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La fin d'une étoile


Nous faisions voile vers Whiskey Peak, Midas n’en avait pas fait secret. Le voyage ne devait donc pas être très long depuis les caps jumeaux. Et puis j’avais la chance d’être régulièrement visité, de telle sorte que la monotonie du voyage était facilement rompue.

Tantôt c’était les musculeux qui venaient s’en donner à cœur joie. On me rouait de coups, en long, en large, en travers. Je pense qu’aucun centimètre de mon corps n’a été épargné depuis que j’ai embarqué sur ce navire. Mais finalement, ça ce n’est pas le pire. Il y a les moins musculeux, qui eux aussi veulent être de la partie. Ceux là ne frappent pas assez fort pour m’émouvoir, alors ils rivalisent d’ingéniosité. J’ai eu droit au supplice de la noyade, une activité fort saine pour travailler son apnée. J’ai bénéficié des coups de fouet, traditionnels mais toujours aussi efficaces. Et certains voulaient même se lancer dans de la brûlure au fer. Mais le geôlier a fait du zèle en indiquant que si le bateau prenait feu, il y allait avoir du vilain... Alors on se contentait des supplices plus « sûrs ».

Je n’avais jamais été préparé à ce genre de traitements. La résistance à la douleur on l’a dans le feu de l’action, aidé par l’adrénaline et l’enjeu. Ici, je suis attaché à un mur, pieds et poings liés, avec aucune perspective de s’en sortir. Du coup y’a rien d’autre à faire que souffrir. Et voilà justement les couillons qui rappliquent à nouveau.

« T’es un coriace Steiner. Mais on a le temps. Ils finissent tous par craquer. On va t’entendre demander merci à Midas sur tout le rafiot. »
« Plutôt crever. »
« Oui, ça aussi tu finiras par le demander. »


Et sans plus de cérémonie, on commença à me délivrer des coups de gourdins. De gourdins ! Les mecs n’ont plus aucune décence. En plus, les rationnements en eau et en nourriture m’avaient considérablement affaiblis, presque davantage que les tortures elles-mêmes. Il ne fallut pas longtemps pour que je perde conscience.

******

FLOUCH !

« Qué ? »

Le réveil à la bassine d’eau glacée, toujours aussi agréable. Je relève la tête. Devant moi se dresse un magnifique comité d’accueil. Midas est là, sourire clinquant. A ces côtés on retrouve une dizaine d’hommes, tous vêtus de sombre, solidement armés et au regard vide. Je comprends vite qu’il s’agit de la fine fleur de la B.N.A. Je reconnais ces regards résolus, cette froide distance des tueurs. On me détache du mur et on me conduit directement sur le pont supérieur. Personne ne parle, il n’y a que Midas qui semble incapable de se départir de son foutu sourire.

Sur le pont supérieur, c’est plein soleil. Un bref coup d’œil autour de moi m’en apprend déjà beaucoup sur  la situation. Whiskey Peak est là, fièrement dressée à côté du navire. Nous sommes donc déjà arrivés sur place. D’autres navires accostent tout autour, je peux voir sur chaque pont un bon nombre de chasseurs de primes. Midas a donc emmené le gros de ses forces avec lui.

« Profite bien du soleil Rydd. »

Les hommes en noir me rudoient pour que je presse l’allure alors que j’emprunte la passerelle qui mène à quai.

« Holà les alguazils ! Tout doux. »

C’est à dire que j’ai de nombreuses douleurs. Ceci dit, on m’a laissé mes vêtements alors je ne suis pas encore trop à plaindre.

« Ouais, les rasoirs sont pas réputés pour leur tendresse Tigre. »

BAM !

Je chute lourdement au sol suite à un coup de pied dans les reins. On me relève aussitôt. Les agents sont silencieux, presqu’anxieux. Ils regardent frénétiquement en tous sens comme s’ils étaient prévenus qu’une attaque allait survenir. Ce n’est qu’en passant devant un paysan à l’air bonhomme que je comprends. Sur Whiskey Peak, la B.N.A a pris une sacrée déculottée par Aoi D. Nakajima. Je me rappelle avoir croisé cette femme avec les étrangers. Au moins elle a fait du bon boulot ici.

