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Moonwalker


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Le Lieutenant-Colonel Zieger était dans son habit d’explorateur. Prétextant une nécessité de couvrir les alentours, il avait revêtu son gilet de cuir et glissé son fidèle mousquet dans son holster. Un fouet s’était enroulé à son flanc gauche tandis qu’il vissait un chapeau écru sur sa tête, frottant la bordure du bout du doigt. Il enfila son veston blanc cassé et se faufila hors du navire, attirant les regards amoureux des angettes. Il fallait dire qu’il était attirant, en dehors de ses oripeaux. Une petite moustache qui aurait pu être bien taillée, mangée par une barbe d’une semaine. Ses cheveux longs étaient noués en un catogan serré, trahissant sa rigueur militaire. Pour beaucoup, Zieger était impossible à reconnaître en dehors de ses oripeaux de la mouette. Et il comptait là-dessus. Son denden avait résonné dès ses premiers pas sur AI2, trahissant l’arrivée immédiate du Dragon Céleste. Comme il s’y attendait, c’étaient les SS - Services Secrets. Encore une commande stupide, lui qui fut autrefois un simple professeur d’archéologie. Il fallait dire que c’était la raison qui les avait poussés à le contacter. Zieger avait autrefois été sur les bancs de l’école comme tout le monde, puis avait finir par rejoindre l’armée tant par conviction que par facilité. Une fois son service fait, il se rendit compte qu’il y avait beaucoup à faire pour améliorer les choses. Ainsi, sa passion l’avait petit à petit quitté pour l’envoyer sur le front jusqu’à, in fine, Skypeia. Là, le CP7, soucieux du bien-être et de contenter Maselfush, avaient eu vent de la multitude de ruines et d’objets millénaires de Skypeia. En effet, Maselfush était le type d’homme à aimer faire fureur et il était très friand de tout ce qui pouvait exciter la foule de ses admirateurs.

La mission état simple : trouver quelque chose apte à contenter Maselfush. C’était alors qu’il avait entendu une rumeur. Une rumeur timide mais assez intrigante pour attirer l’attention d’un homme comme Zieger. La rumeur de l’existence d’un ponéglyphe sur Skypeia. Cette rumeur datait de l’époque Mugiwara, et n’avait certainement jamais quitté les terres de l’île céleste. Mais l’arrivée d’un Dragon Céleste changeait bien des choses. Il n’avait jamais réellement apprécié cette ploutocratie qui gérait le gouvernement mais n’était pas homme à réfuter un système qui fonctionnait et sauver des vies. Améliorable, certes, mais le meilleur de tous. Et il se battrait jusqu’à la fin pour cela. Cela faisait-il de lui un collaborateur ? Probablement. Il embarqua sur la première embarcation à portée, une sorte de barque tirée par des pélicans géants. À défaut d’un serpent à plumes. Le guide était très peu loquace, parlant avec difficulté le langage de la civilisation. Quelques mots, quelques bribes. Mais fort heureusement Zieger était habitué à ce genre de problèmes. Il sut indiquer aisément la direction et se faire comprendre avec quelques pièces d’or.  C’était là le langage universel. Sauf pour les Shandias, mais nous y reviendront. Ainsi, la main sur son sabre, il s’engouffra dans cette trépidante aventure derrière Bono, l’ange vieillard qui tremblait en manœuvrant l’étrange appareillage. Ils s’envolèrent cahin-caha par-dessus le vide qui séparait les deux îles. Zieger ne perdit pas de temps à observer le vide qui s’étendait sous eux, son regard étant rivé vers l’horizon. L’explorateur allait explorer la jungle vierge de Skypeia, faire face à un défi que tout aventurier frémissait d’accomplir. Il fut le premier à mettre pied à terre, remerciant Bono d’une poignée supplémentaire, lui demandant de revenir le lendemain aux alentours de midi. Cela lui ferait louper l’arrivée de Maselfush, mais si le CP7 avait daigné le prévenir plus tôt, il aurait certainement profité d’une autre occasion pour s’éclipser.

