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U.N.C.H.A.I.N.E.D


L'ode à la gloire avait été entonné dans les couloirs de l'immense bastion, un bruit sourd d'abord suivi de cette fabuleuse détonation qui ensevelissait toute la petite meute qui s'était précipité, pataude,  la gueule la première dans le guet-apens orchestré par Mamie et Helmet. L'échiquier était en place et lorsque notre belle Chapdeplomb put enfin faire retentir les sirènes du bagne, la peur emplit les uns, l'espoir imprégna les autres.   Les prémices d'une longue procession vers la consécration, vers tout ce que leur conscience leur a murmuré si ardemment de faire, vers une liberté maculée de fiel et de hargne , le prix d'une soif trop longtemps refrénée  se devant d'être épanchée, le tribut du sang devant être acquittée.  Les cloches de la forteresse tintaient comme jamais aux quatre coins du bagne, battant le rappel à tous les matons assoupis, somnolents que comptait l'œuvre du diable mais il était trop tard, bien trop tard pour qu'ils ne puissent s'instiller entre le sacrifice des hommes et l'affranchissement absolu, ces cloches tintaient le glas,  le glas de la servitude, le glas de leur calvaire, le glas de leurs sacrifices pour rester en vie, le glas de toute cette vie rythmée par la lanière et les maigres pitances, des victimes aux abois et de leur vis-à-vis inflexible.

Dans ce fracas assourdissant, la clameur gagna l'ensemble du bagne, des voix retentirent dans la forteresse qui prenait peu à peu les traits d'une étuve tant la fièvre qui l'habitait, embrasait les hommes pris en son sein. Dans cette communion d'âmes et de volontés inextricables, entremêlés par la douleur et la misère, ils n'étaient plus qu'un, une seule et même voix, le palpitant battant d'un unique souffle où se fondaient les espoirs et les désillusions, réclamant la justice, celle en laquelle ils croyaient pourtant tous lorsqu'ils sont arrivés en ces terres hostiles.  Wade et Kevan n'avaient rien fait, ils n'avaient sans doute aucune idée de ce que tous ces gars avaient dû subir, la liberté guidant le peuple, ils avaient eux même brisé leurs entraves, ils avaient eux même décidé du tournant que prenaient leurs vies aujourd'hui, ils écrivaient eux même leurs histoires, c'était aujourd'hui leur heure de gloire, pas celle du tandem d'hommes qui n'avaient fait que croire en eux.

De nouveaux affranchis pointaient dés lors leurs faciès noirs de crasse à la lumière de la lune, Les révolutionnaires pourvoyaient les hommes libres de fusils, de torches, de cartouches pour mener à bien l'insurrection. leurs poignets portaient en eux les stigmates du métal froid, la chair elle-même comme doué d'une volonté propre se révoltait contre cette injustice. A son tour, le blondin accompagna cette marée mouvante et saisit lui aussi les armes pour concrétiser l'idéal.  Un vent de révolution s'immisçait sinueusement dans les allées boueuses du pénitencier faisant souffler l'appréhension chez leurs vis-à-vis.

Le cortège d'une soixante-dizaine de révolutionnaires s'enfoncèrent dans les artères bouillonnantes du bagne, incendiant implacablement les baraquements sur leur passage en guise de diversions pour tous les molosses qui nous sont sur nos talons. Une fumée noire et épaisse gagne peu à peu le gigantesque bagne, camouflant quelque peu le déplacement des hommes qui cheminent à l'intérieur de celui-ci. Ils serpent dans les dédales, libèrent les détenus dans leur sillage, profilèrent comme une gangue qui rongerait peu à peu les fondements de la prison à ciel ouvert. Diviser pour mieux régner, c'est valable dans les deux sens, les révolutionnaires se scindent en groupes d'intervention, ciblant les points névralgiques du bagne, les dépôts d'armes, les points d'accès, les relais de communication. Le feu est à l'effigie de ce qui se meut dans le cœur de ces hommes, il assainit, décape, épure toute cette ignominie ambiante, cette infamie emplie de souillures abjectes, il purifie tout ce qui a meurtrit leurs esprits et leurs âmes , la source même de leurs maux, la racine du mal.  

Lorsque le blondin part en trombe vers le premier dépôt d'armes, une échauffourée éclate au détour d'une allée, contingent de petites enflures qui les attendait. Le fer crache à foison, les balles fusent et fondent sur nos positions, perforant la chair des malheureux sur leur trajectoire, toute l'aigreur latente explose dans le déchaînement de tirs croisés que se livrent les révolutionnaires avec les soldats. Le blondin ne fait pas dans la dentelle et n'hésite pas à user de l'intensité de l'altercation pour faire rouler un bâton de dynamite près des assaillants. Un carnage, le souffle de la déflagration a broyé les chairs et fait ployer la résistance inopportune qu'ils leur livraient, les révolutionnaires abrègent les souffrances des derniers survivants, leur accordant la miséricorde de ne pas mourir à petit feu sous les brûlures lancinantes qui dévorent leurs carcasses ensanglantées. L'un des nôtres est tombé dans l'escarmouche, une balle a fait mouche dans en pleine tête, son trépas galvanise les hommes, sa mort illégitime exalte les aigreurs latentes et lorsque ceux-ci se ruent sur le dépôt d'armes concomitant, ils se battent avec une fougue endiablé, leurs tirs se font plus précis, leurs déplacements plus rapides. Une nouvelle poche de résistance, retranché dans le dépôt leur fait face, faire main basse sur celui-ci ne sera pas chose aisé.
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Les dépôts d'armes.

S'il y a des points stratégiques qui doivent être pris en priorité après la libération d'une baraque, c'est bien ceux-ci. Armer les déchaînés, c'est bien la première chose qui se doit d'être faite. Il faut leur donner le pouvoir. Qu'ils sachent manier une épée ou non, qu'ils soient des tireurs hors pairs ou pas, il faut leur offrir cette sensation d'être libre. Et cela passe par la possibilité de pouvoir se défendre sans retenue face à ceux qui un jour usèrent de leurs fouets pour lacérer leurs dos meurtris.

Mais les soldats veillent.

La marine, tant elle est fière comme un bar tabac, ne laissera pas ses points stratégiques être pris sans offrir une résistance plus virulente que jamais. Fusils en main, œil derrière la mire, ils canardent le détachement officieusement mené par Wade et Helmet tant leurs récentes actions ont prouvé leur valeur et leur témérité. Néanmoins, cela ne suffit pas à ne pas subir de perte de leur côté. Leurs alliés tombent, mais l'intensité de leurs cris de rage provoqués par l'absence bien trop longue de la capacité à bouger bras et jambes librement ne vacille pas. Si bien qu'ils engagent une mêlée.

Pour se défendre contre des armes, il faut des armes.

C'est dans cette logique que Bob...
On l'appellera Bob, sans aucune raison particulière hormis sa ceinture de bricoleur qu'il avait discrètement carambouillé à un soldat dont la fonction était de s'occuper de la maintenance.
...Motive les hommes d'un ultime hurlement en brandissant sa fabuleuse et imposante clé à molette. Sans pour autant songer à quel carnage cela provoquerait, les fraîchement libérés le suivent en poussant chacun leur cri de guerre personnalisé, mais tous poings solidement fermés, brandis vers le ciel nuageux de Tequila Wolf.

La première ligne tombe. Sauf Bob.

Il fallait s'y attendre. Mais ils y arrivent. Toujours pas convaincu de l'efficacité de la stratégie, Helmet avance en retrait et sans la même fougue inébranlable qu'ont ses compatriotes. Les pertes sont colossales, mais lorsque l'on libère des esclaves, il faut s'attendre à ce qu'ils ne fassent pas dans la dentelle, et qu'ils en oublient leur bon sens. A l'arrière, Helmet enjambe les cadavres des comparses pour qui il s'est démené. Pourtant, ni leur volonté, ni leur joie d'être enfin dehors n'est ébranlée par l'air de la liberté. Elles sont même amplifiées à mesure qu'ils passent adversaires après adversaires au fil de l'épée, qu'ils trouent des crânes lobotomisés par cette grande farce qu'est l'autorité suprême du Gouvernement Mondial et que Bob éclate de la matière grise au bout de sa clé géante.

Bob, qu'on se l'avoue, est caractéristique du leader charismatique.

Il est tout ce dont les anciens prisonniers ont besoin. Un visage aigri, ridé par l'expérience mais toute fois marqué par ses années d'esclavages ici, mais toutefois ravivé par sa moustache qu'il n'a jamais raccourci depuis qu'il est arrivé. Tout à fait banale au centre, mais descendant jusqu'à ses genoux, sa pilosité faciale en forme de virilité à l'état pur en impose aux non-initiés. De cette entité presque divine émane une sorte d'aura inquisitrice qui ferait plier le genou à n'importe quelle personne assez folle pour vouloir s'opposer à Bob et sa clé à molette.

Et le dernier ennemi du dépôt tombe.

Cris gras retentissent. Mais ce que Kevan entend, ce sont des cris de pirates, pas des cris de révolutionnaires. Le changement brutal de leur situation semble les avoir rendus sanguinaires, barbares, et il peut pressentir le tournant que va bientôt prendre leur vie. Beaucoup s'enrôleront sous un pavillon noir commun pour s'opposer au Gouvernement Mondial. Mais pas à la manière de ceux qui ont orchestrés cette opération. Non. A la manière d'une vengeance qui ne satisfera qu'eux-mêmes. De l'égoïsme pur et dur. Et ça, Helmet ne peut continuer à y assister.