Et maintenant que je fais plus attention à mon environnement, et moins à mes gardes, je constate effectivement que l’endroit est marqué par la destruction. De nombreux bâtiments sont calcinés et, curieusement, de nombreux champs sont aménagés. J’avais lu un papier qui expliquait qu’après le passage du magma, les cultures s’étaient trouvées vivifiées. Je croisais donc pas mal de paysans qui jetaient des regards interloqués au petit groupe. Nous nous étions déjà bien enfoncés dans l’île et avions laissé derrière nous la majeure partie des chasseurs de primes. Je vais donc certainement être mis au placard dans quelques endroits secrets.

Surprise, le bâtiment devant lequel on me stoppe tient plus de la bicoque paysanne que du QG de la B.N.A. Pourtant personne ne semble partager ma circonspection. Midas entre le premier, je suis, toujours poussé vigoureusement par un ou deux rasoirs. L’intérieur est égal à l’extérieur, une chaumière chaleureuse et amicale. Un petit feu de bois dans un coin, une petite cuisine et un salon disposant de fauteuils moelleux à souhait. Si je dois passer quelques temps ici, je ne serai pas si mal finalement.

Mais Midas ne s’attarde pas. Il fonce vers la cheminée et actionne ce qui au bruit doit être un mécanisme invisible. Aussitôt une partie du plancher bascule et laisse apparaître un petit escalier de pierre.
Pour le coup je sens l’étau se resserrer.
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« En avant ! »

Et la petite troupe descend cet escalier de pierre. On arrive directement dans un couloir dont on voit le bout. A droite du couloir, quatre portes en bois finement travaillées.  La chaumière sans prétention avait donc quelques secrets habilement dissimulés.

« Laisse moi faire le tour du propriétaire Rydd ! Je te présente ton nouveau chez toi. C’est une zone secrète qui nous permet de travailler tranquillement. Je te fais la visite ? »

Et sans attendre, Midas, plus heureux que jamais, prend les devants.

« Première porte, la réserve ! » Et il ouvre la porte soigneusement, l’espace d’un instant.

J’ai le temps de voir quelques petites choses. Dans la réserve pas mal de vivres, des armes en quantités, des habits de paysans et quelques liasses de billets. Vu la quantité de vivres, on peut tenir ici pendant plusieurs semaines.

« Mon bureau ! »

Une nouvelle fois j’ai à peine le temps de jeter un coup d’œil. Je sens que notre ami Midas est pressé de clore la visite. J’ai tout de même le temps de voir un beau bureau ouvragé sur lequel s’entasse des papiers et surtout, derrière ce bureau, sur tout le pan de mur, un gigantesque coffre-fort. Peut-être une partie des cotisations de la B.N.A ou alors l’endroit où il stock les primes reçues...

« La pièce des rasoirs. »

Ici, Midas semble plus enclin à me montrer l’intérieur. Et c’est normal ! A l’intérieur se trouvent plusieurs lits superposés et des tables. Il y a là une autre dizaine d’hommes en noir, encore des rasoirs !

« Attaché et sans pouvoir tu n’es plus grand chose mais tu vois que tu es tout de même très bien gardé. Et enfin ! »

D’un geste solennel il ouvre la quatrième et dernière porte.

« La salle de torture ! Héhéhé ! »

On m’installe dans une geôle. Midas s’installe derrière une table, non loin de moi. On lui apporte aussitôt à manger. Vu la quantité de nourriture je me demande si les vivres ne sont pas là que pour lui et pour une durée limitée...
Il s’attaque à un gros poulet directement avec les doigts. Pendant ce temps, on m’ôte tous vêtements superflus. Ne me reste donc  qu’un pantalon en lambeau. Une nouvelle fois on prend le parti de m’attacher au mur, une démarche devenue récurrente ces derniers temps...

« Bon ! On souffle un peu maintenant. Tu es arrivé à bon port. Et maintenant on va bien prendre le temps de s’occuper de toi. Le programme est déjà arrêté.

Tous les matins, une petite torture amicale, pied, poings. On frappe, on cogne. On te demande rien d’ailleurs. Tu ramasses c’est tout.

Le midi, je viens manger devant toi, histoire que tu te rappelles l’odeur de la vraie nourriture.

