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Les Choux à la Crème

Les hautes tours auraient pu faire ressembler l'étrange bâtisse à un château de princesse si l'ensemble n'avait pas eu l'air d'une île flottante éventée qui prétendait être un cœur. Clairement, on pouvait voir que la forme globale de l'entrelacs de fenêtres, de tours et de pierre se paraît pour se faire aussi beau qu'un cœur – bien que caricatural. Mais peindre le tout de cinquante nuances de Roses était une très mauvaise idée. Heureusement que les pierres taillées avaient su garder leur blanc éclatant, sinon on aurait confondu le tableau avec un lendemain de soirée arrosée d'une licorne alcoolique. En toute objectivité, hein ; Rachel n'aimait pas le rose de toute façon.

Flanquée des deux okamas gothiques de l'île, Rachel fut l'une des premières des invités du soir arrivée sur place. Elle put donc admirer à loisir – ou plutôt à l'envie de ses deux guides vives – les murs décorés avec – mauvais – goût, les tableaux qui passaient d'une pièce à l'autre de styles aussi divers que le cubisme ou le pointillisme ou le réalisme, les portes qui soupiraient d'aise lorsqu'on les poussait pour entrer dans une pièce et les divers êtres humains au genre incertain arpenter les couloirs trop longs au pas de course. Rachel avait la tête qui lui tournait et n'avait pas la force de repousser les deux femmes maquillées de noir qui se nourrissaient d'entrain au gouter et de joie au déjeuner. Après trois ou quatre tentatives pour leur parler, les raisonner, et les persuader de la laisser marcher de ses propres moyens, Rachel avait abandonnée toute idée de communiquer avec elles. À peine laissait-elle échapper un gémissement quand elles franchissaient toutes les trois l'encadrement d'une nouvelle porte pour déboucher dans une nouvelle salle trop décorée qui commençait à lui filer largement le tournis.

Les deux sœurs (elles l'étaient dans l'esprit de Rachel) parlaient sans cesse. De toute et de n'importe quoi. De sujets inintéressants surtout. Si par hasard elles abordaient un sujet important, elles n'échangeaient que deux ou trois phrases puis dérivaient sur la pluie, le beau temps et la manière dont elles devraient s'habiller avant la réception. D'ailleurs, que faisaient-elles ici si elles n'étaient pas changées ? Si elles avaient pu lâcher Rachel et partir glousser dans leur propre chambre pour changer de robe noire au profit d'une autre robe noire, laissant Rachel seule dans ce grand palais... ça aurait été cool. Elles étaient gentilles, ne lui faites pas dire ce qu'elle n'a pas pensé, mais elle avait des jambes, ce n'était pas pour être transportée à droite et à gauche par des fusées hyperactives.

-Oh ! Tu es au courant ? Le Capitaine Red a encore fait des siennes.
-Ouiii ! Il a ramené une île des Blues sur Grand Line !
-...quoi ?
-C'est Second Peace, oui ! C'est fantastique, et encore, il aurait...
-STOP !

La procession s'immobilisa d'un coup. Le magnifique tapis qui pavait le sol du couloir qu'elles étaient en train d'arpenter se flétrit tant l'arrêt fut brusque. Un dérapages de deux bons mètres. Les deux sœurs, Theresa et … et la seconde, se figèrent et regardèrent Rachel avec insistance. Elle aurait arboré un furoncle au bout du nez qu'elles l'auraient regardée de la même manière.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive ma chérie ?
-Je... j'ai...
-Tu te sens mal ? Un chou à la crème qui est mal passé ?
-Euh je crois bien. Je vais... hum. Je vous retrouve plus tard.

Devant les regards médusés des deux gothiques sorcières, Rachel tourna les talons et s'enfuit dans le couloir, à l'opposée du duo tout de noir vêtu. Sans se retourner et le regard droit, elle se concentra sur le bruit de ses talons d'acier sur le carrelage. Clac Clac. Régulier et assourdissant. Tourner à droite, tourner à gauche. Clac Clac. Saluer cette personne. Tourner à gauche. Clac Clac. Là. Une issue.

*****


En sortant des toilettes dans lesquelles elle s'était réfugiée dix bonnes minutes pour se passer de l'eau sur le visage et rouler en boule des pensées qu'elle ne voulait pas avoir et les planquer dans un coin de son cerveau, Rachel prit le temps d'observer les lieux. Les hautes voutes prenaient des formes en arabesques et toutes en grâces. Les fenêtres hautes et peintes de blanc pur juraient avec le papier peint rose saumon placardé sur la majorité des couloirs. Des couloirs longs et qui – elle s'en aperçut en s'y perdant – pouvaient tourner en rond. Rachel ne se posa pas plus de question sur une éventuelle logistique de murs porteurs en cercles concentriques, et se mit en quête de la salle de réception. Saluant poliment les personnes qu'elle croyait, épiant à chaque angle pour vérifier que les deux sœurs ne l'attendaient pas et ne se jetteraient pas sur elle par surprise.

Finalement, la salle s'ouvrit devant elle. Aux proportions presque aussi grandes que le pont du Léviathan, elle était pourvue d'une vingtaine de tables rondes éparpillées de tous côtés. Chacune recouverte d'une nappe bleue et bardée de décorations roses ou blanches, elles étaient flanquées de six chaises, disposées de manière à ce que, depuis chaque place, les invités puissent admirer la scène qui occupait une bonne partie du fond de salle. À la vue des rideaux rouges encore scellés, Rachel soupira. Kitch. De l'autre côté, dans le fond, une grande table était dressée où trônaient divers mets, apéritifs, et mises en bouche. La brune s'en approcha à pas feutrés, évitant les quelques serveurs/serveuses qui valsaient entre les plateaux et les verres, saisit au passage une flute de punch, puis déambula entre les tables. Çà et là, des marins étaient déjà présents et cherchaient leurs noms sur les tables aux places visiblement adressées personnellement.

Rapidement, la commandante d'élite trouva des noms connus. Et c'est à une table qu'elle trouva les noms de Lilou et de Wallace, côte à côte. Elle se figea. Elle avait eu des échos comme quoi ils avaient eu une dispute, ou quelque chose dans cet ordre là, et si elle n'en savait pas plus, elle n'était pas certaine que leurs relations fussent à nouveau cordiales. Avec un sourire amusé, Rachel prit le petit papier de Wallace et se remit en quête de sa propre place. Une fois qu'elle l'eut trouvée, elle échangea les deux noms. Comme par magie, elle se retrouvait à côté de Lilou. Elles avaient encore tant à se dire. Encore eut-il fallut qu'elle décidât de lui parler ; car Lilou jouait les solitaires, ces temps-ci. Jusqu'à s'isoler dans la forêt et les montagnes du coin.

Assise à sa table, Rachel sirotait sa flute et détaillait les personnes qui entraient. Elles affluaient de plus en plus, par groupes de plus en plus grands, prudents par nature d'entrer dans une salle fermée pour manger, servis par des Okamas qui ne leur voulaient pourtant que du bien – pour leur plus grand malheur.
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Ça, tu n'en auras pas besoin, lança Monty en dégageant les couteaux qu'elle avait accroché à sa cuisse, sous sa jupe droite.

Plusieurs clics retentirent, tandis qu'il plaçait les objets sur une étagère en jetant un regard blasé à sa patronne. Lilou, quand à elle, faisait un moue boudeuse en se voyant délester d'un moyen de se défendre, le tout coincé dans un costume pour femme bien trop étroit pour elle. Elle avait l'impression que sa poitrine était compressée par le veston en soie qu'on lui avait laissé, et il en était de même pour sa taille ceinturée par une jupe droite qui lui donnait des airs sévères. Monty vint soulever la manche de son manteau d'officier et poussa un long soupir :

Ça non plus... Dit-il en détachant le lance-flamme qu'elle avait placé ici « au cas où ». Mais elle n'eut pas le temps d'insister pour se défendre, ni même argumenter pour expliquer qu'il était NECESSAIRE qu'elle ait tout ça, pour survivre des fois que... Parce que son ami venait tout juste de trouver le fusil d'assaut qu'elle avait caché dans son dos « au cas où » encore. Et ça non plus...

Le jeune homme se passa une main sur le visage, avant de rétorquer :

… Bon, Lilou. Tu vas à un diner, pas mener une bataille !
Maieuh...
Fut la seule chose qu'elle réussit à articuler, l'air pénaud.

Perdue pour perdue, elle pouvait désormais se rendre à l'abattoir sans moyen de se défendre.

Ce qui la déprima d'autant plus fut que l'abattoir en question ressemblait à s'y méprendre au salon de Barbie, et Lilou n'était pas sûre de vouloir en finir avec la vie au pays des licornes magiques et des petits poneys. La mort dans l'âme, elle passa la porte d'entrée, dans les premières arrivées pour le diner, et avisa rapidement l'endroit pour trouver des issues viables et des alliés dans ce combat. Rachel était déjà là, et sans même réfléchir plus longtemps, la rouquine se dirigea vers elle pour se planter pile à côté d'elle. L'oeil morne, le teint pâle, les cheveux serrés en un chignon haut tenu par deux baguettes, qui était en fait des tournevis que la rouquine avait pris soin de cacher dans sa tignasse pour déjouer l'attention de Monty, elle prit place aux côtés de son amie, et se montra directement impatiente :

Abrégeons. Plus vite on a vidé notre assiette, plus vite on part d'ici...

Le plan était simple, et elle était à peu près sûre que la majorité de ses hommes allaient le suivre. Même si la plupart s'était fait à l'idée qu'être ici n'était finalement pas si terrible, ils étaient aussi beaucoup à se dire qu'il ne valait mieux pas abuser des bonnes choses, surtout lorsqu'elles sont roses et sucrées. Enfin... On vint leur amener un apéritif sur un plateau en forme de cœur, et la rouquine s'en saisit pour y tremper les lèvres distraitement. Ses yeux s'illuminèrent quand l'alcool vint chatouiller sa langue, suivi d'une élégante sensation douceâtre dans le fond de sa gorge :

Finalement, je vais avoir besoin de beaucoup de vin rosé au sirop de pamplemousse pour endurer tout ça avec un minimum de plaisir...

