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D'abord, revenir chez soi.


Les côtes de Dead End murmurent des chants grivois et des éclats de voix. On ne distingue encore que très mal les contours de l'île et pourtant, son ambiance de milieu de nuit est palpable. Avec une oreille tendue et un brin d'imagination, on peut deviner les bruits de phalanges fracassant des mâchoires, les  bouteilles qui chutent sur le pavé et les rires gras. Bienvenu sur l'île des pirates, bienvenu au royaume du Roi Jack. Chez moi? Sur la surface de l'eau, le canot progresse insidieusement. Les falaises, la ville se révèlent. Je prend la direction des falaises. La discrétion, c'est mon "mot d'ordre"... Je déteste cette expression. Je rame donc, jusqu'à atteindre une crique isolée. Je la connais, elle abrite une grotte petite mais suffisante. J'y cache ma barquette et me retournant vers mon singe, lui intime d'y rester. L'animal lui aussi est célèbre, et me balader avec lui sur mon épaule serait la meilleure façon de me faire reconnaître. Ça ne lui plait pas, rien ne lui plait vraiment jamais. Alors je le laisse gesticuler et je me met en chemin. Je traverse la distance qui me sépare de la ville, par gorges et rocher. Dead End a la topographie parfaite pour ce qu'elle est; une île de vauriens. C'est un gruyère, un grand terrain d'jeu de galeries et de recoins. Cette île ne pourrait pas tenir un siège, mais est propice à la guérilla. Tenter de l'ordonner serait folie, il est impossible de contrôler tout ses accès et sorties. Je l'aime bien cette île. Elle m'avait manquée.

Les rochers sont glissants. Une fine bruine coule du grand clinquant, la progression est piégeuse. Mais les bruits sont de plus en plus proches, maintenant, je distingue même de la musique. La ville se découvre, je pose le panard sur la pavé. Mouillé le pavé. Directement, ça me frappe: ça n'a pas beaucoup changé. Toujours les mêmes silhouettes titubantes, les pas chaloupés et l'odeur d'alcool. De sang aussi. La seule chose qui ne soit pas reconnaissable, c'est moi. Avec mon épaisse barbe, mes vêtements crasseux et ma solitude, j'ai la gueule d'un mendiant. De ceux à qui tu donnes un pièce pour pas les pousser vers une carrière plus audacieuse. J'ai laissé mes jouets derrière moi, le péon de base dirait même que je suis désarmé. Héhé. Traînant mes sandales, je foule les allées. Je sais où je vais, je me souviens du chemin. Tout en évitant les vagues. Un gus s'effondre à coté de moi, le pif en sang. Je fais un pas de côté rapide pour le laisser goûter la fange et continue. Son débiteur de claque ne me remarque même pas. Un drôle de sentiment. Je cherche certes à me faire furtif, pourtant ma réussite me frustre. Dans le fond, je voudrais probablement qu'on me fiche, qu'un oeil s'attarde sur ma carcasse pour faire murmurer: ce serait pas Jack? Mais non, je suis invisible. C'est probablement la faute à ma dégaine de pauvre. Personne n'aime les pauvres. Ils font chier. Parce que, j'imagine, ils sont un rappel mauvais que nous sommes tous plus chance que réussite. Quelque soit ton accomplissement, tu l'as tapé grâce à tes mains, ta tête ou la façon dont on t'as appris à les utiliser. Les mains, la tête, ça se reçoit. Ca ne se gagne pas. Tous les gagnants, si petits qu'ils soient, sont des bolus. Et les pauvres perdant leurs claquent cette vérité: tu aurais pu être moi. Hmm. Où peut-être que c'est juste parce qu'ils puent, qu'on les aime pas. Peut-être.

Mais j'arrive. La porte est là. Massive et de bois. Une porte qu'on respecte, celle de l'Obscur Troquet de Dead End. Celle de mon bar. Je ne la prend pas. Je continue mon chemin pour m'engouffrer dans une ruelle, au premier coin d'la baraque. Les déchets, rassemblés en tas plus ou moins gros, jonchent le sol. De pauvres types plus sales que moi tentent d'y trouver le trésor qui les sortira de la mouise. Ou juste la bavette qui les couvrira de la pluie. Alors que je le dépasse, l'un d'eux m'alpague.

"T'es là pour la soupe? Ils l'ont déjà distribuée" qu'il bave.

Louis, et par son intermédiaire, les Obscurs Troquets continuent donc de nourrir les moins chanceux. Bien, un jour, ça servira. Mais moi je suis chanceux, dans le fond, alors je continue mon ch'min sans lui donner un regard, au type. Vrai qu'il pue. Je m'enfonce encore un peu, jusqu'à arriver à une nouvelle porte, beaucoup moins jolie celle-là. Je saisis la poignée. C'est ouvert. C'est normal. Qui irait rapiner le Corsaire Wrath? J'veux dire, surtout pour lui piquer quoi? Du boudin? De la gnôle. Faut vraiment avoir soif. J'entre.
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Il fait sombre. J'avance à tâtons, juste le temps d'me taper le p'tit orteil contre l'coin d'un meuble. Un juron sort d'mon bec, sans m'demander, quand ...

PAF !

Un nouveau choc, cette fois à l'arrière de la trogne, et je jure de plus belle! J'pige qu'on vient d'me fracasser une barre métallique dans l'pensant et comme un diable, j'me r'tourne, en armant l'poing.

Ola! Calmos le Jack!

Je connais cette voix. Et cette silhouette. Je n'ai pas besoin d'attendre que mes mires s'habituent à l'obscurité, j'ai déjà reconnu mon "assaillant". C'est Louis. Louis le barman. Qui m'a pris pour un voleur du dimanche.

Nom de Dieu, Louis! Tu viens de cogner un Cap'taine Corsaire!


Je le fixe, la hargne décore ma trogne encore douloureuse. Lui me fixe aussi puis, lentement, se marre comme une hyène. Son rire, grave et profond, s'élève dans les airs, puissant, encore et encore. Il ne peut plus s'arrêter. Tellement que ça s'communique et qu'il faut pas quatre secondes pour que moi aussi, j'me bidonne. Haha. Si drôle...

Je m'attendais plus à te voir Jack.


Idem, Louis, idem. Tu joues les vigiles maintenant?

On est bien obligé Jack...

Je tique. Le ton de Louis n'est pas aussi jovial que d'accoutumée. Il se dirige vers la porte et la verrouille, pour ensuite m'inviter à le suivre dans les escaliers. Nous montons, jusqu'à entrer dans un petit salon, vieillot mais confortable. Louis se penche pour se servir dans un petit bar en bois noir, et s'affale dans un fauteuil. Je fais de même. Nous nous servons un verre d'une gnôle de grande qualité.
Lui vide son verre d'un trait. Je crois voir de la peur sur son visage, un instant. Il se lance.

Comment était le voyage?

Presque drôle. Mais explique moi plutôt pourquoi tu tires la tronche.

Il se resserre un verre, le vide aussi sec, pour se donner du courage.

Tu m'as laissé une belle merde Jack.


Je soutiens son regard. Je n'aime pas son ton. Mais c'est Louis, il a le bénéfice du doute.

Il se dit que t'es mort...

T'y as cru?

Son visage rougit. Pas de gêne. De colère.

On s'en fout que j'y ai cru Jack! Ce qui importe, c'est que les autres y croient!

Louis a l'air furax. Jamais je ne l'ai entendu m'parler ainsi. Et lui plus que tout autre sait ce qu'il y risque. Mon cerveau se réveille. Il a toute mon attention.

Développe.

Les choses ne vont pas bien Jack. Les affaires périclitent.


Reste poli.


Il se marre et retrouve son sérieux, aussi sec.

Qu'est-ce qui s'est passé?

J'ai eu une mauvaise passe. Le genre qui te donne envie de tout envoyer chier.

Le reste de l'équipage?

A la retraite sur une île perdue. J'suis solo, à nouveau.


Là nouvelle ne lui plait pas. Sa trogne devient un peu plus sombre, encore.

Ca va leurs donner du grain à moudre.

A qui?

A tous ceux qui en veulent à c'que tu possèdes, à c'que tu es. Ca fait une éternité qu'on a plus de nouvelles et les rumeurs vont bon train.


Je pige, je pige. Mais dis-moi, explique moi précisément ce que ça peut foutre, à toi comme à moi.


Jack, tu crois que tout ça, cette île, tes bars, tes avoirs marchent comment?


Aucune idée.

Ta réputation Jack. Ca et rien d'autre. C'est pas trois malabars qui empêchent le premier rigolo de piller mon bar, c'est la promesse de ce faire broyer par tes mains. C'est pas Mongomery et Steve qui font que Dead End tourne, c'est ton nom inscrit sur la plaque de bienvenu. Sans ton nom, tout ça n'est rien d'autres qu'un gâteau dont  tout le monde veut un morceau.


