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Être fouetté pour devenir un bon révolutionnaire !


    En partant de ma dernière destination, j’avais eu la chance de croiser un gentil pêcheur, qui me fila une vieille barque. Bien entendu, lui comme moi, savions pertinemment qu’elle ne tiendrait pas longtemps dans ces eaux agitées. N’ayant d’autres choix, je montais dessus et filais à toute vitesse, avant que la nuit ne tombe.

    Mai 1626, quelque part en mer, non loin de la ville d’esclaves.

    Je meurs de faim. Me voici sans nourriture depuis quelques jours, ayant pour seul eau l’eau de mer, super. Je ne vois rien. Non pas que je vois certaines choses habituellement, mais là je n’vois vraiment rien. Ni les mouettes, ni des vagues s’entrechoquer sur des rochers, ni rien. Je vois seulement ma mort approcher. C’pas mal ça. Motif du décès : affamé en mer. Tocard. J’ai voulu jouer l’aventurier, ça m’apprendra à voyager seul. Hm ? La seule chose que je crois sentir, c’est le changement soudain des courants d’air. Elles s’intensifiaient et changent de direction irrégulièrement. Une tempête en approche ? Miséricorde. Je n’ai vraiment pas b’soin de ça, surtout maintenant. Cette fois c’est bon, j’suis vraiment cuit. Le bateau commence à tanguer dans tous les sens. Je me cramponne fermement et attends. Une vague par-ci, une vague par-là, je bois la tasse à plusieurs reprise, ça n’en finit plus. D’ailleurs, le ciel c’est assombrit d’un seul coup, je n’ai pas remarqué le changement à l’instant où ça s’est fait. Je le sais, car je peux quand même identifier la luminosité, à moins que je sois en train de couler ?

    Hein ? La barque ? Où est-elle ?… Merde… Je coule !

    En effet, je suis en train de couler, j’ai dû être sonné un court instant pour ne pas m’en rendre compte. Je remonte à la surface, puis je me retrouve sous l’instant d’après, les vagues sont bien trop violentes pour moi. Je me bat du mieux que je peux pour m’en sortir, mais c’est quasiment impossible et je sens mes muscles faiblir. Des petites crampes apparaissent. Manque d’hydratation. Manque de glucide. Manque de tout. De toute manière, ça n’aurait pas changé grand chose, à quoi bon chercher des excuses. C’est la fin. Je ne vois rien du tout, il y a bien trop de bruit autour de moi, je n’arrive pas à me concentrer et je panique certainement un peu.

    Et tout est devenu flou.

    J’ai certainement dû me faire propulser par une vague et me prendre un rocher. Perte de connaissance. Je donne mon corps à la science - à la mer sur ce coup - et nous verrons où cela me mène. Peut-être suis-je déjà mort à cet instant ?
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    Jour 1.

    Je n’arrive pas à ouvrir les yeux. Je souffre d’une sacré douleur au front. Je ne distingue pas s’il fait jour ou nuit. Je suis dans une impasse. Petit à petit, je recouvre mes sens, j’entends des voix. Je me sens également traîné par les bras. Par qui ? Je l’ignore, mais je suis sûr d’une chose, ce n’est pas fait proprement.

    Merde… Qu’est-ce qu’il m’arrive encore ?! N’est-ce pas suffisant d’être aveugle ?!

    Mes pensées se bousculent. L’ignorance me rend dingue. La douleur me rend dingue. Les voix me rendent dingues. Les voix ? Sans m’en être rendu compte, elles sont devenues nettement plus claires, je peux les comprendre. Il s’agit de deux hommes qui discutent d’un butin. Apparemment, ils obtiendront un butin après avoir ramené cet esclave au centre.

