Une nouvelle m’est arrivée hier alors que j’étais parti faire les courses. Période de bonne humeur, j’achète lessive, légumes, papier toilettes et plein d’autres choses qui sont sur ma liste, je dis bonjour au boucher, au boulanger, et bien entendu à la jolie petite crémière qui me répond souriante en détournant les yeux. Bien entendu j’peux apercevoir en vitesse les pommettes cramoisies qu’elle tente de me cacher. Un poil trop timide mais j’pense qu’un jour je réussirai à ce qu’elle soit un peu plus détendue.
Bref, j’rentre des courses, tout va bien, la serrure n’est pas forcée, tout à l’air paisible, j’rentre dans la baraque pour tomber finalement sur ma p’tite femme dont le visage est quelque peu défait et contrit. Haussement de sourcil de ma part, j’pose deux trois questions muettes, mais les grimaces que j’fais ne provoquent que l’incompréhension de ma chère et tendre. Avant qu’elle ne parte en maudissant mon caractère enfantin et jovial, même dans les situations les plus graves, j'entame une conversation plus évoluée.
« Ma chérie, ça ne va pas ? Je te sens énervée, dis moi.
-Non, rien, on vient de m’appeler pour une mission et…
-Tu as refusé ?
-Non, j’ai accepté.
-Alors qu’est ce qui se passe ?
-C’est la raison pour laquelle j’ai accepté qui m’ennuie.
-Ah ?
-Mais j’ai pas le temps de t’expliquer plus que ça, je dois y aller, un bateau m’attends au port. Oublie pas d’écouter tes messages sur le Denden. »
J’embrasse ma bien aimée juste avant qu’elle passe le seuil de la porte, les mains encombrées par un énorme sac de voyage, et dès que sa silhouette frêle est sortie de mon champ de vision, je m’approche de l’escargophone tout en songeant à la jolie crémière que j’aurai largement l’occasion d’apprivoiser durant le voyage de ma femme puis j’décroche le combiné.
Vous avez un nouveau message, reçu aujourd’hui pendant que vous faisiez les courses.
Allo ! Allo ? Allo !!! Chéri c’est maman, c’est pour te prévenir un peu en avance que je vais arriver chez toi pour quelques jours. Longtemps que ta vieille maman s’était pas occupée de son petit poussin. Tu vas voir, j’ai demandé à ce qu’on vienne me chercher au port dès mon arrivée sur Cocoyashi, tu sais, j’ai plein de connaissances là-bas, forcément quand on a vécu presque un demi siècle dans un endroit on se fait des connaissances. Bref, j’imagine que ça te dérangera pas de m’accueillir, hein ? Vous inquiétez pas, je vous laisserai tranquille vous pourrez me faire des petits enfants sans tenir compte de ma présence. Ah, aussi, n’oublie pas de m’achetez tout ce qu’il faut pour que je te fasse la cuisine. Ta vieille maman va s’occuper de toi ! Allez, à ce soir mon poussin.
Klak.
Bip bip bip bip…
Raaah. Fais chier. J’comprends que mon amour ait accepté sa petite mission. La compagnie de ma mère est toujours… très agréable, oui, très agréable, ne soit pas médisant mon vieux Kosma. Bon, elle arrive bientôt, je ne vais rien faire en attendant. Peut-être bouquiner. Ou profiter de ce temps de répit pour retourner au marché. Non, maman serait foutue de débarquer au pire moment pour me foutre la honte devant ma prise du jour.
Alors j’attends. La tension monte. J’ai le cerveau qui chauffe. Le cœur qui bat à cent à l’heure et une envie de tout dézinguer autour de moi. C’est dire quel degré de contrariété la présence de ma mère provoque chez moi. J’adore ma mère, ce n’est pas le problème. Mais je la préfère quand elle est loin de moi. Très loin. D’ailleurs, ma femme préfère être loin d’elle et si possible que je sois aussi très loin. Bref, nous sommes en parfait accord sur ce point.
DING DONG.
« Ah, mon chéri, tu tombes bien, je n’en peux plus. Tu peux me porter mes affaire jusqu’à ma chambre, il n’y a pas grand chose, tout est dans la carriole là-bas.
-Et je dois prendre quoi ? Ce sont lesquelles tes affaires m’man ?
-Ben… Tout.
-... »
Voilà, exactement ce pourquoi je suis aujourd'hui ravi de la présence de ma mère. Elle est arrivée hier soir et déjà je n'en peux plus. J'ai tenté de m'isoler au moins quatre ou cinq mille fois mais c'est un vrai radar, elle finit toujours par me retrouver pour me faire goûter les pâtisseries toutes chaudes qui sortent du four tandis que les suivantes cuisent à leur tour. Alors bon... J'ai décidé d'affronter le problème directement.
« Manman ?
-Oui mon chéri ?
-Tu pars quand ?
-Oh je ne sais pas mon chéri, je n'ai pas encore décidé.
-Parce que moi je vais pas pouvoir te loger encore bien longtemps.
-Pourquoi ça ?
-Parce que ma permission est bientôt terminée, que j'ai plein de trucs à faire que je ne peux pas faire en ta présence et que tu n'peux pas t'imposer chez les gens comme ça...
-C'est dur ce que tu me dis.
-Sans doute.