L’air était chargé d’humidité et il n’avait pas de grandes pistes pour commencer son enquête. Interroger trop de monde aurait été suspect pour la hiérarchie. Ainsi, il avait décidé de prospecter à l’ancienne. Les ruines les plus proches étaient celles de Shanda. Il savait de source sûre que le Ponéglyphe se trouvait dans ces environs. Et s’il se trompait ? Il lui faudrait alors trouver quelque chose apte à contenter Maselfush. Enfin, le CP7 de prime abord. Un manteau en peau de serpent à plumes ? Zieger vérifia que son mousquet était bien chargé. Il ne désirait pas se faire avoir par une simple créature. De nombreux anges et shandias avaient disparu à cause d’une simple imprudence. Soupirant de nouveau, l’explorateur s’engouffra sous une arche perdue dans la végétation. Son aventure commençait et il redécouvrait les joies de ce qu’il avait abandonné. Joies certaines après avoir eu à supporter l’agent Raven-Cooper et ses lubies incessantes. Dire qu’on lui avait dit qu’elle était difficile à vivre : ils étaient à cent lieues de la vérité. Il avait eu peur quelques jours qu’elle découvrit ses contacts avec le CP7 mais encore aurait-il fallu qu’il lui donne matière à se méfier de lui. Ses collègues avaient raison : cette femme n’était qu’une bureaucrate. Rien de plus. Un nuage passa devant le Soleil, plongeant la jungle dans l’obscurité pendant une fraction de seconde. Les animaux s’emballèrent, les cris décuplèrent. Zieger arrivait probablement dans le cœur indigène de Vearth et s’approchait des endroits les plus reculés. Il s’empara de sa machette et commença à se tailler un passage dans la masse. Quel intérêt y avait-il à vouloir gouverner un endroit tel que celui-ci ? Ses richesses étaient plus de l’esprit que matérielles. Décidément, ces jeux là le dépassaient.
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Les ruines étaient immenses. Personne pour les garder, personne pour s’en préoccuper. La mousse dévorait l’essence même de ce qu’il restait de la gloire de la civilisation de ces sauvages. Oh, bien sûr, il avait pu apercevoir quelques mouvements indigènes mais il fallait se lever tôt pour tromper la vigilance de Zieger. Il fallait tout de même en croire qu’il approchait du cœur du secret de Shanda car plus il avançait, plus la brume se faisait épaisse. Au départ, elle lui arrivait à mi- genoux, ne perturbant ses recherches que par le fait qu’elle cachait la route. Il fallait la mettre sur le compte des températures élevées et de la forte humidité de la jungle qui rendait le tout opaque. Mais n’ayant jamais réellement exploré de ruines en milieu tropical, Zieger n’avait pas forcément de recul sur cette dernière. Seulement qu’elle lui compliquait la tâche et qu’il détestait cela. Plus il se rapprochait du cœur de la jungle, puis il lui semblait que la brume devenait épaisse. Vers la fin de journée, il en fut réduit à pointer son épée en avant, à la recherche de la moindre aspérité pour se repérer. À la fin, ce fut le soleil lui-même qui fut occulté, et Zieger sut dès lors qu’il était perdu. Ne perdant pas de temps à tourner en rond, il sortit une carte sommaire qu’il avait pris le soin de dresser au fur et à mesure de sa progression. Il y avait là certaines incohérences, comme quoi il aurait confronté des obstacles à des moments où il n’était pas censé en trouver sur son chemin. Les cartes des ruines, bien que majoritairement erronées, étaient légion sur AI2 mais le danger des Shandias les angoissait trop. Celles-ci devaient certainement dater, des arbres avaient dû tomber. Des murs ne pouvaient brusquement surgir de la brume, c’était illogique.

