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Dans l'ombre de la foi


- Voilà, c'est fini.

Je coupe le fil de suture, et laisse mon patient regarder sa jambe. Il grimace, mais sa plaie est mieux fermée par une douzaine de points de suture que béante. A l'entrée, un de ses hommes monte la garde, tendu. Il me regarde d'un air mauvais.

- On aurait pu faire ça sur notre navire au lieu de devoir venir jusqu'en ville, grommele-t-il.

- La ferme, Sid.

Son capitaine sait très bien que je suis la seule personne sur cette île qui accepte de soigner les pirates. Ils n'auraient pas pu refuser mes conditions. Ici, les religieux sont omniprésents, et tous les hôpitaux sont surveillés par les marines. Enfin, les quelques médecins qui exercent seuls auraient probablement dénoncé la présence de pirates au nom de leur soi-disant foi.
Evidemment, je n'exerce pas au grand jour. Parmi les sept mille habitants qui vivent ici, il y a forcément une part d'autochtones moins pieux et plus intéressés. C'est parmi eux que je me dissimule actuellement. Après mon arrivée, j'ai rapidement fait courir la rumeur qu'un médecin était prêt à soigner n'importe qui contre une bonne somme d'argent. Résultat, seuls des personnages qui souhaitaient être soignés en toute discrétion peu importe le prix se montraient, comme ces pirates.

Il me tendit une bourse, mais Zéi lui arracha des mains avec un petit cri avant de filer sur la petite table encore pleine de compresses ensanglantées pour farfouiller dedans.

- Il y a la somme demandée, assura le capitaine.  

Son matelot claqua de la langue en signe d'agacement, mais le prix que j'avais fixé avait semblé bien moins important que la blessure lorsque son capitaine s'était présenté à l'entrée de la boutique, presque incapable de marcher, le pantalon saturé de sang.
Je ne pourrais pas vérifier que le compte y était sans batailler avec mon singe, aussi les laissais-je partir sans plus de cérémonie. Sitôt qu'ils eurent quitté les lieux, Rodrigo entra dans la petite pièce. Il attrapa les déchets des soins pour les jeter, et posa sur la table le journal du jour. Le vieil homme effectuait des gestes lents, mais c'était pour guetter les bruits venant de la boutique. Il guettait autant pour éviter qu'un client n'arrive dans son magasin vide de tout personnel que pour s'assurer que la marine n'arrivait pas. Je ne lui avait pas caché mon affrontement avec la marine qui remontait à quelques jours à peine, mais le vieil homme avait tout de même consenti à m'héberger.

Rodrigo était un ami proche de Yue You, la femme qui m'avait tout appris. Mais il appartenait au clan d'Inari, et il n'avait eu comme tout contact que des correspondances avec elle pour les trente dernières années. Pourtant, lorsque je m'étais présentée à lui, il y a bientôt deux semaines, le vieillard n'avait eu qu'à me poser quelques questions précises pour s'assurer de mon origine. Son clan et le mien n'avaient plus grand-chose en commun, mais il savait pertinemment que sur Zaun, tout assassin avait la peau claire et des tatouages pour chaque instant marquant de sa vie. Surtout, il se rappelait du papillon aux ailes sanglantes, le symbole des femmes assassins, et je portai aujourd'hui le même que sa vieille amie.
L'homme correspondait à la description que Yue You m'en avait faite. Toujours l'air grave, avec des yeux noirs qui ne semblaient jamais rien exprimer d'autre que du dédain. Selon elle, il avait toujours été chauve, et c'était d'ailleurs la cicatrice sur son crâne, en forme de croix, qui m'avait permis de l'identifier. Il n'était plus un assassin, mais un agent. Lorsqu'un membre du clan n'était plus apte à effectuer les contrats, il était chargé de trouver ces contrats pour le clan. C'était l'une des règles que les clans d'assassins de Zuan et d'Inari avaient encore en commun, et depuis dix ans elle s'appliquait à Rodrigo, devenu trop vieux.

Depuis, il était agent pour le clan, mais il faisait cela en tenant une de ces boutiques de souvenirs comme on en trouvait des dizaines sur cette île, une activité qui avait l'avantage de lui fournir une couverture en plus de revenus supplémentaires. A vrai dire, lorsque je l'avais rencontré, je n'espérai de lui que quelques renseignements, qu'il aurait pu glaner auprès de clients de passage. Mais, alors que je lui avais raconté comment Yue You avait été mon professeur et la fin de mon clan, il m'avait invitée à rester dormir chez lui. Je crois qu'il avait été soulagé d'apprendre que son amie d'autrefois n'était pas morte de la main de mon frère, mais bien de mort naturelle.
Depuis, il m'aidait. Logée dans son arrière boutique, je soignais des clients le jour, et effectuai les quelques contrats qu'il me dénichait la nuit. Mais tout cela était temporaire, car j'attendais en réalité des renseignements qui auraient pu m'indiquer ma prochaine destination.
En outre, Rodrigo semblait vouloir m'impliquer dans les affaires internes de son clan, or ce n'était pas mon souhait.

Même ce soir, une fois sa boutique fermée, il m'en parla en préparant le dîner.
Nous étions à l'étage, là où il vivait, dans un modeste espace à vivre. Il n'y avait que le strict minimum, mais cela lui convenait. Après une vie de meurtres, l'homme n'aspirait qu'à une vie simple et modeste, loin de l'action. Mais même depuis sa petite échoppe il ne pouvait ignorer les changements qui bouleversaient la Cabale.

- A mon époque, nous étions très différents des assassins de Zaun ! Yue You se moquait de moi, mais "le grand dessein qui tue" était notre seul vrai maître. On ne vendait pas un assassinat ! Les étoiles nous guidaient, et je savais, je savais que lorsque je tuais, il y avait une raison!

Je l'écoutais parler, assise à la petite table de bois. Je regardais Zéi qui grignotait des figues qu'il avait chapardées d'un placard de notre hôte, en me lançant des regards suspicieux de temps à autre. Habitué à devoir partager son repas avec moi, il devait s'attendre à ce que je lui prenne une part de son butin. Mais Rodrigo était occupé à faire bouillir une soupe de plantes, et je dînerais avec lui plutôt que mon singe ce soir (même si j'étais à peu près sûre que Zéi allait tenter de venir chaparder ce qu'il pourrait).

- Lorsque nos clans ce sont séparés, il y a deux cent ans, c'était bien parce que tes ancêtres ne croyaient pas aux étoiles. La seule chose à laquelle ils croyaient, c'était l'argent !

Et je leur donnai raison. A ce que je sache, les étoiles ne nourrissaient pas.

- Mais aujourd'hui, continua Rodrigo, la cabale change. Il y a ces nouveaux assassins, et ils n'ont pas la foi, ils ne l'ont pas. Ernesto a été élevé au rang de leader par les étoiles, mais il se détourne d'elles. Je vois l'argent circuler, je le vois!

Ce n'étaient pas les étoiles qui avaient amené Ernesto Astral là où il était, mais son poignard et le sang. Et même si les informations que j'avais reçues à propos de cet homme m'amenaient à penser qu'il avait plus la mentalité d'un assassin de Zaun que celle de la Cabale, j'avais également l'impression qu'il n'était guère différent de mon frère, qui avait toujours piétiné les traditions et enseignements de nos ancêtres.
Rodrigo posa nos assiettes pleines, et comme je l'avais prédit, Zéi se rapprocha de la table. Nous commençâmes à manger, et le vieillard continua à me parler de ce "grand dessein qui tue", et des étoiles.