-Très bien. Je pars demain. Ne t'attends pas à ce que je revienne avant un loooong moment. »
J'ai failli répliquer, mais je me suis retenu. Elle doit déjà être d'une humeur massacrante, autant ne pas l'achever. Adieu maman. Bon... Bon...
Bref, j’rentre des courses, tout va bien, la serrure n’est pas forcée, tout à l’air paisible, j’rentre dans la baraque pour tomber finalement sur ma p’tite femme dont le visage est quelque peu défait et contrit. Haussement de sourcil de ma part, j’pose deux trois questions muettes, mais les grimaces que j’fais ne provoquent que l’incompréhension de ma chère et tendre. Avant qu’elle ne parte en maudissant mon caractère enfantin et jovial, même dans les situations les plus graves, j'entame une conversation plus évoluée.
« Ma chérie, ça ne va pas ? Je te sens énervée, dis moi.
-Non, rien, on vient de m’appeler pour une mission et…
-Tu as refusé ?
-Non, j’ai accepté.
-Alors qu’est ce qui se passe ?
-C’est la raison pour laquelle j’ai accepté qui m’ennuie.
-Ah ?
-Mais j’ai pas le temps de t’expliquer plus que ça, je dois y aller, un bateau m’attends au port. Oublie pas d’écouter tes messages sur le Denden. »
J’embrasse ma bien aimée juste avant qu’elle passe le seuil de la porte, les mains encombrées par un énorme sac de voyage, et dès que sa silhouette frêle est sortie de mon champ de vision, je m’approche de l’escargophone tout en songeant à la jolie crémière que j’aurai largement l’occasion d’apprivoiser durant le voyage de ma femme puis j’décroche le combiné.
Vous avez un nouveau message, reçu aujourd’hui pendant que vous faisiez les courses.
Allo ! Allo ? Allo !!! Chéri c’est maman, c’est pour te prévenir un peu en avance que je vais arriver chez toi pour quelques jours. Longtemps que ta vieille maman s’était pas occupée de son petit poussin. Tu vas voir, j’ai demandé à ce qu’on vienne me chercher au port dès mon arrivée sur Cocoyashi, tu sais, j’ai plein de connaissances là-bas, forcément quand on a vécu presque un demi siècle dans un endroit on se fait des connaissances. Bref, j’imagine que ça te dérangera pas de m’accueillir, hein ? Vous inquiétez pas, je vous laisserai tranquille vous pourrez me faire des petits enfants sans tenir compte de ma présence. Ah, aussi, n’oublie pas de m’achetez tout ce qu’il faut pour que je te fasse la cuisine. Ta vieille maman va s’occuper de toi ! Allez, à ce soir mon poussin.
Klak.
Bip bip bip bip…
Raaah. Fais chier. J’comprends que mon amour ait accepté sa petite mission. La compagnie de ma mère est toujours… très agréable, oui, très agréable, ne soit pas médisant mon vieux Kosma. Bon, elle arrive bientôt, je ne vais rien faire en attendant. Peut-être bouquiner. Ou profiter de ce temps de répit pour retourner au marché. Non, maman serait foutue de débarquer au pire moment pour me foutre la honte devant ma prise du jour.
Alors j’attends. La tension monte. J’ai le cerveau qui chauffe. Le cœur qui bat à cent à l’heure et une envie de tout dézinguer autour de moi. C’est dire quel degré de contrariété la présence de ma mère provoque chez moi. J’adore ma mère, ce n’est pas le problème. Mais je la préfère quand elle est loin de moi. Très loin. D’ailleurs, ma femme préfère être loin d’elle et si possible que je sois aussi très loin. Bref, nous sommes en parfait accord sur ce point.
DING DONG.
« Ah, mon chéri, tu tombes bien, je n’en peux plus. Tu peux me porter mes affaire jusqu’à ma chambre, il n’y a pas grand chose, tout est dans la carriole là-bas.
-Et je dois prendre quoi ? Ce sont lesquelles tes affaires m’man ?
-Ben… Tout.
-... »
Voilà, exactement ce pourquoi je suis aujourd'hui ravi de la présence de ma mère. Elle est arrivée hier soir et déjà je n'en peux plus. J'ai tenté de m'isoler au moins quatre ou cinq mille fois mais c'est un vrai radar, elle finit toujours par me retrouver pour me faire goûter les pâtisseries toutes chaudes qui sortent du four tandis que les suivantes cuisent à leur tour. Alors bon... J'ai décidé d'affronter le problème directement.
« Manman ?
-Oui mon chéri ?
-Tu pars quand ?
-Oh je ne sais pas mon chéri, je n'ai pas encore décidé.
-Parce que moi je vais pas pouvoir te loger encore bien longtemps.
-Pourquoi ça ?
-Parce que ma permission est bientôt terminée, que j'ai plein de trucs à faire que je ne peux pas faire en ta présence et que tu n'peux pas t'imposer chez les gens comme ça...
-C'est dur ce que tu me dis.
-Sans doute.
-Très bien. Je pars demain. Ne t'attends pas à ce que je revienne avant un loooong moment. »
J'ai failli répliquer, mais je me suis retenu. Elle doit déjà être d'une humeur massacrante, autant ne pas l'achever. Adieu maman. Bon... Bon...