    Attendez ! Minute. De quel esclave s’agit-il ? Moi ? Messieurs, vous faites erreur, je…

    Je n’arrive pas à parler… Je ne fais que marmonner dans ma tête. Que se passe-t-il bon sang ? Où suis-je ? Et pourquoi est-ce que je n’arrive pas à prononcer le moindre mot. Je dois absolument me calmer. Je n’arriverais à rien comme ça. J’essaye de recouvrer mes forces, écoutant tout de même ce que racontent les deux idiots, on sait jamais. Résumons la situation. J’étais en plein milieu d’une tempête de mer, ok. Trop puissante pour moi, elle m’a emporté jusque dans les environs, où par malchance, je me suis violemment heurté à un rocher. Suite au choc, il semblerait que je ressente de la paralysie à certains endroits, mouvements récupérables avec du repos. Jusqu’ici, je m’en sors plutôt bien, nous sommes d’accord ? Cela dit, je suis ramassé comme une merde par des types, apparemment traîné sur du sable, sur une île que je ne connais pas. Pas très rassurant. Le sable ressemble plus à de la boue, maintenant. Puis l’odeur, affreuse. Malgré ça, mon ventre grogne toujours autant, en voilà un qui ne changera en aucune circonstance.

    Me voici traîné pendant quelques minutes.

    Hop ! Je me retrouve violemment jeté. Un sol ferme. Un endroit humide, froid, sombre. J’entends des personnes gémir, supplier d’être relâchées. Horrible. Il semble y avoir trois murs autour de moi, puis je crois toucher des barreaux face à moi. Je suis enfermé. Ai-je commis un crime ? Un homme s’approche.

    « - Bonjour, vous n’avez pas de savoir qui je suis, ça ne changera rien pour vous. J’aurais cependant quelques questions à vous poser. 
    - Où suis-je ?
    - Je pose les questions et vous y répondez.
    - Où suis-je ? »

    J’entends un claquement de doigts. Un homme rentre dans la cellule et se place derrière moi. J’essaie de bouger, mais je constate que je suis bien menotté et attaqué au mur. J’entends comme un sifflement. L’air est coupée. Un claquement. L’instant d’après, une douleur immense au dos. C’était un coup de fouet.

    « - Bien. Recommençons. Je pose les questions et vous y répondez.
    - Vous le payerez. Croyez-moi. C’que vous faites est immoral et je ne capitulerais jamais.
    -  »


    Un second coup de fouet. Un troisième. Un quatrième. Puis un cinquième. Le tout, jusqu’à dix coups de fouet. Je sens mon dos saigner. J’ai promis de ne pas capituler. Je ne crie pas. Je ne pleurs pas. Mais il n’est nécessaire de mourir bêtement.

    « - Ne me faites pas perdre mon temps, jeune homme. Votre nom.
    - Robert. Robert Pearce. »


    Oui, bon, j’préfère mentir, on sait jamais. De toute façon, il n’a aucun moyen de savoir si je mens ou pas.

    « - Votre âge.
    - Vingt ans.
    - Bien. Ayant commis d’importants crimes envers des innocents…
    - Pardon ? »


    Hop là ! J’ai gagné cinq nouveaux coups de fouet. Plutôt autoritaire, c’te pourriture. La douleur reste quand même insupportable. Je sers les dents de toutes mes forces. Il semblerait que l’on m’accuse de crimes que je n’ai pas commis. La marine n’agit pas de cette façon, il y a clairement un abus de pouvoir, serais-je dans une ville d’esclaves ? J’ai le don de m’attirer de belles merdes. Oups, j’oubliais qu’il me parlait. Deux coups de fouet supplémentaires.

    « - Ne me coupez pas. Bien. Je disais que vous êtes coupables de nombreux et divers crimes contre la population. Vols, viols groupés, meurtre, propos infondés contre le gouvernement mondial. Un sacré palmarès que nous avons là. Je n’aurais jamais pensé qu’un aveug…
    - La ferme. Tu commences sérieusement à me gonfler.
    - … EMMENEZ CET HOMME EN CORRECTION ! »


    Aie ! Il n’a pas beaucoup apprécié mon intervention. En même temps, j’allais pas me forcer, il commençait sérieusement à me gonfler. Comme à sur le chemin, deux hommes m’attrapent par les bras et me traînent au fin fond d’un couloir. Plus on avance et plus j’entends des hurlements. Je sens que le même sort m’est réservé.

