Fly me to the Moon

La taverne poisseuse qui trônait au centre du camp de la Lune Noire avait été vidée pour ce qui allait être l’assemblée la plus invraisemblable de ces derniers siècles. Quatre races amenées à s’asseoir à la même table, à discuter des tenants et des aboutissants de Skypeia et de son avenir. Certes, que des minorités. Mais asseoir un Ange, un Shandia, un Sélénite et un Humain autour d’une table, c’était à voir. La Lune, l’île volante et le monde d’en-dessous. Des dizaines d’années de guerre à n’entretenir que haine et destruction pour se voir assis entre eux pour la première fois. Un comble. Une ironie mordante que ces races n’aient jamais pris le temps de discuter. Les humains n’avaient pas de réelle part à la discussion, mais c’était grâce à eux, en la personne de Rafaelo, que ceci était devenu possible. Quant aux Sélénites, c’était là leur dernière chance. Il y avait longtemps que leur population n’avait pas augmenté. Ils venaient simplement de réaliser que c’était là une fin pour eux. Une fin à laquelle on leur demander de s’asseoir à une table pour discuter …

« Bien. Tout d’abord, je vous remercie de … » commença l’assassin.

« De quoi ? On les emprisonne, on les exécute et c’est plié. » trancha Tenna, tapant du poing sur la table.

Sanji fit une moue hésitante, ne sachant lequel des châtiments choisir. Amaspa se renfrogna en leur adressant un regard incendiaire. Vrai que la Lune Noire s’était créée uniquement pour détruire les Sélénites. Cela n’allait pas être facile … Rafaelo soupira, leva les yeux au ciel.

« Mettez-y un peu du votre, les gars … Me semble que j’ai assez distribué de coups pour la journée. » grommela Rafaelo, tirant un sourire amusé à Tenna.

Le vieux guerrier s’efforça de reprendre son masque sérieux dans la seconde. Hors de question que la sélénite ne puisse voir une once de faiblesse en lui. Elle était son ennemi séculaire. Il carra les épaules, affirma son autorité. Sous un petit ricanement mesquin de Sanji.

« Bien. Donc nous sommes ici pour parler entre nous des termes de la sédition des Sélénites. Et de leur intégration à … » reprit Rafaelo.

« QUOI ?! » exultèrent en cœur les fondateurs de la Lune Noire.

« … Skypiea. » termina l’assassin, en se raclant la gorge.

La Tétrarque haussa un sourcil. C’était inattendu. Inattendu de la part de l’homme qui les avait attaqués, avait anéanti leur secte de serviteurs et fait se crasher leur navire volant, unique chance de faire le poids face aux Anges et aux Shandias.

« Vous m’avez bien entendu. Avez-vous au moins pris le temps de discuter avec les Sélénites lorsqu’ils sont arrivés sur Skypiea? » lâcha l’assassin, voyant les veines de tous se crisper.

Tenna frappa une nouvelle fois du poing.

« Ils nous ont attaqués ! Nous ... nous étions sur … enfin. Mes parents étaient en mission contre les Anges. Ouais. J’étais là : je peux vous assurer que je sais très bien comment ça s’est passé. La première fois que nous avons vu vos vaisseaux de malheur faire feu sur les nôtres. Vous avez fait feu sans merci. Détruisant et pillant sans vergogne ! » fulmina le guerrier, tandis que Sanji brillait encore par son silence.

La Sélénite leva les yeux au ciel et croisa les bras.

« Sérieusement ?! C’est donc ainsi qu’on raconte votre histoire, bande de piafs mal … mal … » s’emporta-t-elle, le rouge lui venant aux joues.

L’assassin se leva, appuya sur les épaules des deux leaders qui s’étaient levés et en étaient presque à en venir aux mains. Sanji continuait à s’enterrer dans son mutisme. Il voyait en cette réunion un résultat évident et considérait qu’y prendre part n’en valait même pas la peine. Il ne serait visiblement satisfait qu’à l’attribution d’un juste châtiment pour les Sélénites. Rafaelo les força à se rasseoir d’une impulsion peut-être un peu trop forte. Les deux dardèrent sur lui un regard noir auquel il répondit avec un sourire caustique.