Allumant un cigare, le Lieutenant-Colonel prit le temps de se poser pour réfléchir à la situation. Il savait à peu près où il était et aller plus avant ne ferait que l’égarer d’avantage. Il sentait le froid de la brume lui enserrer le dos et se sentait bien démuni au milieu de toute cette jungle. Une vrai purée de pois, il n’y voyait pas plus loin que son bras. Par sécurité, il posa son épée sur son genou, guettant le moindre bruit inquiétant. La faune était impitoyable ici, et on lui avait bien répété. Mais il était à des lieues des peureux locaux. Il ferait face à l’adversité sans frémir. Cette mission lui rapporterait gros … et son échec lui coûterait beaucoup. Ce n’était pas le genre de mission que l’on pouvait refuser, sinon il l’aurait entreprise. Il soupira, rajoutant son lot de fumée au brouillard. Profitant de la maigre lumière, il entreprit de relire son journal et ses notes. Il les posa devant lui et usa de la fraise de son cigare pour allumer sa lanterne à capote. Une branche craqua soudainement, le faisant se retourner. Sabre en main, il attendit le moment où la menace allait arriver à lui. En vain. Un animal errant qui l’avait surpris par erreur très certainement. Il se retourna en serrant la chique entre ses dents.

« Je parie que je vais encore me cochonner … » laissa échapper Zieger, s’apercevant que plus rien de ses effets ne trônait devant lui.

Il resta assis, regarda autour de lui. Il n’était pas seul. C’était ce sentiment tenace qui ne l’avait pas lâché depuis le début de son aventure, peu après qu’il ait posé le pied sur Vearth. Il fit un tour sur lui-même et s’appuya sur sa main libre pour se relever. Cigare au bec, épée en main. Il dégaina son mousquet pour faire face dans la brume. Ces sauvages savaient certainement profiter de cette particularité du climat. Ils savaient faire tourner en bourrique les touristes. Finalement, c’étaient pas les serpents les pires prédateurs de Vearth, mais bien les indigènes. Dire que l’agent Raven-Cooper était en train de négocier la paix avec eux … foutue erreur. Il arma le chien, jusqu’à être certain que personne n’était plus dans le coin. Combien de temps avait-il était suivi ? Lui qui ne pensait avoir affaire qu’à une mission facile et rapidement expédiée … Au diable soit l’arrogance. Il jura dans sa langue natale puis avança petit à petit, tâtonnant. De mémoire, les Shandias avaient aménagé de larges couloirs dans leur temps. Il ne lui restait plus qu’à trouver une entrée et attendre patiemment que la nuit ne tombe. Ainsi continua-t-il jusqu’à ce que sa lame ne rencontre un objet dur. Il trouva là un contact à suivre et lorsqu’il posa sa main, il ne rencontra que le vide. Il mit cela sur le compte d’une liane ou autre puis continua sa route. Lorsque l’incident se produisit une seconde fois. Il avait la désagréable sensation qu’on essayait de le guider quelque part. Quelque chose craqua sous sa botte. C’était comme si on marchait sur des gâteaux secs.

« Ouais mais c’est sûrement pas des gâteaux secs. » se dit-il pour lui-même.

Un instant, il voulut savoir sur quoi il marchait. Un instant seulement. Crânes, ossements. Il était entré dans les ruines depuis longtemps. Et maintenant il se trouvait vraisemblablement au cœur d’un dédale inextricable. La brume était toujours là. Il la percevait entre ses doigts et la sentait dans ses poumons. L’alourdir, l’empoisonner. Depuis quand les ténèbres s’étaient substituées au soleil ? Du gris il était passé à la nuit sans même le remarquer. Les murs, si c’en étaient, étaient humides. Un frisson de mauvais augure lui chatouilla la nuque. Il était dans un sale pétrin. La loi dans les labyrinthes était de suivre toujours le même mur. Mais que faire lorsqu’on avait l’impression que les murs se jouaient de nous ? Persévérer. Il n’était pas homme à abdiquer si vite. Il ferait front et l’emporterait la tête haute. Le Lieutenant-Colonel jeta le mégot qui s’était éteint depuis longtemps. Il laissa échapper un grognement de mécontentement. Temps de prendre son courage à deux mains, Zieger.

