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Vigilant #1. L’habit rouge



Vigilant #1. L’habit rouge

Solo




Vigilant #1. L’habit rouge

1625 – Sur un ilot perdu de South Blue

La nuit était chaude. Son sombre manteau drapait les gens du dessous d’une cape d’impunité. Une cape dont s’habillaient parfaitement ces contrebandiers qui agissaient justement dans l’illégalité la plus complète alors qu’ils chargeaient leur vaisseau en caisses d’armes et de munitions. Dans ce petit port de commerce – et le seul que comptait cette ile minuscule – s’adonner à pareille activité était presque trop facile. Les moyens de communications avec le monde extérieur étaient des plus restreint, le nombre d’habitants se comptait sur les doigts d’une main et la seule autorité du coin s’apparentait à un vieil homme bedonnant qui passait son temps à se goinfrer de crêpes aux myrtilles avec supplément sucre glace.

Cela faisait presque un mois qu’il avait infiltré cette bande de crapules et tandis qu’il acheminait la cargaison comme le reste de l’équipage, il ne pouvait s’empêcher de penser que quelque chose n’allait vraiment pas : tout était presque trop parfait. De la livraison de marchandises jusqu’au ravitaillement en des lieux désert, comme cet endroit, en passant par de brusques changements de cap en pleine mer comme pour dévier du scope d’éventuelles patrouilles... Ces manœuvres étaient bien trop parfaites et régulières pour être fortuites et laisser cela au seul crédit de la chance ne faisait pas partie de sa réflexion.

Non, si au départ il pensait rejoindre ces misérables afin de remonter la filière jusqu’à de plus gros poissons, il avait rapidement revu l’ordre de ses priorités. Tout ce qui importait à présent était de faire la lumière sur ces passeurs et sur leur capitaine : L’habit rouge. Aucunes traces de lui dans les comptes rendus de la marine ou du bureau,  pas de liens connus avec le milieu criminel ni aucune information quant à sa réelle identité. En un mot, c’était un fantôme. Un être tapis sous une cape et une capuche d’un rouge pourpre. Des pièces de métal recouvraient ses habits par endroit et ce jusqu’à son masque où se reflétait votre propre reflet déformé en une vision de ce qu’il pouvait vous faire en un instant. Aussi, Il ne parlait à personne et jamais il ne sortait de sa cabine sauf pour superviser le ravitaillement ou les échanges. Pour s’adresser au reste de l’équipage, il avait fait placer des den den mushis sur le pont et la cale qui retransmettait les impulsions en morse qu’il pianotait depuis son bureau.

Un personnage inquiétant, des bandits prolifiques et des armes en libre distribution, ce qui n’était alors qu’une mission de seconde zone c’était retrouvé être une mission de renseignement des plus importantes pour lui. La plus importante jusqu’ici dans sa jeune carrière d’homme du gouvernement.  Le chargement touchait à sa fin et pour la plupart, ça annonçait le rituel le plus célèbre du monde : le levé de coude à la taverne du coin. La plupart, mais par pour Terry. La fin de leur travail annonçait seulement le début du sien et c’est avant les premières lueurs du jour qu’il se glissa à l’intérieur du navire.

Il s’agissait là d’un Chebec à trois mâts aux lignes épurés et dimensionné pour un équipage restreint. Toutefois, il pouvait accueillir nombre de marchandises sans perdre sa vitesse initiale qui était le point fort de ce type d’embarcation. La ligne de canon n’était pas en reste, mais elle n’avait que très peu servit depuis son arrivée. Alors qu’il l’observe tout en passant son chemin, il minimise le moindre de ses mouvements en avançant toujours droit devant lui. A sa droite git sur le sol le doyen de l’équipage. Un dénommé Ron qui a bu plus que de raisons et dont les yeux sont ternis par les vicissitudes d’une vie de voyou qui a fini par le rattrapé. Aujourd’hui il est le maitre d’œuvre de toutes les pièces de canons que compte la chambrée. Aujourd’hui il n’entend plus ses soldats de plombs hurlé la foudre. Sourd, il abuse de somnifères pour résister aux affres de la boisson qui viennent lui chuchoter des mots doux à l’oreille. C’était lui la seule sentinelle resté en retrait. En effet, il était inutile de monter la garde dans ce genre d’endroit et puis de toute façon, l’habit rouge veillait au grain. C’était d’ailleurs de lui dont se méfiait particulièrement Terry. Jamais il n’avait su deviner ses déplacements et si la plupart du temps il le savait dans sa cabine, il n’était pas rare de l’apercevoir au poste de timonier ou bien encore à la proue.

