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Shalyne et Judas s'envoient en l'air !

Chess Match by Ion Storm on Grooveshark

La journée était encore jeune, et à la position du soleil, elle estimait qu’il était plus ou moins neuf heures du matin. Cela faisait plusieurs jours qu’ils étaient partis d’Alabasta. La prochaine île de Grand Line ne devrait plus être qu’à un jour, ou deux, dépendant du vent.

Shalyne n’était pas navigatrice. En tant que sergent d’élite néanmoins, elle se devait de connaître des notions qui lui permettraient de prendre le relais si jamais le navigateur de l’équipage sous son commandement se faisait avoir. Ce n’était pas une formation dispensée obligatoirement pour le marine, mais elle ne voulait pas laisser le facteur pilotage de navire au hasard. Tenant la barre de sa main gauche et le Log Pose de la main droite, elle gardait le vaisseau orienté vers la bonne direction. Et tandis que ses poumons s’emplissaient de la chaleur de la cigarette, elle se rappelait que la navigation était loin d’être la plus grande menace durant cette montée à Skypiéa.

Le cap stabilisé, la jeune femme soupira et s’assit sur le transat. Serrant le Mach 5 dans sa main, elle cherchait les deux autres personnes à bord des yeux, mais elle savait que c’était peine perdue. Le premier n’avait aucun besoin de se dissimuler ; un face à face suffirait pour la réduire en miettes. Et si le deuxième voulait l’attaquer, aucune défense au monde ne l’empêcherait à atteindre sa cible. Shalyne haussa les épaules.

Elle savait que pour l’instant, ils n’avaient probablement pas d’intention meurtrière envers elle, mais sans coéquipiers, ou aucun autre représentant du Gouvernement Mondial à bord avec ces deux là, elle était en droit de se sentir inquiète. La jeune femme, toujours allongée sur le siège de vacance, se ralluma un bâtonnet de cancer pour calmer le jeu. Et ce n'est que le début, ma grande.

Parce qu'elle comprenait bien que ces deux-là seraient le cadet de ses soucis une fois parvenue à destination.


____________________________________


Que Judas possédât la moindre information sur Rafaelo avait redonné espoir l’agent du CP9 Alvaro Vanderspool, qui avait failli perdre tout espoir de retrouver ce maudit assassin. Mais sa marge de manoeuvre était horriblement réduite, et le temps jouait contre lui. Et ce malgré le niveau de ficelage de cette foutue affaire.

Son grand patron, Noxe, se doutait que Goa cachait autre chose que la capture d’un groupe pégrier, mais ni Alvaro, ni Fenyang père ne pipaient mot. Heureusement, toutes les discussions à caractère sensible ne s’étant faite qu’en présence de Shalyne et Shalyne uniquement, aucune information ne devrait filtrer... Sauf si Noxe avait la bonne idée d’interroger Shalyne directement. Sauf que là, c’était le grand père, Danforth Nelson, qui interviendrait.

Et voilà pourquoi c’était Shalyne et pas l’agent lui même, était assise au milieu de la taverne, en face de l’homme musclé qui l’avait tiré d’un mauvais pas à Ain Jalout, plusieurs jours auparavant.  Il régnait dans les yeux de Judas un air d’aléatoire. Dangereux, il l’était, et elle avait pleine conscience.

« Merci d’avoir répondu à mon message. »


Elle écrasa son mégot sur le cendrier, et but une gorgée de vinasse. C’était pas si mal.

« J’vous avait tout dit sur l’histoire de Rafaelo. Sur le fait que je cherche Uther. Et sur ce que j’ai accroché à la cuisse, là, tout de suite. »


Shalyne faisait référence à son arme de poing chargée d’une balle de granite marin, pourvue par Vanderspool. Elle frissonait rien qu’à penser à la longueur du bras de ce type. Il pouvait demander ce qu’il voulait, quand il voulait ; toute la logistique du Gouvernement Mondial était à ses pieds, et plus ; Judas n’avait aidé Shalyne que sur recommandation (clandestine) de l’agent du CP9.

« Vous aviez dit, la dernière fois, que vous saviez un truc sur Rafaelo di Auditore. J’ai besoin de savoir. Vanderspool a besoin de savoir. »


Elle s’était penchée avant d’avoir dit cette phrase, faisant grincer sa chaise, et couvrant sa voix de celle des poirots habituel du bouge qui sentait la sueur des hommes fatiguée et l’haleine de cigarette fraîchement fumée par Shalyne.

« C’est le seul type qui puisse nous conduire vers Uther. Vous le connaissez, Uther Dol, non ?»


Cette dernière phrase était du bluff total, et si Shalyne haussait un sourcil inquisiteur en faisant un sourire en coin digne d’un polar Boréalin, des sueurs froides lui perlaient le dos tandis qu’elle réalisait le plan de Vanderspool dans son ensemble. Uther Dol était la cible réelle de Vanderspool, qu’il traquait sous prétexte officiel de chercher Rafaelo di Auditore (à qui il ne semblait ressentir qu’indifférence)...

Mais rien ne lui empêchait de faire d’une pierre deux coups.

Oh putain, je me suis vraiment mal fourrée là.


