La journée était encore jeune, et à la position du soleil, elle estimait qu’il était plus ou moins neuf heures du matin. Cela faisait plusieurs jours qu’ils étaient partis d’Alabasta. La prochaine île de Grand Line ne devrait plus être qu’à un jour, ou deux, dépendant du vent.
Shalyne n’était pas navigatrice. En tant que sergent d’élite néanmoins, elle se devait de connaître des notions qui lui permettraient de prendre le relais si jamais le navigateur de l’équipage sous son commandement se faisait avoir. Ce n’était pas une formation dispensée obligatoirement pour le marine, mais elle ne voulait pas laisser le facteur pilotage de navire au hasard. Tenant la barre de sa main gauche et le Log Pose de la main droite, elle gardait le vaisseau orienté vers la bonne direction. Et tandis que ses poumons s’emplissaient de la chaleur de la cigarette, elle se rappelait que la navigation était loin d’être la plus grande menace durant cette montée à Skypiéa.
Le cap stabilisé, la jeune femme soupira et s’assit sur le transat. Serrant le Mach 5 dans sa main, elle cherchait les deux autres personnes à bord des yeux, mais elle savait que c’était peine perdue. Le premier n’avait aucun besoin de se dissimuler ; un face à face suffirait pour la réduire en miettes. Et si le deuxième voulait l’attaquer, aucune défense au monde ne l’empêcherait à atteindre sa cible. Shalyne haussa les épaules.
Elle savait que pour l’instant, ils n’avaient probablement pas d’intention meurtrière envers elle, mais sans coéquipiers, ou aucun autre représentant du Gouvernement Mondial à bord avec ces deux là, elle était en droit de se sentir inquiète. La jeune femme, toujours allongée sur le siège de vacance, se ralluma un bâtonnet de cancer pour calmer le jeu. Et ce n'est que le début, ma grande.
Parce qu'elle comprenait bien que ces deux-là seraient le cadet de ses soucis une fois parvenue à destination.
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Que Judas possédât la moindre information sur Rafaelo avait redonné espoir l’agent du CP9 Alvaro Vanderspool, qui avait failli perdre tout espoir de retrouver ce maudit assassin. Mais sa marge de manoeuvre était horriblement réduite, et le temps jouait contre lui. Et ce malgré le niveau de ficelage de cette foutue affaire.
Son grand patron, Noxe, se doutait que Goa cachait autre chose que la capture d’un groupe pégrier, mais ni Alvaro, ni Fenyang père ne pipaient mot. Heureusement, toutes les discussions à caractère sensible ne s’étant faite qu’en présence de Shalyne et Shalyne uniquement, aucune information ne devrait filtrer... Sauf si Noxe avait la bonne idée d’interroger Shalyne directement. Sauf que là, c’était le grand père, Danforth Nelson, qui interviendrait.
Et voilà pourquoi c’était Shalyne et pas l’agent lui même, était assise au milieu de la taverne, en face de l’homme musclé qui l’avait tiré d’un mauvais pas à Ain Jalout, plusieurs jours auparavant. Il régnait dans les yeux de Judas un air d’aléatoire. Dangereux, il l’était, et elle avait pleine conscience.
« Merci d’avoir répondu à mon message. »
Elle écrasa son mégot sur le cendrier, et but une gorgée de vinasse. C’était pas si mal.
« J’vous avait tout dit sur l’histoire de Rafaelo. Sur le fait que je cherche Uther. Et sur ce que j’ai accroché à la cuisse, là, tout de suite. »
Shalyne faisait référence à son arme de poing chargée d’une balle de granite marin, pourvue par Vanderspool. Elle frissonait rien qu’à penser à la longueur du bras de ce type. Il pouvait demander ce qu’il voulait, quand il voulait ; toute la logistique du Gouvernement Mondial était à ses pieds, et plus ; Judas n’avait aidé Shalyne que sur recommandation (clandestine) de l’agent du CP9.
« Vous aviez dit, la dernière fois, que vous saviez un truc sur Rafaelo di Auditore. J’ai besoin de savoir. Vanderspool a besoin de savoir. »
Elle s’était penchée avant d’avoir dit cette phrase, faisant grincer sa chaise, et couvrant sa voix de celle des poirots habituel du bouge qui sentait la sueur des hommes fatiguée et l’haleine de cigarette fraîchement fumée par Shalyne.
« C’est le seul type qui puisse nous conduire vers Uther. Vous le connaissez, Uther Dol, non ?»
Cette dernière phrase était du bluff total, et si Shalyne haussait un sourcil inquisiteur en faisant un sourire en coin digne d’un polar Boréalin, des sueurs froides lui perlaient le dos tandis qu’elle réalisait le plan de Vanderspool dans son ensemble. Uther Dol était la cible réelle de Vanderspool, qu’il traquait sous prétexte officiel de chercher Rafaelo di Auditore (à qui il ne semblait ressentir qu’indifférence)...
Mais rien ne lui empêchait de faire d’une pierre deux coups.
Oh putain, je me suis vraiment mal fourrée là.
Dernière édition par Shalyne Nelson le Ven 6 Mar 2015 - 0:33, édité 1 fois