Direction le plus grand baraquement de Tequila Wolf.

Disons au monde que cette attaque a été orchestrée par des révolutionnaires téméraires et incontrôlables et qui ne veulent qu'une chose : La liberté du peuple et l'éradication d'une oppression subtile de la part du pouvoir en place.
    Les débris fumants sont une piètre consolation pour le charnier d'hommes amoncelé sur l'asphalte, ils gisent là, amorphes, inanimés, leurs faciès inertes reflétant encore toute l'expression de leur combat et de la symbolique qu'il revêtait, une mosaïque de visages qui toisent les heureux survivants, qui leur intime de faire en sorte que leur sacrifice ne soit pas vain, qui leur fait promettre de poursuivre ce qu'ils auraient fait si le sort en avait été autrement, qui leur sang à jamais souillé ne soit plus un faire valoir sordide que la cohorte de salopards de la marine use pour se faire épingler des breloques dorées sur leur uniforme immaculé.

    Ce blanc saillant qui rappelle la lividité des cadavres laissées dans leur sillage, ce blanc qui se fait l'écho de leurs paluches gantées lorsqu'ils oppriment , battent et humilient les détenus, ce même blanc dont les armes qui en sont pourvus cisèlent les chairs, celui là même de leurs cols lorsqu'ils perpétuent affres sur affres, qu'ils nuisent cent fois plus en un jour que de pauvres bagnards bectant au rationnement depuis des années, celui là encore du voile derrière lequel ils se cachent pour opposer les faits, pour se retrancher derrière la sacro-sainte justice qu'ils ont érigé au rang de principe fondamentale , qu'ils ont juré de protéger et qu'ils piétinent allégrement, qu'ils bafouent un peu plus chaque jour jusqu'à ce que la corde lâche, jusqu'à ce que la confiance  du peuple cède, jusqu'à ce que ces hommes ne radicalisent encore davantage jusqu'à devenir les monstres qu'ils ont toujours combattu. Mais ce blanc est aussi celui de l'albâtre et de ses émissaires encapuchonnés et de leurs oripeaux, de la colombe et de son message indéfectible, de cette astre en cette nuit terrible qui se porte garant de notre lutte, ou encore de ce jour qui sera définitivement à marquer d'une pierre blanche.
    Et lorsque Wade entend Bradstone lui relater les évènements et guider les pas de ses compagnons vers la félicité, il comprend qu'il doit transmettre un message, qu'il doit se faire le porteur de la volonté de tous ceux qui ont rendus l'âme aujourd'hui. Alors comme le geste fort de Bob et de sa clef anglaise pourfendant les cieux tumultueux, sa conscience le guide à escalader cet amas d'hommes, à gravir un à un les vies perdues, à atteindre le sommet de ce monticule décharné. Dans son entreprise, il a le sentiment que chaque homme lui prête sa force, que chacun contribue à son ascension, que même dans l'au delà, leurs mains inertes servent l'idéal de Wade en l'aidant à se hisser toujours un peu plus, toujours un peu plus loin, pour qu'il puisse le toucher du bout des phalanges et lorsque le blondin se tient finalement en haut de tous ces hommes, de ses camarades, Ses paumes teintés d'hémoglobine vers le très haut saignent, ses phalanges serrés les unes contre les autres, grande allégorie des pénitents requérant leur accueil vers lui, et cette main, cette main à laquelle la lune fait prendre une teinte vermillonne, cette main dégoulinante dont la lumière diaphane dessine une ombre portée dans le chantier, cette main qui enserrerait presque nos ennemis, qui cernait leurs peurs inavouables, la main du juste faisant son office, la main de Dieu punissant les coupables.

    Et dans la plus parfaite harmonie, unis par la promesse qu'ils avaient tenus, tous les survivants exécutent le même geste dans un mimétisme sans précédent, et une clameur gronde, tonitruante devant eux Bob et Helmet ouvrent la voie et se dispersent dans des directions différentes suites aux renseignements distillés par Richard. Les survivants subtilisent l'apparat des marins, uniformes, casquettes et ils y vont même jusqu'à se nouer le petit nœud coulant autour de la nuque pour se fondre dans le décor. De l'autre côté du premier chantier, l'une des diversions éclate, les fumigènes couvrent toute la zone tandis que des volées de bombe au poivre explosent et incommodent les gardes. Une fausse pétarade éclate, de vrais tirs retentissent tout de même pour parfaire l'illusion et nous débouchons enfin à l'orée du premier pont du bagne.

    Au devant un contingent tient le garde du pont, un affrontement de face ne serait pas viable bien qu'ils soient esseulés et soient déboussolés par la tournure des évènements. Les révolutionnaires décident donc de procéder autrement, de faire ce que les forçats auraient toujours voulu faire lorsque les sales molosses les ont condamnés à cette besogne d'intérêt général. Aujourd'hui, ils leur rendront leur monnaie de pièce et l'idée leur a été glissé par Bob qui connaît bien ses camarades pour être revenu du neuvième cercle des enfers avec eux et connaît comme son fond de poche les environs. Ils s'empressent de s'ameuter dans un recoin de l'artère avant de s'infiltrer dans un hangar adjacent tandis que le blondin part plastiquer les deux piliers sous-tendant le pont. A l'intérieur, des outils, des piolets, des bêches mais surtout des pavés fraîchement arrivées par l'expédition maritime de la veille., le pavé ressemble le macadam sur ces ponts empierrés et a l'avantage d'être beaucoup plus économique que l'asphalte. Ils s'en gorgent les poches, les ceintures, les vêtements et les pognes et se dispersent stratégiquement, profitant de l'écran de fumée. Dans un élan commun, tous font pleuvoir les projectiles sur les marins en faction, ils lapident comme ils ont été lapidés avec la source même de leur travail, les pavés fondent sur cette meute de marins qui ne sait guère plus où donner de la tête mais bientôt le plus galonné d'entre eux les entraine un peu plus en retrait directement sur le pont.
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    Il y a une maladie qui ronge la révolution. Une maladie pour laquelle il n'existe aucun remède.

    Chacun sait qu'elle est là, qu'elle se développe en chacun d'entre eux, qu'elle les ronge intérieurement sans pour autant les blesser, leur faire mal. Non. C'est une maladie passive, sourde, mais qui altère le mouvement entier. Une maladie qui, avec l'aide de dieu ou du diable - choisis ton poison, il n'est pas le même pour tout le monde - a réussi à convaincre ses porteurs qu'elle n'avait pas de réelle importance, qu'ils pouvaient vivre avec. Cette maladie, c'est une maladie qui fait oublier à son porteur ce pour quoi il se bat. Ceux pour qui il se bat. Cette maladie, voyez vous, change le plus grand et preux des révolutionnaires en pirate sanguinaire qui n'a pour quête que de voir couler le sang des marines et des agents du gouvernement sur sa lame froide. A plus long terme, de se voir tendre la tête d'un dragon céleste à son équipage de dégénérés mentaux.

    Mais ce n'est pas la révolution, ça.

    Eux ont perdu de vue le plus important. La révolution ne se bat pas pour la liberté d'une minorité, pour la liberté d'un petit groupe ou pour celle d'une unique personne. La liberté, ils la veulent pour tout le monde. Pour chacun. Un marin a le droit d'être un marin, certes, il se bat pour les plus viles créatures de ce monde, mais il a une famille, et quel droit ont ils de priver sa dite famille d'un père, d'un mari ? En quoi est ce montrer qu'ils sont meilleurs et plus bons que les personnes soutenant le Gouvernement Mondial ? Bien sûr, il y a ceux qui méritent de mourir en ayant souffert dix années durant au préalable. Mais comment savoir qui est qui ? On ne peut pas. Que fait on dans ce cas là ? On ne tue pas à l'aveugle. Pour cette raison précise, Kevan ne participe pas à cette boucherie. Pour cette raison précise, Kevan ne tente pas de se démarquer lorsqu'il dit ces quelques mots. Pour cette raison précise, il s'en va sans pour autant vouloir entraîner du monde avec lui.

    Seul dans le blizzard du pont de Tequila, Helmet progresse en direction de la baraque qui domine toutes les autres. L'air suffisant et prétentieux, il avance avec difficulté dans la couche de neige qui obstrue chacun de ses pas. Avant de s'arrêter. Comme ça, au milieu de rien. Il regarde autour, l'air méfiant, suspicieux, puis se dirige vers ce mur d'une baraque qu'ils ont investi plus tôt. Il dénoue le noeud de son pantalon, puis fait chialer le colosse. Une épaisse fumée émane de la neige fondant à ses pieds. En parlant de pied, il a l'air de prendre le sien. Yeux rivés vers le ciel gris et enragé, il prend le temps de réfléchir. Il se demande si c'est une bonne idée. Prendre en assaut en solitaire la plus grande baraque de la plus grande exploitation d'esclave d'East Blue... Il est vrai que c'est osé. Mais comme dirait MakBayss, "J'ose tout ce qui sied à un homme, qui n'ose point n'en est plus un.
    Remballant le paquet, il reprend sa marche. Il ne met pas longtemps avant de s'arrêter à nouveau. Des voix. Une voix. Deux. Des gardes. Ils tirent à vue. Ils beuglent comme des empaffés en pointant Helmet du doigt. Ils font mine de connaître le gus. Sûrement qu'ils ont fait passé la description de l'hurluberlu qu'à fait passer une lame à travers la main d'un responsable via leur den den. Bon, Helmet s'est vite mis à couvert. Mais à quoi bon ? Ils ne sont que deux... Il sort de sa cachette, puis leur fait face. Au début, ils hésitent. Ils savent que ça sent le piège. Mais après, il réfléchissent. Qu'est ce qu'un foutu révo pourrait faire contre de la poudre et des balles ? Ils tirent.

