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L'annexion de Hat Island


Il y a ce silence, d'abord. Cet étrange instant où l'entièreté de Bull Town, de l'extrême nord de sa principale, unique et seule avenue jusqu'à l'ultime sud de celle-ci , est saisie d'une stupeur quasiment absurde. C'est l'heure du zénith, ce moment où la ville est habituellement paralysée par un mutisme paresseux et par une chaleur trop intense. Seulement, là où soupires, ronflements et silences fatigués régnaient, c'est désormais l'attente, le souffle que l'on retient et l'amer goût de piquant que l'on a sur la langue lorsque l'on charge une arme qui dominent les rues vides de la capitale. Un vent sec s'engouffre dans l'avenue, comme pour vérifier qu'elle est bien vide. Les bâtisses et les ruelles, elles, en contrepartie, sont bien pleines et vivantes. Ils attendent, les hommes qui la peuplent, la ceinture resserrée, la salopette remontée. Étrangement, ils ne savent que très mal ce pourquoi ils sont si bien préparés, si scrupuleusement armés. Peut-être parce qu'on vient leur retirer une part de leur liberté. Peut-être aussi parce qu'on vient leur imposer une nouvelle vie. Ils savent que celui qui vient est ce grand homme, avec son chapeau et l'ombre triste mais immobile sur son visage de cire. Ils savent qu'il est de retour parce qu'ils ne l'ont pas abattu quelques jours plus tôt, que le Maire est en colère, là dans sa taverne, tout près, et qu'il anticipe le pire.

Bull Town retient son souffle, alors qu'à ses portes, là dans le désert qui se frappe à ce spasme de civilisation, approchent les ennemis sous l'égide d'un classique symphonique.  




Ses bottes frottent le sol, Edwin, alors que devant lui s'étend la ville de laquelle il s'est échappé voilà de cela pratiquement une semaine. D'une main, il vérifie que son six-coups est bien chargé, puis il ajuste son chapeau pour se couvrir un peu mieux du soleil. À sa gauche s'arrêtent Brixius, puis MacNessca, tandis que Valérien et Nnara sont à sa droite. Derrière eux, ils sont plus de soixante Drognars, leur chef en ayant appelé plus en vue du combat, armés de lances, de frondes, de casse-têtes et d'arcs. Plus qu'une centaine de mètres et ils fonceront tête baissée dans ce qui s'annoncera probablement comme un fabuleux guet-apens monté par Gabril et ses Pistoleros. Entre eux et Bull Town, le désert et cette immortelle boule d'herbes séchées roulant au gré du vent. Entre eux et le succès, une armée de paysans frustrés et quelques uns des plus redoutés criminels de North Blue. Hm.

S'il ne sait pas précisément où se trouve Gabril, ni où se trouve Roc Martin, le plus puissant des Pistoleros, Edwin se doute bien que se débarrasser de la tête risque de mettre en déroute le reste de la population de Bull Town. Et une fois que cela sera fait, les renforts de la Marine pourront accoster à Bull Town et enfin annexer l'île. La voilà, la victoire du jour, pour Morneplume. Ça et l'agréable silence de Brixius durant l'entièreté de leur trajet, si ce n'était que pour quelques murmures et vociférations silencieuses.

C'est maintenant que vous pourrez enfin vous avérer utile, Brixius. Nous foncerons dans la ville, l'objectif principal est de trouver Gabril, mais aussi de capturer ses Pistoleros.

La bataille sera rude, mais la Justice est de notre côté.

Et le jeu en vaut la chandelle.

Messieurs, madame, Baron, chargez !
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Cet arôme de sueur, de convictions acérées, cette tension furieuse et vicieuse qui noue fermement les boyaux des guerriers les plus coriaces... Ah, Balty ! Une bataille qui s'annonce revigorante ! Je me sens cinquante ans de moins !

Prends bien garde à tes arrières, primate, un poignard se perd bien aisément dans la zizanie d'une bataille rangée !
N'y pensez même pas, Baron.


La fièvre enragée importée par cette bataille brûle en toi tout ce qui restait de bon sens émietté, pour que tu t'amuses à révéler ainsi tes intentions au premier intéressé ? Tsssk !
Oups ! Cette balle a failli te raser de fort près ! Fais attention où tu marches, Balty, tu n'es pas là à une simple fanfare menée par une soldatesque dépenaillé ! Mais à un feu roulant, une avalanche infernale, une introduction fort propre pour l'hymne à la barbarie ! C'est la GUERRE, Balty, ou plutôt, une guerrette mignonne qui se pare des atours des grandes joutes rangées de notre temps. Les sauvages vêtus comme des danseuses, face aux bouseux balourds comme s'ils avaient chacun bu une bassine de rhum avant le combat -ce qui ne doit guère être loin de la réalité-.

Et tout ce brave petit peuple armé de PISTOLETS. Pourtant, ils se rentrent dans le lard en une mêlée fulminante sous un orage de cris de guerre effarants. Cherchez l'erreur !

Les flammes de l'androïde blagueur te lèchent un moment les cuisses, jusqu'à ce que tu te décides, une seconde trop tard, de t'écarter de sa furie embrasée.

Le chasseur rôti doit savoir charrier sans son char.
JE T'AJOUTE A MA LISTE, BOUFFON DE FER !
Téléchargement de [killGrabill.exe] en cours. Veuillez vous écarter. Poil au nez.


Il continue ses grillades sous les fusillades désespérées d'ivrognes hébétés, te laissant -pathétiquement bien sûr- sur le côté, à chasser le globe de fumée qui s'échappe de ton pantalon cuit. Une balle. Puis encore une autre. Te sifflent des menaces aux oreilles. BALTY ! REMUE-TOI ! TE RENDS-TU COMPTE DES OCCASIONS QUE TU MANQUES A RESTER PLANTER LA COMME UNE JEUNE POUSSE EN PLEIN SOLEIL ? La bataille rangée mute en un chaos indécodable. Toi au milieu, tes coutelas bien en main. Les frustrations des dernières semaines s'installant tranquillement au commande de ta hargne.

Regarde-le, lui, le fusil bien amarré sur l'épaule, il aligne ton escorte barbare. Ta lame cadette part lui ouvrir la colonne vertébrale, tandis que l'aînée contourne le torse pour lui pénétrer le bras avec ardeur. Il saigne et geint, se dégonfle comme un ballon de baudruche.
L'un de ses comparses derrière toi, un barbu, crosse en évidence, veut te rendre la politesse que tu as infligé à son ami ! On dirait qu'il pleure, le malheureux ! Vite ! Guéris-le de sa tristesse. Ton crâne prend l'initiative, et avant qu'il ne puisse abattre sur toi son deuil, tu lui assènes un fougueux "coup de boule" -en voici un argot roturier que je ne suis pas prêt de recycler de nouveau !-. Tandis que tes lames s'arrachent de ta première victime, en rapportant quelques poudres d'ossement et de viande encore chaude au passage.

Tu lui creuses UN DEUXIEME NOMBRIL ! PUIS UN TROISIEME !

UN DERNIER POUR QUE MONSIEUR SE SOUVIENNE BIEN DU CORDON OMBILICAL QUI LE RELIAIT A SA VIEILLE CATIN DE MATRONE !
aaarrrggl...


Le barbu décline et bulle, assaisonné dans sa sauce tomate.

LEURS ÂMES SE DÉCOLLENT A LEURS CARCASSES ÉPLUCHÉES ! JE LES VOIS, MAMAN !

Qui m'a fait ça ?
Il était si près...
La ch'tiote allait naître...


Et je les entends. LEUR DOULEUR S'INVITE EN MES ESGOURDES RIEUSES ! JE BOIS VOS ESPRITS, C'EST CELA, MANANTS ! Ma vengeance sur la fatuité de ces touffes de fumiers enrobées de viande ! JE ME REPAIS DE LEUR AGONIE !

Du beau monde pour l'outremonde. Continue à moissonner, Balty ! Regarde-le, lui, il n'a pas dix-sept ans ! Les fruits peu mûrs sont pourtant fort appétissants ! Oh ! L'as-tu capté, cette espérance vaine dans son regard, juste avant que ton poignard ne lui happe la carotide ? Un délice. Un festin de bon goût. Tes paluches sont gluantes et écarlates. Ton rire gras et tonnant comme un cor de chasse.

C'était mon anniversaire, papa m'avait promis un canasson...

Mais que serait un buffet de carne sans GLOUTONNERIE, DITES-MOI ?!

J'en appelle au VICE QUI TRANSFORME VOS VENTRES EN INFINIS PUITS PUTRIDES !
GULA !



... la gourmandise ? En plein combat ? Qu'espères-tu ? Qu'ils s'initient au cannibalisme ? Tes vipères lumineuses sautillent à travers la plaine, se harnachant ça et là à quelques coeurs aussi bien alliés que rivaux. La gourmandise, sérieusement ? Es-tu si débordant d'assurance pour te permettre de gaspiller la noble sournoiserie de ton pouvoir en frivolités ?

Ta gourmandise... se manifeste en une galvanisation de ses victimes. Chez ceux mordus par tes rayons, la violence grimpe d'un échelon, leurs faciès rougit et enfle, leurs gestes deviennent saccadés et implacables. Tu vois ? Même le démon qui t'héberge semble s'être douté qu'ici le péché de colère pimenterait la fête comme une épice corsée !


MOISSON ! MOISSON ! PLUS DE SPECTRES ! PLUS ! UNE RONDE D'ÂMES PERDUES !

Un possédé en pleine transe. Tu ne remarques même plus ces balles que tu aimantes, l'une d'elle vient de te pénétrer la surface du pied et c'est à peine si tu as grimacé ! C'est en ce domaine que tu es doué, Balty. L'Art de la Mort. Rendre l'horreur magnifique, poser un compliment sur l'INNOMMABLE !

Tu as vu Coyote Fou ? Je crois qu'il est possédé par le Grand Taureau Cracheur de Glaires. J'ai un remède pour ça...
Laissez-le.
Lâ... Lâche moi, sal*HIC !*pard, que j'me boive une dernière gorgée...
Il attire l'attention. Nous pourrons bientôt tenter une percée.

*CRIC*

Notre lieutenant importateur de civilisation n'a, à mon grand enthousiasme, pas oublié l'aveugle vindicte du gouvernement mondial dans ses bagages ! Lui aussi fauche de ses phalanges de nombreuses vies à chaque seconde que le Bon Dieu fait, hinhinhin.

UN CONCERT ORCHESTRÉ DEPUIS EN-BAS PAR UN DIABLE HILARE ! LA SYMPHONIE DU CHAOS AUQUEL CHAQUE ÂME DAMNÉE APPORTE SA NOTE PERSONNELLE ! Cette VIOLENCE, Balty, cristallise des millions d'années d'évolution pour en arriver à cet humain toujours aussi prompt à négocier par le sang ! Des crânes qui explosent comme des oeufs pourris emplis de chair sordide ! Le ciel pétillant obscurcit par des trombes de fumées incandescentes ! Des hurlements stridents résonnant en appels à tous les vautours de l'île pour venir se mettre à table ! Ce sont les idéaux qui s'ENTRECHOQUENT COMME DEUX GLAIVES AUX BUTS UNIQUES MAIS BRANDIS PAR DE MULTIPLES MAINS !

Ils sont des animaux. ABATS-LES COMME TELS !


Et ainsi démarra la journée la plus sanglante que n'a jamais connu ce patelin d'écervelés léthargiques. Puisse-t-il ce soir rester au moins quelques survivants en état de trinquer à la gloire des morts !
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Il avance dans la mêlée avec une aisance silencieuse, Morneplume, fauchant chaque ennemi sans un mot, écrasant ses paumes vengeresses sur les visages si friables de ses adversaires. Ces pauvres bougres s'interposent malgré tout, leurs esprits englués par la Rage caressant l'idée pourtant vaine de peut-être arracher l'âme de Morneplume au monolithe incassable qui lui sert d'enveloppe. Ses yeux vides et froids les ignorent, ces paysans et ces alcooliques coléreux, ses poignes les fracassent et les saccagent alors qu'il se creuse un chemin en compagnie de MacNessca dans la horde de cowboys.

Ses poings de fer massacrent les crânes, ceux de Morneplume aussi. Les robotiques et brillantes pupilles du chef des Drognars cherchent dans la foule de quoi sustenter une soif irrépressible de violence, loin d'être assouvie par cette chair à canon trop aisément vaincue. Par instant, il tente même un coup vers Morneplume, testant les défenses de son égal qui, par chance ou justesse, chaque fois esquive ou pare l'attaque.

Il ne sait pas trop sur quel chemin la Justice le guide, Morneplume, mais il avance, inlassablement, terminant sa violente moisson dans une ruelle, laissant derrière lui la mêlée et MacNessca. Pourquoi cette ruelle en particulier ? Pourquoi cet interstice spécialement, entre deux bâtiments bordant l'éternelle rue principale de Bull Town ? Le flaire de traqueur d'Edwin ne lui ment jamais, et cette impression que le Mal y rôde le met en alerte. Il y a cette piquante impression d'incorrect, qui fait frémir son cuir chevelu, cette ombre qui plane sur sa vie qui lui laisse un désagréable froid dans le dos, et il y a cette silhouette, qui vient d'en haut et dont l'ombre se découpe parfaitement sur le sol de la ruelle.

Lorsqu'Edwin se décalle, se sont quatre écharpes vengeresses qui tentent de le saisir en vain. Deckard White atterrit dans la ruelle, ses écharpes ondulant comme tant de reptiles agglomérés autour de lui. Hm. Très calme, Edwin tire de son veston une cigarette qu'il allume d'une allumette.

Vous avez fait bonne route, j'espère, White.
Le Boss était pas très content de savoir que j'vous avais laissé en vie, mais c'pas bien grave, cette fois j'vais vous tuer pour de bon. maugrée-t-il alors que ses écharpes sifflent en se ramassant sur elles-mêmes.
Oh, mais je ne serai certainement pas votre adversaire, White.
C'est deux patates qui traversent la rue, l'une se fait écraser, et l'autre dit "Oh ! Purée !"

Les jointures d'acier de MacNessca s'impriment contre l'occiput de Deckard White qui s'écrase la tête en plein dans le sable de la ruelle.

Edwin, satisfait, passe à côté de l'homme en jetant un regard entendu vers l'automate. Sans un mot, il poursuit sa route sur l'avenue principale de Bull Town.

Loin devant lui, il y a la taverne d'Hector Gabril.
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Des voiles de sang s'abattent sur ton visage, tes lames naturellement mordent les artères les plus pistonnées de leurs victimes pour en extraire le jus avec une insatiable soif de mort. Ils sont des distributeurs de sauce humains que tu vides sur un cornet de frites carnivores. Dès lors que tu as pénétré la cité, ce dépotoir empli de ces ordures qui ont profondément pollué ton égo dès ton arrivée dans leur giron, ta hargne a comme décuplée, emportée dans les cieux par une volée de vengeance. Tu t'appliques à poser un souvenir sur chaque caboche que tu arraches à son corps réduits à l'état de fontaine d'hémoglobine.

GHINHINHIN ! C'était l'un des CHIENS GALEUX qui m'ont accueilli ici le revolver entre les griffes et un AFFREUX rictus AU MUSEAU, celui-ci, maman ! MAIS IL NE TROUVERA PLUS LE SOUFFLE POUR RIRE DÉSORMAIS, SANS SA FILANDREUSE TRACHÉE COLPORTEUSE DE VENIN, GHINHINHINHINHIN !

Tu te sers de chacun des drognars comme de boucliers de viande, qui t'offrent couverts et diversions pour te faufiler jusqu'aux boyaux entrouverts des bouseux que tu prends en grippe. Tu es l'ombre de la peste sur ce champ de bataille : vicieux, puant, ricanant, tu surgis lorsque les gardes se baissent, tandis que ces manants savourent des instants si brefs de victoires, ils se retrouvent criblés au fer, transformés en appétissants gruyères de chair coulants, et l'image macabre qui se gravent en leurs pupilles vacillantes est ton odieux faciès leur exposant des chicots hilares et tes propres globuleux injectés d'un sang bleu pourri jusqu'aux globules ! Ta folie inspire la terreur, Balty ! Et ton honneur le dédain... Tu es le TYRAN de cette bataille sans nulle autre âme qu'un avide désir de conquête impérieuse !

Tu sèmes la mort, derrière toi ne pousseront plus que les arbres macabres du regrets des défunts ! Si seulement ces loutres à vin ont l'immense privilège de disposer d'une famille sincèrement aimante qui ne se fait pas bourrer le mou par d'autres animaux lorsqu'ils ont le dos tourné !

... mais ton but diffère fortement de celui du golem galonné.


Je l'écraserai avec la même aisance que je ne piétine cette horde de cafards rampants à mes semelles !