Une occasion de revenir pompette à sa chambre, à ne plus pouvoir marcher ses talons hauts. En parlant de ça, elle ne savait pas comme Rachel faisait pour les utiliser au quotidien, et même au combat. Elle avait l'impression de chercher son équilibre sur deux perches de deux centimètres de diamètres et craignait systématiquement pour ses chevilles... Enfin... Maintenant qu'elle était assise, il n'était plus vraiment question de s'en soucier plus longtemps. Il fallait faire preuve de courage et de patience...

De beaucoup de patience.
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C'est de ça dont tu rêvais, pendant ces longs jours où tu étais enchaîné et muselé dans ta geôle, en l'attente de ta mort ? Une... fête ? La pitance à foison, des nappes de soie perchés sur des tables de bois rosées, enlacé par l'hospitalité chaleureuse de ceux qui ont appris à ne plus jamais avoir honte de leurs corps ?


Tu sais quoi ? J'me sens mieux entouré de clampins qui veulent me buter, que mêlé à une foule de fêlés souriants. T'sais jamais ce qui se planque derrière un sourire. Le sourire est le propre de l'homme, l'homme est menteur, le sourire est menteur. J'préfère quand la banane est tournée dans l'autre sens, et qu'elle montre les crocs. Ça, ça nettoierait les questions qui viennent me saloper l'esprit. Au moins, j'me penserais pas dans un théâtre où tout l'monde joue l'bonheur, avec loin, loin depuis le passé, les échos des enfers qui rampent jusqu'à nos souvenirs.

J'arrive pas à m'contenter d'enjamber les corps et tailler la route comme si d'rien n'était.

Prévisible.

Et tu m'aides pas. De quoi j'ai l'air ? Mes dernières miettes de relations sociales, j'les entretiens avec moi-même, une allumée amoureuse d'un néant de boue, et un gosse que j'ai appris à apprécier mais qui m'reconnaîtra plus jamais; et qui matait ma silhouette comme celle d'un loup égaré chez les brebis, tard le soir, quand il m'scrutait depuis mon lit. J'suis sur la corde raide, et elle s'effrite à chacun d'mes pas. Quand ça claquera, j'sais pas dans quelle genre de folie j'sombrerai. Tout ce dont je suis sûr, c'est que personne plongera avec moi pour tenter d'me tirer de là.

Fatigué, mon lapin ?
Gneuh ?
Navrée ! Tes oreilles me faisaient penser à celles d'un lapin, de dos... Tu avais le regard bien fixe et vitreux, je me demandais ce que tu regardais comme ça !
Les choux à la crème. J'y suis allergique.
Quelle constitution fragile ! D'abord ta noyade, puis les câlins, et maintenant les choux à la crème... Et, que dessinais-tu dans ta sauce au chocolat ? Ce sont des bonhommes ?

C'est vrai que j'avais la cuillère imaginative, qui jouait avec la nourriture comme elle narguerait des bambins. Ils sont là et me fixent sans broncher, les créatures de chocolat à qui j'attribuais négligemment la vie. Ils naissaient au rythme de mes crasseuses pensées, puisaient leur intenable sourire quelque part dans mon subconscient, bloqué à mon âge d'or, bloqué à l'époque où j'me faufilais entre les cases de mes bédés pour vivre de vraies aventures héroïques, chevaleresques, justes et dénuées de sang -et de sens-. Voilà, quand j'réfléchis, mes palmes prennent congés et s'improvisent pinceaux. Elles griffonnent des trucs mignons partout où elles peuvent, pour compenser l'horreur qui squatte mon crâne.

Des bonhommes souriants ! De la bonne humeur comme on aimerait s'en gaver !
Hm. Hmm.

J'secoue la caboche, esquivant une à une, avec l'agilité d'un autiste, chacune de ses caresses.

Mais jouer avec la nourriture, mon pauvre alevin... Tu sais que mes copines te puniraient pour ça si elles te voyaient faire ? ♥
Ben, ce buffet monstrueux me blase. Je me venge sur la sauce.
Allons, aimes-tu le pamplemousse ?
Oui.
Alors tu goûteras bien notre vin rosé ? Le sirop de pamplemousse fruite à merveille son goût ! Un petit alcool léger qui ne brusquera pas ta douce nature !

Il s'empare d'une bouteille qui se planquait je-ne-sais-où, et encrasse de rose cette jolie flûte vierge qui se dandinait derrière mon assiette. Ça ressemble à un champagne sans bulles, ça pue l'alcool, ça m'comprime les naseaux, mais j'approche quand même le verre d'mon bout de museau pour en laper une goutte. Plutôt ça que laisser cette présence me hanter. Le travelo, je veux dire. Il attend que j'lui décrive c'que ma bouche ressent. Faut pas que j'le déçoive. Surtout. Pas.

Gnihi. C'est bon.

Mes papilles s'enflamment, l'éthanol me sprinte jusque dans la cervelle. J'm'étais juré d'plus jamais touché à ce venin qui m'intoxique cet esprit déjà bien déréglé ! Ça doit avoir un degré d'alcool qui touche même pas la dizaine, et pourtant, j'me sens déjà sous l'emprise de trois cuites corsées. J'crois qu'je tiens mal cette merde, et elle me le rend bien, cette catin. Déjà, elle veut s'échapper. La nausée qui pousse des vocalises gastriques.

BEURP
Roooh... Ça, chez nous, ça signifie qu'on se régale !

Huh. On parle pas la même langue.

Je peux te laisser quelques minutes sans que tu ne nous fasses un coma éthylique, mon coeur ? ♥

C'plutôt la catatonie qui me guette, là.

Ouais.
L'un de tes amis ne devrait pas tarder à arriver. Soyez sages ! ♥

Ouais, une chaise attend ses fesses, à côté de moi. J'ai les entrailles qui vibrent un peu, à l'idée d'me retrouver coude à coude avec Rei, à devoir -encore- affronter ses regards et ses gestes transpirants d'anxiété et d'aveux, qu'elle me force à faire face une nouvelle fois à l'amour, avec un petit a, venu me chier dans les bottes à m'en percer les semelles, venu me bourrer de doutes que je n'supporte plus. Et Uriko ? Trop de pression. Bien se tenir. L'empêcher d'entendre ces orages intérieurs qui grondent non-stop en moi. J'veux pas risquer de saboter son humeur, son innocence, sa raison, ou quoique ce soit qui peut rester de pur en lui, après son putain d'accident. Serena ? J'veux pas qu'elle me reconnaisse comme le pitbull enragé que j'me sens devenir, faut qu'elle garde l'image de gentil saint-bernard valeureux. Wallace ? Trop psy à mon goût. J'peux bien m'enfiler les masques sur la face qu'il les percerait tous aussitôt, j'suis sûr, avec sa putain de foreuse de psychologue.

Non, je... En bref ! Laissez moi avec mes bonhommes de chocolat.
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Contre toute attente, les bains avaient été … relaxants. Wallace s’était laissé emporter dans la frénésie palpatrice des gigolos et n’avait pu que leur accorder un certain bénéfice du doute lorsqu’ils s’étaient assis sur son dos pour dénouer toutes ‘ces vilaines tensions’. Ce fut probablement l’instant où le masque du monstre tomba et où il retomba dans un état proche de la catatonie, laissant son esprit divaguer vers les errances du Léviathan pour échapper au calvaire vicié des Okamas. Le karma, certainement, avait son rôle à jouer là-dedans. Il se mordit plus d’une fois la langue pour faire face à ses remords et ne plus penser qu’à sa mission, à savoir remonter le moral de l’équipage. Sa fascination pour le troisième genre, ou troisième type selon les avis, s’était vite muée en un malaise qui lui froissait l’échine. Autant psychologue qu’il était, il ne pouvait pas décemment envisager la transition, ou le traumatisme, vécus par ces hommes-femmes dans le monde actuel. Quelle place pour un Okama dans la société ? Pourraient-ils un jour se marier ? Et l’adoption, on y pensait ? Enfin bref, par ces questions de morale pseudo-éthique, il échappait à son calvaire, tout autant agréable qu’il fut une fois l’arrière-goût de l’Okama éludé.

On l’affréta de mille atours, sublimant sa peau verte écœurante par une mousseline écrue serrée par des boutons d’or sur sa poitrine. À croire qu’ils savaient à quoi s’attendre lorsque le Léviathan était arrivé. Ou qu’ils avaient des couturiers de génie. Le pantalon assorti lui donnait l’air d’un prince qui était passé sous un coup de lance-flamme. On le parfuma, en accord avec sa fragrance chlorée. C’était peut-être la première fois que le monstre sentait la rose de toute sa vie. Littéralement. Abattu par le babillage intempestif et les mains baladeuses des Okamas, il ne rechigna pas lorsqu’on lui vissa une perruque blonde sur le crâne, ou quand on le maquilla de blanc avec ajout de mouche sur la joue. Un vrai prince charmant de deux mètres sur deux, à la voir rauque et aux dents proéminentes. Les audacieuses allèrent même jusqu’à l’affubler d’une paire de gants qu’il perça au bout de cinq minutes avec ses griffes. Involontairement, bien entendu.

Gloussant, les deux travestis le tirèrent hors de son antre et le poussèrent dans le couloir, couinant et trépignant de la soirée à venir. À la première voix familière, le médecin soupira, gonfla le torse et releva la tête. Hors de question de leur montrer cette mine abattue, cette douleur qui était sienne. Tout ce qu’il espérait, c’était de ne pas se trouver à côté de Lilou. Il avait eu assez de Lilou pour les décennies à venir. Enfin, il lui avait donné assez de Wallace. Même ces vacances, il s’en serait passé. Leur dispute avait fait des échos à travers le Léviathan entier. Dur de rester discret dans pareil bâtiment. Si tous étaient au fait de l’humeur de Lilou, ils étaient certainement peu habitués à entendre le médecin placer des mots plus hauts que les autres. Jaya avait changé la donne sur bien des choses. Le monstre grogna lorsque la lumière rosée de la salle lui vrilla les pupilles. Il plaça sa pogne monstrueusement ridicule devant son visage, tandis qu’un brouhaha continu bourdonnait à ses oreilles. La bonne humeur semblait de mise malgré tout. Se retrouver à un bon repas, avec ses camarades, faisait rapidement oublier le contexte de la chose. Sourire faux jusqu’aux oreilles, le monstre se dandina jusqu’à trouver sa place.