« Je ne vous ai pas ramenés ici pour que vous jetiez des fions à la tête. Ça pourrait durer toute la journée et j’ai assez donné dans l’échange de beignes pour une décennie. Donc vous allez tranquillement vous asseoir. En temps qu’humain, je suis neutre. Je n’ai aucune part à vos conflits et je m’octroie le droit de gérer cette séance. Il est important que la situation soit réglée au plus vite. Nous avons jusqu’à la fin de la journée pour trouver une solution. Bien. Merci. Commençons par le début. Amaspa. Honneur aux dames. » fit-il en se rasseyant en soupirant dans son siège.

La Sélénite haussa les sourcils et mit quelques secondes avant d’ouvrir la bouche. Se faire rabattre le caquet par un humain inférieur – mais qui lui avait quand même mis une rouste mémorable – n’était pas de l’ordre de ses attributions.

« Bien. Donc du début … début ? La raison pour laquelle les Sélénites sont venus ici, en premier lieu. Nous avons subi l’attaque dévastatrice de l’un de vos pairs il y a cent ans de cela. Ce fut un jour sombre pour tous les nôtres. Cet homme se nommait Ener. Il a dévasté une partie de notre civilisation. Forts de cette crainte et de ce risque, nous avons décidé de nous armer en conséquence et nous avons construit deux navires volants. Depuis la Lune. » commença-t-elle pendant que Sanji et Tenna échangèrent un regard perplexe.

Ener. C’était ça. Rafaelo avait bien perçut la crainte qui émanait de ce nom lorsqu’il avait fait montre de ses pouvoirs chez les Sélénites. Cela avait même été l’argument qui les avait fait flancher et les avait fait tomber leurs armes. Ils voyaient en lui l’avant-garde d’un royaume destructeur et aux dires d’Amaspa, ils s’étaient tous unis pour construire ces navires de façon à lutter contre la vilénie de cet homme et de ses sbires.

« Notre mission était de reconnaissance avant tout, mais nous avions pour ordre d’éliminer toute menace le cas échéant. » continua-t-elle, indiquant d’un geste dédaigneux les deux individus présents en face d’elle.

« Et nous avons été attaqués dès notre premier pas ici ! Ces sauvages, incapables de comprendre ont ouvert le feu et nous ont cantonné à nous terrer dans nos navires. Alors le Commandant Atheshape a pris l’initiative d’une récidive de sommation pour contenir les instincts guerriers de ces peuples barbares. » continua la Tétrarque avec un dédain ostensible.

Visiblement Tenna et Sanji ne s’attendaient pas à ce genre d’histoire. On racontait aux petits Anges et Shandias l’histoire des méchants envahisseurs venus ici pour on ne savait quelle lubie invasive. Mais d’entendre qu’ils n’étaient là qu’en récidive et peur d’un ennemi vieux de cent ans, c’était … difficile à avaler. Tout comme le fait qu’elle se proposa exploratrice avant d’être guerrière. Amaspa était pourtant entrée sur le Maquis Corse à l’âge de 15 ans et avait gravi les échelons pendant plus de 30 ans. Elle avait été nourrie du fiel de son peuple envers Ener. De plus, Rafaelo n’avait pas forcément remarqué la première fois, mais Sélénites et Anges étaient vraiment … semblables physiquement. Il resta quelques secondes songeur, se demandant s’il fallait y voir là un miracle ou non. Et s’il ne s’agissait réellement que d’une seule race ?

On pouvait aisément imaginer un quelconque scénario romanesque. Un scénario où des rescapés de la Lune se seraient échoués sur Jaya et auraient fait monter les îles dans le ciel pour tenter de regagner leur terre natale ? Mais bloqués entre les deux mondes, deux clans se seraient formés : les Shandias, descendants d’humains de Jaya qui révéraient les ruines de leur passé et les Anges, prêts à tout pour rejoindre leur ancien territoire et dirigés par un chef spirituel – peut-être leur chef de mission de cette époque ?

Une théorie intéressante que Rafaelo n’aurait qu’à détailler dans ses propres cahiers. De nombreux secrets devaient être enterrés sur cette île. Trop nombreux pour être confiés entre les mains de n’importe qui. L’assassin reprit ses esprits une fraction de seconde avant que les trois compères n’en vinssent aux mains, ramené sur terre – plus ou moins – avant que l’irréparable ne soit commis. Il frappa du poing sur la table, assez violemment pour qu’elle tremble tout entière. Les trois autres lui dédièrent/envoyèrent un regard surpris, avant de se rasseoir calmement. L’assassin sourit, ménageant son ulcère.

