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La belle petite botaniste et le cruel petit démon...

Il y a cinq ans...

    C’était il y a cinq ans déjà… Je n’avais que treize ans et pourtant, j’étais déjà spécial. J’allais à l’école comme tout le monde, j’avais une famille comme tout le monde, mais je n’étais pas comme tout le monde. Déjà à cet âge certaines idées sombres me venaient à l’esprit. Je n’avais pas d’amis, mais je savais m’occuper : l’entrainement, l’entrainement… Toujours de l’entrainement. Je n’ai jamais été beau, mais j’étais fort, et ça, c’était une priorité pour moi. Ce lundi matin n’était pas comme les autres, je partais en voyage avec l’école, avec ce qui était pour moi l’enfer. Mais c’était une obligation, et pour une fois, je ne pouvais pas faire comme bon me semblait. Je voyais ces gosses de riches sur le pont du navire sur lequel nous étions dire au revoir à leur famille, certains même en pleurant... Ils étaient plus que pathétiques.

    Le voyage s’était relativement bien passé, mis à part l’engueulade que je m’étais pris pour mes conneries habituelles. Enfin la routine quoi. Nous étions enfin arrivés à Tequila Wolf, j’avais déjà mon emploi du temps personnel, je n’allais surement pas rester avec ma classe et, vu le nom de l’île, j’avais bien l’intention de m’initier à l’alcool. Mais je devais rester prudent, mes instructeurs avaient l’œil sur moi, et ils savaient que j’étais le genre de type qui n’en fait qu’à sa tête. Mais moi ça m’énervait. Ils me considéraient comme un gamin, mais je n’avais pas besoin d’eux moi, je savais déjà comment survivre dans les plus délicates des situations ! Enfin je crois…

    Nous restions dix jours sur l’île, et je devais en profiter le plus possible, sinon ce serait un cauchemar, je tuerai un camarade. J’avais ma technique à moi, lors des sorties, je restais derrière le groupe et me faisait oublier pour m’échapper ensuite. La première fois que j’avais testé l’idée, mon professeur avait faillit avoir une crise cardiaque, mais il n’avait que faillit… Après il s’était habitué. Aujourd’hui ils étaient trois à encadrer le groupe : une femme qui prend les élèves pour des gosses de cinq ans, un homme qui semblait manifestement de la jaquette vu ses fringues, ses mimiques et ça façon de parler, et un gros dur qui joue le mec viril qui peut résister à tout alors que c’est juste un prof de sport comme les autres. En gros, la totale, je sens que j’allais m’amuser avec eux…

    Je la sentais mal pourtant cette fois… On ne cessait de m’observer craignant une nouvelle fugue dans cette dense forêt de Tequila Wolf. Alors moi, me disant qu’il fallait que je fasse le coup le plus tôt possible, n’attendis même pas d’être à l’abri des regards puis courus le plus vite possible à travers les chênes et autres arbres. J’entendais derrière moi l’autre gay d’instructeur crier comme une folle à ses collègues.

    Maryline ! Roger ! Wouhou ! Il a remit le coup ! Au secours ! Il s’enfuit ! Olala je le sens mal cette fois ! Oulalalalala !

    Je courais de tous ce que je pouvais, c’était une semaine de liberté qui m’attendait à l’arrivée ! J’arrivais dans un champ de blé, une idéale cachette. Je me baissais et attendais. Les autres criaient mon nom dans l’espoir que je pointe le bout de mon nez en disant « Salut ! Désolé je suis parti mais maintenant c’est bon ! On reprend la sortie ! ». Evidemment je les ignorais, je les détestais, alors pourquoi reviendrai-je ? Je m’en fichait de ce qu’il pourrait me dire à mon retour, de ce que mon père et ma mère diraient, de ce qu’il adviendrait si la marine interviendrait et me retrouverait, tout ce que je voulais, c’est qu’on me laisse tranquille. Et c’est alors que dans ce champ de blé qui bordait la forêt, la paille craqua. Je sursautais, mon cœur battait de plus en plus fort, quelqu’un se trouvait à côté de moi…


[HRP = Attention, à ne pas mal interprété, je n'ai absolument rien contre les homos ^^ Je joue juste mon perso ^^ Nan mais on sait jamais quoi...]


Dernière édition par Akaido Blood le Ven 20 Mai 2011 - 18:45, édité 1 fois
    Une dure journée de travail s'achevait. Les relèves étaient arrivées et Kana pouvait enfin souffler. La journée avait été relativement ensoleillée, sans doute même un peu trop pour la saison. L'année dernière, à cette époque de l'année, Suu se chopait des engelures en travaillant sur les chantiers. La neige, quand y'en avait trop, c'était très énervant ! Enfin, au moins, exceptionnellement et grâce à une chaleur toute relative, il y avait encore des champs de blé remplis d'épis et de petites fleurs ! Chose pouvant sembler totalement banale mais réellement prodigieux sur l'île du travail forcé.

    En suivant tranquillement les autres, de son pas trainant d'adolescente rebelle, l'albinos réfléchissait. Qu'allait-elle bien pouvoir faire chez elle ? Bon, il faudrait faire à manger à Talie. Enfin, les autres personnes avec qui Kana et sa soeur partageaient leur baraque pourrait bien s'en charger. Et puis de toute façon, ce genre de choses avait toujours plu a la petite fille. Cuisiner, faire le ménage, s'occuper d'une maison... Elle était le cliché total de la parfaite ménagère. Si seulement elle n'était pas née sur Tequila Wolf... Un jour ou l'autre, Suu en était persuadée, elle aiderait sa sœur à s'enfuir, loin de cette merde. Loin de la marine, oui bien loin de tout ça.

    L'albinos butta sur un pierre à laquelle elle n'avait pas fait attention, chutant dans la descente et enchainant les roulés-boulés. Un soldat se précipita et pointa son fusil sur elle en gueulant.