« Qui que vous soyez, montrez-vous. » ordonna-t-il dans les ténèbres du labyrinthe Skypiéen.
ordonna-t-il dans les ténèbres du labyrinthe Skypiéen.
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« Tu en as mis du temps. » répliqua une voix, à quelques mètres de là.

Zieger jura. Malgré un léger accent Dawnien, il n’était pas capable de mettre un nom sur cette voix. Elle n’était pas native de Skypeia, il en aurait mis sa main à couper. Quelqu’un qui l’avait repéré, qui avait pertinence à le suivre et à le traquer. Quelqu’un qui désirait en apprendre plus sur la Marine ? Les questions se bousculèrent dans la tête de Zieger qui se sentait idiot de s’être ainsi fait piéger. Il pointa ses armes dans le vide, captant un mouvement de l’autre côté du couloir. Puis il se retourna, croyant percevoir une personne supplémentaire.

« Combien êtes-vous ? » grogna le Lieutenant-Colonel, visant un côté avec son mousquet et l’autre avec sa machette.

Un rire amusé lui répondit.

« Un seul … » lui susurra une voix à l’oreille.

« … mais ce sera … » en répondit une autre, au fond du couloir.

« …suffisant. » termina la troisième, à son emplacement originel.

Ce fut alors qu’il comprit. Le nuage qui avait obscurcit le soleil, la brume qui avait monté petit à petit. Les murs qui n’en étaient pas. Le vol de ses effets, rapide comme l’ombre. Mais cela ne se pouvait pas. C’était impossible. Il ne pouvait se résoudre à cette éventualité, même devant l’évidence. Cet ennemi-là avait été abattu. Vaincu. Traîné en place publique et humilié. Le gouvernement s’était dès lors lancé à la recherche de son fruit pour que jamais plus il ne puisse tomber entre les mains d’un homme comme lui. Mais il ne l’avait pas trouvé. Pas encore … Un frisson glacé lui parcourut l’échine. Les rumeurs que l’on racontait sur lui. Il espérât un instant qu’elles ne fussent pas fondées. Mais la triste réputation de celui qui avait mené un peuple à la mort le précédait. Il se redressa fièrement. Il n’était pas un pion, il était le Lieutenant-Colonel Zieger.

« Fais ton office, assassin. Je ne mourrais pas en te tournant le dos. » rugit-il, frappant le vide de son épée.

Encore une fois ce fut un rire qui lui répondit.

« Si je voulais te tuer, je n’aurais pas pris la peine de faire tout cela. Te guider dans le nid d’un serpent ailé aurait suffi. Non, Zieger. Je veux que tu répondes à une de mes questions. » répondit le révolutionnaire, un sourire en coin.

« Jamais. Je ne trahirai pas mon allégeance. » s’opposa Zieger, avec une ferveur qu’il ne se connaissait pas.

« Ne parlons pas en absolus. Que viens-tu faire ici ? » commença Rafaelo.

Ce révolutionnaire devait être ici pour faire capoter le plan du Gouvernement. Il devait à tout prix sortir de là pour prévenir l’agent Raven-Cooper, ainsi que le Colonel Kadren. La Révolution avait dû envoyer l’assassin pour qu’il s’occupe du Dragon Céleste avant son arrivée. Ou pour convertir Skypeia ? Leurs intentions n’étaient jamais claires, mais ils étaient certainement en retard et avaient profité de son inconscience pour le piéger. Si on allait plus loin … peut-être que son contact au CP7 n’avait jamais été un Cipher Pol ? Ou alors on avait manigancé pour le mettre sur la route de ce vil personnage … Attaquer Raven-Cooper serait trop risqué pour les révolutionnaires, alors qu’un Lieutenant-Colonel de la régulière … Cela sentait mauvais pour lui. Il ne sortirait pas d’ici vivant. Jamais.