Sur Zaun, je n'avais eu qu'une vague idée du lien entre nos deux clans. Yue You m'avait expliqué que le clan original était celui d'Inari. C'était à l'origine un groupement d'assassins, peut-être des chasseurs de primes, qui s'étaient rassemblés sur cette île. Après des années passées sur l'île, certains d'entre eux avaient été atteints par toute la foi et la piété qui dominaient les lieux, et avaient commencé à voir dans les étoiles une liste étrange, ce fameux grand dessein qui tue. Ils se mirent alors à assassiner des personnes avec la ferveur d'une secte. Les autres assassins, ceux qui refusèrent de suivre cette voie menée par les étoiles et une liste mystique, continuèrent de n'assassiner que par profit. Les uns tentant de convaincre les autres sans arrêt, les assassins qui ne croyaient pas en vinrent à observer un code moral très strict, observant la plus grande objectivité dans tout acte.
C'est de cette volonté qu'est née le rituel de la peau blanche: lorsque la scission fut définitive entre les deux groupes, celui qui partit pour Zaun imposa dès lors un code strict. Cela commençait par le refus du jugement, un abandon de toute croyance. En affichant une peau immaculée, sans couleur pour attester de la moindre origine, sans marque, les assassins de Zaun étaient censés incarner la mort, impersonnelle et sans jugement. On m'avait élevée pour que je tue, sans m'interroger sur pourquoi je le faisais, sans me donner d'autre raison que l'argent.

L'argent qui achetait la mort, contre les étoiles qui donnaient des noms aléatoires.

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Je laissai encore Rodrigo continuer à me parler de ses étoiles, mais sans intervenir. En approchant le clan d'Inari, je ne comptai pas m'en mêler plus que nécessaire, seulement m'assurer qu'Heng ne les avait pas approchés.

Lorsque j'allais me coucher ce soir-là, étendue sur le toit, à la belle étoile, Zéi vint se coucher sagement sur ma poitrine. Caressant mon singe, je songeai à mon frère. Il fallait que je retrouve Heng. Je n'avais pas oublié le spectacle du massacre perpétré dans la tour où notre père nous avait élevés.
A vrai dire, ce n'était pas l'esprit de vengeance qui m'animait. Plutôt une forme de devoir vis-à-vis de ceux qu'il avait tués. Je ne me sentirais jamais libre de naviguer dans le monde tant que je n'aurais pas retrouvé la trace de Heng. C'était comme si une chaîne invisible me reliait encore à Zaun, aux décombres de la tour rouge. Souvent, j'avais l'impression de voir le fantôme de mon père qui me fixait, sans rien exprimer, comme à son habitude. Qu'avait-il ressenti en se faisant tuer par le fils qu'il avait banni?

Allongée sous un ciel dégagé, mon saïmiri endormi contre moi, je méditais avant de m'endormir, tentant de ne penser à rien.
Mais, alors que je commençai à sombrer, des bruits de pas précipités juste dans la rue m'arrachèrent aux bras de Morphée. Aussitôt, les sens en alerte, je me penchai au bord du toit pour observer, non sans que Zéi de ronchonne d'être réveillé. Mais apparemment, le groupuscule qui se pressait en bas avaient autre chose à faire que de chercher l'origine des cris simiesques. Je reconnus facilement des marines, leurs tenues blanches étant très voyantes à la lumière de la lune. Ils étaient au moins huit. Qu'est-ce qui pouvait bien les agiter à une heure pareille? Ils se dirigeaient vers une petite chapelle sans importance, sans s'inquiéter de réveiller les villageois.

Je ne saurai dire ce qui me poussa à passer de toit en toit pour essayer de m'approcher et voir quelle était la cause de tout ce raffut, mais en quelques minutes je fus sur la maison la plus proche de la chapelle, à écouter ce que les marines disaient, affolés.

- C'est pas vrai...

- Je croyais qu'on les avait tous arrêtés, qu'est-ce qui s'est passé?

- Prévenez la base, il faut vérifier que les prisonniers ne ce sont pas échappés!

Soudain, je me remémorai l'affaire qui avait fait la une du journal local il y a quelques temps. Une histoire sombre de secte qui avait procédé à des rites sanglants et mortels. Il y avait une histoire de pirates mêlés à ça je crois, mais l'affaire étant supposément close je ne m'y était pas plus intéressée que ça.
Sautant lorsque les marines avaient le dos tourné, je m'infiltrais par l'une des fenêtres les plus hautes de la chapelle. J'obtins aussitôt une vue plongeante sur la macabre scène, et je compris pourquoi les marines étaient aussi affolés. Il y avait des corps, étalés, et surtout les macchabées étaient tristement jeunes. L'autel était recouvert de sang, et des couteaux sacrificiels qui devaient être les armes du crime avaient été abandonnés ici et là. On aurait dit que, en-dehors des morts, la scène avait été vidée de ses acteurs. Les soldats, qui peinaient visiblement à savoir comment réagir à ce qu'ils voyaient, cherchaient les alentours à la recherche des coupables. A mon sens, ils brassaient du vide. Le sang était déjà sec sur le sol, et les victimes étaient manifestement mortes depuis plusieurs heures.

Néanmoins, j'écoutais les autorités parler, et je compris qu'ils étaient surtout choqués par la ressemblance de cette scène avec celle qu'ils avaient découverte quelques jours plus tôt. J'avais donc vu juste. Ce spectacle faisait écho à celui que la secte avait fait laissé éclater au grand jour, provoquant sa déchéance.  
Mais pourquoi une telle affaire se dédoublait-elle maintenant, si tous les coupables avaient été coffrés? La marine avait-elle laissé échapper certains des auteurs de ces meurtres? Je ne croyais pas vraiment à une mauvaise blague: il fallait avoir un peu plus qu'un humour macabre pour faire de pareilles horreurs à des gosses. D'ailleurs.... et si c'était l'oeuvre d'un professionnel, comme moi?
Le doute me prit. Était-il possible que ce que j'avais sous les yeux ne soit que le résultat d'un contrat d'assassinat particulièrement poussé? Cela signifierait un rapport avec la Cabale... Il fallait que je m'en assure. Il fallait que j'examine les corps, et de près.