    Hé oh ! Relève toi ! Et t'avise pas de t'enfuir, tu es prévenue !


    Oui, la jeune fille était un peu fichée ici. En même temps, il lui arrivait fréquemment de s'évader. Et encore, heureusement que les geôliers ne savait pas qu'elle pouvait même sortir la nuit ! Cela lui aurait valut de passer des heures et des heures supplémentaires en cellule. Franchement, sur le coup, Kana préférait travailler. Elle n'avait jamais été aussi sage que sa sœur de toute façon. Non, ce qu'aimait l'adolescente, c'était apprendre la médecine. Autrefois, c'était le métier de sa mère et elle avait décidé d'en faire le sien. Aider les gens de l'île était vraiment important pour Suu, ainsi en cachette elle allait parfois les soigner. Ce n'était pas vraiment une corvée pour l'albinos d'apprendre tout un tas de choses à ce sujet. Elle n'avait qu'à lire le livre une fois ou entendre une information et elle la retenait.

    La jeune fille se rappela qu'elle n'avait plus de quoi faire ses expériences. Elle avait vidé sa dernière boite d'ingrédients la veille... Il faudrait que Kana s'enfuit pour aller en chercher donc... Au moment même où elle pensait cela, le ciel lui donna la possibilité de le faire en faisant diversion... Un oiseau qui passait par hasard par là décida de se soulager au bon moment ce qui arrosa l'un des gardes ! L'adolescente éclata de rire avant de s'enfuir en courant le plus vite possible. Sa combinaison de travail était ample, suffisamment en tout cas pour lui permettre d'enjamber des bosquets sans difficulté. Depuis le temps qu'elle faisait cela, Suu avait enregistré chaque détail de la grande forêt, le moindre de ses recoins. Elle décida de se diriger vers l'Ouest de l'île.

    C'était là bas qu'était la partie la plus libre et la plus présentable de tout Tequila Wolf mais c'était également là bas qu'on trouvait le plus de variétés de plantes. Le problème, c'était que la jeune fille ne pouvait prendre le risque de s'approcher de trop des villes avoisinantes, sa combinaison indiquant qu'elle venait du village-prison de Porto Dell. Et le problème majeur qui se posait, c'était que l'albinos n'avait pas d'autres vêtements à disposition.

    Étrangement, Kana avait l'impression de bondir plus haut et plus rapidement que d'habitude. Elle devait avoir encore grandit, ce qui n'était pas étonnant après tout à quinze ans. Avec un petit sourire, l'albinos atterrit dans un champ. Ayant mal dosé son saut, elle débarqua en roulant sur le côté, tachant encore un peu plus son immonde accoutrement bleu. Suu entendit des bruits de voix et se fit alors plus silencieuse qu'un fauve en train de chasser. Elle aurait beaucoup de problèmes si on la trouvait ici ! C'est alors qu'elle aperçut quelqu'un, caché comme elle au milieu des hauts blés.
      Je me retournais brusquement, et aperçus une jeune fille aux cheveux blonds, ou plutôt blanc. Son visage était doux et agréable à regarder, elle ne semblait pas en vouloir à quelqu’un, elle souriait presque, ou bien c’était cette beauté qui rendait à sa fine bouche un sentiment de confiance… Malgré tout cette jeune adolescente avant un défaut sur son visage, quelque chose qui aurait presque cassé toutes ses qualités, bien qu’en fin de compte, rien ne pouvait gâcher une si belle figure. Ses grands yeux étaient d’un rouge semblable à celui qui ternissait mes cheveux, ce pourquoi je me sentis vite à l’aise quand je l’aperçus. Elle était vêtue d’une sorte de large combinaison bleue marine qui, de toute évidence, était trop grande pour une fille d’une quinzaine d’année. Elle était accroupie non loin de moi et, plutôt que de m’enfuir ou tenter quoi que se soit sur elle, je restais immobile et la regardais. Avec ce blanc interminable entre elle et moi, je fus de moins en moins à l’aise. Bizarrement, je sentais quelque chose en moi que je n’avais jamais pu ressentir auparavant. Je n’étais plus le voyou qui n’avait peur de rien. Elle… m’intimidait.

      Plus rien autour de moi ne semblait comme avant… Mon cœur battait à vive allure, j’avais de plus en plus chaud et des gouttes de sueurs perlaient sur mon front. Le regard de cette fille m’ensorcelait. Pour la première fois de ma vie, je me préoccupais de ce que cette fille pensait de moi, et faisais tout pour que son sentiment à mon égard soi positif. Au fond de moi-même, j’espérais qu’elle soit intelligente, passionnée, douce et gentille. Et c’est en pensant à tout cela que je me rendis compte que j’avais l’air d’un vrai débile mental dans cette instant de silence total qui aurait fait une si belle scène pour un film d’un acteur dont toutes les filles raffolent, Leonardo D. Caprio. La salive s’accumulait dans ma bouche et j’étais obligé de la ravaler. Mais que se passait-il ? Pourquoi réagissais-je ainsi ? Décidant que plus rien ne pouvait me rendre aussi nerveux, je me mis en tête de devoir briser ce silence, mais que dire ?

      « Tu… Tu es belle. »

      Haa ! Mais pourquoi étais-je si con ?! Je suis Akaido Blood ! Un enfant que tout le monde déteste et qui a juré d’être un jour l’homme le plus cruel au monde ! Ce n’était pas le moment de devenir sentimental en face d’une fille qui est, plus grande que soi, sans doute plus mature, et qui surtout, ne dois rien ressentir à son égare ! Je m’en voulais énormément, je ne savais plus quoi faire et paniquais. Je devais faire comme si rien ne s’était passé et, oubliant le regard si doux de cette fille, je fuyais. Loin, le plus loin possible, j’avais honte de moi, je ne savais pas comment s’appelait un sentiment si terrible ! Je courrais vers le sud de l’île, je ne faisais pas attention où je mettais les pieds, et à vrai dire, je m’en fichais, je voulais juste me cacher. Mais à partir d’un certain moment, j’arrivais en haut d’une colline, et le paysage de cette île était complètement différent. On aurait dit que même la météo avait changée… Dans une atmosphère sombre, des milliers de gens en combinaisons semblables à celui que portait la jeune fille travaillaient sur un immense bloc de béton, un pont. Un pont gigantesque, je n’en revenais pas… D’où venait cette fille ?


