt, s'en alla dans la case que Shara s'empressa ensuite de fermer.

« Je suis vraiment navrée Yamiko-san !
- Tu n'as pas à t'excuser Princesse. Ce n'est pas de ta faute … Par contre toi ! Je te ferai gouter à ma pire technique de rope action si tu me prends encore pour un perchoir ! Cria la jeune femme à Terry qui se contenta de la fixer tout en inclinant la tête à gauche et à droite avant de se jeter contre l'enclos pour tenter d'attraper la jeune borgne qui avait reculé par réflexe. Je crois qu'il ne m'aime vraiment pas !
- Au contraire ! Je dirais plutôt qu'il t'apprécie. Il n'a jamais montré autant d'intérêt à un être humain auparavant.
- Princesse, cet animal a failli m'écorcher vive !
- C'est juste qu'il ne se rend pas compte que son acte est dangereux … Je pense que tu pourrais le lui faire comprendre en le dressant.
- À quoi bon ? Ce n'est pas mon animal mais le tien Princesse.
- J'ai une idée. Pourquoi tu ne le prendrais pas avec toi ? Déclara Shara … Je pense qu'il serait bien plus heureux en voyageant avec vous qu'enfermer dans cette case.
- Mais je suis sûr que tu réussiras à le faire entendre raison très bientôt pour qu'il n'ait plus à vivre enfermé et puis, c'est un cadeau qu'on t'a offert Princesse !
- C'est un présent de grande sœur certes mais je suis certaine qu'elle ne m'en voudra pas de te l'offrir. Considérons cela comme mon cadeau pour votre départ pour Grand Line. Je suis sûr que Terry vous sera très utile. Il accomplit parfaitement son devoir de garde du corps après tout. »

Yamiko se gratta le sommet du crâne, partagée entre l'envie d'accepter et le désir de refuser. L'amoureuse du vent et du vide qu'elle était a toujours admirer les oiseaux pour leur capacité à voler et, parmi ces derniers, les rapaces étaient de loin ceux qu'elle préférait. Pour elle, ils étaient les maitres des cieux. Avoir donc une de ces bêtes, qu'elle admirait tant, en sa possession était de plus tentant, seulement, le comportement de Terry la freinait. Si la princesse Shara n'avait pas réussi à le dompter alors elle ne voyait pas comment elle y parviendrait.

La jeune borgne n'avait pas encore réussi à se décider que Fozia s'exprima déjà à sa place.

« La réponse est non ! … Non seulement cet animal est imprévisible, donc dangereux pour nous tous, mais en plus, qu'est-ce qu'un aigle ferait à bord d'un navire, hein !? Au mieux, sa place est à la montagne et non pas du tout en mer.
- Si un perroquet peut sillonner les mers alors pourquoi pas un aigle ? … De plus, un aigle est bien plus beau qu'un perroquet et il fera une bien meilleure mascotte pour notre équipage qu'un perroquet. Un perroquet c'est bon pour un pira …
- Mais c'est vrai ça ! Lâcha avec entrain Yamiko comme si elle venait d'avoir une illumination … Princesse j'accepte ton présent !
- Yamiko …
- Fozia, on ne peut pas refuser le cadeau de la Princesse tout de même ! En puis … on aura la plus majestueuse des mascottes à bord ! Se réjouit Yamiko au grand désespoir de Fozia qui se tapa la tempe de la paume de sa main droite.
- Je savais bien que c'était ça qui te motivait ! … Bon, puisque je n'ai vraiment pas le choix, je cède mais seulement si tu arrives à dompter cet animal d'ici notre départ !
- Tu entends ça Terry ? Tu vas nous accompagner ! » Fit la jeune borgne tout en se rapprochant de la case pour fixer le rapace, qui était retourné sur son perchoir, dans les yeux.

En guise de réponse, l'animal se jeta de nouveau contre l'enclos, cherchant à agripper Yamiko mais qui, cette fois-ci, ne recula pas.

« Bientôt, tu seras mien mon grand ! Parole de Yamiko ! » Ajouta la jeune femme avec le sourire alors que l'animal continuait de se débattre de derrière la case, cherchant toujours à l'atteindre.

« Je sens que ça va mal finir cette histoire ! » Appréhenda Fozia …
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SIXIÈME DANSE
Domptage d'Un Vrai Entêté

« Tu es sûr de ne vas vouloir au moins protéger ta tête ? S’inquiéta Miss Gun.
- Non, ça ira. Je ne me laisserais pas me faire avoir par un simple volatile, répondit la Danseuse du vent, l’air déterminé.
- Ton volatile est quand même équipé des becs et des serres très acérés … Enfin, comme tu voudras mais ne viens pas te plaindre si tu te fais déchiqueter ! »

Alors que Fozia rejoignit les autres, qui étaient restés à l’écart, la jeune borgne leva le pouce de sa main gauche, parce que son autre main était confinée dans un gant de protection montant jusqu’en haut de son avant-bras. Au signal, la princesse Shara ouvrit la case de Terry. Comme attendu, le rapace se précipita droit en directement de la chasseuse de primes aux cheveux blancs qui s’était positionnée un peu plus loin, au milieu d’un terrain bien dégagé. La jeune femme avait levé son bras protégé pour inviter l’animal à s’y poser mais comme dans la matinée, l’oiseau chercha plutôt à se poser sur son crâne. Sans même bouger d’un millimètre, car reculer serait montrer à l’animal qu’il avait le dessus, Yamiko empêcha celui-ci de se poser sur sa tête, le chassant avec des cordes sorties de son encolure. Surpris, Terry laissa échapper un petit cri avant de prendre de la hauteur. L’animal ne descendit pas de suite mais plana en rond loin dans le ciel, tout en guettant sa cible campée sur le sol.

« Ce n’est pas bon ! S’écria la princesse qui étudiait le comportement du rapace. On dirait qu’il prend Yamiko-san pour une proie à présent. Il ne va plus se contenter à chercher à se poser sur elle mais désire carrément l’attaquer. Il faut prévenir Yamiko-san !
- Ne vous en faites pas Princesse. Je crois qu’elle a compris l’intention de Terry … On dirait même que cette idiote apprécie cela ! »

En effet, la jeune borgne affichait un sourire niais. Ce n’était pas cette confrontation peu banale qui la réjouissait ainsi mais elle considérait déjà Terry comme sien et, l’idée d’avoir un animal avec autant de caractère la faisait jubiler telle une nigaude.

« Hihi !
- On dirait qu'elle est vraiment en train de prendre son pied ! … Décidément, je ne la comprendrai jamais ! »

Après un dernier cercle, comme pour prendre de la vitesse, Terry décida enfin de passer à l’action en fonçant à toute allure, dans une ligne droite, sur la chasseuse de primes aux cheveux blancs. Cette dernière déroula discrètement environ trois mètres de corde de sa manche gauche puis, d’un geste démontrant une maitrise parfaite de son art, la jeune femme agrippa le rapace avec le fouet alors que l’animal était à sa portée. Ne s’attendant pas à l’initiative, l’oiseau fut pris par surprise et chuta. Le rapace se débattit, cherchant à se libérer de la corde que Yamiko avait pris soin de ne pas serrer afin de ne pas le blesser. Aussitôt que sa liberté fut retrouvée, l’animal prit son envol pour s’éloigner de la maitresse du rope action.