Valérien. Il s'engouffre, à ta façon, dans les couloirs tapissés de cadavres creusés par Morneplomb. Profitant de sa fougue comme d'une aspiration venteuse pour prendre de la vitesse. Voir Grabill tomber t'indiffère autant que les destins de porcins dans un abattoir !

Tes mirettes flamboyantes sont braquées comme deux lasers sur son dos, si vaste et vulnérable, il semble n'être qu'un cerf fier mais imprudent sur la trajectoire d'un lion affamé ! Et soudain, tandis que devant toi le combat se densifie, que les ennemis se répandent en ton proche horizon comme une nuée de moustiques furieux, il freine ; et répand une approximative trombe de plomb -sa vision embuée par l'alcool doit lui barrer l'accès aux arcanes de la troisième dimension pour qu'il puisse viser aussi mal !- tout en déployant les échos gargouillants de la caverne fétide qui lui sert de gorge.


J'M'EN IRAI RÉTABLI-HIR L'HONNEUR DE C'FOUTU PATELIN MOI ! HIPS ! Mangez mon plomb, bande de cons !

Il grommelle si fort qu'il en censure une partie du bruyant orage que soulève la bataille ! Va donc, mon ardente petit couleuvre ! Va donc te glisser sous ses jambes en un sifflement langoureux, lui tailler ses testicules en cubes saignants ! Le CHAOS, la SURPRISE, LE CHAHUT ! TOUT est de ton côté pour hisser l'encéphale de ce putride boucanier sur une pique, et t'abreuver de son sang doré ! Tu galopes, et...

VALÉÉÉÉÉRIEEEEEEEN !

...

TA TÊTE DANS MON SAAAAC ET TON SOUVENIR DANS L'OUBLIII !

...

Déplorable prestation. Ridicule ego qui boursoufle au point de te faire enfler la langue.
Or donc tu jettes l'effet de surprise à la benne ; et tu prends bien soin d'y ajouter tes défécations. Valérien se retourne, après avoir pris le temps de faire vomir à son pistolet la totalité de son chargeur sur un sbire de Grabill, malchanceuse éponge à rage !


J-J't'ATTENDS, TEACH ! T'CROIS QUE J'TE T'NAIS PAS A L'OEIIIL... HIPS !?
VIENS LA QUE J'TE MONTRE LA DIFFÉRENCE ENTRE UN HOMME ET UN PUTAIN D'CHIEN CASTRÉ !


Tes deux dagues virevoltent fougueusement autour de leurs doigts mais ce sont deux rayons simultanés qui te sortent des paluches tandis que tes poumons turbinent pour maintenir la cadence infernale que tu leur imposes. La rancune et l'appât du gain sont du petit bois qui alimentent ta machinerie intérieur, une vraie fournaise !

J'ARRACHE TES DERNIERS ESPOIRS A LA TENAILLE ! L'ENVIE ET LA PARESSE POUR TE CONFRONTER A LA MISERE DE TA CONDITION !
INVIDIA !
ACEDIA !
GHINHINHI-euh


Oui, euh, comme tu dis. Les deux serpents idiots l'ont rasé de près sans le palper, faute aux gestes saccadés et erratiques propres à toute créature au sang fortement enrichi à l'éthanol...

TON SANG BOUEUX S'RA DU PLUS BEL EFFET ÉTALÉ SUR L'SABLE CHAUD, CHACAL !
BANG ! BANG ! BANG !


... ces mêmes créatures qui devraient éviter de tenir une arme à feu alors que leur visée devient égale à leur sens de l'équilibre ; précaire et dangereuse ! Deux de ses tirs ont fusé fort loin de ta carcasse crevée animée par la noire magie de la haine, et le dernier est parti fissurer la tempe de l'un des sauvages anonymes à la charge derrière toi. Un délicieux hasard qui ne fait pas rire que moi, dirait-on.

Hohohoho ! Comme une pastèque trop mûre, sa tête, sploutch ! Dommage, hohohoho !
... T-TOI ? TU T'ES REMIS DE TON PASSAGE SOUS CES BROYEURS BOVINS ?


Tu pilles pour t'immobiliser une dizaine de mètres devant un Valérien hébété. Le Docteur Crasse, il est là, de retour. Mais je crains que, non, il ne soit pas en vie. Il est plat comme une feuille de papier, et ses os défoncés par des centaines de kilos de bétail sont visibles en plusieurs articulations, de drôles de sucres cassés sous des tartines de confiture de framboise...

Vous détenez là une jolie prose, mamzelle !
Mais comment tiens-tu encore debout... tordu... difforme... ravagé... de la sorte ? Tu es plus livide qu'un squelette !
Précisément parce que vous m'avez fait tuer, monsieur. Je tenais à vous exprimer mon mécontentement à ce sujet.
Un AUTRE REVENANT ?
Vous ne pensiez tout de même pas que votre mère fut la seule à pouvoir profiter des spectacles du monde des vivants, si ?

Oh ! Je ne serais plus la seule "privilégiée" à bénéficier de ton attention désormais, Balty ? Paradoxaux rouages que ceux de l'outremonde !

J-Je... Gueuh...

Quoi donc ? Quelle est cette affreuse bouille choquée que tu m'affiches, Balty ? La hantise fait partie de toi, tu es maudit ! Devrais-je te le marteler encore des milliers de fois avant de parvenir à te l'enfoncer suffisamment profondément dans le crâne sans qu'il ne ressorte dans la minute ? Tsssk ! Probablement que ton lien avec l'outremonde se peaufine avec l'âge, hinhin, tandis que tu approches de la funeste et tant attendue date où tu rejoindras tes très nombreuses victimes en ce canulant purgatoire !

Outremonde... Malédiction... Secrétaire de la faucheuse...

N'en fais pas trop.

J'espère effectivement que vous nous rejoindrez vite. Nous avons des comptes à régler !
Hors d'ICI ! SORS DE MON ESPRIT ! SORS DE MES YEUX !

Mais, mon pauvre Balty... Tu le sais bien. Coller tes mains devant tes paupières n'interrompt pas ton contact avec les trames secrètes de la réalité. Au contraire, en te privant d'un sens, tu en accables d'autant plus les autres. Tes coutelas s'enfoncent dans la poussière, tu tombes à genoux en pleine bataille. Valérien sidéré contemple l'étiquette de sa vinasse vérifier qu'elle ne serait pas périmée et ne lui donnerait pas d'étranges hallucinations : quand il se sera rendu compte que tu t'effondres sur toi-même comme une étoile vacillante en fin de vie,

il te bondira dessus.

Ton heure n'est pas venue, Balty. Je t'interdis de décéder tout de suite alors qu'il te reste une si intéressante vendetta à mener contre un univers... de plus en plus généreux envers toi !
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Le sable et la caillasse crissent sous ses bottes. La poussière couvre son habit sombre d'une couche opaque, salie. Les cendres nauséabondes de sa cigarette embaument l'air épicé de la rue principale. Il est seul, silhouette unique sur ce tronçon désert de Bull Town. Entre les rides creuses de son visage perlent des agglomérats de sueur, sous son veston c'est sa chemise moite qui lui colle au corps. S'il y a bien une légère brise qui emporte les sillons brumeux que trace la fumée de cigarette, elle ne rafraîchit en rien l'air cuisant du centre-ville. Car c'est bien au centre-ville que se trouve la taverne d'Hector Gabril. Honorable saloon à deux étages, avec les typiques portes battantes et cette odeur crade et sale, les colonnes de bois et les fenêtres poussiéreuses.

Il se tient là, Morneplume, face à cet ultime temple du crime et de la corruption. L'antre du parrain de cette île est désolée, accablée d'un silence craintif à l'égard de ce profanateur qui s'avance sur le parvis de ce mausolée de l'alcool et du banditisme. Ses bottes claquent contre le bois sec. Sa cigarette crache une pluie d'étincelle lorsqu'elle heurte le sol. Son regard glacial se durcit en toisant l'obscurité nuageuse du saloon. Là, au fond de la taverne, il peut encore et toujours apercevoir les braises rougeoyantes du cigare de Gabril. Une bouffée épaisse et rance surgit d'une bouche au rictus satisfait. Deux yeux pétillants brillent dans la pénombre. Hector Gabril ricane.

Méhohohoho ! J'crois bien que j'vais devoir faire l'boulot tout seul puisqu'aucun d'mes gamins arrive à t'tuer, Morneplume..!
Hm.

Les portent battantes grincent. Un colt apparaît entre les mains de Morneplume.

Hector Gabril, vous êtes en état d'arrestation pour meurtre d'envoyés du Gouvernement Mondial, refus de coopérer avec le très conciliant et Juste Gouvernement Mondial, multiples tentatives de meurtre envers un Officier de la Marine d'Élite, coercition envers la diplomatie du Gouvernement Mondial et hébergement de nombreux criminels recherchés et primés par le Gouvernement Mondial. Je n'accepterai aucune parole de votre part, et suis désormais en droit de disposer de votre vie à tout moment aux vues des trop nombreux délits que vous avez perpétrés à l'égard de l'instance suprême qu'est le Gouvernement Mondial.
Et tu pourrais dire "Gouvernement Mondial" une fois d'plus 's'pèce de robot ? J'crois qu'j'ai mal compris.

Un colt se lève dans la pénombre, un cigare est lancé à pleine vitesse à travers les ténèbres. Tel un éclair, le rouleau embrasé file en rougeoyant et explose entre les mains de Morneplume. De sa poigne refermée avec cruauté se déverse des rivières d'étincelles. La gueule de son six-coups, elle, se déverse d'un premier plomb dans un tonnerre retentissant.

Aaargh ! Enculé ! Pisse-froid ! Ma jambe ! hurle le maire de Bull Town en s'agrippant éperdument à son genou.

Gabril tombe de sa chaise, les larmes aux yeux, maugréant et gémissant à la fois. Une main brûlée par le cigare de son ennemi, le colt toujours fixement braqué vers lui, Edwin s'avance calmement. Ses pas sont ceux d'un fauve qui marche avec complaisance vers une cible déjà morte.

Visiblement, Gabril, vous avez décidé de ne pas vous montrer coopératif à l'égard de la Justice. Vous en paierez le prix fort.

Le maire relève un regard larmoyant, son visage couvert de sueur exprimant désolation et panique.

Mais c'est quoi vot' problème à la Marine putain ?! Vous voyez pas qu'on est bien sans vous ici merde ? Vous comprenez pas qu'on s'en fout de votre Gouvernement de merde et de vos assemblées des nations et d'tous ces trucs de rois et de reines pourris !? On est des hommes libres foutrecorne ! On veut continuer d'faire les cons sur le seul coin d'terre qu'on nous a laissé sur c'foutu océan !

Edwin garde le silence. Un instant, juste un, afin d'assimiler cette information qui ne fait que s'écorcher contre la barrière de son esprit coulé dans la conviction la plus solide. Encore une fois, cet homme tente de se soustraire à la Justice du Gouvernement Mondial. Encore une fois, il ose croire qu'il peut faire exception à l'universalité du Bien ? S'il ne peut se conformer, alors il mourra.

Sachez, Gabril, que je vous aurei laissé une chance de survivre. Vous me paraissez néanmoins bien trop borné pour vous laisser guider par la Justice. Je préfère vous voir mort pour le Bien Commun.

Le chien du fusil se relève dans un cliquetis sonore. Le regard de Gabril se décompose, alors qu'il murmure plusieurs "non" indistincts et paniqués. Ses lèvres tremblent et ses yeux déversent des rivières de larmes. Hector Gabril va mourir.

CRRRAAAACC !

À moins que le plafond ne s'effondre directement sur Edwin, sous le poids d'un énorme saurien bipède vêtu dans les accoutrements typiques des cowboys. Sans un mot, Edwin s'écrase au sol sous une pile de gravas… et sous les griffes acérées de Roc Martin sous la forme hybride de son fruit du démon.

Hm.



Dernière édition par Edwin Morneplume le Mer 26 Aoû 2015 - 23:25, édité 2 fois
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Encore et encore, toujours plus de spectres. Comment différencier les vivants des morts désormais ? On dirait une soirée déguisée dans laquelle l'Enfer se serait infiltré ! Valérien te braque, les yeux plus hagards que ceux des défunts qui se tiennent à tes côtés, ricanant de ta démence, ricanant de ton mouron, ricanant bref de tout ce qui fait le ciment de ton existence bancale : un passé qui a dégénéré en folie, une folie qui a elle-même dégénérée en haine !

Eh ! R'lève toi, au moins, moi j'aime pas tirer sur un homme à terre, pas comme les bâtards galeux d'Teach, hips ! T'as enfin pané -hips !- que la dignité d'l'empereur Torch... Torhves... Trovesky perdurerait j'squ'à la nuit des temps ?! Pour ça qu'tu capitules ?
Eh oh ?


Accablé par des séries de flashs lumineux, un peu comme si tu entrouverais la grande porte du Paradis -ne t'en fais pas, le Paradis n'existe pas, nous sommes tous fruits du néant !- pour y jeter un oeil curieux. Pourtant, les revenants qui déambulent sous tes mirettes mortifiées ne sont guère des anges ! Tous éviscérateurs professionnels, paquets de vices surexcités, roturiers qui ont sombré dans le crime par faiblesse, et autres femelles de joies, tu constates rapidement, et moi de même, que ces mirages d'éther qui peuplent ton champ de vision sont en grande partie d'anciennes victimes revenues prendre de tes nouvelles !

Que d'invités sur ce champ de bataille désuet ! Tu en oublies complètement que des orages de poudre tonnent autour de toi, et tu restes planté là sous cette averse de sang, à contempler langoureusement les estropiés, les mutilés, les éventrés, les décapités, les morcelés, ceux que tu as tant malmené qu'ils en ont largué toute forme humanoïde, tous te fixent, certains droit devant toi, certains aux côtés de Valérien, d'autres depuis les fenêtres des baraques incendiées, depuis leurs toits, ou derrière toi.

Tous te fixent d'un seul regard ! Une intense rancune dénuée d'âme, des yeux si pâles aux contours saignants, si profondément blancs qu'on les confondraient avec la structure de l'outremonde elle-même !

S'il le faut... S-Si je le dois... Je vous retuerai, tous ! ME CROYEZ VOUS SI FRIABLE POUR ME LAISSER ENSORCELER PAR DE SI FAIBLES REGARDS ? J'AI ÉTÉ VOTRE JUGE ET VOTRE BOURREAU ! Je vous ai arraché à vos INSIPIDES RÊVES DE PUISSANCE pour vous raccompagner PAR LE FER dans votre misérable condition DE PÉONS MORTELS ! ACCEPTEZ VOTRE SACRIFICE ET LAISSEZ MA MÉMOIRE SE GORGER DE VOTRE SANG !
Euh, c'plus à moi qu'tu parles, là, nan ? Hips !
OYEZ, OYEZ, MINABLES ! J'ABREUVERAI, SOUS VOS PUPILLES ÉVIDÉES, CET AVIDE DÉSERT DE LA PURULENTE CARNE DE VALÉRIEN ICI PRÉSENT !
J'VOUS ATTENDS, CORNIAUD, HIC ! TOI ET TES POTES INVISIBLES !

Bien sûr, Valérien, ce sac à vin, s'embourbe rapidement dans ton jeu. Ou plutôt qu'un jeu, ne serait-ce guère plutôt un labyrinthique drame dans lequel vous vous perdez tous les deux ? Peu m'importe. Depuis l'outremonde, tout se révêt de la délicate saveur de l'absurdité ! Va, Balty ! Va ! Écorche Valérien, tanne sa peau et vends donc le manteau à la marine ! Offre nous, à moi et à cette inopinée assistance, un spectacle dégoûtant à faire frémir les enfers !

Ton poignard part avant tout se repaître d'un hors d'oeuvre. L'un des sauvages qui a compris, comme tous ses confrères probablement, que tu étais aussi fidèle à sa cause qu'un bouledogue enragé n'est le bienvenue dans un chenil. Tentant de t'attaquer sur ton flanc, ton fantaisiste coutelas trouva de bon ton de l'accueillir avec un profond baiser dans sa joue. Sa mâchoire ressemble désormais à une grille de ventilation gargouillante !

Puis il chute dans le sable chaud, jeté négligemment tel un sous-vêtement usagé.


VOUS APPROCHEZ PAS D'LUI, VOUZAUTRES ! J'FAIS MON AFFAIRE DE C'GROS COYOTE FOU !
GHINHINHIN ! Je lis en TOI, impudent bric ! JE PALPE CET AMOUR QUE TU PORTES A TES BOUTEILLES ! CETTE FIERTÉ QUI GEINT COMME UN ANIMAL BLESSÉ ! ET PAR-DESSUS TOUT, CETTE PARESSE DE REPRENDRE TON INSIGNIFIANTE EXISTENCE EN MAIN !
TU DEVIENDRAS MON SERF, VALÉRIEN ! MON INNOCENT LAQUAIS DE L'OUTREMONDE, COMME EUX TOUS !