« Je ne te dirai rien, chien de révolutionnaire. Les gars comme … » commença à vociférer Zieger.

Une lame se planta dans sa cuisse, perforant chair et tendons. Il hurla de douleur tandis qu’une main de fer plaqua celle qui tenait le mousquet contre le mur. Le coup partit et résonna dans l’obscurité du tunnel. Plus longtemps que le cri de l’officier. Rafaelo rapprocha sa bouche de l’oreille de Zieger.

« J’ai déjà fait parler des gars plus gradés et bornés que toi … » commença-t-il en faisant tourner la lame enfoncée dans sa chair.

« Tu peux pavaner autant que tu veux, toi et moi savons très bien qu’à un moment précis tu t’abandonneras à la douleur. Et j’aurais ce que je veux. » poursuivit-il, tirant des cris de souffrance à sa victime.

« Tu connais ma réputation. Tu sais de quoi je suis capable. Epargne-moi du temps, épargne-toi de la douleur. Tu réponds à mes questions et je ferais ça vite. Personne ne saura, et il y aura moins de dommages collatéraux. Ta petite Cipher Pol, ou même ton Colonel. Parle, et ils auront peut-être une chance de vivre. Ainsi que ton équipage. » minauda Rafaelo, sans arrêter de faire valoir la douleur par sa lame.

Il relâcha Zieger et le laissa glisser contre le mur. L’homme serrait les dents, de rage et de désespoir. Cette mission subalterne l’avait mené à la mort et ces émotions il les dirigeait à présent envers la folie des Dragon Céleste. Il se mordit la lèvre. S’il n’avait pas été aussi avide, il n’aurait pas accepté. Ils auraient trouvé quelqu’un d’autre. Il n’avait été que leur marionnette. Non. Non. C’était ce qu’Auditore voulait qu’il croit. Il connaissait les rumeurs. Que cet homme était capable de vous faire répudier votre mère par son fiel. Ses mots avaient souvent causé plus de dommages que ses armes. C’était un maître manipulateur qui ne se complaisait que de son propre pouvoir. Un monstre qui s’enfilait le costume de révolutionnaire pour justifier ses actes.

« Tu … mens. Si je suis encore en vie, c’est parce que tu veux savoir quelque chose. Tant que je ne te le dirai pas, je vivrai. Et tant que je vivrai, tu seras occupé ici et tu ne pourras entraver notre mission. » haleta-t-il en se tenant la jambe, une lueur de défi dans le regard.

Un soupir las lui répondit.

« Soit. Ta blessure n’est pas mortelle mais elle peut s’infecter. Par contre, j’ai sectionné les tendons. Donc tu souffriras le martyr à chacun de tes pas. Je reviendrais te voir demain soir. Et le jour d’après. À chaque fois, tu seras un peu plus perdu … et un peu plus proche de la mort. Tu ne sortiras jamais de ces labyrinthes, Zieger. Nous verrons donc demain si tu es un peu plus loquace … » ricana Il Assassino avant que l’ensemble de la brume ne se retire avec lui.