Et les gars? Mes hommes?

Tes hommes? Quels hommes? Ceux qui ont lu dans un bouquin que t'étais le sauveur des p'tits enfants? Ou ceux qui entendent que ton équipage s'est fait la malle? Ces derniers temps Jack, on entend parler de beaucoup de choses. Mais jamais de toi. Tu as disparu. Tu nous as laissé derrière.


Tu veux un câlin?

Louis fait mine de ne pas entendre, mais je sais que la vanne le fait marrer.

Les troquets font de plus en plus régulièrement l'objet de tentatives de racket. Les pirates lorgnent dessus sans même se cacher. Quant à Dead End... et bien, tu as beaucoup d'ennemi ici. Ils sont de moins en moins nombreux ceux qui te craignent, ou qui se revendiquent de toi. Ca sent le coup d'état.


Moi qui voulais la paix...

Tu sais bien que tu trouveras pas la paix autre part que dans une grotte, et c'est pas très chouette à jouer irp.


Je vide mon verre. Sans même en apprécier le contenu, pourtant hors de prix.  

Qu'est-ce que tu proposes?


Rien Jack. Je propose rien.

...


C'est à toi de remettre de l'ordre dans tout ça. J'ai pas tes épaules, j'ai pas ton style, et c'est de ça qu'on a besoin.


Je réfléchis. Arf c'est dur. Mais ça marche quand même.

Pas même un conseil? Ou un raccourci?


L'arène... tu sais qu'on l'appelle l'arène de Crack? C'est l'épicentre de la rébellion, ou quoi que ça puisse porter comme nom. Les gus là-bas ne verse même plus leurs recettes à Mongom'...


Un instant. J’acquiesce de la trogne et me dirige vers la porte. Puis j'hésite. Je reviens alors sur mes pas et je chope la bouteille, pour mieux repartir. Je descends l'escalier. Plutôt que prendre la porte de derrière comme une tante, je traverse la cuisine, jusqu'à entrer dans le troquet, coté bar. La salle s'étend devant moi, peu remplie. Les mines sont moroses. On lève un oeil discret vers moi, sans plus. Je passe entre les tables. Arrivé à la porte, j'entends les bribes d'une conversation: un ivrogne grogne à son voisin.

... même pas capable de tenir son équipage. Ses mutins se baladent sous son étendard et font la une de la gazette. Il est fini, "Wrath". Trop occupé à s'occuper des orphelins qu'il est...

Je me fige, la poignée toujours en main. Non. Je me retourne, m'approche du zig. Arrivé à sa hauteur, il se retourne, sur sa chaise. MA chaise. Il me mire dans les mires. Ses lèvres remuent. Il ne voit pas la claque arriver. Il ne dira rien. Sa tête fait un drôle d'angle avec son cou. Je sors, silencieusement. Direction l'arène du "Crack".
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Je repense au gus que je viens de fracasser. "Trop occupé à s'occuper des orphelins qu'il est..." Cafard. Ca pense pas plus loin que le bout d'son antenne. Aucun sens stratégique. S'il savait ce que je m'en cale des orphelins. Chacun ses problèmes, tous les chemins ont leurs avantages. Mais les chiens obéissent à la main qui les nourrit et aussi méchants que ce soit pour eux, les humains leurs ressemblent un peu. Un jour viendra, les gens devront choisir leurs camps. Je sais lequel choisiront ces gosses. Mais pour l'instant, une autre guerre se prépare.

L'arène principal. Une pelote de galeries, un noeud d'passages sombres qui mènent tous au même endroit: Le puit central. Taillé dans la roche, on y voit l'ciel et l'sol est rouge. C'est le centre de Dead End, son poumon, son coeur, ses testicules. J'vais y mettre un bon coup d'taloche. Les gus qui font tourner la maison sont à la solde de Crack Jo, le mutin, et les chiens font pas des chats. Une belle bande de pleutres sournois, qui vendraient leur mère pour un carambar. Le genre de bande où tout l'monde s'déplace dos au mur, parce que sinon on vous plante en les omoplates. C'est la tradition. Les gus doivent s'attendre à un réaction, un jour où l'autre. Ils ne paient pas les impôts, et ils savent: la mort et les taxes, la mort et les taxes. Mais s'attendent-ils à c'que ce soit moi-même en ma qualité de Je tout puissant qui rapplique? On va bien vite le savoir.

Question d'ailleurs? J'prends la porte principale ou les chemins de traverses? La raison voudrait que je cogne à l'entrée. Toc toc. Qui est là? Jack. Jack qui? Jackours te broyer. Ca me ressemble, c'est plein de panache, puis ce sera rigolo. Un beau signe fort, pour rappeler au monde que je suis là. Mais d'un autre coté, si j'ai envie de laisser le monde faire le boulot. Je crois que j'ai une idée. Avec cette tronche en poil buisson, personne me note. Et Louis tiendra sa langue. Autant laisser faire le vent. SUr la droite de la route principale, je m'engouffre dans une ruelle, entre deux maisons délabrées. L'ambiance de la rue disparait à mesure que je m'enfonce, jusqu'à arriver au bout du cul de sac, au flanc de falaise. Caché par la nuit, je passe en mode semi-animal. Est-ce qu'en gorille, j'ai toujours la barbe? Je touche? Oui.

Avec l'agilité pataude du primate que je suis, j'escalade. La paroi est mouillée par le crachin, mais je suis un putain d'gorille, même pas mal. Je finis par déboucher sur un renfoncement. Il abrite une trou, assez grand pour s'y faufiler. Nous y voila. Je reviens en forme humaine et je m'infiltre. Le passage est étroit, mais il débouche sur une galerie où on peut marcher. Attendons. Le temps qu'les mires s'habituent à l'obscurité. Silence, hormis le vent à l'extérieur. J'ai découvert c'passage la première fois qu'j'suis v'nu sur c't'île. Qu'était aussi la dernière. Je zonnais en picolant, histoire de prendre l'atmosphère de l'endroit. C'est en m'écroulant ivre mort dans c'te ruelle pourrie qu'j'ai miré l'trou. Curieux, j'ai ramé pour monter, mais j'y suis arrivé. J'ai découvert ça: l'une des dizaines de galeries qui mènent au centre de l'île. Et je me souviens du chemin. D'abord à gauche. Ensuite... on verra. Je me lance.

J'avance. J'avance. D'abord à gauche donc. Non... l'autre gauche, voila. Droite maintenant. Mhh. J'ai jamais vu ici. C'est plus large. Peut-être qu'en passant par là... Oui. oui. Non... Merde.

Je suis perdu.
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...

Seul la tige qui m'enfume brille dans le noir complet de ces grottes. Périodiquement, alors que j'tire dessus, elle illumine faiblement le décor où j'me fond. J'ai des copains, ici. Je les ai appelé Jo et... Jo. L'un est à ma droite, immobile. Il me fixe de ses globes sans mire. Il est mort et n'a même plus la peau sur les os. L'autre est un peu partout. Il vole de ça de là, à tire d'ailes, pour aller se poser au plafond, la tête en bas. On dit qu'il n'a pas de poil sur le caillou, mais je l'ai vu. Il en a.

Et à part ça, rien. J'ai tenté de revenir sur mes pas. J'ai tenté de frapper sur les murs. J'ai tenté de me souvenir. Je suis toujours là, rien n'a marché. Alors je suis assis, et je fume ce qu'il me reste de tabac. Le manque commence à se faire sentir, ma gorge est sèche. Oh de l'eau, il y en a. Elle fait plic, ploc. Elle coule des plafonniers. Mais je n'ai pas soif d'eau. Je veux me la coller. Picoler. Si ça se trouve je vais crever ici, oublié de tous. Quel bad se serait, crever sobre. Je souhaiterais même pas ça à Crack Jo. Enfin si, je lui souhaiterais. D'ailleurs, je lui souhaite, là maintenant:

Ôh Guy, Dieu des Océans et des grivèleries, toi qui est bon et sournois, fais que Joseph Patchett crève dans son urine, sobre comme un fonctionnaire de marine zélé.