    Gloups.

    Je n’ai pas encore récupéré toutes mes fonctions, notamment la marche et tout autre geste, ce qui me rend plus limité que je ne le suis. On m’attache les bras à des chaînes suspendues au plafond. Mains et pieds liés, prêt à en découdre. Un premier coup de fouet, annonçant naturellement la couleur, même si je n’en avais pas nécessairement besoin. La séance allait être longue.

    « Tâche d’être plus respectueux à l’avenir. »

    Me dit l’un des gros bras en me jetant dans ma cellule. Impossible de lui répondre, la douleur m’en empêche. Ils ne m’ont pas raté. Je les entendais même ricaner pendant qu’ils charcutaient le dos. Quoiqu’il en soit, c’est ainsi que s’achève ma première journée sur cette île, je commence à doucement m’endormir. Je ne sais pas toujours pas où je suis, mais il semblerait que je sois un esclave, dont le casier a été injustement remplit. Heureusement, j’ai eu le réflexe de donner un faux nom, mais j’suis pas convaincu que ça m’aide énormément. Demain, il me faudra prendre des repères et commencer à élaborer un plan de sauvetage.

    Malgré moi, je sens qu’une nouvelle aventure commence, youpi.
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    Jour 2.

    Je ne dors généralement pas beaucoup, mais suite à la séance de fouet, faut croire que j’avais besoin de dormir. Pour la première, on me réveille, or je me réveille souvent avant les autres. Ce séjour me semblera bien long, je le sens bien. On me jette presque à la gueule un plateau repas, dit de « petit-déjeuner », dont la moitié s’est renversé en me le servant. Des gros débiles qui ricanent sous prétexte que je ne vois rien. Ils devraient se méfier, je n’oublie pas les odeurs et je compte bien sortir d’ici. Et en plus, il se trouve qu’un petit détail vient de changer la donne, l’un des gros bras me croire sourd.

    « Ils vont nous manquer ces p’tits aveugles fragiles, on ne pourra plus s’moqueur d’eux. Rararara! »

    Hm ? Où sommes-nous sensés partir ? Je ne pense pas qu’ils comptent nous libérer, ni nous tuer malgré notre manque de productivité, c’pas comme s’ils nous nourrissent bien. Peut-être un marchand d’aveugles ? J’en ai déjà entendu parler auparavant. Nous sommes souvent aimé par des riches personnes, qui nous font faire des choses qu’on ne peut pas voir, et comme on ne se plaint jamais, nous sommes les esclaves presque parfaits. J’deviens dingue en pensant à tout ça. Mais je dois impérativement retrouver mon calme, chaque chose à son temps, je devrais être très minutieux. Bien qu’encore faible, je commence à pouvoir marche, c’est rassurant. Avec l’aide de quelques abrutis, je marche jusqu’à un endroit sombre, très sombre. Je n’y perçois pas la moindre la luminosité et ça résonne beaucoup. Une grande salle. Je dirais qu’elle est enfouie sous terre, étant donné les marches ultérieurement descendues. Je suis presque sûr qu’il y a des personnes, j’entends plusieurs rythmes cardiaques, mais aucune conversation. Seulement, un son d’aiguille transperçant du tissu. De la couture ? J’ai la gueule d’une personne qui cout ? Sérieusement, respectez-moi un peu. On m’installe à un poste, on donne des instruments de travail, quelques instructions et c’est parti ! Les hommes restent quelques temps derrière moi, surveillant mes gestes, et ricanent à chaque fois que je me coupe. Ils ont de la chance que je sois trop faible pour bouger. Ils nous respectent tellement pas, que nous ne sommes même pas attachés, mais ça va s’en dire que les aveugles sont faibles. Trois hommes pourraient à eux seuls, tous nous neutraliser.

    Les heures passent et les tissus aussi.