Lentement, la tête de Zieger bascula contre la roche, c’était fini pour lui. Skypeia signifiait sa fin. Une larme, unique, coula le long de sa joue. Mais il avait tenu tête à Auditore et avait fait fi de ses paroles débilitantes. Un espoir nouveau lui fit croire qu’il pourrait s’en sortir. Car il avait une raison de plus de vivre à présent : il devait sauver ses amis et les prévenir du danger. Prévenir le monde qu’Auditore était encore vivant, et lui lancer la chasse. Il fouilla ses poches. Evidemment, il n’avait plus rien. Plus rien qui ne puisse lui permettre de communiquer avec qui que ce soit. Son unique espoir était de trouver la sortie. Ainsi il se leva en serrant les dents pour ne pas hurler de douleur. Il posa la main gauche contre le mur. Puis il fit un pas.
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Si le Lieutenant-Colonel ne voulait pas parler, grand bien pouvait lui en faire. Au moins cela avait confirmé une chose : nul ne se doutait de l’intérêt de la Révolution dans cette affaire. Du moins, de la véritable identité de Shaïness. Quelques jours à errer dans les ténèbres suffiraient à mettre Zieger hors d’état de nuire suffisamment longtemps. Il n’avait pas réellement envie de tuer cet homme qui, jusqu’à maintenant, avait simplement essayé de bien faire. En apparence en tout cas. Il avait déjà tué plusieurs personnes depuis son réveil à Alabasta, mais jamais de sang-froid. Il connaissait suffisamment les méthodes gouvernementales pour savoir que l’image de Rafaelo Di Auditore avait largement été tournée en monstre depuis Goa. Il n’en avait cure, cela n’avait aucune incidence sur ses intentions et simplifiait même le travail. Si le Marine refusait de parler, ses effets suffiraient à eux-mêmes. Il considéra avec négligence le denden blanc qui devait servir de contact avec ses employeurs. Zieger avait là une mission qui ne figurait pas dans les dires de Shaïness. C’était la réelle raison pour laquelle Rafaelo l’avait traqué. Mais contacter l’employeur directement ? Mauvaise idée. Il finit par étaler une carte devant lui et découvrit ce qui l’intéressait. Décryptant le Boréalien, dialecte proche de leur langue commune, Rafaelo perçu que le mot ‘ponéglyphe’ était parafé plusieurs fois. Il savait ce qu’était cette chose et trouvait inquiétant qu’un membre du Gouvernement soit au courant. Il étudia la carte, triangula les informations acquises par Zieger qui avait commis l’erreur de se penser seul sur le coup. Il n’avait pas lâché le morceau pensant que la mission dont lui parlait Rafaelo était l’alliance entre Gouvernement et Skypeia. Petit imbécile. Cette alliance portait aussi la patte de l’assassin. Seulement nul n’était censé être au courant. Zieger avait déjà mâché le travail et établi une zone de recherche restreinte. Il était important que l’assassin trouve ce ponéglyphe en premier et sécurise la zone. Il replia la carte et fourra le tout dans la poche intérieure de son gilet. La voie des airs serait plus efficace.

La nuit était proche de tomber lorsqu’il identifia enfin ce qu’il cherchait. Au fin fond des ruines, à un endroit que nul autre n’aurait pu atteindre. Mais il avait l’avantage d’avoir une carte. Ainsi que celui de pouvoir arpenter la voie des airs, ce qui n’était pas négligeable. Il se présenta sous une arche, se matérialisant sans un bruit. La fumée reconstitua ses jambes puis son torse et enfin son visage.


« Bonsoir, Rafaelo. »

Ce dernier se retourna d’un bond pour apercevoir une vieille femme qui le dévisageait avec un grand sourire. Il calma sa stupeur et rengaina sa lame secrète d’un geste sec, s’excusant à mi-voix de s’être laissé emporter.

« Tu n’es pas étonné de savoir que je te connais ? » lui demanda-t-elle.

« Pas vraiment … J’ai déjà l’impression de vous connaître. On ne s’est pas déjà rencontré ? » fit-il, étrangement désarmé par l’aura de sagesse qui émanait de Mangrove.

« Pas tout à fait. Mais Shaïness et moi avons beaucoup discuté. Et vous partagez un lien unique tous les deux. » expliqua la vieille femme, faisant signe à l’assassin de le suivre.