Voilà pourquoi il avançait avec prudence et précaution, s’attendant à voir ce fantôme surgir de nulle part. Un pas après l’autre, une marche en entrainant une autre, il quitte lentement les cales pour se retrouver sur le pont. Les sens en alerte, il ne cesse d’observer les lieux tout en restant dans la fragile pénombre d’une nuit qui s’achève. Une légère brise soufflait à présent sur le rivage jusqu’à chahuter la grand-voile encore restreinte par le cordage. Ce même vent s’agitait çà et là comme pour en rajouter un peu plus à son palpitant déjà dans le rouge. Les mains moites, celles-ci se refusaient à lâcher la caisse derrière laquelle elles se tenaient. Son instinct lui criait de toute ses forces de quitter cet endroit dans le calme, ni vu ni connu afin d’appeler du renfort et de leur tomber dessus ensuite. Et pourtant il allait en être autrement. Sa raison avait fini par l’emporter, par lui faire comprendre que s’il ne drainait pas un maximum d’informations tout de suite, jamais il ne réussirait à endiguer cette menace qu’était l’habit rouge. En effet, les brusques changements de cap allaient bien souvent avec des changements de plan. Où serait-il dans quelques heures ? Ou même le jour d’après ? Il l’ignorait et c’était là tout le génie de ce capitaine au combien prudent et mystérieux qui ne faisait visiblement confiance à personne. Toutefois, bien loin de s’en offusquer, son équipage gardait la bouche bien fermé, car premièrement, ils avaient tous peur du chaperon rouge. Secondement, les poches pleines finissaient toujours par être la réponse à toutes ces questions qu’ils ne poseraient jamais.

Une dose de courage dans une fiole de rhum, quelques doutes et quelques pas plus tard, le voici qui refermait la cabine du capitaine non sans avoir pris le plus grand soin d’ausculter les lieux par la fenêtre. Un large bureau en bois noble trônait fièrement dans la pièce en forme d’hémicycle. Accroché au mur du fond, il peut apprécier toute la beauté d’un tableau d’un certain Emin. La toile est saisissante, elle représente un vaisseau en flamme, dévoré à la fois par le feu et par le fond. Au loin, on distingue un navire aux voiles blanches immaculés qui semblent quitter les lieux du désastre. Le temps d’un instant, il se plait à la contempler tout amateur d’art qu’il est avant de poursuivre son investigation. Ses yeux se portent sur toutes choses. Tout ce qui est sur le bureau et tout ce qui n’y est pas. Il note quelques points griffonnés sur une carte ainsi que des horaires et des coordonnées.

Dans sa tête, schématiquement, il assemblait les pièces de ce puzzle et en était arrivé à la certitude suivante : L’habit rouge avait des contacts au sein de la marine qui l’avertissait sur les tracés à éviter et les voies libres à emprunter. Un carnet aux pages jauni par le temps et cornés aux coins attira son attention. Mais alors que sa curiosité était à son comble, sa peur le rattrapa. Combien de temps s’était-il écoulé depuis son entrée dans ce bureau ? Une minute ? Peut-être plus... L’importance de cette mission et son désir d’y survivre le rappela à l’ordre et le fit quitter les lieux plus rapidement encore qu’il n’était entré. Les cinq sens en éveil, une petite voix lui chuchotait comment quitter le bateau par la cale du fond, celle-là même qu’il emprunta pour arriver sur le pont. Une petite voix née de son expérience, de ses longues répétitions organisées tout le mois durant pour cette seule expédition ci. Toujours affalé sur le sol, Ron dormait du sommeil du juste bien qu’il n’est jamais rien accompli en ce sens, mais gageons que quelques cachets pour trouver le royaume de Morphée aidait plutôt bien.

Le vent sifflait toujours et avec lui, il emportait les âmes gémissantes de toutes choses. Les tintements les plus moindres lui rappelaient sans cesse ceux de l’armure du capitaine. Si caractéristiques, si glaciales que même lui qui n’était pas un enfant de cœur redoutait malgré tout.  Le voici sur les quais, enfin. Un regard jeté vers l’arrière et il balayait le navire de la proue à la poupe, mais l’habit rouge ne semblait pas être là. Loin de s’en féliciter et loin aussi d’avoir l’esprit tranquille, il accélérait sa marche pour mettre un maximum de distance entre lui et le vaisseau. Les méninges en ébullition, il passait devant la taverne en saluant les autres qui s’alcoolisaient. On l’invita à venir boire un verre, mais celui-ci s’excusa en souriant puis en désignant son entrejambe et un endroit éloigné où il pourrait se vidanger.
La tête à nouveau tourné vers le cœur du village, son sourire de façade n’était plus. L’instant d’après, une nouvelle fois, un chuchotement venait lui caresser les oreilles. Comme un avertissement, la somme de toutes ses peurs venaient finalement de se dessiner sur le pont du navire vers lequel il avait à nouveau lancé un regard. Sa longue cape rouge dansait sous l’effet du vent. Sa main gantelée de fer indiquait au vieux Ron quelques pas plus loin de mettre le feu aux poudres, de faire cracher la foudre. Un long sifflement s’en suivit et déchira l’espace et le temps pour finir par s’écraser avec force et fracas à l’endroit même où se trouvait Terry. L’équipage était sorti comme un seul homme et les riverains aussi. La fumée et l’odeur de la poudre était partout. Le corps de Terry lui, n’était nulle part. Caché dans les volutes de fumée, personne n’allait attendre que le vent fasse son office, car pour ces bandits, il n’était plus question de perdre plus de temps ici, ordre du capitaine...





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