L’après-midi, nouvelle torture. Bon là je ne sais pas trop. On risque d’innover un peu selon les envies. Mais là on va te demander de causer un peu. Au début on voudra surtout en savoir un maximum sur Manfred. Puis quand on en saura assez on passera à Stanhope. Puis quand on en aura suffisamment tiré de ce côté là, on te fera dire plus ou moins ce qu’on a envie.

A terme, j’entrerai là le midi et c’est toi qui me serviras le déjeuner. Pour avoir déjà tenté l’expérience, au bout de quelques mois, tu ne sais même plus si je suis ton tortionnaire ou ton ami. Tu finis par devenir un docile instrument, modelable et utilisable à souhait.

Ah RYDD ! J’ai hâte de te voir ramper devant moi, ayant perdu toute dignité et tout espoir.
»


« Tu es un grand malade, gros porc. »

« Oui, oui ! Bon ! Ne perdons pas de temps ! Je te propose de nous y mettre sur l’instant. »

Et sans attendre, plusieurs rasoirs se ruèrent sur moi avec une férocité insoupçonnable. Le sang fit rapidement son apparition. Puis, le noir...
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******
Je me réveille seul cette fois-ci. Une douleur lancinante dans tout le corps m’a aidé à sortir de l’inconscience. Ma vue est un peu floue mais je vois que je ne suis pas seul. Midas est toujours présent, il a l’air fâché. Le laborantin qui était là sur le navire lors de l’échange avec Red m’ausculte.

« Le produit fait effet mais il y a de la résistance. Je pense que la marque de capitaine Red est responsable de ça. Mais ça ne devrait pas prendre plus d’un jour ou deux encore. C’est une solution liquide de granit marin. Injectée dans le sang, ça prend un petit temps avant de faire disparaître les pouvoirs d’un fruit du démon. On n’a jamais essayé sur un Logia si puissant alors... Il est possible que ça explique le délai. »

« Bon... Très bien. Vous restez à disposition. »

Et tout le monde sort sans s’occuper de moi. Bon dieu cette douleur ! J’ai l’impression d’avoir passé plusieurs jours sous un rouleau compresseur. Ma respiration est plus saccadée que d’habitude et je transpire énormément. Et surtout, ma jambe me démange furieusement. J’y jette un coup d’œil. La marque noire de Red semble bouger. C’es étonnant parce qu’elle semblait parfaite depuis le début. Pourtant le noir semble s’estomper.

Mais oui ! J’avais oublié l’allusion de Red. La marque disparaitra ! J’avais cru qu’il disait ça pour se gausser de moi ou pour me donner de l’espoir, m’évitant ainsi de tenter de fuir avant l’échange. Mais non, il n’y avait pas de doute à avoir ! La marque noire s’estompait.

******

Ce fut l’une des nuits les plus longues de mon existence. Pendant des heures j’ai tenté d’activer les pouvoirs de mon fruit sans succès. Mais indubitablement la marque noire continuait à s’estomper.

Au petit matin, j’étais épuisé mais la marque n’était plus qu’une ombre légère sur ma jambe. Et, finalement, après plusieurs heures de lutte. Mon doigt s’éclaira d’une lumière jaune chaleureuse.

AAAAHHHHH BON DIEU ! OUI ! Cette lueur, c’était une lueur d’espoir.

D’un laser bref, je découpe mes menottes. L’imbécile de Midas n’avait pas prévu de granit marin. Il avait probablement tout misé sur son produit miracle et la marque de Red. Une fois libéré, je tombe sur les genoux. Toute cette tension m’a grandement épuisé. Il était temps ! J’entends déjà les rasoirs à côté se bouger pour venir dans la salle de torture. Ils enfoncent la porte et restent figés l’espace d’un instant. Je me dresse devant eux de toute ma hauteur, un sourire carnassier sur le visage.

Et sans un mot je tire plusieurs lasers dans leurs directions. Habituellement, à cette distance, je suis en mesure de toucher des points vitaux mais avec la fatigue je me contente de les transpercer sans chercher l’excellence. Tous s’effondrent sur le moment. Alors que certains n’ont pas encore touché le sol je me suis déjà déplacé à grande vitesse jusqu’au dortoir des rasoirs. Certains s’étaient déjà levés en entendant des bruits étranges. J’avoue que là, c’est le déchainement de violence. Toute la rancœur, la détresse, la douleur, accumulées ces derniers jours est libérée en un instant. Je frappe dur, je frappe fort, je frappe vite. Les crânes se brisent, les membres éclatent, c’est une vraie boucherie. Les rasoirs hurlent, pleurent, appellent leurs mères.

