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Un voyage parmi tant d'autres -

    Où suis-je ? Que fais-je ? Suis-je mort ? Apriori, non, un mal de crâne me le fait bien comprendre. Au toucher, je dirais que je me trouve actuellement sur une plage, mais laquelle ? Aucune idée. Il faut vraiment que je me trouve des personnes avec qui naviguer, car pour l’instant, il m’est impossible de savoir où je vais. Et pour l’instant, je touche du bois, mais j’ai bien de la chance d’être encore en vie. Enfin, j’aimerais quand même éviter de me réveiller avec des bosses et des maux de tête interminables. Il m’est pour le moment impossible de me lever. Il m’est impossible de beaucoup de choses, décidément. Je reste au sol, savourant les quelques brises qui passent, c’est assez agréable. En revanche, il va quand même falloir que je puisse quitter cette plage, puis m’informer sur le lieu où je me trouve.

    Une ou deux heures passent, j’sais plus vraiment.

    Je me relève tranquillement. La température a légèrement diminuée, alors j’en déduis que nous approchons de la fin de journée, super. En avançant, je me retrouve au contact de ce qu’il semblerait être une falaise, plutôt dense. Avec mon handicap, impossible d’escalader, même pas en rêve. La crainte d’y passer la nuit me trotte à la tête, mais je prend donc la décision de longer cette falaise dans l’espoir de trouver une sortie, qui sait ? En bref, pas de plan, pas de bouffe, pas d’eau, pas d’endroit où dormir… Que dalle. Les gros cailloux me rendent dingue. Je n’arrête pas de m’en prendre au niveau des pieds, me faisant gueuler à chaque fois, comme un sale pleurnichard. Et oui, j’suis de mauvaise humeur. Je commence même à me demander pourquoi est-ce que j’ai commencé ce foutu voyage, tout seul, sans rien, à l’exception d’un harmonica dont je ne me sers pas. Sérieusement, à quoi bon vouloir changer les choses ? Ce n’est pas un bleu qui va changer la donne. Surtout que depuis la Marine, j’aurais également pu changer les choses, oeuvrant pour quelque chose d’autre que la guerre contre les pirates. Tous les pirates ne sont pas méchants, je suppose.

    Pouf.

    Je m’écroule au sol. En effet, je prenais appuis sur la falaise, puis plus rien. Un chemin ? Je prend le risque de m’y engouffrer. Malheureusement pour ma fainéantise, le chemin est une pente, plutôt raide. C’est pas comme si j’avais d’autres alternatives, de toute façon, alors autant m’y coller sans broncher. J’arme mon mental d’ondes positives et c’est parti ! Fredonnant des airs, je gravis cette pente sans penser à la fatigue, c’qui est plutôt cool quand on y pense. Et bizarrement, la pente me paraît de moins en moins hard, certainement parce que je parviens à bout de celle-ci. C’est passé vite. D’une marche plutôt lente, je commence finalement à trottiner, grosse banane au visage. Pour le moment, rien du tout, alors je ralentis. Est-ce qu’il y a des habitations sur cette île ? De ce que je peux ressentir avec mes pieds, une route assez étroite semble être tracée, donc sans trop me poser de questions, je suis. Je sors mon harmonica et commence à jouer. Bien qu’exténué et de mauvaise humeur, je joue quelque chose d’assez joyeux, d’assez fleurissant, attirant les quelques oiseaux et doux mammifères des alentours. Je ne peux les voir, mais je les sens, sans pour autant savoir à quoi ils ressemblent. Mais ce moment reste bref, car quelqu’un ou quelque chose, semble faire fuir les animaux. Je m’arrête aussitôt de jouer, sentant une présence en face de moi, plutôt statique. Ça ne me dit rien de bon.