« Salut Craig. » lui fit-il, affublé de sa mouche et de sa perruque blonde.

Les Okamas s’en allèrent en piaillant de plus belle, fièr(e)s de leur travail sur le monstrueux personnage. Il s’assit doucement, écrasant la chaise qui vacilla sous son poids. Visiblement, ils n’avaient pas tout prévu. Mais le médecin était trop préoccuper pour remarquer que Rachel avait posé ses fesses sur une chaise triplement renforcée pour supporter la stature du monstre. Il adressa un sourire, du moins ce qui y ressemblait quand on n’avait pas de lèvres, à Craig et entreprit de se servir une assiette de tout ce qui pouvait traîner à table. Manger, ça occupait la bouche et retarderait le moment où il aurait autre chose à dire … Craig et Serena l’avaient récupéré dans un sale état. Il s’en voulait encore. Ils avaient vu une facette de son être qu’il aurait aimé enfouir à jamais. Quoi qu’il en fut, Wallace avait quelques kilos à récupérer, ce qui justifiait son appétit féroce. Puis le silence s’installa.

« Alors Craig, ça a été ta soirée ? » fit le Docteur, en avalant un chou à la crème en le posant sur sa langue râpeuse.

La chaise de Wallace couina. Et l’inévitable se produisit. Le bois rompit et le monstre s’affala de tout son long, son postiche s’envola et atterrit sur le visage du pauvre homme-poisson, s’engluant au passage dans la moitié de chou à la crème prémâchée qui venait de sauter hors de la bouche de Wallace. Ce dernier s’étala de tout son long, dans un fracas de tous les diables. Une armée d’hommes en tenue de soubrette surgirent à son secours, le soulevant et le tripotant.

« Wallace ~ ♥ ~ vous vous êtes trompé de table, nous vous avons préparé quelque chose de spécial à côté de votre chérie ~ ♥ » lâcha une chose plus musclée que les autres, lui adressant un clin d’œil salace.

Le maquillage du monstre ne put cacher à quel point son visage devint blême. Il se releva, grommelant, tandis que le maître de cérémonie se demandait qui était le petit farceur qui avait bien pu enlever Wallace de la table de Lilou. Il appela ses ‘chéries’ pour les ‘gronder très très méchant’.

« C’est … c’est pas grave : je suis très bien là. Hein Craig ? Dis leur … s’il te plaît … je veux pas aller … là-bas … » couina-t-il en dardant un regard paniqué sur Lilou, à quelques tables de là, qui dégageait une aura meurtrière.
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"Pauvre chaton errant, qui t'a affublé d'une tenue pareille ?!"

Je ne comprends pas, j'ai la tenue typique de mon île, en velours rouge et orné de fourrure blanche, botte et ceinture de cuir noir. Où est le problème ? Je hausse un sourcil et regarde la personne qui est ici pour m'aider à me préparer... Comme si je n'étais pas assez grande pour le faire moi-même.

"Une jupe aussi courte devrait être interdite en public surtout avec de la lingerie en dessous !"

Évidemment, je ne comprends pas où est le problème, ce n'est pas comme si je recommençais à me balader nue entre les douches et les dortoirs, je suis habillée.

"Il est où le problème, ce sont des vêtements de chez moi."
"Cette tenue est tout à fait vulgaire... Il va y avoir des... Un enfant !"
"Oui mais..."
"Il n'y a pas de mais qui tienne, on va trouver quelque chose de bien plus adapté mon chaton !"
"Je ne comprends pas."

Elle m'observe un long moment, fait de même avec mes affaires encore dans leur sac et semble comprendre quelque chose. Enfin, c'est peut-être le cas, elle réfléchit en caressant d'un doigt son menton velu face à mon incompréhension. Il est sûrement temps de revenir à la charge avec une méthode plus adaptée cela elle.

"Dans la marine vous portez des uniformes et ils ont des variations mon chaton, n'est-ce pas ?"
"Oui."
"Chaque couleur, décoration à sa place et véhicule une information différente."
"Oui, c'est le cas."
"Bien que ce soit plus subtil, ce que porte une femme à ce même genre de code. Et dans le monde où tu vis maintenant, ces vêtements ne portent pas du tout une image élogieuse de ta personne."
"Du genre ?"
"Je n'oserai pas habituellement, mais c'est pour la bonne cause. Cette tenue hurle gourgandine... Quelle horreur, ce mot est tellement sale !"

Elle semble souffrir comme si elle avait craché des flammes qui lui ont brûlé les lèvres. Pour une raison que je n'arrive pas à saisir, je me sens coupable. Je n'ai pas réellement compris pourquoi cette tenue est si peu appropriée. De toute manière, j'imagine que même si elle me l'expliquer en long, en large et en travers, je ne saisirai pas la moitié de ses arguments. Pourtant malgré mon apriori, je discute avec elle et essaye de comprendre, ce n'est pas de la mauvaise volonté. Une bonne heure plus tard, j'ai saisi quelques petites choses grâce à sa patience et son envie de bien faire. Finalement sur la fin, le sujet a dévié au point que je finisse les joues légèrement rosées et le regard fuyant.

"En fait..."
"Oh ! Que c'est tro'chouchou'mignonoux !"

J'ai peur, ce regard, j'ai l'impression d'avoir fait la pire erreur de ma vie et pourtant je ne contrôle plus rien. Alors qu'elle me scande comme un chant de guerre divers cantiques prônant la féminité. Finalement changer, je ne vois pas trop la différence entre ça et ce que j'avais avant. Enfin, je ne suis pas une experte.

"Et n'oublie pas mon chaton, sensuel, mais pas vulgaire."

J'ai même eu le droit à un cours pour changer ma démarche, je ressemblais plus à Robert le tavernier que le doux chaton. Du parfum, comme si j'avais besoin de sentir bon, au moins quand je vois la tenue de certains marins j'ai moins honte, je pourrais presque supporter les talons hauts. J'arrive un peu en retard, une demoiselle doit savoir se faire attendre, j'arrive alors que Wallace vient de tomber au sol et je l'aide à se relever. Sans même y réfléchir, je dis la première chose qui me passe par la tête.

"Je ne pensais pas que le changement était aussi renversant."

Il semble vouloir rester, ce sera une bonne occasion de discuter ensemble. Je n'ai pas eu réellement l'occasion de le rencontrer et pour une fois que ce n'est pas la guerre autour de nous en plus.

"Reste, s'il te plaît Wallace, ça sera l'occasion de mieux nous connaître."

Je lui fais un sourire, moi qui porte une tenue bien singulière comparée à d'habitude : une longue robe couvrant la poitrine et descendant jusqu'au sol ou presque. Elle est d'un rouge vif, nappé de paillette se reflétant en mille étincelles dans la luminosité ambiante. Ouverte sur le côté pour me laisser bouger tout de même laissant apercevoir des escarpins rose pâle à talon haut. Ma chevelure détachée recouvrant mon dos qui serait autrement à découvert et une paire de longs gants en satin mauve. Elle m'a dit que cette tenue était la même qu'une certaine Jessica Lapin

Puisque Wallace est d'un côté de Craig, j'en profite pour m'installer de l'autre avec un grand sourire qui lui est entièrement dédié.

"Elles ont des tenues un peu étranges, mais ne sont pas si méchantes au final... Elle sont peut-être un peu trop collante et passionnées à la limite."

Puisque le repas a commencé, même si je n'ai pas très faim, je goûte par politesse. Ces choux à la crème sont délicieux et je me laisse emporter par un peu de gourmandise. Ce n'est pas censé être un dessert ? Je ne comprends pas grand-chose, c'est comme si la logique de cette île n'était pas la même que partout ailleurs.

"En parlant de cela, dit Craig ? Tu trouves que je ne te laisse pas assez d'espace ? Je suis peut-être trop collante moi aussi..."

Je n'ai pas le visage d'une fière commandante de la marine, plus celui d'une petite adolescente devant un beau jeune homme qui ne lui est pas indifférent. Autant dire que ça dénote sévèrement.
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Nous y voilà, le château où se tenait le fameux dîner de groupe. J’entre dans la salle en compagnie de ma tante. Mon entrée se fait discrète, je ne suis pas encore connu des troupes, en fait je ne suis qu’un simple marine parmi tant d’autres. En y repensant, c’est une chance que j’ai pu faire la connaissance de personnes gradées telles que Craig, Rei et Lilou. Bref, eux étaient sur une table davantage mise à l’honneur, comme plus séparé du reste des troupes dites « lambda », dont je fais pour l’instant encore parti bien évidemment. En soi, ça ne me dérangeait pas, cela me permettait de me fondre dans la masse. La soirée semble se passer bien dans l’ensemble même si on pouvait lire sur le visage de certains une certaine anxiété face aux Okamas.

Qu’ils en profitent, car pour l’instant, j’étais au courant d’un secret dont personne ici ne soupçonnait l’existence. A part peut-être le capitaine de l’Hypérion, de ce que Tante Viviane m’avait raconté, il avait eu droit a une « avant-première », mais tant qu’on me met à l’abri de sa voix criarde je ne peux que me réjouir. Je scrute légèrement la salle, Lilou sirotait de l’alcool de Pamplemousse, Rei avait pris des choux… Abomination 1 et Abomination 2 avaient tout deux touchés aux deux mets principaux, et de ce que je voix, pratiquement tout le monde consommaient sans modération. Mais certaines marines sont encore réticents à l’acte, il y a de ceux qui n’aimaient pas le pamplemousse, d’autre l’alcool et certains le sucré… Tss… Dire que pour une fois y avait des mets de qualité, ils étaient délicieux pourtant, certes, bourré d’un somnifère spécial, mais délicieux quand même. Tante Viviane elle-même avait préparé le nectar alcoolisé, ses recettes sont d’un haut de gamme, oh que non, ils allaient le boire ce foutu poison soporifique. Prenant un plateau de chou et de flute d’alcool, je m’approchais des quelques marines sans noms ni visage, du moins si l’on se fie à ma vision.