    Djem So.

    Le visage inerte, stoïque, dénué d'émotion, il effectue des grands mouvements de lance et renvoie les balles avec le plat de sa lame. Aucune balle ne touche ses adversaires, mais il tient l'allure assez longtemps pour qu'ils soient à sec. Là, il n'a plus qu'à bondir, donner deux coups avec le bois de son arme et en assommer un violemment d'un coup de poing sec et puissant. L'autre couine, chiale, appelle sa mère. Mais, à quoi bon ? Danser avec le diable au clair de lune n'est il pas un immense honneur fait ? Ou est il de ces personnes qui détestent les types aux airs si sérieux ? Oui, il fait définitivement parti de ceux-là. Mais ils n'ont rien fait de mal, pas d'affront, rien. Alors Kevan pense à sa famille et à ceux à qui il les arracherait si sa lance rencontrait leurs coeurs.
    Alors il se relève. Mais l'autre veut rendre ça plus difficile. Puis c'est le drame.

    Pourquoi vous les aidez ? Ce ne sont que des esclaves, tout ce qu'ils sont, c'est un nombre sur un papier !

    Ho-ho.
    Helmet - comme à son habitude lorsqu'un manque de respect se fait sentir - sort ses deux dagues de sa ceinture, puis les plante toutes les deux dans chacune des mains de la petite merde étalée par terre. Le gars beugle, crie, pleure sa mère. Encore. Même schéma, même histoire. Malheureusement pour lui, cette fois, il a raison de le faire. Incapable de bouger, il n'a plus qu'à subir lui aussi un manque de respect équivalent. Kevan s'approche, place ses deux péniches des deux côtés de la tête du marin, baisse son froc et fléchie les jambes. Ouais. Il lui chie dessus. On passera les détails sordide, mais le mec à encore plus gueuler que quand il a cru que c'était la fin pour lui. Mais c'était rien à côté de l'hurlement qui a retentit lorsque l'hurluberlu étalé à côté de lui s'est réveillé.

    A ce moment là, Helmet est déjà loin. Presque à la plus grande baraque de Tequila Wolf. Maintenant, ce qu'il voulait, c'était un irrespectueux connard bien en forme et ayant cinq bons litres de sang avec lui pour écrire ce qu'il pense sur ce mur géant. Ou de l'encre. L'encre, ça fonctionne aussi.

    Oui, cette maladie ronge tous les révolutionnaires. Tous dérapent à un moment ou à un autre. Comme un médecin tuera indubitablement un patient un jour, un révolutionnaire fera preuve d'égoïsme et agira en fonction de ses propres envies un jour. Et puis, de toute façon, l'excuse qu'ils sortiront fonctionne à chaque fois : Il l'avait mérité.
      Le déluge de carreaux perfore l'épais brouillard et pilonne les mouettes du dessous, ca piaille, ca geint, ca couine, écoutez les donc presque implorer ces pleureuses et flinguer à l'aveugle comme pour se prémunir de cette chose indicible qu'ils ne saisissent en rien. Leur supérieur gueule un bon coup, l'ego qui lui titille le palais, le relent d'orgueil qui lui tape dans le plafonnier, il leur fait tenir leurs rangs et maintenir leur petite formation de fortune tandis qu'ils s'efforcent de ne pas déglutir la bile caustique qui leur arrache l'intestin. L'illusion de pouvoir faire face, d'avoir la ressource pour tenir la position jusqu'à ce que la cavalerie vienne leur prêter main forte, mourir debout et ne rien lâcher contre cette racaille grouillante qu'ils ne peuvent voir en peinture. Lobotomisés par le discours réchauffé qu'ils se sont fait rabâché à tord et à travers, leurs mines azimutées remplies d'air chaud sont un terreau propice à y faire germer la connerie idoine et formaté qu'ils serineront toute leur vie durant.

      Ils confrontent la réalité d'égal à égal, d'homme libre à vis-vis semblable, une chute abrupte de leur perchoir doré vers une vérité trop longtemps oblitéré par des œillères soigneusement positionnés. Leur officier supérieur se veut rassurant, encore davantage lorsqu'il aperçoit les silhouettes des uniformes qu'il croit entrevoir dans la fumée, il plisse les mirettes et place sa pogne façon visière pour mieux zieuter dans le lointain. Il y voit les quelques lettres d'une promesse d'accalmie, il y lit les sept caractères et les deux syllabes qu'il désirait si ardemment scruter, le répit auquel lui et ses hommes aimeraient prétendre, J.U.S.T.I.C.E.  Son sourire s'étend le long de son visage puis les zygomatiques se figent brutalement, la moue décontenancé par cette ribambelle de faciès revanchards qui lui soutiennent son regard éberlué. Le temps de sommer les siens de plomber tous ces gars que les révolutionnaires font parler la poudre en premier ressort, Le sang gicle et se mêle à la terre, les plus violents dégainent les piolets et déchiquètent les chairs comme s'ils voulaient s'en repaitre. Ils les ont tellement rabaissé des années durant qu'ils ont fini par réveiller toute la primalité qui se terrait au fond d'eux, carnivore et presque cannibales, la bête qu'ils ont tant attisé a fini par briser ses chaînes, par rompre les entraves qu'il l'a subordonnait à la volonté omnipotente de son maître. Le cri est une devenu un bruit de fond dans l'île pénitentiaire, un disque rayé dont la mélodie se réitère inlassablement, à la seule différence que celui-là se disperse sur 3 octaves.

      Le galonné bat la retraite mais le gus a pas conscience qu'il est prit entre deux feux et le blondin non plus par la même occasion. Un rire enfantin fend l'atmosphère de toute son espièglerie, la polissonne refait surface avec une de ses plus fumantes surprises en réserve. Spectre et légende du bagne, elle a donné tant de sueurs froides à ces hommes que l'expression de toute sa malice suffit à terroriser les garnisons en faction et faire émerger en eux les pires souvenirs de ce harcèlement qu'ils n'ont jamais su tenir en échec. L'intervalle de lucidité opérant, le temps de réaction d'un humain avoisinant les deux secondes, l'ébauche du pont explose avec pertes et fracas emportant dans sa course les hères ayant mis les paturons sur l'édifice. Les bienheureux se précipitent sur la terre ferme, leur présence d'esprit garante de leur survie tandis qu'ils se savent à la merci de leurs opposants. Le blondin s'avance derechef et entend bien leur faire bouffer les pissenlits par la racine, il dévisage chacun des rescapés et y voit poindre la flamme insolente qui anime les siens. Leurs yeux humides, leurs guiboles tremblotantes, leurs mains moites, leurs tympans saignent en contrecoup à l'explosion, autant de signes qui intiment au blondin de cesser le dommage collatéral et de régler leur différend comme les véritables hommes procèdent. Aux poings.

      " Qui est le plus apte d'entre vous à livrer un duel et épargner les siens? Qui a le cran nécessaire pour faire ce qui lui incombe ?!"

      Wade toise celui qui se rapproche le plus de l'homme de la situation, le mètre quatre vingt dix, la gueule proprette, le soldat d'apparat qui doit sa carrière en partie à ses manières, ses merdouilles dorées qui lui pendent du harnais, le pommeau du sabre bien en place, le zig d'assez bonne famille qui a le sens du devoir. Il le cerne à son tour tandis que la perspective de pouvoir corriger ce blondin vaniteux prend le dessus, il détrousse ses armes et reproduit l'identique de son vis-à-vis avant que la rixe débute sous le regard médusé des siens. Beau canasson qu'a les chicots si bien alignés que le révolutionnaire cogne dedans d'une frappe sourde en guise d'entame. Une droite lancée avec suffisamment d'élan pour qu'elle le laisse au sol un peu sonné par l'intensité de l'impact, il se relève avec virulence et décoche toute l'extension de sa canne pour foutre un sérieux coup de latte qui envoie valser son vis-à-vis dans le décor. Le râle de douleur davantage pour exprimer son embarras plutôt que par douleur oppressante, Wade sort des décombres du clapier au travers duquel il vient de s'écraser. Les deux se jaugent du regard, duel du gaillard qu'a le membre le plus long et le marin fonce sur le révolutionnaire comme un bloc de béton inébranlable, alignant ses phalanges dans le buffet du révo avant de lui coller un pain monumental, digne de ceux des meilleurs boxeurs de la Blue. Le zig n'y est pas allé de main morte, le cartilage a craqué d'un coup sec et abrupt, le goût de l'hémoglobine lui parcoure le palais tandis qu'il lui crache le liquide pourpre en pleine façade. Son coude vient heurter à l'horizontal le râtelier de notre bel oiseau avant que Wade lui assène un coup de boule dévastateur.