On passe le temps comme on peut et ce genre de moments servent à trouver un dieu. Mais faut pas se leurrer, j'vais clamser ici, seul comme un cul, dans une grotte noir comme l'intérieur d'un cul, avec cette douce brise qui caresse ma gueule en guise de pet. ... ... Douce brise? Je bondis! Surprise, mon ami Jo la chauve-souris s'envole, part dans tous les sens. Oui! C'est bien du vent que je sens sur ma tronche! Aux aguets, je le suis. D'où viens-tu toi, d'où viens-tu... Mes mains palpent la paroi, s'écorchent là contre, jusqu'à trouver. Plus haut, encore pus haut, sur le plafond de la grotte, un trou. Il est tout petit, minuscule même, mais suffisant pour laisser passer de l'air, du vent. Je fais un bon en arrière. Pas de temps à perdre, j'ai trop besoin de boire. J'arme mon poing... et je délivre! BAM !

La roche commence pas trembler, puis le bruit caractéristique d'une fissure qui force son chemin se fait entendre. Je fais un pas en arrière, trop tard. Des pierres me tombent sur la face, en masse. Même pas mal, toujours soif. Une derrière juste sur la pommette et ça se calme. Je tire sur ma clope qui illumine faiblement le passage que j'ai ouvert. Il est large et semble s'ouvrir loin. Étrangement, je ne sens plus la brise, le vent s'est tu. Vraiment bizarre, mais il y a un temps pour penser et un temps pour agir. J'agis donc et m'engouffre dans ce nouveau chemin de pierre. La paroi que j'ai brisé donne sur un couloir unique, je le sens de par ma paluche qui caresse la pierre. Le couloir est long, s'étend sur plusieurs lieux. Mon avancée est prudente, noir oblige et de fait, lente. Mais je finis par aboutir sur ce qui semble être, à première mire, une impasse. Ca n'en est pas une... ici, en me baissant, je sens un matière qui ne devrait pas être là: du métal. C'est une trappe, petite mais suffisamment large pour qu'un homme mince puisse s'y glisser. Devinez qui c'est qu'à toujours fait attention à sa ligne? Suprématie des minces. Je me baisse, pousse sur la trappe. Elle est scellée. Je pousse plus fort. Elle n'est plus scellée et glisse jusqu'à tomber de l'autre coté, dans un bruit qui résonne trop fort. Et depuis le trou nouvellement formé passe de la lumière. Je vois et autours de moi, je découvre. Le couloir où j'me trouve a été taillé, un peu. On en a creusé les arrondis, pour en faire de coin, mais le travail n'a pas été fini. Ce qui a été fini, c'est le plafonnier, très bien aménagé. Des crochets ont été enfoncés dans la roche, pour suspendre des cages, le genre où on ne veut pas finir. Je regarde mieux... Les cages sont rouillées, puis surtout, elles sont habitées. Par des morts. Pas de la première pluie les morts. Arf. Temps pour moi de passer la trappe.
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Y a des moments comme ça où tu t'dis qu'la vie c't'une farceuse. Y a des moments où tu vois des choses auxquelles tu t'attends pas. Mais alors pas du tout. J'suis dans un de ces moments. J'ai passé la trappe. J'me suis fait tout p'tit. De l'autre coté, la lumière m'a d'abord aveuglé, une lumière chaude et jaune. Une lumière de chandeliers. Avec pleins de s. Puis mes yeux s'sont habitués, ont commencé à mirer et s'sont écarquillés. J'suis encore dans l'doute. Est-ce que, par l'plus grand des hasards, j'suis finalement d'venu complètement fou. Genre halluciné, genre à prendre un caillou pour un gnou, une clope pour une chandelle? J'crois pas non. Sur l'échelle d'la folie, j'suis toujours resté en bas, les pieds presque près d'la terre. Non, je vois c'que j'vois. Et je vois...

Un diner mondain. Macabre. Une grande table, de celles qui accueillent l'équipage tout entier, est au milieu d'cette caverne taillée au burin. Le couvert est dressé. Y a l'armada: cuillères en argent, bougies, plats chauds et fumants, verres en cristal puis poivre et sel. La nappe est blanche, propre. Les chandelles sont allumées et dansent doucement. Et les convives sont tous là. A ce petit détail près qu'il sont tous morts. De beaux squelettes bien habillés, collerettes et boutons d'manchette. Doivent être là d'puis mille ans. Et c'est ça qui m'chifonne: les squelettes n'allument pas de bougies. Préparent encore moins des plats chauds. J'avance dans la grotte. Il y a même un orchestre. Les musiciens sont fanés et décrépis, mais les instruments sont lustrés. J'parie même qu'ils sont accordés. J'hésite à tester, mais je n'ai jamais eu l'oreille musicale, hormis pour les craquements. Je me fige, les sens aux aguets. Méfiance. Cette mise en scène, c'est l'produit d'un esprit malade. Et c'est moi qui l'dit. C'est l'genre de tableau qu'Anthrax peindrait s'il avait du goût. Parlant du singe, pas d'nouvelle, l'a disparu d'puis un bout de temps. Bon débarras.

Aux aguets donc. J'mire autours. Y a-t-il une sortie dans les parages? J'aimerais ne pas m'attarder. Le repas a pas l'air mal, mais j'ai vraiment pas envie d'être invité, ni de rencontrer l'hôte. J'ai eu mon compte de dingue. Un bruit derrière moi, je me retourne. Rien. ... Juste le souffle du vent, qu'il n'y avait pas une seconde avant... Exactement comme dans la grotte où j'ai été coincé. Il y a une porte ici, et quelqu'un l'a ouverte il y a quelques secondes à peine. Ce quelqu'un est plus que probablement là, il se cache.

Aubergiste? Serait-il possible d'avoir un peu plus de vanille sur mon cake?


Que j'lance comme ça, pour briser la glace. Pas de réponse.

Parce que bon... il est un peu sec, m'voyez!

Sec?!? Mon cake?


Ca vient d'au-dessus d'moi! J'pourrais l'ver la trogne et mirer l'plafond, mais si j'ai survécu dans c'monde, c'est parce que parfois, j'ai la capacité de pas être con. J'm'élance sur la droite donc! J'fais bien: un chandelier de la taille de mon égo s'écrase à l'endroit même où j'étais une seconde plus tôt.

Je fais le meilleur cake du royaume!


La voix qui grince ces inepties est grinçante et mauvaise. Son propriétaire lui est mobile.

Il n'est pas SEC !


Ca vient de derrière. Roulade de ma part pour éviter trois projectiles dont l'sifflement m'indique qu'ils sont aiguisés.

C'est vite dit. Ton cake goute le sable!

NIHAAAAAAAAAA!


Ce cri déchirant! Je crois que j'ai tapé dans l'mile. Toujours énervé l'adversaire, ça l'pousse à être con. Celui-ci est fou, en plus de d'venir con. Une nouvelle salve d'objets absurdes s'élance vers ma gueule. Mais j'en ai ma claque de rouler-bouler. Je deviens noir et m'élance dans leurs directions, tandis qu'il se brise sur mon haki. Sur le coté droit, ma mire capte une ombre. Je m'élance, et ma grosse patte la saisit au cou. Je te tiens, petit fou. Et je te brandis au dessus de moi pour mieux te regarder.
Mais... t'as huit ans !
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Faut la voir la croquette qui s'balance au bout de ma paluche. C't'un gosse, d'sexe mâle. Ca s'voit à la protubérance et au manque d'hygiène. Perso je respecte les deux. Une ch'tite boule de nerf toute sale, qui sautille et s'débat et mord. Qui tape avec son rouleau à pâtisserie, pointe avec sa fourchette de barbec'! Face à l'inefficacité d'son action, le môme tire de son pagne un nouveau jouet qui s'avère être ... un couteau de boucher. Nom de Djeûûû ça commence à m'chauffer! D'un coup, je passe e mode vilain. Je prends des centimètre et long et en large, mes épaules s'couvre d'poil simiesque, tandis qu'mes traits s'font plus vulgaires, faut bien l'dire. Dans l'même élan, je couvre mon bras d'un haki noir ténèbres, juste à temps pour stopper le coup d'tranchant assassin d'ma proie!

TU TE KKKALMES !


que j'grogne.

Et il se fige, les mires horrifiés. Wep mec. Si tu veux jouer au plus crasse avec Jack, t'es pas prêt d'gagner. Promesse. Je profite de l'accalmie pour passer le p'tiot à l'interrogatoire. J'ai pas envie de caler un enfant à coups d'pied. J'ai des principes. Pis cet ignoble me fait penser à moi plus jeune. En plus sauvage. Mais moins beau.

T'es qui?

...

Ton nom?

M..Marmot...

Margo? T'es un trav'?


La crevette devient rouge sang, ça s'voit même à travers la boue sur ses joues.

MARMOT! MA RE MO gros ... chien!

Hmm... On a affaire à un champion.

Qu'est-ce qu'tu fous ici, Marmot?


Marmot boude, il regarde vers le sol, bras croisés. J'lui en colle une. Petit, piquante, juste de quoi l'éveiller à l'éducation moderne et à la psychologie.