« M’sieur… Vous voulez pas manger les choux ? Ils sont bons pourtant… Moi les Okamas m’ont emmenés avec eux pour aider à les faire… Z’êtes sûr que vous en voulez pas ? »

Je leur fait mon adorable bouille irrésistible, un grand sourire commercial et des yeux remplis de faux amour et de sincérité, des yeux hypocrites en quelques sortes, mais invisible à l’œil humain, c’est ptet pour ça que Lilou pouvait voir un peu dans mon jeu, Abomination n°1 ne compte pas, les hommes poissons sont de base stupide donc…
Bref, je les vois me regarder avec des yeux attendris, j’arrive à lire leurs expression, quelque chose du genre : « Oh si c’est lui qui l’a préparé, tout est sûr ». Ils prennent un chou et le mange, me faisant un pouce comme pour me dire qu’ils sont délicieux, je les remercie et passe à mes prochaines victimes. Il fallait s’assurer que tous aient au moins consommé.

Ma jauge de Moe était à son maximum, Tante Viviane m’avait préparé de très beaux vêtements, un ensemble noir et blanc chic et élégant à la manière des adultes mais version enfants. Je retrouvais un peu de ma noblesse dans ces habits de haute couture. J’étais passé aussi par un maquillage léger sur le visage pour raviver la couleur de mon teint et des mes joues rosées, enfin, un haut de forme miniature penchait sur le côté droit de mon crâne. Ainsi, attendrissant tous ceux sur mon passage, je leur distribuais presque commercialement le somnifère 100% fait maison. Concoction de Tante Viviane encore une fois, c’est la reine de tous les mélanges et cocktails existant. Et pour les récalcitrant un bon petit color trap bien masqué ni vu ni connu pour les forcer à l’acte, jetant un coup d’œil particulièrement vers Lilou, seule témoin de mon pouvoir pour l’instant, mais celle-ci buvait comme une truie donc aucun souci.

Ma mission accomplie, je retournai vers ma place, aux côtés de Marine A et Marine B, un grand faux sourire en bouche.

« C’est bon hein ? Moi j’ai bien mangé aussi, je vais me reprendre un peu de crème brûlé ! »

Tant qu’à faire, autant profiter des bonnes choses, je pense pas pouvoir re-manger aussi sainement plus tard, encore une chose auxquelles les Okamas excellaient et dont le sous-peuple était incapable. Je regarde aux alentours et vois Emil qui me fais de grands signes… Regardez-moi ce chien en train de remuer la queue si joyeusement à ma simple présence, quoi il se sentait seul le pauvre toutou ? Mais bon, je joue le jeu et lui fais un petit coucou de la main, ooh, il est content, c’est-il pas mignon ? Je fais un signe à une Okama qui s’empresse de venir me voir.

« Eriko-chwaaan, qu’est-ce qu’il y a mon sucre d’orge ? ♥ »
« Juste au cas-où, va ramener d’autres choux à l’abominat… Euh… Mince… C’quoi son nom ? Au… A… A gros bichon vert… »
« Tes désirs sont des ordres mon chou ! ♥ »

Un service de chou à la crème supplémentaire pour le gros colosse, on sait pas comment ça digère les drogues ces trucs-là. Urgh… J’ai une envie de vomir… Je viens de l’appeler Gros bichon vert quoi, j’pense que j’m’en remettrais jamais…
    -Bréhéhé. Tu crois qu'ils nous ont capté ?
    -Queud', mon vieux. Ils sont trop occupés à se faire chier.
    -T'es sûre que c'est une bonne idée ?
    -Ça fait bien quinze fois que je te dis que si on restait crécher chez la mère Mounthood, on risquerait de passer pour des déserteurs.
    -Tu me couvres ?
    -Toujours.


    On fait notre entrée bien à la bourre, packs de bière locale entre les mains, vestes et chemises crasseuses, la faute au fait qu'en plus de traîner, on s'est perdu comme des tanches dans la jungle de l'amour. Sans métaphore. Même si on se doute que tout autour de nous, ils auraient préféré le sens figuré. Ça tire un peu la gueule, dans le genre scandalisé. Mais l'un comme l'autre, faut le dire, on est un peu alcoolisés. Mais au bon alcool ; une première pour moi. Tant et si bien que je me sens d'humeur plus joyeuse que jamais, et le morceau d'estomac qui commençait à toucher mes talons me chante un petit air guilleret lorsque mes deux rétines lui balancent les signaux caractéristiques du dîner préparé rien que pour nous. Bon, y'a bien du rosé coupé au jus dans un coin, du poison neuronal ; mais on a nos réserves. Amerzone Pale Ales, quelques porters, des pils au malt de La Jolie, et des poneys morts pour finir. Ouais, des poneys morts ; comprenne qui pourra.

    Grands seigneurs, on reste pas entre nous. Je pars voir du côté des collègues d'infirmerie, et je leur pose une bouteille dans les pattes. Andy s'éloigne pas trop, mais partage tant qu'il peut sa caisse aux trésors. Moi, j'suis au comble du rire en voyant leurs tronche. Bien la première fois que j'ai l'impression d'être en décalage dans ce sens, et pas dans l'autre. Bref, la vie est belle, d'autant plus que nos verres regorgent de mousse claire et aromatique. Quelques okamas de service plissent les narines. On leur sourit méchamment. Moi, surtout. Andy, il est échauffé, mais il tient ni à la ramener devant Lilou, qu'a pas forcément mieux accepté sa présence que Ketsuno, ni à faire le fier devant ceux qui pourraient bien en vouloir très fort à son intégrité physique.

    -Mais... voyons, mon chéri, c'est indécent ! Ce manque de couleurs...
    -Ce bermuda...
    -Ces cheveux en bataille... je suis sûre qu'il n'a pas mis sa crème de soin depuis au moins.... trois semaines !
    -Indécent !
    -Craquant ! Quel charme sauvage !
    -Goute donc ces beignets à l'eau de rose, beau cavalier ♥.

    Andy, il recule, sa bouteille à la main. Je le couvre, comme promis. Murmures indignés en face. On me traite de grognasse égoïste égarée au pays du partage et de la non-violence, des choses du genre. Mais je persiste. Finalement, un môme, dans lequel je reconnais une recrue fraîche – une autre – de l'équipage, passe au milieu d'eux. J'sais pas comment, mais ça les calme, et elles se barrent comme une volée d'étourneaux après une nouvelle diligence de petits fours et de canapés. Je souffle. Andy s'affaisse carrément sur lui-même, juste à côté des relents bizarrement agréables du doc'.

    Je mords dans ce qui ressemble à un toast à la mousse de foie. Andy regarde Craig qu'a pas trop l'air d'avoir capté notre présence, occupé qu'il est à dessiner la boucherie de Jaya dans sa gamelle de chocolat et à rougir devant les questions louches d'une Rei de nouveau femme, qu'on dirait. Mais qu'a gagné les faveurs des okamas. Peut-être femme déguisée en homme qu'on aurait déguisé en femme ? J'sais pas, j'ai loupé au moins deux épisodes. Mais j'ai gagné une bonne soirée et un petit message dans une bouteille, dont je parlerais à Lilou en temps voulu. Mon billet de sortie momentanée... j'espère. Sinon, ça sera la désertion sitôt qu'Andy pourra voler de ses propres ailes sans être handicapé par mon départ.

    Enfin, pour l'heure, je tends une bouteille d'APA à Rei. Et je nous choppe une planche de canapés et une autre de choux à la crème. Que Craig regarde avec malveillance, en touchant pas à sa bouteille de pils. Mais ça fait un moment qu'on se cause plus trop. Il fait trop la gueule, et il fait trop de soleil dans ma tête pour que ça soit compatible. Et il reste de plus en plus enfermé dans sa cabine, à murmurer entre ses dents pointues. Le temps de la traversée, clairement, j'ai préféré prendre le soleil sur le pont en aidant Andy et Owen à le récurer qu'à broyer du noir au fond d'une infirmerie trop clean pour pas sentir encore la gangrène et la mort. Merde. Faut aller de l'avant.
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    Quatre heures plus tôt, Kamabaka.

    Dans un souffle qui ressemblait à un soupir, Rachel s'immobilisa totalement et se retourna pour admirer derrière elle les autres coureurs Okama. Épuisées, certaines se tenaient les côtes ou avaient leurs chaussures à la main. Elle aspiraient l'air comme des taureaux. À côté d'elles, la commandante était pimpante et prête pour le bal. Elle ressemblait à tout, sauf à une athlète qui venait de courir le deux cent mètres. Ce n'est que lorsque l'une des autres participantes s'écroula à quelques centimètres de la ligne d'arrivée, la cheville dans les mains, que Rachel se permit de les taquiner un peu plus.

    -C'était une course en talons ou une course aux escargots ?

    Suite à quoi elle reçut une dizaine de répliques plus ou moins bien senties et d'insultes accompagnées de gros cœurs dorés que la marine reçut avec un grand sourire.

