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La chute du tyran


Te voilà enfin !

Si je m'inspire de vous, des nuits, du vide autour des villes, du moindre de mes désirs. Si je transporte vos preuves, vos peines, vos haines, la mienne, la même qui règne à l'orée du ciel, mon fleuve, ma sphère, nos chaînes. C'est par amour pour elle. Les corps se frôlent, la rage s'enrôle au cœur de l'atome, nos vieux fantômes. Si je pardonne, je m'offre encore oubliant que ma vie pour elle ne me laisse pas le choix d'être roi. De m'abandonner sans l'espoir de la retrouver.

Matilda !

Sûr que j'ai perdu la guerre à tant vouloir m'approcher de tes joues. Alors je vais t'attendre encore un peu, je descends la bouteille de saké et glouglougloups au fond du gosier. Qui a dit que c'est sans importance, j'efface mes petits bonheurs que je vis trop vite, gardés sur le cœur. Je me meurs dans l'instant présent, te revoir allongée dans l'herbe, ton rire insensé qui résonne dans les parois colorés de mon âme.

Matilda !

Poursuivis par des ombres anonymes, je ne tiens plus à la vie, que s'ouvre l'abîme. Plus rien n'a de sens, à moi, à toi, rien ne peut me sauver. Partir en fumée, je tombe dans le gouffre avant même de savoir pourquoi tu es partie. La belle s'évapore de mon esprit quand j'atteins le fond, enfin je respire. Calmement, comme pour m'échapper au monde, je m'isole dans mon trou. Je ne distingue plus l'empyrée, une simple lueur à peine visible. Écorcher les sentiments confus et saisir l'improbable force éphémère pour s'évader.

    Aux sombreros de la mer qui ont su traverser les océans du vide. A la mémoire de nos frères dont les sanglots si longs ont fait couler l'acide. Tout part toujours dans le flot des nuits sereines, je ne vois rien venir. Les naufragés et leurs peines ont arrêté d'écrire leurs bouteilles. Au rhum qu'on crève une absence ou qu'on crève un abcès, c'est le poison qui coule. Certains nagent sous les lignes de flottaison intime à l'intérieur des foules.

    Le cœur saigne et la chaleur de ma voix me quitte pour ne laisser que la haine et le froid. Je m'accroche à ma volonté, ça m'apaise de revoir le petit prince souriant qui se promène sur ses planètes, ses étoiles, ses comètes. Soulever les nuées de poussières d'or, faire trembler les démons immobiles. Qu'il emportera au quatre vents, porté par une brise légère, fougueux comme un pur sang, va savoir quelle sera l'issue de son ultime combat. Celui contre Oretus Awakuzim, le terrible titan qui ne renoncera pas à sa gloire certaine.

    Je n'ai fais que détruire en moi ma fierté d'être homme et je déambule à la périphérie de l'espèce. Alors fébrile, je sors et prends le monde hostile en pleine gueule. Fait d'obscurantisme et d'épitaphe, je n'y vois pas plus clair. Je revêt mon costume comme un blindage, fais table rase de mes regrets au profit de mes humeurs. Parfois, je ferme les yeux et frôle en indécence, me revienne les essences, puis j'ouvre les mirettes sur ce monde plein de vide.

    Tu es vraiment en plein errance, il est temps de faire le bilan, de poursuivre l'aventure qui nous lie à cet amour perdu. Inconscient, je pars à la rencontre du tyran. Je m'empresserai de l'envoyer vers son ultime refuge. La demeure des mannes.

    L'envie s'empare de moi, des jours, du plein en mon intérieur. Le mépris entrave mes paroles, je dépose les armes pour m’enivrer du sort que je réserve au narvalo.


      Les premiers jours de l'enfance sont déjà la fin de l'innocence. Mon monde contient une cicatrice profonde. Quand ton cœur et ton corps t'appellent à souffrir, je suis à suer dehors. Est-ce que tu peux t'endormir ? Trêve de souffrance, de mal-être mais peut-être n'est-ce qu'un profond paraître. Mon âme n'en peut plus, resurgit cette histoire jamais oublié. Je pense alors à mourir, ne plus exister. La mort devient liberté. Tu n'as pas le droit de payer mais d'exister. La lumière du jour est sous ta porte, les gens qui t'aiment te l'apporte. Je suis rassuré lorsque tu peux t'endormir. J'espère que tu puisses définitivement renaître.