La chapelle était plutôt petite. C'était un bâtiment religieux classique, en pierre, avec des vitraux ou des espaces vides comme celui par lequel je m'étais introduite en guise de fenêtres. Il n'y avait que deux étages, plus une petite alcôve négligeable en hauteur. De ce que je vis, il n'y avait que trois issues visibles: l'entrée principale, une petite porte sur le flanc, et celle derrière l'autel. Un seul escalier menait à l'étage où je me trouvai, mais cet étage n'était qu'un petit balcon interne qui faisait le tour de la chapelle pour donner vue sur le rez-de-chaussée.
Si je voulais pouvoir descendre et examiner les corps, j'allais devoir me débarrasser des marines présents. Zéi ferait une très bonne distraction. Je descendis les escaliers en silence, et entrouvris la petite porte qui donnait sur la grande salle avec l'autel. Attrapant mon singe par la peau du cou, je le fis sortir par cette porte. Une poignée de secondes plus tard, un vacarme épouvantable ce fit entendre. Attendant derrière la porte, les cris de mon singe me parvinrent, avec les marines qui tentaient de l'attraper en évitant de se faire mordre.
Bientôt, le vacarme s'éloigna, la plupart des marines pourchassant mon singe en furie. Mais cela ne les retiendrait pas longtemps. Je pénétrai dans la pièce, où trois marines me tournaient le dos, tentant de voir ce qui se passait dehors avec Zéi. Je les égorgeai tour à tour rapidement et silencieusement, laissant leurs corps sur place sans états d'âme.

Je me dépêchai de m'approcher des corps, cherchant tout ce qui aurait pu me mettre sur une piste quelconque. Les armes utilisées étaient bien les couteaux sacrificiels, mais quelque chose ne collait pas, et je compris vite pourquoi. Les coups avaient été portés de façon nette, trop nette. Seul un expert avait pu tuer les victimes du premier coup. Car oui, après examen je découvris vite qu'à chaque fois, le meurtrier avait porter un premier coup mortel très précis, avant de rajouter des blessures post-mortem. Je le voyais à la façon dont le sang n'avait pas coagulé correctement. D'après la rigidité cadavérique, je situai leur mort autour de 23 heures, il y a plus de trois heures donc.

Soudain, ma main se figea sur mon tessen. Quelqu'un d'autre venait de pénétrer dans la pièce. Je me relevai lentement, prête à combattre s'il le fallait.



Dernière édition par Xia He Wei le Sam 22 Aoû 2015 - 9:01, édité 1 fois
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Un allié ? Un ennemi ? Qui peut bien te surprendre ? Alors que tu te sent prêt à engager le combat, un homme arrive te tombe dessus. Vous vous retrouvez nez à nez.

De par son allure tu comprends qu'il ne rigole pas. De par sa carrure tu sais qu'il est très bien entraîné. De par son accoutrement, tu sais qu'il s'agit d'un officiel de la marine.

Pas de chance pour toi tu tombes sur un officier de l'autorité la plus compétente de l'île et en voyant ses hommes derrières tout aussi mort et froid que les victimes initiales, il te désigne comme le coupable de toute cette scène de crime.


"Un tueur reviens toujours sur les lieux du crime."

Au même moment plus de crie de singe, voilà le reste des soldats qui arrivent. Singe en main, ils constatent l'horreur de la mort de leur compagnon et la présence de leur supérieur.

Impel Down n'est plus, mais tu sembles tout droit te diriger vers une prison pour une très longue période.


"Je la veux vivante ! Elle va devoir répondre de ses crimes."

    - Un tueur revient toujours sur les lieux du crime.

    Je dévisage le marine qui me fait face, sans afficher la moindre émotion. Un gradé, la petite quarantaine avec une barbe taillée. Son air hautain me déplaît aussitôt, mais peu importe. Je suis plus alertée par les cris furieux de Zéi, qui s'est finalement fait attraper, et cela ne lui plaît pas du tout. D'ailleurs, les soldats qui le tiennent à bout de bras n'en mènent pas large, avec leurs bras et visages couverts de traces de griffures et morsures. Ceux qui ne le tiennent pas se tiennent même à bonne distance. Et mon singe n'a pas dit son dernier mot, s'agitant furieusement pour tenter d'échapper à leur poigne. Il faut dire que sa dernière capture ne lui a pas laissé un bon souvenir, seulement l'expérience amère des mauvais traitement, et les semaines que j'avais passées à m'assurer de son rétablissement. Pas étonnant que Zéi soit aussi méfiant et hargneux avec les autres humains que moi. Et encore.

    - Je la veux vivante! Elle va devoir répondre de ses crimes

    A peine a-t-il terminé sa phrase que, depuis ma position encore semi-accroupie, je prends appui sur mes mains pour lui balancer mon pied droit dans le menton, mon geste fendant l'air à la verticale. Je n'ai pas de temps à perdre avec la marine.
    Alors qu'il titube, je passe dans le dos de l'officiel pour lancer d'une main deux de mes senbons vers ses hommes. Je ne peux pas les tuer avec ces simples aiguilles, mais l'un est atteint à la gorge, et l'autre au poignet. Cela les fait lâcher Zéi, qui leur saute dessus comme un enragé. Mon singe peut bien les occuper le temps que je m'occupe de leur supérieur. Celui-ci, dans mon dos, semble s'être repris, et sort deux sabres. Je déploie mon tessen, et me mets en garde.

    Il a un rictus devant mon arme qui doit lui sembler risible, mais peu importe. Je dois juste le tuer.
    Lorsqu'il lève ses épées, je suis prête. Les marines ont tous la même formation, et les mêmes tics de gestes avec leurs armes. Au mouvement de ses poignets, je parviens à deviner à la dernière seconde comment il va abattre sa lame. C'est juste le temps qu'il me faut pour faire un mouvement de côté pour l'éviter, avant de bloquer sa deuxième lame sur mon tessen replié. Nos armes s'entrechoquent, et il réalise enfin que mon éventail est une arme plus complexe qu'elle n'en a l'air. D'ailleurs, il est temps de lui en faire la démonstration.
    Mes doigts glissent, et les lames de mon tessen se déploient, révélant le dangereux alliage métallique qui les composent, léger et tranchant. Alors qu'il est attiré par le mouvement de mon arme, le marine perd de vue mon autre bras, et c'est le moment que je choisis pour le frapper violemment à la gorge. Je n'ai pas frappé fort, mais avec une précision qui lui inflige aussitôt une crise de toux violente, le faisant suffoquer avec des bruits rauques pitoyables. Avec mon adversaire désarçonné de la sorte, je peux manier mon éventail sans mal. Je recule d'un pas, et ma main attrape ses cheveux, juste avant que mon tessen ne tranche complètement cette gorge qui étouffe. Le corps tombe à mes pieds, et je peux me retourner vers les autres marines, encore aux prises avec mon singe.

    Zéi a provoqué tellement de panique, à crier et sauter partout, que les marines n'ont pas osé tirer de peur de blesser l'un des leurs. Il faut dire que leur petit attroupement compte une demi-douzaine de membres. Ce n'est pas un problème, mais je ne veux pas voir des renforts rappliquer, et j'estime qu'il y a déjà eu bien trop de raffut. Il est temps d'en finir rapidement. Me lançant vers eux, j'attaque rapidement, sans faire de distinction. Dans un lieu clos et si étroit, leur nombre devient vite un désavantage, et j'enchaîne mes mouvements assez vite pour ne pas leur laisser l'occasion de riposter. Surtout, d'un bond je me tiens devant l'entrée de l'église, m'assurant qu'aucun d'eux ne puisse s'échapper pour aller donner l'alerte.
    Je ne suis guère optimiste cependant. Il est tard, et ces fichus marines ont fait beaucoup de vacarme sans même mon intervention. Lorsque le combat s'arrête, Zéi saute sur mon épaule et gronde en direction des marines vaincus. Le sang répandu stupidement sur ma tenue me contrarie. Yue You m'aurait fait passer une semaine en salle de punitions pour ça.
    Mais surtout, je ne peux plus m'attarder ici. Toutes les personnes qui m'ont vue sur les lieux sont mortes, mais d'autres risquent d'arriver, et je ne compte pas me faire repérer. Faisant taire Zéi comme je peux, je quitte au plus vite les lieux, repassant par les toits. De toutes façons, j'ai terminé ma petite "inspection".