    Mes mains saignent et avec la transpiration, j’vous raconte pas la douleur, c’est insoutenable. J’ai faim. J’ai soif. Je suis fatigué. Je déteste me plaindre, mais je ne suis pas dans mes meilleures dispositions. Je tente d’engager la conversation avec la personne se trouvant à ma gauche, mais c’est sans appel, je me prend un bon « chut » dans la gueule. Ok, je suis bel et bien seul. Je suis très patient d’ordinaire, mais je dois avouer que ça se perd avec le temps, laissant place à la colère.

    Contrôle-toi. Contrôle-toi. Contrôle-toi.

    Après cette journée de travail, je suis de nouveau jeté dans une cellule, mais celle-ci est différente. Déjà, je ne suis plus le seul à y résider. Ils semblent tous assez calme et assez fatigué par les journées de travaux intensifs accumulés. Ils ne parlent pas beaucoup et ne semblent pas m’accorder une quelconque importance. Ils ont bien raison, après tout, ils ont bien plus dur à supporter. Malgré ça, je tente une approche.

    « Hoy ! ça vous dit d’vous échapper ? »

    Dis-je avec un grand sourire niais. Oui, bon, c'juste pour voir s'ils motivés.

    « - C’est qui c’type ?
    - J'sais pas.
    - Faites-le taire, on va se retrouver au fouet avec ses conneries ! »


    Ouais, ok, j’vous comprend. Vous avez sans doute passé plus de temps que moi dans ce merdier, ayant sans doute déjà pensé aux solutions qui s’offraient à vous, donc inutile d’écouter un nouveau avec encore un peu d’espoir. Soit.

    « - Êtes-vous tous aveugles ?
    - Pas tous. Certains sont jugés inutiles pour d’autres raisons.
    - Et il se peut que nous soyons transférés dans les jours à venir ?
    - Tu es déjà bien informé, le nouveau. En effet, un type richissime à passé une énorme commande, principalement des infirmes comme nous, puisque nous sommes beaucoup moins chers. Le transfert s’effectuera dans cinq jours. Ne penses pas à t’échapper, le marine fera en sorte que tout se passe bien, de cette prison à ce foutu navire de marchandise. »


    Cette dernière phrase me fait mal au coeur. Traité comme un chien et acheté moins cher, triste vie. Cependant, je viens d’avoir une excellente nouvelle, des coeurs s’affichent dans mes yeux. Je suis un homme heureux. Un plan se monte déjà dans ma tête. Inutile d’en parler aux autres détenus, on risquerait de se faire prendre. Pis, nous ne sommes jamais à l'abri de traîtres, pour espérer un séjour meilleur, en balançant les détenus. J’ai intérêt à ne pas me planter sur ce coup, j’ai pas l’intention d’être esclave toute ma vie. Mes yeux se ferment. La nuit porte conseil, après tout.
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    Jour 6, quatre jours plus tard.


    Je n’ai plus réellement la notion du temps, je crois que quatre jours se sont écoulés. Si c’est le cas, demain sera un grand jour, quoiqu’il arrive. Durant les quelques jours qui se sont écoulés, j’ai tenté de m’imposer davantage. Je n’avais pas beaucoup de temps, mais je me devais de le faire, ça f’sait parti de mon plan. Il y a eu pas de mal de clash, j’ai aussi dû me battre pour me faire respecter, on peut dire que je n’ai pas échoué dans ma mission. Ne souhaitant pas me faire remarquer, j’ai dû me battre comme un homme, poings fermés, encaissant les coups comme un dur. Bon, en vrai, j'me suis bien fait casser la figure. Au moins, on m'aura félicité d'avoir des cojones, c'est déjà ça. Je suis encore amoché. Vivement qu’on sorte de c’trou !