      Dernière édition par Akaido Blood le Mer 20 Avr 2011 - 16:25, édité 1 fois
        Une légère brise passa dans le champ de blé, faisant bouger ses multiples épis dans un doux bruit. Kana était intriguée par ce gars aux cheveux rouges. Sa tignasse avait réellement une jolie couleur, originale. Suu n'était jamais partie de son île natale jusqu'à présent mais elle était à peut près sûr qu'il ne venait pas d'un peuple de papous aux particularités physiques étonnantes. A peine moins âgé que elle, l'adolescent semblait un peu contrarié. L'albinos se demandait bien pourquoi, bah oui, il avait qu'à le dire si elle le dérangeait. Un silence agréable s'était instillé entre les deux jeunes. Jamais la gamine n'avait eu besoin de parler beaucoup pour se sentir bien. Non, elle ce qu'elle aimait c'était admirer les bruits de la nature, avec qui elle partageait le plus de temps possible lors de ses escapades.

        La travailleuse continua de détailler le gars qui lui faisait face. Il était à peu près aussi grand qu'elle au niveau de la taille et possédait deux yeux d'un noir franc et prononcé. C'était le genre d'iris mystérieuses et très belles qui engageaient largement à poursuivre l'observation. Une musculature à peine développée qu'on voyait tout de même saillir sous sa peau et des vêtements classiques, bien loin de la combinaison de Kana, complétaient l'ensemble. La jeune fille leva à nouveau son regard vers les yeux du garçon. Il la détaillait lui aussi apparemment. Suu attendit donc patiemment qu'il ait finit et lui adressa un léger sourire une fois que cela fut fait.

        « Tu… Tu es belle. »

        Ah... Ouais, bon c'était pas vraiment le genre de choses auxquelles s'attendaient l'albinos qui resta un peu sur le cul. Jamais encore on ne lui avait dit cela. Ses particularités physiques étaient plutôt pointées du doigt et elle était encore montrée comme un phénomène de foire en dépit de l'aide qu'elle apportait aux autres avec ses talents de médecin. Le type sembla à la fois effrayé et confus et prit ses jambes à son coup. L'apprentie doctoresse leva sa main et dans un élan inutile lança :

        Hé ! Mais attends, ou tu vas ?

        C'était bien évidemment déjà trop tard. C'est qu'il traçait en plus ce gars ! Mais bon, Kana avait aussi l'habitude de courir. Elle aurait bien voulut lui crier de s'arrêter mais ce n'était pas vraiment conseillé. Quelques marines avaient dus être lâchés dans les parages pour essayer de la retrouver. Un ou deux peut être. Il ne fallait pas qu'ils trouvent ce gars ! Après tout, un civil n'avait rien à faire dans cette partie de l'île ! Il était même possible qu'il soit à son tour réduit en esclavage pour qu'on l'empêche de répandre ce qu'il savait une fois qu'il serait rentré chez lui... L'adolescente accéléra le pas. Elle avait toujours le garçon en vue et il n'y avait pas l'air d'avoir de soldats dans les parages. Ne faisant carrément plus fis du bruit qu'elle faisait, l'albinos courut comme elle ne le faisait jamais. D'habitude, elle privilégiait une course silencieuse, ce qui la ralentissait un peu mais cette fois, c'était l'avenir de ce gars qui était en danger.

        Suu s'aperçut avec une certaine horreur qu'il prenait inconsciemment le chemin de Porto Dell. Elle aurait du s'en rendre compte plus tôt ! C'était dans les villages-chantiers qu'il y avait le plus de troupes et puis surtout, c'était là qu'elle serait le plus vite repérée. Il fallait agir avant qu'il ne soit trop tard. Ce qui était malheureusement déjà le cas puisque ce type venait de gravir la dernière côte avant le pont... Il s'arrêta soudain, comme tétanisé devant ce qu'il voyait. C'était compréhensible. Kana profita de cet arrêt pour le rattraper et le pousser à terre avant de l'attirer derrière un repli rocheux. Des marines arrivèrent rapidement, ayant vu ce gars aux cheveux plus que voyants. L'albinos retint sa respiration et intima au réfugié d'en faire autant.
          Wow, c’était surprenant, des milliers d’hommes et de femmes travaillaient comme des chiens dans une ambiance morbide. Et construisaient un pont énorme, un chantier gigantesque qui devait durer depuis des siècles ! Avant que je ne puisse examiner de plus près ce paysage surprenant, un bras s’enfila autour de ma taille, puis me poussa au sol, avant de me tirer en arrière, derrière les rochers. C’était l’albinos qui se trouvait encore une fois en face de moi, sauf que cette fois, le silence était voulu. Elle me fit signe de ne faire aucun bruit et de ne plus respirer. J’obéis et entendis des voix venant d’à côté.

          Mais si Joury ! Je t’assure avoir vu quelqu’un ici, un gamin aux cheveux longs et rouges, un truc pas très commun… C’était pas un prisonnier, et si on l’retrouve pas, il va aller tout cafter !