    Postée sur l'un des plus hauts toits de la ville, j'essaye de comprendre la signification de ce qu'il s'est passé ce soir.
    Pourquoi reproduire une scène de massacre avec autant de méticulosité? J'ai de sérieux doutes sur la Cabale. Même si les assassins seraient largement capables d'obtenir assez d'informations pour reproduire la scène et auraient les compétences pour le faire, je ne comprends pas leur dessein.
    Les assassins ne sont pas des copieurs. Il nous arrive de mettre une mort en scène pour les besoins d'une mission, mais là, c'est différent. Avec les instigateurs de la première scène sous les barreaux, la marine aurait vite compris que ce n'était pas un massacre ordinaire, et chercherait d'autres coupables. En examinant les blessures, je soupçonnais même qu'un bon légiste puisse comprendre que ces meurtres avaient été commis par des experts. Or, c'était une erreur que ne comprenais pas.
    Un assassin n'aurait eu aucun mal à reproduire la première scène pour de bon, en respectant les blessures initiales.  Or, là, ces exécutions allaient mener les officiels droit sur la piste de professionnels. C'était une erreur trop grosse pour des assassins.

    Justement. Était-ce bien une erreur?  
    Une pensée me vint. J'avais été la première attirée sur les lieux. Mais si je suivais mon raisonnement, cette scène avait été créée par des assassins, pour mettre sur la piste des assassins. Je me levai. J'avais peut-être été la première à tomber dans un piège.
    Je repris ma course sur les toits, retournant vers les lieux que je venais de quitter. J'aurais dû prêter plus attention aux paroles du vieil homme. Il était la preuve qu'il y avait des dissidents parmi la Cabale menée par Astal Ernesto. Certains étaient peut-être plus virulents que l'assassin retraité.
    En fait, ces complots internes ne m'intéressaient pas, mais ils allaient me servir. En détruisant ce piège, je m'offrais une petite opportunité de montrer à Ernesto que notre rencontre pouvait rester cordiale et sans animosité aucune.

    Voilà pourquoi je reviens sur les lieux même du massacre, et je sais que je dois me dépêcher pour finir le travail avant que d'autres marines n'arrivent sur les lieux et ne cherchent encore d'autres coupables. J'ignore complètement les cadavres, et je me dirige vers la table qui tient tous les cierges encore allumés. J'en attrape deux, et renverse les reste du pied, qui embrasent aussitôt les bancs les plus proches. Malgré la pierre dont est constitué l'édifice, il y a suffisamment de bancs en bois et de tapisseries pour que le tout s'embrase rapidement. Armée des deux cierges, je mis également le feu aux cadavres, leurs vêtements se consumant rapidement. Bientôt, une fumée âcre envahit la chapelle, et j'évacuais les lieux, encore une fois par l'étage. Zéi crachotait, inquiété par les flammes. Il faut dire que cela lui rappelait sûrement notre première rencontre, tout aussi incendiaire.

    Les marines arrivèrent une dizaine de minutes plus tard, beaucoup trop tard pour arrêter l'incendie. Perchée sur une poutre dépassant d'un clocher, je restai dissimulée dans l'ombre pour les regarder paniquer en réalisant que certains des leurs étaient en train de brûler dans l'incendie. L'incendie était impressionnant, et l'éteindre prendrait sûrement une bonne partie de la nuit. Mais au moins, il n'y avait plus aucun témoin de ma présence sur les lieux, et les macchabées ne mèneraient personne sur la piste des assassins.
    Maintenant, il fallait attendre. Je devais réussir à attirer l'attention d'un assassin de la Cabale pour pouvoir rencontrer Ernesto. Quitte à devoir m'aventurer dans leur repère seule.

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    Cacher dans la pénombre dans un endroit où personne n'aurait pu le débusquer, un homme attendait patiemment l'arriver de la marine. Cet homme n'était autre que le coupable qui avait frappé et qui suivait les instructions de son guide. L'assassinat ne devait pas être basique, il devait suivre un protocole dicté par les étoiles.

    Au départ tout allait bien, mais que tu retournas sur tes pas et décida de mettre le feu, tu changeas l'ordre établi. Ce n'était plus pareil, ce n'était plus un assassinat des étoiles, mais un incendie, voilà ce que penserait les gens et le guide quand ils apprendront ce qui c'était passer.

    Par ton intervention tu viens de faire échouer une mission des étoiles et cela ce n'était guerre possible et encore moins acceptable. Quittant sa cachette, l'homme te suivi sans que tu puisses t'en rendre compte. Les années passées à se cacher des autres ont fait de cet émissaire des étoiles un professionnel du camouflage au point qu'il arrive presque à ta hauteur poignard en main sans que tu ne sentes sa présence.


    "Qui es-tu femme ?"

    Masquer par des habits, tu ne peux tirer aucune information de cette personne. C'est une femme ? Un homme ? Tu n'arrives pas à savoir. Son couteau en main te signale néamoins que ses intentions à ton égard son pour le moment hostile.

      Lorsque j'attends, je suis immobile, et j'écoute. Depuis l'enfance, je suis l'une des assassins les plus silencieuses que Zaun ait porté. Un vrai serpent, disait Yue You. Mais il y a encore quelques personnes plus discrètes que moi. Lorsqu'au tout dernier moment, je sens une présence, mon singe commence à crachoter hargneusement.

      Ça y est.

      - Qui es-tu, femme?

      Je me retourne, me dressant debout à l’extrémité de la poutre du clocher. L'inconnu, trop camouflé pour que je n'analyse quoi que ce soit de lui, se tient face à moi sur le rebord d'une des ouvertures de l'église. Nous sommes à près de douze mètres de haut, mais il ne flanche pas plus que moi. Je sais que c'est un assassin avec certitude.
      Je vois son poignard, l'arme favorite des assassins de la Cabale. S'il la sortie délibérément, à ma vue, c'est une menace claire. De mon côté, ma main pend à côté de la gaine qui garde mon tessen, prête à réagir au moindre geste de sa part. Mais il attend, et il a pris la peine de me questionner. Il semblerait que mes actes lui aient mis le doute.
      Mais je ne suis pas sûre que cet assassin puisse vraiment m'être utile. Est-il des suiveurs d'Ernesto, ou l'un de ces assassins qui se méfient de leur nouveau leader? Je ne peux pas en savoir plus sur lui sans me dévoiler d'abord, je dois consentir à ce compromis.

      - Je suis Xia He Wei, survivante du clan des assassins de Zaun. Mon père, Kuan Ti Wei, était notre leader. Mon frère a décimé notre clan, et je dois savoir s'il est entré en contact avec la Cabale. Nos clans ne faisaient qu'un il y a quelques siècles, et il a pu venir chercher de l'aide auprès de vous. J'ai des questions à poser à votre leader.