J'suis l'cuistot! Comme Papa!

Et où est Papa!

Il est mort!


En m'lâchant ça, Marmot à un sourire jusqu'aux oreilles.  Comme s'il v'nait d'm'annoncer le truc le plus chouette du monde. J'amorce la question du comment de la mort à Papa, puis en fait non. J'évite. J'ai aucune envie de savoir, vraiment. Ca me fait trop peur. Héhé.  

Comment on sort d'ici, Marmot?


Sourire à nouveau.

On sort pas!


J'lui en remet une. Non éducative cette fois-ci. Juste pour le plaisir. A mon tour, je souris. Le Marmot me rend mon sourire. Il est complètement cinglé. Givré jusqu'aux chromosome.

T'es bien arrivé par quelque part..?

Par le ventre de Maman!

Ok... arrêtons ça. Jack en a marre. Il lance donc l'enfant. Ca fait du bruit en tombant. Je me retourne vers lui, avec un regard qui dit: tente quoi que ce soit et je te coupe un doigt. Marmot comprend et regarde le sol. Merveilleux enfants, avec eux, tout le monde peut avoir le haki des rois. Le pas lourd comme le gorille que je suis, je commence à explorer cette folie. La salle n'est pas changée. Elle est creusée à même la roche, et au vu des dimensions, il a fallu beaucoup de bras pour ça. Je suppute que les bras en question appartiennent à la vingtaine de squelettes qui siègent à cette grande table, à quelques mètres. La même grande table que Marmot s'évertue à renflouer de denrées pourries... qui viennent d'où?

Hé Marmot? La bouffe, elle vient d'où?


Y m'regarde bizarre. Comprends pas.

La bouffe? Le mangé? Avec quoi tu fais tes vieux cakes!


ILS NE SONT PAS V...

Ma main se dresse, en guise d'avertissement. Marmot ravale la colère qu'il garde par tonneau.

Elle vient du trou dans le ciel.


Je mire en haut. Pas d'trou. Je mire Marmot. Il me pointe du doigt un porte faite main, au fond d'la grotte.

J'm'approche, je pousse la porte. Elle grince, cède et me permet de m'enfoncer plus loin dans les tréfonds. Je suis dans une nouvelle grotte, aux dimensions impressionnantes. Celle-ci est naturelle, creusée par le temps. En son centre, y a un bassin, un bassin pleins de flotte toute tumultueuse. Et au bord de la flotte, à moitié calé sur la roche, y a un rafiot. Il a bien mon âge. Plus que ça probablement. J'approche. Pas de doute. Le bateau, je sais d'où il vient. Le courant qui pousse l'eau dans cette grotte, c'est la faute à un tourbillon, ou un truc dans le genre. Un gros trou d'eau qui suce tout c'qui passe à portée, probablement pour le plonger dans des galeries inondées, sous l'île même. Ici, l'une des galeries remonte et crache c'qui s'est fait prendre à l'extérieur. Ces types attablés ont dû vivre ça. Certains auront survécu, et ont été forcé de s'installé ici, il y a longtemps. Pas bon pour moi ça. Mais... je me rappelle de ce qu'a dit l'gosse, et mire en haut. Et en effet, là, un trou. Long, très long, on n'en voit pas le bout. Difficilement atteignable, et les fins filets d'eau qui en tombent indiquent que ça doit être glissant, impossible à grincer. Une partie du mystère se résout. Reste le bateau. Vient d'où, juste par curiosité.

Ssssh. Pas s'approcher. Pas bien.


C'est l'Marmot, derrière moi, posé sur un rocher comme une grenouille. Il a de nouveau ce sourire. Quoi que... on dirait que son rictus est plus sournois que les précédents.

Jack fait c'qu'il veut. Surtout si c'est pas bien.


Jack... shhhhhhhhh.


Cinglé. J'approche du navire. Taille moyenne, bois traité, deux ponts, deux mâts. A y voir, c'est du bel ouvrage. Je monte sur le premier pont, ça glisse un peu mais... non, ça ne fait pas que glisser, ça bouge aussi. Un bruit d'eau! J'tourne la gueule, juste à temps pour voir arriver vers moi un truc! J'baisse la trogne, évite le bazar de justesse, mais c't'épave continue d'tanguer, m'envoyant dangereusement vers l'eau! Un autre truc vient vers moi: c't'un tentacule! J'me le prends en pleine face, et ça m'envoie valser à dix mètres sur la roche! J'm'écrase dans l'mur, tandis que face à moi, des eaux déchaînées s'extirpe la plus vilaine pieuvre bouffeuse de tout qu'j'ai jamais vu d'ma vie. Sa bouche arbore des dents d'la taille de mon bras, tandis que dans ses bras se sont plantés au court des années de nombreux déchets d'bateaux et autres, les transformant ainsi en battes cloutées molles, mais probablement aussi puissants que mon pénis.  


Dernière édition par Jack Calhugan le Mer 5 Aoû 2015 - 0:18, édité 1 fois
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J'vais pas m'faire emmerder par une pieuvre. Foi de Jack. Par contre elle va quand même un peu m'faire chier, ça j'te l'dis. Les pieuvres sont comme ça. C'est l'mal d'amour, plus elles sont seules et délaissées, plus elle cherchent à t'faire des câlins. A part qu'elles sont moches comme des poulpes, alors personne en veut, ça les fout en rogne. Les marques d'amour deviennent des marques de mort, c'est le divorce avant même le mariage. J'm'en vais lui payer sa pension alimentaire à celle-ci!

R'montant droit sur mes appuis, j'arme un bras puissant et vilain.

Flying Krapax!


Ça manque pas, l'octopute se mange mon onde de choc en pleine poire! J'ai un sourire vilain qui commence à creuser ma joue, mais je le retiens. La tronche au poulpe se déforme oui, mais aussitôt dit, aussitôt fait, elle se reforme pour me renvoyer mon onde droit sur la face! Et j'me la mange en plein! PAF !

...

Je m'étais jamais pris une de mes claques en pleine gueule. Ça fait très mal. Vraiment. Ça m'a amoché et j'me dis: Jack, tu frappes mieux que tu n'encaisses. Un mélange de fierté et de rage m'envahit l'bas du ventre. Merde, c'est trop bien et trop con à la fois, tandis qu'à moitié groggy, j'mire la pieuvre arracher d'un tentacule l'un des mâts d'l'épave qui nous sépare, pour s'en servir comme une lance taille mastoc. Le bestiau sait viser, et le mât fonce droit sur moi. Je remercie ma forme semi-gorille, qui m'permet d'bondir sur la gauche et d'éviter l'empalement. Et en r'prennant mes esprits, j'comprends un truc à propos de mon adversaire monstresque: mon panel de coups lui est pas adapté. Du tout. L'enflure me renverra toutes mes ondes de choc à la tronche, et mes claques ne feront que l'déformer. C'est comme taper dans un marshmallow. D'un coup, je gueule.

Marmot! File moi un d'tes couteaux!

J'mire le gosse, toujours posé comme un crapaud sur son rocher, bien à l'abri. Lui me mire aussi, me fait un grand sourire et me tend le majeure. Je vais te frapper pour ça, Marmot, tu t'en rends compte. Il s'en rend compte je crois, mais lui, il a parié sur Octopute. Soit, ça m'donne du courage. D'un nouveau bond, je rejoins ma précédente position, là où repose encore le mât qui m'a été lancé. J'm'en saisis d'une patte et... retour à l'envoyeur. Tu veux jouer, le mollusque ? Jouons. Le mât file droit, pour aller s'planter dans un des tentacules. Ces trucs sont solides, ça traverse même pas. Merde... Réfléchis Jack. Réfléchis... D'un coup, ça m'vient! Réfléchis pas Jack, ça t'a jamais sauvé! Fais le à l'instinct! Sois stupide. Alors je me lance. Dans la gueule du monstre! Ouais mec. Quoi d'plus stupide que d'aller s'fourrer dans la bouche d'un truc qui veut t'bouffer! Même Octopute va être étonnée.

Run this way!