    « Hoy ! Qui-va-là ? Il semblerait que vous m’empêchiez de passer. Il y aurait un problème ? »
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    Aucune réponse. Qu’est-ce que peut bien me vouloir cet individu ? Mon harmonica, peut-être ? Parce qu’à part ça, j’ai rien d’autre, puis j’vois rien en plus. Bref. Je m’avance en espérant qu’il me laisse passer. Beh, j’peux toujours espérer. Après quelques pas, je ressens une espèce de masse solide - peut-être son poing - s’enfoncer sur la face gauche de mon visage. Naturellement, celui-ci dévie vers la droite, une giclée de sang en sort de ma bouche, puis je décolle légèrement à cause de la puissance du coup. Me voici à terre. Un peu, beaucoup sonné. Je suis tombé sur un os. Je me relève assez lentement. Et c’est reparti. Cette fois-ci, c’est la face droite qui est touchée, puis en plus de ça, je prend un coup au niveau de plexus, qui me jette en arrière. Certainement un chassé. J’ai une étrange sensation. Outre la douleur, je ressens quelque chose de plus profond, quelque chose de fort.

    « Hoy ! Tu commences enfin à réaliser l’étendue de ta force. Ressens les choses au plus profond de toi-même, laisse ta peau épouser les courants d’air, permets à tes oreilles de voir au-delà du possible… Médite. Apprends à être patient. Exacerbe tes sens à leur paroxysme. Ça t’évitera de perdre des journées à trouver ton chemin, comme aujourd’hui, par exemple. Suis le chemin, tu devrais atteindre la ville. Sur ce. »

    Euh ? T’es qui ? La seule chose que j’ai pu déduire, c’est qu’il m’observe depuis mon arrivée sur cette île. Je crois que dans ces moments, il est inutile de chercher la réponse aux questions, parce que je ne suis pas prêt de les trouver. Honnêtement, j’ai beaucoup à penser, c’est dur. Je viens de me faire casser la gueule sans raison, puis j’ai eu droit à un charabia intéressant. Il me faut d’abord manger et dormir, ça m’aidera beaucoup. Je suis le sentier, priant qu’il me mène à un lieu sûr.

    La marche fut longue.

    J’atteins ce qui ressemble à une ville. Je ne vois pas grand chose, donc j’en sais rien, mais je sens des odeurs de bouffe et j’entends des gens qui discutent, alors je suppose qu’il y a des habitations. Pour combler la journée, je ne me sens vraiment pas bien, mais vraiment pas. J’ai pas pour habitude de faire semblant, alors croyez-moi sur parole. Mon ventre grogne comme jamais, mon corps tout entier tremble, mes maux de tête deviennent intenses. Je perd peu à peu l’équilibre, les multiples conversations se mélangent dans ma tête, j’en entends même les pas des fourmis, qui ressemblent à des pas de géants. Puis d’un coup, plus rien, plus aucun son. Mes yeux blancs s’écarquillent de surprise et de peur. Je tombe dans les vapes. Extinction des phares. Quand j’y pense, je me demande si toute cette journée n’est pas qu’un mauvais rêve, car rien n’a marché normalement.
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    « - Ah ! Tu ouvres enfin les yeux. Tu es subitement tombé par terre, en face de ma taverne. J’étais pas trop chaud pour te prendre, mais les clients auraient mal vus cet acte d’ignorance. Du coup, j’passe un peu pour un héros, à présent.
    - Où suis-je ?
    - Dans une chambre, au-dessus de ma taverne… Les remerciements sont en option chez toi ?
    - Non, pas ça, où suis-je ?
    - Pfff… Une peine perdue. Nous sommes à Sirup, sur East Blue.
    - Merci. Merci pour tout ça. »


    Maintenant que ça devenait un peu plus clair, je peux le remercier, mais certainement pas avant. Visiblement, je n’ai rien de cassé, je ne ressens ni fatigue, ni courbatures, je suis plutôt bien. Alors, pourquoi ce mal-être soudain la nuit dernière ? Il y a bien trop d’interrogations depuis mon arrivée sur cette île. En tout cas, on peut dire que la chance m’a quand même sourie, ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur de gentilles personnes, malgré qu’il joue sur sa clientèle.