« Tient ! Il prend la fuite le petit Terry !
- Il a compris que Yamiko n’est pas une proie à sa portée. Instinct de survie … En tout cas, c’est bien la première fois que je vois un animal chercher à défier un humain sans que ce dernier ait cherché à lui faire du mal ou à s’accaparer son territoire … Princesse, croyez-vous vraiment que le comportement de Terry est lié aux cheveux de Yamiko. Je trouve certes sa conduite envers notre borgne très étrange mais j’ai du mal à croire que c’est à cause de ses cheveux.
- C’est la seule explication que j’ai en tout cas. Comme une pie attirée par tout ce qui brille, je dirais que Terry est attiré par la couleur des cheveux de Yamiko-sans qui est plutôt singulière par ici. C’est sans doute la première fois que Terry en voit.
- Et croyez-vous réellement que Yamiko réussira à le dompter grâce à cette … attirance ?
- Non. Là n’est, au fait, qu’une faille que Yamiko-san peut exploiter pour attacher Terry à elle.
- Je ne vous suis pas Princesse !
- L’attirance de Terry pour les cheveux de Yamiko-san n’est qu’une curiosité et une fois assouvie, il la délaissera. Il l’ignorera alors comme nous autres. C’est pour cela qu’il est primordial que Yamiko-san arrive à l'apprivoiser avant que cette curiosité ne s’estompe.
- Je vois ce que vous voulez dire mais je reste cependant sceptique quant à la réussite de cette entreprise. Si vous-même n'avez pas réussi à le dompter alors je ne vois pas comment Yamiko pourrait y arriver ! … En tout cas, je ne pensais pas qu’un animal pouvait avoir ce genre de curiosité ! … Vous en savez vraiment beaucoup sur les animaux princesse Shara.
- Je lis beaucoup d’œuvres pour mieux les comprendre mais comme dit grande sœur Sania « c’est en fréquentant les êtres qu’on apprend mieux à les cerner ». Je suppose donc que c'est surtout à force de fréquenter des animaux que j’ai appris à les discerner plus facilement.
- Tient ! On dirait qu’il est parti loin. Je ne le vois plus, Fit Fozia, les yeux vers le ciel avant de baisser le regard pour fixer la jeune borgne qui avait, quant à elle, levé son bras protégé. Mais que fait cette idiote ?
- Je dirais qu’elle tente d’appeler Terry. Bonne initiative car de cette manière elle lui fait comprendre qu’elle ne lui en veut pas mais connaissant Terry, il ne reviendra pas avant un moment. Du moins pas de lui-même. »

Shara rejoignit la jeune borgne puis enleva le sifflet à son cou pour le tendre à la jeune femme.

« Utilise ceci Yamiko-san ! »

La chasseuse de primes s’exécuta et quelques secondes à peine après avoir soufflé dans l’objet, Terry se manifesta à l’horizon. Le rapace plongea puis ralentit avant de se poser sur l’avant-bras équipé de Yamiko, comme s'ils ne venaient pas de croiser le fer.

« C’est aussi simple que ça !? Pourquoi ne m’as-tu donc pas donné ce sillet un peu plus tôt Prin … »

Terry qui se mit à becqueter ses cheveux interrompit une fois de plus la jeune femme.

« Pour ça ! Répondit tout simplement la jeune princesse. Le problème n’est pas de l’interpeler pour qu'il se pose sur soi, car il suffirait de ce sifflet en effet pour cela, mais de faire en sorte qu’il cesse ce mauvais comportement. »

Yamiko éloigna son bras où s’était perché l’animal indomptable afin de le distancer de sa tête.

« Je te conseille de ne pas trop le brusquer Yamiko-san ou il risque de t’attaquer, cependant, tu ne devrais pas le laisser faire. Il faut lui faire comprendre que c’est toi qui as le contrôle.
- Je sais bien princesse mais plus facile à dire qu'à faire. Cet animal est vraiment têtu. Je comprends pourquoi tu as du mal avec lui.
- Alors ? Tu abandonnes ? » Demanda Fozia qui s'était avancée avec Sunny et Choppi qui avait Kaola perchée sur la tête.

Satin n'avait pas été invité afin de ne pas perturber le dressage de Terry.

« Tu rigoles ? Je ne fais que m'échauffer ! Je n'abandonnerai pas avant d'avoir remporter la victoire ! »

Yamiko laissa faire un moment Terry, s’attendant à ce qu’il finisse par abandonner mais au lieu d’abdiquer, la bête se décala sur son avant-bras pour se rapprocher de sa tête. Initiative qui, au lieu de la faire rager, arracha un sourire à la jeune borgne qui appréciait de plus en plus l'animal. La chasseuse de primes aux cheveux blancs n'a jamais admiré les êtres soumis, qu'ils s'agissent des humains ou des animaux. Elle les appréciait avec du caractère mais sans pour autant tombe dans l'arrogance.

Tel un reptile, une corde se tortilla en dehors de l'encolure de Yamiko pour s'avancer vers Terry. Tout en douceur, elle tenta de repousser l'animal avec la longe mais au lieu de reculer, de ses becs, le rapace se mit à attaquer la corde. La jeune femme persista mais le rapace fit de même. Le jeu d'opposition dura alors ainsi durant plusieurs secondes puis l'oiseau finit par s'envoler, pas pour aller dans le ciel cette fois-ci, mais pour se diriger dans sa case.

« Je crois qu'il s'est lassé de s'amuser pour aujourd'hui », déclara la princesse Shara avant d'aller refermer l'enclos.

Ce fut ainsi que s'acheva le premier jour de domptage de la future mascotte de l'Eagle Claws …

***

Le lendemain, la jeune borgne était parée pour une nouvelle journée de matage de Terry le têtu mais Fozia et Sunny ne répondirent pas présents, préférant explorer la ville où ils mettaient les pieds pour la première fois. Seul Choupi était resté pour assister à son exploit du jour mais, comme à la coutume, sans enthousiasme évident. L'homme-poisson préférait juste rester aux côtés de la jeune borgne que d'accompagner les autres membres de l'équipage. Naturellement, la princesse Shara était là elle aussi. Sa matinée, elle l'avait passé entièrement à tenir ses devoirs d'une fille de sang royal afin de pouvoir se libérer dans l'après-midi pour assister Yamiko dans le dressage du rapace.

Comme la veille, la jeune borgne avait la main droite protégée jusqu'en haut de l'avant-bras mais pour cette fois-ci, ses épaules étaient également équipées. Des protections, qu'usaient autrefois la princesse Shara pour se protéger des griffes de son couple de perruches qu'elle aimait tant porter chacune perchée sur une de ses épaules, couvraient à présent celles de la chasseuse de primes.

Shara ouvrit l'enclos de Terry et quelque chose d'imprévu se produisit. Le rapace ne bougea pas de la case. L'oiseau rebelle se contenta de les lorgner d'un air hautain.

« J'y crois pas ! Il est clairement en train de nous prendre de haut l'animal ! » Fit Yamiko qui avait rejoint la jeune princesse à côté de l'enclos.

La chasseuse de primes s'apprêta à user du sifflet, que Shara lui avait confié, pour faire bouger l'entêté mais la princesse la stoppa.