Je prends même le temps de réduire au silence les braillards. Chaque rasoirs est terminé par un coup de laser en pleine tête.

VLAN !

La porte de Midas s’ouvre en grand et j’entends le gros porc prendre la poudre d’escampette. Mais dans une gerbe de lumière j’arrive devant l’escalier de sortie avant lui, les yeux enflammés d’une rage nouvelle.
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« Midas ! »

Et un laser lui traverse le genou. Il s’effondre aussitôt, la peur envahissant son visage.

« C’est impossible ! Le produit ! »

Second laser qui lui traverse l’épaule.

« Mon fruit fonctionne parfaitement. Tu peux demander à tes gars. »

Et il jette un regard vers le couloir où plusieurs hommes sont étendus et où du sang commence à s'écoulr par la porte de la salle des gardes. Cette vision rend Midas encore plus livide.

« Allons dans ton bureau. »

Et d’une force nouvelle je le propulse directement dans ses quartiers. Rien que le voir m’ôte toute fatigue, toute douleur. Son bureau est bien aménagé, je le pousse dans un coin et me dirige vers une commode où se trouvent plusieurs Den Den.

« Y’en a un du Cipher Pol ? »

« Le Cipher Pol ? Pourq... »


Pas le temps de finir sa question qu’un laser lui transperce un pied.

« Y’en a un du Cipher Pol ? »
« Le blanc, tout à droite. »
Gémit Midas entre deux spasmes de douleur.

Je m’installe dans son fauteuil, il y a la place pour en mettre deux comme moi.

« Bureau du Cipher Pol, bonjour Monsieur Finnegan. »
« Ouais, non, c’est pas Finnegan. »
« Monsieur ? »
« Steiner. Rydd. Avec deux d. »
« Je... Ne quittez pas. »

« Steiner ? »
« Ouais. »
« Bon sang, vous allez encore avoir des problèmes mon vieux. Midas est encore en vie ? »
« Il a perdu un peu de sang. Mais il dispose d’une réserve solide. »
« Après le ratage sur Red vous êtes dans un sale pétrin mon vieux. »
« Justement, j’appelle pour voir où on en est dans nos petits plans vous et moi. »
« C’était clair pourtant non ? Vous tuez Red, vous êtes réhabilité. Red est mort ? »
« Non. »
« Au revoir Steiner. »
« OLA, OLA ! UNE SECONDE ! »
« ... J’attends...  »
« Et Midas alors ? »
« Et bien ? »
« Si je le tue ? »


A ces mots Midas tenta bien de protester mais d’un regard impérieux je le ramène au silence.

« Vous serez toujours un criminel mon vieux. »
« Sauf que j’ai des infos pour vous sur Midas. »
« Si c’est pour nous parler de toutes ses entorses à la loi, ne vous embêtez pas. On est informés. Un mal pour un bien... »
« Et si je vous dis qu’il vous entube d’un milliard ? »
« Un milliard !? »
« Et si je vous dis que c’est Red qui a touché ce milliard ? »
« Que !? Vous pouvez prouver ça ? »
« Doit bien trainer un document dans son bureau qui prouve ça. Puis, Red a fait une transaction avec Midas il y a quelques jours aux caps jumeaux. Y’avait un bon millier de chasseurs de primes. Vous devriez bien entendre parler de cette affaire à un moment donné ou à un autre. »
« Le rapport entre vous et le milliard ? »
« Red m’a échangé moi et les Darksmoks contre un milliard.  Midas a accepté pour se refaire une réputation.»
« ... ... Ne quittez pas. »


Je m’allume un cigare tranquillement. Je ne suis plus tout à fait pressé.