Dernière édition par Shalyne Nelson le Ven 6 Mar 2015 - 0:33, édité 1 fois
    Le petit verre s'est transformé en pichet, le pichet en bouteille, et la bouteille en tonneau. Et ainsi va le cycle de la vie qu'il disait, le tavernier. Tout ça au frais de la princesse, ou du Gouvernement, comme vous préférez. Finalement, je les aime bien ses p'tit gars, il faut juste les prendre dans le bon contexte. Je me traîne en dehors du bar bourré comme un damné ressortirait des enfers. J'ai la langue en feu, les poumons à bout de forge, et les articulations qui grincent. Il était pas encore huit heure du mat', quand je me suis pointé devant le QG, comme les deux autres jours précédents : Un chèche sur le crâne, un futal du coin assez large et mes fameuses geta plombée. J'avais aussi repris de l'aplomb, bien que mon fort taux d'alcoolémie ne rend pas ce fait très probant. J'ai l'oeil du pigeon aguerris quand un petit soldat en bleu et blanc vient me voir, avec une lettre entre les pattes. Il me dit à peine bonjours, croise pas mon regard et file dans l'autre direction une fois  mission accomplie.
    Sur le billet il y'a un nom et l'adresse d'une adresse. La Taverne, lieu de prédilection de bien des aventures et de conspirations. Boire détends les langues et les problèmes, deux facteurs permettant à des miracles de se produire. Et là, j'ai devant moi un marine fraîchement moulue, qui me propose un voyage gratis jusqu'à Skypiea. Décidement ils sont trop bons, cela devient presque alarmant ... Devrais-je me méfier ? Ou bien c'est à eux de prendre garde ? Personne ne répondra à cette question ici.

    "C’est le seul type qui puisse nous conduire vers Uther. Vous le connaissez, Uther Dol, non ?"  

    Je lève un sourcil. Elle me sort la carte d'Uther Dol comme un as sorti d'une manche, et mon sourire devient l’étendard de mes pensées, bien malgré moi. Je suis un type dangereux, comme elle dit. Mais il y'a toujours pire, c'est ce qu'elle apprendra durant ce voyage. Surtout que c'est pas à moi de lui donner une réponse, mais surtout au type qui me suit comme une ombre depuis que je suis revenu en ville. Une ombre du nom de Samedi, et qui n'augure jamais rien de bon pour les gens comme elle. Cependant, j'ai passé toute la journée et a soirée d'hier à convaincre le bonhomme qu'elle nous serait plus utile que des ressources révolutionnaires. Et surtout plus discrète aussi, et je sais à quel point ce détail précis peut faire pencher la balance quand on parle à un assassin. Je commence à bien les connaître, j'en pleurerai presque. Avec cette phrase, elle vient de rallonger sa durée de vie, bien joué petite. Je pose mon regard sur le verre qui me fait face, et bois tranquillement avant de répondre. L'alcool est fort, il me donne un chaleur qui compense le couperet au dessus de nos deux têtes.

    - Eh, moi j'ai dis pouvoir vous aider que je fais d'un air innocent avec mes deux paluches en l'air et un air de lapin qu'on a débusqué.

    - ... C'est le mec qui sait comment le retrouver qu'il va falloir convaincre ... Que je finis en baissant les mains et en plongeant mes yeux rougeâtre dans les siens. Est-ce que c'est suffisant, Baron ? Que je siffle entre mes dents.

    L'inconnu installé à la table derrière nous arrêta de tourner le dos à Shalyne. Dévoilant le profil d'un voyageur à la peau mate cachant son visage derrière un voile noir. Un lourd bâton de marche sculpté était posé à côté de lui. Il fit danser ses doigts devant mon visage d'une manière tres ... Glauque quand on connaissait le personnage. Il referma alors la main d'un geste ferme en la ramenant à lui : La pomme ne tombe jamais très loin de l'arbre, Judas. fit en souriant, se scarification se mouvant comme des dents supplémentaires.

    - Je crois qu'on peut dire que c'est un oui, fais pas attention on comprend jamais de ce qu'il dit que je termine avec la main en éventail, pour faire discret. L'homme est pas si terrible, mais il vaudrait mieux éviter de ne pas faire attention. L'expression "à prendre avec des pincettes" prenait alors une tout autre mesure.

    On quitte l'air enfumé de l'auberge, et sa rumeur tapageuse pour l'air frais de la rue. Bientôt, les relent de sel et d'embrun nous conduiraient jusqu'au bateau que la marine nous prête gentiment, comme le log pose que garde précieusement Shalyne à la ceinture.

    Comme quoi connaître un marine ou deux, c'est vach'ment pratique.


    ***

    Gauche, droite, haut bas ... Je bouge la tête sans arriver à échapper à cette maudite petite bande de lumière, malédiction de tout les poivrots quand tape midi. Maudits petits cercles infernaux ! Arrête donc de bouger saleté de sol ! Je me relève d'un seul coup avec une curieuse envie de vomir. Je lève les yeux sur la cabine spartiate dont j'occupe le petit lit comme deux soldats lambdas. Autant dire que pour le confort on repassera, mais j'ai eu la bonne idée d’amener quelques barriques de bière et de rhum, de quoi me réconforter après une dure journée.

    J'ai pas compté le nombre qui s'étaient écoulés depuis notre départ, nuit et jour semblant se fondre comme le ciel et la mer. Les voyages en bateaux m'avait toujours fait l'effet d'être en dehors du temps, peut être à cause de l'envergure des navires, ou de mon alcoolisme de plus en plus problématique.
    Et ça, l'agent de Rafaelo me le faisait bien sentir dans des séances de décrassage intense et douloureuse. Puisque je semblais être un allié de son maître, il voulait constamment me tester et me faire progresser. Personnellement, si je pouvais lui chiper quelques unes de ses gaudrioles, je dirais pas non.

    Enfin bref, je passe un coup d'eau douce sur mon visage et repose la petite bassin en fer blanc après avoir noué mes cheveux. Il faisait beaucoup plus froid sur la mer que sur terre, et j'opte alors pour un haut cachant mes tatouages. Je me pointe sur le pont et j'salue Shalyne de la main. Elle à l'air pensive mais pas inquiète, j'me doute que la solitude dont s'entoure Samedi peut y jouer. Il fait pas bon de croiser cet homme trop souvent, et surtout la nuit sur un pont de navire. Je salue donc avec le chapeau son idée de rester dans son coin hormis pour me mettre quelques roustes.  

    - Toujours pas partante pour quelques exercices avec nous ? Que j'lui fais avec un sourire un peu vil.