Hinhin. Soit sa répartie est usée, soit il s'est rendu compte que dialoguer avec toi n'était guère bon pour la santé mentale. Quoiqu'il en soit, il passe à l'acte, dégaine à une vitesse défiant la vision humaine, et mitraille en ta direction. La précision anarchique amenée par son ivresse sera vite compensée par le nombre de cartouche tirée. Bouge. BOUGE ! PLUS VITE !

Bon. Ce pruneau-ci n'est pas passé loin. Il est venu tracer sur ton avant-bras une menaçante ligne de sang, avant de ricocher sur ta dague, décollant vers d'autres aventures à base d'hémoglobines. Un autre projectile plonge dans le sable juste sous tes bottines, soulevant un voile brun enveloppant tes sens confus. Et alors que tu perçois, au milieu des fracas, des cris, des explosions du champ de bataille, le cliquetis caractéristique d'un revolver que l'on recharge, tu tentes comme tu peux ta chance et grimpe en marche dans le furieux wagon de l'ultraviolence !

Un rictus, tes chicots cariés exposés comme un drapeau noir, ton index pointé sur le vieux bouc ivrogne semé par sa propre vie, ton index inquisiteur, ton index tremblant de rage, ton index fou, ton index duquel part un nouveau serpent imbibé de la caractéristique lumière du Mal : mais d'une intensité maintenant jamais vue. Un arc-en-ciel maudit !


J'EN APPELLE A TOUS LES MALHEURS DU MONDE, DE L'OUTREMONDE, DE L'AU-DELA ET DU VALHALLA ! GOÛTE A UNE INFIME PORTION DE MA HAINE NOIRE ! J'EMPLIS TON COEUR DE MA SUBSTANCE ! DE CHANCELIER D'EMPEREUR, TE VOICI PROMU VASSAL AU ROYAUME DU PÉCHÉ !

REGNUM PECCATI !


Et ta sentence s'abat avec précision au même instant où tu la prononces. Remarquablement bien visé, pour une fois, Balty, c'est son coeur que ton rayon a empalé ; et le public des morts et des vivants s'impatiente, nous voulons tous connaître le sort réservé aux âmes vulnérables qui se laissent toucher par la bâtarde grâce des sept péchés capitaux superposés. Un sandwitch indigeste de vice qui semble lui nouer les boyaux. Lui distordre le visage en une espèce d'expression cubiste du plus mauvais goût. Lui rougir l'épiderme, lui aiguiser le regard, lui polluer sa verve d'obscénités et lui envelopper l'esprit sous une épaisse brume de chaos, jusqu'à ce qu'on puisse avoir l'impression que le diable a enfilé son corps. Oui oui. Il est possédé. TU l'as possédé !

J'ai r'chargé, bouffon. Plus qu'à faire de toi ma passoire, t'utiliser pour faire mijoter Grabill, ses flingueurs, et tous les traîtres, et tous les menteurs, et l'île entière que j'savais irrécupérable. Tout... flamber. Le passé sur un bûcher. Si l'monde peut pas être aussi vertueux que j'le voulais, alors j'le laisserai pas exister. Alors j'l'emporterai avec moi dans la mort. Que les petits porcins dansent tant qu'il en est encore temps ! Le grand sanglier vient faire justice !

L'impudent démon vide d'une seule gorgée sa dernière flasque de vinasse, épris d'une jouissance qui correspondrait tout juste à celle d'un enfant tétant le mamelon de sa mère. Tandis que toi, tu fais fi de son anathème pour bêtement te ruer dans sa direction. Vous voilà tout deux, deux possédés, parés à donner le pire qui sommeille en chacun de vous.

Je te connais, Balty. Tu es mauvais jusque dans ta chair, ton génome entier est un psaume dédié au Mal. Les cancers de ton genre ne partent pas facilement. On ne s'en débarrasse parfois même jamais de toute sa vie ! Tu dévoreras le monde jusqu'à sa sève avant de le quitter !


Hips ! Veux t'sentir mourrrrrir... entre mes mains. Ton dernier souffle... dans mon visa... ge... Hips !

De l'écume sanguinolente lui perle de part en part de sa mâchoire. Je sens, en son âme dévastée, une grande émeute déclenchée par des péchés avides de pouvoir, ainsi que son esprit originel qui lutte pour ne pas perdre définitivement pied.

Lorsque tu arrives à son niveau, toutes dagues relevées, Valérien, taureau de corrida qui attendait patiemment son heure depuis des années, est en train de se noyer dans sa rancoeur. Hinhinhin. Ce bovin usé, dépassé, qui ne faisait plus que brouter l'herbe d'un infini champ de désolation et d'absurdité, décide enfin de charger. De tenter une glorieuse vendetta contre son existence pathétique.

Mais toi, Balty...
Tu vas lui arracher, aux coutelas, ses derniers espoirs.

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Un poing couvert d'écailles fend le front de Morneplume en répandant une cuisante chaleur dans tout son crâne. Un torrent électrique carbonise momentanément le cerveau du Lieutenant, puis c'est une cascade d'hémoglobine qui fuit de son front et surprend son visage hagard. Sous les planches de bois il fait bien sombre, et la pénombre de la taverne a tôt fait de le surprendre lorsque les griffes du crocodile l'extirpent de sous les décombres avec vigueur. La tête pendant vers l'arrière, ébloui d'une multitude d'étoiles éphémères, le front ensanglanté, Edwin n'a que le temps d'apercevoir les crocs immaculés de Roc Martin avant qu'une épaisse queue ne le cueille directement au ventre. Propulsé à travers le saloon, son dos gémit lorsqu'il encaisse une table de plein fouet, seul amortisseur possible à sa course.

…Mhpfh…

Edwin tend péniblement une main engourdie et percluse de mille souffrances, il tâtonne et cherche en vain son colt… introuvable. La lourde patte griffue du saurien s'écrase contre son torse, faisant grincer douloureusement sa cage thoracique et lui extirpant l'air des poumons. Ne respirant plus que d'un filet d'air, Morneplume lève des yeux embués de poussière et de sang vers Roc Martin qui le toise de ses pupilles verticales. Une rangée luisantes de longues canines apparaît alors que le Pistolero jouit avec délectation de ce moment de pure domination. Dieu sait ce qu'il est advenu de lui suite à leur première confrontation aux abords d'Exact Town. Toutefois, Edwin se doute avec dépit que le d'habitude charismatique cowboy lui en veut terriblement d'avoir éclaté sa désirable dentition une première fois. Le Lieutenant, lui, crevant sous le poids de la pression du reptile, ne respire que d'un filet éprouvant et pénible. En lui nait lentement les premières étincelles d'une colère justifiée. Il ne peut supporter de constater l'écrasante -sans mauvais jeux de mots- position de son ennemi, ne peut se résoudre à laisser ce possesseur de pouvoirs démoniaques l'emporter sur lui.

Te v'là enfin dans un état qu'j'aime mieux, Morneplume ! Finie ta p'tite mine de vieux con hautain ! Tu vas crever et ça servira d'putain d'message au Gouvernement tiens !

Il ouvre une gueule béante et sifflante, Roc Martin. Ses dents comme mille lames cerclant des abysses insondables. Sa bouche comme la promesse d'une mort lente et pénible. Ses dents comme tant de longs crochets prêts à déchiqueter la chair. Ses longues mâchoires claquent plusieurs coups, puis c'est vers Edwin que la mort fond. Cependant, Edwin Morneplume est une immuable montagne.

Hasta la vista, baby !

Et même les dents les plus solides ne savent broyer le Roc.

Un des morceaux de la table se retrouve en un instant entre les doigts d'Edwin. L'instant suivant, il file dans l'air et s'encastre directement entre les mâchoires de Martin. Le saurien ouvre de grands yeux globuleux, surpris, alors que la longue latte s'insère en véritable barrure contre sa langue et son palais. Dans un grognement sourd, bandant ses muscles écorchés, Edwin arrive à se lever en repoussant la lourde patte du crocodile. La gueule bien bloquée, Roc Martin titube sous les yeux hagards d'Hector Gabril, toujours recroquevillé au fond du saloon.

Sachez, Martin, que je hais profondément cette manie qu'ont les dévots du Mal à théâtraliser la mort de leurs adversaires.

Écume.

Les jointures de Morneplume blanchissent, son regard s'acère et son visage se fige dans une cadavérique expression. Son poing vole en uppercut et frappe directement le lézard sous le menton -ou ce qui se rapproche le plus du menton d'un tel animal. La planche craque, les os du saurien s'effritent, la gueule du monstre se referme dans un puissant claquement, puis la gravité elle-même ne peut réprimer la force du choc. Dans un fracas tonitruant, Roc Martin décolle du sol et défonce le plafond du saloon.

La mine creuse, essuyant le sang lui couvrant le visage d'une manche, Morneplume attend quelques secondes que le Pistolero retombe lourdement au sol dans une pluie de planches morcelées.

Hm. J'espère que vous ne vous êtes pas mordu la langue.

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Ses poings montés sur pistons partent à des vitesses narguant tes malheureux yeux turbulents dans leurs orbites.
Tes poignards sifflants glissent entre les airs à la recherche d'une chair dont se repaître. Mais celle de Valérien est bien protégée.
Au contact, il a délaissé ses armes à feu pour en revenir aux classiques de tous les désespérés : les poings. Les poings qui voltigent, fougueux et organisés, à la rencontre de chacun de tes os, qui te broie la peau et effrite ton instinct de survie. Balty ! Réveille-toi !

Tu t'effondres en roulant, comme un vieux baril de cuir tanné empli de sang avarié. Tu te redresses et tu geins, contemple Valérien imprimant sa vaste silhouette sur la boule de flammes qui apporte lumière à cet univers si noir ! L'observation ne dure qu'une pincée de secondes : déjà, le démon de Torshvesky te fond déjà dessus, serres en avant, et ton unique réflexe est de lui présenter l'un de tes coutelas tandis qu'il s'abat sur toi. Coutelas qui se faufile à travers sa carapace d'acier, palper les moelleux organes retenus bien au chaud sous l'armure.

Une... égratignure.

L'impitoyable tenaille qui lui fait office de mimine se referme sur ta poigne. Et d'un revers, d'une habile clé du calibre qui transforme les os en confettis, j'entends le craquement d'un poignet brisé ! Ton emprise sur ta dague d'obsidienne se desserre et tu l'abandonnes, fichée dans la carcasse d'un Valérien muté en une véritable bête de foire. Les remous de votre duel magnétisent des regards, et autour de vous des sauvages détournent les mirettes pour admirer vos deux corps s'entremêler en un informe pâté de brutalité aveugle, tandis qu'évidemment, de nombreux bouseux consanguins se sont réunis en cerceau autour de vous pour acclamer votre rage, parier sur le vainqueur de ce révulsant pugilat, et caresser leurs bas instincts avides de violence : ces tigres ronronnants en chaque bestiau humain.

Hwahahaha ! Casse lui la gueule, ouais ! Comme ça !
Eh, r'lève toi, le mongolo aux jolis fringues ! J'te jure que si tu crèves, j'te forcerai à m'rembourser les cent berrys qu'j'ai misé sur toi !


Tu n'oublies pas qu'outre ces banales créatures, t'observent aussi les tribunes des morts. Eux. De leurs yeux creux. Ils sont toujours là, oui oui ! La plupart n'ont pas bougés du moindre centimètre ! Affligés de leurs propres mutilations, leurs faces impassibles observent et jugent ton mérite. Ils espèrent tous, sans exception, que Valérien parviendra à te faire subir une Justice synonyme d'Enfer. Cette lutte acharnée, Balty, trouve son théâtre à la croisée des mondes !

Valérien ronfle plus fort qu'un chameau assoiffé. Ses deux grandes mains d'acier glacial remontent autour de ton cou, et tu te rends compte que loin d'être froides, elles sont en fait autant incandescentes que tout le reste de son être ! Ton insidieuse lame pendouille toujours, enfoncée dans sa viande, il ne semble pas décidée à se l'extraire. Tout naturel de la part d'une loque essoufflée par la grande et injuste course aux désirs qu'est la Vie. Ce qu'il désire encore, son ultime volonté, réside simplement en t'emporter avec lui dans la noire éternité de l'outremonde !

Ta tête se transforme en un ballon paré à l'éclatement, alors qu'il resserre son étreinte mécanique sur ta gorge.
Tandis que vos spectateurs se désintéressent, malgré eux, de leur sort, assaillis par les sauvages de la petite bougresse indienne, tes anciennes victimes restent, elles, fidèles au gracieux bal d'horreur jusqu'au bout !

Ta main calleuse, celle qui n'a pas été grossièrement disloquée par cette force qu'il puise dans les méandres de son glorieux -mais si illusoire !- passé auprès d'un des Empereurs des rats, s'attache crispée au poignet de ta dague. Et remue. Remue. Remue le couteau dans sa plaie. Le fait danser, bondir, rouler ! A lui meuler sa viande, il finit par faiblir. Te revoilà libre, bien que vidée de tout ton air ! Tes poumons, vieilles outres toxiques, se déplie comme pour la première fois, comme ceux d'un nouveau-né asphyxié, et paniqué, par l'augure d'une vie entière dans un univers si délicieusement décadent !


C'est... pas fini...
Tu as... KEUUUF ! raison, suffocant foimenteor -ERRRRRK-, ...


A nouveau les jambes ancrées dans ce sable, prompt à absorber l'hémoglobine des hommes avec la même candeur qu'un indolent touriste attendrait son bronzage. Votre primale lutte vous a amené sur le pallier de l'une de leur taverne, de leur tripot, de leur saloon, ou peu importe comment ils appellent ces temples de l'urine murale, des cartes meurtrières, et de la mauvaise bière administrée par barils entiers.
Valérien, de ces deux perles flamboyantes dans les tréfonds d'une abysse de désespoir et de nonchalance, contemple de haut le poignard resté encastré dans sa bidoche. Il en attrape la garde. Et se l'arrache, impudent, ignorant les crochets et les ondulations d'acier qui, non contents d'avoir visités ses entrailles, emportent aussi de rouges souvenirs, sous forme de liquides et de boulettes de viande !

T'as oublié c'truc. Les zigzags, les crochets... ça t'sied bien. Foutu... serpent.

Ta seconde dague sautille alors dans ta main -ta main valide, bien entendu, pas celle qui ne pourra te servir désormais que d'amusantes maracasses !- et tu gommes en un clin d'oeil ces quelques mètres qui vous séparaient l'un de l'autre. Tsssk ! On dirait que l'ivresse de ton cocktail de péché commence à s'atténuer ! Le voici bien moins combatif ! Un marteau mollasson se propulse dans tes côtes, mais n'y trouve plus de râtelier thoracique à broyer : tu as déjà tout perdu, peu à peu, au cours de cet éprouvant mais si instructif séjour ! La douleur n'est plus qu'un routinier écho lointain dont tu ignores désormais les avertissements ! Et elle hurle si fort qu'elle en devient parfaitement inaudible ! La souffrance te martèle le coffre moisi qui te sert de crâne. Mais rien ne lui répond : ça sonne creux !

Ton poignard, ton dernier poignard, s'abat là où il trouve fertile terreau où semer de la douleur. En-dessous de son épaule gauche, au niveau du grand boulevard qui descend vers son palpitant. Tu as bien entendu frappé au hasard, tu ne serais jamais capable d'une telle jugeote anatomique en plein assaut. Son souffle coupé, il reste un instant tétanisé, dans une stupeur d'un goût adorablement macabre !

Tu en profites. Tu arraches le coutelas,
puis tu le frappes de nouveau,
encore, tu le poignardes,
tu cribles son ventre de ces fentes d'où giclent sa sève,
la sève de ce vieux chêne usé et pourri,
tu le troues,
des lèvres purulentes naissent autour de chacune de ses plaies,
les baisers du coutelas,
les baisers ardents du coutelas,
les baisers ardents et passionnés du coutelas,
une opaque brume d'hémoglobine,
de petits cris déments surgissant des pénombres de ton gosier,
et soudain tout s'arrête.

Il chute, et tout s'arrête. Chute à la renverse, assis contre les portes battantes de la taverne. Une chaude résolution incrustée dans son regard. Véritable fontaine écarlate, il est devenu une oeuvre d'Art, magnifique ode à ta sanguinaire rapacerie, ta funeste avidité. La bataille continue de faire rage autour de ce saloon, mais ici vous campez comme dans une bulle de temps et d'espace qui n'appartient qu'à vous. Lui patiente dans la salle d'attente de la faucheuse... Et toi, tu t'enivres de chaque seconde lentement passantes, témoignantes de ta victoire. Un sourire, un ricanement. Voilà qui conclut l'avant-dernier acte de cette burlesque épopée !