« Enflure. »
« Boarf, venant de toi gros porc... »
« Qu’est ce que tu crois pouvoir faire ? Y’a un millier de chasseurs de primes sur l’île ! »
« Tu devrais t’inquiéter de ta situation, pas de la mienne. »

« Steiner ? »
« Hm ? »
« Ecoutez mon vieux. Je vous dresse le bilan. Midas avait déjà un des plus gros dossier actif chez nous. Mais on a besoin de chasseurs et d’un leader. Mais refiler un milliard à Red c’est de la folie furieuse. »
« Pour sûr qu’il va être sacrément plus gênant avec les poches aussi pleines ce bon vieux Red. »
« Un problème à la fois Steiner. Midas vient de passer criminel à l’instant même. Vous êtes mandaté par le Cipher Pol pour l’exécuter. Pleine réhabilitation pour vous, récupération de votre statut de chasseur de primes et... »
« Et... ? »
« La B.N.A ça vous tente ? »
« Quoi ? »
« Il nous faut un leader à la B.N.A pour maintenir la cohésion. L’organisation de Finnegan a plusieurs contrats en cours, des missions spéciale. Il nous faut quelqu’un pour assurer la cohésion. Sans chef l’organisation risque de se morceler. Bref, ça vous tente de reprendre le bébé ? »
« Faudrait déjà que je sois accepté. »
« Arrêtez vos conneries. Vous savez comment la machine fonctionne. Celui qui a les cordons de la bourse est le patron ! »
« Il risque d’y avoir des dissensions. »          
« Bienvenue dans le monde de la hiérarchie. Alors !? Vous prenez ou vous passez ? »
« Je prend. Mais j’aurai besoin de liquidités. »
« Démerdez-vous Steiner. Je dois déjà faire passer le coup du milliard alors les subventions vont baisser dans les jours à venir. »
« Très bien. »
« On reste en contact. »


Et l’escargophone s’éteint dans la foulée. Un bref regard vers Midas et je découvre un tout autre homme. J’ai l’impression d’avoir un enfant devant moi.

« Quel escargophone pour contacter les hommes sur l’île ? »

Devenu l’ombre de lui même, Midas me désigne mollement un appareil.

« Ouais ! »
« Monsieur ? »
« Rameutez moi tous les chasseurs de l’île. C’est l’heure de la récompense. »                                      
« A vos ordres ! »


Je raccroche.

« Allons-y Midas. Ne ratons pas ta dernière fête ! »

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Je met un certain temps pour hisser Midas jusqu’en haut de l’escalier. Ma conversation avec le Cipher Pol l’a complétement anéanti. Une fois dans la chaumière c’est plus simple de le glisser jusqu’à l’entrée.

Dehors déjà un groupe s’amasse. Il grossi de plus en plus. Je fais bientôt face à plusieurs centaines de chasseurs qui ne savent pas trop quoi faire devant leur chef ensanglanté et amorphe.

« Chasseurs de primes. Si je suis ici, c’est parce que votre chef, Midas, m’a échangé au Capitaine Red pour un milliard de Berry. »

Aussitôt, la foule se lance dans de nombreux murmures. Red est un nom qui fait toujours son effet chez les chasseurs de primes, quant au milliard, il provoque un tôlé général.

« Midas, c’est un peu l’échec incarné. Défaite de Whiskey Peak. Pseudo victoire de South Blue. Citez moi une victoire qu’il a remporté personnellement !?

Je vous aide ! Il n’y en a pas !
»


Je délivre un coup de pied à Midas qui ne bouge pas d’un pouce pour autant.

« Cette larve qui vous sert de chef est incapable de se défendre seul. Pourtant c’est lui qui ramasse la majeure partie de l’argent. C’est lui qui impose une contribution aux véritables traqueurs pour délivrer des informations qu’il glane de ci, de là. Et que fait-il avec cet argent ?!

IL FINANCE LA PIRATERIE ! IL FINANCE LES HOMMES QUE VOUS RENCONTREREZ DEMAIN SUR LE CHAMP DE BATAILLE !
»

De nombreuses têtes semblent affligées, c’est bien, c’est ce que je veux.    

« Et la liste de ses exactions est longue comme le bras. Meurtre, vol, recel, détournement. Cet homme est le catalogue des infractions punies par le gouvernement mondial.

Mais cette fois-ci il est allé trop loin. UN MILLIARD ! UN MILLIARD directement délivré à un homme, RED ! Qu’allez-vous faire si les pirates peuvent prendre votre gagne-pain ? Qu’allez-vous faire si la piraterie se finance mieux que vous ? C’est la ruine mes amis, c’est la mort qui vous attends !
»

Je m’approche de Midas et je le tire par le cou.