« Dooooonc. Si j’ai bien suivi. Ener arriver Lune. Ener tout casser. Sélénites vengeance puis curieux : Sélénites aller sur Skypeia. Tout a dégénéré lorsque vous êtes arrivés ici. Tenna, tu parlais d’une mission contre les Anges, le jour où c’est arrivé. » fit l’assassin, donnant la parole au co-fondateur de la Lune Noire d’un geste de la main.

Étonnant comme sa prise de position avait l’art de ramener ce petit monde au calme. Ses faits d’armes lui avaient-ils octroyé une sorte de respect ? Du moins l’attitude détendue de la Lune Noire en attestait. Tout comme les œillades craintives de la Sélénite. À se demander pourquoi il n’avait pas agi en brute plus tôt dans sa vie.

« Une récidive … elle est bien bonne. De mémoire de Shandia, vous avez surtout bombardé Giant Jack et déclaré la guerre avec le GUANO puis nous avez tiré dessus sans distinction. Vous avez tiré jusqu’à ce qu’on vous laisse un bout de l’île … et continué jusqu’à la chute de l’Enterprise. En tirant à l’aveugle, fallait bien s’attendre à une réaction de notre part … » gronda Tenna, serrant le poing.

« Giant Jack ? Votre espèce de truc géant qui … ah. Ahem. J’ai cru comprendre que c’était important pour vous ? » lâcha la Sélénite tout en se frottant le menton.

Elle leva les yeux au ciel. Elle essayait visiblement de se rappeler de quelque chose. Difficile de raconter une histoire de manière objective après 30 ans de boniments et d’exagérations visant à promouvoir ses propres choix. Le regard de la Tétrarque sembla s’éclairer.

« Je me souviens oui … Je n’étais que Lieutenant à l’époque. Le Commandant Atheshape avait donné l’ordre d’abattre cette plante géante qui troublait nos transmissions. Seulement nous avons essuyé une attaque dès que nous nous en sommes approchés. » se rappela-t-elle.

« Je … me souviens de ce qu’il voulait transmettre. La gravité de votre île était trop importante pour permettre un décollage vers la Lune. Il voulait informer les nôtres que … que nous ne pourrions pas repartir. » poursuivit-elle.

Elle serra les dents, carra la mâchoire. C’était à partir de ce jour là que le Commandant s’était quotidiennement muré dans sa cabine, levant les yeux et son verre vers l’astre qu’il ne reverrait plus jamais. Il n’avait pas fallu longtemps après cela pour qu’Amaspa ne grimpe les échelons. Ce qui avait été une agression d’une violence et d’un irrespect rare se transformait soudain en un geste désespéré de naufragés. Tenna et Sanji regardèrent le bord de la table, accueillant la nouvelle avec plus de gravité qu’ils ne l’auraient escompté. Rafaelo grinça des dents. Ce geste, vieux de trente ans, n’avait pas d’excuse aux yeux des Anges. La réplique avait été violente. Les Sélénites avaient aussi tôt répondu en brûlant Anges et Shandias car ils étaient alors pour eux un seul et même peuple. Puis le front s’était équilibré.

Il fallait imaginer les Sélénites débarquant sur cette nouvelle terre, armés jusqu’aux dents au cas où. Ne pouvant anticiper une différence de gravité ils s’étaient retrouvés coupés des leurs à jamais et dans un geste précipité d’appel à l’aide, ils avaient marché sur le sacré des peuples de cette île. Sous-estimant leur puissance, ils s’étaient embourbés dans ce conflit qui n’avait pris fin qu’aujourd’hui. Avec un constat des plus sinistres : les Sélénites étaient voués à l’exil. Et à disparaître. Nulle solution pour repartir chez eux, à moins d’un secours fortuit des leurs. Or ils avaient mis près de cinquante années à construire les deux vaisseaux volants. Autant dire qu’ils étaient condamnés. De par leurs affiliations révolutionnaires dans leur manière de voir les choses, Rafaelo eut l’impression que les deux fondateurs de la Lune Noire comprenaient à présent la racine du conflit. Mais ils restaient des ennemis des Sélénites depuis plus de trente ans. Cette haine été ancrée dans leurs gènes, ou peu s’en fallait.