      Suffit pas qu'on s'en sorte toi et moi, s'efface alors ma douleur, je veux l'unique, le seul, le vrai. A genoux, je m'adresse à l'être animé, je ferme les yeux, je sais qu'il m'entend, l'espoir me reprend. Même s'il ne s'agit pas de se pardonner, je me sens si mal, je tends le visage vers le ciel, à fleur de peau, je pleure l'éternel.

      Tu n'es qu'un bouffon, un poète raté.

      Les yeux rivés sur elle, relativement captivé, je cultive ce savoir qu'elle m'enseigne. Passionnante et passionné et j'imagine des cours du soir prolongés, des cas pratiques s’exalter. Je serais concentré, très appliqué. J'intercepte un sourire, elle abrite de curieuses pensées, des richesses à piller. Je souhaite exposer mon désir d'approfondir. Je serais ton prisonnier dans cette constante persistante.

      L'existence suit son cours inexorablement, pas de répits pour nous, l'horloge gravite encore, ce sont lassitude et regret qui nous dévore. Et quand on fuit ce temps, j'ai donné du sens à cette histoire, à notre élan susceptible de me faire croire. A ses yeux tout plissés, songes de mes jeunesses. Pour une heure, pour un soir. Que cette vie ai du sens. Elle suivra son cours inéluctablement, le drapeau noir s'agite encore, grâce, volupté, fantaisie me dévore.


      Dernière édition par Mizukawa B. Sutero le Mer 1 Juil 2015 - 18:38, édité 1 fois

        Soudain, je t'enlève, je t'emporte sans fracas. Puis, je te séquestre et te torture lentement. Tu protestes timidement, mais ne soit pas effrayé. Peu à peu, tu sais. T'es la tourmente en abondance. Enfin, je t'achève, tes cris résonnent, un paradoxe, dans les traverses, j’exulte, je frissonne.

        La lumière s'éveille, pas besoin d'images. Ton âme se donne, nos esprits s'accordent dans un torrent violent. Découvert, tu t'exposes face à moi. Désireux que je vienne pour me dévorer. Je sens la folie naître. Dans ce prélude des êtres, le combat fait rage. Les lames se fondent, les éclats vibrent dans la fureur. Symbole de notre ivresse, rien ne t'appartient de me suivre. Happé par notre corps à corps, je sens ton esprit vide et dévêtu. Affranchi de tout grabuge, j'entre-aperçois le refuge, resurgit tes passades frivoles de non-sens. Sensation d'un grand désordre. Je m'évade dans l'inconnu, une lame d'air invisible te tranche le torse.

        Ton sang-froid m'intrigue et m'indiffère. Le liquide rouge perle le sol et ta voix esquisse le lointain. Souffle rauque qui éveille ton être affolé. Teinté d’évanescence, tu m'atteins... Impact ! Le choc me fait valser un neuvième temps. Je me ressaisis à l'instant où tu charges, mais je dégaine rapidement mon katana et tranche successivement l'air comme un acharné avec sa plume. Je déchire l'éther de mille flèches qui viennent t'esquinter la gueule. Dans l'attente candide d'une idylle idéale. Je soupçonne l'infortune et même ton Dial se brise face à ce déferlement. Te voilà comme un médiocre banni, je regagne la vertu. Symbole de la vie dans la mort, je me nomme chrysanthème, près de celui qu'à jamais s'endort. J'achève ton idéal, je brise le miroir.

        Hanatao Sancho... Yahazu Giri !

        Le dernier acte se joue sous la clameur du peuple qui scande mon nom. Au moment où je fais glisser mon arme dans son fourreau, c'est la chute du tyran. Enfin, je renais de mes cendres, la spirale infernale prend fin.

        MIZUKAWA ! MIZU ! Mizu !



          De ce monde qui pousse des cris, du temps qui avance, de la mélancolie, la chaleur des baisers. Je reviens en arrière, déjà deux années sur Grand Line, trois depuis mon premier voyage. Sur le chemin, j'observe l'immensité du ciel bleu fièrement dressé au dessus de nous. Alors, je me souviens des moments où j'ai rencontré pour la première fois mes nakamas. Il y a eu Kan alias Lion, sur un bateau. L'oeil de lynx Tokigawa dans un restaurant de Suna Land, Roger à Logue Town. Je les ai tous croisé sur les Blues à part l'épouvantail Fear Face sur Hungeria. Je n'oublierai pas vos visages souriant Yosuke Tôda, Bullu la plume, Lulla, Katsu, Bakalo Ginji, Kazuho, Mitsume, Takashi, Yukisame, Hojikowa, Cassandre, Akuna, Matata... Joe Gillian au royaume de Luvneel.