      Faisant une pause pour jauger sa réaction, je fais un signe de tête en direction de l'église en flammes.

      - Ça, c'était ton oeuvre, n'est-ce pas? Je sais qu'il y a des disparités au sein de votre clan. Et je ne comprends pas vos motivations, je ne me mêlerais pas de vos affaires internes. Mais attirer l'attention sur votre clan mènera à sa destruction. Tu as reproduit une affaire déjà classée par la marine. Pourquoi les mener délibérément sur la piste des assassins? Que cherchez-vous donc?



      Dernière édition par Xia He Wei le Sam 17 Oct 2015 - 20:38, édité 1 fois
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      Devant toutes tes questions l'assassin comprend une chose, que tu n'es au courant de rien et ce n'est pas plus mal. Ton histoire de clan, de passé, de frère il n'en a que faire et même s'il savait quelque chose qui pourrait éclaire ta lanterne il ne te dira rien. Seul les membres de leur ordre son considéré comme des frères fiables, les autres sont tous des inconnus.

      Doucement il range son arme. Fin des hostilités ? Oui, tu n'en as pas après lui. Malgré tout ce n'est pas pour autant qu'il est prêt à collaborer avec toi. Jamais il ne vendrait d'information concernant les siens. Ainsi, alors qu'il rentre son poignard, il sort de l'autre poche une sphère avec un petit fil au-dessus. Une bombe ? Peut-être !

      Il n'attend pas son reste et claque la bombe au sol ce qui provoque un puissant bruit. Une bombe assourdissante, de quoi lui permette de te déstabiliser et filer à l'anglaise. Tu n'auras pas tes informations aujourd'hui et ce ne serais certainement pas lui qui vendra la mèche.

      Le voilà partie dans une course folle sur les toits pour se tirer d'ici.

        Je ne suis généralement pas une grande optimiste, mais là, je dois avouer que je connais une pointe de déception. Je lui ai livré tout un tas d'informations, à l'encontre de tout ce que l'on a pu m'enseigner, et lui ne me lâche pas un mot. Cet assassin ne me prend même pas en considération. En fait, son attitude est tout simplement indifférente à mon égard.
        Il est passé d'une attitude complètement hostile et méfiante au simple mépris que l'on aurait pour un enfant trop capricieux. Cela m'amène à penser qu'il a bel et bien quelque chose à cacher, mais pas de moi. Je lui ai sûrement fait comprendre sans le savoir que mes intérêts n'avaient rien à voir avec les siens. Or, à partir du moment où je ne suis pas une menace pour lui, il n'a plus aucune raison de me parler. C'était un scénario que je ne pouvais pas écarter, même si je l'aurais voulu.

        Dès que je vois ses mains bouger, je me tiens prête. D'un bond, je saute du perchoir où je me trouvais, Au même moment où quelque chose claque violemment, vrillant mes tympans. Je ne m'attendais pas à ça.
        Je suis déstabilisée, à tel point que je mets un moment à comprendre que j'ai échoué sur la toile de la devanture de l'échoppe juste en dessous.
        Zéi me mord, volontairement ou à cause de la panique, et je reprends mes esprits sous le coup de la douleur.


        Ne laisse jamais une cible porter son souffle là où ta lame ne peut l'atteindre.


        Il me faut ces informations.
        Je me relève, et réintègre les toits au plus vite. Dans la nuit, je repère vite la silhouette qui se déplace rapidement dans la direction opposée à la mienne. Je vais attraper cet homme et lui faire avouer tout ce qu'il sait.

        Evidemment, il a pris de l'avance. Mais je ne compte pas me décourager, au contraire. Je veux les éventuelles informations que cet homme peut me donner. Et après tout, je pourrais même m'intéresser du plus près au clan des assassins d'Inari.
        Je continue à courir, et j'ignore s'il m'a repérée. Mais je cours, toujours plus vite. Je ne suis pas rapide, mais je suis très endurante. Dans une ville pas si grande, je sais que je peux l'acculer. En fait, j'ai le regard rivé sur lui, et je ne le lâche pas des yeux. Ma course m'amène droit vers lui. S'il ralentit une seconde, il sera à ma portée.
        Et, évidemment, ce moment arrive. Pendant une seconde où il saute dans les airs pour changer de toit, je profite de ce moment, presque ralentit dans l'air, pour jeter trois de mes senbons. Je connais mes capacités, et je l'atteint. Une aiguille à la gorge, une à l'épaule et l'autre au rein. Avec mes senbons enduits de paralysant, il ne tiendra pas longtemps.

        Il est à ma merci, et je me rapproche pour ramasser ma cible.

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        Tu as eu ta cible. C'est du bon travail, mais si tu voulais éviter ce qui allait se passer tu aurais sans doute mettre en pratique ce que tu as appris durant ton apprentissage de maître assassin. Tuer sa cible avant qu'il n'arrive en territoire conquis. Une leçon que tu apprendras à tes dépend.

        En tombant sur une poubelle l'assassin ameuta ses complices. Les gens qui comme lui avaient foie en une seule personne : le guide et c'est tout naturellement que l'alerte résonna quand tu fis ton apparition. Ce n'est pas un signal auditif, mais un signal donné entre assassin pour se mettre sur le pied de guerre en cas d'attaque de tel ou tel groupe.

        Tu es encerclé très rapidement, avant même que tu ne puisses atteindre l'homme que tu as paralysé au sol. Dans cette foule tu ne peux distinguer aucun visage. Tes adversaires sont partout et nulle part, ils forment un rond opaque et oppressant et pourtant dans cette foule un homme arrive et se distingue des autres par sa posture, sa tenue et son regard qui te tue instantanément.


        Comment souhaites-tu mourir ? Mais avant dis-moi ton nom que je demande aux astres si ton heure est bien arrivée.
          Lorsque je réalise que je suis tombée dans un piège,  je me sens comme la dernière des imbéciles.  Sur un terrain inconnu, j’étais de facto en désavantage. Je stoppe mon avancée dès que je comprends qu’ils sont nombreux, et tous en alerte face à moi. Mais je ne range pas mon arme. S’ils ne me tuent pas de suite, c’est qui attendent un ordre, ou qu’ils délibèrent avant de le faire. Auraient-ils un doute ?  Un peu plus loin, ma cible repose inerte sur le sol, déjà atteinte par les plaques grises provoquées par le venin de mes senbons. Il est paralysé, ses yeux encore ouverts dans leurs orbites.
          Mais son sort est bien la cadette de mes préoccupations. J’ai une espèce de meute d’assassins qui m’entourent, prêts à agir. Je dis meute car, déjà, je vois des différences avec nos assassins. Je les trouve moins disciplinés, et plus communautaires. A Zaun, chacun agit toujours seul, en binôme exceptionnellement. Là, je vois clairement qu’ils ont l’habitude d’être en groupe. Et leur attitude menaçante ne me trompe pas. Lorsqu’un homme fait son apparition, leur attitude change pour se focaliser sur lui.

          Instantanément, il me rappelle mon père, l’assassin aussi imposant que glacial. Mais leurs façons de parler diffèrent. A vrai dire, Kuan Ti ne parlait jamais ou presque. Or, cet homme-là pose beaucoup de questions.