      Migraine à la clef, c'est fort de café comme dirait le gueuleton mais ca en valait la peine, le gonze s'effondre les paluches sur le bourre-pif que le libérateur vient de lui éclater, un peu plus fort et il lui emboitait le crâne tout entier. Ca pisse comme une fontaine, un dégât des eaux qu'on pourrait pas écluser, voir sa tronche ainsi fardé procure un bonheur singulier au révo tandis qu'il continue la petite sauterie préalablement débuté. Le sang pulse dans les artères tandis qu'il décoche des salves de marrons meurtrières toutes plus fameuses les unes que les autres, ca fuse à droite à gauche mais le regain de lucidité lui fait enrayer la mécanique bien huilée du révo. Il finit par lui bloquer net le bras avant de se ruer sur lui, le tout pour le tout, le feu dans l'âme, l'orgueil jusqu'au bout des ongles, il décoche ses rotules et vient les lui caser droit dans le sifflet pour le rab.  Jaloux du beau minois de son vis-à-vis, il semble bien vouloir lui pilonner le faciès jusqu'à plus n'y percevoir que le sang censé y jaillir.  Le révolutionnaire feint de laisser des ouvertures pour mieux encaisser, le marin s'y donne à cœur joie et y mêle toute sa fougue, toute cette haine latente qu'il exprime dans la virulence de ses poings, Wade encaisse et ne bronche pas.

      Le calvaire se poursuit inlassablement tandis que les pognes ensanglantées perdent peu à peu de cette vindicte si fameuse, que les gerbes empourprées qui ont beau saillir ne suffisent plus à étancher l'affront subi alors il se contente de céder au même vice que ces hommes là, il se découvre bestial et avant même qu'il ne s'en rende compte, sa conscience se résigne à cette idée car c'est le dernier rempart, le tout dernier avant qu'il ne devienne fou comme tous ceux qu'il a vu périr entre ces murs. Il s'arrête brutalement, se tient la caboche entre ses paluches, y zieute le fluide déversé et saisit l'ampleur de ce qu'il est devenu. Le révolutionnaire cale un dernier crochet à la vertical, façon grand totem en pleine cafetière du gonze, un coup tonitruant pour un moucheron qui se serait contenté d'une pichenette pour aller au tapis. Merci public, l'autre bourdonne déjà chez Morphée que les survivants marins avancent pas long et se rendent gentiment face contre terre. Quelque chose de bien plus grave vient cependant briser cette victoire fugace et pourtant amplement mérité. Une sentinelle accoure dans notre direction, esseulé par sa course effrénée, elle finit par interrompre sa course et tandis qu'elle se penche pour reprendre son souffle puis délivre sa commission.

      Parlant de commission, on ne fait pas si bien dire...

      " Des nouvelles du front Monsieur ! C'est au sujet de l'escouade de Helmet ! "


      " Hmmh... Eh bien?!

      "Il a merdé monsieur ..."

      "Bordel, qu'est ce qu'il a branlé encore? Il s'est fait capturé? On lui soutire des infos? "


      "Non...non, il  a merdé...littéralement sur un de ses ennemis !"


      Kevan Helmet, cette espèce de sauvage au regard aiguisé et à la lame encore davantage, avait jugé bon de couler un colombin monumental sur un pauvre type qui ne méritait sans doute pas de se faire déféquer cruellement sur le visage.  Connaissant Helmet et ses grandes courses à tombeau ouvert, il y a fort à parier qu'il a dû lui refaire le portrait au malheureux zig, couler un bronze en plein conflit ouvert à Tequila Wolf, cette histoire restera dans les annales bien qu'elle ne figure plus dans le sien. Plus préoccupant, les marins pistent le révolutionnaire à l'odeur et risque de lui tomber sur le râble maintenant que le bienheureux soulagé a dépose son offrande sur l'un des leurs, traçant l'itinéraire jusqu'à l'antre infernale d'où celle-ci était logée. La chose n'est cependant pas totalement néfaste car elle nous a permis de mettre la main sur un petit opportun ayant vu la scène et craignant que ce supplice ne lui soit également infligé.

      "Décline ton identité fissa !"

      "Amaury de Danemark, représentant du gouvernement ici-bas, je ne suis là que depuis quelques jours sur ordre de...."

      "Un représentant, voyez-vous ca, t'es plutôt burné de montrer ton crâne d'œuf ici l'ami. Qu'est ce qui pourrait m'empêcher de dire au moindre de ses gars de pas caguer sur ta belle tronche ?!"

      Une rossée de coup suffit à lui faire passer l'idée inopiné de nous la mettre à l'envers. Loin d'être un sale type, ce n'est qu'un paumé de plus dans une usine à gaz qui le dépasse tout autant.

      " Je, je pourrais m'être utile, je connais bien l'endroit et je sais où se trouvent la crique aménagée à partir desquels les expéditions de prisonniers sont organisées"

      "Tu fais bien de délier ta jolie langue rosée. Pas que j'aime voir tes canines blanchies mais tu sais comment me parler !  T'as comme qui dirait les mots justes"


      Les révolutionnaires s'empressent de le mettre aux fers et de veiller à ce qu'il nous fasse pas faux bond. Dans le lointain, j'observe l'horizon et songe à ce que Bradstone et Paquebot peuvent bien mijoter. Belmont en clef de voûte semble jouer impeccablement son rôle mais il est encore trop tôt pour se faire la malle, la vague roule et submerge la servitude des rescapés, effaçant leurs dettes, leurs redevances, leurs engagements. Elle les acquitte, les blanchit, les relaxe, les lave de tous leurs pêchés. Aujourd'hui est une marrée haute, gare aux lames de fond.
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      Il la voit. Au loin. Surplombant les autres de son imposante masse de béton. La plus grande baraque de Tequila Wolf. Celle dans laquelle dorment les esclaves les plus importants, les plus dangereux. Ceux qui sont esclaves non pas pour des crimes odieux ou moralement douteux, mais pour avoir tenté de changer les choses. Ceux qui, en leur qualité d'homme, se sont vu doté d'une force rare : celle de se soulever face à un pouvoir en place oppresseur qui nous contrôle. Face à une organisation qui domine la population, l'endoctrinant dans une routine visant à la rendre servile, ces hommes là se sont soulevés. Parce qu'ils croient en une idée. Une idée, ce n'est pas comme un bâtiment, ou une organisation qui a perdu de vue son but. Non. Une idée, même le Terroriste Bradstone ne peut la détruire. Les idées sont inébranlables. Et lorsque la population d'une planète toute entière se conforte dans une banale routine, on peut dire qu'ils en oublient ce qui était réel avant. Une simulation. Voilà ce dans quoi le gouvernement a plongé les habitants des cinq mers. Et ce Gouvernement Mondial est en place et à imposé son pouvoir depuis tellement longtemps que ces mêmes habitants se trouvent maintenant dans une simulation de simulation. Tellement plongé et immergé dans un train train quotidien de servitude qu'ils en ont oublié ce que le mot liberté voulait dire. Mais aujourd'hui, tout cela va changer. Si les hommes enchaînés dans cette baraque s'étaient soulevés un à un sans pour autant poursuivre le même chemin, aujourd'hui ce sera en tant que groupuscule qu'ils agiront. Helmet le sait. Ces gens ont le pouvoir d'ébranler le monde. Tout autant que Mamie, tout autant que Bradstone. Peut-être tous à leur façon, mais c'est vers la même fin qu'ils aspirent.

      La voilà. Devant lui. Mais il est seul. Et maintenant il regrette. Malgré sa volonté de faire le bien et son rejet de la brutalité et des bains de sang gratuits, il regrette de les avoir laissé là-bas. Parce qu'il est seul, maintenant. Seul devant l'immensité de cette maison d'horreur. Maison d'horreur qui est la mieux gardée du pont. Malgré le regroupement de soldats tentant tant bien que mal de mettre au tapis le mouvement révolutionnaire qui foule la neige ensanglantée de Tequila Wolf, eux, ne bougent pas. Ils ont des ordres. Des ordres qui viennent de bien plus haut que Chapdeplomb. En aucun cas ils ne doivent bouger de leur position. Ils doivent tenir cet endroit. Ces types, à l'intérieur, ont laissé une emprunte indélébile sur les mers bleues. Pas assez pour finir à Impel Down ou dans l'une des trois nouvelles prisons, mais assez pour finir réduit en esclavage ici tout en ayant un traitement spécial.

      D'un coin de bâtiment, l'oeil attentif, les sens aux aguets, Kevan observe les marines qui semblent d'une toute autre trempe que les autres. Merde. Bordel. Il jure. Il jure en chuchotant, mais c'est comme si il hurlait. Mais il n'a pas encore les raisons de hurler. Bientôt il les aura. Derrière lui. Des bruits de pas dans la neige. Des cris véhéments balançant des injures plus qu'infâme à un débit rarement atteint. Une vingtaine d'hommes se dirigent vers sa position, beuglant à tout va comme des tarlouzes que l'ont torturerait des heures durant. Certains chialent de dégoût. Helmet, il sourit. Il se marre. Il sait pourquoi ils sont là, à l'insulter de déféqueur fou. A le surnommer la Colique Furieuse. Le soucis, c'est qu'ils vont alerter ces marines-là. Alors quoi ? Alors qu'est ce qu'il va faire ? Il ne sait pas. Il est pris en tenaille.

      Bordel de merde. Réfléchis, réfléchis. C'est un pont. Un pont. Y a de l'eau autour. Mais y a des trucs qui soutiennent ce pont. J'peux me planquer là-dedans, en attendant. Oui. C'est parti.
      Il court. Il court vite vers le bord du pont. Comme un dératé. Il enjambe la rambarde et descend. Les cris se rapprochent. Ils arrivent. Mais il n'y a pas qu'eux. Là, derrière Helmet. Un navire. Un bâteau de guerre de la marine. Un gros, un grand. Et un sifflement. Un sifflement sourd. Un point noir arrive. Il arrive vite. Un boulet. Merde. Un boulet. Bordel. Trop tard. Kevan remonte. Il remonte et file s'encastrer dans une porte pour être à l’abri. Mauvaise pioche. C'est la réserve de poudre. Ça va, ça passe. Ça explosera pas. Nickel. Ah mais, c'est quoi ces lanternes allumées ? Ils sont cons où quoi ?