Elle l’emmena à travers des sentiers inextricables pour parvenir jusqu’à sa demeure. Elle ôta le thé qui chauffait là et fit signe au révolutionnaire d’attraper des tasses. Il obéit sans vraiment savoir pourquoi, devenant soudain l’élève alors qu’il avait laissé un homme mourir dans les ténèbres des ruines quelques dizaines de minutes plus tôt. Le silence s’installa, s’étira. Ils dégustèrent leur thé.

« Vous êtes Mangrove, c’est ça ? C’était vous … après la chute dans le puits. Je pensais que ce n’étaient que des rêves. » articula-t-il, trempant ses lèvres dans le liquide brûlant.

La vieille femme sourit. Elle se confortait dans ce rôle de vieille sage et semblait adorer qu’on lui offrit l’occasion de s’y prêter. Elle tiqua tout de même devant l’attirail de métal et l’aspect fumeux de son interlocuteur mais les mots que Shaïness avait dû prononcer dans son sommeil devaient être élogieux pour qu’elle n’en fasse pas grand cas.

« Vous et mademoiselle Raven-Cooper avez ce que l’on appelle un lien empathique. C’est rare de le développer. Très rare. Surtout lorsqu’on ne suit pas les rites initiatiques. Vous avez un lien qui lie vos deux essences, qui traverse tout et rien à la fois. Vos âmes sont sur la même longueur d’onde, si je puis dire. » commença-t-elle à expliquer.

Rafaelo hésita, curieux d’en savoir plus. Mais ce n’était pas pour cela qu’il était venu. D’ailleurs, pourquoi et comment s’était-il retrouver à boire le thé alors que Shaïness risquait tout à, à peine, quelques lieues d’ici ? Il repoussa la tasse vers Mangrove.

« Désolé, mais je ne suis pas venu pour cela. C’est … très aimable à vous mais en vérité je n’ai pas le temps. Je suis venu assurer la sécurité du ponéglyphe. Et m’assurer, par la même occasion, que personne de mal intentionné ne mette la main dessus. » révéla le révolutionnaire, se décidant à parler franchement.

Il en fallait plus pour perturber la sagacité de l’ancêtre. Rafaelo arqua un sourcil lorsqu’elle lui sourit de nouveau.

« Buvez votre thé, mon cher, vous me ferez la conversation sur le chemin du Ponéglyphe. Vous pourrez vous assurer par vous-même qu’il va très bien et que ma sécurité est tout à fait assurée. » lui fit-elle, lui faisant signe de finir son thé.

D’un geste de la tête, l’assassin obtempéra. Il se brûla les papilles en se pressant puis suivit la route de la vieille femme. Ils sortirent par la porte de derrière, suivant un long chemin sinueux. Il la dépassait d’au moins vingt centimètres, la rendant encore plus petite et chétive.

« Il vous faudra vous armer de patience, Rafaelo. Le combat que vous menez n’est pas prêt d’être remporté. Mais vous avez la chance d’avoir des alliés formidables. » commença-t-elle, avant de déboucher dans une salle souterraine et de lui révéler d’un geste un immense cube de pierre.

Le Ponéglyphe. L’assassin resta là, interdit, face à l’immensité du bloc de pierre. Il s’avança, subjugué par les runes qui constellaient sa surface. C’était la première fois qu’il en voyait un. La première fois qu’il pouvait s’approcher d’aussi près. Il se dégageait de ce simple amas de roche une force qu’il n’aurait soupçonnée. Un mystère qui l’émerveillait. Avec un acquiescement de Mangrove, il ôta son gant et parcouru la pierre de ses doigts nus. Le contact avec la roche éveilla en lui un frisson exalté. Là étaient contenus les secrets les mieux gardés du monde entier. L’histoire du siècle perdu ou même les plans d’une arme antique. Il frissonna. Face à cela, il était minuscule. Ce n’étaient que des mots gravés dans la pierre, mais leur signification était au-delà de cela. En leur sens, ils étaient la personnification de la révolution. Laissés là pour les générations du futur. Un message destiné à lutter contre l’oppression du Gouvernement. Des mots qui valaient la peine d’être lus.