    Aujourd’hui, une seule chose m’importe vraiment, je n’ai pas le droit d’échouer. C’est un détail qui peut sembler anodin, mais qui aura une importance capitale. Les matons viennent nous chercher comme à leur habitude, je ne peux vous dire s’ils sont ponctuels, car je manque totalement de repères. D’ordinaire à cheval sur les détails, il semblerait que je m’en moque peu à peu, c’en est presque relaxant. J’avais tendance à beaucoup trop me prendre la tête, auparavant, lors de mes précédentes péripéties. ‘Fin bref, ils nous emmènent dans cette salle, encore plus sombre que nos cellules.

    « Au boulot ! ça s’rait bête de vous fouetter à mort avant votre départ ! Rarara ! »

    Ce discours refroidit une bonne partie des esclaves, mais pas moi, ils ne peuvent pas nous tuer, sauf en cas d’extrême nécessité. Nous sommes de la marchandise, achetée et bientôt envoyée, il serait mal perçu que le compte reçu ne soit pas le bon. Eh oui ! Bande d’abrutis, heureusement pour vous que je tiens à la sécurité de ceux qui m’entourent, j’vous aurais mangé dans le cas contraire. ‘Fin bref, encore une sale et longue journée de labeur qui commence. Coudre de la merde, ça m’rendait dingue. J’peux même pas voir ce que je produis, ça n’choque personne ?

    « - Excusez-moi ! Avant de partir, peut-on nous dire ce qu’on produit depuis tout ce temps ?
    - Ta gueule !
    - Hm. D’accord. »

    Reste calme. Reste calme. Reste calme.

    Si j’t’attrape mon pauvre, c’pas sûr que tu puisse l’ouvrir, après. Pis, pourquoi je m’emporte ? ça ne me ressemble vraiment pas. Cette situation a des effets néfastes sur ma personnalité. Rien de bien surprenant, quand on voit que je me retrouve dans ce qu’il se fait de pire pour moi. Je hais l’esclavagisme. Je n’ai plus aucun repère, j’ai l’impression que mes sens sont devenus inutiles… En attendant, j'ai quand même bien fermé ma gueule, honte à moi.

    Le temps s’écoule et l’eau de mon corps également.

    Au moment de se retirer vers nos cellules, je profite du remue-ménage pour cacher l’aiguille, que j’accroche à l’arrière de mon calbut. Je quitte avec la foule, cette grande salle de travail dans laquelle, j’espère ne jamais remettre les pieds. Je rentre dans la cellule collective où je m’endors avec un léger sourire aux lèvres.

    Demain sera un grand jour.
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    Jour 7.

    D’ordinaire assez calme, je dois dire que l’excitation monte en moi, alors que la situation est plutôt critique. Le moral des esclaves est au plus bas. Je ne les ai jamais vu être heureux durant ces quelques jours, ce qui est compréhensible vu leur situation, mais c’est encore pire à présent. Je suis certainement leur seul espoir, je n’ai pas le droit à l’échec, surtout pas, pour toutes ces personnes qui ne croient plus en rien. Je ne peux rien leur dire pour le moment, je ne dois courir aucun risque inutile, ils doivent garder ce visage dépité encore quelques temps. Il est l’heure de sortir. Nous sommes tous alignés le long du couloir, attendant les directives des matons. J’ai une folle envie de leur faire payer pour leur ingratitude, mais ça ne serait pas une bonne idée. On sort enfin de ce bâtiment. La lumière m’éclatent les yeux, ça f’sait bien trop longtemps que je ne l’avais pas perçues. Etrange de dire ça pour un aveugle ?