Regarde-toi, Valérien !
Regarde ce monde-MON monde !
Crois-tu vraiment que te débattre en vaut encore la peine ? On dirait un malheureux brochet frétillant sur une plage ! Ghinhinhin !
S... Seulement pour... le fric... tout ça ?
Je salue ton insondable culot. Même au bord du dernier précipice, tu conserves cette dantesque et très irritante arrogance !
Si t'es pas... clébard de Teach... si t'es pas non p-plus... un simple chasseur de tronche... Gnnn... Pour...quoi ? Ces massac-cres... sans justice... Ce sang sans raison... cette... Haine... Pourquoi ?
Une dette à éponger. Aussi bien que toi, aujourd'hui, tu rembourses la tienne. C'est l'heure de te rendre au Néant, Valérien !
Héhéhé. T'as... rien compris... ou tu veux pas... comprendre... mais j'te pardonne... Il arrive parfois qu'les méchants gagnent.

Semblant innocemment ignorer ton ultimatum, il se paye un rire étranglé, puis arrache une nouvelle flasque de sa ceinture et la porte à ses lèvres ensanglantées, mijotant un savoureux cocktail d'hémoglobine et de vin dans le creux de son gosier. D'épais gargouillements surgissent en choeur avec le ricochet de la petite bouteille de fer rouillée sur le bois pourri du pallier. Tandis que ton poignard lui coulisse le long de sa dégonflée pomme d'Adam. Tu lui scies le cou. Comme un vieux chêne qu'on abat parce qu'il gâche le paysage ! Charmante tradition que voilà. Collecter les têtes. Une symbolique des plus puissantes, un message des plus crus !

Ces éclaboussures rubicondes te confèrent un air pétrifiant. Bien, bien ! Quand tu es dans cet état là, psychotique, au bord d'une rupture macabre, je reconnais que j'éprouve un léger soupçon de fierté à ton égard. Qui s'évapore aussitôt que je me souviens du pourquoi, du vrai Pourquoi tu en es arrivé là. Plus important encore que le Pourquoi, il y a le Comment.


Je rassemble les miettes de notre glorieux honneur familial. Recomposé, il anéantira ce monde !

Vas-tu porter cet encéphale à bout de bras, mon guilleret chacal estropié ?

Ne t'en fais pas pour ma main. La douleur fait partie de la famille. Ça n'est rien de plus que la lamentable enveloppe charnelle d'un esprit haineux et brillant !

Justement ! Tu dois éviter de casser tes jouets.

Qu'en pensent les frustres revenants ? Acceptez-vous les offrandes de chair ? Ghinhinhin ! VOUS M'ATTENDREZ LONGTEMPS, TRES LONGTEMPS, ÉTHERÉS FOUTRIQUETS, SI VOUS ME PENSEZ APTE A EXPIRER MA GLORIEUSE ÂME FACE A DE TELS KOULAKS !

Hinhinhin...

Et maintenant, un ultime devoir m'appelle en ces maudites terres.

Le sang frais... Je finissais par oublier à quel point il luit en plein soleil.

Morneplume. Je vais me venger.
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Je ne sais pas ce qui se trouve au deuxième étage de ce bâtiment, Martin, mais j'espère que vous ne l'avez pas complètement saccagé. Ce serait un gâchis.

Il dit ça Morneplume, comme ses serres se referment sur le collet du grotesque crocodilien. Soulevant avec peine l'énorme reptile chapeauté, il ne se gêne aucunement pour lui marteler le visage de coup. Les dents du monstre fendent et brisent alors que du sang s'échappe un peu plus de la gueule de Roc Martin à chaque coup. Les brûlures recouvrant son poing, perpétrées par le cigare de Gabril, n'affectent même plus Morneplume qui ne goûte même plus la morsure des écailles sous ses jointures. Son poing n'est qu'une masse informe et indestructible de douleur qu'il abat de toute ses forces contre le monstre, avec cette incertaine conviction qu'à force de cogner la douleur s'en ira peut-être. Les yeux tuméfiés, les gueule devenue un champ de ruines ruisselant de gros bouillons carmins, Roc Martin est en piteux état, même sous sa forme démoniaque. Avec dédain, Morneplume laisse retomber le monstre. Inerte. Haletant, les muscles éreintés, il titube légèrement en cachant de son mieux la fatigue qui plane sur son visage de cire. Il ne lui reste plus qu'à exécuter Roc Martin une bonne fois pour toute. Oui, ce possesseur de fruit du démon a bien trop nuit à son entreprise pour qu'il ne lui laisse une chance de s'en tirer. L'exécution sommaire reste le meilleur choix… mais pour cela, Morneplume doit retrouver son satané…

BANG !

…pistolet.

Ses yeux embrouillés se posent sur cet orifice nouveau qui crève son veston et d'où s'échappe subtilement une rigole d'hémoglobine. La douleur émanant de l'endroit pulse de manière insupportable en grouillant en lui comme les racines d'un arbre s'enfoncent dans la terre. Un voile passe devant ses yeux, qu'il lève du même fait vers Hector Gabril, le six-coups à la main, qui tremble en gardant l'arme braquée vers lui. Sa respiration se fait brève, saccadée. La douleur atteint un apogée inimaginable à travers son torse. Morneplume lève un bras, vaine tentative de se saisir de cet homme bien trop loin de toute façon. Sa Poigne se referme sur l'air, ses pieds ne voulant suivre cet effort de trop.

BANG ! BANG ! BANG !

Trois balles. De plus. Trois fois Morneplume recule sous l'impact de chacun des projectiles, du sang aux commissures de ses lèvres. Ses yeux vides se braquent sur Gabril, son visage immobile lui donnant un air insensible aux balles. Le maire de Bull Town affiche un rictus vainqueur, étant parvenu à mettre la main sur l'arme de Morneplume. Elle devait traîner non-loin de lui, parfaite opportunité de faire pencher la balance de son côté.

Méhohoho ! Prends ça !

Le regard de Morneplume s'assombri, puis il pose lourdement un genou au sol. Incapable de tenir debout, le torse criblé de balles. Si seulement il pouvait, juste là, maintenant, attraper ce Gabril. Juste poser la main sur lui, un instant, pour le réduire en miettes… Il tombe, face contre terre, goûtant au bois sec du plancher. C'est fou, d'ailleurs, à quel point ce plancher peut goûter le sang.

…Hm…

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MOOOOOORNEPLUUUUME !

Comme une amère sensation de déjà-vu...

Hm.
Méhéhéhé. Manquait plus qu'lui. Ça y est, on a réuni not' paire de fouteurs de merde !


Entrée triomphale dans la miteuse tanière de Grabill. Comme prévu, reconnaissable entre mille dans un centre-ville épuré de toutes ses âmes, une taverne parée de graveleuses décorations, de froufrous et de chichis, de ces ornements chers aux petits bourgeois qui apprécient squatter les trônes des nobles.

WAW, LE SALOPIAUD ! IL NOUS RAMENE VALÉRIEN, GNHÉHÉ ! EN KIT !
C'est quand même pas avec ce type que t'es v'nu conquérir l'île, Morneplume ? L'a l'air encore plus psychopathe que moi, mwohohoho !


Les yeux convergent vers cette tête que tu trimbales ! Mais les tiens, Balty, ne sont attirés que par un seul homme ! Le dernier de ta longue liste de recommandations à la faucheuse ! Mornecroûte étalé là, pathétiquement, comme attendant impatiemment la guillotine qui coupera le long fil de ses souffrances ! Troué, oui oui, un vrai nid de taupes, ce Mornecroûte. Quelqu'un ici a du s'en donner à coeur joie : les armes à feu ont cela pour elle qu'elles dessinent d'élégantes constellations sur les corps qu'elles percutent, et qu'on peut ainsi sans peine retracer tout leur mortel trajet et le vivre, et le revivre, et le revivre encore, comme si on y était !
Et Grabill. Cet épais mollusque ! Tu sais qu'il est primé, hum ? Faible et primé. Un malheureux dictateur à ta merci. Ne pas en profiter serait criminel.


Par contre, tu s'rais gentil d'laisser ça dehors. Les tapis sont neufs.
Ta tête, grand lardon, ta tête dans ma collection !
Oh, OH ! T'as pas vu ? Qui j'avais en otage ? Ton p'tit pote, si t'avances, j'le-
OSES L'ABATTRE A MA PLACE, GROTESQUE SATYRE BOULIMIQUE, ET JE TE PENDRAI AVEC TA PROPRE TRACHÉE !
Euh... Quoi ? T'es qui, au juste ?
Le BARON BALTHAZAR B. BRIXIUS ! LA MAIN MISE SUR TON ÂME ET SUR TOUTE TA DESCENDANCE, GROS PÉON SPHÉRIQUE !
Un nobliau qui s'fait un safari sur mon île, ghnéhéhéhé ? Mon cul, oui ! C'pas tes oignons, c'qui s'passe ici, merdeux !


Son revolver change de cible. Tu te retrouves dans sa ligne de mire, planté comme un candélabre morbide au milieu d'un banquet de vampires. Que le sang gicle ! Pour nos assoiffés confrères de l'outremonde !

BANG ! BANG !

Deux détonations escortant d'autres pruneaux sillonnant de part et d'autres la pièce. Mais aucune d'entre elle ne parvient à te croiser, toi te dandinant comme un épileptique sur une chaise électrique, aux mouvement si erratiques, bousculés par l'épaisse folie qui s'entasse dans chacun de tes membres.

*clic clic*

Hinhinhin. Le dernier soupir d'une gâchette exaspérée !
Deux balles. Seulement ? Le reste a du partir dans Mornepus. Un risque des plus désespérés qu'il a pris là. T'attaquer avec seulement deux cartouches... alors que les plus graves dangers n'effleurent même pas ce qui reste de peur primale en toi...


Merde ! MERDE !

Ce tyran de pacotille perd le contrôle et cela se sent ! L'air devient fort pesant ! Dents pourries au garde-à-vous, tu progresses tel un sadique prédateur en sa direction, lentement, et sûrement. Tu fais durer le plaisir. Tu mets le cap sur une autre victoire. Surprenant que tu te fasses aussi preux capitaine de ton imprévisible destin aujourd'hui, Balty. Valérien, Grabill, Morneplume. Le cerbère de ta rancune dont tu décapites un à un chacune de ses têtes pour les enfourner dans ton cabas...

Paniqué, le gros lard acculé tente un audacieux coup de poker.


ON PEUT S'ARRANGER ! T'veux des thunes ?

Sa grande paluche velue s'immisce comme une mygale sous son veston déboutonné. Quand elle en ressort, c'est encerclée d'un nuage de billets verdoyants. Une brume de berrys, des liasses éclatantes dans les airs pour retomber en pluie de ces hideux papiers qui font chavirer les coeurs !

J'suis l'caïd ici, mec ! On peut s'arranger entre hommes ! T'es pas comme ce grand rustre de robot d'la marine, toi ! T'as l'sens des affaires, j'le sens ! Vas-y ! Humes mon fric ! Dis-moi c'qu'il sent ! Il pue pas le luxe et la gloire, mon fric ?!

Voilà une ouverture dans laquelle il faut s'engouffrer, Balty ! Mais ne baisse pas ta garde pour autant ! Un cochon, lorsqu'acculé, peut se montrer tout aussi féroce qu'un tigre !  

Soit ! Réglons cela comme les courtois dévoreurs de pouvoir que nous sommes ! Six cent millions.
Euh...
Six cent millions et je concède à ne pas t'embrocher sur mes impétueux coutelas.
... six cent millions ?

Six cent millions ?

Tu estimes que ta vie vaut moins que six cent millions, canaille endimanchée ? Ce n'est guère parce que l'argent t'a anobli sur tes terres de gueux que tu peux te permettre de te prétendre mon égal !
Qu... Ouais. Discutons. Cigare ?

Branquignol ! En baissant ton regard, et dans la même gaffe, en baissant ta garde, tu lui as sauvé la vie, au gros sac transpirant ! Une pichenette fait décoller son cigare entre tes deux yeux, signant un cercle de poudre incandescente sur ton front. Le temps que tu crisses des dents et que tu décolles ce tabac brûlant éparpillé dans tes sourcils, la grande boule arrogante est parti rouler vers de nouveaux horizons. Il a fui. Il a FUI.

BAH ! QU'IL AILLE AU DIABLE !
Ce n'est pas lui que je suis venu chercher !


Six cent millions, fichu mulet de cirque ! Il a préféré détaler parce qu'il savait qu'il ne pourrait pas financer cette SOMME EXTRAVAGANTE ! N'y a-t-il aucun embryon de bon sens en cette couveuse d'infamies qui te fait office de cervelle ? Du temps où nous nous contemplions lentement agoniser sous l'opulence crasse de notre château, six cent millions n'était guère que notre tribut quotidien versé au luxe normal auxquels peuvent prétendre les nobles. Mais AUJOURD'HUI, et CHEZ LES ROTURIERS, SIX CENT MILLIONS EST UNE FORTUNE QU'ILS NE SAURAIENT RÉUNIR MÊME EN DIX EXISTENCES ENTIERES ! ÂNE BÂTÉ ! ABSURDE FOUTRIQUET ! CETTE MERVEILLEUSE OCCASION DE TRIPLER TES PROFITS QUE TU VIENS, EN DEMANDANT LA LUNE, DE LAMENTABLEMENT... FOUTRE EN L'AIR ! ... Oh ! J'en perds mon langage convenable ! Tu es un imbécile, Balty. Retiens-le bien. Un pur imbécile.

Et maintenant, Mornepus. Assis contre un placard, il a réussi à rallier une position plus digne que face contre le plancher. Il a, depuis sa semi-conscience, observé ta lamentable performance, et s'en délecte, pour sûr.


Je n'en espérais pas davantage de votre part, Brixius.
Te crois-tu en état d'ironiser, vieille tombe ?
Je vous sais capable du pire. Et si vous parveniez à me tuer, je n'ai aucun doute que vous me rejoindrez très vite dans ce que vous appelez l'outremonde, tant vous êtes incapable de bon sens en solitaire.
Et ÇA ? Et CETTE TÊTE ? Qui l'a... GLUPS !


Félicitation, une nouvelle fois, chacal mou. En approchant ton visage nauséeux du lieutenant-passoire, tu lui as offert une fantastique occasion. Sa grande main aplatie comme une serre sur ta face calleuse.

Si vous permettez... Je ne vous oublie pas et vous payerez le prix fort pour vos multiples obstructions à la justice. Mais j'ai des affaires plus urgentes à régler. Humf...

Je suppose que si le gros lard qui gouverne cette fangeuse île s'échappe, toute sa victoire deviendra bancale ! Notre gentleman aux manières si rustres est dans un horrible état, et pourtant. Il t'envoie négligemment pirouetter parmi les bouteilles entreposées derrière le comptoir, dans lesquelles tu t'écrases comme une disgracieuse boule de bowling dans un cortège de quilles de verre. Oh ! Le bowling. Comment oses-je emprunter une comparaison à ce sport si désuet de roturier ? Curling, plutôt, disons curling. Truffé de copeaux de verre, ton première réflexe... Tsssk... est de vérifier que ton trophée de Valérien n'a pas été abîmé. Priorités si déréglées...

Tu crois pas si bien dire...

Une nouvelle variable ? Qui aurait cru que cet alligator était vivant ? Je le prenais pour un tapis ! Hinhinhin ! Une horrible bestiole chapeautée se relève, contemple Mornepus. Notre galonné, que tout ces trous ont rendu bien peu étanches, lui rend son regard carnassier : je crois percevoir une lueur d'inquiétude, un soupçon d'hésitation. Comme si ce robot était capable de réviser ses probabilités de réussite, hinhinhin ! Ridicule ! Il va simplement se jeter dans sa gueule, comme un jovial et lobotomisé molosse du gouvernement dont la vie ne se résume plus qu'à un amas de médailles.

La tête du dictateur d'opérette fuse à travers une fenêtre brisée. Enhardi, enragé, ses gros yeux bombardent le reptile d'éclairs noirs.