« Que raconte celui-là ? » demanda-t-il, innocemment.

« Des choses et d’autres. Mais êtes-vous sûr de vouloir les connaître ? » répondit la vieille femme, un sourire amusé sur les lèvres.

« Je suis curieux de savoir ce que mes ancêtres ont jugé digne de me raconter, pour nourrir mon combat. » répliqua-t-il à mi-voix.

La vieille femme vint poser sa main fripée sur celle de l’assassin. Elle lui retira doucement son bras de la pierre avec un air désolé.

« Combattre. Ce n’est jamais une bonne raison mon enfant. » fit-elle, attristée par la réponse de Rafaelo.

« Je suis curieux de leur message. Ces mots sont … le commencement de tout. Ils ont été écrits pour être lus. Ils ont été écrits pour que l’on sache. Quelle vocation auraient-ils sinon nous préparer à l’avenir ? Nous permettre de ne pas répéter les erreurs du passé ? » répliqua-t-il, glissant sa main dans son gant.

« Précisément. Que l’on sache quelles erreurs ont été commises pour ne plus les reproduire. Que l’on sache ce à quoi les hommes sont prêts à se réduire. Ces mots sont des conseils pour les générations futures. Pas une arme. » répondit Mangrove, un sourire triste sur les lèvres : il s'agissait en réalité du Ponéglyphe relatif à Poséidon et elle seule le savait.

L’assassin hocha de la tête. Elle pouvait avoir raison. Mais il ne pourrait être d’accord avec elle tant qu’il ne connaîtrait pas l’essence même de ces pierres.

« Et vous pourriez m’apprendre ? » la questionna-t-il, nourrissant soudain cet espoir de satisfaire sa soif de connaissances.

« Peut-être. Nous verrons une fois que vous aurez le temps d’y penser à nouveau. » fit la vieille femme, se dirigeant vers la sortie.

« Maintenant que vous êtes au fait de ma situation, êtes-vous rassuré, Rafaelo ? Pensez-vous que je sois suffisamment en sécurité ici ? » poursuivit la vieille femme, un air malicieux sur le visage.

L’assassin se laissa aller à sourire.

« Oui. Je pense que je peux vous laisser tranquille à présent. Je vous remercie pour le thé. » répondit-il en s’inclinant respectueusement.

« Laissez-moi vous raccompagner jusqu’à la sortie. Oh, et pourriez-vous me rendre un service ? » fit-elle, tirant un paquet de tissu d’un placard branlant.

« Tout ce que vous voudrez. » acquiesça Rafaelo, d’un rapide signe de la tête.

« Chris a oublié de prendre son dîner pour la route, je pense qu’il devrait en avoir besoin. Vous seriez un ange, Rafaelo. » remercia Mangrove en lui fourrant le paquet entre les mains.

L’assassin s’en alla avec un sourire amusé. Etrange femme. Il y avait longtemps que ses manières d’assassin ne lui avaient pas permis de se faire materner ainsi. Il se retrouvait avec un panier repas, la mission de nourrir un vieillard et l’envie dévorante de contenter cette grand-mère improvisée. Il lui adressa un signe de la main puis s’envola dans une gerbe de fumée. Il eut le plaisir de la voir faire un pas en arrière, à moitié horrifiée. Voilà une chose à laquelle elle ne s’était pas attendue. Une chose qu’il mit sur le compte du grand âge, et pas de la sainte horreur qu’avaient les Skypiéens des Logias. Tout comme Mangrove n’avait visiblement pas assisté à son entrée dans son domaine. Il était temps, à présent, de voir ce qu’il était advenu du traité de paix. Ainsi que d’informer Shaïness de l’était de Zieger …

Maselfush arriverait le lendemain, et curieusement Rafaelo était optimiste.  
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