Un bond, et m'voila qui saute au-d'ssus d'l'épave, droit vers l'eau, droit vers le trou béant plein de dents. J'y atterri avant qu'la bête aie l'temps d'fermer les maxillaires qu'elle a pas, mais l'idée lui vient bien vite. J'ai une soluce pour ça: mon corps commence à se couvrir de haki, pour devenir impénétrable. Le trou béant se contracte autours de moi, poussant les dents sur mon corps. Arf! Quelque chose cloche! Une des dents est en train de s'enfoncer, lentement, dans mon épaule, alors que toutes les autres calent! Merde qu'est-ce que... C'est en mirant mes panards que je comprends! La gueule de la bête est humide, fort! Humide d'eau de mer, qui m'affaiblit et m'empêche de concentrer mon haki correctement! ARF! QUEL CON, QUEL CON! Nom de dieu, j'veux pas crever comme ça, même si personne sera là pour raconter à quel point j'suis un branleur! Personne sauf le marmot et... Anthrax? Oui, j'vois son ombre noir, planquée dans les rochers, je sens les deux billes ombrageuses qui lui servent d'yeux se délecter du spectacle! Non, je ne crèverai pas devant ce singe! Rageuse, ma patte droite saisit la dent qui perce mon épaule et d'un coup sec, l'arrache! Je sens la pieuvre trembler. Ça me donne du courage et m'procure un peu d'plaisir! Du gauche, j'en chope une autre! En s'arrachant, la dent fait un horrible bruit d'sussion Puissamment, J'arme un lancé des deux bras, et trouve de dernières forces pour les enduire de haki. J'les balance vers le haut, vers le d'ssus du conduit dînatoire, en espérant que dans ce tas d'slime, là-haut, y a un cerveau! La bestiole fait un bruit ignoble, et j'accroche deux nouvelles dents avant d'bondir vers la sortie!

L'air frais me fait du bien et libéré de l'eau démoniaque, je retrouve mes esprits. Je ricoche sur l'épave pour sauter vers la paroi et enfin revenir vers la bête, sur le haut d'sa tête. J'y plante ses crocs, à répétition, elle n'aime pas! Octopute, folle de rage, dresse ses tentacons bien haut, qu'elle envoie pleine vitesse vers la mouchette qui lui pète la tête: moi! J'bondis, et le poulpe s'enfonce toutes les crasses calées dans ses pattes sur sa face! Je vois le mât, toujours planté dans un des bras, je saute:

Kong Chok!

Avec toute la violence qu'on peut m'connaître, j'abats mes deux poings joints dessus, tel un masse noir, toute pleine de haki vilain qui suinte! Le mât s'enfonce d'un coup sec, et Octopute meurt en brochette.  
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J'te passe la trempe que j'ai foutu à Marmot, après ma victoire. J'te la passe parce que... arf ça m'arrache. Parce que j'ai pas eu les couilles, voila! Non. Dès qu'le monstre s'est effondré pour aller flotter mollement sur l'eau, le gosse a bondi. Sans mot dire, avec son allure de petit animal aux aguets, il s'est précipité vers l'épave. L'a disparu le temps d'un clin d'oeil dans ses entrailles, pour en r'sortir un coffre tout pourri sous l'bras. J'en ai vu des coffres. J'en ai vu des affamés de trésors. J'peux t'dire, toi mon ami, que c'coffre là contenait de trésors que pour le Marmot. Des souvenirs probablement. Des conneries. Ses conneries, juste ce qu'il lui restait pour être quelque chose. Juste ce qui lui manquait, juste là, intouchable jusqu'à maintenant. J'me suis assis et j'ai roulé un tige. J'ai le meilleur tabac du monde, celui qui ne se mouille jamais. J'ai savouré ma fumée et Anthrax m'a rejoint, sans un regard.

Une fois mon vice assumé, j'ai miré le gosse. C'te tronche. La sienne. Elle a changé. Maintenant, on l'croirait domestiqué. Un gentil petit toutou à son maître. Dommage. Sur son dos, un baluchon. Probablement toutes les crasses de son coffre, là, toute près de lui. Je suis las de cette caverne. De cette humidité.

T'aurais d'la gnôle, Marmot?


A nouveau, il disparait. Marrant cette façon qu'il a de se mouvoir. Presque à quatre pattes. Il revient, les bras chargés de dix caisses en bois. On l'voit pas, derrière la pile. Solide le gamin. Il les pose face à moi. Je fais sauter le couvercle de la première. Yamasako 1790, Rhum premier cru, vieilli en fût d'eau de vie. La cuvée du siècle. Héhé. Le bouchon saute, je goutte. Hmmm. Ouais, pas de doute, c'est du bon. J'en casse une demi-bouteille en deux gorgées, puis j'mire Marmot. Son regard est neutre, tranquille. Je lui propose la bouteille. Il hésite une seconde, puis tente le coup. Fais d'abord une drôle de tête, puis sans sourciller, avale le tout et sourit, grand. J'aime bien ce gamin. Lorsqu'il me rend la bouteille, elle est presque vide. J'file la fin à Anthrax, qui râle et en ouvre une autre. Et je me lève. Autours de moi, cette satané caverne. Je pense un coup. Je pourrais revenir d'où je viens, mais c'est un coup à se reperdre dans les galeries. Je pourrais creuser la roche à coups d'poing, mais ce serait laborieux et j'finirais surement par me perdre dans mes propres galeries. Non. La solution est ici, dans ce trou qui mène vers le grand air. Ce trou glissant et impossible à escalader tant il glisse. ... Peut-être que dans l'épave, je pourrais trouver une corde où quelque chose. Je pose mes yeux sur elle... Puis sur le poulpe géant... et mort.

Marmot, tu sais cuisiner le calamar?


...

L'affaire est faite. Le Marmot a été parfait. Parfait et impressionnant. Avec des lames, ce gosse est une tuerie, au premier sens du terme. Et en cuisine, il se débrouille. Ce qu'il a fait, là, c'est pas pour manger, c'est bien mieux. Je tiens entre mes mains notre porte de sortie, ou en tout cas, la clé qui l'ouvre. Elle pue, la clé. D'un geste, j'enfile le premier bras. Je teste sur la roche. C'est parfait.

Enfile les toi aussi. Anthrax, sur mon dos.


Le gosse s'équipe, je fais de même. La tronche que je dois avoir. Je porte à chaque membre une superbe ventouse de poulpe géant, découpée par les soins de Marmot et soigneusement cousue à du tissu pour pouvoir être fixé. C'est grotesque, c'est moche et ça marche. Nous voilà bons pour l'escalade, et j'ouvre le bal. Je chope le gosse par la main, passe en forme semi-gorille et bondit. Arrivé à hauteur du trou, je rabat fermement mon bras contre la paroi, et la magie opère. La ventouse fait un bruit d'sussion et se fixe à la paroi. Je balance le Marmot pour qu'il puisse en faire de même. Nous commençons l'ascension, sans encombre, comme il faut. Il ne nous faut pas longtemps pour arriver haut.

Lorsque enfin, ma main saisit le bord du tronçon, ce n'est pas sur de la roche qu'elle s'agrippe, c'est sur de la merde. De la crasse, du déchet. Je trouve un prise fiable et tire, et ma tronche sort du trou. Je vois, enfin. Je m'étais pas trompé. Autours de moi, de nous en fait, une énorme étendu de toutes les crasses qu'on peut trouver. Reste de nourriture putréfiée, objets cassés, matériaux pourris et quelques corps ça et là. Et au bout, tout au bout de ce tas, une porte. Je grimpe, Anthrax sur mon épaule. Marmot me suit.

Pleins de cake!

Laisse-t-il échapper. Je tremble à l'idée d'enfin savoir ce qui a nourri le gosse pendant tout ce temps. Je jubile par contre car je sais ce que je vais trouver derrière la porte. Une fois débarrassé des ventouses, nous avançons vers elle, enjambant les saloperies. J'entends un bruit. C'est Marmot, il remplit son baluchon. J'l'alpague.

Laisse ça là. Tu vois cette porte?


Fait oui de la tête.

Derrière, il y aura tout ce que tu veux pour bouffer.. et tout le reste.


Le gosse sourit.

Mais y aura aussi des gens, et ils voudront rien donner.


Silence du gosse.

Il va falloir tous les abattre, les casser, les découper. Tu sais faire ça?


Un sourire sur la gueule de Marmot. Il est aux anges, impatient déjà. Parfait. Sur mon épaule, ça s'agite aussi. Alors je souffle à Anthrax, dans ma barbe:

Toi aussi p'tit démon, t'as carte blanche. On liquide tout.


Le singe laisse échapper un râle de haine et de joie tandis que d'un coup de pied solide, je fais sortir la porte de ses gonds. Nous étions dans le vide ordure de l'arène de Crack. Nous allons entrer dans le bâtiment principale. Ça ne va pas être joli.
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Mais alors pas joli du tout. La pièce où j'déboule avec plein de panache n'est autre qu'une cuisine. La lumière m'y aveugle un peu, mais pas assez pour m'empêcher de distinguer quatre gusgus. Les types me mirent, du haut d'leur tablier dégueulasse. Z'ont pas trop l'air de comprendre qui ou quoi, ni surtout comment.

C'est qui ces clodos?