« AUJOURD’HUI ! LE GOUVERNEMENT MONDIAL S’EST PRONONCE ! MIDAS EST DEVENU UN CRIMINEL AUX YEUX DU MONDE !

QU’ALLONS-NOUS FAIRE MES AMIS !?
»


« PENDONS-LE ! »
« TUE LE STEINER ! »
« TUE LE RYDD ! »
« DECOUPE LE TIGRE ! »


Et sans que je m’en rende véritablement compte, la majorité des hommes sur place scandent mon nom.

« TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE ! »

Je m’approche lentement de Midas puis, une fois juste à ses côtés, je me retourne vers la foule.

« Mais... Sans Midas la B.N.A a la tête tranchée ! Elisons un remplaçant, ici et maintenant ! Qui se propose !? QUI ! »

«TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE ! TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE ! TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE ! TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE ! TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE, TIGRE ! »

« ALORS TOUT EST DIT ! »
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Je pensais que la tâche serait plus ardue. Mais il est vrai que Midas n’était pas apprécié de tous les chasseurs de primes. Il est difficile de se faire respecter lorsque l’on ponctionne l’argent gagné par un traqueur mais qu’on n’a aucune légitimité. Car si un jour Midas fut un chasseur de primes renommé, il y a bien longtemps qu’il a laissé la place aux autres et qu’il n’est plus qu’une façade. Les hommes de la B.NA avaient beaucoup soufferts. Ils perdaient de l’argent. Ils perdaient de la réputation après certaines défaites dont celles de Whiskey Peak. Et maintenant ils apprenaient qu’ils étaient spoliés. Que Midas pouvait dépenser des milliards alors qu’ils se battaient tous les jours pour vivre. Décidemment, Midas était sa propre faiblesse.

Je m’approche donc de Midas pour lui délivrer le coup fatal. Mon doigt tremble un peu, c’est l’aboutissement de toute ma vie. Je n’ai vécu que pour vivre ce moment.

« Adieu. »

Et je tends mon doigt vers le visage absent de Midas. Pourtant mon laser ne se déclenche pas. Je fais un effort impérieux pour me déplacer rapidement mais rien n’y fait. Finalement je me donne un discret coup d’ongle sur le revers de la main, je saigne. L’injection du laborantin n’était pas un placebo en vérité. Mon fruit du démon semble avoir disparu.

« Donnez moi un sabre. »

Un chasseur s’approche pour me tendre le sien, manifestement ravi.

Cette fois je me retourne. Derrière moi on scande mon nom, on hurle « à mort le traitre ». Alors je délivre le coup fatal. Je lui offre une mort honorable. La lame le transperce de part en part et il s’effondre aussitôt.

Sa mort est acclamée par des hourras incroyables. Il faut dire que la mort est la compagne privilégiée de tous les chasseurs de primes. Déjà de nombreux hommes se pressent pour me parler, pour me toucher.

« Félicitations chef ! »
« Vous cherchez un second chef ? »
« Quels sont les ordres ? »


Les questions fusent autant que les remerciements. J’imagine que c’est ça aussi être leader, prendre des décisions en tous temps et en toutes circonstances. Je dois donc agir en tant que tel. Les premiers jours vont probablement être les plus difficiles. Mais j’ai été préparé pour ça. Mon maître m’a enseigné la gestion des organisations paramilitaire.

« Qu’on emmène la dépouille de Midas à l’intérieur. Un rapport des effectifs dans une heure. »

Il faut que je m’isole. Vite. Je dévale les escaliers quatre à quatre. Je m’enferme dans le bureau de Midas, non, dans mon bureau. J’ai la tête qui tourne. J’ai beaucoup donné. Je m’effondre dans le fauteuil.

« Pff... C’est si simple... ? »

J’entends que sa se presse en tous sens au dessus de ma tête. En réalité la partie ne fait que commencer. Maintenir la B.N.A a flot va devenir le véritable enjeu. Tiens qu’est ce que c’est que ça ? Je n’avais pas vu la clé d’or sur le bureau de Midas. Je me retourne précipitamment vers le coffre. Pas de doute, c’est la clé ! J’ouvre alors la porte du coffre.

« Alors là ! Hahaha Midas, petit cachottier ! »
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