    -Mais c'est pas possible... Comment est-ce que tu peux courir aussi vite avec ces talons... ?
    -Hihi ! ♥ Secret de fabrication !
    -JE VAIS T'EN DONNER MOI DES SECRETS DE FABRICATIONS ! (en se figurant le talon aiguille qui fend l'air et le crâne de Rachel)
    -AÏ-EUH ! Roh, c'est bon ! J'ai vécu toute ma vie sur un navire : pour moi le sol est moins stable que pour vous une embarcation de fortune. Alors avec des talons haut, ça compense la perte d'équi*
    -MAIS ELLE EST NULLE TON EXPLICATION !
    -OUAIS ELLE TIENT PAS LA ROUTE !
    -MAIS POSEZ PAS DE QUESTION SI VOUS AIMEZ PAS LA RÉPONSE !
    -TAIS-TOI (se figurer l'autre talon aiguille qui fend l'air et le crâne de Rachel) ET VA FAIRE UN TOUR AU TIR-A-L'ARC !


    Maintenant, Salle de réception du château.

    -Mais oui Lilou ! Détends-toi ! Ce sont des vacances, profite du soleil, du repas qu'on nous offre et estime-toi heureuse de ne pas être un garçon !

    À la table juste derrière elles, un quatuor de marines devait manger, discuter et boire en faisant abstraction d'une paire de lèvres pulpeuse et d'un torse velu affalé sur la table qu'ils occupaient, dans l'espoir vain et onirique de pouvoir les séduire d'un baiser soufflé ou d'un roulé de mécaniques. Les pauvres marins de permission étaient à deux doigts de vomir et ne se retenaient que par égard pour leur hôte, et cette situation arracha un éclat de rire à Rachel. Elle gratifia son amie d'un regard entendu et but une nouvelle gorgée du punch bien fruité qu'ils leurs servaient.

    -Mais je suis contente de te savoir requinquée. Je m'étais inquiétée pour toi !

    Et encore, elle n'était pas au courant pour les douze armes dont elle s'était faite délester à contre-cœur. Rachel transpirait l'insouciance et savourait l'instant présent comme si l'ambiance chaleureuse, festive et pleine de tendresse des Okama prenait possession de son corps – malgré les tonnerres de pensées négatives qu'elle traînait derrière elle comme le carrosse de jeunes mariés les casseroles. C'était soit l'ambiance, soit l'alcool. Mais non ! Elle avait l'alcool triste, Rachel, d'ordinaire. Et là, elle se sentait capable de faire des câlins à tout le monde, à n'importe qui, mais surtout à Lilou. Juste pour la faire sourire.

    Plus loin, Serena venait de rentrer avec les nouvelles recrues. Les anciennes rouges. Il paraîtrait qu'elle avait obtenu les faveurs de Oswald avant qu'il ne quitte le navire comme une ombre dans la nuit. Rachel restait dubitative quant à cette dernière et étrange volonté. Serena digne de confiance ?

    -Est-elle vraiment aussi singulière qu'on le dit, la Lieutenante Porteflamme ?

    Mais avant que Lilou n'ait pu répondre, et alors que la sus-nommée se trouvait une place entre le mastodonte et la gueule aux trois cents flèches de cupidon (remplaçables), la lumière se tamisa. Pas bien longtemps cependant car presque instantanément, des spots de lumière éclatante, blanches ou rosées, irradièrent la scène jusqu'alors vide. Quelques exclamations fusèrent, et pas des plus enjouées. Dans une synchronisation parfaite, les serveuses apparurent d'entre les sept coins de la pièce, chargées des plats, des mets et des accompagnements qui succédaient aux amuse-bouches et entrées sur banquet. La renommée de la cuisine de Kamaba avait parcouru les océans depuis belle lurette et cette entrée en scène-ci fut accompagnée de bien plus de grognements de contentement de la part des marins alléchés que n'en déclencha l'apparition sur scène de la diva qui les avait accueillis plus tôt dans la journée sur le Léviathan. Elle reçut même un ou deux fruits mais sut rester imperturbable. Tant que Rachel douta qu'elle les ait même remarqués.

    Autre fait remarquable, son entrée sur scène tira un bâillement à tous les convives.

    -VOUS ENDORMEZ PAS MAINTENANT, MANANTS !
    -hihihi.
    -Hum. Je sais votre assemblée fatiguée de la foooooolle journée que vous venez de passer à vous amuser comme des fous...
    youhou...
    -...mais je vous prierai de profiter du repas et de garder un œil ouvert et des mains disponibles pour accueillir avec un tonneeeeeerre d'applaudissement celle qui chantera pour vous durant ce spectacle : Coooonchiiiiitaaaa !!!

    Les Choux à la Crème Conchi10

    Elle est belle et élégante. Elle est soignée et alerte. Elle est surréaliste et bouddhiste. C'est en tout cas ce qu'il est écrit sur son bandana qu'elle a noué autour de son bras. Les quelques applaudissements polis se tarirent et Conchita commença à chanter. Une berceuse. Magnifique choix artistique...

    -Je te donne ma part de viande Lilou, si tu veux.
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    Il n'y avait pas à chipoter. Ce vin rosé au pamplemousse était vraiment succulent, et la rouquine ne pouvait s'empêcher d'y tremper les lèvres. En fait, si elle avait pu avoir accès à un tonneau entier, sans doute qu'elle aurait passé sa soirée allongée par terre à s'en vider le contenu directement dans le gosier. Et puis, de surcroît, elle se décrispait légèrement. Même si ses vêtements trahissaient toujours son poste à responsabilité, ses traits étaient moins tirés par le dépit sinistre qui l'avait mené jusqu'à cette chaise. Elle se permit même de rire (diaboliquement) dans sa coupe de vin en voyant Wallace se faire prendre à partie par un okama décidé à profiter de lui.

    Serena ? Singulière ? Que reprit Lilou en se penchant vers Rachel et en lui piquant sa viande sans chercher plus loin pour qu'elle seule entende : Y'a pas à dire. C'est une sacrée harpie. Mais elle a des qualités. Il paraît.

    Elle esquissa un sourire. A dire vrai, ça tenait plus de l'humour qu'autre chose. Elle aimait bien Serena. Et l'alcool qu'elle avait ingurgité aurait pu lui faire avoué ça, si elle en avait pris au moins quinze coupes de plus. A la place, elle préféra parler la bouche pleine de viandes en expliquant dans les grandes lignes à Rachel que Porteflamme était un bon élément, même si elle avait des tendances à ne pas trop aimer suivre les ordres. Qu'elle était là pour un cadre plus qu'autre chose... Tout du moins, ce fut ce qu'elle tenta d'expliquer, mais pas forcément ce que sa voisine comprit de ses paroles.

    Du reste, Lilou balança simplement la tête de gauche à droite pour suivre le rythme de la musique que chantait toujours Conchita. C'était une berceuse, certes, mais franchement, ça avait un côté entraînant que seule une rouquine sous rosé pouvait percevoir. Pendant que la chance, qui parlait d'amour forcément, arrachait des larmes d'émotions à ceux prenant le temps de l'écouter, la rousse chantonnait (faux) dans son coin. Elle fut surprise quand la chanson se termina d'ailleurs, et qu'un tonnerre d'applaudissement conquis tonna dans la pièce. Elle suivit le mouvement en manquant de se mettre debout sur sa chaise, puis sur la table, retenue de justesse par Rachel qui tentait de l'immobiliser et la tenir tranquille.

    Et maiiiintenant, mesdames et messieurs ♥ laissez-moi vous présenter notre prochain numérooooo... ♥ Il y eut un bruit de tambours qui captiva quelques secondes Lilou, avant que le suspence ne devienne insoutenable pour elle : Le cirque fringaaaaant ♥

    A peine l'okama présenteur avait annoncé la chose qu'il s'éclipsa d'une pirouette habile dans sa tenue léopard (chose que Lilou n'aurait jamais cru possible tant elle était moulante et raide), et d'autres rentrèrent sur scène dans des justes-corps à paillettes et s'élancèrent dans les airs, dans des cerceaux, dans des anneaux de feu, en lançant des pétales de roses et des confettis sur ceux à portés de la salle.

    J'adooooore le cirque ! Qu'elle lança, les yeux plein d'étoiles en piquant presque du nez vers l'épaule la plus proche de Rachel.

    Trop de vin rosé au pamplemousse. C'était forcément une mauvaise idée de toute façon.
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    Ils me tombent tous dessus avec leur pluie d'questions gênantes, j'ai l'impression d'être une pucelle encastrée dans l'unique ruelle sombre d'une cité craignos. Même pas l'temps de m'réorganiser la tronche et d'donner des noms à mon rejeton en chocolat. Collantes et passionnées, hein ? J'les trouve intrusives, moi, elles sautent dans mes pensées comme si elles étaient une putain d'piscine publique, puis elles me gavent de leçons frustrantes et secouent ma parano. Chacune de mes rencontres avec l'une des folles me fait m'bouffer un bulldozer de gentillesse dans les crocs, et c'est carrément moins supportable qu'une potée de phalanges ou une lame rouillée d'boucanier. Ça plus Rei qui m'étrangle d'un amour suffocant et bizarre, mon cinoche intérieur qui repasse Jaya en boucle, la bête qui ricane en s'délectant du spectacle et le frangin qui m'observe à travers les années et les kilomètres, j'me sens dans l'viseur de centaines de juges prêts à me tronçonner les guibolles comme du vieux tronc au moindre écart. Puis on dit qu'la nuit porte conseil, mais les miennes me crient dessus, ces temps-ci.

    J'en viendrais à éprouver une sanguine envie d'aller m'réfugier dans les bras d'Wallace. Bref.  J'aimerais éviter d'incruster une scène de ménage au cadre, hein ? On a pas élevé les cochons ensemble, à ce que j'sache, et elle a pas encore pondu de porcins. L'amour m'a traversé la tronche comme une balle de fusil, et comme elle aussi, elle est ressortie aussi sec en m'laissant la cervelle en purée. J'me retrouve avec Rei qui me gravite autour comme une mouche autour d'un tas d'merde appétissant, et moi qu'essaye tant bien qu'mal de faire fleurir de jolies plantes sur mon terreau de selles. Ce fantasme était une putain d'ivresse, mais la réalité le suivait de près comme une déchirante gueule de bois. Alors, bon. Ouais, elle me colle comme un rémora, mais au final. Elle pourrait être la bouée qui m'permettrait de pas sombrer trop vite. Hors de question que j'lui balance des piques qui risquerait de la dégonfler. 'fait du bien, un peu d'air dans c'monde étouffant.