          Une légère brise m'effleure et je me mets à chanter l'hymne de l'océan. La mer regarde le commencement. Elle connaît la fin de ce nouveau monde. Et montre la voie pour être suivi donc nous guide à travers la bruine. Douleur, souffrance, tout est collecté. Grand et gentil sont conduit dans le bagne. Même si je disparais, elle sait où je me trouve. Tu ne dois pas avoir peur d'être à sa portée. Perdu, oublié... Ne sois pas effrayé, car tes nakamas t'attendent.

          Capitaine Mizukawa Sutero. Qu'est donc devenu mon équipage ? La moitié de mes hommes sont morts, les survivants ont juré fidélité à Howard. Désormais, je suis seul à penser sur ces nuages blancs et cotonneux. A ce que la vie aurait été si je n'avais pas rencontré le Colonel d'élite...

          On a des jours tapisseries, des jours poussière plein de particules, Mantle et moi. On s'évalue derrière la vapeur de nos cafés fumants, on se jauge, s'impressionne à distance. Puis le silence avant de se lancer. Faut le voir déployer, lentement et avec méthode, les ailes de ses cavaliers, tenter de m'évincer. Ça s'agite dans le haut de son mono-sourcil, et bataille ferme en remue méninge au dessus de l'échiquier. Une drôle de bête que Mantle, qui pare les coups via son ombre et se retranche en stratégies. Ses yeux vifs me scrutent, il s'empare de mes fous égarés dans un bruit qui fouette l'air. Pas peu fier, il siège sur son trône de futur empereur, comme s'il avait déjà ravi le cœur de ma reine. N'a le mérite que de sous-estimer l'invisible. Celle-ci ne se laisse pas impressionnée et furtivement se déplace avec grâce mettre le roi en échec. Regard affolé, soupir de Shoma résigné.

          Navarone – Quai des martyres

          Un caporal discute avec son matelot paniqué, sur l'un des quai les plus réputés de la marine. Ils vont nous bombarder ! S'écrie t-il, yeux écarquillés, nez qui coule. La pluie battante ne cesse de faire sa loi allant jusqu'à tremper l'uniforme d'Oko Tamaka, il regarde la scène et secoue la tête en ajustant son chapeau.
          - Trouillard ! Je n'ai pas peur, moi !
          - Fous-lui la paix.
          - Parce que t'as les chocottes, toi ? Les gars, encore un qui n'a rien dans le ventre !
          - Je fais preuve de courage dans beaucoup de situations, quand ne pas montrer sa peur peut calmer un enragé ou quand le sang-froid permet de gérer une situation, mais contre des bombes. Des bombes ! Qui nous pleuvent dessus, comme chiale un enfant du monde qui perd subitement ses parents.
          - Et ça t'apporte quoi d'avoir peur avant de crever ?

          Puis s'approche le Colonel d'élite, ses hommes se redressent, un silence comparable aux graviers cimentés sous les pieds des marins subjugués.

          - Vous n'avez pas lu les rapports ? Leurs bombes sont en papier mâché !

          Peu de gens plaineront votre état à la vue de vos blessures, ce seront des cicatrices de papier.


          Je la regarde s'éloigner, le souffle déposé en chaleur contre le carreau. Journée de la pleine lune, au sommet de la dune, caresser au loin les ombres d'opalines. J'attends la passion dans l'absence des mains de chairs serrant contre moi le vide. La table n'est plus qu'un amas de ténèbres, quand la bouteille de rhum se transforme en une poudre mielleuse. Absorbée...


            Absorbé...

            Je suis l'attraction principale de ce plan tordu jusqu'à la moelle. N'ai-je tant vécu que pour terminer mes nuits dans les cales jonchées par des corps inertes. Du sang sur leurs mains et les miennes. Ils ont voulu me faire saigner, coincé par la passivité. Me voilà prisonnier du purgatoire. Impel Down n'est qu'infime demeure comparé à cet endroit où rouge et bleu domine l'étendu en noir et blanc. J'ai enfin conscience du pouvoir de la plume insaisissable, mais je ne la maîtrise pas assez pour tordre le verbe dans sa phrase immobile. Faire vivre la pensée et permettre l'inadmissible. Le malheur et la désolation dévorent l'humanité et laisse place à l'esprit torturé. Lui-même absorbé...