C'lui qui a balancé ça à une toque sur le caillou, et y semble pas bien impressionné d'nous voir. Ses gros yeux d'mérou sont plutôt tranquille, son expression neutre. J'imagine qu'être cuistot à l'arène de Dead End, ça t'en fait voir assez qu'pour plus t'étonner de rien. Même pas d'l'arrivée d'puis ton vide-ordure d'un type crados à la barbe de trois mois et d'un gamin aux allures de rongeur. Je le fixe, droit dans les mires, et j'lâche...

C'est la bande à Jack.

Leurs laisse pas le temps de comprendre. Une impulsion et j'm'élance, pour aller fourrer mon gros poing dans la tronche au premier commis, le plus proche de moi. Le gars a rien vu venir et il s'écroule mollement, comme un jouet cassé. Je fais un grand sourire au chef.

Et Jack a dit qu'il était pas content.

Les gus ont compris, ils se saisissent de couteaux à proximité! Mais un autre tombe déjà! C'est l'marmot, il s'est faufilé comme une petite fouine pour aller trancher du jarret. Brave gamin. Le chef le mire et court vers lui, lame brandie, tandis que dans son dos, son autre commis se reçoit Anthrax sur la tronche, qui minutieusement entreprend de lui enfoncer ses petits doigts mignons dans les yeux. Perso, je chope une assiette sur le zinc pour la balancer manu militari dans la tronche au chef cuistot. Je n'ai pourtant pas besoin d'intervenir. Le Marmot a facilement éviter l'estoc en passant entre les jambes de son assaillant. Il est maintenant sur son dos, a faire de la purée de cervicale. Même à mes yeux, c'est difficilement soutenable. Enfin. La cuisine est dégagé. Sale mais dégagé. Et maintenant que je sais où on est, je sais où on doit aller. Il y a trois points stratégiques: l'arène, le comptoir des paris et l'ancien balcon des clans. Depuis les cuisine, on peut déboucher direct sur le balcon. Après y avoir broyé quelques VIP, un petit tour par l'arène permettra de s'échauffer encore, puis j'irai cueillir les comptables et autres crasseux de Crack, à qui j'enfoncerai leurs intentions putshistes bien profond. Hmmm, tout ça sonne comme un bon plan.

Marmot, tout va bien?

Le gosse me répond pas. Je m'approche, je comprends. Le gamin est en plein rêve: face à lui, sur un établi, une collection complète de ce qui se fait de mieux en terme de couteaux. Des p'tits, des grands, des fins, des gros, des biscornus puis des classiques. Et d'autres encore.

Prends ce qu'il te faut et suit moi. Si on croise quelqu'un, tu frappes d'abord, tu poses des questions ensuite... Enfin non, pose même pas de question.

Dans l'couloir, j'entends des pas. Notre petit échauffourée a probablement attiré l'attention. Possible qu'on vienne regarder ce qu'il se passe. A vrai dire, je m'en torche. Je suis dans la place, et j'ai pas l'intention de la jouer ninja. Moi, mon style, il est gras et salissant, tout en musique. Alors j'arme un poing vilain et direct, j'balance une patte de choc, dans l'mur! Le truc vole en éclat pour découvrir le couloir creuser dans la roche du cratère. Une troupe de cinq gus est là, plus surprise que les cuistots cette fois-ci.

Que...

La mort et les taxes messieurs. La mort et les taxes.


Je bondis vers eux, pleine vitesse. D'ici à ce que je sois sorti, je ne m’arrêterai plus. Parole.  
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Ils s'écrasent, comme des mouches. Ils en tombent de tous cotés, j'en aurais presque de la peine pour eux. Mais je n'en ai pas. Mes pains s'encastrent et s'enfoncent, les mâchoires craquent, les os se brisent et les hommes tombent. Les femmes aussi, je ne fais pas de distinction. Pas de chichi, pas de techniques folles ou de forme gorille, je veux rester anonyme. Ça ne m'empêche pas de crier à qui peut encore entendre que nous sommes les émissaires de Jack, son commando. Dans mon sillon noir de destruction, Marmot suit le rythme. Une sorte de frénésie s'est emparée de lui, la liberté nouvelle le grise, et il la remercie de coups de tranchants bien senti. Plus en marge encore, Anthrax n'hésite pas à achever les blessés et à profaner les morts.

Et les couloirs de l'arène défilent, comme ça, sans qu'on puisse nous opposer beaucoup de résistance. Ils ne s'attendaient pas à une attaque de l'intérieur, nous sommes comme le virus qui opère depuis les profondeurs de l'intestin. Nous sommes l'infection, le cancer. Nous sommes bien. Et si beaux. Ma main noir arrête un plomb tiré, tandis que mon autre patte encastre le ventre du tireur, quelques secondes plus tard. Combien sont tombés? Plus que douze et je n'ai jamais su compter au-delà. Mais enfin, une porte apparaît, là, au bout du couloir. D'un coup de pied viril, je la défonce. Et l'arène se dévoile. Sur le balcon des V.I.P. (je n'ai jamais su ce que ça voulait dire) sont assis des inconnus, mais leurs trognes me rappellent celles de Joseph Patchett. Une nouvelle salve de baffes se perd et les types s'écroulent. Temps pour une pause, brève. Je mire autours de moi. Marmot va très bien, merci pour lui. Anthrax aussi. Le balcon n'a pas vraiment changé, toujours richement paré, en surplomb au-dessus de l'arène, avec ses gros trônes m'as-tu-vu. Seulement, un trône a subi quelques outrages. C'est celui qui accueillait en son temps l'ami Montgomery, ancien chef de clans rallié de force à ma cause. En son lieu et place, on a mis un épouvantail grossier, grimé comme un idiot. Mais ce n'est pas la seule surprise.

L'arène. Elle est peuplé, un combat s'y déroule et je reconnais deux des participants. Là, aux prises avec une dizaine de vauriens surgonflés, se trouvent mes deux anciens membres d'équipages: Noa, charpentier aguerri et le Doc Bishop! Ils sont mal en point, harassés et blessés. Ca n'est pas leurs premiers combats. Depuis combien de temps sont-ils retenus ici et jeté en pâture dans l'arène? On s'en fout, ce sont mes hommes et je suis le seul à avoir droit de vie et de morts sur eux. Je fais signe au Marmot, il saute sur mon dos, tandis qu'Anthrax s'accroche à son sac. Le pas calme, j'enjambe la bordure du balcon, et saute dans l'arène. D'un coup, le public autours se tait, les combats se figent. On me regarde. Je crie, haut et fort.

Vous ne nous connaissez pas mais vous connaissez mon patron, Jack. Jack a dit: je ne suis pas content. Jack a dit: réduisez cet endroit en cendres, éliminez ceux qui s'opposent à moi. C'est ce que nous allons faire. Merci.

Un temps. Le public est muet, comme s'il avait vu un fantôme. Puis, un des gladiateurs se précipite vers moi. Je l'attrape au vol, par la gorge. Je sers. Son cou se disloque et il tombe. Et là, c'est l'hystérie. Dans les gradins, le mouvement de foule se déclenche! Chacun pour soi, tous contre les autres. On s'écrase pour s'enfuir, on se cavale vaille que vaille. L'arène, c'est autre chose. Les gars qui y entrent, ce sont des habitués de la mort, c'est leurs métiers. D'un commun accord, ils se jettent sur moi, sous les yeux hagards et fatigués de Noa. Quant au Doc, il a ouvert grand la porte à la folie qui campait dans son jardin. Elle est entrée, les fiançailles ont eu lieu. Les voila unis pour la vie. Ce sont des choses qui arrivent.