    Les exercices dont je lui parlais m'avaient souvent laissés en sang et en sueur.
      Shalyne sourit.

      « Vous savez quoi ? Vous marquez un point. Il vaudrait mieux que je m’entraîne.»

      Shalyne jaugea -admira, presque- le corps taillé comme un granit de l’homme en face d’elle.

      « Mais pas des entraînements physiques. La souplesse, l’endurance... J’ai bossé ça au BAN. Je bosse ça encore. Vous êtes pas le seul à savoir faire des pompes à une main, ne vous inquiétez pas. »


      Elle sortir le meitou, Chérie. La lame virevoltait et rayonnait d’un éclat argenté. Parfaitement équilibrée, c’était un véritable plaisir à manier. Elle planta alors l’épée dans le bois, qui s’enfonçant comme dans du beurre mou.

      « Savoir utiliser une épée n’est pas un problème non plus. »


      Le sergent d’élite craqua ses doigts. « Voilà, ce que je veux faire. Je veux me défendre au corps à corps. Je veux savoir encaisser. Lorsque j’étais à Goa, j’ai vu un de ces gars qui bossaient pour Uther à l’oeuvre. Si l’un d’entre eux m’attaquaient, je n’aurais jamais le temps de sortir une arme contre eux. Vous auriez fait comment si un gars sortait une lame comme ça (elle mima la lame qui sortait de la manche) et tentait de vous la glisser dans la gorge?»

      ***


      Les nuits alabastanes étaient plutôt froides, mais autour de l'inconnu, la température semblait descendre de plusieurs degrés. « Je suppose qu’il vous a déjà raconté ce que je sais ? » fit Shalyne à l’attention du sombre personnage, en marchant vers la base militaire. Il ne répondit pas. Bavard, l'animal. Ce manque de respect était difficile à avaler à Shalyne de la part d’un civil quelconque, mais dans une telle situation, elle n’était clairement pas en position de négocier. De toute façon, elle n’en eut pas le temps, son flux de pensée étant interrompu par le garde alabastan en faction.

      « Sergent Shalyne Nelson, marine d’élite,
      s’identifia-t-elle, insistant sur ‘élite’. Les deux autres sont avec moi. »

      « Raison de la visite ? » fit-il d’un air inquisiteur.

      Elle pointa du doigt le grand bâtiment derrière lui. De la couleur de la mer, le cuirassé de son grand père, l’Intraitable, dominait les vaisseaux du port, tandis que son étendard signé de la Mouette flottait dans la nuit étoilée. De son autre main, elle glissa une liasse de berrys, et lui fit un clin d’oeil tout en désignant de la tête les deux autres hommes d’un sourire entendu. L’homme fit immédiatement le rapprochement, et laissa passer sans piper mot la femme, mais sans dissimuler un sourire amusé. La fillette à papa a des goûts plutôt exotiques, à ce que je vois.

      ...D'autant que l'alcool avait figé le sourire amusé de Shalyne un peu plus longtemps que raison, bien loin du poste de garde. Rougissant à la simple idée d'avoir envisagé une chose pareille, sentant, dans un élan de paranoïa, un regard amusé poindre par-dessus son épaule, elle se retourna et justifia évasivement :

      « On monte pas dessus, ne vous inquiétez pas.Ce euh... bobard...était nécessaire pour pas avoir à vous faire biffer votre entrée dans les registres. Je suppose que vous le savez,
      fit-elle en se tournant vers Judas, mais votre intervention ne doit surtout pas être mentionnée dans les rapports. »

      C’était Vanderspool qui avait envoyé le mercenaire à Ain Jalout pour tirer Shalyne de la sale passe où elle s’était mise. Certains agents du Cipher Pol peu scrupuleux n’hésitaient pas à faire marcher leurs connaissances grâce à un système de dettes et de faveurs à rembourser. Mais Judas s’étant déjà acquitté de sa dette en sauvant Shalyne, elle était maintenant à la merci du bon coeur du mercenaire. Il fallait donc qu’elle se rende utile.
      Elle désigna un vaisseau éclaireur de la marine stationné pas trop loin.

      « Voilà. C’est pas le Pérou, mais ça se navigue facilement sans avoir besoin de tout un équipage. »

      Le vaisseau faisait plus ou moins la taille du Vogue Merry, sans figure de proue. Ca sera suffisant pour braver une petite portion de Grand Line jusqu’à la prochaine île. De là ils pourront s’offrir un navire plus conséquent pour continuer sur la Route de Tout les Périls, l’important étant de mettre un maximum de distance entre elle et les autres marines.

      En montant sur le vaisseau, elle eu une pensée pour l’unité Sakazuki, dissoute pour les besoins de la mission. Cain, Achab, Hanlin et Mallory. Des gens bien au fond, qu’elle aurait bien voulu avoir avec elle. Mais il y avait peu de chances qu’elle les revoit encore. La jeune femme secoua la tête pour chasser ses pensées, tandis que le bois du vaisseau grinçait sous ses pas. Elle se tourna vers les deux hommes. C’était le moment des révélations.
      « Une minute. J’ai besoin de savoir où on va. »



        Le port se dessine et je commence à avoir des picotements sur les bras. Les même que ceux qui m'disent que la flicaille est pas loin. D'un autre côté, elle marche à ma droite aussi la bleusaille, alors question poil qui se hérisse... Plus à ça prêt. Je souris dédaigneusement devant l'air contrit du marine. Il aime pas trop ce qui se passe, mais il sait qu'il peut pas dire non. Shalyne joue tellement bien son rôle que passer pour un gigolo me dérange pas outre mesure. Ce qui me dérange plus, c'est que nos gueules tiltent pas le marine sur les lascars qui suivent son collègue. Pac'que franchement, le Samedi là, il a pas du tout la gueule de l'emploi ! Après il parait que les critères de recrutement de ce genre d’oisillon sont très sélectif ... Notamment sur le QI du personnage. Alors ça passe, et j'embarque mes barriques avec moi. C'est bien, ça fait festif.