Un long silence suivit les paroles de la Sélénite, poussé par une intense réflexion. Le recours à la boisson du Commandant n’était peut-être pas dû qu’au manque de sa nation après tout. Avait-il conscience que son geste avait précipité les siens dans un combat perdu d’avance ? Enfin, perdu d’avance … encore aurait-il fallu faire rentrer ça dans le crâne des Sélénites, convaincus de surclasser le monde entier avec leur technologie.

« Il est certain qu’un simple malentendu ne va pas mettre fin à trente ans de guerre. » trancha Rafaelo.

« Vous auriez eu des centaines de fois l’occasion de traiter, de parler de vos torts mais vous n’avez fait que vous tirer dessus sans même essayer de comprendre ce qu’il se passait. À peine débarqués ici, les Sélénites n’ont pas cherché à prendre contact ni rien et ont détruit ce qui leur bouchait la vue. Et puis il n’y a plus eu de place au dialogue. Pensez à toutes ces morts pour une stupide fierté mal placée. » poursuivit-il, dardant un regard inquisiteur sur la Tétrarque.

Tenna et Sanji s’accordèrent sur ce point. Mais eux non plus n’étaient pas tout blanc.

« Et vous. Vous avez ouvert le feu sans sommation jusqu’à oublier même pourquoi vous vous battiez contre eux. Quand bien même le geste était sacrilège, vous avez simplement tiré. Sans vous arrêter pendant 30 ans. Je n’ai aucun mal à imaginer ce qui aurait pu se passer si un dragon céleste s’était ramené ici quelques semaines plus tôt. Mort par feu croisé, la belle histoire. Vous êtes-vous un jour demandé quelle était la réelle motivation des Sélénites ? Non, réellement demandé. À force de vous défendre, vous en êtes devenu les attaquants. Car sans la secte de l’autre demeuré, ils n’étaient rien … et vous le saviez. Pourquoi m’auriez-vous fait éliminer Medhine en ce cas ? Et pourquoi Dieu aurait surgit pour faire tomber la tête de Skippy ? » lâcha l’assassin, croisant les bras.

« Mais cela n’enlève rien au fait que les Sélénites ont agi comme des envahisseurs. Et pour ça ils méritent sanction, non ? » fit-il, en croisant le regard d’Amaspa.

Juge et bourreau. Cette situation lui laissait un goût plaisant dans la bouche, comme une sensation de déjà vu. Quelques réminiscences de son passé. Ainsi qu’un désagréable frisson dans l’échine. Une peur de retomber dans de vieux travers, de se laisser encore une fois abuser. Il se retourna vers Sanji et Tenna.

« Pensez-vous qu’une entente est possible ? Ou préférez vous exterminer un peuple entier ? » lâcha Rafaelo, tirant un regard horrifié à Amaspa.

Il réprima un léger sourire en coin, sachant que l’idée allait donner horreur à Tenna et Sanji. Ils n’étaient pas cruels à ce point et s’acharner sur la carcasse d’un ennemi abattu n’était pas dans leurs mœurs. Ils avaient montré qu’ils étaient suffisamment intelligents pour s’allier entre Anges et Shandias et maintenant que les Sélénites étaient assis à leur table, ils n’allaient pas simplement admettre leur extermination. Ils prirent cependant l’assassin de court en allant jusqu’où lui-même ne se serait pas aventuré.

« Je ne sais pas. Qu’avez-vous à proposer, Amaspa ? » fit Sanji, prenant la parole pour, quasiment, la première fois.

La Tétrarque fut autant surprise que le révolutionnaire, mais elle parut apprécier le geste. Elle observa ensuite Rafaelo avec un œil circonspect. Elle pensait que c’était là son plan depuis le départ. Or c’était trop présumer de l’assassin. Il n’avait fait que s’en remettre à l’intelligence de Tenna et Sanji. S’il souriait avec son air assuré, c’était juste pour le prestige. Il n’avait pas pensé aller aussi loin dans le débat et s’il jouait le rôle de médiateur, les choses glissaient vers un accord mutuel par elles-mêmes. Enfin, parler d’accord c’était fortement présager mais …

« Nous pourrions vous défendre. Avec le Maquis Corse remis en état. » proposa-t-elle, nonchalamment.