          Ils parlaient de moi, apparemment cet endroit devait être tenu secret, encore une magouille de la marine ! Rha, je déteste ces gens là. Ma position était très inconfortable, j’avais un caillou sous mon dos, et de la terre plein les narines. Seul le fait que l’adolescente avait gardé son bras autour de ma taille me rendait plutôt heureux. Mais cette fois-ci, c’était sérieux, il ne fallait pas que je me laisse aller par mes sentiments. Je me demandais ce qu’il adviendrait de moi si jamais je me faisais prendre. Si cette fille m’avais protégé, ce n’était pas pour rien, à priori, vu ses vêtements, elle aussi travaillait là, elle ne voulait sans doute pas que je suive la même destinée qu’elle. Enfin les marins partirent me chercher ailleurs, et après avoir attendu assez longtemps pour être sûrs qu’ils n’étaient plus là, je me retournais vers la jeune fille qui m’avait sauvée.

          Il faut nous en aller, j’ai cru comprendre que cet endroit n’était pas très bon pour moi… Viens !

          Ensemble nous allions plus loin dans les terres, évitant tout endroit où nous pourrions nous faire prendre. Pensant qu’il était plus prudent pour elle qu’il ne fallait pas qu’elle garde sa combinaison, je lui proposai d’aller dans le gîte où ma classe logeait. Une fille de mon école portait toujours des fringues de luxe et, me fiant à mon instinct, je me dis qu’elle devait faire la même taille que la fille aux cheveux blancs.

          Une fois que j’avais réussi à retrouver le bâtiment qui nous servait d’hôtel, je tentais une infiltration par une fenêtre mal fermée. Une seule personne se trouvait à l’intérieur du gîte : le professeur aux gros bras. Heureusement, il était dans sa chambre en train d’hurler des injures disant qu’il était évident que j’allais rentrer, qu’il ne fallait pas me surveiller, que j’étais sauvage et que je devais apprendre ce qu’était la vie. Pour une fois, j’étais content de moi, j’avais bien mis la merde. Il ne m’entendit même pas dans une chambre voisine. Je récupérais les habits, puis sortit. Seulement, c’est au moment ou je posais mon premier pied sur le sol extérieur qu’il sortit de la chambre et me vit. Je fus pris d’une montée d’adrénaline puis sortis en vitesse avant de courir et de prendre la jeune albinos, qui était adossée à un mur, par le bras.

          Nous réussîmes à le semer, heureusement pour nous d’ailleurs. Pendant que je donnais les vêtements à ma nouvelle amie, je la questionnai. Je voulais tout savoir d’elle, nom, prénom, âge, tout ! Mais surtout : Qu’était-ce que la partie de l’île ou les gens travaillaient sur un pont ?…


          Dernière édition par Akaido Blood le Ven 20 Mai 2011 - 18:44, édité 2 fois
            Le danger. C'était surement ce qu'avait sentit ce gars aux cheveux rouges. Et bien sûr il avait raison, il n'avait rien à faire dans cette partie de Tequila et il s'en était maintenant rendu compte. Kana se demanda vaguement d'où il venait. Il était impensable qu'il soit né sur l'île du travail forcé, faute de quoi il ne se serait jamais approché des chantiers. Les parents donnaient souvent ce genre d'interdiction à leurs enfants. La menace de l'esclavage était trop imposante. S'enfuyant en courant vers la zone «libre», les deux adolescents ne parlaient pas vraiment. D'un côté, l'albinos préférait cela. Rencontrer quelqu'un de son âge était assez exceptionnel.

            Le silence... C'était ce dans quoi avait grandi Suu. Ce qui l'entourer en permanence puisqu'elle ne faisait plus attention aux bruits répétitifs des marteaux frappant la roche et le métal. C'était comme si une bulle l'entourait en permanence, la réconfortant. Oui, la jeune fille ne faisait plus attention aux interventions extérieures, s'enfermant peu à peu dans sa routine. Car quoi qu'elle en pense, ce que faisait Kana était relativement répétitif. Dormir, s'enfuir, travailler. En quelques sortes, sa vie se résumait à ça maintenant. Pour quelqu'un qui aimait le danger et les aventures un peu improbables, c'était pas glorieux. M'enfin, c'était toujours plus facile de faire des choses qu'on avait déjà apprit à effectuer non ?

            Le type aux cheveux rouges proposa de se rendre au gîte ou sa classe dormait. Bien qu'elle n'eut pas comprit les mots qu'il prononçait, l'albinos acquiesça. Un véritable fossé culturel les séparait. Ils n'avaient certainement pas grandi dans la même ambiance, avec les mêmes libertés et obligations. Le mot «école» était totalement inconnu de Suu qui se demandait bien ce que ça pouvait être. Un objet ? Une organisation ? Mieux encore : un livre ? Bah, elle verrait bien sur le tas. Elle n'avait pas envie de casser le calme de la nuit par ses paroles. En plus Kana pourrait légèrement être prise pour une idiote et ça c'était tout à fait ce qu'elle voulait éviter. Son égo... Encore et toujours !

            Son nouvel ami (enfin l'albinos supposait que c'était ce qu'ils étaient) s'arrêta devant un bâtiment cossu. L'adolescente écarquilla les yeux dans l'ombre pour mieux en apercevoir les traits. L'architecture était vraiment développée. Jamais encore la jeune fille avait vu une construction dans ce genre. En même temps d'habitude elle évitait de trainer dans les zones habitées lorsqu'elle s'échappait. C'était tellement logique que ça crevait les yeux. Il y avait bien plus de soldats dans ce genre de coin. Donc non ça n'avait rien à voir avec de l'intelligence, c'était simplement de la prudence et ça n'importe quel imbécile le ferrait. Jamais Suu ne s'était sentie supérieur. Elle était même le bas de l'échelle alimentaire, risquant toujours de perdre la vie si un marine commençait à en avoir trop marre de ses escapades.