« Non, Yamiko-san ! Cela ne nous avancera pas. On va le laisser sortir de lui-même ! »

Shara s'éloigna, laissant la case de Terry ouverte. Après un dernier regard au rapace, Yamiko la rattrapa.

« On laisse donc tomber Princesse ?
- Non. Si c'est bien ce que je crois, il va foncer sur toi au moment où tu t'y attendras le moins alors je te conseille de garder les protections et de rester sur tes gardes.
- Tu crois vraiment qu'il va faire ça ?
- Je ne suis pas certaine mais je pense que tant qu'on lui prêtera attention, il va continuer à nous ignorer. Il est encore plus intelligent et têtu que je le pensais … Il ne nous reste donc qu'à faire semblant de ne pas s'intéresser à lui. Tu vas devoir rester dans le parage Yamiko-san. Tu as peut-être quelque chose de prévu ?
- Non, non. Je suis venue pour toi et la Princesse Sania je te rappelle. Je peux donc rester ici tout le temps qu'il faudra et puis j'ai ma mission de domptage à mener à bien … Si on rendait une petite visite à Batyr ? J'ai envie de rétablir notre lien cassé. »

La chasseuse de primes, la jeune princesse et l'homme-poisson, qui servait de perchoir à Kaola, se dirigèrent vers le lieu où se trouvait l'éléphant mais ils n'étaient pas encore arrivés à destination que Terry se montra à l'horizon. Tous feignirent de ne pas l'avoir remarqué. La jeune borgne se posta ensuite exprès à un endroit bien dégagé, de biais par rapport à la position du rapace qui se contentait à présent de planer à une trentaine de mètres d'altitude. La jeune femme guetta discrètement l'oiseau qui, comme l'avait prédit la princesse, finit par plonger vers elle. Une fois de plus, l'animal chercha à se poser sur son crâne mais elle l'y empêcha, non pas en usant du rope action comme les autres fois, mais en esquivant juste l'assaut de l'animal. Le rapace insista. Après chaque esquive de la part de la chasseuse de primes, celui-ci repartait aussitôt à la charge ; cherchant toujours à s'agripper sur la tête de la jeune femme qui mettait pourtant bien en évidence son bras équipé pour accueillir le rapace. L' opposition plutôt singulière et certainement amusante pour Terry mais plutôt dangereuse pour Yamiko perdura. La jeune borgne devait user de son agilité et de ses réflexes aiguisés pour éviter les serres qui cherchaient à l'attraper. Ce qui lui demandait beaucoup d'efforts comme si elle était sur un champ de bataille. Après tout, elle risquait des blessures, qui pourraient être graves, si elle venait à échouer.

Une fois de plus, Terry finit par abdiquer en prenant de l'altitude. La jeune borgne se laissa alors choir sur la pelouse, fixant le rapace qui s'éloignait avant de disparaitre définitivement à l'horizon.

« Je crois qu'il ne reviendra pas avant un long moment, fit Shara tout en se penchant par-dessus la chasseuse de primes.
- Tant mieux car c'est plus dur que je le pensais d'esquiver ses assauts. J'ai senti plusieurs fois qu'il avait réussi à m'agripper quelques cheveux.
- Tu devrais peut-être les attacher, lâcha Shara avant de s'allonger à côté de la jeune borgne ... Yamiko-san, tu vas beaucoup me manquer !
- Ne parle pas comme si j'étais sur le point de partir Princesse. Je suis encore là, à tes côtés. »

La jeune femme se mit sur son séant puis enleva le gant de protection de son bras droit. De ses deux mains, elle chatouilla ensuite la jeune princesse aux côtes. Shara éclata de rire qui résonna en la jeune borgne telle une douce mélodie alors que Kaola abandonna Choupi pour se jeter sur l'une de ses épaules, en poussant des cris de joie. Yamiko savoura pleinement cet instant de félicité avec un être qui lui était cher mais qu'elle ne reverrait peut-être plus jamais une fois qu'elle aura emprunté la Route de tous les périls …
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SEPTIÈME DANSE
Lueur d'Espoir

Troisième jour de tentatives de domptage et toujours la même rengaine avec l’animal ; mis à part que celui-ci se faisait de plus en plus désirer, en disparaissant à l’horizon pour un long moment. À chaque présence de Yamiko, le rapace était relâché mais il s’amusait à disparaitre dès lors que sa case était ouverte avant de réapparaitre pour venir charger la chasseuse de primes aux cheveux blancs. Le jeu se répétait plusieurs fois dans la journée. La jeune borgne devait alors sans cesse être sur ses gardes. Maintes fois, Terry avait manqué de l’avoir par surprise.

Pendant que Terry jouait à l’absent, Yamiko en profitait pour passer des bons moments en compagnie de Shara et ses autres animaux de compagnie. Il n’était pas simple de faire sortir la jeune Al-Jawhara alors ils passaient leur temps à s’occuper à droite et à gauche au sein du palais ou à se détendre dans un coin de l’immense cour impériale. La jeune borgne était une hyperactive qui n’aimait guère rester longuement sans rien faire mais, étrangement, elle appréciait ces moments de fainéantise en compagnie de la jeune princesse.

Pendant que la princesse et la chasseuse de primes discutaient de la pluie de du beau temps, Satin le lion se tenait à leurs côtés, lâchant des bâillements de temps en temps, alors que Kaola le singe s’amusait avec Choupi l’homme-poisson. Au fur des jours, ce dernier s’était montré de plus en plus réactif face aux taquineries de Kaola pour finir par devenir le compagnon de jeu du singe qui oubliait alors jusqu’à sa maîtresse, dès lors que l’homme-poisson était présent. Chose qui partageait les sentiments de la jeune borgne. La jeune femme était contente de voir son protégé s’amuser pour une fois mais elle appréhendait la séparation de ces deux êtres qui étaient devenus si proches l’un de l’autre. Ce sera certainement une première séparation douloureuse pour Choupi qui, jusque-là, ne s’était jamais réellement attaché à un être, en dehors des membres de l’Eagle Claws.

« Je me demande s’ils arrivent à se comprendre ces deux-là ! Finit par lâcher Yamiko qui regardait Choupi et Kaola qui s’amusaient un peu plus loin.
- Si par se comprendre, tu veux parler niveau langage alors je dirais que non. Les hommes poissons ne sont capables de communiquer qu’avec des créatures marines en dehors des humains. Ils ne peuvent communiquer avec les animaux terrestres d’après mon précepteur.
- Tu apprends aussi des choses sur les hommes-poissons Princesse ?
- Non pas vraiment. Mon précepteur les a juste évoqués durant mes cours d’histoire alors j’en ai profité pour lui demander s'ils étaient capables de communiquer avec les animaux … J’aimerais tellement pouvoir parler avec les animaux, » rêvassa la jeune princesse.