    Tant que je te retrouve pas déshabillée à côté de moi après être sorti d'un coma, ça devrait passer.

    Et tant qu'elle devient pas hystérique au moindre de mes pas aussi, gnn...

    L'équation s'complique encore avec l'escorte de Serena qui déboule à mes côtés, le type un peu louche avec la crinière en scie circulaire et qui sent comme moi le matin, après dix heures d'incubation des relents sous une couette épaisse. J'essaye de déchiffrer son regard mais avant qu'je puisse finir ma lecture, il détourne les yeux, crispé. Hmm. La routine. Mon museau dérape en zig zag et mes sourcils s'soulèvent, c'genre de malaise qu'aucune bestiole en chocolat, aussi débordante de calories soit-elle, n'pourra dissiper par son seul sourire. On s'connaît ? J'crois pas. Et mon analyseur de gueules puise dans sa banque de préjugés, catégorie "type louche". Un des fruits de Jaya cueillis par Serena, j'crois. Il pue pas tant qu'ça, mais il a pas l'air frais. L'autre copain a l'air plus craignos, mais j'l'ai pas encore sondé en profondeur, j'sais pas si j'le ferai. M'suis enfermé dans moi-même à double tour, puis j'ai paumé la clé.

    Les renforts encerclent Wallace, j'en profite pour m'éloigner du champ de bataille en laissant grincer ma chaise sur le côté.

    Sur scène, quelques clowns en portejarttele sont excités comme dans un chenil qu'on aurait empoisonné aux laxatifs. Pas parce qu'ils font d'la merde, non. Ils bondissent, s'accroupissent, jappent dans tous les sens, c'tout. Mh. Pourquoi ces serpentins prennent pas feu quand ils soufflent dedans en sautant à travers leurs anneaux ? Et pourquoi les paillettes se transforment pas en pluie d'cendres, aussi ? J'avais oublié à quel point une flamme dodelinante était. Reposante. Dans sa force tranquille. Cette petite salope de flamme et ses copines pourraient partir réduire des forêts entières en poussières, mais restent sagement attachées à leurs cerceaux, à s'laisser narguer par les travelos.

    Moi et l'pamplemousse, c'est une histoire d'amour vache.

    BEURP.

    C'est un cri du coeur, poussé par l'estomac.

    Ma chaise se décale encore, elle glisse d'elle-même sur l'parquet, comme si j'm'étais déniché un don de télékinésie. La vérité, c'surtout que j'voudrais pas qu'mes rôts attirent l'attention sur moi. Ah.
    Et pourvu qu'Rei interprète pas ça comme une tentative de m'éloigner d'autre chose, autre chose genre elle. Ah. Ah.
    J'me fais pas assez petit pour échapper aux chauffeuses qui tournent autour de la table en nous aspergeant de toujours plus de paillettes.

    Et-qui-c'est-qui se fera ensorceler par notre plantureuse magicieeeenne ?

    Sa voix s'infiltre comme un électrochoc dans mes tripes, puis ça s'arrête. On sait pas sur qui ça va tomber, c'est comme gambader sous l'feu d'un bombardement. Ils ondulent par files indiennes autour de la table, vêtus d'leurs plumes d'oies trempées de rose, de leurs peaux de félins morts, laissant dans leur sillage des parfums fruités stagnant dans les nuages de paillettes, du genre qui enguirlandent les sinus, du genre qui te plantent des dizaines de plants d'arbres fruitiers dans les tréfonds du pif.

    J'me fais encore plus p'tit, toute petite planète qu'essaye d'esquiver les météores discos qui lui gravitent autour. Et j'prie pour l'âme de Wallace, qui aimante étrangement tous les okamas du secteur, depuis un moment. Eh, d'ailleurs, Uriko, l'est passé où ? Ce môme est un putain de satellite surexcité.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
    J'écoute la réponse de Craig, elle me fait sourire. Je ne suis pas sûre de ce que je suis censé comprendre. Je vais me contenter de m'échapper par un peu d'humour.

    "Évitons d'abuser de l'alcool alors."

    C'est clair qu'une soirée trop arrosée pourrait avoir des conséquences des plus étranges et imprévues. Pas forcement désagréable, mais c'est le côté aléatoire qui est le plus inquiétant. J'en profite pour saluer et échanger quelques mots rapides avec les personnes que je croise. Certain, je ne les ai pas vus depuis Jaya ou presque. Serena par exemple, à qui j'ose lancer un grand sourire. Dans un ordre général, je trouve que j'ai trop peu côtoyé les membres de notre équipage. Intérieurement, je me jure de rectifier cela après nos vacances, en espérant qu'on a le temps de le faire. Enfin, surtout que je pense et que j'ose le faire, ça, c'est des problèmes tout à fait différents on va dire.

    J'observe le spectacle, mais pas autant que celui qui se produit à côté de moi. Je me demande si c'est normal qu'il agisse comme il le fait. Moi, ça ne me dérange pas le moins du monde, mais d'un autre côté je me dis que je ne suis pas sortie de l'auberge s'il tente de me dire quelqu'un chose consciemment ou non. Peut-être qu'il est malade ? À moins que ce soit un signe de bonne santé. Je commencerai presque à avoir mal à la tête si je n'étais pas habitué à analyser des cas complexes. La seule différence, c'est que d'habitude, j'ai une chance même ridicule de pouvoir trouver une réponse ce qui n'est pas le cas maintenant.

    J'ai la vague impression qu'il ne se sent pas bien, mais qu'il n'ose pas le dire. Je trouve donc rapidement un moyen de le sortir d'une situation que je ne fais qu'imaginer. Je me permets de boire plusieurs coupelles d'eau de vie au pamplemousse espacé sur une certaine durée pour rendre ça plus naturel. Puis je me tourne vers Craig qui suite à l'apparition des magiciennes semble encore plus mal. Je n'ai dans l'estomac pratiquement que des choux à la crème et de l'alcool de pamplemousse, forcement je ne vais pas trop jouer la comédie en lui faisant ma demande.

    "J'ai besoin d'aller respirer un peu d'air frais, tu veux bien m'accompagner ?"

    Je lui tends le bras et dépose une bise sur son museau avec un léger sourire. Déjà, je me sens un peu las, je pensais que c'était à cause de la berceuse, mais ça continue. À cette allure, je vais finir par m'écrouler de fatigue d'ici moins d'un quart d'heure. Surement mes nerfs qui se relâchent, maintenant que je ne me sens plus en danger. Pour le coup, avec ou sans lui, je me dirige vers l'extérieur pour respirer un peu. M'excusant auprès de nos hôtes quand ils me demandent ce que je fais.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t2578-fiche-de-rei-yanagiba
    • https://www.onepiece-requiem.net/t2480-presentation-de-rei-l-armuriere
    -Je sais pas si je dois trouver ça mignon.
    -Dans le doute, abstiens-toi. Roooh, ils en font un boucan, on s'entend plus picoler...
    -Au moins, ça, je suis certain de pas le trouver mignon.
    -Trop de paillettes ?
    -Trop de barbe sous les paillettes.
    -Moi c'est tout ce sucre qui m'emmerde. Cette guimauve, ces choux à la crème.
    -T'as goûté ? Ils sont pas mauvais.
    -Je crois que je préférais la viande salée et les gâteaux au miel de Jaya.
    -Ouais. Euh, attend, quoi ?
    -LES GARS ! POUR CEUX QU'EN AURAIENT MARRE DU SPECTACLE, ON CONNAIT UN CHOUETTE COIN OU FINIR LA SOIREE !
    -Non, non, hein. On va avoir des soucis avec les okamas qui vont mal le prendre, après. Aller, rassied-toi. Descend de cette table, putain !
    -Serena, pas putain.
    -Tu devrais arrêter avec cette blague, tu sais ? C'est bon, c'est rien ! Elle va aller se coucher, votre truc est cool... faites pas gaffe.
    -ENSAUVAGER LA VIIIIIE ! OUAAAAAIS !

    J'ai la tête qui tourne, ou plutôt qui joue à changer d'espace-temps quand j'sens de loin Andy qui me descend de la table où j'étais montée. J'grogne comme quoi c'est lui qu'a dit que c'était pas mon frangin, que j'suis une grande fille et que j'fais que c'que je veux d'abord. De loin, fusionnée avec l'aurore boréale qui me balance le crâne, j'me marre d'avoir l'alcool joyeux. J'ai envie de défoncer personne, même pas le mec poilu en tutu avec froufrou et plumes dans le cul qu'essaye de me contenir gentiment. Ouais, les gens sont gentils, un poil intrusifs, mais gentils. C'est même pour ça que la mère Mounthood est restée sans avoir envie de foutre le feu aux baraques de ceux qui lui ont volé son mari en lui laissant la boutique et ses fils sur les bras. On est bien, ici. Sauf qu'on serait encore mieux à cavaler dans les champs de houblon, dans les odeurs de l'été que j'ai l'impression de découvrir pour la première fois, une bière remplie de foutue lumière au bord des lèvres.

    J'déblatère des trucs que j'pense, tout haut je crois. Sur Aimé, sur sa lettre, comme quoi c'est ma dernière soirée, qu'il faut venir chanter à poil sous la lune pour fêter ça, que j'trahirai pas, ça, jamais, que j'reviendrai toujours, que la marine, c'est comme une famille imblairable mais que j'peux pas quitter pour de bon parce que ça se fait pas, tout ça mélangé parce que la pensée, une fois imbibée d'alcool, c'est bien connu, elle reste en bloc. Comme dans les rêves. Le temps existe plus et tout se superpose. Du coin de l'œil, j'sens que le spectacle continue.

    -Dites, vous, vous avez pas une chambre pour elle ?
    -J'veux dormir dehooooors ! Avec les grillons !
    -Si c'est toi qui me le demande, mon chéri ♥. Fais attention à ce qu'elle ne salisse rien !
    -Bweuuuh... Ouais, pas de problème.
    -Par ici ! ♥ Hihihihi ! Tiens, reprend un chou ! Pour avoir des forces dans ces jolis bras bronzés !
    -Voui...