            L'autre ressortit enfin du bâtiment avec un petit paquet de tissus sous les bras. Il était suivie d'un adulte qui le poursuivait en rugissant et en brandissant son poing. Apparemment il n'avait pas que des amis dans sa «classe» comme il l'appelait. Les deux gamins s'enfuirent à nouveau en courant. Kana commençait à ne plus avoir de souffle à force. C'était assez fatiguant et cela lui rappelait également qu'elle n'avait pratiquement pas mangé aujourd'hui. Merde, il fallait pas qu'elle force de trop. Enfin, au moins le «professeur» était semé. Sa permettait au moins de pouvoir s'asseoir. Le type aux cheveux rouges l'interrogea en posant des questions si rapidement que l'albinos n'eut pas le temps de toutes les enregistrer. Il semblait vouloir savoir d'où elle venait, comment elle s'appelait et tout ce genre de choses... La poisse.

            Bah... Je m'appelle Kana. Tu as sans doute vu les chantiers de Porto Dell tout à l'heure. C'est là-bas que je travaille. Sinon euh... Je te conseille de pas chercher à savoir ce qu'il se passe trop dans la partie de l'île que tu as vu, c'est pas bon pour toi. Mais le plus important : je crève la dalle ! Bon et toi ? Tu viens d'où ?


            Suu esquissa un sourire puis se leva en s'étirant. Ça avait été une bonne journée finalement.
              Elle s’appelait Kana, et elle travaillait à l’immense chantier que j’avais vu un peu plus tôt. Travailler à cet âge là est très surprenant et, comme elle le disait, je n’avais pas trop à savoir ce qu’il se passait dans cette partie de l’île. Un sourire radieux se forma sur son visage, puis après avoir fait comprendre qu’elle avait faim, elle se leva et s’étira. Pour les plus jeunes lecteurs, je m’abstiendrais de décrire la façon dont j’ai matter sa poitrine au moment où elle ne regardait pas. D’ailleurs, je ne sais absolument pas pourquoi, mais je me sentais très coupable à ce moment là, et j’ai assez vite détourné mon regard finalement…

              Je me mis alors à me présenter, moi, un garçon solitaire que tout le monde rejetait parce qu’il était souvent pris de pulsions assez sanguinaires, parfois très brutales. Oui, j’étais ce que tout le monde appelait un dérangé. Je vivais dans un petit village nommé Cocoyashi (apparemment le village natal de la célèbre navigatrice du dernier seigneur des pirates Monkey D. Luffy, Nami), un village dont la réputation allait à l’encontre de ma personnalité, un village paisible, calme, sans histoire... Je ne savais pas comment cette fille allait réagir, car j’avais été franc avec elle. J’avais pris un gros risque, peut-être allait-elle prendre peur et s’enfuir, je ne l’espérais pas, je voyais en cette fille une véritable amie, enfin, après de si longues années à en chercher une…

              Heureusement pour moi, cette fille ne s’enfuit pas, elle comptait sans doute sur moi pour lui trouver de la nourriture, déjà que j’avais réussi à lui trouver des fringues à la mode… Aller en ville était risqué, il ne fallait pas que je tombe sur ma classe, et il fallait aussi que je vole, je n’avais aucun sou sur moi. En gros, c’était jouer avec le feu que d’y aller, mais pour cette fille, je pense que j’aurai fais n’importe quoi… Je lui dis de m’attendre près d’un arbre, je ne savais pas ce qu’il se passait à « Porto Dell », mais c’était peut-être des gens rejetés, donc je ne devais pas prendre le risque de l’emmener avec moi, même si elle portait d’autres habits que sa combinaison de travail…

              Je m’approchais du « Star Kebab », je ne savais pas ce qu’il servait, mais c’était de la nourriture que les clients assis sur les tables extérieurs semblaient apprécier… Je guettais dans mon coin le restaurant. Il y avait du monde, beaucoup, peut-être trop… Mais j’étais prêt à tout ! Un serveur se rapprochait d’une table accompagné de deux gros sandwichs. C’était le moment. Un fois le « Bon appétit ! » du serveur passé, je me précipitais vers la table puis criais en pointant du doigt la direction de mon regard :

              Oh mon dieu ! Regardez ça !!

              Succès total ! Tout le monde regarda naïvement, puis j’eu le temps d’arracher des mains des clients les pains garnis de viande. Je courais le plus vite possible, tentant de semer les clients furieux, et n’écoutant pas les insultes portées à mon égard. Je bousculais la foule, paniquant totalement. L’odeur des « kebabs » chatouillait mon nez, ça semblait délicieux. Je tournais dans une petite ruelle puis tournais dans tous les sens pour tromper mes poursuivants. Enfin, je réussi à les perdre de vue. J’étais fier de mon coup. Je cherchais donc en vain l’endroit où m’attendait Kana, il ne fallait pas que les sandwichs refroidissent ! Et ce fut un moment de fierté immense quand je l’aperçus enfin et pus lui donner le kebab en lui disant :

              Tiens, j’ai réussi à dénicher ça, ça a l'air très bon, goûte !

              Ensemble donc nous dégustions cette nourriture délicieuse à base de pain, de viande, de salade, de tomates, d’oignons, et de mayonnaise. Je voulais en savoir plus sur elle, engageant alors la conversation en lui parlant de ma passion pour les exercices physiques, je lui demandais ceci :

              Dis-moi, tu as des passions ? Qu’est ce qui te plait vraiment ?