    Le vice-amiral Fenyang a prit soin d’organiser toute l’organisation du transfert, au sein de la ville, rendant inutile une mutinerie dans la ville. S’il faut agir, ça sera en dehors de l’île, soit en mer. Pour l’instant, je crois que la seule chose à faire est de rester le plus discret possible, et ne surtout pas attirer l’attention. Alors, comme tout le monde, ça sera tête baissée et visage dépité. Ces quelques jours, bien qu’horribles, m’ont quand même permis de recouvrer mes aptitudes motrices. J’ai pu sentir une certaine limite dans l’utilisation de mes sens, limite que je me dois d’apprendre à surpasser. J’ai aussi remarqué quelques changements sur ma personnalité, et ça n’a pas l’air temporaire. Pendant que je m’improvisais un bilan dans ma tête, un des esclaves tombe, puis fouetté par les matons, un véritable carnage. Je quitte la file pour m’interposer et l’aider à se relever. Avant qu’il ne se relève, j’me prend quelques coups biens sympathiques, histoire de me rappeler où je suis. Sauf qu’au bout d’un moment, j’commence à en avoir vraiment marre, alors j’attrape le fouet du type qui prenait le plus de plaisir à frapper, pis le regarde d’un air vraiment pas content. Malgré mes yeux très clairs - pour ne pas dire blanc - on peut y voir une certaine rage de tuer.

    « Co… Co… Comment oses-tu ?! »

    Oups. Moi qui ne voulais pas attirer l’attention, on peut dire que c’est foutu. Le matou devient hors de contrôle. La rage s’installe en lui. J’hésite à agir avant qu’il ne commette l’irréparable, mais ça risque de rendre les choses plus compliquées, ça commence à sérieusement me faire chier. Je lâche le fouet, qu’il arme aussitôt pour m’infliger de lourdes souffrances, j’suis à deux doigts de le tuer… Thick. Un homme s’interpose. Aucune parole n’en sort. Le matou semble effrayé, son rythme cardiaque a considérablement augmenté. Par ailleurs, le type qui s’est interposé m’effraye de plus en plus. Je sentais un calme plat avec une rage effroyable, et j’peux vous dire que seuls des types ultras dangereux sont comme ça. J’abandonne toutes idées tant que ce type sera dans les environs. S’il s’agit de Fenyang, j’comprend sa renommée. En tout cas, les tensions ce sont apaisées et nous pouvons reprendre la route vers le navire de marchandise.

    Tout le reste du trajet se passa sans encombre.

    Nous sommes arrivés à bord, on nous installe comme de la bouse de vache, dans la soute du navire. Nous sommes une trentaine d’esclaves, tous avec des handicaps différents, rien n’est laissé au hasard. Le plus hilarant est le nombre de matons pour nous surveiller, qui n’est pas supérieur à trois, me faisant beaucoup sourire. Par chance, ce sont les trois types qui m’ont maltraité durant tout mon séjour. Si je ne me fais pas ces trois là, j’aurais totalement échoué dans ma quête, ils sont devenus égoïstement ma priorité. J’exagère. Vous m’avez compris, n’est-ce pas ? Je me suis posé derrière une poutre, dans un coin de la pièce, où la visibilité n’est pas optimale. Je saisis rapidement l’aiguille accrochée sur le haut de mon calbut, facilement accessible malgré les mains liés. J’observe les trois débiles et tente de me faire des menottes, à chaque fois qu’ils ont le dos tourné. C’est un travail assez long et minutieux. La patience sera la clef de la réussite.

    Une heure. Deux heures se sont écoulés, approximativement.

    Je réussi enfin à me défaire des menottes. Malheureusement, celles-ci tombent d’un coup et provoque un léger bruit dans la pièce. Les trois caniches se retournent et s’approchent de moi. L’aiguille se trouve maintenant coincé entre mes lèvres. Je garde la tête baisée pour qu’ils ne puissent le remarquer. Celui du milieu, certainement le chef, ordonne aux deux autres de me relever. Je suis très très excité. C’est enfin le moment clef, le moment où le destin de tous ceux se trouvant à bord va se jouer. J’arrête la simulation. Fin de la couverture. Pendant que les deux me relèvent, j’enfonce mes deux paumes dans leur gorge, les empêchent de respirer et de communiquer. Dans le même mouvement, j’approche rapidement ma tête vers le type du milieu, sur qui j’enfonce l’aiguille au niveau de la trachée. Idem que les autres, il ne peut plus parler, sauf qu’il va certainement mourir. D’un coup de pied rotatif, j’expulse les trois dans un coin sombre de la pièce. J’attrape un de leur fouet et je les bat à mort, sans le moindre scrupule, sans aucune peine à leur égard. Pis, je me retourne vers les esclaves qui, sans un seul mot, me regardent tous d’un air ébahis.