      - METTRE DU FEU AU MÊME ENDROIT QUE LA POUDRE !?

      Merde. De deux coups de lance, il se fraye un chemin dehors. Il se remet à courir et plonge en avant. Le boulet heurte le bois des baraques, les vibrations et le bordel provoqué par le boulet fait tomber les lanternes des murs et touche la poudre. Boom. Le vacarme créé est sans nom. Un brouhaha terrible projette les marins sur dix mètres. Ils ne l'ont pas vu venir non plus. Helmet valse sans pouvoir se rétablir vers le mur d'un autre bâtiment et viens s'encastrer dans celui-ci. Les flammes dansent le tchatchatcha sur ses vêtements et dévorent la couture bas de gamme de son accoutrement de combat. Bordel. Il enlève. Il enlève tout. Il fait pas gaffe, ça prend aussi le caleçon. Merde. Ca brûle. Arf.

      Mais. Bordel. Mais. Putain. BORDEL !

      Tout nu. Même son calebard à petits pois rose barbara gould a été consumé. Et voilà les marines. Heureusement, il lui reste sa lance. Euh, pas celle-ci, l'autre.
        De mal en pis. Les choses se corsent au fur et à mesure que les révolutionnaires s'engagent plus profondément dans la forteresse béante, les actions d'éclats menées par les quelques groupuscules rejaillissent sur les zélotes qui se ruent à toute hâte, le feu dans l'âme, dans le charnier infâme qu'est devenue la citadelle.  Tous ou presque ont quitté la proie pour l'ombre, l'ombre de cette main gigantesque qui leur était apparu comme un signe de ralliement cocasse, une allégorie du sang versé, des insignifiants sur qui on a jeté l'opprobre, ces enfants oubliés de l'histoire, tombés au champ de l'infamie, des stèles anonymes pour les plus chanceux d'entre eux, la fosse infecte pour les autres. Les braves n'ont jamais eu d'épitaphe dans la marbrure, pas de lettres de sang ou d'oraison funèbre témoigné en leur honneur, la chair à canon des premières lignes finissant en lambeaux n'est que le trépas solennel qu'ils appellent de leurs vœux.

        Chapdeplomb aux manettes orchestra habilement la progression du cortège d'affranchis, aiguillonnant les garnisons sur les pièges fameux tendus à leur insu. De consensus en compromis, sa position de leader de fait s'effrite, se détériore, se désagrège comme la marée éparse cognant la dune. Elle, la petite femme fluette, bureaucrate de profession, propulsée dans le cloaque de ces bagnes humides, dans un milieu de matons vulgaires et obscène, de tous ces gouailleurs abjectes dont elle partageait à demi-mot le quotidien fait de railleries et de sarcasmes. Belmont, ce fureteur rusé avait de la ressource, du moins suffisamment pour qu'elle ne se fasse pas mettre à pied au regard du marasme dans lequel Tequila Wolf avait été précipité. En fin de compte, c'est bien Paquebot qui avait raison, "T'inquiète donc pas pour la marine, le seul muscle qu'on peut pas développer avec des haltères, c'est le cerveau ", Mr.P connu pour ses traits d'esprits fameux dans les rangs révolutionnaires et ses anecdotes fameuses distillés sur la marine était un sacré gaillard qui ne lésinait pas à foutre les pognes dans le cambouis.

        Fort à parier que la véritable Chapdeplomb allait passer en cour martial, devant répondre à tous ces manquements, à son incapacité chronique à mater et réprimer une rébellion de cette envergure et c'était bien fait pour sa couenne à cette petite catin arriviste, on ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs. Belmont avait réussi un tour de force mais il ne pouvait enrayer la levée de boucliers consécutifs à l'insurrection tout aussi prestidigitateur fut t'il.

        Une batterie de navires de guerre perçant l'horizon de leurs projecteurs braqués en direction du caillou fendait l'onde droit sur leurs pommes. Une boucherie d'une toute autre acabit pointait à l'orée du guêpier que nous avions savamment mis en place, le genre de traquenard qui risquait de leur revenir droit dans le portrait s'ils s'évertuaient à poursuivre le raid. Le temps de mettre les voiles et de se tirer avant de se faire dessouder par la meute de prédateurs autour qui manœuvrait leurs vaisseaux en embuscade tout autour de l'ile.

        A toute situation épineuse, Wade décoche ses rayban et les fourre sur son museau comme pour faire inverser le flux ascendant de vapeur virile qui monte en lui. Déguerpir oui, mais avec l'art et la manière parbleu. Leur porte de sortie figure dans une des criques souterraine à plusieurs centaines de pieds sous la propriété de Chap'. Belmont prépare l'échappatoire mais doit recevoir notre aval auparavant pour lancer la retraite.

        "Barricadez vous près de la casemate de la châtelaine ! Si il y a bien un endroit plus sûr qu'un autre dans ce putain d'enfer, c'est bien là, ils seront plus récalcitrant à canarder comme des sourds pour pas blesser les leurs qui s'y terrent !" annonce Wade de son timbre guttural

        " Pour Helmet ? Mr. Bradstone et les autres ? Alors "

        " Z'en faites pas, sert à rien d'y aller à cinquante, les gars là dedans risquent de vous transformer en charpie si on est trop nombreux. Préparez le retraite et aider Mamie comme si vous alliez y rester !"

        "Ca va barder, foi de putain d'anar ! "  reprit t'il de plus en belle en faisant craquer une à une ses phalanges.

        Helmet qu'est parti faire cavalier seul, il a vraiment pété une durite ce gars là. Suffisait pas qu'il colombine sur le museau d'un gars, fallait qu'il se fasse un devoir d'aller le gueuler au centre névralgique de toute cette congrégation de mouettes galeuses. Remarquez entre ceux qui "guanifient " à tout va et la désormais réputé colique furieuse, ils ont nécessairement un bon paquet d'atomes crochus à faire valoir dans l'équation de leur inimitié. Le blondin s'engage avec quatre autre types, facon commando dans les artères de la bâtisse, évitant les champs de bataille fumants où du marin en faction canarde à vue sur tout ce qui bouge. S'empêtrer plus profondément dans le bourbier met un peu plus en danger la vie du quintet d'hommes lancés à la rescousse du sauvage. La boue séchée sent cette odeur rance d'hémoglobine encore fraiche, au détour d'allées, les révos font des pieds et des mains pour se frayer un chemin vers leur compagnon d'infortune mais ils sont bien loin de se douter de ce qui les attend.
        Après moult péripéties, le quintet débouche sur une grande place où un homme seul est aux prises avec des soldats.




        "Mais qu'est ce que..."

        "HELMET NOM DE DIEU ! "


        Nu, comme un ver, comme le lombric chétif, recroquevillé par le froid ambiant, qu'il a greffé au creux des cannes. Le révolutionnaire est aux prises avec ses vis-à-vis, il se défend comme un diable, armé de sa seule lance contre la cohorte d'hommes qui lui fait face. Il gueule, crache et hurle comme une bête primitive comme pour se donner du courage, pour se donner l'illusion que le feu qui cogne dans son poitrail suffira à venir à bout de ses opposants. Mouvements amples et cadencés pour les tenir à distance mais sa fougue aussi grande soit t'elle n'est pas encore à l'épreuve du plomb. La véritable question est de savoir comment il s'est retrouvé dans cette situation cocasse?! A jouer les Tarzhan avec le slip en peaux de moins, il pourrait se tambouriner la poitrine que ca n'étonnerait plus Wade & consorts. Les marins lui aurait subtilisé ses fringues ? La seule réponse plausible à pareille diablerie.
        Le voila qu'il se jette sur l'un d'eux qui le tient dans son collimateur, lui mordant l'épaule comme un animal féroce et faisant par la même tomber le fusil logé entre ses mains, le gâchette percute le sol et la ferraille manque à quelques millimètres de perforer se chose frêle et molle et de faire un futur eunuque. Le temps de tomber, au dépourvu, sur les lombaires des marins et de leur coller nos rangers dans les gencives en trois coups de cuillère à pot et Kevan Helmet, la colique furieuse de la révolution est épargné par le commando.

        "Qu'est ce que tu branles Helmet ? Ils n'auraient pas osé te... "

        Wade n'osait pas terminer son allégation, les mots lui manquaient pour décrire sa confusion. Helmet, lui ne parle pas, ses dents ne peuvent s'interrompre de claquer avec fracas tant il pèle sur place, ses guiboles flageolantes, ses joues rosies par un thermomètre avoisinant les - 15 dégrées, le gus se frictionne autant qu'il peut, l'hypothermie est un risque réel et tandis que je m'apprête à lui filer une veste, l'immense portail d'a côté vole en une multitude de pièces dans l'atmosphère.

        "Putaaaaaain de merde, Vidmal, je t'avais bien dit que ce bordel allait pas résister ! Ca fait du bien j'étais rouillé bordel ! "

        Paquebot, accompagné de Richard, et derrière eux tout un banc de révolutionnaires, font leur apparition devant une audience médusée qui lui rend la même consternation lorsque leurs mirettes tombent sur le révolutionnaire et son plus simple apparat. Heureusement Helmet, parvient de ses deux paluches à cacher son embarras du moment tandis que Paquebot se poile quelques secondes.