    Braller, détend toi. Ils sont tous dans le même état. Demain, ils auront tout oublié. Comme moi.
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    Précédemment.


    Résumé pour ceux qui n'auraient pas suivi le RP d'avant
    Maintenant que Baal est Lieutenant d'Élite, on lui donne un équipage à gérer sur Grand Line. Étant le plus proche, on lui file une nouvelle mission, celui de capturer un pirate en fuite, Jolivert "Le Roi Termite" Olivier. Il se met alors à le traquer, et suite à un bref affrontement, Baal et son équipage se retrouve à la flotte et sans navire. Sachant où va partir Olivier, Baal se procure une monture improvisée en maîtrisant un monstre marin pour se rendre avec son équipage à l'endroit supposé où va se rendre Olivier. Les Marines débarquent alors sur Kamabaka et découvrent le navire du pirate abandonné. Affamés, les soldats se jettent sur la nourriture. Malheureusement, les Okamas ont mis dans la bouffe de la drogue. Baal et son équipage se retrouvent alors emprisonnés dans les murs d'un château tout rose. Baal se réveille alors dans une salle en compagnie des Éco-Pirates et de Marines. Des travestis les initient aux coutumes de l'île, mais Baal parvient à faire le ménage et commence à s'échapper en ayant la ferme intention de finir sa mission. Seulement, ça tourne au drame, les travelos se lancent à sa poursuite. Finalement, la tentative d'évasion échoue et Baal se retrouve fermement enchaîné. Avec le Lieutenant-Colonel Sebastian A. Mavim, ils sont emmenés dans une salle pour les préparer à la réception que les Okama offrent aux Rhinos Storm. Et puisque Baal est parfaitement imberbe, ça donne l'occasion aux habitants de Kamabaka de le donner comme cadeau à la Reine...


    Y'a un truc que je bite pas. Les Okamas veulent fêter un événement, mais lequel? En quel honneur? Sont chiants à toujours être gaies. Gay aussi. De toute façon, avec toutes les substances qu'ils m'ont bourré dans le bide, j'ai l'esprit qui a du mal à suivre ce qu'il se passe. Limite, je suis complètement perché. J'ai l'impression d'être rond comme une queue de pelle alors que j'ai bu zéro goutte d'alcool. Je me demande quel résultat ça va donner si je me mets à boire. J'accumulerais sans doute les pires stupidités à faire. Guidé par le meneur de la soirée, je me mettrais à poil et je chanterais à tue-tête, je draguerais n'importe qui ou n'importe quoi, même les bonhommes que ce drôle de gars dessine dans son assiette. Je pisserais dans les verres à flûte en trouvant ça rigolo. Je ferais l'amour sauvagement un choux à la crème. Combo! Mais qu'est-ce que je braille? J'arrive pas à me situer. Cette pièce est immense. Qui sont ces gens? Que viennent-ils foutre ici? Sont pas d'ici on dirait. Germaine, le travelo qui ma emmené jusqu'ici veut tout mon confort, il me place à une table.

    ♥ Tout va bien mon cœur? Tu n'as pas l'air dans ton assiette. Tu veux un choux à la crème? Ils vont te faire du bien, ça doit faire un moment que tu n'as pas mangé.

    Il me tend avec ses doigts poilus un de ses amuses-gueules sucrés et me le porte à la bouche, me forçant carrément à le manger. Je serre les dents, la pâtisserie se fout sur mes lèvres, y'a plein de crème autour et sur mon menton. Alors tout de suite, Germaine sort de sa poche un tissu en coton tout rose avec des motifs dessinés dessus et m'essuie le visage. Il s'excuse, car il veut que je sois bien dans cette soirée, que je sois à l'aise. J'ai vaguement capté que je suis une surprise ambulante pour une personne importante. Alors forcément, faut pas que je me salisse. J'ignore quand ça se fera, mais au point où j'en suis, je m'en fiche.

    ♥ Tu n'aimes pas les choux, c'est ça mon ange? Ce n'est pas grave. Tiens, prends donc un éclair à la place.
    L'éclair, c'est toi qui va te le prendre.

    C'est sorti tout seul. Ma personnalité resurgit d'un coup, mais je sens que je me contrôle pas. Je suis comme mécaniquement guidé vers l'abattoir, que j'ai pas le choix. Après ce que la bouffe ici a fait à mon équipage, j'ai toujours pas envie d'avaler quoique ce soit même si j'en doit en crever! Ça fait trois jours que j'ai pas mangé, c'est pas maintenant que ça va changer.

    ♥ Tu fais des allergies, ma puce? Il fallait me le dire toute suite. Dis-moi ce qu'il te ferait envie.
    Je veux une entrée de "fiche-moi la paix", un plat principal de "casse-toi, je veux pas voir ta gueule" et en dessert "laisse-moi faire ma putain de mission"...
    ♥ Ooohhh, mais pourquoi tu es si grognon tout d'un coup. Tu veux que je te change de place? Qu'est-ce qu'il ne va pas, trésor? Tu peux tout me dire.

    Je réponds pas. J'ai encore des brides d'informations sur ce que je dois faire ici. Je me laisse installer près de ces deux femmes, l'une en costume et l'autre à l'apparence gothique. On verra après.

    ~~ Page 1 ~~

    D'après un enregistrement en mémoire d'Aran Z. Baal, au bras d'Acier, le Briseur de Rêves.
    ©odage by Hathor
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    -Une harpie ? Ça ?

    Serena venait de monter sur une table et de brailler des incohérences plus incohérentes que les incohérences que débitait Lilou. Visiblement, l'alcool était très fort.

    Autour d'elles, sur les tables voisines, plusieurs hommes dormaient déjà, la gueule dans leurs assiettes pas toujours saucées et certains autres tombaient de leurs chaises les uns après les autres. Et comme on ramasse un fruit bien mûr tombé de l'arbre, ils se faisaient immanquablement transporter jusque dans leurs chambres par des femmes aux bras épais comme deux fois ceux de Rachel. Notre brune, elle, semblait bien tenir, mais ce n'était que parce qu'elle n'avait bu qu'un seul verre de punch et qu'elle avait réservé le désert... eh bien pour le dessert, tout simplement. Elle venait à peine de l'engloutir.

    Parce qu'apporter des choux et des crèmes anglaises à l'apéritif avait été pour elle une hérésie. Le service était déplorable de ce côté-ci et les plats étaient amenés de manière complètement anarchique. Les poissons et les viandes, les entrées et les fromages, les desserts et les vins. Mais Rachel n'était pas là pour juger : c'était gratuit et il était évident qu'elles n'avaient pas l'habitude de recevoir autant de monde. Et pourtant elle ne pouvait s'empêcher de faire le lien avec l'île des Amazones. Toutes deux portaient le même nom, mais chacune était différente de l'autre, et de très loin.

    Puis, un homme cybernétique s'assit à leur table. Lilou ronflait déjà presque sur l'épaule de Rachel et parfois elle proférait des paroles plus incohérentes que les incohérences de Serena. Rachel dévisagea l'homme qui lui apparaissait flou. Elle avait baillé à se décrocher la mâchoire de nombreuses fois, mais elle espérait faire honneur à leur hôte pour ne pas s'endormir. Elle réussit à réaliser que l'arrivée de cet homme (alors qu'au contraire la salle se vidait de plus en plus vite) lui sembla étrange. Plus loin, Craig et la commandante Yanagiba sortaient en titubant ; Wallace avait, quant à lui, de plus en plus de femmes sur le dos, s'émerveillant toutes devant sa musculature et sa peau si virile. Probablement une nouveauté pour lui, mais Rachel les comprenait : il était magnifique dans ses difformités.

    -Bonsoir. Tu arrives juste à temps pour les entrées. Mais tu as raté les dompteurs d'éléphants.

    Elle avait les paupières lourdes. Pourtant la journée n'avait pas été si éprouvante que ça. Il était probable que la pression des jours derniers retombait. Que la pression des mois derniers retombait. En même temps... vacances quoi. Elle piqua du nez plusieurs fois pendant le spectacle et malgré les chanteuses.

    -Lilou, après ça, je vais me coucher. Je te ramènerai dans ta chambre, hein, Lilou.

    La rousse de répondit pas mais elle n'avait pas vraiment besoin de confirmation. Et puis de toute façon, elle dodelina de la tête avant la fin du spectacle et elle finit par se servir du crâne de son amie comme d'un oreiller. Après tout, elle-même se servait de son épaule de la même manière.

    Et le pauvre cyborg put largement se rendre compte qu'une salle de cette envergure avec une très grande majorité de personnes endormies n'était pas chose normale. Surtout pendant un diner spectacle.
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    « Regardez ces bons gros muscles saillants ~ ♫ »

    « Avec un peu de rimmel, ça donne un peu mieux non ? »

    « Dis-moi, beau-gosse, on t’a déjà dit que t’avais un châssis à faire ramper une nonne ? »


    Pitié … arrêtez. Touchez pas … c’est … argh. Des doigts qui s’infiltraient partout qui pelotaient, caressaient. Cela aurait été un réel plaisir si Wallace était de l’autre bord. Mais là, c’était malsain, même pour lui. Il avait complètement sous-estimé le potentiel dérangeant d’une foule d’okama profitant des recoins rugueux de sa peau parcheminée. Il vit Lilou se gausser en coin, avec un regard à faire blanchir du plâtre. Ce regard, il l’aurait bien rendu à Salem, après coup. Le voir se faire peloter ici était sa punition à lui, pas la sienne ! Si seulement … il n’était même pas capable de penser à un châtiment pour Alheïri. Tant qu’il restait silencieux et ne ressurgissait pas des morts, au moins il aurait la conscience en règle. Pas tranquille mais … hey, mais c’est privé ça !