UN FUMIER D'CHASSEUR ! CE PETE-HAUT ÉTAIT L'UNE DE CES FOURBASSES D'CHASSEUR DE PRIMES ET PERSONNE M'A PRÉVENU ! BANDE DE TOCARDS !
On pouvait pas deviner, boss.
Et POURQUOI t'as attendu si longtemps avant d'me sauver ?!
Faut pas négliger le spectacle, boss. Vous auriez pas du revenir...
Ah ouais ? J'ai balancé TRENTE MILLIONS DE BERRYS PAR TERRE ! POUR RIEN ! BUTES MOI CES DEUX ENFLURES UNE BONNE FOIS POUR TOUTES, ET FISSA !
Ouais. Feriez mieux de déguerpir, boss. J'risquerais de tâcher votre veste.
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Il n'a même plus conscience de son corps. Son torse n'est que magma sulfureux. Ses poings ne sont que braises bouillonnantes. Ses jambes des arbres carbonisés. Dans le tourbillon tyrannique de douleur qui ravage le corps de Morneplume, seul son esprit, navire perdu en pleine tempête, garde le cap. Son esprit, ce cuirassé indomptable que même les blessures les plus aggravées ne peuvent dissuader de toujours ce relever. Et tout cela pour la Justice. Cette Justice qui magnétise ses poings vers le visage cabossé de Roc Martin. Elle est sa maîtresse, le guidant d'une caresse irrésistible jusqu'à broyer la trachée du crocodile. Elle lui susurre les coups à donner, les choix à prendre, comme fracasser d'un genou la mâchoire inférieure de Martin. Il gémit, mais elle ne cesse de murmurer tant d'encouragements et de promesses divines à ses tympans pour qui le vrai monde n'est plus qu'un lointain paysage. Il n'y a plus que ces yeux, ses yeux à elle, rivés dans les siens. Ce regard d'il y a si longtemps dont il ne peut se détacher. Ces iris brûlants aux teintes ambrées, avec tant de fougue et de colère et de hargne mais aussi d'amour. Il n'y a que ses yeux, avec ces couleurs fauves qui se noient dans l'intersidéral de ses pupilles et plongent dans l'intelligence de son âme. Et il y a sa voix qui enterre tout et jette un voile de calme et de paix sur son esprit échaudé. Comme un doux vent d'été chargé de lavande et de safran et de romarin et d'une promesse d'une nuit fraîche. Il peut les sentir, ces fragrances, et les goûter, même si les griffes de l'énorme gavial lui lacère le bras. Il peut s'y perdre, dans ces yeux, même si le crâne du grotesque animal se fracasse contre le sien. Il n'a qu'à écouter les doux murmures de son amante et le Mal s'effondrera sous ses poings, les forteresses de l'Injustice s'écrouleront sous ses pieds. Il n'a qu'à fermer les yeux et se laisser porter par les promesses de sa douce Elsa dont les doigts si frêles et si beaux le couvrent et le-

PAR QUEL INSIGNIFIANT ACCORD NE SUIS-JE PAS INCLUS DANS CETTE CARICATURALE ET INSIPIDE JOUTE ROTURIÈRE ? JE SUIS BARON ET MÉRITE TOUT AUTANT QUE VOUS DE LACÉRER VOS ÂMES ! Malvenus !

Le coup de poing suivant cette stridente tirade semble soudainement bien plus réaliste à Edwin, qui roule boule et s'échoue contre une table en morceaux. La voix s'est tue. Et c'est bien péniblement que Morneplume tente cette fois de se relever, alors que Roc Martin tourne sa gueule ensanglantée vers Brixius.

Bon, j'ai bien un p'tit creux dans l'estomac pour m'occuper d'toi l'maladif ! Et moi qui regrettait ma carrière de cinéma putain, c'est bien mieux d'me débarrasser d'emmerdeurs comme vous ! On s'croirait dans un vrai Western putain !

Le visage du Baron se tord dans un rictus chevauchant la crainte et la haine. Il recule de quelques pas avant que Roc Martin ne lui balance sa queue en plein dans les côtes.

Aarrgh ! Préhistorique aberration ! hurle-t-il avant de rencontrer douloureusement l'un des murs du saloon.

Morneplume, l'air las et peiné, se remet difficilement sur ses deux pieds, puis rive son regard immuable vers Brixius.

Baron, vous devez comprendre que je ne suis définitivement pas dans l'état de m'occuper seul de cette bête.
Tu l'as dit connard !
Je vais donc devoir me résoudre à vous demander votre assistance dans cette entreprise.
Tu me promettrais mille ans de servitude que je refuserais de te venir en aide, robotique primate !
Et qu'en est-il de votre vie à vous, Brixius…? Vous allez mourir aussi si je n'm'en débarrasse pas.
…! Soit ! Que veux-tu !?
Je veux que vous me foudroyiez de Colère, Baron.

De la plus profonde Colère inimaginable.
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Ton pouvoir semble, depuis très peu de temps, mieux circuler en tes canaux, Balty, tu l'as installé en ton être, et il siège dans la suite de luxe, perché en ton âme. Ce fruit du démon. Je pense que désormais, ce ne sera plus trop te demander que d'être précis dans l'émanation de tes vices. Concentre toi, pointe du doigt ta cible, évacue l'air putride qui vibre en tes poumons décharnés. Puis tire, puis marque. Comme en ces parties de chasse d'antan dans le sous-bois qui n'appartenait qu'à notre famille. Te souviens-tu ? A quel point tu étais mauvais avec un fusil entre les paluches ? On te demandait de viser une fesse de daim, et tu nous mouchais un écureuil. Quand je martèle que rien n'a changé depuis cette époque si éloignée à travers les âges et les réalités...

J'EMBRASE TON SANG COMME DE L'ESSENCE, JE T'ASSOMME DU RÉGICIDE, DU FRATRICIDE, DU PARICIDE PÉCHÉ ! DE LA DÉLICIEUSE FOLIE QUI NAÎT DES RÊVES BRISÉS !
Abrégez.

IRA !



...

...
...
...


Comment ? Ton incompétence défie toutes les lois de la physique connues, Balty. Comment rater une cible qui se dandine juste sous tes mirettes frelatées... pour en atteindre une trois fois plus éloignée ? Ton serpent, aussitôt sorti de la bouillasse primordiale de péchés dont chacun de tes muscles est composé, s'est rué sur l'alligator, comme attiré par ses irrésistibles pectoraux reptiliens. Il a plongé dans son palpitant. De la Colère pure. Prodiguée à un tel adversaire. Ta lourderie, Balty... Si elle servait tes intérêts, elle serait une arme capable de détrôner les anges. Malheureusement, on dirait que tu signes ton arrêt de mort de ton propre sang. L'unique issue encore viable m'a tout l'air d'être la classique fuite la queue par-dessous l'entrejambe ; ton honneur n'est plus à ça près, hm ? Ton honneur n'est qu'un grand torchon blanc sur lequel on a déversé chaque seconde des seaux d'excréments, depuis des dizaines d'années.

J'ai honte de toi, j'ai honte pour toi. C'est la seule émotion que j'ai emportée comme un envahissant bagage après mon décès. La honte. La honte comme une onde qui résonne à l'infini tout autour de moi. Tu me rends lasse, Balty. Et je comprends l'ampleur de ma pénitence posthume : il n'existe guère pire enfer que celui qui m'a ancré à tes côtés. Qui m'a cloué à tes basques crottées. Tu es toxique, Balty. Même pour les défunts. Même pour la femme qui commit l'irréparable sacrilège de te mettre au monde. Surtout pour elle ! Vil bâtard mal dégrossi !


Brixius...
Bah... ? Un pétard mouillé, c'truc. J'me sens pas trop changé. J'serais censé déchirer ma chemise et hurler là, c'est ça ?


Serré par la confusion, tu en lâches la caboche de Valérien, qui s'enfuit, roulante lascivement, d'épais rails rouges dessinant sa trajectoire, sous une table.

V-Valérien ! REVIENS, ENCÉPHALE POSSÉDÉ ! MÊME MORT, TU M'ENCRASSES DE DÉVEINE !
Mouais. Bon. On va essayer d'être sérieux deux s'condes. Pas facile avec ton farfadet dans les parages, là.

Tandis que tu traques ta tête sous la table, le gros alligator -ou est-ce un crocodile ? qu'est-ce qui différencie ces deux ersatz bâclés de dragon, déjà ? Mère Nature aime tellement les copier/collers !- enfonce un poing dans une paume et laisse ses os vociférer de craquantes menaces. Sautillant tout crocs dehors vers la direction du vieux navire dépassé par les ouragans, pauvre galonné qui démontra tout du long de sa quête sa stupidité en faisant sans cesse l'erreur de t'offrir même une infime once de confiance...

il s'interrompt bien vite. Aimanté par des chiffons verts stagnants sur le plancher souillé de fluides corporels divers et multicolores.


Attends. Il a dit. Trente millions de... P'tain !

Ses yeux ricochent vers toi, vers Mornecroûte, vers la mare verte de billets. Des perles de sueur giclent de ses pores, une étrange angoisse s'empare de cette âme auparavant si fière et confiante. Un énorme grain de sable qui fait disjoncter toute sa machinerie. On dirait qu'il lutte face à une force invisible et démesurément puissante !

Nan... Nan... Vicelard... Un coup bas, ça... J'peux pas... J'peux pas... Salopards... Mon péché mignon... J'peux pas... résis...

DE L'OSEILLE, OUAIS ! DES THUNES A PLUS SAVOIR QUOI EN FOUTRE ! J'VAIS REMPLIR MON OREILLER D'GROS BILLETS ! J'PEUX PAS RÉSISTER ! PARDON BOSS ! PARDON !

D'obèses -et hypocrites ?- larmes de crocodile lui glissent sous les paupières. Dirait-on que ça le touche réellement -ou presque ?- d'ainsi trahir l'avenir du gras double, le tromper pour une malheureuse danse de billets verts ! Sérieusement ! Ces mystérieux copeaux de papier froissés enveloppent son âme et l'aveuglent ! Mais comment lui en vouloir ? Alors que la sève de notre joli monde est l'or ? Alors que les continents dérivent, que les volontés ploient, que des empires cèdent, pour quelques malheureuses richesses matérielles que les hommes n'emporteront même pas avec eux dans la tombe ? Pries donc le matérialisme pour le cadeau qu'il t'a fait, Balty. Si tu ne pouvais pas compter sur l'être humain pour être ainsi lui-même en toutes circonstances, c'est à dire faible, friable, amer et avide, tu ne serais déjà plus qu'une ossature moisie dans les tréfonds d'une fosse commune.

Bien... J'en viens à me poser de sérieuses questions concernant le démon qui a eu le malheur de se retrouver prisonnier de ta volonté. A-t-il conscience de ton inaptitude ? Ne compenserait-il pas tes impérieuses gaffes par une silencieuse assistance ? ... Non. Je n'y crois pas. Aucun génie confiné en un fruit ne prendrait la peine de corriger les désolantes boulettes de la première statue de glaire à la gloire du Mal qui viendrait à lui mordre dedans.

Mais d'où sort cette Avarice si opportune alors que tu avais invoqué une maladroite Colère ?
Les dés pipées de ton destin te font une nouvelle faveur. Le retors magnétisme des berrys t'a épargné le pire.


Sortez de là-dessous, Baron. Nous devons en profiter. Qu'est-ce que vous fomentez, encore ?
VAAAAALÉRIEEEEEN ! Valérien ! Valérien !

Mais quelle mouche scatophile te pique ? On dirait que tu as vu un fantôme !
Mornepus et l'alligator gripsou eux-mêmes en ont sursauté. Te rendras-tu un jour compte d'à quel point tu m'humilies, d'à quel point tu urines copieusement sur tes ancêtres ? En rampant frénétiquement comme un rat enragé, tu t'extirpes de ta niche, de ta table. Traînassant encore la tête de Valérien, tes yeux font des allers-retours horrifiés entre elle et l'ombre portée de l'innocent mobilier. Quoi ?


Il était là ! Ce fumier décomposé m'attendait là-dessous, embusqué sous une CHAISE !
Nous n'avons vraiment pas le temps de plaisanter, Brixius. Grabill veut fuir.
JE L'AI VU COMME JE TE VOIS, IMPERTINENT JUGE DES GUEUX ! Un corps blanc... a la tête... pendante... COMME UN SAC A MAIN MITÉ ! VALÉRIEN, CE MAUVAIS JOUEUR, CE TROUBLE-FÊTE, CETTE GALE N'ACCEPTE PAS SA DÉFAITE ET SON HONORABLE MORT ENTRE MES NOBLES COUTELAS ! IL REVIENT HANTER MON PAYSAGE !
Je n'ai que faire des turbulences de votre esprit vicié. Venez.


Ses impitoyables tenailles de peau se ferment sur ton col. Et le voilà qu'il te transporte comme un poisson ferré, une vilaine prise lourde et encombrante mais dénuée de la moindre valeur. Quelle peine il se donne pour toi ! Je commence à compatir au sort miséreux de cet esclave des obsolètes valeurs du gouvernement mondial !

Ceci dit, ça ne m'éclaire pas davantage sur le coup de folie qui a pu transformer une simple promenade sous une table en un ardent traumatisme.


Hum... Sous cette table-ci, tu disais ?
...
Oh, effectivement. Te revoilà, Valérien.


Salut, m'dame. Excusez mon teint négligé, j'ai un peu perdu la tête.

Garde tes mots d'esprit pour ceux qui n'ont plus la tête sur les épaules, vieille carne.
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Ses yeux brillent et dégustent les liasses qui s'empilent entre ses griffes. Sa longue langue reptilienne suinte d'une salive visqueuse alors qu'entre ses pattes écailleuses s'acheminent les milliers et les millions. Roc Martin est hypnotisé. Fasciné. Pathétique et servile esclave de la richesse, ignorant jusqu'à la présence du colt qui s'aligne dans son dos, juste sous son omoplate. Les yeux d'Edwin, eux, sont braqués avec cruauté vers l'énorme crocodile qui jubile devant la fortune de son patron. Sa respiration est sifflante, pénible, le sang séché sur ses vêtements et son visage n'est que le prélude d'hémorragies supplémentaires. Son temps est compté s'il veut une bonne fois pour toute écraser les ennemis de la Justice sur cette île. Il ne peut se permettre de perdre une seconde de plus, alors que la bataille entre les hommes de Gabril et les Drognars doit s'épuiser à l'orée de la cité.

De ce film vous ne serez pas le héros, cette fois, Martin. D'ailleurs, le rôle d'antagoniste vous va à merveille.

BANG !

Brixius… rattrapons Gabril.
N'OSE PLUS ME SUIVRE, ECTOPLASMIQUE PÉON ! Ne m'oblige pas à décaper ta fantomatique tête plus qu'il ne le faut !
Je préfère ignorer le fait que vous hurlez vers le néant. Suivez-moi et évitez de vous laisser ralentir, il en va de la survie de cette mission.

Il dit ça en lui empoignant l'épaule, Morneplume, enserrant de plus belle ses noueux doigts ensanglantés sur les loques défraîchies du Baron. L'instant d'après, les portes battantes grincent comme ils s'élancent sur l'avenue unique de Bull Town. Boulevard désert. Gabril a fuit vers la gauche, c'est là où ils le traqueront ! Le souffle rauque, le corps perclus de douleurs atroces, Morneplume grogne avant de courir de son mieux, suivit par les geignements éreintés de Brixius.

Ils courent, traversent une partie de la ville, sous les mortels dards lumineux du soleil, jusqu'à ce qu'une silhouette lointaine attire l'attention de Morneplume. Il plisse les yeux, distingue un Hector Gabril se traînant difficilement le long d'une longue échelle, le genou fracassé. C'est un énorme silo à grain, absurde réserve de nourriture ainsi postée aux abords de la rue principale, que Gabril escalade péniblement.

La moustache couverte de sueur, ses vêtements mouillés, sifflant comme un porc, ses grasses mains potelées le hissent d'un barreau à l'autre. Il jette un regard quelques trente mètres plus bas, où l'attend Jackie Finnway, monté sur son destrier, Bibliothèque, comme à son habitude. Une cigarette en bouche, il jette de nerveux coups d'œil aux alentours en attendant que son patron parvienne à grimper jusqu'au sommet de l'énorme structure agraire. À la base, c'était à lui que Gabril avait ordonné, il y a de cela plus d'une heure, de gravir le plus haut bâtiment de Bull Town, inquiétante tour pointant au sommet de la ville western. Satisfait à l'idée de pouvoir rendre service à son Boss suite à ses échecs successifs face au Baron Brixius, Finnway s'est rapidement rendu compte que monter une échelle, lorsque dans la psychologique incapacité de descendre de son cheval, s'avérerait un défi de taille.

Plus d'une heure durant, le cavalier a tenté par tous les moyens de faire monter les barreaux à Bibliothèque, sans que le cheval, pourtant motivé et brave, ne puisse poser plus de deux sabots sur la pente verticale.

Va falloir qu'vous fassiez l'sale boulot… mec… a-t-il annoncé à un Gabril crevé et haletant.
ET T'AS VU MON G'NOU ESPÈCE DE CONNARD  DE FILS DE VACHE À LAIT ?!
Désolé Boss… j'suis en incapacité professionnelle… mec…
EH BIEN J'TE BALANCERAI L'DÉTONATEUR AU MOINS ! ET TU IRAS FAIRE SAUTER L'TOUT DÈS QU'J'SERAI EN SÉCURITÉ !
Pas b'soin d'crier, mec...