        Dérrière eux, les miradors s'allument d'une traite et braquent leurs projecteurs sur le sauvage alors que des den den hurlent aux révos de se rendre prestement et de nous sortir leur foutu laïus qui nous fait une belle jambe, tu parles d'une sacrée brochette de branquignoles. S'ils en avaient dans le froc comme nous autres,  ca se serait su depuis le temps.

        Bradstone le plus sérieusement au monde ne peut s'empêcher de sourire également mais en quelques foulées réduit la distance qui le sépare de Helmet. D'un geste vif et soudain, il arrache sa chemise, révélant son poitrail abondamment pileux à l'assemblée, avant de flanquer la chemise à un Helmet surpris qui accepte le présent.

        "Paquebot, pourriez vous s'il vous plaît me prêter votre manteau ? Helmet encourt une sévère pneumonie si nous le laissons dans cet état ! "

        Paque grommèle un coup et devant l'urgence de la situation se résigne à enlever son imper avant de le refiler à Helmet.

        "Puisque t'insistes Vidmal, mais ce mec là se tient loin de moi je te le dis. On a pas élevé les palourdes ensemble ! "

        S'ensuit une cavalcade fameuse où les révolutionnaires échangent un feu nourri avec leurs poursuivants, s'engageant contre tout attente en direction du repaire de Chapdeplomb vers les révos en faction qui pourront couvrir leur retraite.
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        J’étais torse-nu et il fallait avouer qu’il faisait vraiment frisquet. Le vent du nord qui régnait sur l’île avait l’avantage d’être sec, mais il était si frais que mes mamelons commençait à indiquer le grand large. J’étais en train de courir avec à mes côtés Paquebot et Carlos que nous avions soignés dans une infirmerie un peu plus tôt. A vrai dire il s’agissait de la même infirmerie que celle que j’avais indiqué au soldat, mais le veinard n’était plus là. C’était mieux ainsi à vrai dire car je voyais mal mes camarades le laisser libre, aussi inoffensif était-il.

        Il y avait également dans la bande un certain Helmet, un homme aussi impulsif et vaillant que la taille de son membre. À ses côtés, il y avait quelques révolutionnaires, mais c’est surtout le blondin qui me tapa dans l’œil. Il avait un truc différent des autres, comme s’il était aussi sauvage que le reste du groupe, mais qu’en même temps il savait faire preuve de maîtrise de soi. Ce blondin s’appelait Wade d’après un des membres de la cohorte qui tenta de lui parler tout en nous défendant, car oui nous étions attaqués par des marins. La course-poursuite qui venait de s’engager et d’autant plus sanglante que les membres de notre troupe tombait les uns après les autres tels de vulgaires dominos. Ici pas question de les sauver, car même si c’était mon souhait, il fallait avouer que je ne pouvais pas mettre en danger ma vie pour un combat perdu d’avance. Nous continuions donc en ignorant les corps qui tombaient même si cela me faisait peine au cœur. Nous empruntions une route qui me semblait familière, peut-être un peu trop même. D’ailleurs Poulpy ne manqua pas de me le faire signaler. Je réfléchissais un instant avant d’annoncer à Paquebot, Carlos, Wade et Kevan qui était à ma hauteur

        Vous savez mes amis kuf… kuf… J’ai une idée, mais faites-moi confiance.

        Ouer Bradstone ?
        lança un Wade dubitatif

        Comme vous le savez, j’ai quelques cordes à mon arc que j’ai envie d’utiliser afin de les semer et surtout vous mettre à l’abri… ATTENTION !

        Je me mis à pousser Carlos qui allait se prendre une balle. Le pauvre boita une minute à cause de moi avant de me remercier, car après tout je lui avais évité le pire. Je repris donc le fil de mon discours en ajoutant

        Donc que je le disais, j’ai plusieurs atouts dans ma manche, le petit, l’excuse et le 21 mais ce n’est pas ça qui nous intéresse… Ce qui nous intéresse…

        Putain Vidmal aboule, on est un peu pressé là.
        cria Paquebot

        C’est vrai mes excuses Monsieur P… Bon voilà le plan mes amis ! je pris une profonde inspiration avant de me lancer tout en continuant ma course On est bien d’accord que je suis le seul primé de l’île, qu’on me considère comme le responsable de tout ce foutoir ?

        Et ?
        répondit Wade

        Vous allez donc continuer tout droit, normalement vous devriez arriver aux souterrains dans une dizaine de minutes tout au plus… Pendant ce temps-là je tâcherais de faire diversion pour vous éviter les ennuis.

        T’es pas sérieux Vidmal, t’es galbé comme un javelot ils t’auront en moins de deux…
        s’exclama Paquebot

        Je ne suis pas d’accord avec Paquebot, mais on ne peut pas vous laisser aller au casse-pipe tout seul. ajouta Carlos qui venait de reprendre une allure normale

        Si Bradstone nous conseille ce plan c’est sans doute que l’on a pas d’autres choix. indiqua Wade

        Vraiment et les esclaves dans tout ça ? La liberté, le sang ? s’exclama Kevan

        Monsieur Helmet, vous prendrez avec vous tous ceux qui veulent se joindre à notre cause et vous prendrez la poudre d’escampette, quant à moi j’ai un devoir à accomplir.

        Mon plan ne semblait pas faire l’unanimité au sein du groupe qui se sépara au carrefour voisin, mais dans ma tête il sonnait comme la seule échappatoire pour ses gens. Si je n’avais pas pu réussir mon coup à Logue Town, j’étais comme persuadé que cela allait marcher ce coup si. La mort de celui qui se nommait en fait Sharp Jones me servit de leçon et me rendit encore plus humaniste que je ne pouvais l’être. À y penser, je me demandais parfois pourquoi j’avais rejoint le groupe des révolutionnaires plutôt qu’un autre. Quand je voyais que le groupe utilisait parfois la force majeure pour « rendre service au peuple », je me disais qu’au final la révolution ou la marine c’était un peu similaire. Enfin bon, ce n’était pas le tout mais je devais encore échapper au groupe qui me poursuivait. Les bougres semblaient avoir compris mon manège, si bien que le groupe se sépara en deux tiers pour moi et un tiers pour le groupuscule, enfin les gens qui pouvaient rester soit une poignée d’hommes et de Poulpy.

        Rends toi le terroriste !

        Me lancèrent les marins les uns après les autres, je les ignorais et je circulais dans les semblants de rues comme si je les connaissais depuis tout petit… C’est fou ce que l’instinct de survie pouvait faire faire aux gens. Je leur donnais confiance en laissant croire qu’ils avaient l’avantage, mais je pris la décision de grimper sur la façade d’un bâtiment en espérant pouvoir leur échapper. Le groupe se mit à tirer dans ma direction en loupant leur coup par chance ou par manque d’expérience. Je me rendis de plus en plus compte que Tequila Wolf regroupait l’ensemble des marins déchus que le gouvernement n’avait pas osé radier. Peut-être était-ce trop cher, ou tout simplement qu’un marin viré pourrait devenir révolutionnaire ou pirate… Quoi qu’il en soit cette scène me prouvais juste que j’avais raison sur un point : le gouvernement aime bien avoir la main mise sur le monde ainsi que ses menaces. Ce n’était pas pour rien que les hauts de ce monde s’arrangeaient avec les pirates les plus reconnus, ils voulaient juste maîtriser l’indomptable.

        J’étais donc en haut de ce qui ressemblait à un baraquement, un des dortoirs pour être plus précis. Car oui bagne oblige, les constructions se collaient et se ressemblaient comme dans les programmes de reconstruction massive, bien sûr ici ce n’était pas pour loger des gens dans le besoin, mais pour y loger les reclus de la société et autres personnes injustement punies par le GM. Je regardais autour de moi pour voir par où passer sous ce froid glacial à en faire frémir mon corps, mais d’un côté comme de l’autre je ne voyais rien… Ah si un bateau semblait être caché dans la crique au loin. Il s’agissait sûrement de ma porte de sortie et je me devais d’y parvenir indemne sinon quoi les révolutionnaires m’en voudraient sans doute à vie. Je pris ma canne dans la main droite avant de la fixer et de murmurer

        Monsieur Aucho, nous allons voir si votre entraînement a réellement porté ses fruits.

        Je pris un élan et me mis à courir sur les toits des baraquements sous les regards ébahis des marins. Si certains essayaient de me tirer dessus comme on pouvait viser un gibier dans une forêt, la plupart restèrent quelques secondes sans rien dire. Si, il y en avait bien qui s’exclama, mais il se fit reprendre directement par son chef

        Foutre dieu il est baléze !

        Fermez là soldat et shootez-moi le pigeon !


        Un pigeon… Diantre j’aurais préféré que l’on me prenne pour une colombe ou un aigle, un animal plus majestueux et non une créature que tout le monde pouvait haïr. Ma course sur les toits me permettait de me diriger doucement mais sûrement vers mon objectif quand tout d’un coup il n’y avait plus de baraquements. Je n’eus d’autre choix que de descendre, mais j’avais la chance d’avoir gagné quelques secondes grâce à ma course sur les toits. Cette course qui continua quelques instants jusqu’à tomber nez à nez avec une extrémité du pont. Il s’agissait du côté de la crique, une aubaine pour moi si j’arrivais à atteindre cette dernière, mais je devais encore me débarrasser des marins. Je regardai autour de moi, pris un grand souffle et me mis à sauter dans le vide…

        Il s’est vraiment suicidé ? lança un marin qui vit la scène



        Dernière édition par Richard Bradstone le Mar 21 Juil 2015 - 16:27, édité 1 fois

          Vous êtes sûr qu’on peut faire confiance à ce Bradstone ? ajouta un des révolutionnaires de la bande de Kevan

          Qui sait il nous a peut-être vendu à la marine… s’exclama un autre révolutionnaire

          Si toutes ces questions fusaient, c’était avant tout parce que pour ces gens-là, Richard Bradstone a seulement voulu assurer sa fuite au détriment de nombreuses vies. Mais penser ainsi était tout simplement erroné, car notre scientifique était du genre altruiste et non égoïste. Wade qui avait bien cerné le personnage rappela à l’ordre le révolutionnaire qui tenta de dire du mal d’une des figures de la révolution.  