        On s'avance sur un large ponton de bois, fait d'planches mal dégrossies mais solides. Le tout est sur pilotis comme de coutume, et fait un p'tit bruit sec sur notre passage. Classique, net et sans bavure. Un peu comme l’énorme cuirassé du vieux Nelson. Des canons rutilants débordent de sa coque, et pointent vers nous d'un air presque menaçant. Le débarcadère est silencieux, la nuit soufflant sur les quelques milliers d'âme qui vivent là. Sur le devant du navire se tient une femme à l'air torturée, les yeux bandés et une robe couvrant sa nudité comme si l'eau elle même en faisait partie. Dans la mains droite se tiens une balance et dans l'autre pointe un glaive menaçant allant de l'avant. Il se dégage une impression presque irréelle à côté de cette immense bâtiment sous une lune brillante comme une chandelle. On peut voir tous les détails, bien qu'on sache qu'une infinité d'autres nous passent sous les yeux.

        - J'entends bien m'faire discret tant qu'à vous aider vous autres... Que j'commence avec mon regard patibulaire et mes tonneaux dans les bras. Je cligne d'un œil. Pas que j'vous aimes pas mais ça serait pas bon pour les affaires.

        T'façon, la vie c'est qu'une donnée monétaire. Tout le monde crie au scandale, mais personne rechigne à le toucher ... l'argent sale, souillé, sanglant. Ça reste que de l'argent. Et là tout d'suite dans mon rôle d'poing à louer j'suis qu'un homme attiré par son odeur, comme un autre. On s'arrête devant une embarcation bien plus modeste que celle du pépé Nelson. Qu'importe le flacon, tant qu'on a l'ivresse. Il y'avait largement assez place pour nous trois, cela nous donnerait une discrétion appréciable et permettrait une navigation aisé. Pis j'ai toujours aimé faire rentrer des gros trucs dans des petits trucs. Question de passion p'tet.

        On décroche en silence l'ancre et on la remonte en deux coups de cuillère à pot. D'mon côté j'donne un peu d'élan à l'embarcation avant de sauter dessus d'un pas preste. La lune découpe ma silhouette sur les autres navires, mais ma discrétion reste totale. J'passe une main sur les bordures usées du navire, qui part dans le ton écaillé plus on s'approche de son extérieur. Il semble presque à l'abandon tant il est poussiéreux. Les voiles ont prit une tournure jaunâtre et elle se tendent dans un bruit presque menaçant. Ca ferait l'affaire.

        « Une minute. J’ai besoin de savoir où on va. »

        Je me retourne vers Shalyne tandis que Samedi s'en va à ses occupations nocturnes et secrètes. Des trucs glauques que je préfère pas connaître. Un sourire généreux laisse place à un rire gras et saccadé.

        - Mahaahahah ! T'es marrante gamine ! Que je lâche en même temps que mes barils tellement j'me bidonne. Je monte un bras en face de mon visage et reprend un air serieux. Je pointe du doigt le ciel et je lui fait un regard équivoque.

        - Voile sur Skypiea ma gaillarde, fais moi jouer le phoque nom d'une pipe! que je dis, reprenant une phrase classique du pirate aventureux. Oui, j'aime jouer avec eux moi, les mouettes c'est bon avec un bol de lait et un peu d'confiotte.

        ***

        J'me retourne vers elle alors qu'elle a finie son laïus. J'suis presque énervé, mais c'est surtout l'alcool de la veille qui parle pour moi. Je pointe un doigt accusateur dans sa direction.

        - Tu VEUX être plus forte au corps à corps !!? Tu veux savoir te défendre seule !!? Tu VEUX te isser à notre niveau !!!? Que je rugis presque en la regardant bien dans les yeux. Le feu de mon regard s'illumine, le marron oscillant entre rouge et brun.

        - Alors reprend les bases ! La souplesse, la force, l'endurance ...Alors reprend l'épée et entraîne toi encore dix, quinze, vingt ans ! Il n'y a pas de maître Shalyne, mais que d'éternel étudiants !!!  que j'finis en me lui tournant l'dos comme on claque une porte.

        - Suis moi.

        Je vais te montrer l'écart de force qui sépare ceux qui doivent s'entraîner chaque jour et les bêtes comme moi. Je vais te faire sueur et te montrer à quel point tu es faible.

        Et peut-être qu'un jour tu pourras devenir forte.
          « Eh ben, on était loin du compte. »

          Dans les conversations ultérieures avec Vanderspool, il avait laissé sous entendre qu’Auditore aurait pu se cacher dans les tréfonds de la ville de Water Seven. La ville, dotée d’un relief particulier aurait été un terrain de chasse pour l’assassin.
          Skypiéa ? Il n’y avait aucune logique visible derrière cette destination. Shalyne haussa les épaules, et entreprit de larguer les amarres du petit vaisseau de la marine. De la classe des éclaireurs, ce vaisseau était particulièrement manoeuvrable, et était le vaisseau préféré de la marine d’élite sur les Blues. Sur Grand Line, la donne était différente ; sauf à être officier d’élite, il était imprudent de se déployer à effectifs réduits de part la nature bien plus dangereuse de Grand Line. Les pirates étaient plus puissants, plus agressifs, et particulièrement revanchard. Aussi, les éclaireurs de ce type servaient surtout de garde-côtes.

          Lorsque les amarres furent larguées, Shalyne leva haut la main. Un signe d’au revoir, peut-être, mais également un signe pour Cain de baisser son fusil à lunette. Mesure inutile, pensa-t-elle, mais il avait insisté. Jamais trop prudent. Elle jeta un dernier coup d’oeil à l’Intraitable. Les gars de l’unité Sakazuki sauraient se débrouiller seuls et aller très loin, elle en avait la certitude.