              J’attendais la réponse avec attention, je voulais savoir ce qui la motivait à rester en vie sachant qu’elle travaillait dans des conditions affreuses…


              Dernière édition par Akaido Blood le Mar 3 Mai 2011 - 20:53, édité 1 fois
                Bah ? Ce n'était pas parce que Kana avait dit qu'elle avait faim que c'était à son ami d'aller tout chercher. Sur le coup l'adolescente n'avait pas trop compris la façon de réagir de Akaido. Enfin, il s'était au moins présenté. Ce qui faisait que Suu connaissait au moins son nom (s'plus pratique pour un certain narrateur également). En fait, il s'était présenté de façon assez complète, comme l'avait fait l'albinos précédemment. En même temps cette dernière doutait qu'il ait quelque chose à cacher. Comment sa vie pourrait-elle être aussi déréglée que l'était celle de la petite travailleuse ? Des gamins n'étaient pas censé devoir bosser tous les jours, mais en plus là c'était le Gouvernement Mondial qui tirait les rênes. Impossible de s'y soustraire. Enfin, pour le moment tout du moins car la fille aux cheveux blancs espérait toujours avoir un jour l'occasion de s'enfuir, partir vers des mers inconnues. Oui, pour elle c'était ça la vraie vie.

                Kana soupira un instant. Finalement la combinaison qu'elle avait dans sa main était bien plus confortable que ces vêtements travaillés. Son bleu était devenu comme une seconde peau pour elle au fil des années, cela donnait une sensation très étrange de le retirer. D'une certaine manière, la jeune fille se sentait libre mais sans carapace. Si vulnérable aux attaques extérieures... Ce qui la caractérisait semblait peu à peu disparaître au contact de ce garçon... Elle arrivait à réprimer son animosité envers les marines, son attitude perpétuellement solidaire, son mutisme même... Tout ça semblait s'envoler face à Akaido. C'était vraiment très étrange pour l'adolescente qui avait toujours vécu seule depuis la mort de ses parents. Bien sûr, il restait encore Talie, sa jeune sœur mais cette dernière était gardée par d'autres personnes. On avait jugé que Suu était bien trop jeune et trop instable psychologiquement pour pouvoir s'occuper d'elle.

                Le garçon aux cheveux rouges sortit enfin de la ville. Il n'y était pas resté réellement très longtemps mais cela avait suffit pour que Kana se perde encore dans ses pensées. Elle n'allait jamais dans les quartiers fréquentés de la zone libre, cela eut été beaucoup trop dangereux pour elle. L'albinos mesurait le danger et réfléchissait avant de s'engager bêtement n'importe où. Il en allait de sa vie. L'adolescente remarqua alors que Akaido semblait porter des choses dans ses mains. Une fois arrivé à sa hauteur, il lui tendit le petit pain avec un large sourire.

                Tiens, j’ai réussi à dénicher ça, ça a très bon, goûte !

                La jeune fille croqua dans l'étrange aliment. Des parfums différents lui parvinrent aux papilles. Le tout s'accordait bien sûr très bien. Rarement Suu avait pu manger quelque chose dans le genre en fait. Elle avait plus l'habitude des soupes et du pain un peu rassi qu'on leur servait dans les baraquements. A quoi pouvait bien ressembler une ville ? Il semblait y avoir des choses pour le moins originales mais fantastiques là-bas. Un jour la travailleuse découvrirait tout ça. En attendant elle devait devenir plus forte. Akaido commença à parler de ce qu'il aimait faire, citant les exercices physiques en particulier.

                Dis-moi, tu as des passions ? Qu’est ce qui te plait vraiment ?


                Kana dut réfléchir un instant. Oui, elle avait des passions mais elles n'étaient pas vraiment conventionnelles. Enfin, ça l'adolescente s'en doutait. Ce qu'elle aimait faire devait être pour le moins... Original dirons nous pour quelqu'un de son âge.

                Bah en fait, j'apprends la médecine dans le but d'aider les gens qui travaillent au chantier que tu as vu tout à l'heure. Je vole quelques livre pour ça. Mais ce que je préfère par dessus tout c'est créer des poisons, c'est assez complexe mais j'adore ça ! Je dois m'enfuir pour aller chercher des plantes dans la nature et tout et tout. D'ailleurs quand on s'est rencontré c'est ce que je venais de faire !

                La jeune fille déblatéra encore quelques instants sur ce sujet avant de regarder bizarrement Akaido. Pensait-il qu'elle était folle ? Et encore, là Suu ne lui avait pas dit qu'elle testait ses produits sur des marines...

                Hum... Tu pense que je suis cinglée ?
                  Bah en fait, j'apprends la médecine dans le but d'aider les gens qui travaillent au chantier que tu as vu tout à l'heure. Je vole quelques livres pour ça. Mais ce que je préfère par dessus tout c'est créer des poisons, c'est assez complexe mais j'adore ça ! Je dois m'enfuir pour aller chercher des plantes dans la nature et tout et tout. D'ailleurs quand on s'est rencontré c'est ce que je venais de faire !

                  Je l’écoutais, intéressé par sa passion à laquelle je ne m’étais jamais vraiment préoccupé, tester des poisons au fond, ça me plaisait bien, surtout sur des marins. Je la trouvais très passionnante cette fille, je me sentais à l’aise avec elle, et pour une fois que j’avais quelqu’un avec qui discuter, j’allais en profiter au maximum. Tout en continuant de l’écouter me déballer sa vie, je me rendis compte qu’elle semblait vraiment épanouie, on aurait dit que pour la première fois, elle était fière de pouvoir discuter avec quelqu’un de ce qu’elle aimait vraiment. Cependant, elle s’arrêta net et l’expression de son visage démontra une inquiétude certaine, peut-être même une certaine honte.

                  Hum... Tu pense que je suis cinglée ?

                  Mais pourquoi pensait-elle cela ? Avais-je fait une tête qui lui avait déplu ? Sentant un danger dans son regard, je m’empressai de la rassurer.