Au son du mot « histoire », le terme « esclavage » vint à l’esprit la jeune borgne. Caprice immoral du genre humain dont était victime Choupi il y a encore quelque mois. Vu le comportement de l’homme-poisson, elle était certainement qu’il avait été fait esclave depuis bien longtemps ; surement dès sa naissance. Durant leur vagabondage à travers les Blues, Yamiko avait tenté de retrouver les origines de la créature qu’elle avait libérée de ses entraves, celle-ci étant incapable de l’éclairer là-dessus, mais en vain. Elle n’avait aucune donnée sur son protégé dont elle était même pas capable de déterminer l’âge. Malgré sa taille imposante, elle le soupçonnait juste n’être qu’un enfant ou, tout au plus, un adolescent pour sa race. Peut-être qu’elle aura plus de chances de trouver quelques choses sur Grand Line. Il n’était pas dans ses projets de mettre les pieds sur l’Île des hommes-poissons mais si Choupi sentait l’envie d’y aller, alors elle l’y mènera.

***

Quatre jours s’étaient écoulés depuis le début de dressage de Terry mais l’animal n’avait toujours pas obtempéré. Il continuait de se jouer de Yamiko qui commençait sérieusement à s’en lasser alors que Shara désespérait. Quand il n’était pas en train de jouer à l’absent, en disparaissant pour un temps qui s’allongeait chaque jour, le rapace s’adonnait à ses mauvaises habitudes de chasser les paons de la cour, dès lors qu’il en avait fini avec Yamiko. Il se faisait alors rapidement enfermé dans sa case par la jeune princesse. Au vu du comportement de l’animal, la jeune borgne était étonnée de voir que le rapace n’avait pas encore commis d’impair en dehors du palais durant ses escapades. Shara lui expliqua alors qu’il se méfiait de rassemblement humain. Les rues de la capitale étant rarement vides, l’oiseau devait alors se contenter de survoler la ville et n’attaquait surement que des animaux isolés ou bien dans le désert même.

Fozia et Sunny étaient revenus juste une fois pour regarder l’évolution des choses, ou plutôt la stagnation des choses, avant de disparaître rapidement pour ne plus revenir. Il faut dire qu’à Anataka - comme dans la plupart des grandes villes - entre les pirates et les révolutionnaires primés qui se terraient dans le coin il y avait de quoi occuper des chasseurs de primes.


***


Le cinquième jour, Terry s’absenta presque tout l’après-midi. Ce qui finit par inquiéter Shara qui usa alors du sifflet pour interpeler le rapace mais celui-ci ne se manifesta pas malgré l’obstination de la jeune Al-Jahara à siffler. Sans doute que l’oiseau était parti bien trop loin pour se retrouver à la portée de l’ultra-son émis par sifflet.

« Il faut aller le chercher ! Finit par lâcher Shara avec inquiétude.
- Je voudrais bien mais où, Princesse ? Il doit être parti bien loin pour ne plus entendre le sifflet.
- Il lui est peut-être arrivé quelque chose !
- Je pense qu’il est juste occupé à s’amuser quelque part dans le désert. La jeune borgne tentait de rassurer la jeune princesse malgré la sombre pensée qui lui effleurait l’esprit : Terry était peut-être devenu la pâture d'un prédateur au-dessus de lui dans la chaine alimentaire ou bien la victime d'un humain tout simplement. Patientons jusqu’à ce soir et s’il ne revient toujours pas alors je partirai à sa recherche demain, dès l’aube. »

Shara ne dit mot mais son expression révélait qu’elle n’était point rassurée. Levant le regard au ciel, Yamiko espéra que le rapace reviendra avant la tombée de la nuit car, malgré ses dires, elle ne pensait pas être capable de retrouver un oiseau perdu dans une ville au milieu d'un désert.

Alors que le soleil commençait à se coucher, une ombre familière se profila à l’horizon.

« Le voilà ! » S’écria Shara qui n’avait pas cessé de guetter le ciel.

Rapidement, Yamiko revêtit sa main droite du gant de protection qui, à présent, faisait presque partie d’elle, avant de mettre en évidence son bras pour inviter Terry à s’y poser. Alors qu’elle s’attendait à ce que le rapace l’attaque, comme il était de coutume, celui-ci n’adopta pas sa position de charge habituelle mais ralentit sa course pour finir par se poser tranquillement sur l'avant-bras de la borgne. Face à l'inattendu, Yamiko et Shara se regardèrent avant de reporter leur attention sur l'animal qui se nettoyait à présent une aile.

« Tient ! On dirait qu'il y a du sang sur ses serres ! »

Shara se rapprocha alors que Yamiko examina plus attentivement les pattes de l'animal.

« Effectivement … Ça doit être ça qui l'avait retenu si longuement. Il était en train de faire mumuse avec une proie alors qu'on mourrait d'inquiétude … Tu n'as pas un peu fini de nous inquiéter entêté de rapace ? » Lâcha la chasseuse de primes sans hausser la voix pour ne pas effrayer le vilain animal.

Avec précaution, la jeune borgne approcha sa main libre par-dessus la tête de l'animal. Les poings fermés, Shara suivait la scène avec inquiétude, craignant une attaque de la part de Terry. La main de la jeune femme finit par se poser sur la tête de l'obstiné puis, tout doucement, elle se mit à le caresser. La princesse afficha un grand sourire ébahi face au spectacle auquel elle ne croyait plus pouvoir admirer un jour. Terry ne se laissa toucher que quelques secondes avant de prendre son envol pour aller dans sa case.

« Il doit être épuisé. Je me demande bien quel genre d'animal il a chassé. »

Espérons qu'il n'a pas attaqué un humain, pensa la jeune borgne alors que la jeune Al-Jawhara fermait l'enclos du rapace.

« Reposes-toi bien mon grand !
- Bonne nuit l'entêté ! … Bon, je vais y aller avant que la nuit ne tombe complètement, fit la jeune borgne tout en guettant le ciel qui s'était bien assombri.
- Tu ne voudrais pas dormir ici ce soir Yamiko-san ? Demanda timidement la jeune Al-Jawhara.
- C'est que …
- S'il te plaît ! Je veux … je voudrais dormir avec toi ! Fit Shara à voix basse comme si elle avait honte de sa réclamation.
- Tu as passé l'âge de dormir accompagnée Princesse !
- S'il te plaît Yamiko-san ! Juste pour ce soir, supplia presque la princesse que la chasseuse de primes avait presque oublié qu'elle n'était qu'une enfant, tant elle s'était montrée si sérieuse dernièrement.
- Bon d'accord, » finit par céder, non sans plaisir, Yamiko.

Alors que Choupi partagea une chambre avec Kaola, qui semblait ne plus vouloir le quitter, la chasseuse de primes se retrouva à dormir dans le même le lit que la jeune princesse comme il y avait quatre ans. Instant qu'elle délecta pleinement bien qu'elle ne désirait pas voir la jeune Al-Jawhara s'attacher à elle plus qu'elle ne l'était déjà afin de lui épargner une séparation qui risquait d'être encore plus douloureuse que l'autre fois.

Après une longue discussion et bataille de coussins avec elle, Shara finit par tomber entre les bras de Morphée. La jeune borgne en profita pour admirer la jeune princesse dans son sommeil comme elle le faisait souvent autrefois. Avec douceur, elle caressa ensuite la tête brune de l'endormie alors que la tristesse voila peu à peu son faciès à l'idée de leur séparation à venir. Et si c'était elle qui allait plutôt la plus souffrir dans cette histoire ?

***

Le lendemain, après un petit déjeuner royal, la chasseuse de primes se rendit à l'enclos de Terry, talonné par Choupi qui avait de nouveau Kaola perché sur lui, alors que Shara était isolée dans une pièce avec son instructeur pour les leçons du jour. Satin était enfermé avec eux.