Furax, grommelant, Gabril s'est donc évertué à grimper le long de l'échelle pour parvenir au sommet du silo. Silo qui s'avérait d'ailleurs à être la plus grande réserve de poudre à canon et d'explosifs en tout genre de l'île. Question de sécurité et de disposition optimale, tout le monde à Bull Town s'était mis d'accord, il y a de cela plusieurs années, pour que l'entièreté des éléments réactifs les plus dangereux de l'île soient disposés à un seul et même endroit afin que tout le monde sache où se fournir munitions et poudre.

Une décision que Gabril veut mettre à profit en faisant sauter le tout.

Si j'peux pas garder ma ville… alors personne la gardera !
Euh… mec… Mornepute se ramène…
Ferme-la et attrape ça ! lance Gabril en laissant tomber du silo un détonateur à pression, boîte cubique munie d'un classique levier. La mèche est assez longue pour que tu sortes de la ville avec ce truc ! File et j'te rejoins !
Mais… mec… y'a Mornepute et son putain d'démon lépreux… mec…
Dépêche ! J'dois descendre !
Comme tu veux mec…

Arrivant du même coup, qu'elle n'est pas la surprise de Morneplume et Brixius lorsqu'un Jackie Finnway chargé d'un détonateur file à cheval sous leurs yeux. Quittant les artères de Bull Town au plus vite.

Brixius ! Traquez-le et arrêtez-le !
SI TU OSES À NOUVEAU TE TARGUER DE POUVOIR ME DONNER NE SERAIT-CE QU'UN ORDRE…!
Il a un détonateur à la main, ils veulent faire sauter cet énorme silo !
COURAGE ! FUYONS !

Le collet mainte fois écrasé et étiré de Brixius se tord une nouvelle fois lorsque Morneplume s'y cramponne et soulève le Baron. Le vent de l'arctique souffle à travers ses iris, un éclair de frustration pulse aux tréfonds de ses pupilles habituellement vides. Il le tuerait, à cet instant. Il écraserait ou disloquerait sèchement ce cou rachitique et frêle, puis ensuite rejetterait lâchement le corps sans vie de cet ignoble être. Il s'assurerait de bien piétiner son cadavre pour que même l'âme (s'il en a une) de ce pathétique déchet humain reste à jamais prisonnière de ce corps putride et n'hante jamais qui que ce soit. Mais il a désespérément besoin de lui.

Ceci est le dernier ordre que je vous donnerai, Baron. Tâchez donc d'être véritablement utile pour une fois dans votre vie.

Laissant retomber le nobliau, Morneplume s'élance vers l'échelle du silo, qu'il commence à son tour à monter.

Cette fois, Gabril n'a nulle part où s'échapper.

Et si le silo vient à exploser. Eh bien ils exploseront ensemble.


Dernière édition par Edwin Morneplume le Dim 30 Aoû 2015 - 6:15, édité 1 fois
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PAR LES MILLES MYCOSES SACRÉES DES DRAGONS CÉLESTES ! MAIS DANS QUELLE ENTOURLOUPE ACÉRÉE VALÉRIEN M'A-T-IL PRÉCIPITÉ ?

Ce n'est guère la faute de ce brave bouseux à l'esprit vacillant. Valérien n'est plus que l'un des nombreux reflets incrustés en tes parois intérieures, lustrées comme un inquiétant miroir dans lequel on lit des années d'histoires sordides. Continues à courir.

Si cette amas de pourriture boisé doit terminer sa sinistre existence dans une gerbe de flammes, JE DOIS M'EN TENIR AUX PREMIERES LOGES ! ... mais guère trop près tout de même.

Je me doute bien que tu ne te plieras pas servilement à l'injonction de Mornepus. Quel est ton plan ? ... En as-tu un ?

Si un détonateur inquisiteur doit effacer cet lieu maudit de la souillée surface du monde, ce sera MOI et MOI SEUL qui l'activerai ! Je retrouverai cet infect CENTAURE DE CIRQUE et lui trancherai les POIGNETS pour récupérer le détonateur-ce SCEAU QUI EXORCISERA A JAMAIS CETTE MALVEILLANTE FANGE TERRÉE EN CES CONTRÉES COMME UN PLEUTRE LIEVRE SE VAUTRANT EN SON DOUX TERRIER, ENCERCLÉ DE SES PROPRES DÉJECTIONS !

JE SUIS LE SEUL HABILITÉ A PRONONCER LE JUGEMENT DERNIER DE CE FIEF DÉSHONORANT ET DE TOUT SES ORDURIERS RÉSIDENTS ! ET MON VERDICT TIENT EN DEUX MOTS : LES FLAMMES !

ET L'ARÔME DE SANG CALCINÉ DES GUEUX ET DES CHIENS S'ÉLEVERA HAUT PAR-DESSUS LES NUAGES !

COMME UN ULTIMATUM DÉCISIF A CETTE INGRATE PLEBE, ASSORTI D'UNE ODE A LA GRANDEUR DE NOTRE NOM !


Un projet absurde. A des lieux de cette insatiable soif d'or qui t'animait jusqu'ici. Enfin ! Procèdes à ta guise. J'abandonne l'idée de pouvoir redresser la barre d'une petite corvette folle et sabotée depuis le mât jusqu'à la soute tel que toi. Va donc t'empaler sur les récifs pointant à l'horizon, si ça te chante.

Et évite de perdre la tête. Celle de Valérien, j'entends. Elle se balance dangereusement au bout de tes doigts griffus et calés comme les serres d'un faucon galeux. Sa barbe pourrait se déchirer, tu ferais mieux de la transporter par le nez, par son grossier et phallique organe nasal. Hinhin.

Bon, rattraper Finnway. Est-ce bien son nom ? Nommons-le le saltimbanque au canasson, pour être certains de ne pas s'orienter sur de fausses pistes. Il est parti galopant en bordure de la ville. Grâce au gigantesque fil répandu dans les ruelles, assorti de rails de grands pâtés de sable levé par les sabots de la bête enragée, nul besoin d'un esprit particulièrement rompu à l'art de la chasse pour le suivre à la trace.

Ce fil, cette mèche... Balty ? La matière grise de Grabill est assurément concentrée en sa grasse bedaine et doit s'asphyxier sous son épaisse tripaille. Une paire de ciseau suffirait pour éventer tout son Finale nihiliste.


Ghinhinhin ! Les petits esprits se rencontrent, à force de tourner en rond dans leurs bocaux rempli d'ego croupi à la manière d'écervelé poissons rouges ! Ce gros bourgeois au ventre boursouflé contemplera l'odieux primate galonné s'embraser dans la MÊME BOUFFÉE INFERNALE PURIFICATRICE que lui !

D'un point de vue spectacle, conclure cet interminable comédie sur une explosion libératrice est certes la meilleure option. Des effets spéciaux lumineux en pagaille, une agréable chaleur sur ta peau tannée par des strates de crasse à en ébouriffer les géologues, des cris brisés, cent ans d'Histoire anéantis en quelques secondes par la folie d'un seul rat, et des cadavres réduits en poussière en un immense feu de joie... Un délice. Féerique barbecue. Je m'en lèche les babines d'avance.

La mèche te conduit droit vers le capricieux destin de cette île. Te voilà à l'entrée... Est de la pouilleuse cité, si j'en juge par le soleil qui, las de son zénith, amorce sa chute en ta direction. Telle une grande vipère sifflante de désir. Le câble se prélasse sur et sous le sable granuleux doucettement malaxé par le vent. Cela souffle, aujourd'hui, hm ? Ta tignasse ne te répond plus, et ressemble à une grotesque serpillière frénétique qui n'obéit plus qu'au sens des ardentes bourrasques. Comme si la nature elle-même était impatiente de contempler Bull Town se désintégrer, cette hideuse pustule de bois mort surgissant des croûtes du désert !


FINNWAY ! JE TE VOIS, ENFOURCHÉ SUR TON ÉQUIN CHACAL !

Bien sûr, très visible. Planté au sommet d'une petite dune, il projette son ombre sur ton visage. Et fait la sourde oreille ! Quelle arrogante mise en scène !

REGARDE MOI QUAND JE TE CHARGE, ÉCUYER PEU MANIÉRÉ !

En sa direction tu gambades, les coutelas tournoyants. Prends garde à ne pas te purger les poumons sur la colline, Balty ! Comment résisteras-tu aux assauts conjugués de ces deux animaux là-haut, si tu n'as plus aucun souffle à leur opposer ? Ménage-toi, car les derniers combats, sous ce soleil décapant, se présentent incandescents ! Lorqu'enfin tu te hisses à son niveau, ce n'est plus que deux gourdes sèches et rapiécées qui palpitent en ta poitrine. Peu importe ! Profites de ce fumeux interlude que je sens arriver avant le plat de résistance de ce courtois banquet de chair humaine ! Ce cavalier moisi continue à t'ignorer, le regard chutant sur l'humble Bull Town en contrebas, en proie à d'immondes convulsions sous forme de fracas de fer, de poudre et de feu. Bientôt, tout cela s'éteindra -à jamais-.

Tu réapprends à marcher, crachant des glaires réduites en vapeur aussitôt qu'elles embrassent le brûlant tapis du désert. Ce n'est plus qu'une méduse enduite d'une fétide sueur que tu transportes sur ton cuir chevelu. Une jungle de puces et de parasites féroces ! Des cascades courantes sur ton front, une langue si sèche qu'elle en devient elle-même sableuse. Ta peau croûteuse devient canyons dans lesquels dérivent des trombes de sueur.

Mais ton ardente haine surpasse en tout point la maigre performance de la chaleur naturelle.
Enfin, la voix rauque de ce cavalier de pacotille résonne à travers l'air brillant.


C'est là-d'dans qu'on est nés, mec. Dans cette foutue tanière de tarés, ouais.
Dois-je comprendre que tu veux que je t'arrache les organes pour les envoyer en brochettes à l'horrible mégère qui t'a déféqué ?
Bull Town, c'est tout' not' vie, à moi et à Bibliothèque. J'vais avoir du mal à appuyer là-dessus, mec. Juré. C'serait comme me dynamiter l'coeur, mec.
Dans ce cas, laisse moi t'épargner cette douleur AINSI que celles qui SUIVRONT et qui seront à base de double vivisection. Je vais purger ton FANGEUX BERCEAU !
... Ghein ? C'ça, les ordres d'la marine, mec ? Raser Bull Town ? Et décapiter c'blaireau d'Valérien ? J'l'aimais pas, c'mec, mec. Mais j'souhaiterais à personne de clamser entre les paluches d'un tas de merde dans ton genre, mec.
Ce sont MES ordres ! Crois-tu que la naïve justice de la marine est capable ne serait-ce que m'effleurer, MOI, le... QUI DONC INSULTES-TU D'AMAS D'EXCRÉMENTS ?
Bah, mec. Tu dois crever, d'toute façon. Espère pas une seule seconde que j'te laisserai la destruction d'ma cité d'enfance, mec. C'que t'as fais à Bibliothèque, c'était...
...
... obscène.
L'honneur du destrier d'un vrai cow-boy, mec, c'est au-delà d'la valeur de ton p'tit cul. Crève, mec, DANS LA DOULEUR !


Son fusil, ce vieux fusil qui t'a tant épluché l'instinct de survie avant-hier ! Il crache, et recrache, sa sève mortelle tandis que l'affreuse bestiole se rue en ta direction, faisant fi de ce sable qui se déroule sous ses sabots. Des hennissements furieux, un cri de guerre puisant sa force dans les méandres d'un coeur inondé de rage. Toi, serpentant sous les brumes de sables levées par les tirs de Finnway.

Qu'en dis-tu, Maman ? Devrais-je avant tout broyer leurs esprits ou déchiqueter leurs coquilles ?

Oh, moi, c'que j'en dis...
VAS DONC T'EFFACER DANS LES LIMBES, VALÉRIEN !

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Alors que la coupole métallique du silo gagne en teintes orangées et en ardents reflets solaires, il se hisse au sommet de la tour. Le métal est brûlant sous ses mains calleuses, le vent soufflant à cette hauteur l'est d'autant plus. Quelques gouttes de sang perlent de ses blessures et s'écoulent sur le reluisant toit du silo. Fatigué, haletant, Morneplume lève une mine grave vers un Gabril courroucé.

Rrrrrraaaah ! POURQUOI TU PEUX PAS T'RÉSOUDRE À CREVER ? QU'EST-CE QUE T'AS FAIT À MARTIN !?
Je l'ai occis au nom de la Justice, Gabril. Et c'est d'ailleurs le même sort que je vous réserve.

Ils font peine à voir, ces deux vieux affalés sous le poids de leurs blessures. Gabril boitillant péniblement, une main toujours crispée sur son genou pulvérisé. Morneplume, le torse en charpie, le visage couvert de sang séché, les cheveux et la barbe devenus beiges de poussière. En grognant avec effort, Edwin lève son colt à deux mains pour le braquer vers le maire de Bull Town. À croire qu'un geste aussi simple peut lui demander tant d'efforts. L'arme tremble entre ses mains, la gâchette se fait lourde à presser, la silhouette de Gabril se fait brouillonne.

Ça sert à rien Morneplume ! De toute façon, t'es déjà mort ! Les carottes sont cuites pour toi aussi, méhohoho ! Cette ville va exploser dans quelques minutes, avec ou sans moi !
Hm… Sachez que tout n'est pas joué, Gabril. Toutefois, votre existence est inévitablement vouée à un destin funeste.

BANG !

Incapable de tenir l'arme solidement, le recul du tire fait basculer légèrement Edwin. Le plomb part, file à travers l'air et siffle contre la tempe d'Hector.  Il se décale avec surprise, couinant de panique. Il titube, perd l'équilibre puis tombe mollement contre la coupole du silo. Une main file vers sa poche, puis c'est un cigare embrasé qui fond vers Edwin. Le tabac brûlant lui percute le visage, l'aveuglant momentanément et lui faisant perdre pied ! La suie et les braises se répandent sur son front comme un feu dans une savane, agressant sa peau d'une légion d'aiguilles à la chaleur lancinante. Les tympans saccagés par le tir, Gabril roule au bas de la coupole, tentant de son mieux de se retenir sur la surface glissante. Morneplume fait de même, s'agrippant par des mouvements saccadés à la surface bien trop lisse.  Après maintes tentatives paniquées, ils parviennent tous deux à se hisser sur leurs pieds.

Même pour Edwin, une chute de cinquante mètres serait de trop.

Il braque à nouveau son colt vers Gabril, mais est surpris par un nouveau cigare filant à toute vitesse dans l'air. Malgré sa grotesque corpulence, il semble que le maire de Bull Town soit passé maître dans l'art de la précision. Si bien que le fulgurant projectile s'écrase douloureusement contre les mains d'Edwin, explosant dans une myriade vengeresse d'étincelles. Edwin grogne, les mains calcinées, alors que son arme tombe contre la coupole et glisse vers le vide. Il s'élance pour l'attraper, tendant une main désespérée vers l'arme, mais c'est plutôt la botte de Gabril qu'il rencontre, le talon venant lui broyer la main.

Aarg…
Méhoho… ! Ça s'annonce moins bien non ?

Le cuir de la botte s'écrase avec violence contre le nez de Morneplume, irradiant son visage d'une énième vague de souffrance avant de le faire basculer vers le vide. Edwin roule, les doigts tordus et brisés, avant de basculer au bas de la coupole. Dans une ultime tentative, sa main valide cherche une aspérité, la trouve, ses doigts noueux se cramponnant à cette prise salvatrice. Les jambes dans le vide. La main pendant mollement contre son corps. Le choc de tout son poids se répercute douloureusement dans son bras alors qu'il se retient de tomber. Ses seuls doigts le préviennent d'une chute de cinquante mètres. Se balançant aux dépends de ses doigts aux jointures blanchies, Morneplume ne peut que constater la distance le séparant du sol.

Méhohohoho ! Voilà une position précaire. ricane un Gabril boitant vers Morneplume, un cigare brûlant entre les doigts.
Hggnh… Il gémit, Morneplume. Il gémit car il sent ses doigts glisser contre le métal. Il gémit car il sent la morsure des braises du cigare contre son index.
Méhéhéhoho ! Un doigt à la fois, pour que tu voies d'avance c'qui t'attends… la mort ! Il jubile, Gabril. Il jubile car accroupi devant Morneplume, il s'amuse désormais à écraser son cigare sur un doigt à la fois, voyant la mort de son ennemi juré approcher avec délectation.