                  Mais… Non voyons, le cinglé ce serait plutôt moi dans l’histoire. Je suis rejeté et fais des fugues dès que je peux, je suis cruel et méchant, bien sur, ça tu ne le vois pas mais au fond, je peux être un garçon très malfaisant… Chez moi, les gens s’amusent à me surnommer : le Diable. Seuls mes parents m’aiment, mais évidemment, ils sont déçus de ne pas avoir le fils dont ils rêvaient. Tu sais Kana… Tu peux te sembler cinglée, mais je le suis certainement plus que toi, et tes folies sur le poison, ça me plait plus que tout. J’ai eu autrefois une amie comme toi, tu me la rappelles, donc inévitablement, je t’aime bien, mais savoir en plus que toi aussi tu es spéciale comme moi, ça fait que je suis vraiment pris d’affection pour toi, et d’ailleurs, j’ai envie maintenant et tout de suite d’aller tester ces produits sur ces enfoirés de marins qui te font du mal !

                  Evidemment, je vous laisse imaginer ça tête quand je lui ai dis ça… En tout cas, j’espérais l’avoir rassurée, et c’est pour cela que je l’entrainai vers un champ de blé semblable à celui dans lequel nous nous étions rencontré. Je la trainais par la main, souriant comme un abruti. Une fois arrivé au milieu des épis de blé, je la fis s’accroupir avant d’en faire de même. Nous nous trouvions exactement dans la même position que lors de notre rencontre.

                  Alors ? Comment tu fais ? Explique ! Je veux tout savoir.

                  Attendant une réaction de sa part, je me balançais sur mes pieds, comblé par l’excitation. C’est à ce moment là que, déstabilisé, je tombai pile sur les fesses. J’avais du tomber sur quelque chose, car j’avais ressentis une petite douleur au moment de l’impact entre mon pantalon et le sol. Examinant de plus près, je tombai sur un objet personnel que je détestais personnellement, mais qui ce jour là m’allait être utile : un calepin et un stylo, dans ma poche arrière. Je brandis ma trouvaille au dessus de ma tête puis eu une idée folle, je regardais ma nouvelle amie émerveillé, puis lui dis d’un air fier :

                  Kana, tu vas m’enseigner. Je veux tous savoir sur tes poisons et ta médecine.


                  Dernière édition par Akaido Blood le Ven 20 Mai 2011 - 18:43, édité 2 fois
                    Il voulait... Lui aussi, tuer des marines ? C'était assez... Woaw ! Jamais Kana n'aurait cru un jour rencontrer quelqu'un qui lui ressemblait tant. Akaido aussi était rejeté et même si il n'avait pas grandi dans la même ambiance que l'adolescente, il avait également du avoir une enfance assez compliquée. Au delà des apparences, la jeune fille trouverait peut être d'autres personnes dans le même cas qu'eux. Peut être plus expérimentées même, ayant déjà fait cicatriser toutes leurs plaies. Ainsi, ces gens-là seraient surement à même de leur enseigner une façon de se contrôler ? Non, en fait ce qu'il faudrait c'était déjà changer de caractère puisque la base n'était pas correcte. Or, le moins qu'on puisse dire c'était que c'était totalement impossible. Modifier les réactions et les façons de penser de la petite travailleuse serait comme réinitialiser son cerveau, au final elle ne serait plus elle-même. Je vous l'accorde, vu l'état dans lequel elle était ce ne serait pas vraiment une grande perte mais quand même !

                    Alors ? Comment tu fais ? Explique ! Je veux tout savoir.

                    Ah ouais... Il semblait enthousiaste lui ! Bah, au final c'était plutôt cool. Alors... Qui empoisonner ce soir-là ? Suu renseigna donc son ami sur la véritable nature de cette tâche. C'était la première fois qu'elle en parlait à un étranger. Enfin, qu'elle en parlait tout court d'ailleurs. Jamais encore Kana ne s'était épanchée sur le sujet. Même quand la personne qui était censée lui servir de tutrice l'interrogeait. En fait, l'adolescente ne s'était encore jamais sentie assez en confiance avec quelqu'un pour se dévoiler à ce point. Ça en devenait même presque effrayant. Akaido était... Assez unique en son genre lui aussi. Peut être ressentait-il la même chose après tout. C'était une possibilité.

                    L'albinos savait où se trouvait chaque poste où se reposaient les marines en faction sur Tequila Wolf. Au fil des années, elle les avait tous retenus sans vraiment y faire attention. Il y avait bien longtemps que la jeune fille n'avait pas été faire un tour du côté des chantiers à proprement parler. Ce serait sans doute bien plus dangereux qu'ailleurs mais l'adrénaline venait aussi comme cela n'est-ce pas ? L'acolyte de Suu par contre devrait faire un choix. Il lui avait probablement été interdit de pénétrer dans cette zone de l'île. Contournerait-il à ce point les règles ? Ce n'était pas courut d'avance. En même temps, l'adolescente se refusait de lui faire courir un risque aussi gros. Elle n'avait pas grand chose à perdre, à la rigueur elle passerait une semaine enfermée et la vie reprendrait son cours mais lui... C'était un véritable esclavage qui l'attendait si ils se faisaient prendre. Bien sûr, Kana pouvait se battre mais les soldats étaient quand même relativement doués et puis, son corps ne lui permettait pas encore de faire tout ce qu'elle aurait voulu. Au niveau musculaire surtout.

                    Pour une première fois en duo, il valait sans doute mieux se concentrer sur une cible facile. Après, si c'était un succès, les deux jeunes pourraient même passer par deux postes la même nuit, ce n'était pas un problème. La fille aux cheveux blancs se rappela d'un des lieu pourvu d'un poste. C'était plutôt facile de s'y attaquer, en plus cela faisait longtemps aussi que Suu ne s'y était pas rendue. Fuir une fois là-bas serait plus que facile, il y avait des bosquets, de quoi se couvrir et on pouvait aussi monter aux arbres, au besoin. Des tas de possibilités quoi !

                    Tu m'attends juste une dizaine de minutes ? demanda Kana à Akaido.