« Alors tu ne t’es pas encore remis de ton escapade d’hier ou bien tu as juste décidé de renoncer mon petit Terry ? » Fit la jeune femme tout en fixant le rapace qui se tenait inhabituellement tranquille.

La jeune femme décida d'ouvrir la case mais, étrangement, au lieu de se jeter sur elle comme il était de coutume, l’oiseau se contenta de la fixer de ce regard hautain. Attitude que la jeune borgne appréciait chez l'animal alors qu’elle n'aimait guère ce genre de comportement venant d'un être humain ; tant que cela lui donnait envie de crever les yeux de celui qui osait la fixer de la sorte.

« Dis-donc, t’es étrangement calme ! Serais-tu malade ? »

Avec précaution, la jeune borgne tendit son bras droit pour tenter de toucher le rapace mais celui-ci lui becqueta la main qui, heureusement, était protégée avant de filer en dehors de la case ; rasant l'importune qui avait dû esquiver pour éviter les serres acérées la bête révoltée.

Je crois que j’ai parlé un peu trop vite !

Pourtant, il y avait effectivement du changement du côté de Terry. En effet, le rapace n’était pas parti en vadrouille comme d’habitude mais s’était contenté de survoler au-dessus du palais et son immense cour avant de revenir se poser tranquillement sur l’épaule droite de la chasseuse de primes, bien qu’elle avait mis en évidence son bras équipé. La jeune femme était restée sur le qui-vive, voyant le rapace volé vers elle mais, ayant appris à distinguer une charge et envol d’atterrissage de l’animal, elle n’avait pas essayé d’esquiver.

Malgré l’envie de le caresser qui l’étreignait, la jeune femme ne tenta pas de toucher Terry, ne désirant pas le voir s’envoler. Même lorsque la bête entêtée s’était mis à lui becqueter, comme coutumier, les cheveux, elle ne fit rien. Le rapace était venu à elle sans qu’elle eût usé du fameux sifflet pour l’interpeler alors elle ne tenait pas à gâcher ce moment inespéré. Et puis, l’oiseau ne cherchait pas vraiment à lui faire du mal. La chasseuse de primes espérait juste que le rapace cesserait de lui-même, rapidement, sa mauvaise manière qui parfois martyrisait son cuir chevelu, lorsqu’une de ses mèches se faisait trop tirée.

Le moment de complicité nouvelle perdura au-delà du temps espéré par Yamiko. Terry ne semblait plus vouloir quitter son épaule alors qu’elle avait entrepris de se balader à travers la cour impériale, dont elle connaissait à présent par cœur chaque recoin. Choupi qui, quant à lui, servait toujours de perchoir à Kaola, l’accompagnait. Le rapace ne bougea même pas pour attaquer, comme à ses habitudes, les paons qui se promenaient dans les jardins où, les oiseaux au sublime plumage, servaient d’ornement, tels les plantes et les fleurs qui égayaient le lieu.

Pensant avoir réussi enfin à conquérir l'animal, Yamiko entreprit alors de le caresser mais à peine sa main était à la portée de Terry que celui-ci l’attaqua de son bec. La surprise plus que la douleur arracha un « aïe » à la jeune borgne alors que le rapace s’échappa de son épaule. La bête avait réussi à écorcher sa main qui à présent saignait abandonnement. À la vue du sang, Choupi se précipita vers elle avec inquiétude comme s'il pouvait faire quelque chose.

« Ya-chin ?
- Ne t’inquiète pas, c’est juste une égratignure de rien du tout. Attends-moi ici. Je reviens dans quelques minutes. »

Tout en appuyant sur la blessure afin de tenter d’arrêter le saignement, telle une voleuse, la jeune femme s’en alla la nettoyer discrètement afin de n’alarmer personne. Une fois bien propre, elle constata que la déchirure était peu profonde. Terry n’y était pas allé sérieusement mais il avait cependant réussi à lui arracher un bout de chair. Préférant ne pas attirer l’attention, Yamiko ne chercha pas à panser sa plaie, bien qu’elle savait où se trouvaient les matériels de premiers secours du palais.

***

La matinée s'achevait et Terry ne revenait pas. Yamiko décida alors d'aller en ville pour aller se restaurer en compagnie de Choupi. Par précaution, elle préféra ne pas amener Kaola.

Lorsqu'ils revinrent au palais, après le déjeuner, Terry vint accueillir la jeune borgne en se posant une fois de plus sur son épaule.

« Tu ne sais vraiment pas ce que tu veux toi ! » Fit la chasseuse de primes, évitant de hausser la voix pour ne pas effrayer l'animal.

En guise de réponse, le rapace se mit, pour la énième fois, à lui becter les cheveux mais cette fois-ci il y avait quelque chose de différent : il y allait plus docilement.

« Tu as réussi Yamiko-san ! » Lança Shara qui se précipitait vers eux.

La jeune princesse avait guetté leur arrivée.

« Je dirais plutôt qu'on est sur la bonne voie … J'espère qu'il va bientôt cesser de me tirer les cheveux car à force, je vais finir chauve. »

Comme s'il l'avait compris, Terry abandonna l'épaule de Yamiko pour cibler un paon qui détala sans attendre à sa vue. Les pauvres bêtes semblaient être sur leurs gardes dès lors que le prédateur était dans le parage.

« Je crois que le plus gros problème n'est pas résolu !
- En effet ! » Fit la jeune Al-Jawhara d'une voix démoralisée …


Dernière édition par Yamiko le Mer 27 Jan - 20:26, édité 1 fois
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HUITIÈME DANSE
Sa Déesse Éternelle

Les six jours d’acharnement de tentatives de domptage de Terry le borné finirent par aboutir à quelque chose, même si le problème principal n’a pas été résolu. Le rapace avait fini par adopter la chasseuse de primes aux cheveux blancs, sur qui elle se posait à présent à sa guise, mais il n’avait pas abandonné sa mauvaise manière d’embêter les paons de la cour. Problème qui, d’après Shara, ne serait pas aisé, voire impossible, à remédier car il ne tenait qu’à la bonne volonté du rapace de cesser son mauvais comportement. Ne désirant pas cependant se contenter de regarder la bête, qui était à présent sienne, s’adonner à ses bêtises, Yamiko criait alors après Terry dès lors qu’elle le surprenait à chasser les animaux de la cour mais, entêté comme il était, l’animal ignorait royalement ses avertissements. La jeune femme recourait alors au rope action pour l’obliger à abandonner. À chaque intervention de sa nouvelle maîtresse dans son jeu de prédateur, l’oiseau se défendait un moment avant de finir par s’envoler mais il revenait à la charge dès que celle-ci avait le dos tourné ; comme s'il cherchait à la provoquer. Déterminée à ne pas laisser Terry n’en faire qu’à sa tête, Yamiko avait alors décidé de rentrer dans son jeu jusqu’à leur départ dans l'espoir de voir le rapace changer d'ici là.