Tenna eut un ricanement de dédain, comme si les Sélénites avaient vocation à être plus forts qu’eux sur ce point. Mais il était vrai que l’armement du Maquis Corse était à la pointe de toute technologie. À y réfléchir, cela pourrait aussi être un véritable plus pour la révolution. Il aurait mis sa main à couper que Shaïness avait déjà envisagé cette solution. Seulement avec la disparition des Sélénites, leur savoir partirait. C’était la vision matérialiste de considérer la chose. C’était l’œil avec lequel Sanji envisageait l’avenir des Sélénites. Il posa sa main sur le bras de Tenna, avec un regard dur et froid sur Amaspa.

« Faire don de votre technologie à Skypiea. Cela constituerait un avantage tactique contre d’hypothétiques adversaires. Or les adversaires de Skypiea il n’en existe pas. Du moins, mis à part les Anges et les Shandias entre eux … » commença-t-il.

Entre eux. Pour l’instant. La raison principale d’exister de la Lune Noire n’était plus. Pourtant, serait-il possible pour eux de revenir en arrière ? D’oublier ces années de collaboration dans l’espoir d’anéantir un ennemi commun ? Ce qui les avait fédérés était une cause commune. Il jeta un œil à Rafaelo. Non, hors de question. Ils ne prendraient pas part dans les circonvolutions du monde d’en bas.

« Mais le monde d’en bas vient à vous … » fit l’assassin, interceptant avec justesse le signe de Sanji.

« Si AI2 n’avait pas envoyé son homme, le Dragon Céleste n’aurait jamais pointé le bout de son nez … Il est trop tard pour faire machine arrière. Votre protection était le secret, le mystère que vous incarniez. Cela est révolu. Si un agent du Cipher Pol, un agent secret du gouvernement, s’était infiltré ici à ma place, il aurait fait en sorte de vous servir sur un plateau d'argent au Gouvernement et à ses nobles. La seule solution, c’est de tenir vous-même le plateau et de montrer que vous êtes suffisamment puissants pour dire non merci. Et rester égaux à vous-mêmes … ce en quoi je pense que la proposition d’Amaspa n’est pas si mal. Sans compter la menace toujours latente des pirates et autres. Personnellement, que les Sélénites demandent asile après leur défaite … sachant qu’ils ne pourront plus rentrer chez eux … Je dirais que c’est un bon compromis. » continua-t-il, énonçant avec plus de précision ce que tous pensaient ici.

« Nous ne pourrons pas faire machine arrière. Il a raison. Il serait futile pour moi de dire que je pourrais de nouveau considérer les Anges comme des ennemis. Mais les Sélénites … hmpf. Ils devront gagner leur droit de rester ici. Nous négocions un armistice, après tout. Nous faisons nôtre votre savoir. Et en contrepartie, vous rejoignez notre peuple. Va falloir beaucoup d’eau pour que tout le monde avale cette pilule mais … nous pouvons y arriver. Tendons la main aux Sélénites. Montrons leur que nous ne sommes pas que des barbares non civilisés … » trancha Tenna, avec un sourire taquin envers la Tétrarque.

Celle-ci leva le menton, ignorant la pique mesquine. C’était peu ou proue ce qu’elle avait proposé mais la question de donner leur savoir aux Anges et Shandias de cette île l’horripilait. Tout comme le constat de ce qui pourrait arriver si elle refusait. La menace était à peine cachée. S’ils refusaient, tout se passerait par la force. Autant rejoindre le jeu de gré et se plier aux demandes du vainqueur. Elle avait encore plus de mal à avaler le fait que Rafaelo ne demande rien en termes de tribut ou de victoire. Rien de plus qu’une amitié fortuite pour les gens de son mouvement. Elle savait qu’il n’agissait pas par pur altruisme, mais elle n’aurait su dire ce qui le motivait. C’était peut-être ce qui l’inquiétait le plus dans cette histoire.

« Et en parlant de Cipher Pol, Rafaelo … » commença Sanji en se redressant sur son siège.

L’assassin acquiesça. Cela ne l’étonnait plus que Sanji soit au courant de pareilles choses.

« En effet. Il y en a un dont je dois m’occuper personnellement … » lâcha-t-il, en s’étirant.

« Si vous voulez bien m’excuser. Maintenant que je sais que vous n’étriperez pas Amaspa, je vais vous laisser régler les derniers détails de cette alliance. Enfin, armistice. J’espère que GUANO et Shandias seront autant … ouverts d’esprit. Le but c’est de vous sauver la peau après tout. » fit l’assassin, en s’inclinant avec un poing sur le cœur.

« On s’appelle. » conclut-il, avant de s’éloigner d’un pas tranquille de la taverne.