    « Arrêtez … J’ne suis pas … si, j’aime bien mais … non. NON ! NOOOON ! » rugit-il en se secouant dans tous les sens, jetant des Okamas aux alentours.

    Wallace remonta son pantalon, laissant couler une larme de honte et s’en fut vers la sortie, doublant de peu Craig et Rei. Un troupeau d’okamette se rua à sa poursuite et se délita avant d’atteindre la porte de sortie. Ils se redirigèrent vers les différents convives qui jetèrent leur regard au fond de leur verre pour éviter d’avoir à subir l’horrible châtiment de Wallace qui avait quitté la pièce en sanglots. C’était bizarre, hein, de voir le monstre de deux mètres trente éclater en pleurs tout en fuyant. Mais c’était l’effet Okama sur une personne relativement presque saine d’esprit. Les harpies s’en allèrent tripoter d’autres membres musculeux, laissant le Docteur aller errer dans les couloirs une bouteille de vin et son pantalon à la main.

    Le médecin ralentit progressivement jusqu’à trouver un coin où se prostrer. Il se mit en position fœtale, et porta le goulot à ses lèvres. Toujours pareil avec l’alcool, ça le rendait hystérique. Ou peu s’en fallait. Il s’essuya les yeux, avalant une nouvelle rasade. Et puis ce vin-là avait le don de le rendre pâteux et indolent, ce qui en rajoutait à sa frustration. Seul, loin du bruit, il put se recentrer sur lui et oublier cette honteuse sortie. Il expira ses remords et avala de nouveau une rasade du divin nectar. L’alcool avait le don de chasser les images honteuses qu’il avait de lui-même. Soit un bon condensé de sa vie, mais surtout des derniers mois. Il renifla bruyamment, porta encore une fois la bouteille à ses lèvres.

    Le mélange avec un goût piquant de pamplemousse. Habituellement, il détestait le rosé pamplemousse, pensant que ce n’était qu’une diabolique invention destinée à percer des trous dans la paroi stomacale. Mais celui-là avait un étrange petit goût sucré qui mettait ses papilles en éveil. Raisins à peine fermentés. Ses sens affûtés pouvaient percevoir la durée de résilience du marc qui avait donné cette teinte rosée qu’il devinait dans la pénombre. Ses pensées s’effondraient les unes après les autres pour ne plus considérer que ce vin, doux subterfuge envers ses sombres pensées. Une pointe de cannelle, tiens. C’était peu habituel, mais ça relevait le goût. Et on ne remarquait même pas le fade en arrière-goût. Un peu poudreux, un peu narcotique même. Comment un vin pouvait avoir un goût narcotique ? Et bien … ça lui rappelait vaguement une certaine pilule. Sauf que lui, c’était la menthe qu’il utilisait pour masquer la molécule.

    Ah ah. Ah … merde. Combien de verres déjà ? Enfin, de bouteilles … Non … il fallait … prévenir les autres … que … il  … y … avait … du ….


    Zzzzzzz.


    « Ouh le p’tit chou, t’as pas envie de lui faire des câlins quand tu le vois serrer sa bouteille comme son doudou ? Tt tt tt. On enlèvera le pantalon plus tard. Pour l’heure… hi hi … on va s’en occuper comme il faut. »
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    Ca tombait comme des mouches, ouaip, pouvait pas y avoir mieux comme comparaison sur le coup, des nuisibles ne servant pas à grand-chose auquel il ne restait plus qu’à débarrasser du plancher. Le pire étant que cela en était presque naturel, ils devaient sans doute penser qu’il ne s’agissait là que des effets de l’alcool. Tss, faut vraiment être débile pour croire que même saoul on peut s’endormir avec un spectacle pareil. Bref, me concernant, je restais le plus prudent possible, m’assurant que tout le monde soient bel et bien endormi… En fait, je n’avais que deux inquiétudes, abomination n°2 qui avait quitté la salle et l’espèce de… Ferraille sur patte qui s’était invité dans la partie, il avait été convié par les Okamas et pourtant il semblait lui aussi comme un touriste.

    Sur le coup, ça m’avait un peu déstabilisé, est-ce qu’il avait consommé ? Parce que ce serait un problème s’il restait éveillé, il pourrait rapporter aux autres que je faisais partie du stratagème. Il fallait que je m’assure que le plan ne serait pas compromis mais contre toute attente, sans aucune raison apparente, lui aussi s’était effondré tête sur table. Ah… Peut-être que finalement lui aussi avait été drogué… Bref, une fois toute la salle devenue silencieuse je courus vers les couloirs et m’assura que l’affreuse créature avait succombé elle aussi. Yep, il gisait par terre comme un cadavre. Mission accomplie, je retournai dès lors dans la salle des festivités ou seuls les Okamas se tenaient debout.

    « C’est bon, ils sont tous HS ! »

    Rire mesquin de l’ensemble de la communauté, on savait bien que personne ne pourrait résister à la concoction spéciale de Tante Viviane. On allait désormais procéder à la suite du plan, je m’avançais dès lors du centre de table ou j’attrapais un énorme couteau de cuisine. L’agrippant de ma main à la manière d’un assassin, je le brandis en l’air face à cette paysanne rousse qui hurlait comme un routurier précédemment.

    « Et maintenant… On s’en débarrasse. »
    « Ouaah ! Attend ! Attend ! Eriko-chwaaan ! C’est pas ça le plan ! »
    « Hein ? Vous voulez faire quoi alors ? »

    En fait, on ne m’avait pas encore expliqué quelle serait les suites du plan ni les raisons, je m’étais juste rangé du côté qui m’était le plus avantageux. Je reposais alors mon couteau avant d’écouter ce qu’elles avaient en tête. Même si j’étais plutôt immunisé aux Okamas, l’expression presque perverse de leurs visages me fit frissonner, elles arboraient un large sourire, les joues rosées et les mains légèrement levée, une mimique similaire à si elles tripotaient quelque chose.

    « On veut juste s’amuser un peu avec eux ! ♥ »
    « Oh oui ! Rien de bien méchant ! Ca faisait longtemps qu’on avait pas eu autant de monde sur notre île ! »
    « Et quels hooommes ! ♥ »
    « Tout d’abord on va les attacher pour qu’ils soient de bons garçons après on les enfermera ! »
    « Les attacher ? Ouuh ♥ ! Ce que c’est désinvolte ! Je peux avoir le robot dîtes mes choux ! Il frappe comme un dieu ! ♥ »
    « … »
    « Aide-nous Eriko, t’en fais pas, on a tout prévu ! On a aménagé une salle spécialement pour eux ! Tiens, tu n’as qu’à mettre ces menottes-là à Craigou chou ! »
    « Oui tante vi… Mais… Ce sont des menottes en granit marin ?! »
    « On est bien renseigné que veux-tu ! »
    « Euh… J’étais surtout curieux de savoir comme vous vous êtes procuré cela… »
    « Il nous faut au moins ça pour mater les plus gros rochons ! Fu fu, cela nous a été utile plus d’une fois ! »
    « Oh…. Et sinon, pour vos… "jeux", vous avez aussi besoin des filles ? »
    « Non pas vraiment, on les mettra ailleurs ! »
    « Dans ce cas, on peut se débarrasser de cette paysanne vulgaire. »
    « Allons allons Eriko-Chwan, pose donc ce couteau et continu à attacher ces beaux mâles. »
    « Oui, on s’occupera bien d’elle, ce sont nos copines aussi après tout ! Echange de conseils de mode, de maquillage, elles sont ma-gni-fayque ! »
    « ….. Chuis pas sûr. En temps normal oui… Mais vous connaissez les femmes. Des que vous vous approcherez de trop près de leur hommes sans leur surveillance… Elles vont exploser de colère ! Et je peux vous dire qu’elles ont toutes des problèmes de jalousie ! »
    « QUEUWAAA ?! Jalouse ?! Voilà un pêché difficilement pardonnable. »

    Dans cet équipage, c’était les filles les plus dangereuses, le reste, c’était soit des crétins complets soit des bons à rien. Il fallait absolument que je me débarrasse de ces gêneuses. Pour ça, rien de plus simple que de convaincre les Okamas qu’elles seraient nuisible à leurs petits jeux. Hochant ainsi vivement la tête pour appuyer mes arguments, je continuais tranquillement mon speech.

    « Oh que oui, elles sont jalouses et veulent un contrôle total sur leurs hommes, vous les avez bien vu en action hein ? »
    « Oh oui, la petite Rei voulait son moment d’intimité avec Craigou-chou ! Alors c’était ça ! »
    « Et Serena qui ne voulait même pas partager son copain ! »
    « Oui oui ! Aucun doute qu’elles risquent de pousser un scandale, avec elles, c’est sûr les hommes ne se prêteront pas totalement aux jeux. A votre avis, pourquoi étaient ils tous aussi calmes et timides à vos côtés ? C’est parce que bien sûr, ils doivent se restreindre en face de ces demoiselles ! »
    « Se restreindre ?! Mais ca va pas du tout ! Pas du tout du touuut même ! La jalousie est un vilain défaut, on va devoir les punir, oh oui oui oui. »
    « J’ai une idée qui va rendre tout le monde gagnant ! Vous partagez un point commun avec ces dames, la mode ! Je propose qu’on les envoie en mer sur un petit bateau ou une barque, suffisamment loin pour nous laisser le temps de jouer avec ces messieurs comme punition. Et pour nous excuser de les avoir exclus… On devrait les maquiller et les habiller ! Elles m’ont fait une confidence un jour, qu’elles avaient toujours rêvé de ressembler à de petites poupées mais faute de confiance, elles n’osaient pas. »
    « Oooh ! Que c’est adorable de ta part, une punition avec un cadeau ! On va les habiller de nos plus belles tenues à froufrous ! Oh oui, beaucoup de froufrous ! »

    Parce que je sais que toutes les femmes de ce navire sont des garçons manqués, je me suis permis cette petite liberté. Une envie de rire, j’imagine déjà leur réaction. Au moins maintenant, on était tous d’accord sur le plan. Bonne soirée en perspective.