          Les navires du genre, elle savait les piloter. Un sergent d’élite se devait de connaître quelques bases en navigation, juste au cas où le timonier clamserait. Et avec le manuel, la chose ‘devrait’ se passer sans accrocs. Par contre, il fallait croiser les doigts pour ne pas se retrouver avec une tempête trop violente. Réussissant tant bien que mal à quitter la baie, Shalyne sortit son petit carnet et griffonna une croix sur le chapitre Alabasta.

          « Bon, si je me plante pas, le Log Pose nous indique Jaya. »
          fit-elle à leur intention. « Je vais prendre le premier tour. »


          ***


          Elle remit son sabre dans son fourreau, fit la moue et entreprit de le suivre. Shalyne qui n’avait pas vraiment avalé les paroles du mercenaire, pointa un doigt accusateur sur lui.

          « Avant qu’on commence cet entraînement, j’tiens à te dire que le B.A.N–
          (un choc retentit à travers le navire) Merde, c’était quoi ? »

          La jeune femme sortit à toute berzingue. Au milieu, l’homme au vaudou était assez en tailleur, tâtant son chapelet, comptant le nombre d’osselets et récitant d’intraduisibles incantations, autant d’odes à la bizarrerie et au surréalisme.

          « Merde. »


          Un vaisseau de taille moyenne était en derrière eux, pavillon noir déployé, et ils avaient un vent avant particulièrement emmerdant.

          « Putain, on avait un vent avant et tu t’es opposé à lui ? T’es complètement siphonné ? »
          Pour toute réponse, l’homme noir laissa tomber le log pose de son bras, qui indiquait la direction à prendre. Elle était bonne.

          « Mais c’est pas parce qu’on est sur le bon cap qu’on peut pas se permettre de profiter du vent ? Bordel, ce vaisseau est si léger qu’un vent avant l’arrêterait presque. On aurait du zigzaguer ! »


          Il fallait à tout prix éviter la confrontation, et virer de bord. Ces pirates voyaient probablement en l’embarcation marine un moyen facile et sûr d’augmenter leur prime et leur renommée sans trop se mouiller. Elle s’élança à la timonerie tournant la barre, mais sans aucun effet.

          « Oh putain... Non... »


          Elle fit demi-tour et se pencha par dessus le bastingage, sur le pont arrière. Le gouvernail était arraché par le boulet de canon de tout à l’heure. Si ça c’était pas de la chance...
            La terre tremble dans un boucan de fin du monde. Eh mais attends, on est pas sur la terre ! Le bateau souffle des volutes poussiéreuses en rosace. Shalyne me regarde d'un air effrayé, alors que j'hausse les épaules d'un air contrit. J'y suis pour rien, promis. Les rumeurs qui disent que quand je pète sa lance des éclairs est clairement fausses. J'ai pas l'estomac d'un roi des mers, désolé de vous décevoir. Cela étant, je suis ma compa-mignonne tandis que les bruits d'une poursuite se font de plus en plus clair. On a pas été assez prudent ? Mais à quoi bon la prudence, s'il n'y a pas un peu de fun ? C'est ce que je devrai dire à Shalyne avant qu'elle ne s’énerve et panique. Seulement, je vais sans doute oublier avant de lui reparler alors je zappe.

            Je retrouve les deux zigotos sur le pont alors que Shalyne s'est fendue d'une opération "rouspète" avec le sieur Samedi. Bonne idée ? J'pense pas mais je garde ma langue bien au chaud. Mes pensées au clairs, mes idées au calme, j'envisage le navire qui se dresse derrière nous sereinement. Franchement, pourquoi faire tout un plat d'un équipage de minable pas foutu de trouver une autre occupation que piller des navires marchands ? Peuh. C'est presque insultant pour le grand Judas. Je peste dans ma barbe. C'est sûr, pour elle, il n'y a que le grand Alheiri S. Fenyang qui compte.

            Je met une main sur mes yeux pour mieux discerner le drapeau pirate qui se dresse face à nous. Manquerait plus de tomber sur Manfred D. Teach qui s'ennuie et veut nous harponner pour l'plaisir. Avec la chance que j'ai. Sauf que sur le drapeau noir, ne se dresse qu'un numéro : 51. Quelque chose m'dit que cet équipage pas forcément recensé va nous faire vivre des aventures ... Surprenantes !

            - Mais c'est nous qui allons les surprendre le plus ! que je lance à l'attention de personne. Pas forcément besoin d'un public pour lancer des punchlines.

            Je m'élance sur le mat attrape les trois premières cordes qui pendant, je saute dans le vide et rabat les voile dans un bruit plaintif et pas rassurant. Shalyne vient m'traiter de tous les noms avec son regard de biche affolée.

            - C'est bon, te tracasse pas, on va se les faire. Que je la tranquillise, les deux paumes en avant dans un signe de paix.

            - Et ça fera partie de ton entraînement.

            C'est ce moment là que choisirent des cordes munie de grappins pour s'accrocher à notre bastingage. Plus le choix de toute façon, ils étaient là, les terribles forbans des océans ! Je souris. J'allais pouvoir mettre à profit cette bataille pour goûter le fruit de mes efforts avec Samedi. Il ne fallait pas qu'un seul d'entre eux ne me touche pour que j'y trouve satisfaction. Ils arrivèrent, des bruns, des roux et des blonds. Tous de confessions et d'origines différentes, mais avec un seul et même but : Nous piller. Dommage pour eux. Mais attends !? Ils portent tous des robes et des ombrelles ! MAIS MAIS ... POURQUOI !!?

            Apparu le capitaine et son crochet d'argent à la place de sa main droite.

            Spoiler:

            - Kakakakak ! Le terrible équipage du Cap'tain Pastaga va vous faire les poches !