          En toute logique, il essaye de m’impressionner, mais j’ai déjà trop affronté ça avec les membres de ma famille. Je ne cherche même pas à me faire plus effrayante que lui : comme je l’ai toujours fait, je soutiens son regard sans rien envoyer en retour, comme une pierre qui ne sentirait rien, un voile opaque sur mes pensées.
          Lorsque je lui réponds, je n’affiche aucune expression particulière, fidèle au masque que je me suis mentalement créé.

          - Les assassins de mon clan ne croient ni aux astres, ni au pouvoir des noms. Et celui que je porte ne m’appartient même pas.

          Pendant un instant, je le laisse comprendre ce que je dis, en même temps que je jauge s’il va finalement m’attaquer ou  pas. Lorsque je reprends, personne n’a bougé, même si je sais bien qu’ils ne trahiront rien avant l’instant même où ils me tueront.

          - Tu dois être Astral Ernesto, celui que ceux de ton clan appelle le Guide. C’est toi que je cherche. Le vieil assassin m’a dit que toi et tes étoiles sauraient où trouver mon frère, Heng Wei.

          Je parle le plus calmement du monde, mais mes mains pendent à moins d’un centimètre des poignées de mes jiu jie bian, prêtes à réagir.
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          Tu n'as pas répondu à la question qui venait de t'être posé. C'est ton droit de ne pas répondre, mais c'est le devoir divin du guide que de demander aux astres si la personne qui ne crois pas au nom doit mourir dans l'instant. Il recule, regarde les étoiles, se tourne, se pose au sol comme s'il allait méditer, puis demeure aussi silencieux qu'un arbre.

          Le temps te semble long entourer de toutes ces personnes attendant le top signal pour sans doute te sauter à la gorge où essayer. Dire que tous ces hommes pensent que les astres communiquent avec cet homme assis au sol. Ils sont crédules ? Idiots ? Fou ? Nul ne peut comprendre la foie.

          Ce n'est qu'une vingtaine de minutes plus tard que le guide sort de son état de sommeil. Il essuie le peu de poussière sur ses vêtements, se dégage un chemin jusqu'à toi et prend la parole. Les astres venaient de lui parler et il allait te donner son verdict.


          "La femme qui ne croit pas aux noms et aux astres doit rester en vie. Les astres ont parlés !"

          Devant les paroles du chef, les armes des serviteurs retrouvèrent leur fourreau. Par cette simple phrase tu venais de passer d'ennemi à ami. Ce sont les astres qui décident et s'ils décident que tu dois vivre, personne ne peut aller contre leur volonté, c'est ainsi.

          "Les astres, mon également demandé de répondre à ta quête, par contre avant il y a une chose qu'ils m'ont ordonner de faire."

          D'un simple mouvement de bras, l'homme ordonna la mise à mort de celui que tu venais de blesser. Les astres étaient-ils derrière cela ? Où était-ce simplement une manière de montrer que l'échec n'était pas permis. Toi qui ne croit en rien ne pourra sans doute jamais le savoir, mais ceux qui suivent cet homme de pouvoir n'ont pas réfléchi une seconde avant d'agir.

          Ami, famille, camarade, qu'importe la cible, il s'agissait de la volonté des astres.


          "Suis-moi nous serons mieux pour parler."


            Lorsque je le regarde s'installer tranquillement parterre le plus naturellement du monde, je me demande un instant quel genre de mascarade est-ce là. Nous sommes au beau milieu de la nuit, je suis entourée d'assassins sur le qui-vive, avec la marine probablement à ma recherche, et je dois attendre qu'un assassin, parmi les plus doués que compte North Blue, demande à des astres si je dois rester en vie ou s'il doit me tuer.
            La situation me paraît aussi invraisemblable que risible.

            Et pourtant, je suis dépendante de cette décision.
            Une décision qui met du temps à venir. Beaucoup de temps. Je suis surprise que les marines ne se pointent pas. Nous avons dû nous éloigner davantage que je ne le pensais durant notre course. Un peu plus loin, l'homme que j'ai empoisonné est toujours dans un état lamentable, mais personne ne semble ne se soucier de lui.
            Cinq, puis dix minutes passent. A quoi ça rime? Je réfléchis à comment m'enfuir en cas de verdict négatif. J'ai encore quelques fumigènes sur moi, et la voie des airs semble une option viable. Il me suffirait de faire assez de bruit pour alerter la marine pour créer une diversion pour faire fuir tout ce beau monde. Avec un saïmiri braillard comme compagnon, je suis en passe de devenir experte à ce petit jeu.

            Toujours tendue comme un ressort, j'analyse mes assaillants. Ils ont des postures différentes de celles qu'on m'a enseigné sur Zaun. Ils se tiennent légèrement baissés, fléchis sur leurs jambes, comme s'ils étaient constamment prêts à disparaître. Impossible de voir leurs visages cependant.
            Soudain, l'homme se relève et aussitôt, tout le monde est de nouveau sur le qui-vive.

            - La femme qui ne croit pas aux noms et aux astres doit rester en vie. Les astres ont parlés !

            Je suis la première surprise. A-t-il fait semblant et exécuté toute cette scène juste pour m'impressionner avec sa soi-disant lecture des étoiles ? Ou croît-il vraiment à tout ça? Si c'est le cas, j'ignore à qui je dois ma chance, mais cela m'importe peu.

            - Les astres, mon également demandé de répondre à ta quête, par contre avant il y a une chose qu'ils m'ont ordonner de faire.

            Et en une fraction de secondes, l'homme que j'ai empoisonné est abattu. Je ne sourcille pas. Je suis surprise, oui, mais pas choquée. j'imagine qu'il aurait dû courir plus vite s'il avait voulu rester en vie. Les assassins d'Inari avaient manifestement une autre vision des échecs.

            - Suis-moi, nous serons mieux pour parler.

            Sans rien ajouter ni laisser paraître, je m'exécutais.
            La plupart des autres assassins quittèrent les lieux en silence, mais une poignée d'entre eux nous accompagna. Une garde rapprochée? Étrange pour un assassin.
            Ca, plus le fait qu'ils m'avaient approché en nombre... Je commençais à avoir des suspicions sur la Cabale, mais je les rangeais dans un coin de mon esprit.
            Les informations d'abord.

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            Nous mîmes un moment à nous rendre dans leur repère.
            Je suivis Ernesto, et ce qui semblait être ses gardes du corps, pendant une longue chevauchée sur les toits d'abord, puis vers une partie moins habitée de la ville. Pendant le trajet, je ne pus m'empêcher de remarquer l'amateurisme de certains de leurs "assassins". Certains étaient trop bruyants avec leurs pieds, ou maîtrisaient mal leur respiration. Même Ernesto se déplaçait plus avec la souplesse d'un fauve que la discrétion d'un serpent.
            Je commençais à entrevoir à quel point nos clans étaient différents.

            Les dernières étapes du chemin consistèrent à franchir quelques passages secrets dans des habitations à priori inoccupées. Je compris vite que des sentinelles étaient là pour garder les entrées, à leur façon de me jauger lorsque je suivis leur chef dans l'un de ces souterrains.
            Une série d'escaliers grossièrement taillés dans la pierre nous amenèrent plus profond sous terre, au grand déplaisir de mon singe, qui n'aimait pas les espace confinés. Moi-même, je n'y étais pas à l'aise. L'espace réduit de ce dédale souterrain en faisait un parfait traquenard, et jamais je n'y serais allée de mon propre chef si je n'avais pas autant eu besoin de ces informations.