    « - D’ailleurs, qu’est-ce qui t’amène ici ? Tu n’es pas de la Marine, visiblement pas un méchant pirate…
    - J’étais de la Marine, il y a encore quelques temps, mais leurs idéaux ne me convenaient pas. La piraterie ne m’a jamais intéressée. Richesse, gloire, tout cela n’a rien de gratifiant pour moi. Mon but n’est autre que d’anéantir les pourris de ce monde, ceux qui abusent de leurs pouvoirs, qui ne recherchent que profit et satisfaction. Comment y parvenir ? Je ne sais pas encore, mais je n’hésiterais pas à utiliser tous les moyens pour ça.
    - Si j’avais su que j’tomberais nez à nez avec un révolutionnaire.
    - Oh, tu sais, je ne prétends pas être un…
    - Tu l’es. Du moins, pour ce qui est des idéaux, pour le reste… T’as encore du boulot. Prends ton temps, je t’héberge le temps qu’il te faudra, je soutiens du mieux que je peux la cause. Descends me filer un coup en bas, quand tu t’en sentiras capable. »


    J’enfile mon pantalon en cuir, ma chemise blanche dont je retrousse les manches, mes bottes généreusement offertes par mon bienfaiteur, et je descends calmement. J’aide au niveau du service dans la taverne. Il prépare et je sers. Un collectif et efficace. Efficace et efficient. Bref. La journée se déroule plutôt bien, du moins mieux que la précédente, tout semble normal. Au début, il m’arrive de faire tomber des plateaux, dû à mon manque de visibilité, mais ça va de mieux en mieux. Une taverne n’est pas le lieu approprié pour un aveugle. Mais si je suis incapable de faire ça, comment ferais-je pour changer le monde ? Ça me fait donc un bon entraînement. Certains clients se moquent de moi, mais je les ignore, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Du côté de la gente féminine, c’est différent, certaines semblent curieuses d’expérimenter des choses avec un aveugle. D’ailleurs, je remarque que mon ouïe est bien plus performante qu’auparavant, je n’y comprend rien.

    À la fin de la journée, je sors me promener en dehors de la ville, sur ce qui doit être une longue et interminable étendue d’herbes. Je le devine au toucher. Je marche avec un bâton, au cas où je perdrais l’équilibre, sait-on jamais. La voix de l’homme qui m’a foutu une raclée résonne dans ma tête. Je m’assied au sol, fermant les yeux et laissant le reste opérer. Que je ferme les yeux ou pas, la différence n’est pas flagrante. Je rigole de ma propre connerie. Mais mine de rien, le type savait ce qu’il disait, car je ressens beaucoup de choses ainsi. Je suis assis en tailleur. Les bourrasque de vent caressent ma peau. J’entends les arbres murmurer. J’entends des troupeaux qui galopent. J’entends le ruissellement d’une rivière. J’entends la mer qui s’entrechoque contre la falaise. J’entends des cris, des pleurs, des fous rire. Je vois bien plus de choses que je ne pourrais avoir avec de vrais yeux. C’est un moment incroyable. L’envie de continuer est bien présente, mais je dois retourner à la taverne, mon bienfaiteur a peut-être besoin de moi.
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    Grosse surprise.

    Je rentre. Je suis immédiatement transporté par de gros bras, au toucher, du moins. Ils retournent au bar et ferme la porte. Il est apparemment fermé. Pourquoi est-ce que mon bienfaiteur utiliserait de telles méthodes pour me virer de sa taverne ? Peut-être que ce n’est pas lui. Dans ce cas, ça signifie qu’il est en danger, peut-être même mort. Bref. Ça ne me dit vraiment rien de bon. Je tente de nouveau ma chance. Apriori, ils font la fiesta. Ils me voient de nouveau et s’arrête tous.

    « - Tu ne sais pas lire ? C’est fermé. Vire ton cul d’ici !
    - Je suis aveugle. Je ne vois absolument rien.
    - Tu peux toujours entendre, hein ? Alors tire-toi. »


    Je sers le poing. Une envie de bagarre grandit en moi.

    « - Hoy ! Te rappelles-tu de moi, gamin ?
    - Vous… Ne me dites que vous êtes le chef de cette bande de chiens errants ?
    - Hélas, si. J’en suis moi-même triste. »


    Les hommes, devrais-je dire pirates, se mettent tous à rire aux blagues de leur présumé capitaine. Mais je ne comprend plus du tout. Qu’attend-t-il de moi ? Il m’a pourtant aidé à mieux gérer mon handicap, alors pourquoi ça, maintenant ?