            Regard éblouis d'admiration de son équipage. On lui lancerait presque des fleurs au type. Il prend presque la pose d'ailleurs. Encore un de ses nombreux poseurs, mais faut s'étonner hein, on est tous un peu comme ça. Des murmures se font entendre à  l'arrière.

            - Le plan à trop bien marché cette fois ...
            -  Ouai, on a réussis à en attraper un c'est génial ...
            - A nous la gloire !
            - Et la richesse !

            Je jette un regard amusé à Samedi, qui fait mine de ne pas intervenir, toujours sur ses os et ses prédications. Viens l'tour de Shalyne qui hésite encore.

            - Bah qu'est-ce que t'attends, tu t'occupes du capitaine, je vais nettoyer les restes ! Que je lance en attrapant mon fidèle Merlin.

            Il est l'heure de faire parler la magie.
              Shalyne, montée sur le pont à la suite de Judas
              « Vous. Vous êtes le capitaine ? »

              L’homme glorieusement sapé fit un pas en avant, le menton levé. Evidemment que c’était lui.

              « Oui, c’est moi. Cap'tain Pastaga !. C’est un honneur pour vous de me rencontrer. »

              Shalyne haussa un sourcil. La formule n’était pas commune, mais caractéristique de ce type de personne, nobliau probablement déchu aux manières affectées, dernier reliquat d’une noblesse depuis longtemps déshéritée. Dans un même élan, il pointa son crochet argenté vers sa direction et lui jeta un papier qui virevolta jusqu’à arriver entre les mains de Shalyne.

              Pastaga Tortellini, mort ou vif, vingt millions de berries.


              « C’est sensé me faire flipper ? M’envoyer un bout de papier avec ta photo dédicacée par le Gouvernement ? » Demanda-t-elle avec un sourire, s’allumant une cigarette au passage.

              « C’t’un prétexte pour que j'vous arrête, plutôt.»
              Elle dégaina le sabre et le pointa sur lui. Son second, pris d’un zèle protecteur, fonça sur l’impertinente qui osait défier son capitaine. Shalyne pointa vers l’homme chargeant vers elle, et appuya sur la gâchette.

              Ses yeux se plissèrent lorsque l’arme claqua, une détonation qui vit le crâne du second s’ouvrir, débris de cervelles lui tombant par la nuque. La puissance du canon attestait de l’indéniable qualité de l’arme ancienne.

              Elle baissa son arme et avança doucement vers le capitaine, qui sortit à son tour sa rapière. Son détachement devant la mort de son plus cher élément témoignait en sa faveur et celle de son sang-froid.

              « Rendez-vous, Pastaga. »

              L’homme rétorqua dédaigneusement, dans un accent châtié.

              « Me rendre ? Combattons, plutôt. Et si j'vous marche pas sur l'corps, mon équipage achèvera ma dernière volonté. »

              Shalyne jeta un coup d’oeil par dessus son épaule, s’assurant que Judas, fidèle à lui même, avant déclenché une bérézina sur le pont. Hebieso, quant à lui, avait disparu depuis le début de l’abordage. Perplexe, elle resta quand même en position de garde, entamant le duel avec Pastaga. L’élégance doublée d’assurance du capitaine montrait que Pastaga ne serait pas de la même limonade que le second. Ce fut d’ailleurs lui qui entama les hostilités par un vif coup d’estoc que Shalyne évita de justesse, avant de riposter de manière foudroyante, la légèreté de Chérie la décontenançant elle même.

              « Vous savez utiliser une cuiller à pot. Magnifique arme. »
              Constata-t-il.

              Pour toute réponse, Shalyne chargea, visant les côtes du capitaine. Il bondit, esquivant le coup, déstabilisant Shalyne. Mais à la dernière minute, reconnaissant l’enchaînement, elle para une frappe sournoise qui aurait pu lui couper l’articulation de l’épaule.
              « Je vous retourne le compliment. Je vois que je suis en présence d’un maître d’armes calé en escrime Luvneelloise. »

              Aussitôt le compliment reçu que l’engagement se fit définitivement. Le combat redoubla en intensité, et il fut manifeste que le talent de Pastaga était légèrement supérieur à celui de Shalyne. Il frappait la jeune femme un petit peu trop vite, parait les coups de manière bien plus réactive pour qu’elle tienne le rythme longtemps. Sur le point d’être débordée, elle bloqua un coup d’épée et chassa l’épéiste du pied. Les quelques mètres de séparation lui permirent de sortir son pistolet et de le pointer sur l’homme.

              Mais à la seconde où elle allait appuyer sur la gâchette, le pirate leva les mains.

              « J’ai gagné la rencontre, mais vous avez gagné la bataille. Je me rends ! J’ai plus qu’à prier que l’on fasse des quartiers. »


              Shalyne sortit de menottes et immobilisa le capitaine, pistolet pointé sur lui. Elle cria depuis la timonerie, la main sur les cheveux du capitaine défait.

              «Hé, les gars ! j'ai capturé votre capitaine ! Rendez vous !»


              Dernière édition par Shalyne Nelson le Lun 20 Avr 2015 - 22:46, édité 1 fois

                Il était l'heure d'une tempête, il était temps de massacre. Le ciel est au beau fixe, mais la météo reste nuageuse, on prévoit une grosse pluie de sang sur le pont. Point de présentation pour les figurants, pas la peine de gâcher mon temps pour les morts. Qu'ils reposent en paix et que leurs vie prochaine soit meilleure. Sans rancune, je scie en deux ton corps avec mon merlin, devant tes p'tits copains sidérés qui commencent à regretter. Je soulève des volutes et des crachats ensanglantés. Des dents volent sur mon passage, tandis que je me fraye un chemin dans la foule. La manœuvre me laisse pas indemne, mais rien qui ne pourrait me stopper. j'avance avec autant d'aisance que si le pont est vide. Ils veulent m'attraper, me frapper, me faire payer. Et pourtant je suis un courant d'air, passant par là, par ci. Il ne reste que la lame de mon merlin pour tout contact. Le froid du métal sur la chaire est le prémice, puis le frisson de douleur et ta jambe se sépare de ton buste. Un cri s'échappe alors que ta bouche se gargarise avec ton sang et que tu finiras noyé comme en plein océan.