La maîtresse et l’animal n’avaient donc pas fini de s’en découdre. Les jours qui suivirent, ils se livraient à des batailles qui avaient pour but de déterminer qui allait abandonner en premier et, bien que c’était toujours Terry qui finissait par abdiquer en premier, le rapace n’était pas cependant décidé à abandonner définitivement. La bête semblait avoir accepté irrémédiablement la chasseuse de primes mais il ne paraissait pas pourtant prêt à lui obéir.

***

« Vous avez un peu fini bordel ! … Pourquoi as-tu donc amené ce stupide animal ? S’écria Fozia, exacerbée de voir Yamiko se chamailler comme une enfant avec Terry, perché sur son épaule, et qui ne cessait pas de lui tirer les cheveux alors qu’ils marchaient dans les rues de la capitale, sous les regards ébaubis des adultes et des plus petits.
- Si je le laisse au palais, il va encore chasser les paons.
- Il fallait l'enfermer dans sa case ! Tu ne t’es pas dit qu’il pourrait s’en prendre à ces pauvres gens ?
- Il n’attaque pas un humain sans raison.
- Pourtant, il ne se prive pas avec toi !
- C’est parce que pour lui je suis spéciale, n’est-ce pas mon petit Terry ? »

En guise de réponse l’animal lui tira plus fort une mèche et, comme d’habitude, la jeune femme contre-attaqua discrètement avec une corde sortit de son encolure. Scène que Fozia fixa d'un regard loin d'être convaincu.

« À cause de vous, on attire tous les regards ! Heureusement que l’autre singe n’est pas là pour parfaire le tableau des bêtes de foire.
- Tu exagères Fozia-chan ! » Fit Yamiko d’une voix faussement blessée.

Par l’autre singe, Fozia désignait Sunny qui avait décidé d’errer tout seul de son côté alors que Choupi était avec eux, avec Kaola perché sur lui. Avec un rapace et un singe, il leur était difficile en effet de passer inaperçu. Parmi ceux qui les suivaient des yeux, certains murmuraient avoir reconnu le singe de la jeune Al-Jawhara alors que la plupart se demandaient tout simplement qui ils étaient. Il faut croire que leur exploit durant la promotion de leur organisation n’avait pas fait écho dans le coin ; ou bien les gens avaient tout simplement fini par oublier leur visage qui avait été pourtant diffusé sur des grands écrans à travers tous les Blues en plus d’avoir été publié dans des divers journaux.

Cela faisait onze jours qu’ils avaient débarqués à Anataka mais la princesse Sania n’était toujours pas de retour. Heureusement que ses compagnons avaient de quoi s’occuper dans cette capitale pour ne pas s’ennuyer, pendant que Yamiko passait tous ses après-midi au palais. Un chasseur de primes aimant chasser ne s’ennuierait jamais dans cette ville où affluaient des proies en tous genres. D’ailleurs, Sunny était surement sur une traque actuellement.

***

Treize jours s'étaient écoulés depuis leur arrivée et Yamiko et Terry s’entendaient toujours comme chien et chat. Le rapace ne cessait de l’embêter allant à présent jusqu’à manger les nourritures qu’elle avait entre les mains. Leur bataille semblait être devenue définitivement un jeu badin qui jamais ne disparaîtrait ; à l’image de Sunny et Fozia et leurs piques sans réelle méchanceté. Qui aime bien châtie bien comme on dit après tout.

L’animal révolté avait fini néanmoins par abandonner sa chasse aux paons même s'il s’entendait toujours aussi mal avec Satin. Chose qui avait pourtant cessé d’inquiéter la jeune Al-Jawhara parce que Terry n’allait pas tarder à les quitter. Départ qui, étrangement, ne l'attristait pas. Sans doute parce qu’elle ne s’était pas encore assez attachée à son dernier animal de compagnie ou bien, elle se consolait tout simplement en se disant que le rapace serait bien plus heureux en liberté avec Yamiko qu’à tourner en rond dans sa case.


« Comme ça on s’adonne à la fainéantise ? » Fit une douce voix alors que Yamiko était en train de faire une natte à Shara.

La chasseuse de primes et la jeune princesse s'étaient abritées du soleil sous un abri aménagé dans le jardin royal.

« Grande sœur Sania ! » Lâcha Shara avec joie tout en abandonnant Yamiko pour se précipiter vers la princesse héritière qui écarta les bras pour accueillera sa petite sœur.

Malgré l’envie de jubiler qui l’étreignait, à la vue de cette femme qu’elle admirait tant, la jeune borgne se contenta de s’incliner bien bas tout en restant à sa position en retrait.

« Bon retour au palais Princesse !
- Après tant d’années de séparation, c’est comme cela que tu m’accueilles . Aurais-tu donc peur de me faire mal, maintenant que tu es devenue forte, pour ne pas venir m’accueillir comme il se doit ma petite Yamiko ? » Questionna Sania d’un ton sans méchanceté ni reproche.

Comprenant la réclamation de la princesse, la jeune borgne s’avança pour aller l’étreindre mais elle s’arrêta devant Sania, le regard rivé vers le sol. Bien qu’elle était du genre à se laisser emporter par ses sentiments et ne faisait preuve d’aucune pudeur, la chasseuse de primes avait du mal à se laisser aller face à la princesse héritière. Elle qui était si impulsive faisait preuve d’une grande timidité en présence de cette femme qu’elle vénérait intérieurement. Depuis qu’elle l’avait rencontré, voilà à présent plus de quatre ans, elle entretenait une admiration sans bornes envers la princesse héritière et celle-ci ne semblait pas prête de s’évanouir. Pour Yamiko, Sania était comme une divinité qu’elle avait peur de décevoir mais aussi de toucher. Chose plutôt déconcertante quand on sait à quel point elle se souciait peu de sa conduite et se permettait de se montrer si familière avec autrui.

Face à l’hésitation de son ancienne apprentie, la princesse Sania esquissa un sourire amusé avant de l’attirer vers elle pour la serrer dans ses bras.

« Tu n’as pas du tout changé ma petite Yamiko. Moi qui avais espoir que tu eusses enfin réussi à faire tomber cette barrière que tu as dressée toute seule entre nous deux … Quand vas-tu enfin me considérer comme une simple mortelle !?
- Navrée de vous dé … »

Ne souhaitant écouter l'excuse de son ancienne élève, Sania l'étreignit un peu plus fort, la forçant à s’interrompre. Après hésitation, Yamiko finit par fermer ses bras sur la princesse alors que ses joues viraient au rouge et son œil pétillait de bonheur. À cet instant, elle se disait qu’à présent elle pouvait mourir en paix.

Dès leur première rencontre, Sania avait remarqué que Yamiko la regardait bien différemment. Chose qui l’avait poussé à demander à la jeune chasseuse de primes, qu’elle était à l’époque, de protéger, pour un temps, sa jeune sœur Shara. En réalité, là n'avait été surtout qu'un prétexte pour pouvoir la garder auprès d'elle, le temps d'assouvir sa curiosité face au comportement de la jeune borgne envers elle. Si au début, l’admiration que Yamiko lui vouait l’amusait, peu à peu, Sania avait commencé à espérer qu'elle cesserait de la hisser sur un piédestal qui les empêchait d’entretenir une réelle complicité. Lien qu’elle aurait réellement aimé avoir avec sa disciple qu’elle avait finie par beaucoup apprécier. Mais, quatre ans plus tard, Yamiko ne la considérait toujours pas comme ses semblables mais l’équivalent d’un être supérieur. Sania était sa Déesse et elle le sera éternellement.