            Au bout d'une dizaine de minutes, peut-être plus, nous atteignons enfin un espace habitable.
            Tout le chemin parcouru a présenté des dizaines d'autres tunnels, et je comprends que le but est de perdre les éventuels intrus dans ce labyrinthe souterrain. Soit. J'étais à peu près sûre de pouvoir retrouver le chemin du retour seule si besoin.
            Sur mon épaule, Zéi était stressé. Mon saïmiri avait le poil hérissé, et je pouvais sentir son petit cœur qui battait plus vite que d'habitude. Je lui caressais le dos pour le calmer, mais il chassa ma main, agacé.

            Le repère de la Cabale, ou du moins ce qui semblait l'être, n'avait pas grand chose en commun avec la tour où j'avais passé mon enfance. Sur Zaun, nous n'avions que le strict nécessaire: de quoi s'entraîner, se battre, se nourrir et dormir. Je n'avais jamais eu aucun jouet ni eu aucun autre loisir que les études. Ici, malgré l'espace réduit des pièces, celle-ci étaient bondées. Des dizaines de livres, notamment. Mais on trouvait aussi tout ce que l'on aurait pu trouver dans un espace de vie normal: des coussins pour s'asseoir, des tentures, des objets décoratifs (à moins qu'ils ne s'agisse d'objets de larcins?), des chaises, des tables, et bien d'autres choses encore.

            Comparé a l'environnement, plus spartiate, des assassins de Zaun, celui des assassins de la Cabale me faisait d'avantage l'effet d'un repère de pirates.
            Mais je gardais cette pensée pour moi, et suivi Ernesto plus loin dans leur repère. Il s'arrêta enfin dans une grande salle, qui faisait manifestement office de lieu de réunion pour tous les assassins du Clan. Beaucoup d'entre eux étaient présents, mais il congédia tout le monde d'un geste de la main. Rapidement, les lieux se vidèrent, nous laissant seuls avec une poignée de ses hommes.
            Pour être honnête, j'avais conscience de ne pas être en position de force. J'étais dans un trou à une dizaine de mètres sous terre, entourées de tueurs en surnombre. Même si, hormis Ernesto et celui qui le suivait de près, je sentais que les autres n'étaient pas à mon niveau, j'évaluais mes chances de m'en sortir à un nombre très, très bas en cas de confrontation.

            Ernesto s'assit sur une des tables, et se tourna vers moi.  

            - Tu as refusé de me donner ton nom. Pourtant, certains de mes hommes ont reconnu ces tatouages et ta peau blanche. Tu es une enfant du clan disparu de Zaun.

            J'ignorais combien de clans d'assassins il y avait sur les Blues, mais j'étais à peu près sûre que le mien était le plus simple à reconnaître, pour qui en connaissait l'existence. Voyant qu'il ne semblait pas plus surpris que ça, je supposai que je n'étais pas percue comme une ennemie. Pas encore.

            - La dernière fois que j'ai décliné mon identité, votre homme s'est enfui et est mort. Je m'abstiendrais à présent.

            Il haussa les épaules et croisa les bras.

            - Peu importe. Tu as prononcé le nom d'Heng Wei en le décrivant comme ton frère. La question qui m'intéresse, c'est quelles sont tes intentions en le retrouvant, et pourquoi aurions-nous des informations sur lui.

            Que faire? Je ne sais pas ce que je risque à jouer franc-jeu. Qu'est-ce qui me dit que Heng ne les à pas ralliés à lui en passant pas Inari?
            Mais si c'était vraiment le cas, je doute que j'en serais arrivée jusque là vivante. Ils avaient eu l'occasion de me tuer dans la ruelle, et ne l'avaient pas fait. En outre, si Heng leur avait parlé de moi, ils auraient sûrement davantage réagi à ma présence. Ils auraient su mon identité dès mon arrivée, et ne m'auraient pas laissée passer plusieurs semaines sur Inari sans agir.
            J'en conclus donc que seules les trois possibilités suivantes étaient possibles: soit ils n'avaient pas rencontré Heng directement, soit ils l'avaient rencontré mais n'étaient pas devenus ses alliés ou bien, ils s'en étaient fait un ennemi et l'avaient peut-être déjà affronté.
            Dans les 3 cas, leur position était soit neutre soit positive quant à moi. Je décidais donc de leur révéler, en partie, mon dessein.

            - Heng est mon demi-frère aîné, et j'ai l'intention de le retrouver pour le tuer. J'ai des raisons de croire qu'il est passé par Inari après son départ de notre île.

            Il me jaugea quelques secondes, puis hocha la tête.

            - Les étoiles l'avaient prédit, s'exclama-t-il haut et fort avec un petit air théâtral.

            Ben voyons.
            Je supposais qu'il sortait son petit baratin pour les fidèles présents dans la pièce, mais ça ne prenait pas avec moi. Les assassins de la Cabale s'accrochaient peut-être dur comme fer à leurs histoires d'astres divinatoires et je ne sais quoi d'autre, mais j'étais persuadée qu'Ernesto n'y croyait pas plus que moi.

            - Les étoiles m'ont demandé d'accéder à ta requête, je vais donc te dire ce que je sais sur Heng Wei.

            Il sorti son poignard, le fit tourner un instant dans sa main avant de le planter dans la table. Ce geste, en apparence anodin, était pourtant incroyablement parlant quand à sa dextérité avec une lame blanche. La fluidité et la rapidité de son geste ne m'avaient pas échappé. J'avais jusqu'ici eût du mal à me faire une idée de son niveau, mais à présent, je le rangeais quelque part au niveau des meilleurs assassins qu'avait comptés mon Clan.
            J'avais intérêt à être très, très prudente avec cette homme. Qu'il me renseigne ne signifiait pas qu'il serait un allié. En outre, je ne connaissais pas encore ses intentions à mon sujet.

            - Heng Wei est certes passé par Inari, mais n'a pas rencontré la Cabale. Les étoiles en ont voulu autrement. Mes espions m'ont rapporté qu'il avait pris le large au bout de deux jours, et se dirigeait vers Grand Line. Tout ceci s'est passé il y a deux ans de cela.

            Deux ans... Heng avait séjourné plus longtemps sur les Blues que je ne le pensais. En revanche, qu'il ait pris la direction de Grand Line directement après son passage sur Inari signifiait qu'il avait bien un objectif en tête. Mon aîné connaissait autant que moi l'existence d'un clan sur Inari, il les avait donc délibérément évité, ou bien ils ne l'intéressaient tout simplement pas.
            Mais qu'est-ce qu'il allait faire sur Grand Line? Cela restait un mystère complet. J'étais un peu déçue de ces maigres informations. Elles ne faisaient que confirmer ce que j'avais imaginé, mais ne me donnaient guère plus d'indications. Je savais seulement que Heng était parti pour Grand Line il y a deux ans. Mais où était-il maintenant restait du mystère...

            - Je sens ta déception,dit Ernesto. Mais ne le sois pas, jeune assassin, car les étoiles t'ont promise à de grandes choses.