                Les heures d’entraînements avec Hebieso commencent à payer, et je sens que le champ de bataille m'appartient. Pour une des première fois de ma vie, je contrôle son cours du bout en bout, me faisant feu follet insaisissable, et char sans pitié écrasant tout sur son passage. Pendant ma course, mes pas ne font pas le moindre bruit dans la rumeur sourde du combat. Je sévis et punis les êtres qui s'attaquent à notre petit navire sans la moindre difficulté, et il ne me reste plus qu'une dizaine de rats à évacuer. Les ordures, ici, on les débarasse ! Z'avez pas entendu parlé de la rigueur militaire ? Huhuhu. En bon matelot, je nettoie le pont avec ma serpette. Enfin mon engin. Ok, j'ai rien dis.

                Je me retourne pas sur le combat de Shalyne, comme on dit chacun le siens et les vaches seront bien gardées. Au premier regard, j'me suis dis que les deux devaient avoir le même niveau à peu près. Le pirate doit sans doute être plus expérimenté, mais la mouette à Cheri pour elle. Il lui reste plus qu'à faire rouler les dés et prier pour une réussite critique. Le coup de feu qui a été tiré à sans doute fait un mort. Et l'impact psychologique qu'elle y a gagné sur son adversaire fera ptet le reste ? Il me reste plus que cinq bonhomme pour en être sûr.

                Je tourbillonne ma hache en main et fauche le groupe au niveau de la cage thoracique et des articulations. Un ptit tour en haut, un ptit tour en bas. Il reste plus que des miettes de l'équipage n°51. Tiens, j'ai comme une p'tite soif d'ailleurs. Pas vous ? J'me retourne vers la petite comme si elle avait suivit le fond de ma pensée. Elle m'a même sans doute pas entendu, toute absorbée dans son combat qu'elle est.

                «Hé, les gars ! j'ai capturé votre capitaine ! Rendez vous !»

                Je rigole comme un ivrogne, m'tenant les côtes et tout le patatras. Je mime une folie passagère avec mon doigt.

                - T'entends des voix petite ? T'parle à qui ? que j'lance comme une boutade à la mer.

                Pas sûr que le publique apprécie, m'enfin. J'attrape le menu petit corps du capitaine pastaga d'une seule main et le regarde en souriant comme un sauvage. Il me regarde un peu décontenancé et me lance un "Plait-il ?" très distingué et de grande classe. Je l'envois balader dans l'océan, que les dauphins lui file un coup de main pour retrouver son navire et une île pour soûler son échec cuisant et se reconvertir. GrandLine c'est une trop grosse marre pour un si petit poisson qu'jme dis. J'me retourne vers Shalyne : Dis donc, t'entend pas un truc toi ?
                  Shalyne ronchonna lorsque l’homme fut envoyé par-dessus bord. La Justice Absolue passait également par le respect des règles élémentaires en matières de prises de guerres... Et elle était presque certaines que nourrir les dauphins avec un prisonnier désarmé n'en faisait pas partie.

                  « Le type s’est constitué prisonnier, merde, vous allez pas le tuer ? »


                  Mais au moment où elle allait sauter pour le repêcher, elle entendit un bruit. Judas fit le premier à exprimer sa perplexité à voix haute, mais la jeune femme était déjà penchée par-dessus le bastingage du vaisseau pirate.  Ils s’étaient approchés de Jaya sans le savoir, l’île à la forme atypique pointant à bord...

                  Et autour d’eux, l’eau s’agitait à gros bouillons.

                  L’eau qui s’agite à gros bouillons, ce n'est jamais très bon signe. Ça veut dire qu’un monstre des mers n’est pas loin, que quelqu’un est en train de faire bouillir l’eau autour d’eux, ou encore qu’une éruption sous marine est en train de se faire juste en dessous du navire. Mais l’eau qui s’agite à gros bouillon près de Jaya, cela ne veut dire qu’une chose.

                  « L’eau est en train de bouillir... Les gars, accrochez-vous au truc le plus proche. Je crois qu’on a trouvé le Knock up Stream. »
                  fit-elle, les yeux toujours rivés sur l’eau.

                  Et alors, l’eau s’arrêta de bouillir pendant quelques secondes. Une ombre verte foncée sortit de l’eau. Qu’est-ce que...

                  « AAAAAAAAH ! »
                  hurla la forme, qui s’avérait être le capitaine Pastaga, sauvé par la noyade in extremis par le Knock up Stream qui frappa le navire tel un boulet de canon géant, le propulsant droit vers le ciel, écrasant les passagers par la force d’accélération et la gravité combinée.

                  Shalyne tenta de se relever tant bien que mal, les bras solidement accrochés au bastingage. Elle constata, paniquée, que le vaisseau pirate était en train de s’approchait du bord. Il fallait à tout prix tenir le gouvernail. La sergente tenta de bouger, mais rien n’y fait. Elle fit signe aux deux autres, montrant successivement du doigt le gouvernail puis le sol, le bruit assourdissant du l’eau et du vent couvrant ses cris :

                  « Le gouvernail ! Il faut tourner le gouvernail ! »
                    - On s'en fout, Shalyne que j'lui dis avec une sourire mi pute mi soumise. Heu mi figue mi raisin pardon. J'appuie toujours mes paroles de gestes, on sait jamais avec les bestioles dan son genre (ndlr, la marine) et balaye le pont de ma paume et claque des doigts.

                    - T'crois que ce mec à jamais tué dans sa vie ? Qu'il a jamais été sans pitié ? C't'un pirate.