Je m'occupe des gladiateurs. Dois-je expliquer comment? C'est une histoire à base de phalanges et de coups bas. Un soupçon de cruauté pour le fond, une pincée d'exubérance pour la forme. Il n'en reste rien une fois terminé. Où sont donc passé les vaillants, sur cette île? Je me tourne vers mes anciens compagnons. Noa. Lui qui fut mon premier alliés. Lui qui, avec Tahar, fut une des racines des saigneurs des mers. Lui me reconnait. Il me reconnait, mais ne dit rien. Il se laisse tombé par terre, sur son derche, et souffle un grand coup. Je comprends que ça fait longtemps qu'il est ici. Je comprends aussi qu'il n'est pas fier de s'être fait mettre aux fers. Je le laisse tranquille, nous boirons plus tard. Le Doc, c'est une autre histoire. Le Doc, je l'ai dit, est fou. Ainsi se comporte-t-il comme un fou. A peine ses anciens opposants tombés, ils se jettent sur eux, pour en prélever des morceaux. Aucun regard ne m'est adressé. Étrangement, Marmot saute sur ses traces, et imite ses gestes. Ensemble, ils collectent des trophées morbides sur les cadavres. Relevant la tête, leurs mires se croisent, et je crois déceler un sourire sur la tronche du Doc. Le monde est foutrement dingue, que je me dis, en m'approchant des barreaux de l'arène, qui plient sous ma poigne.
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Alerte et décidé, je rejoins c'qui devrait être mon dernier stop. Le comptoir des paris se trouve près de l'entrée principale. Je serre mes poings, maintenant bien rougeasses, tout en expirant un soupir mauvais. Qu'est-ce que c'est qu'cette merde? J'veux dire, on s'fait chier, non? T'en penses quoi, lecteur? Dead End, c'est devenu un salon d'thé, j'dis. Où est passé la résistance? Les gladiateurs, prêtres du sang et de la mort, se sont cassés comme du p'tit bois sous mes pattes. Alors soit je suis devenu un monstre de violence, et c'est le cas en fait, soit le niveau de Grand Line, section île de vilains, est sérieusement à la baisse, et va falloir réformer. Ils sont où les vils crapahuteux casseurs, les mercenaires criminels de guerre, les porteurs de hachoirs géants et les psychopathes schizophrènes? Que sont devenus les assassins meurtriers formés dès l'enfance, les handicapés violents surdimensionnés, les marines pervers reniés et rancuniers, les mangeurs d'enfants, les amoureux bouchers? Alors que j'arrive face au comptoir des paris, j'ai réponse à ma question.

Ils sont là. Tous.

Bien serrés derrière Mc Vinny, ancien gros bras de clan maintenant à la solde de Patchett le déserteur, c'est la galerie des sales trognes. Il y a tous les profils susnommés, et plus encore. Malins, Vinny les a gardé sous la main pour me séparer de la seule chose à laquelle il tienne: la salle des coffres, derrière le comptoir des paris. Le pognon. ... C'est ce qui fait la différence entre les petits vilains et les grands vilains. Eux, ils croient en l'argent, l'or, 'fin un tas de trucs qui brillent sans saveurs, tandis que les comme moi, ils ont des idéaux, l'argent n'étant qu'un moyen. ... Waw, penser tout ça, ça m'a fait mal à la trogne. Cassons plutôt des gueules. Mc Vinny me toise. Il se dit probablement que ma tronche lui dit quelque chose. Mais je vais rien dire, faut garder le secret. Quand j'en aurai fini, j'veux qu'on se dise que si t'emmerdes Jack, il a même pas besoin de venir lui-même. Mais il peut. Soit. Je me fige devant le troupeau de exécuteurs. On s'mire, comme des p'tits fiottes. Puis, Vinny, inspiré, ouvre son claque bave, et direct, ça pue la connerie.

Jack nous envoie son émissaire... Tu me dis quelque chose...


J'fais non de la tête.

On savait que Montgomery et Bonzo préparaient quelque chose, mais on ne s'attendait pas à une attaque de l'intérieur. Bien joué. Mais ça s'arrête ici pour toi. Dommage que Jack ne soit pas venu lui-même.


Et il claque des doigts. Et c'est la ruée. D'un coup, d'un seul, ceux derrière s'élancent, et leurs intentions sont meurtrières tout comme leurs aptitudes. Le premier arrivé reste toujours le gagnant. D'un manchette sentie, je lui encastre le pif à l'arrière de la tête, assez vite pour voir venir le suivant. D'un pas arrière, j'évite la masse à clous qui vise mon joli visage. Déjà, deux autres sont sur mes flans. Une lame brille à gauche, tandis qu'à droite, l'épaisse masse de métal d'un marteau cherche mes côtes. Je passe au sol, laissant les deux armes se frôler. J'en profite pour casser une jambe, d'un coup d'poing bien droit, dans l'genou. Pas l'temps d'admirer l'angle, un pied mal intentionné m'oblige à battre en retraite. Et tout en évitant, je vois comment ça va se passer. Leur nombre m'oblige à reculer, reculer, encore et encore, et ce dans un sens unique. Pas de possibilités de les déflaquer, ils m'encerclent savamment, me rabattant vers le mur. Ils vont me cerner, et je vais tout me prendre dans la gueule. Un type gros comme un p'tit bateau et un peu moins discipliné que les autres prend les devants et plongent ses mains grandes comme des tables autours de ma poitrine. Il veut me faire un câlin, m'attrape et sert. Idiot. Ma tête prend son élan pour aller se fracasser droit contre son plexus. Une fois, le type tient bon. Deux fois, sa poitrine perd du coffre comme lui perd de l'étreinte. Trois fois, je crois qu'il est mort. Mais il leurs à fait gagner un temps précieux. Je m'fais caler un marteau, toujours lui, dans l'flanc, tandis qu'un coup d'coude me calque le bide. Et c'est l'avalanche. Des lames se plantent dans ma chair, on me bat, on me rosse, caler contre le mur que je suis.

Mais ils n'ont pas l'intention de me tuer. Je le sens. Sinon, ils auraient pousser leurs fers blancs plus loin dans ma peau et leurs coups n'auraient pas cessés. Non. Là, ils prennent cinq bonnes minutes à me passer à tabac, savamment, comme des pros. Vinny veut probablement faire un exemple, et me pendre à l'entrée de l'arène, avec public, sentence et popcorn. Le con. Ca n'aurait rien changé de toute façon. Ils font un pas en arrière. Je dois avoir une sale gueule, tout ratatiné contre le roche. Mc Vinny fend les rangs pour venir admirer. Et je ris.

Ha. Ha. Ha.

Un coup d'batte.

Je continue à rire.

Haha. Ha. Ha. Héhé.


Je me relève. Nouveau coup de batte, mais je l'arrête, d'un main.

Héhé.


Je les regarde, ils ont un doute. Ils vont donc cogner, c'est ce qu'on fait, dans le doute. Juste avant qu'ils amorcent, j'laisse tomber...

Jack, c'est moi.

Et gorille je deviens.
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La forme Gorille, vous en ai-je déjà parlé? Je veux dire, vraiment, j'vous en ai PARLE ? Vous voyez quoi quand j'annonce qu'j'y passe? Deux, trois poils en plus et un muscle gonfle? Des plus grands yeux et Jack qui s'cale une banane. Première info: je ne mange pas de banane! J'trouve ça répugnant. Pas le goût, l'odeur. Puis cette façon qu'on les gens de mâcher lentement et lourdement la bouche pleine en disant: Ch'est chuper bon. Alors, pour y revenir, la forme gorille parlons en. Imagine un badass motherfucker dans mon genre. C'est pas difficile, ma photo est sur la gauche, au dessus de mon nom. Imagine ce beau vilain dans un bar et toi, bourré assez qu'pour croire que t'es l'pape, qui d'vient mauvais. Tu t'approches, prêt à balancer une saloperie en tesson de bouteille et là tu vois mieux. Tu vois que le gus, il est en acier trempé, noueux comme un chêne, sec comme un coup de trique et qu'ça carrure, c'est pas du marshmallow. Mais comme t'es con et pas mal sûr de toi, t'y vas, t'disant qu'plus grand ils sont, d'plus haut ils tombent. Et t'es doué, alors t'arrives à lui mettre une (lui c'est moi, t'suis toujours), aussi impossible qu'ça puisse paraître. Et là, face à ta gueule, le gus dis forme gorille. Et c'est le début de la fin.

Il grandit, d'abord. Faut pas deux secondes pour que sa caboche trône un demi mètre plus haut. Puis ses épaules... Elles s'élargissent, mais genre grand, et pas que... Elles gonflent. Fort. Pas le genre de gonfle d'un ballon rouge à l'anniversaire de ton morveux d'couz', non, elles gonflent dures. Les nerfs tressaillent sous la peau, et voila qu'en face de toi, le type est quasi trois fois plus large du haut d'avant. Les poils poussent, un épais revêtement noir couvre le corps. Pour la gueule, c'est la même ou presque. Les traits s'durcissent, se font plus simien, tandis qu'aux commissures, le grain devient parchemin, ridulé. Tu jettes un oeil au avant bras, pas parce que tu veux, mais parce que t'es obligé, sont presque au niveau de tes yeux. Deux canons, épais comme ton torse, qui se finissent par des pattes de la largeur d'une de nuit. Serrés, ces pattes sont grosses comme un boule de bowling, et probablement tout aussi dures. Seuls différences, les articulations qui te promettent des fractures multiples plutôt que localisés. D'un geste un seul, les pattes viennent cogner sur le torse. L'avais-tu regardé? C'est la plus grand torse que ta jamais miré. Tu pourrais s'y couché, avec ta femme et ton chiard, sans rire. Le bruit qu'fait l'poing en le cognant est profond et grave, il fait vibrer les murs. Et toi, tout petit et tout, tu sais que t'es baisé, tu sais que t'es fini.