          Mon frère, mes frères. Wade respira tandis que le groupe continuait d’avancer dans ce tunnel sans fin. Contrairement à ce que vous pensez, Monsieur Bradstone ne s’est pas enfuis, mais il a assuré notre porte de sortie...

          Hum…


          Vous l’ignorez peut-être, mais Monsieur Richard a un pouvoir utile pour échapper à la marine et c’est sûr cela qu’il a basé son plan.

          Ouer bon c’est pas tout ça, mais si vous voulez que le plan de Vidmal fonctionne bougez-vous le cul et plus vite que ça !
          ajouta Paquebot légèrement irrité

          C’est à ce moment qu’un bruit sourd se fit entendre derrière le groupe de révolutionnaires. Il s’agissait de marins qui étaient à la poursuite des hommes de Freeman. S’ils se rapprochaient de plus en plus, il était cependant impossible de calculer leur distance car la vision était limité dans cette zone. Le groupe se contenta de courir aussi vite qu’il le pouvait mais leur nombre était un désavantage dans un lieu aussi étroit que celui-là. Après de multiples minutes dans le noir le plus complet, une intersection fit son apparition dans le champ de vision des hommes de la révolution. Ils commencèrent à rouspéter sur la direction à suivre, mais au final tout le monde suivit Kevan pour on ne sait quelle raison. Avoué plus tard,  il s’avéra que l’homme ayant déféqué sur un marin avait pour plan de faire sauter le tunnel. Personne ne le savait, mais Mamie avait enseigné quelques rudiments de l’art de l’explosion à Kevan, si bien que ce dernier s’était amusé à poser quelques explosifs dans le tunnel au cas où.

          Le groupe passa donc l’intersection et décida de continuer tout droit, puis quelques dizaines de mètres plus loin, Kevan, Wade, Carlos et Paquebot se retournèrent, ce qui par réaction entraîna la même réaction chez les autres révolutionnaires. Wade qui se demandait ce que Kevan pouvait bien faire lui posa la question. L’homme se contenta de rigoler comme un fou, de sortir une télécommande puis de lancer à tout le groupe

          Mes frères, mes sœurs, nous sommes ici pour libérer nos semblables pris aux mains de la tyrannie de la Marine. Libérons-nous de nos chaînes et montrons à ce gouvernement de quoi le peuple est capable !

          Les cris se firent entendre dans tout le réseau, ce qui amena les marins à rejoindre l’intersection en question. Alors que les premiers traversèrent le point d’intérêt sans difficulté, Kevan tenta de faire dans la démesure avant de lancer

          Géronimooooooooooooooooo !

          Hein ?
          s’exprima Wade

          Une fois le bouton actionné, une grosse explosion se fit sentir. Les murs vibraient, le plafond tremblait tandis que ce qui était une interception ne devint qu’un tas de pierres des plus banals. Celui-ci emporta malheureusement avec lui trois corps de la marine qui n’eurent pas le temps d’esquiver.

          Woahhh bordel de merde ! cria Paquebot

          Bon sang Helmet, qui t’a appris ça ? s’étonna Wade

          D’après toi Wade ? ajouta un Kevan pas plus surpris que cela

          Tous ceux qui connaissaient un minimum Mamie savaient au combien elle pouvait être diabolique et surtout explosive. Depuis le début de l’opération, elle avait déjà fait exploser cinq bombes, entraînant des bouchons dans le réseau souterrain. Ce qui était pratique pour semer les marins se révélait plus gênant qu’autre chose au final, car les choix de routes diminuèrent au fur et à mesure du temps. Les quelques marins qui  avaient survécu à l’incident foncèrent vers le groupe en leur tirant dessus. Les corps des révolutionnaires tombèrent un à un, jusqu’au moment où Paquebot s’arrêta tout en lançant à ses camarades

          Les mecs allez-y, je vais les retenir…

          Le groupe s’exécuta sans rechigner tandis que Paquebot ramassa deux pierres au sol et les jeta en direction de la dizaine de marines qui arrivèrent. L’un d’eux se la prit en pleine tête tandis que la seconde toucha la jambe d’un deuxième membre. Le révolutionnaire prit une autre pierre sur son chemin et commença à foncer vers le groupe qui le poursuivait. Une fois devant ils commencèrent à se battre au corps-à-corps, mais à dix contre un Paquebot n’allait pas faire l’enfeu.

          Putain Vidmal j’espère que ça va marcher, sinon je te traquerais jusqu’en enfer !

          A mon top, vous l’empêcher de s’enfuir !
          ordonna le chef du groupe de la marine

          Quoi ?

          3…

          2…


          Paquebot serra la pierre qu’il avait entre les mains avant de la jeter dans la tête de son adversaire. Il n’eut pas le temps de compter jusqu’à zéro, mais le révolutionnaire n’en faisant qu’à sa tête, il provoqua les survivants qui étaient encore six.

          1 et 0 !

          Trois coups se firent entendre au loin, si bien que Wade et Kevan sentirent le mauvais coup. Ils donnèrent les rennes du groupe de révolutionnaires à Carlos pendant que les deux autres foncèrent en direction du coup de feu. Après quelques minutes de courses dans les dédales, les deux hommes virent six marins tirer un homme qui semblait en bien mauvaise posture. Kevan ne put s’empêcher de réagir comme il a l’habitude de le faire si bien qu’il arma sa lance et l’envoya directement dans la tête d’un des hommes qui trainait le corps. L’un des survivants repris directement le flambant et fit tout pour extraire le corps hors des tunnels quand il se fit tuer par Kevan aussi simplement qu’en tuant une mouche. Wade qui n’aimait pas le style de combat du révolutionnaire fou se contenta juste d’assommer ses proies, après tout pour lui chaque homme était libre et égal en droit. Après avoir neutralisé les six hommes, le duo attrapa le plus rapidement possible Paquebot et commença à avancer avec lui tout en constatant que ses jambes n’allaient pas si bien que ça. Les bougres de la marine avaient pris la précaution de lui casser les jambes et de tirer une balle dans chacune pour être sûr qu’il ne puisse plus s’enfuir. C’est donc avec difficulté que les trois hommes rejoignirent leur homologue à la sortie du tunnel.  Alors que la joie se fit sentir sur le visage des hommes et des femmes de la révolution, des marins les encerclèrent rapidement afin de leur tendre un piège. Leur responsable, un homme fort bien habillé et dans la force de l’âge était accompagné par une jeune blonde qui ressemblait à Chapdeplomb. Le plus âgé des deux s’avança vers la révolution armé de son pistolet et braqua son arme sur Carlos avant de lui dire

          Vous ! Vous tous êtes membres de la révolution mais heureusement pour moi aucun de vous n’est primé ce qui veut dire…

          La mort ! la mort ! la mort !
          répondit Chapdeplomb

          Doucement ma chère, le dernier sacrement tout de même…

          Vous avez des révolutionnaires, mais le terroriste cours toujours
          avoua un révolutionnaire

          Bradstone ? S’il survit à mon meilleur homme et aux renforts qui arrivent, je pense que vous pourriez le nommer chef de la révolution.

          Vous sous-estimez Monsieur Bradstone, il est plus agile et intelligent que vous ne le pensez  héhéhé.


          La scène ne semblait pas plaire à Poulpy qui prit son courage à deux mains et sauta sur le chef du groupe avant de lui cracher de l’encre en plein visage. L’homme prit à dépourvu hurla comme un sauvage avant de prendre le poulpe et de le jeter au loin. Il pointa son arme sur la pauvre créature encore à terre avant de fredonner quelque chose et de tirer

          * BANG ! *


            Cette plage de sable fin me tendait la main, mais malheureusement je n’étais pas encore en sécurité. Les gens du coin avaient dû avoir des informations sur mes capacités, si bien qu’ils se mirent tous à tirer sur la plage. Je tentais d’esquiver les tirs de canon, mais ses derniers étaient trop nombreux. Cependant, au bout de quelques minutes ces derniers se calmèrent pour laisser place à un homme deux fois plus imposant que moi, que ce soit par sa taille ou son poids. Le bougre pouvait me battre en deux minutes, et ce n’était pas son arme qui allait me calmer. Disposant d’un fusil aussi long que la poutre de la révolution, l’homme n’allait pas se laisser faire. L’épée qu’il transportait avec lui n’était pas là non plus pour me rassurer. En bon combattant qu’il est, le marin lâcha son fusil pour le corps-à-corps tandis que je sortais Videpoivre de son fourreau. Pourquoi ce nom ? Tout simplement parce que je le trouvais plus classieux que les noms de démons et autres créatures mythologiques. Une fois en position, j’attendis que mon adversaire fasse le premier pas pour attaquer, tel était le conseil de Peyn Aucho dans ce genre de situation. Le marin qui d’après le public s’appelait Serge tenta de me toucher avec sa lame, mais pour esquiver le tout, je me mis à danser la « marche-lune » ou moonwalk pour certains. Le résultat est que je reculais pendant que mon adversaire usait ses forces. La technique fonctionna pendant un court instant, plus précisément jusqu’au moment où il toucha ma lame. Je me rendis compte que cette danse n’était plus utile. Je repensais à l’entraînement de Peyn Aucho et à l’épreuve du bassin. Tout ici était question que de grâce, d’agilité et de précision. S’il y a bien une chose que j’avais apprise au cours des aventures, c’était que la force ne faisait pas tout.