« C'est quoi cet accoutrement ? Demanda Sania, voyant les protections sur les épaules de la jeune borgne alors qu'elle s'était détachée d'elle.
- C'est pour Terry, répondit spontanément Shara. Yamiko-san a réussi à l'apprivoiser, poursuivit la jeune princesse avec engouement.
- Même toi, la princesse des animaux, n'avait pas réussi à faire entendre raison à ce rapace alors par quel miracle Yamiko a-t-elle réussi cet exploit ? »

Shara s'attela alors à raconter à sa grande sœur l'histoire de comment Yamiko était devenue la nouvelle maitresse de Terry le terrible.

« J'espère que tu n'es pas contre ma décision grande sœur, conclut Sania d'une petite voix.
- Non, bien au contraire. Je comptais te proposer de le ramener là où je l'ai récupéré au lieu de le laisser dans cette case de toute manière … Yamiko, cela ira pour toi . Cet animal est dangereux. Il pourrait très bien te faire du mal par inadvertance.
- Ne vous inquiétez pas. Tout ira bien. Je ne compte pas laisser les choses telles qu'elles sont. Je lui montrerai que c'est moi la maîtresse et non le contraire. »

La chasseuse de primes espérait pouvoir faire obéir Terry mais, actuellement, elle-même n'y croyait pas tellement au succès de son entreprise qui s'annonçait bien ardue ...
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NEUVIÈME DANSE
Une Dernière Leçon Avant Le Grand Départ

Le soir même du retour de la princesse héritière, l’équipage de l’Eagle Claws se retrouva de nouveau réuni autour d’un festin royal, en compagnie des princesses Sania et Shara. Bien qu’elle ne désirait pas gâcher le moment des retrouvailles, Yamiko saisit l’occasion pour annoncer à l’héritière des Al-Jawaha la raison de son retour à Anataka. Comme sa petite sœur, Sania ne montra aucune réaction visible mais se contenta de demander calmement la raison de sa décision. Question à laquelle la jeune borgne répondit d’un ton empreint de désolation comme si elle regrettait son choix mais, elle appréhendait tout simplement un quelconque reproche de la part de Sania, être qu’elle ne désirait point décevoir. Cette dernière pourrait très bien trouver son entreprise déplacée. Après tout, ses proches vivants au sein de la ville côtière n’avaient pas hésité à avancer ce fait et étaient même allés jusqu’à essayer de la convaincre d’abandonner.

« Je suis heureuse d’apprendre que tu as enfin trouvé la trace un des tiens Yamiko. J’espère que vous réussirez à retrouver cet équipage de pirates qui l’a enlevé. »

Ce fut sur ses mots de Sania que le sujet sur le départ de l’équipage de l'Eagle Claws sur la Route de tous les périls s’était clos. Le reste de la soirée, les chasseurs de primes, ou plutôt Yamiko, conta ses aventures qui finirent par rejoindre ceux de ses compagnons avec qui elle avait déjà fait un bon bout de chemin. La princesse héritière les écoutait des oreilles attentives. À travers leurs histoires, Sania cherchait en réalité à savoir si les agents de la B.N.A. seraient capables de surmonter les épreuves qui les attentaient sur la Route de tous les périls. Même n’ayant jamais mis les pieds là-bas, elle avait connu bien des équipages qui avaient sombré, à peine avoir atteint ce monde sans pitié. En plus d’êtres sillonnés par des êtres puissants et malveillants, la géographie de Grand line en elle-même représentait un grand danger pour ceux qui s’y aventuraient. Lorsque vint l’heure d’aller rejoindre sa couche, une grande appréhension concernant le futur voyage de son ancienne disciple et ses camarades rongeait Sania. Inquiétude qu’elle garda cependant pour elle, sachant que les exposer ne servirait à rien car elle ne tenait pas à les empêcher de partir.

Ce soir-là, chacun avait retrouvé sa chambre au sein du palais et cette fois-ci, Choupi n’avait pas hésité à rejoindre la sienne comme l’autre fois, Kaola perché sur l’une de ses épaules. Scène qui assombrit le regard de la chasseuse de primes aux cheveux blancs, à l’idée de devoir séparer ces deux-là qui étaient devenus inséparables.

Le lendemain matin, Yamiko rejoignit Sania à l’extérieur, là elles avaient, à l’époque, l’habitude de s’entrainer aux combats à mains nues et avec un sabre. La veille, Sania lui avait fait part de son désir de voir à quel point elle avait évolué en tant que combattante. Par cette initiative, la princesse cherchait en réalité à mesurer la force de son ancienne élève afin de déterminer si elle était assez armée pour faire face à ses futures mésaventures qui s’annonçaient de plus dangereuses. Son entreprise ne servait donc pas à grand-chose mais la princesse cherchait à se rassurer face à la crainte de perdre définitivement son ancienne disciple. Sa démarche risquerait donc également de la faire angoisser un peu plus, si la jeune borgne ne se montrerait pas à la hauteur de ses attentes.

En attendant son ancienne maîtresse, Yamiko se remémora les bons souvenirs qui lui évoquaient le lieu où elle se patientait. Sans même lui accorder le temps de la saluer, Sania la chargea aussitôt arrivée, cherchant à analyser les réflexes de sa cible. Cette dernière esquiva sans mal le coup de pied qui avait visé son visage.

« Belle esquive ma petite Yamiko, s’enthousiasma Sania … Celle qui touche l’autre en premier à gagner. Je tiens à ce que tu y ailles sérieusement ! Ne retiens pas tes coups ! »

Des enchainements d’attaques et d’esquives avec la grâce et l’agilité d’une féline plurent sans attendre. La Danseuse du vent et la princesse Sania avaient le même style de combat, qui était basé sur la vitesse et la souplesse. Très vite, Yamiko, qui en plus d’avoir assimilé les techniques que Sania lui avait enseignées, avaient inventé les siennes propres, commença à prendre le dessus sur la princesse. Cette dernière finit par être acculée au point de ne plus être capable d’attaquer mais simplement d’esquiver. La jeune borgne lui porta un coup de poing sous le menton mais la chasseuse de primes stoppa son élan au moment de la toucher. Pensant avoir gagné, Yamiko se déconcentra et Sania en profita alors pour lui asséner un coup pied dans le ventre qui la fit reculer.$

« Je t’avais dit d’être sérieuse idiote ! S’écria Sania. Tu aurais dû me toucher pour mettre un terme au combat. J’avais énoncé qu’il fallait toucher pour gagner non ?
- De … désolée Princesse !
- Écoute ma petite Yamiko. Pour ton bien, tu devrais endurcir ton cœur qui est bien trop tendre. Je ne te demande pas de devenir un de ces monstres qui aiment prôner leur supériorité mais tu devrais apprendre à être moins tolérante envers tes ennemis. Avec un tel comportement, tu pourrais très bien perdre un combat, pathétiquement, car tu ne t’es pas montrée assez dure avec ton adversaire. Sache que ton ennemi exploitera la moindre de tes faiblesses pour la retourner contre toi et ta bonté en est une malheureusement. Sur un champ de bataille, tu ne dois faire preuve d'aucune pitié si tu veux t'en sortir victorieuse. Il me semble te l'avoir dit il y a quatre ans ! »

Là était en effet un fait que Sania avait déjà fait remarquer à la jeune borgne par le passé. Si à l’époque, elle le lui avait cependant énoncé calmement, aujourd’hui, elle ne pouvait se retenir de hausser la voix. Trop soucieuse de la survie de son ancienne élève qui allait bientôt fouler un monde sans pitié nommé Grand Line, elle ne supportait plus de la voir se montrer si tendre, tout en sachant quels genres d’horribles personnages elle pourrait croiser sur son chemin. La maîtresse avait inculqué à son disciple de ne jamais tuer gratuitement mais aussi de ne jamais laisser ses sentiments interférer durant une bataille. Si l’élève avait réussi à appliquer la première leçon, ce n’était pas cependant le cas de la seconde.