Et ben, le Vinny et ses sales gueules, ils se disent exactement la même chose mec. C'est normal. Le spectacle à de quoi refroidir, sans oublier la petite info qui plait plaisir. Castagner un péon solide, c'est moins inquiétant que castagner un Capitaine Corsaire, dans l'esprit collectif. Cela dit, les gus sont des gars sérieux et, passé la surprise indésirable, ils ravalent leur salive pour se remettre au turbin. Après tout, ils ont le nombre, le terrain... Tabasser un gorille contre un mur change pas des masses de tabasser un homme contre un mur, mis à part que pour les hommes, Gaïa va pas râler. Enfin, c'est ce qu'ils se disent, un instant. Le même instant que je choisis choper Mc Vinny par le haut de la tête de ma patte droite. J'ai l'impression en la grippant de tenir un balle de ping-pong. Et tandis que ses sous-fifres se jettent à nouveau sur moi, j'utilise le putschiste comme un matraque pour les repousse. Je tabasse, je tabasse. Un gus masqué comme un ninja arrive droit sur moi en coup 'pied sauté? Un coup d'Mac Vinny et l'voila rabattu au sol! Un balafré tente de m'scier avec son katana? Mac Vinny fait un très bon bouclier d'abord, un excellent rouleau à pâtisserie ensuite. Et ainsi de suite. Inutile qu'au bout de cinq gus encastrés, Mac Vinny ne m'est plus d'une grande utilité. Il est tout cassé. Qu'à cela ne tienne je le lance pour en retrouver un autre. Mais d'autre il n'y a pas. Uniformément, les gus se sont reculés, pour laisser le champ libre à ... un canon, pointé droit sur moi. Ils tirent! L'explosion éclate le mur, soulevant de la poussière, envoyant valser des gravas comme autant de shrapnels tout autours. Les pertes sont lourdes. Perso, se sont mes jambes qui morflent. Dès que j'ai vu l'engin de mort, j'ai bondi comme un... singe. Je retombe dans les volutes sombres et profitant du chaos, j'arme mon canon à moi.

KONG CHOC!

J'abat mes deux bras au sol et un blast monstrueux balaie la salle. Les gus sont projetés contre les parois, tandis que résonne encore le bruit de l'impact. Et il résonne. Encore. Et encore. Et encore. Tant et tant que j'comprends qu c'est pas le bruit de mon attaque. Ce sont des coups de canons, venant de l'entrée de l'arène. Je tourne ma gueule vers les hommes de mains, laissant derrière moi les interrogations superflues. J'vais m'élancer quand une petite ombre fend l'air, pour ensuite fendre un gorge. J'cherche pas midi à midi et demi. Marmot est de retour, il est venu prendre sa part. Le concours commence donc, à qui finira qui en premier. C'est pas beau à voir. A droite, le gosse et ses coupe chou, à droite votre maître et ses paluches. C'est qu'il est rapide, l'enfoiré. Eux, ils se remettent de mon attaque et sont prêts à vendre cher leur peau. Un gus arrive pas l'arrière, 'stoire de me prendre par surprise. Il est faucher en plein vol par un bras métallique. Noa. Noa a repris son souffle depuis que je l'ai croisé dans l'arène. J'dirais pas qu'il est en pleine forme, n'empêche, il craque le coup du bonhomme sèchement, sans hésitation. L'en reste de moins en moins, des adversaires, mais nous sommes de plus en plus. Cinq. Crak. Quatre. Slash. Trois. Crok. Deux. Slash. Un ... Pan. Anthrax a eu le dernier. La belle bande.

Je les toise, mes "alliés", mes soldats. Puis je toise les corps de mes ennemis. Un bon tas. Un chouette message à qui voudra encore convoiter mes avoirs. Je redeviens moi-même, Homme. ET j'allume un tige.

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Elle 'est consumée, jusqu'à extinction. Petite mort. Alors j'me suis dirigé, sans rien dire, vers la salle des coffres. Pleine elle était. Pleine des taxes non payées, des rapines et des truandages de la bande à Patchett. J'ai tout pris et j'suis sorti. A l'entrée de l'arène, ça pétaradait toujours, ça canonnait, même si l'intensité avait baissé. J'ai d'mandé à Noa, s'il savait ce qu'il se passait. M'a dit que c'était Bonzo et les hommes de Montgomery qui se battait avec les troupes de Joseph. Un peu tard. Mais soit. J'ai donné mes ordres à Noa. Lorsqu'ils passeront, et ils passeront, Noa les informera que les émissaires de Jack sont déjà venu nettoyer et que s'ils laissaient à nouveau le désordre s'installer sur l'île, ils reviendraient pour eux. Ca devrait motiver les deux larrons, que j'aime 'co bien cela dit. Avec Marmot et Anthrax, on a profité de la confusion pour sortir à la sournoise. C'est les mains pleines que je pousse la porte de l'Obscur Troquet.
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Ils ont dû faire une drôle de tronche...

Sûr. Et sûr qu'on peut parler de leurs tronche au passé aussi.

Louis le Barman a un sourire, puis m'ressert une lampée d'une eau d'vie plus que pas mal. En même temps, son oeil zieute malgré lui Marmot, qu'est couché sur le tapis et qui dort comme s'il était das une suite quatre étoiles.

Tu vas faire quoi de lui?


J'sais pas. Ça dépendra de ce que lui veut faire.

Et s'il veut te suivre?

Non. Quelles nouvelles du côté de Mongomery?


Il se bouge. Il a repris possession de l'arène. Le bruit court qu'il veut ériger une statue de toi là-bas.

Eriger?

Faire.

Ah. Ok.


Je vide mon verre, d'un trait.

Et que dit-on sur les faits de la semaine passé?

Ouais, ça fait une semaine que je glande tranquille. J'ai dormi trois jours d'affilé. Tu le crois ça? J'imagine que j'avais besoin de me remettre de quelque chose. Ou que j'étais très fatigué.

C'est confus. Officiellement, c'est Mongom' et Bonzo qui ont donné l'assaut et mis l'arène au pas. Mais les rumeurs circulent...

Ben vas-y, accouche. Quelles rumeurs?

... Y s'dit que c'est un gras bras de Jack qui a fait le boulot puis qu'il est reparti. Certains disent l'avoir vu, des supputations se murmure quand à son identité. On murmure que ce serait ton frère, parce qu’apparemment, il te ressemble. Y a même un surnom qui traîne. Mc Clodo...

Héhé. Je souris bien fort.

... Mc Clodo dit "le pédophile".

Urgg! J'm'étouffe avec mon verre! Nom de Guy! Les cons!

"Le pédophile"!! Qu'est-ce que c'est que ce surnom à la con! Mc Clodo ok. Mais le pédophile, ça n'a rien avoir!


Louis acquiesce silencieusement.

Mc Clodo ressemble à un clodo! Pas à une mouche!

Là, c'est Louis qui s'étouffe.

Tu confonds avec drosophile Jack...

Hmm?

Laisse tomber.

Ouais, je laisse tomber. Y a rien que je puisse faire de toute façon. Les rumeurs sont une chose terrifiante.

Ah oui, autre chose...

La gueule de Louis a changée. Comme s'il allait m'annoncer quelque chose de grave.

Tahar est mort.

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Le Marmot est resté derrière, avec Louis. Il va cuisiner au Troquet, couper les vilains s'il faut. Moi, j'ai fait mes adieux. Moi, je regarde l'horizon. Le soleil est couchant et c'est joli. Alors je pose mon cul sur la planchette humide de ma coque de noix. C'est Louis qui me l'a trouvée. Flambant neuve, c'est un petit rafiot une personne. Solide, rapide et presque confortable. Une belle pièce. Payée avec les taxes prélevées sanguinairement à l'arène. Les cales sont pleines et j'ai de quoi largement naviguer vers la prochaine île sans me soucier de rien. C'est ce que je fais, les yeux calé sur le couchant donc. Je profite, et je pense à Tahar. Le cap', mon premier pote, mon premier (et dernier) boss, mon rival aussi. Il aura fini par passer l'arme à gauche donc. Avec trompettes et tambours... Arf. Même lui peut mourir. J'ai toujours cru que j'allais le revoir. J'aurais voulu le tuer moi même. Ca, ça aurait été beau. Mais non, c'est la vie, sa vie de chien, qui s'en est chargée. Je débouche une bouteille. Santé Vieux Frère.
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(Santé, Jack.)


D'abord, revenir chez soi.  661875SignTahar
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