                    J'lui jette un clin d'oeil, histoire de pas être agréable même quand je lui fais des leçons. Surtout quand je lui en fait enfaîte. La loi des hommes ? Peuh ! Les lois universelles que la vie t'inculque sont plus importantes.

                    - Quand on vie par le sabre ... Faut s'attendre à en mourir un jour, mets toi ça dans le crâne. Que je termine alors que l'eau bouillonne comme si on était plus sur l'océan. On est dans une casserole, et le feu crée de grosse bulles d'eau qui éclatent au contact de l'air dans des bruits aquatiques. C'est quoi ce bordel ? On avait pas parlé de ça Shalyne ! Merde quoi, j'déteste les surprises. La boule au ventre j'attrape le mat et scelle mon destin en me ficelant à une corde de la misaine. Je fais plusieurs tours de poignet et je prie pour que dans la cale, le Baron se prépare à la rencontre de deux éléments improbables : Le ciel, et les batiments nautiques.

                    Foutue Îles célestes ! Le vacarme que fait l'océan couvre le cri de Pastaga à mes oreilles, et faut dire que je m'en préoccupe pas plus que ça. On commence à s'élever dans les airs putain de merde ! J'me sentirai plus en sécurité si on avait des ailes, une montgolfière ou encore un zeppelin ! Mais non, là, on est sur une corvette tout ce qui a de plus de normal ... Alors pourquoi on file à une vitesse folle vers les nuages ? Moi aussi je cris, mais dans le désordre qu'il y'a sur le pont, ça passe comme si le navire le faisait à ma place.  

                    Juste devant moi, Shalyne fait les gros yeux et essaye de communiquer. Sauf que là j'entend bezef, franchement elle fait pas d'effort ou quoi ? Par la force du saint esprit, j'arrive à deviner que ça a rapport au navire pirate qui s'est empêtré avec le nôtre, et le gouvernail. Je souffle, je peste, je râle. Mais je lâche prise et me laisse dériver jusqu'à l'arrière de notre petit bateau. Bateau qui craque et peste autant que moi dans les tumultes d'eau et la pression atmosphérique. Je sens le vent sur mon visage, et je n'ai plus besoin de personne sur mon navire Neslon ♫ ~

                    Je prend le petit bout d'bois, même plus petit que mon merlin, et le tire dans la direction opposé. Comme si sa pouvait changer quelque chose au fait QUE LES PUTAINS DE BATEAUX, SA VOLE PAS.

                    Piou.

                      Pour la première fois d'ma vie, je me met à vouloir que Dieu existe, et qu'il me sorte de ce foutre-bordel au plus vite. Les mains crispées sur le gouvernail, je ferme les yeux en espérant que ça passe. Si on est passé par là, si d'autre l'ont fait avant nous, pourquoi pas ? L'espoir est la clé de la réussite. Sans rêve et sans espérance, on stagne et on meurt. Je me répète ses mots, pour me donner du courage. Judas, il aime pas trop les trucs qui volent sans prévenir, surtout quand c'est un bâtiment nautique. NAU-TIQUE. Va falloir arrêter de déconner avec moi Rafaelo, j'en ai marre d'aller d'surprise en surprise plus j'te connais.

                      J'ouvre les yeux quand la gravité cesse d'essayer de m'aplatir sur le pont. C'est soudain, c'est surprise. La chape de plomb qui tenaillait mes épaules a disparu, et devant moi se tient une mer de nuage. le soleil pointe à travers les cumulonimbus et nous scrute de ses rayons. Tout est tranquille, rien à voir avec l'agitation que l'on vient de connaître. Je sens la petite brise sur mon visage, sans aucune odeur iodé ni marine. On est entré dans un nouveau monde, fait d'une blancheur éclatante et sans aucune tâche. La seule qui reste c'est celle qui essuye le pont avec ses narines, mais je laisse Shalyne s'occupe de ses problèmes.

                      Je souris face à l'astre solaire, les mains sur le gouvernail je me sens le maître de toute chose, planant littéralement à des centaines de mètres du sol ou de la mer. Le jeu en valait la chandelle, et malgré ma frayeur, je suis satisfait.

                      J'ai toujours aimé l'aventure. L'incertitude, la guerre et les femmes. Tout un tas d'chose duquel l'irrationnel frôle souvent l’indécision. Des sports que l'on croit gagner jusqu'à perdre, et perdre jusqu'à en gagner. C'est la beauté de notre monde, et cette mer de nuage cristallise tout l'espoir que je porte pour lui.

                      Je me tourne vers Shalyne avec l'air d'un idiot finit : Putain Shalyne, mais on vole brodel ! Regarde on vole !

                      Comme quoi il en faut pas beaucoup au Judas.
                        Les nuages blancs ; nous y étions. A côté de Shalyne gisait un Pastaga paralysé par le double choc de la propulsion et du fait d’avoir survécu à un Knock Up Stream. Tentant de récupérer une respiration normale, elle menotta machinalement les mains de Pastaga avec quelques sangles dégottées ça et là, oubliant un instant sa condition de miraculée. Judas hurlait sa joie au monde, et Shalyne lui répondit.

                        « On y est. On vole pas, c’est les nuages de Skypiéa. De ce que j’crois que c’est, c’est comme la mer. Merde, on se croirait dans un rêve. Sauf pour l’autre, là »
                        , désignant Hebieso en tailleur, imperturbable.

                        En tout cas, le bateau se mouvait comme sur une mer, les mêmes tangages, même grincement du bois. Même sensation de léger déséquilibre diffus qui accentuait son déhanchement à chaque pas. Si ce n’était pas la mer, Alors-

                        Le vaisseau bascula violemment, Manquant de la faire tomber si elle n’avait pas tenu le bastingage tribord à temps. Elle attrapa un Pastaga toujours inconscient par le col, et annonça :

                        « C’est là qu’on se sépare, je suppose. Je vais livrer ce type aux autorités. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.»