            En cet instant, je questionne l'implacable, l'être désireux d'atteindre le néant mortel. Je prépare la prochaine salve de lames d'airs. Dans le désert des surhommes, j'aperçois le petit prince fuligineux. Recouvert par cette masse noire, comme s'il avait subit l'assaut de l'incapable Red, que dis-je ? Le détestable, suis-je le bon adversaire. Invisible puissance séduit le titan, il fusionne avec le roi et comme un élan Tojiesque vers Mandrake. Il dévaste l'espace dans un souffle admirable, ce ne sont que des fables car il se retrouve absorbé...

            Matilda, seule image intacte dans cette atmosphère apocalyptique. Elle défie du regard le monstre que je suis devenu. Cet homme enrôlé dans la piraterie pour ses raisons cupides. Cet enfant tristement abandonné par son royaume. Quand quelques civils jouent à chercher Charlie, je deviens ce dernier. Tout le monde me recherche ! Ils veulent saisir l'invisible de leurs petits doigts. Il y en a qu'une qui sait où je me trouve... Son cœur et le mien dans cette étendue limpide.



              Je déverse mes larmes comme un marmot face au corsaire Jack. Mes mains en fer forgé tremblent et ne résistent pas au choc sismique d'un cœur qui bat une mesure de trop. Mes tympans ignorent le son alarmant qui s'émane de l'escargophone. Mon esprit le traduit en une hallucination auditive dont il a l'habitude d'entendre. Les canons tonnent, le sifflement des balles résonne dans un tintamarre bigarré. Tout à coup, ma pupille se rétracte, la cinématique en noir et blanc disparaît et laisse place au monde réel. L'horizon immuable, ses couleurs mordorées, ses dégradés de bleu pâle qui se fondent dans un rose presque fané. Le temps se fige sur l'ombre du tyran qui se relève. Son poing se resserre, les voix se taisent et dans le plus obscur troquet accueillant les sept péchés capitaux, me voilà renaît...

              Ma lame devient le requiem du chaos. Nous nous propulsons à une vitesse qui défie le commun des mortels. Nos poings intenables s’effleurent, une vague prend forme et balaye la foule courageuse dans un raz-de-marée. Le fracas de nos sabres qui s'entrechoquent à nouveau. Encore et encore... Il pare brillamment chacune de mes attaques comme s'il savait déjà où j'irais le frapper. Son intuition n'est pas ordinaire, lui-même l'avoue et n'a pas peur de m'insulter. Faible ignare ! Mes yeux s'effacent laissant deux orbites vides. Ma pensée est invisible, le fond se détache de la forme. Est-ce possible de combattre quand on est faible ? Je le crois pas... Un large sourire disparaît sous l'effet de mon pouvoir, il est temps pour toi de quitter ce monde.

              Condamné si loin derrière, je n'ai pas su garder ceux que j'aimais. Un semblant de flou, l'amitié s'évanouie de la mémoire. J'esquisse d'un pas dans le ciel, seul orage dans ma tête, une chanson paillarde que m'a appris Soren. Au creux des cimes nuageuses, lentement je réalise m'être conduit en traître, ensuite je pouffe d'un rire gras lorsque j'aperçois mon katana à travers le corps du piètre tyran. Je déchire l'espace de ma froide présence, une étincelle jaillit de mes prunelles. Je redeviens visible, lestement je retire mon arme et enlève le sang en frappant l'air. Te voilà à genoux implorant pitié.

              J'avoue avoir eu du mal à en découdre, m'avoir tailladé le bras gauche m'a pas aidé à t'atomiser plus rapidement. N'as-tu pas quelques mots envers ces habitants que tu as si longtemps martyrisé ? Ignoble vermine, ton sort est maintenant entre leurs mains. Et sans un mot sur mes lèvres, je bondis sur la voûte et rejoins un bar au loin. Un verre de Sky ! Et qu'est ce que vous fêtez M'sieur ? La chute du tyran... Hahaha, elle est bien bonne, je vous sers double !