            Dernière édition par Xia He Wei le Jeu 26 Avr 2018 - 21:37, édité 1 fois
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            De grandes choses?
            A d'autres, Ernesto. J'aurais voulu que nous soyons seuls afin qu'il puisse exprimer le fond de sa pensée sans s'embarrasser de tout son petit cirque. Mais, à la réflexion, que des membres de la Cabale soient dans la pièce était peut-être un avantage pour moi.
            Je gardais à l'esprit les mots du vieil homme. Certains membres de la Cabale étaient certes corrompus par l'argent, mais une bonne partie suivait sûrement toujours fermement leur dogme. S'il devenait évident que leur Leader ne croyait pas vraiment à leur sacro-sainte Destinée, cela risquait de mettre à mal leurs affaires.
            Mentalement, j'adressais un remerciement à Rodrigo, qui m'avait appris bien plus de choses utiles que je ne le pensais. Surtout que, à présent que je l'avais devant moi, les réelles intentions d'Ernesto me semblaient plus claires. Néanmoins, je décidais de le faire parler pour en être sûre.

            - Ah, vraiment?   Dis-je. Je serais curieuse de savoir ce que vos étoiles ont prévu pour moi.

            - Ne sois pas si douteuse, jeune assassin. Tu as du talent, et je peux voir que tu es la digne représentante de ton défunt Clan. Si ton dessein est de tuer Heng Wei, pourquoi ne pas te joindre à la Cabale? Tu pourrais parfaire ta formation sur Inari, et en ressortirais bien plus forte. Je puis t'enseigner bien des choses, à commencer par la Destinée que te réserve les étoiles.

            Pendant un instant, je restais figée, quelque part entre l'incrédulité et l'envie de rire. Au moins, il dévoilait enfin ses intentions. Me recruter.
            Et à vrai dire, la proposition aurait pu être tentante. J'étais seule, et je n'avais aucun appui depuis la disparition de mon Clan. J'avais une idée assez vague de la puissance de la Cabale, mais de toute évidence, ils possédaient au moins un système d'espionnage décent, et leurs assassins semblaient, pour la plupart, formés correctement.
            Mais leurs pratiques étaient à des kilomètres de celles de mon Clan.

            J'avais été formée de façon manifestement très différente d'eux, et cela se ressentait. J'avais entendu parler des meurtres de la Cabale. Ils étaient brutaux, intéressés et peu discrets.
            Tout le contraire de ce que le clan de Zaun avait toujours promulgué. Je décidais d'opter pour une approche diplomatique à sa proposition.

            - Ce que mon Clan m'a enseigné est bien loin des pratiques de la Cabale. J'agis et pense différemment de vous. Je n'ai pas les mêmes aspirations, les mêmes techniques ni les même priorités.

            Il ouvrit les bras, et afficha ce qui ressemblait à un sourire sur son air confiant.

            - Tout le monde peut apprendre la destiné des étoiles, même les esprits les plus mûrs. Et on voit que tu as été bien formée, tu progresserais vite sur la Voie. Je peux le confirmer en lisant les étoiles si tu en as besoin.

            Progresser? Pour ce qui s'agissait de l'assassinat, je risquais plutôt de régresser, vu les pratiques de la Cabale. Je n'étais peut-être pas au niveau d'Ernesto pour ce qui était de la force physique ou des techniques de combat, mais pour réaliser un assassinat dans les règles de l'art, j'étais intimement persuadée d'être celle qui devrait servir de professeur aux assassins de la Cabale plutôt que l'inverse.
            Je jaugeais rapidement les autre assassins présents dans la pièce. L'un d'entre eux m'observait avec un air étrange et peu discret, reluquant avec insistant ma peau  et mes tatouages. Zéi cracha subitement dans sa direction, et il détourna le regard.
            Voyant que je tardais à répondre, en face de moi le chef de la Cabale poursuivit sa litanie.

            - Ce n'est pas donné à tout le monde de rejoindre la Cabale, jeune étrangère. Et je consentirais à te dévoiler nos techniques les plus secrètes, si tu étais prête à te soumettre entièrement au Clan.

            Je n'étais pas prête à consentir au même sacrifice. Le Dark Blood, par exemple, était l'un des secrets les mieux gardés de mon clan, et j'entendais qu'il le reste. En outre, je commençais à douter de leurs soi-disant techniques. Ernesto était fort, c'était évident. Mais à moins qu'il n'ait délibérément posté des apprentis dans la pièce, ces suiveurs répondaient difficilement aux critères pour être appelés des assassins.
            Non, décidément, la Cabale n'avait rien de plus à m'offrir.
            S'il en était ainsi, j'avais tout intérêt à présenter mes cartes de suite et à mettre les voiles au plus vite. Je savais que la situation était loin d'être à mon avantage. Ernesto avait peut-être cru pouvoir me manipuler ou me recruter, mais j'ignorais ce qu'il avait en tête en cas de refus.
            Je n'allais pas tarder à le découvrir.

            - La proposition est certes tentante, mais je crains de devoir refuser, dis-je avec toute la diplomatie possible. Je vais continuer mon chemin seule.

            Il fronça les sourcils, et décroisa les bras.
            Instinctivement, je glissais discrètement mes mains à hauteur des gaines à mes cuisses, où reposaient mes jiu jie bian, prêts à servir.

            - J'ai du mal à comprendre tes motivations, jeune assassin. Tu pourrais avoir un appui, de nouvelles armes et progresser en rejoignant la Cabale. La Destinée ne t'intéresse donc pas? Tu pourrais passer à côté de...

            - Je ne crois pas en votre Destinée, le coupais-je, agacée par ses faux-semblants et son ton qui ne trompaient personne. Je ne crois pas en votre Destinée, ni à la lecture des astres. Les assassins de Zaun ne suivent que la voie du Silence, s'il faut lui donner un nom, et c'est elle seule que je continuerais à suivre.

            Son agacement parut enfin au grand jour, mais, en public, il sembla tenter de se contenir. Il se leva, couteau en main, et les autres assassins l'observèrent, prêts à faire de même.
            Ernesto devait donc bien surveiller ces propos face au Clan, comme je le pensais. Il était puissant, mais il tenait à son statut, et ne pouvait probablement se permettre une mutinerie.
            Il fallait que je joue là-dessus.


            - Puisque vos astres ont décidé que je devais rester en vie, dis-je en reprenant ces mots exacts, je compte bien poursuivre mon chemin et tuer mon frère comme je l'avais prévu. Votre aide est appréciée mais je vais devoir la refuser. Je ne remplis manifestement pas les critères pour rejoindre la Cabale.

            - Et si Heng Wei tu tue? N'auras-tu point de regrets? Je peux lire dans les étoi...

            - Je tuerais Heng. Peux importe ce que cela me coûtera. Et, une dernière chose.

            Je m'approchais d'Astral, consciente qu'autour de moi, tous les autres assassins étaient prêts à bondir. Je me penchais pour murmurer à son oreille, de façon à ce que lui seul m'entende.

            - Tuer n'est pas assassiner. Si vous voulez faire un guide convaincant pour la Cabale, ne laissez pas des boucheries de mercenaire derrière vous.

            Un sourire carnassier se dessina sur son visage, et il me lança un regard énigmatique.
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