Edwin, lui, ne sent plus que sa main. Sa main tendue et frappée par les crampes et les brûlures. Sa main ; dernier rempart face à la mort dont il sent déjà les mains glaciales le tirer vers le bas. Cette main dont il perd un doigt à la fois, goûtant à la corrosive morsure du feu sur ses phalanges et ses ongles. Il lève les yeux vers Gabril. Et pour une fois. Une seule fois. on croit y déceler une once de désespoir. Il ne peut pas échouer. Cet acte-même ne lui est jamais passé par la tête. Échouer ? Impossible d'échouer à appliquer la Justice, croyait-il. Impensable pour Morneplume de ne pas parvenir à accomplir une mission, à éliminer les despotes du Mal. Et pourtant. Désormais, il n'y a plus que cette main qui le prévient de l'échec. Cette main qui, petit à petit, s'amenuise en force, alors que ses doigts ne sont plus que chair brûlée.

Alors, Mornepute ? Un dernier coup d'cigare pour la route ? nargue Hector Gabril en approchant les braises des yeux d'acier du Lieutenant.

Il n'y a plus que sa main.

Sa main qui s'envole. Et plonge. Elle s'envole et plonge et traverse les airs si vite que tu ne saurais pas comment. Que si tu le voyais tu te dirais "mais comment il a fait ?" Elle s'envole et elle monte dans les airs comme la serre d'un rapace, mais en plus brûlé, si vite que tu te demanderais même si à cet instant il n'est pas devenu faucon. Elle s'envole comme ça parce qu'elle a une cible et qu'elle veut la gagner cette cible. L'agripper à mort et la garder pour toujours. Sa main qui s'envole et plonge et traverse les airs.

Et s'empare du cou d'Hector Gabril.
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J'ÉTENDS MON EMPRISE JUSQU'A TES PUTRIDES VEINES CAVES !
DÉCALE, BIBLIOTHEQUE ! IL VA NOUS CHIER SES POUVOIRS MAGIQUES, MEC !
HIIIIIIII !

SUPERBIA !


Couru d'avance. Le serpent file dans les cieux, se repaître du coeur d'un fier vautour, ou d'un nuage peut-être. Te servir d'un si minutieux et subtil don dans le feu de l'action n'est guère la plus adaptée des stratégies, Balty. Tu t'y es pris trop tard. C'est à tes dagues que tu dois remettre son sort -et le tien- désormais.

Dangereux et bizarre, mais prévisible, mec. C'est du gâteau. Du gâteau au foin.

Son cheval, une guillotine ensabotée, t'expose dans toute sa faiblesse son musculeux abdomen. Mais ce n'est pas cela que tu admires, mais bien ces grandes pattes qui s'abttent comme une hache sur ton ridicule petit corps taillé en allumette embrasée ! La partition se répète, une troisième fois. Vous commencez à vous connaître, à force de jouer ensemble de biscornues symphonies de douleur, d'horreur et de grotesque. Vous connaissez mutuellement vos instruments. Et cette musique, dont les notes s'alignent trop sagement, ne porte rien d'original ; si bien que la lassitude me guette. Hmmf.

Tu esquives, donc, bien sûr. D'une roulade pataude. Avant de suivre le mouvement de l'orchestre d'une vive dague toute aussi maladroitement projetée, qui frôle le jarret de l'hideux poney en ne lui mordillant qu'un infime poil. Mal parti, bien trop mal ! Tu dois le surprendre, Balty ! Sinon, tu passeras ton éternité au sommet de cette colline à suer en choeur tout le pus de ton corps en compagnie de ce zélé templier de la fange !

Durant le mouvement de ruade, le cavalier recharge son fusil. La symbiose entre ces deux bestioles est épatante, passablement admirable, même : on dirait que leurs bulbes sont connectés et réagissent l'un aux cabrioles de l'autre. Ce genre de lien, Balty, appuie toutes mes théories concernant la vaine nature animale de l'Homme, son arrogance balbutiante au centre d'un bac à sable dans lequel il observe jouer des milliards d'espèces vivantes bien plus âgées et expérimentées que lui ; mais souvent bien moins meurtrières. Notre Finnway est l'une des calamités humaines qui sont parvenu à infecter d'autres créatures de leur âme polluée. Si bien que son cher canasson aux allures de mulet noble développe désormais des réactions typiquement humaines.

Plonge dans ces deux perles brûlantes d'un bleu incandescent, Balty, qui surmontent un museau ronflant et vibrant avec la virulence d'un moteur de rouleau compresseur. Et oses prétendre que cette grosse pièce de viande n'est pas parvenu à se dénicher une âme goûtant l'acide saveur humaine !

Comprends-tu quelle porte j'essaye de te tenir ouverte en espérant que tu viennes la visiter ?
Son cheval n'est pas une bête. C'est un homme encastré dans l'écorce d'une bête.
Donc, cette bête, ou plutôt, cette fausse bête... a des faiblesses humaines.


Je ne comprends pas ! Maman ! Me suggères-tu d'insulter sa vile monture ?
'Sont vexants, tes monologues avec tes voix intérieures, tu sais ça, mec ?


Ils sont comme frères. Si l'un des deux tombe, l'autre chute avec.

Tu as compris. Oui, je sens que pour une fois... Tu sais ce que tu dois faire. Ne me déçois pas.

Tandis que de nouvelles vapeurs ensablées s'élèvent suite aux cartouches plongeantes dans le sol du désert... tu profites du minuscule intervalle de confusion qui se glisse dans la bataille pour empoigner une pelletée de sable.
Venir au contact de l'animal tandis que son maître recharge, surgissant tel un prédateur du nuage de poussière.
Et lui plaquer ton sable, sous les paupières. Lui déverser cette ardente épice dans ces tendres globes aqueux qu'il était bon d'aspirer à la paille, du temps où ces petits plaisirs ponctuaient mon existence.

Ses sabots partent tous azimuts et l'un d'eux part te tamponner le ventre, imprimant un large fer autour de ton nombril. Il paraît que ça porte chance ! Des hennissements de souffrance giclent du museau aveugle du canasson. Et Finnway commet l'irréparable. Il extirpe de l'une des poches de son crasseux veston un chiffon, et entreprend de soulager les peines de son impertinent animal...

... plutôt que de te surveiller.
Toi qui te relève.
Toi dont la haine macère.
Toi qui esquisse ce routinier rictus qui sonne toujours le glas d'une existence.
Toi dont les boyaux tassés sous les décombres de ta cage thoracique par ce sabot.
Toi aussi souffrant, mais dont la brillante hargne éclipse les affres de la douleur.
Toi qui collecte toutes tes forces pour prendre de l'élan,
Toi qui bondit, toutes lames dehors.

Bibliothèque ! Bordel, tu vas payer pour ça, mec ! Tu vas criss... Q... PUTAIN DE-

Tu t'abats sur son flanc avec la vélocité d'une balle de fusil. Ce sont tes lames qui embrassent en premier ses côtes, tandis que le poids de la frêle quincaillerie qui te sers de corps les suivent de peu et le désarçonne pour de vrai. Ensemble, vous vous retrouvez couchés et meurtris sur la brûlante poêle du désert. Lui mijote dans son hémoglobine ! Et tandis que tu recouvres tes esprits, probablement fort endommagés par la foudre après t'être permis un tel inhabituel éclair de génie, lui affiche une mine paniquée. Son visage auparavant si orgueilleux fond et dégouline comme un vieux masque de cire, il ne lui reste que l'expression de la plus primale des angoisses, la frayeur de la Mort dont on entend les pas se rapprocher de nous. Et alors qu'il tâte la plaie, ou plutôt, la CAVERNE BÉANTE qu'ont creusé tes coutelas en son flanc droit, il hurle, en choeur avec les hennissements apeurés de son canasson toujours aveuglé :

AAAAAAAAAH ! ÇA VIRE AU DRAMA, MEC ! LA TERRE FERME ! LA TERRE FERME, J'AI RIEN A FOUTRE ICI !
COURS, BIBLIOTHEQUE ! COURS ! T'EN FAIS PAS POUR MOI ! SAUVES TOI !

Mais qu'est-ce q... Tu fais quoi ? Oh non ! NON ! NON, BIBLIOTHEQUE, NON !


Hinhinhin.

Dernier acte de bravoure du mulet frustré : il te charge. Il semble avoir suffisamment recouvré la vue pour adopter une trajectoire d'une précision millimétrée. Hinhinhin ! Si touchant, si sarcastique ! Il vole au secours de son maître, qui n'a pas su le protéger, ni sauvegarder leur franche amitié ! Il a baissé sa garde le temps d'une pincée de secondes, mais ! Face à toi, une pincée de secondes équivaut à une éternité de damnation !

Tu te relèves, tranquillement. Comme si le temps autour de toi se figeait, tu contemples un instant ton oeuvre. Les intestins coulant du ventre de Finnway et s'entassant en spirales de velours, à la façon d'une appétissante crème chantilly. Puis ce cheval. Cette ignoble animal qui a autrefois piétiné ton honneur. Tu armes tes dagues, tu l'attends. Quel sursaut de confiance, Balty ! Ne vas pas te plaindre si cette bourrique désespérée te réduit en un toxique hachis ! Je t'aurai prévenu de trop nombreuses fois : lorsque la confiance n'est qu'une muraille que tu bâtis autour de ton incompétence pour la masquer au reste du monde, elle est toute aussi friable qu'un vulgaire fétu de paille !

HIIIIIIIIIIIII !
TU NE CROIS PAS SI BIEN DIRE, GRANDE CARNE PÉRIMÉE !


Ton serpent d'acier fiché dans son cou, lui arrachant un soupir gargouillant. Toute l'inertie de sa charge partie en un dernier hennissement de détresse ! Le sempiternel réseau de câbles s'enfuyant de la trachée aérée de l'animal, qui s'éloigne de toi en boitant, désirant pathétiquement rallier le regard choqué de son dresseur -et ami-. Burlesque ! Ah, si j'avais des poumons ! Je pourrais ricaner à m'en retourner le gosier ! L'as-tu vu s'écraser, cette bourrique, la gueule muette et ruisselante de sauce tomate, à deux foulées de son cow-boy ? Il a failli atterrir sur ce lasso ! Enfin, ce lasso... Ses intestins ! Une simple façon imagée et thématique de décrire cette merveilleuse horreur dont tu infliges ce désert si paisible, et si stoïque ! La nature est décidément le théâtre de toutes les tragédies humaines !

Tu offres un copieux banquet à messieurs-dames les vautours. Au-dessus de vous, ils tournoient, croassant de plaisir.


Nan, nan... Ça peut pas s'finir comme ça... On aurait du crever ensemble, mec...
Manque de chance, je ne suis guère disposé à alléger tes supplices ! Vides toi donc tandis que j'anéantis ton odieuse cité, et hurles aussi fort que possible ! Le désespoir d'un prétentieux figure dans les sonates les plus douces que ce monde a à m'offrir !

Grimaces nées d'une mixture de tristesse, de colère, assaisonné d'une sinistre imminence de mort !
Ses boyaux coulent, comme de la crème chantilly, disais-je. Mais ce qui parachève sa douleur, c'est sans aucun doute la carcasse fondante étalée à ses côtés. Son fidèle canasson ne sera même pas là pour l'accompagner dans ses terrifiants derniers moments ! Je me délecte de cette si cruelle ironie !

Nous naissons seuls, nous vivons seuls, nous mourrons seuls. L'amitié et l'amour sont les seules catins aptes à nous tromper à ce sujet. Notre brave garçon vacher, somnolent sur son matelas de tripes, fait l'ignoble expérience de l'ultime solitude ! Magnifique perversité !

Dirais-t-on que tu as pour de bon fracturé le coeur d'un cow-boy. Vénérable tableau de chasse.


Et UNE NOUVELLE PRIME, UNE ! Me besogne achevée, je collecterai leurs têtes à tous les deux ! Je finirai enseveli sous les trophées, ghinhinhin ! J'ABSORBE le sang de chacune des impures engeances roturières que j'occis. Je le SENS ! PETIT A PETIT, JE GRANDIS EN FORCE, EN INSTINCT ET EN INTELLECT ! DES "LIMITES" ? GHINHINHINHIN ! UN CONCEPT ABSURDE CHEZ UN ÊTRE INFINI !

Où donc est tombé MON détonateur ? Ce DRAGON que je m'empresse de partir dompter et qui m'aidera à nettoyer ces contrées EN UN UNIQUE SOUFFLE INCANDESCENT ! Mon pouvoir, si VASTE, si GRAND, me surprend moi-même !
Lovés en mes paumes, implorant grâce, IL ME SUFFIT D'UN GESTE POUR PRÉCIPITER DANS LE NÉANT CES MILLIERS D'INSECTES FOURMILLANT DANS LES RUELLES DE CETTE VILAINE CITÉ !

OH OUI, CETTE VILAINE CITÉ ! Je vais l'éradiquer, et ainsi EMBELLIR le paysage ! OUI OUI ! JE FACONNERAI LA PLANETE A MON IMAGE : SOBRE, BRÛLANTE, ÉLÉGANTE, UN REFUGE POUR L'ÉLITE QUE J'AURAI MOI-MÊME SOIGNEUSEMENT SÉLECTIONNÉ !

Car me voici suffisamment PUISSANT pour affronter Pandémonium, capitale des enfers !

Meuh non, c'que Bull Town, c'patelin pourri ! C'moins luxueux qu'Pandé... Et pas beaucoup mieux fréquenté.

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Il peut sentir la trachée qui se bloque sous la pression, la jugulaire puis la carotide qui se gonflent. Les yeux de Gabril menacent de sortir de leurs orbites alors que son visage gagne en teintes rosées. Un instant, il comprend avec terreur qu'il ne pourra plus s'échapper, éternellement prisonnier des serres du Lieutenant. L'instant d'après
il tombe.

Entraîné dans sa chute avec Morneplume, les deux sombrent vers le sol dans une étreinte vengeresse. Edwin qui ne peut se résoudre à lâcher sa prise, Gabril cramponné avec panique à l'étau qui broie son cou et lui coupe l'oxygène. L'air chaud et la poussière leur gifle le visage, si bien qu'ils croiraient plonger dans la fournaise d'un volcan. Gabril cogne désespérément sur les doigts soudés d'Edwin, tentant de le faire décrocher par toute les violences inimaginables. Lui, impassible, ne fait qu'encaisser. Il a le regard vide de la dernière chance, ignorant tout du monde alentour, ce qu'il lui reste de concentration braquée sur cette main qui ne bouge et ne bougera jamais. Ils pourraient sombrer durant deux cent autres mètres qu'il ne lâcherait jamais, préférant écraser complètement le cou du maire plutôt que de lui laisser une traître chance de s'en sortir.

Ils tombent.

Puis s'écrasent.

Une trombe de sable se soulève lorsque les deux corps percutent le sol. Une pluie de poussière est rapidement balayée par le vent, découvrant peu à peu le paysage laissé par la chute. Morneplume se relève doucement, dans la plus grande peine, alors que sous lui git le corps mutilé d'Hector Gabril. Il a amorti sa chute avec la grasse carcasse du maire. Il peut sentir partout dans son corps les traces horriblement douloureuses laissées par la chute, mais au moins, il est vivant. Titubant avec peine, devant s'appuyer contre le silo pour tenir debout, il attend dans le silence de Bull Town que quelque chose se passe. Que quelqu'un vienne.

Et quelqu'un vient.

Rapace de Fer ! La bataille contre les hommes-vaches s'est soldée par une victoire ! MacNessca a vaincu Deckard White de son côté !
Hm… Roc Martin et Gabril sont hors d'état de nuire… kof ! kof !
Il crache une épaisse glaire de sang, puis tangue avant que Nnara ne le soutienne, plaçant un bras sous ses hautes épaules.
J'ai aperçu le Coyote Fou au sommet d'une dune, loin vers le désert. Serait-il un déserteur ?
…Non… Il devait se débarrasser de… de Jackie Finnway….
L'homme-cheval ? Il gisait dans ses propres tripes au bas de la dune !

Alors qu'est-ce que le Baron peut bien toujours faire là-haut ? Hm. Un éclair ravive la froideur du regard d'Edwin. Avec un air sombre, il grogne de dépit. Ça y est, Brixius l'a encore trahit. Et c'est bien la dernière fois qu'il ose.

Nnara ! Vous devez faire évacuer la ville, l'heure est grave. Fuyez vers la dune. Je m'occupe de Brixius.

S'il ose faire exploser Bull Town par lui-même… Dieu sait ce qu'Edwin lui réservera.
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Ce bijou... Minutieuse petite machinerie... Instrument de justice !

Tu ferais mieux de te hâter, Balty. Presses ce levier et qu'on en finisse. L'ambiance de cette île commence à m'exaspérer, et nous avons épuisés tous les trésors de vice qu'elle pouvait renfermer. Il est l'heure de passer à autre chose, nous avons tant d'autres félins à fouetter ! Les tigres ronronnent en t'attendant de par les mers !