    « Chers esclaves, voyez le monde dans lequel on vit, où il faut parfois utiliser des moyens radicaux pour être libre. Vous souhaitez être libre ? La réponse vous appartient. Votre liberté vous appartient à présent. Choisissez qui vous souhaitez être, quel homme libre vous souhaitez devenir ! »

    Je créé des groupes, à savoir ceux qui savent potentiellement se battre et les autres, histoire de distribuer les quelques armes aux plus faibles. Il est certain que les pertes vont être importantes, je le sais, ils le savent, mais nous savons que nous n’avons guère d’autres choix. Cette pensée m’attriste. Je n’ai pas le temps d’être émotif, je dois agir avec rage et précision. Ces deux termes ne vont pas ensemble, qu’importe. Nous sortons de la soute, telle une meute de loups, criant à la liberté. Nous sommes plus nombreux, par chance, il semblerait qu’ils aient sous-estimé les infirmes. Je suis en tête de course. Il n’y a guère de soldats entraînés, que des brutes, c’est notre chance à tous. Un homme se tient face à moi, je ne ralentis pas, je saute les deux pieds en avant, qu’ils reçoit en pleine figure. Je me concentre pour ressentir mes compatriotes esclaves, sentir s’ils sont toujours en vie. Ce fut mon erreur. Un des gardes profite de mon inattention pour m’infliger une profonde entaille dans le dos. Je tombe à genoux. Pis, je termine à quatre, où ma chance fut grande, quand je tombe sur une épée abandonnée par un homme mort. Je la saisis rapidement, me retournant tout aussi vite, enfonçant la lame profondément avant qu’il ne m’inflige le coup de grâce. Il s’écroule et moi aussi. La douleur est insupportable. Je perds peu à peu connaissance. Comment ai-je pu échouer aussi proche de la fin ? Battez-vous pour votre liberté, camarade.

    *****

    « - Où suis-je ?
    - Toujours à bord du navire.
    - C’est une blague ? Je suis mort.
    - Haha. Pas du tout, idiot. Nous sommes libres.
    - Libres ? Vous… Vous avez réussis ?
    - Grâce à toi. Après que tu te sois évanoui, il ne restait plus beaucoup à abattre, te voir au sol a provoqué une réaction de nos hommes, intense et puissante. Il semblerait que tu sois un leader né.
    - Raconte pas d’conneries, haha. ARG… J’aurais peut-être préféré être mort.
    - Imbécile, viens. Quelques hommes voudraient te parler. »


    L’individu m’aide à me relever. C’est horrible. Je lutte pour marcher, une fois encore en une semaine.

    « Ils sont là. »

    Hein ? Des rythmes cardiaques très ralentis. Des respirations très brèves et irrégulières, qu’est-ce ça veut dire ? Une dizaine ? Une quinzaine d’hommes ?

    «  - Qu’est-ce… Qu’est-ce que ça veut dire…? 
    - Avant de te quitter… Ffff… Nous voulions simplement… Te remercier. Arg.
    - Même si nous allons bientôt quitter ce mond… Kurrr… Ces dernières heures passées…
    - Ont été les meilleures de notre vie, merci ! »


    Bande de crétins. Utiliser vos dernières forces pour me dire ça, c’est inutile. Ils ont attendu tout ce temps que je me réveil, au lieu de partir en paix. Je les déteste. Des larmes coulent sans que je puisse y faire quoique ce soit. Je lâche tout ce que je retenais durant ces sept jours, soit de la rage, de la tristesse et parfois de la joie. Tout est en train de sortir. Le navire continue de naviguer sur les flots, quelques hommes captent à la navigation. Nous sommes tous libres, les hommes morts sont morts en étant libres. Rien ne pouvait me rendre plus heureux. Nous avons tous besoin de repos.
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