                    Sans vraiment attendre de réponse, elle partit rapidement en direction de Porto Dell où se trouvaient tous les poisons qu'elle avait mis au point. Après être entrée par effraction dans sa propre maison, si on pouvait appeler ça comme ça, l'adolescente du envoyer bouler sa tutrice et fouiller dans les caisses qu'il y avait pour trouver la bonne substance. Une fois cette dernière en main, elle partit retrouver son ami qui n'avait pas bougé.

                    Voilà, on peut y aller, dit-elle en montrant les deux fioles qu'elle tenait.

                    Suu commença par prendre la tête du groupe puis se décida enfin à expliquer à Akaido ce qu'ils allaient réellement devoir faire. En fait, ce n'était pas si dur que ça. Après la jeune fille pourrait lui apprendre la subtilité de ce poison qui asphyxiait quiconque respirait ses particules. Un joli nuage bleu, c'était la forme de cette trouvaille.
                    Spoiler:
                      Kana semblait assez surprise, mais c’est ce qui me plaisait chez elle. Sans doute n’avait-elle jamais rencontré quelqu’un comme moi qui était enthousiaste à l’idée de tuer des gens. C’est vrai que… moi aussi j’étais étonné, mais je trouvais cela assez géniale. En même temps, j’allais apprendre de nouvelles choses, sans doute bénéfique pour mon avenir de tueur (car oui, j’avais cette idée en tête déjà gamin). L’excitation montait en moi et je ne pouvais plus me retenir. La jeune albinos pris alors la parole, m’expliquant en détail la tâche ardue. Le principe était d’empoisonner ou d’asphyxier nos victimes, en l’occurrence les marins chargés de surveiller le chantier, à l’aide de fioles dont le contenue pouvait nous être fatal si nous les manipulions mal. Pour elle l’exercice allait être aisé, largement, mais pour moi, un novice, j’allais devoir faire extrêmement attention. Non seulement pour la manipulation des produits chimiques, mais aussi surtout pour la discrétion. Si je me faisais prendre et devenais prisonnier, mon avenir était fichu. Plus jamais je ne connaîtrais la liberté, à moins de s’enfuir.

                      Ainsi donc la jeune fille m’emmena non loin du chantier, là où de petites cases se succédaient, formant sans doute un logis pour les esclaves travaillant ici.

                        Tu m'attends juste une dizaine de minutes ?


                      Elle partit en courant sans me laisser le temps d’affirmer. Soupirant un coup, je m’assieds contre un arbre, puis contemplant le soleil qui n’allait pas tarder à se coucher, je souris. Elle me plaisait bien cette fille. Jamais je n’aurais pensé en rencontrer une avec autant de points communs avec moi. Certes, au début de notre rencontre elle semblait avoir des doutes, et c’était compréhensible, car elle n’avait pas dû avoir de relations amicales dans sa vie jusque là, mais elle finit par me faire confiance, notamment lorsque je lui avais rapporté de la nourriture. A ce moment là, j’avais senti une forte émotion en elle. Maintenant, j’avais la preuve qu’elle me considérait bel et bien comme un ami : elle m’avait révélé son secret, et maintenant allait me montrer comment elle procédait. C’était fantastique.

                      Cependant je me posais des questions. Etais-je assez fou pour tenter une expérience de cette envergure ? Allait-elle vraiment me servir ? En tout cas j’étais sûr d’une chose, elle allait me changer. Jamais auparavant n’avais-je été si attentif, attentionné, gentil. Ce n’était vraiment pas mon habitude, mais je me sentais incapable de m’emporter face au doux visage de Kana. C’était si étrange. Je me rendis compte d’une chose en ce moment de réflexion : oui, j’étais assez cinglé pour la tenter cette aventure. J’étais absolument dans l’incapacité de refuser qui que ce soit à mon amie, bien qu’elle ne me demandait rien. Mais même, je ne voulais pas passer pour un dégonflé, ou quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il veut. Me comprendrait-elle si je partais maintenant ? Non ! Je n’allais pas me dégonfler ! Je suis Akaido Blood tout de même !

                      Dans la preste arrivée du crépuscule en ce printemps chaleureux, je vis arriver quasiment à bout de souffle ma camarde, fioles à la main. Je me réjouissais de ne pas devoir trop attendre, car s’il y avait bien quelque chose que je n’avais pas, c’était de la patience.

                        Voilà, on peut y aller


                      C’était partit, à ce stade de l’aventure, il n’était plus question de faire demi-tour. Marchant d’un pas rapide mais discret, Kana s’élança à quelques mètres devant moi, jetant des coups d’œil par moment pour vérifier si je ne m’étais perdu ou fait enlevé. Mais rien n’arriva. Enfin arrivé en bas de la côte, elle se retourna et m’expliqua en chuchotant le principe de la « mission ». Elle allait se positionner contre un mur d’un poste de marins, puis, après avoir vérifié s’il y avait bien quelqu’un, elle casserait la vitre puis lancerait une fiole dans la pièce. Tout cela extrêmement rapidement, sans que la cible n’ait le temps de réagir. Elle respirerait alors le produit toxique, puis mourrait alors dans d’atroces souffrances. Elle tenterait de prévenir du monde, mais aucun son ne sortirait de sa bouche. Se bousculeraient alors dans son esprit une forte quantité de questions. Elle se demandera si sa vie aurait réellement servie à grand-chose, si elle n’aurait pas dû profiter plus de ses moments de liberté… Elle regrettera aussi beaucoup. Elle se dira qu’elle n’aurait jamais dû s’engager dans la marine, encore plus si c’était pour surveiller des esclaves. Elle regrettera ses choix, ses réactions face à certaines situations… Enfin avant de rejoindre le royaume des morts, peut être reverra-t-elle sa vie défiler devant ses yeux…

                      C’est ce qui se produisit, l'homme mourût précocement, et il ne manquera à personne. D’autre personnes allaient périr de cette façon cette nuit, c’était du moins l’intention que je partageais avec Kana. Ensemble, nous allions faire régner la terreur sur Porto Dell !