    « - J’ai un service à te proposer, gamin. Un combat. Si tu gagnes, nous partons, mais si tu perds, la taverne est à nous pour une durée indéterminée. Que choisis-tu ?
    - La réponse me semble évidente, imbécile.
    - Cap’tain ! Laissez-moi apprendre les bonnes manières à ce type !
    - Fais-toi plaisir, mon brave. »


    Un silence apparaît soudainement dans la taverne. Un homme s’approche, je peux le sentir, je ne peux vraiment expliquer comment. Je sens l’air environnant caresser mon visage, comme lorsque je méditais tout à l’heure, c’est plutôt agréable. Cette douce sensation s’arrête rapidement. Quelque vient perturber cette courbe qui me caresse le visage. Ce quelque chose semble s’approcher de moi assez rapidement. Je ne sais pas si c’est l’instinct animal, mais quelque chose me dit que je devrais esquiver cette chose qui arrive. Je m’abaisse d’une flexion de mes jambes.

    « Ouh ! Belle esquive, gamin. Regarde-toi, Cliff, t’as pas honte d’être aussi incapable. Un aveugle, sérieusement. »

    Une esquive ? Je vois. Vu la hauteur, ça devait être un coup poing ou un coup de pied, exécuté par quelqu’un d’expérimenté. Mais je n’aurais pu l’esquiver si tel est le cas, alors je suppose que c’était un coup de poing. Continuons. J’aime cette situation. Je meurs d’envie d’en découdre. Je dois laisser mes sens s’ouvrir au monde.

    « Approche, minable. »

    Le type me fonce dessus et me plaque. Cette fois, je n’ai pas pu esquiver, impossible de percevoir assez rapidement d’où vient l’attaque. Je m’accroche à lui en l’entourant de mes jambes, puis je l’enchaîne de coup de coude sur l’arrière de son crâne. Il se relève malgré mon poids accroché à lui, avance autant qu’il peut et m’écrase contre une table, qui se fend en deux. Je crache du sang. J’espère que mon poumon ne s’est pas perforé. La même sensation réapparait. Une grosse masse qui perturbe les fluctuations d’air, au niveau de mes hanches, tel est un buffle. Une fois, pas deux. Je prend appuis sur ce qui semble être sa tête et passe au-dessus de lui. Prit par son élan, il se mange une table. Les pirates se moquent de leur camarade, peut-être même du comprend, je peux comprendre. Laissez-moi un peu de temps pour mieux maîtriser mes sens. L’homme s’approche de nouveau de moi. Colérique. Honteux. Il grogne et court vers moi. Je l’entends avec ses gros pas, aucune finesse, ni discrétion.

    « Ne te méprends pas, minable. Tu me crois faible ? Tu vas mourir. »

    Je deteste être sous-estimé. La corps de l’individu -une fois suffisamment proche de moi - bloque l’air et créé un vide entre nous. C’est grâce à cela que je peux imaginer sa position. Par exemple, à cet instant, un vide s’installe entre ma tempe et… Le poing de mon adversaire ? Comme la première fois, je m’abaisse, sauf que je remonte très rapidement, offrant un bel uppercut au pirate. De part la vitesse de remontée, donc la puissance produite par mes jambes, le coup donné en devient que plus puissant. Ce dernier décolle légèrement et tombe en arrière. À la retombée, sa tête semble se fracasser contre une table, traumatisme crânien ? Le capitaine ordonne à ses hommes de quitter la taverne et de ramasser le cadavre.

    « Aujourd’hui, la victoire est de ton côté, mais il n’en sera de même à notre prochaine rencontre. Deviens plus fort, gamin, beaucoup plus fort. »

    J'suis pas son gamin, merde. Bref. C’est ainsi que s’achève mon périple sur cette île. J’ai quand même beaucoup appris. Un voyage fort instructif où j’ai pu apprendre à me connaître.
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