« Je suis vraiment navrée Princesse. Je vous promets de faire de mon mieux, déclara Yamiko d’une toute petite voix.
- Cette promesse, tu me l'as déjà faite il y a quatre ans Yamiko ! » Fit remarquer Sania à son ancienne disciple qui fixait le sol telle une petite fille réprimandée.

La chasseuse de primes avait grandement conscience de cette vérité qu’elle-même qualifiait d’une véritable faiblesse mais, malgré l’envie et les tentatives de s’en débarrasser, elle ne parvenait pas à se délester de ce point faible qui était un frein à son ascension vers la belligérante sans failles qu'elle souhaitait devenir. Elle avait déjà laissé filer maintes proies par pitié et s’était plusieurs fois retrouvée dans des mauvaises postures à cause de la complaisance de son âme.

Sania n’était pas son ennemie mais si elle avait été capable de dompter ses sentiments au lieu de les laisser prendre le dessus, elle aurait pu frapper la princesse sans hésitation, malgré sa position, parce que là était une condition que la Al-Jawhara elle-même avait posée et qu’elle avait acceptée. La jeune borgne avait toujours eu du mal à se donner à fond dans un entrainement, par peur de blesser par mégarde son partenaire, quand bien même celui-ci se révélait être plus fort qu’elle. Il y avait que face à Frau, le rasoir de la B.N.A., qu’elle réussissait à se montrer sérieuse à chaque affrontement. Mais si elle était capable de se montrer aussi impitoyable envers le rasoir, c'était uniquement parce qu'elle n'avait aucune estime pour cet homme qui n'avait aucune considération pour elle. Le monstre serait même capable de la blesser gravement lors d'un simple entrainement sans en éprouver la moindre culpabilité.

Après l'affrontement à mains nues, Sania imposa l'opposition à l'arme blanche et là encore, Yamiko finit par la dominer, bien que la jeune borgne ne s'était pas battue avec son sabre bien singulier habituel. Cette fois-ci, la chasseuse de primes avait fait l'effort de ne pas retenir ses coups, pour ne pas décevoir une fois encore sa déesse, et ainsi la pointe de sa lame avait finit par menacer de percer la princesse au niveau de la poitrine. Ce qui marqua la fin du combat simulé mais dans lequel chacun avait donné le meilleur de lui-même.

Malgré les victoires de la chasseuse de primes, la princesse Al-Jawhara n'était pas soulagée pour autant face au départ de son ancienne disciple. Même si cette dernière avait réussi à la battre, elle savait pertinemment que sa puissance était bien moindre face à celle des monstres qui pullulaient sur Grand Line. Leur affrontement lui avait permis néanmoins de constater qu'elle était devenue plus forte qu'il y a quatre ans. Là était son seul réconfort face à la décision de Yamiko.

***

Le lendemain, les agents de la B.N.A. s'apprêtèrent à quitter la capitale pour Attalia, là où était amarré leur navire. Ils n'étaient pas pressés mais la jeune borgne ne tenait simplement pas à retarder la séparation inéluctable avec les princesses Sania et Shara. Cette dernière souhaita les accompagner jusqu'à la ville portuaire mais sa grande sœur l'en empêcha. Chose qui soulagea Yamiko qui ne tenait pas à emprunter le chemin du retour en compagnie la jeune princesse car cela ne ferait que rendre la rupture encore plus douloureuse.

« Cesse donc de pleurer Princesse. Je reviendrai, fit Yamiko tout en serrant la dernière des Al-Jawhara tout contre elle, alors qu'elle s'était abaissée à sa hauteur. Prenez soin de votre maitresse, » s'adressa ensuite la jeune borgne à Satin et Kaola qui avait fini par retrouver sa place sur dos du félin.

Finalement, comprenant qu'ils allaient partir, le singe, qui de toute évidence ne désirait pas quitter ses compagnons de toujours, n'avait hésité que quelques secondes avant d'abandonner l'épaule de Choupi qui l'avait alors regardé s'en aller d'un regard tristounet. Yamiko l'avait réconforté, ne pouvant pas supporter le regard accablé de son protégé.

« Mon cadeau de départ, » énonça Sania tout en tendant un petit coffre joliment orné à la jeune borgne qui se tenait à présent face elle, s'apprêtant à lui faire ses adieux.

Après avoir pris à deux mains la petite boîte, la jeune femme aux cheveux blancs l'ouvrit pour en sortir un log pose.

« Merci Princesse, » fit Yamiko tout en s'inclinant légèrement.

À peine la jeune borgne s'était redressée que la princesse héritière l'attira dans ses bras pour une dernière étreinte.

« Prends soin de toi ma petite Yamiko !
- Vous aussi Princesse, lâcha la chasseuse de primes d'une voix tremblante d'émotions.
- Va, file maintenant ! » Conclut Sania tout en la libérant, désirant mettre un terme au moment bien trop éprouvant.

Alors que les chasseurs de primes s'éloignèrent d'Anataka, à dos des chameaux comme à l'arrivée, Yamiko souffla dans le sifflet qui était devenu sien pour interpeler Terry qui jouissait d'une totale liberté depuis ces derniers jours. Le rapace se posa sur une épaule de sa maîtresse. Durant le trajet, l'oiseau s'envolait parfois, dès qu'il repérait un animal errant dans le désert, puis revenait vers sa maitresse de lui-même une fois lasse de s'amuser.

L'arrivée de l'équipage de l'Eagle Claws à Attalia se fit sans encombre. Ville où les chasseurs de primes ne restèrent qu'une nuit, pour la même raison que leur départ précipité d'Anatala. Très tôt dans la matinée, tous les proches de Yamiko s'étaient rassemblés au port, non loin de leur bateau qui s'apprêtait à lever l'ancre. Étant tous des adultes, personne ne versa des larmes durant les dernières étreintes, bien que la douleur de la séparation était palpable. Une fois au large, la jeune borgne ne put pourtant retenir les larmes qui ruisselèrent à flot le long de sa joue gauche alors qu'elle s'était isolée dans sa cabine. Dos à la porte, par peur qu'on la surprenait dans ses moments de faiblesse, elle serrait contre elle un coffre où elle avait réuni tous les présents offerts par les siens, en guise de cadeau d'adieu. La plupart n'étaient que des objets qui n'avaient que de la valeur sentimentale mais elle tenait à eux comme à la prunelle de son unique œil restant. Pour elle, ils étaient comme une part de ses proches qu'elle emportait avec elle …
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