Je te demande une dernière once de patience, Maman ! Que je savoure ce TRIOMPHE, PLEIN ET COMPLET !
A la première consommation, cette aventure m'a d'abord laissé une forte et déplaisante AIGREUR en bouche.
Mais désormais... Douce saveur de revanche ! Cette excursion devient une véritable friandise pour mon STATUT !
Une piqûre de rappel au monde entier, qui tend trop à oublier...
... que je suis noble. Que ma naissance m'a naturellement catapulté par-delà les laborieuses frivolités de la masse.

La masse... Je patauge dans sa boueuse bassesse depuis trop longtemps déjà.


Tsssk. A ta guise. Mais tu n'as guère l'éternité devant toi. Si Mornepus parvient à s'échapper du brasier que tu laisses mijoter, il pourrait gravement infecter ton avenir. Imagine s'il interférait pour te primer ? S'il te bousculait de l'autre côté de la si floue frontière entre prédateur et proie ? C'est un concept que tu ne connais guère : la prudence. La prudence met le bon sens au service de l'instinct de conservation, pour contourner les dangers plutôt que de prendre la peine de les affronter, épargnant des usures superflues. Mais surtout, la prudence te permet de choisir sur quel sentier t'engager plutôt qu'arpenter ton destin aléatoirement...

La prudence... Hmff. Tu l'ignores, à la façon de ces parasites qui transforment ton intérieur en jungle fétide. Sauf que la prudence te murmure de bons conseils, elle, contrairement à la faune de ton ventre.


Mais Maman, lèves les yeux, contemples cette mignonne petite cité et constates ! La prudence ne serait qu'un frein à la toute-puissance sur laquelle j'embarque aujourd'hui ! Une terrible bête, ma MONTURE, m'emmenant vers un glorieux horizon ROUGE DU SANG CRIANT DES ROTURIERS !

Révises tes plans, incandescent petit cierge excité.

Morne... Mornepus...

Oui, en bas. Air déterminé, poings denses comme deux masses d'armes. Un regard glacial qui grimpe jusqu'à toi, et qui bride la température d'une grande fournée de ses degrés exagérés. Il est évident qu'il a deviné ton plan. "Plan"... Disons qu'il a cerné dans quelle folie tu t'engouffrais pour rendre orgasmique le dernier acte de ton épopée... pour être exact. Stupide rabat-joie ! Quand donc déssereras-t-il l'étau qui lui fait office de fesses, celui-là, pour jouir en bonne conscience des petits plaisirs explosifs de sa périssable vie ?

F-FÉLON ! INCREVABLE GOLEM ! PLUS UN PAS ! TE CROYAIS-TU CAPABLE DE TE DÉROBER A MON OMNISCIENCE ?
DES YEUX DE FAUCONS INCRUSTÉS FACE A UN CERVEAU BIEN LUSTRÉ ! JE VOIS CLAIR EN TON JEU ! MAIS PUISQUE J'AI LE DÉTONATEUR, TU NE PEUX QUE PERDRE SI TU NE TE PLIES PAS A MES REGLES !

"Mon jeu", Baron ? C'est plutôt du vôtre dont je suis venu parler. Si vous détruisez Bull Town, vous pouvez être sûr d'être le suivant à tomber.
Q-Q-BLUFF ! REGARDES-TOI ! TU N'ES QU'UNE PASSOIRE D'OS CREUX ANIMÉE PAR LA MAGIE NOIRE !
IL ME SUFFIRAIT DE... DE...

De ?
RAAAH ! TU NE M'EMPÊCHERAS PAS DE REDORER MON BLASON, MON SI VAILLANT BLASON, FIGURE DES ÉDIFICES ÉRIGÉS PAR MES ANCÊTRES !
LES TIENS, QU'ONT-ILS FAITS ? POURQUOI TE TIENS-TU ICI, AU PIED DE LA DUNE QUE JE SURMONTE -QUE J'AI CONQUISE !- ? PARCE QUE TU N'ES QU'UNE ENGEANCE VULGAIRE ÉMERGÉE D'UN MÉPRISABLE TROUPEAU ! RIEN ! TU N'ES RIEN ! RIEN, SALE GORILLE ! NÉGLIGEABLE ! DISPENSABLE ! INVISIBLE ! ET MOI, JE TIENS TA CARRIERE ENTRE MES MAINS ! CES MAINS DANS LESQUELLES COULENT UN PUR SANG BLEUTÉ !
Allons-nous vérifier ensemble la couleur de ce sang ?

Te terrant tremblant derrière le détonateur...
Tu es pathétique. Tes promesses d'un Finale grandiose s'éteignent sous une douche glaciale. L'urine de Mornepus réduit cette ardente dignité que tu t'appliquais à restaurer en bouffée de fumée.


Si tu me tires dessus, CROIS BIEN QUE JE M'APPLIQUERAI A FAIRE DE CE DÉTONATEUR MON TRÔNE !
Tu m'as bien amusé, mécanique primate, MAIS JE VAIS MAINTENANT DISPOSER DE TOI !
DE TOI, ET DE TOUTES CES RACLURES QUI ONT OSÉ BAFOUER LES MAILLES DE MON IMPLACABLE FILET !

VALÉRIEN ! FINNWAY ! GRABILL ! PUIS TOI ! DES MILLIERS DE TÊTES DRESSÉES SUR UNE FORÊT DE PIQUES ! VOILA MON SANGLANT HÉRITAGE ! VOILA MA JUSTICE ! UNE JUSTICE D'ORDRE DIVINE !

Tu vois ce ciel d'un bleu océanique ? Il m'APPARTIENT ! MON SANG A DESSINÉ CE MONDE !


Par tous les totems de la vallée des Vénérables... Coyote Fou a...
Perdu la boule. Comme Valérien. [Avertissement : Réutilisation non-autorisée de blagues. Fuite d'inspiration grave dans le générateur de Jeux de mots.]

Un grand public se dévoue à toi cet après-midi, avec l'arrivée haletante des drognars ! Tu es un psychotique éléphant, qui dans sa démence s'apprête à fracasser les piliers fondateurs de ces piteuses terres !
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Brixius. Ne commettez pas cette erreur.

Admirez MON œuvre ! Corniauds !

Le levier du détonateur s'abaisse sous les mains de Brixius.

Le colt de Morneplume crache le feu.

Un cratère de sang crève les loques du Baron.

Une onde de choc monumentale renverse les Drognars et le Lieutenant.


BOUUUUUUUUUUUUUMMMMM !!!!


Le silo, au loin, semble gonfler avant de se fracturer de toute part. L'incompréhensible quantité d'explosifs contenue dans le bâtiment s'enflamme dans une bulle infernale qui a tôt fait d'engouffrer en son ventre toutes les autres bâtisses des environs. La muraille de flammes, propulsée par la colossale déflagration, gravit le désert jusqu'aux abords de la dune, où tous gisent avec peine. Là où se trouvait le silo, il n'y a plus qu'une terre noire et vide de tout, les autres structures aux alentours ayant aussi été balayées par la force de l'explosion. Sur les ruines de Bull Town s'accrochent désormais de longues plaques de braises et de braseros hors de contrôle. De la ville s'échappe vers les cieux une épaisse bulle de feu qui a tôt fait de se dissiper dans l'atmosphère.

Bull Town est détruite.

…Bull Town est détruite, mais Hat Island est pacifiée, bien évidemment, mon Commandant. Les Pistoleros ont été écrasés par la Justice. Je me suis personnellement occupé d'Hector Gabril ainsi que de Roc Martin, et ai reçu l'aide d'un autochtone pour la capture de Deckard White. Martin et Gabril sont bien froids, mais White lui est désormais prisonnier des calles du croiseur. Cain Black, lui, a été retrouvé en convalescence à Exact Town, il sera bientôt lui aussi acheminé jusqu'à moi. Jackie Finnway ? Mort. Concernant les deux survivants, j'ai pris la décision de laisser leur sort entre les mains de MacNessca, le nouveau leader de Hat Island.

J'ai cru comprendre au détour d'une mauvaise blague de second degré qu'il comptait très probablement leur faire passer la corde au cou.

Hm… Mh… Oui, je suis aussi bien affligé par de tels dommages collatéraux, Commandant Toffel. La faute à ce damné de Balthazar B. Brixius. À ce propos, je demande à ce qu'il soit radié des registres des Chasseurs de primes, en plus qu'il soit jugé et incarcéré. Cet homme est dangereux. Il porte déjà les chefs d'accusation suivant : Hm… Entrave à la Justice. Coercition envers un représentant de la Justice. Meurtre de masse. Destruction de masse. Utilisation dangereuse d'un fruit du démon. Et… utilisation abusive de violence verbale…

Hm. Oui. Je laisserai un convoi se charger de le mener jusqu'à Enies Lobby, pour l'instant, il est muselé et entravé au fond de la calle du croiseur. J'ai insisté pour qu'on lui passe une camisole de force. Je suggère qu'on le mette sur la route de Mile High Purgatory dès sa condamnation.

Hm ? Vous dites ? Marie-Joa ? Pour recevoir les honneurs dus à l'annexion de Hat Island ? Je m'y rendrai le plus tôt possible, Commandant Toffel. Néanmoins, je suis toujours en convalescence et ne sait lorsque je pourrai à nouveau me déplacer convenablement. Je préfère attendre l'arrivée des autres renforts ainsi que des colons que l'on a dépêché vers les restes de Bull Town.

… …. ….. Oui… Il est tout à fait déplorable que vous n'ayez pu me prêter main forte…. Commandant Toffel… Hum.

Bonne fin de journée Commandant.

Morneplume, terminé.
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Lâchez moi ! LÂCHEZ MOI ! CESSEZ VOS SIMAGRÉES ET ÔTEZ MOI DE SUITE CET ACCOUTREMENT RIDICULE ! JE NE SENS PLUS MES HONORABLES ET TOUT-PUISSANTS BRAS ! QU'EST-QUE CET ESPECE DE VESTE A GARROTS ?
VOUS M'ÉCOUTEZ, SCÉLÉRATS ALIÉNÉS ?! QUE- HMMM ! HMM !


Pourquoi on le pend pas ?
Il doit être jugé. C'est comme ça. Baisse pas ta garde. Il a atomisé une ville, ce fou furieux. Une putain de ville.
Vérifies qu'sa muselière est bien scellée. Où sont les gars ?

Ils encerclent le périmètre. Au cas où il nous échapperait.
Rassurant...


Ils vont te parquer comme une bête. Hors de question que je me prélasse avec toi, ancrée derrière de malheureux barreaux ! Libères-toi, Balty ! Perdu pour perdu, tu dois lutter, quitte à devoir empiler les cadavres pour percer les cieux !

Bon, on va l'caler ici ? J'ai eu beau fouiller... J'ai pas trouvé beaucoup d'cellules vraiment sûres dans le coin.
Bordel de pays d'bouseux ! Tant pis, on s'contentera de ça ! Vas-y, toi, rentres !

De braves figurants marines voués à finir déchiqueter sous la grondante tronçonneuse de ta rage intérieure. Tu ne leur obéis pas.

T'as pas entendu ? Rentres ! J'te rappelle que si tu résistes, on a droit d'te truffer !
Merde...
Pas d'panique ! On maîtrise !
Ouais. Fais pas le con ! T'as pas d'bras ! T'as pas d'dents ! On a des fusils !


Et tu as ton fruit.
Tu sais que ses rayons font fi des vêtements. Qu'ils soient loques ou uniformes. Irrésistiblement attirés par les coeurs des Hommes, tes serpents outrepassent toutes les barrières matérielles pour plonger dans les ombres des âmes.

Ta caboche pivote. Tes yeux dardent d'éclairs les deux blancs-becs affectés à ton escorte.
Et alors, ils saisissent. Ils saisissent leur erreur, et la tragique ampleur dont elle va s'emparer ! Mais trop tard, bien trop tard !

Laisse moi composer ta tirade à ta place ! Oooh, hinhinhin, tu ressembles décidément à un drôle de camembert nauséabond enroulé dans ce sachet blanc, mon pauvre Balty !

Des mollusques humains accrochés à leurs récifs ! Même en pleine tempête, stagnant démesurément mous ! Ils restent déterminés dans leur PARESSE, parce qu'ils croient que la nature leur empêche de développer des pattes ! Servez-vous donc de l'Evolution, caramels mous, les atones ne seront jamais guère plus que des poids morts ralentissant l'Humanité !

Acedia !

Hmm... Comment m'as-tu trouvée ? N'ai-je pas un brin trop prolongée la métaphore du mollusque ?


MEEEeeerde...
Appelle des... renforts...
La... flemme...


Juste performance ! La paresse invoquée, la paresse administrée ! Si ça ne devrait pas être la normalité, je t'aurais applaudi, Balty. Contentes toi donc de mes encouragements oraux. Hum... "Dépêches-toi avant qu'ils n'aient le temps de s'organiser, larve narcotique !" Ça te suffit ?

Le défilé de cellules qui déterre en toi les souvenirs de tes premiers pas sur Hat Island. Labyrinthique prison aux proportions démentielles, adaptées au nid de vautours sommeillant à proximité, avides de chair innocente. Avec l'incursion de la marine dans les parages, tout cela changera peut-être... Hinhinhin ! Je plaisante, naturellement ! La marine et sa bonne volonté ne sont toujours qu'une épine sous le gigantesque peton d'un géant boiteux. Et Mornecloque n'était guère qu'une... qu'une cloque. Hinhin.

Porte d'entrée ; la lumière. Les effluves du désert. A laquelle la nature a jugé bon de mêler un soupçon d'embruns. Envoûtante illusion de liberté. Tu seras traqué, désormais, Balty. Une bête enragée en fuite. Nous en reparlerons : cela nécessitera d'adopter une batterie de nouvelles précautions que tu me feras le plaisir de retenir par coeur.

Sur le pallier, les voilà. Petits soldats en uniforme blanc. Niais représentants d'un concept tout aussi candide. Salutations, Justice ! Comment donc se porte votre soeur Vengeance ? Êtes-vous toujours en froid ?


Visages bariolés de terreur. Incompréhension.
Serpents virevoltant, s'affranchissant de ton grotesque accoutrement.
Des cris dévergondés dont le sens s'évapore dès qu'ils giclent d'une bouche.
Les tirs trouvent de nouvelles cibles.
Les tirs se perdent mais connaissent leur rôle.
Les sabres se joignent à l'orgie de violence dont tu inities les festivités.
Tuer, tuer, et tuer, et mutiler à l'occasion. Tuer.
Un chaos naissant, prenant peu à peu des proportions démesurées.
Les couleurs se confondent et les bruits se bousculent.
La Mort cueille ses fruits parmi les traîtres, les fous et les avides.
Tous frappés du vice.
Tous.
Leurs valeurs s'envolent !
Les pions chutent un à un.
Il ne reste plus que le Diable.

Tu traverses ton territoire ; la zizanie. Tu le traverses en grand prince, bien que tu te rues loin de l'épicentre de la folie. Une émeute éclate derrière toi, charriant dans son vent douleurs, hurlements, rages, amitiés réduites en cendres et convictions hachées menues. La Symphonie du Mal. Aux notes résonnantes en tes oreilles comme une promesse de liberté...

... et l'arrêt net de ton ancienne vie. Brusquement. Ce dérapage incontrôlé t'a envoyé dans le décor, très loin, dans des contrées inconnues, du sang coagulé plein les mirettes, et l'esprit nappé d'une dense brume de questions.

D'après moi, ce n'était qu'une question de temps. Dix ans, tu as survécu, dix ans, parfois in extremis, à te maintenir du côté naïf et chatoyant de la Loi. Dix ans d'expressions de tes pulsions et pourtant ! Jamais elles ne sont venues te trahir aux yeux de notre hypocrite mais autrefois si serviable Gouvernement Mondial. Tu as toujours su recycler, avec plus ou moins de réussite, ta haine envers les déchets. Ceux que le monde accepte volontiers de voir disparaître dans d'horribles boucheries.

Un noble bafoué est un drame.
Un enfant des rues pendu à un lampadaire par ses propres intestins est une statistique.
Tu l'avais compris.
Les misérables étaient un exutoire. De simples jouets abandonnés là à ton fauve intérieur par un sort complaisant.
Les bidonvilles, un bac à sable. Quand tu cassais un jouet, tu passais au suivant. Et ainsi de suite. Jusqu'à ce que derrière toi ne subsistent que silences macabres.

Aaaaah... Ce bon vieux temps. Il me manquera, malgré tout.
Mais rien ne sert de remuer le passé, celui-ci se débattra seul sous sa tombe.
Un souffle d'originalité s'abat sur ton existence !
Tu te souviens ? Le rendez-vous de cet empoté de Maxwell, sur Poiscaille ?
PRENDS LES MERS, MON INCAPABLE APPRENTI BOUCANIER !
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