            Serge s’énerva davantage et me fonça dessus en augmentant le rythme de ses coups. J’en esquivais certains, je frappais dans sa lame pour la dévier dans les autres cas, je me sentais en mauvaise posture. L’homme savait qu’il avait l’avantage, mais portant, il continua son enchaînement comme si de rien n’était. Je me pris au passage quelques éraflures, mais rien de bien méchant. Mais alors que je pensais que ça ne pouvait pas être pire, le marin se prépara pour un coup puissant. Je profitais donc de l’instant pour faire une roulade puis attaquer ses chevilles avec mon épée, ce qui aura pour incidence de diminuer l’équilibre de Serge en plus de le blesser. Mais rien de tout cela n’arriva, car si Serge avait bien été blessé, il me donna un gros coup de pied comme si de rien n’était et m’envoya dans le décor. Pendant que je me relevais difficilement, Serge se rapprocha dangereusement de moi. Je pris l’une des billes présentes dans ma poche avant de la fracasser au sol. De la fumée s’en dégagea, ce qui eut le don d’énerver mon adversaire encore plus que d’habitude. Je pris une autre bille qui me semblait elle collante pour la lancer dans le visage de mon adversaire. La colle eut pour effet de bloquer l’ouverture de ses yeux, ce qui le mit dans une forme digne d’un grand berserker.  L’homme frappait partout, tournant sur lui-même sans jamais s’arrêter. Tant bien que mal j’essayais de trouver le moment parfait pour le frapper, mais alors que je sentais ma lame entrer dans sa peau et ses muscles, Serge me toucha au niveau des pectoraux. Par chance la blessure n’était pas trop profonde si bien que je ne perdais pas trop de sang lors de ce combat.

            Serge semblait maintenant en difficulté et la tâche m’incombait de l’achever. Ce mot étant trop fort pour moi, j’allais faire en sorte de l’assommer juste comme il le faut. Je remis donc Videpoivre dans son fourreau afin de me battre avec ma canne. L’homme n’y voyant toujours pas, je pris donc le soin de l’assommer avec les dernières forces qui me restaient pour combattre. À présent hors de danger immédiat, je me mis à me diriger vers la crique qui se trouvait à l’autre bout de la plage. Les hommes sur le pont tentèrent de me tuer avec leur fusil, mais la précision n’était pas leur fort. La distance non plus ne devait pas jouer en leur avantage.  

            **
            *

            Quelques minutes plus tard, j’arrivais à proximité directe de l’entrée du tunnel, ce même tunnel par lequel j’avais commencé ma mission. Seulement, si à l’aller l’endroit était paisible, il était maintenant grouillé de monde. Il y avait des têtes que je reconnaissais et ce qui semblait être des marines, prêt à tout pour les tuer. Je me mis donc en chemin pour sauver mes camarades alors que ces derniers luttaient comme ils pouvaient. Ne me voyant pas venir, les soldats tombèrent un à un de façon plutôt discrète. Je prenais le soin de les assommer avec ma canne avant de les placer sur le bas-côté. Alors que je faisais mon petit bonhomme de chemin, je vis en retrait une demoiselle qui n’avait visiblement rien à faire ici. Je me faufilai discrètement derrière elle, avant de sortir Videpoivre de son fourreau et de placer la lame autour de son cou. Prise en otage, Chapdeplomb n’eut d’autre réflexe que de crier

            AHHHHHHHHHHH !

            Halte !
            ajouta le chef des marins avant d’ajouter Je vous préviens, si vous faites du mal à Chapdeplomb vous allez…. MAIS… MAIS… Tiens Tiens Tiens, si ce n’est pas le terroriste alors je rêve.

            Terroriste le mot est fort voyons, il s’agit juste d’un malentendu héhé
            . Ajoutai-je sûr de moi

            Touchez à un cheveu de Chapdeplomb et vous allez mourir.

            Ma foi, si vous voulez que l’on s’arrange je vous conseille de lâcher cet ange, sinon ça va mal finir.

            S’il vous plaît que l’on me vienne en aide !
            ajouta Amaury très stressé

            La marine ne s’arrange pas avec les terroristes, soldats feu à volonté sur Richard Bradstone, faites-en votre cible prioritaire.

            Si tel est votre choix… Mademoiselle, ces hommes n’hésiteront pas à vous tirer dessus, vous voulez survivre alors suivez-moi !

            LÂCHEZ-MOI BON SANG !
            rouspéta Chapdeplomb

            Alors que les canons étaient en position sur Richard, les révolutionnaires survivants attaquèrent bon nombre de leurs ennemies dans le dos, avec Kevan et Wade en tête de file. Paquebot gisait dans un coin tandis que Carlos trainait dans une mare de sang. J’imaginais déjà le pire, mais cela s’amplifia quand un de mes camarades m’annonça que le chef du groupe de marins s’en était pris à Poulpy. Les vaisseaux apparaissant dans mes yeux, je pris Videpoivre et m’avançai devant le chef du groupe. S’ensuivit un combat durant lequel j’étais visiblement en désavantage.

            Pendant ce temps-là, Kevan et Wade éliminèrent les soldats de la marine bien que cela devînt de plus en plus difficile. Ils aidèrent ensuite les révolutionnaires morts ou vivants et se rendirent compte que le corps de Carlos gesticulait. Ce n’était pas l’homme en question qui était vivant, mais quelque chose en dessous. Le duo déplaça le corps inerte du révolutionnaire dans un coin  alors que Chapdeplomb regardait la scène impuissante et à moitié en sanglots. Amaury ne semblait pas plus propre sur lui car il était enroulé en boule afin d’éviter tout contact avec le monde extérieur. En dessous de Carlos était présent un Poulpy plus énervé que jamais et prêt à tout pour réussir sa mission. Wade n’eut pas le temps d’attraper la bête qu’elle se mit à gesticuler vers l’adversaire de Richard. Une fois à sa portée, la créature sauta sur la cible avant de bloquer sa vision avec ses pattes mais le stratagème fût de courte durée car le marin attrapa la bête avant de la projeter au sol et de sortir son pistolet

            Foutue pieuvre, tu es vachement résistante mais tu vas mourir !

            Serge commença à appuyer sur la détente quand il sentit une lame dans son corps. Il se retourna vers moi avant lui donner un coup de poing qui rentra directement dans la bouche. Je lâchai ensuite deux capsules pimentées qui étaient coincées dans ma paume avant de forcer mon adversaire à les avaler en retenant sa respiration. Le pauvre n’eut d’autres choix que de le faire et il tomba instantanément dans les pommes.  Je me précipitai vers Poulpy afin de le poser sur mon épaule, puis je vis Capdeplomb pointer une arme sur moi.

            VOUS AVEZ TOUT DÉTRUIT ! MON ILE, MA PRISON… JE NE PEUX PAS VOUS LAISSER PARTIR !

            Je comprenais tout à fait sa situation. La pauvre petite n’avait plus rien à perdre, puisque la marine risquerait de la radier après ce fiasco flamboyant.

            Vous savez, nous n’avons fait que libérer de simples innocents ma chère.
            Ajoutai-je

            Vous pensez qu’ils sont là pour quoi ? Ce sont les criminels de la pire espèce !

            Impel Down est pour les criminels de la pire espèce ma chère, votre bagne est juste pour les prisonniers politiques et autres risques au gouvernement.


            Je pointai mon doigt vers Amaury qui semblait complètement perdu avant de rétorquer à Chapdeplomb

            Vous le voyez cet ange ? Vous allez me dire que cet homme a tué un dragon céleste ?

            Je ne fricote pas avec les terroristes, s’il est ici c’est qu’il y a une bonne raison.


            Mais alors que la discussion suivait plus ou moins son cours, Paquebot avait trouvé le moyen de se faufiler derrière Chapdeplomb malgré ses blessures. Il frappa les chevilles de la demoiselle vu qu’il s’agissait du seul point d’impact à sa hauteur. Il passa donc à l’action et la demoiselle s’éclata au sol en laissant filer une balle qui aurait pu être fatale. Les survivants n’eurent pas le temps d’apprécier leur « victoire » puisqu’il fallait encore se mettre à l’abri. Kevan et Wade se chargèrent de tenir Paquebot tandis que j’avançais doucement, non seulement pour les attendre et éviter sur le sang ne coule trop. Nous nous trainions donc sur cette plage qui me semblait sans fin. Ce qui m’interloquait était le fait de ne pas voir de marines, seuls des ombres au loin

            Des bateaux ? m’exclamai-je

            Exactement Monsieur Bradstone, cependant je n’en compte qu’un seul. Répondit Wade

            Es-tu sûr ?

            Pourquoi ?

            S’il n’y en a qu’un je vais pouvoir attaquer le navire.

            Vous êtes fou Bradstone, vous allez y aller un bras !

            Vous avez d’autres options Wade ? Visiblement non alors vous allez rester ici avec Poulpy pendant que je me charge de prendre ce bateau.

            Et pourquoi ne tout simplement pas l’attendre sur la plage ?
            ajouta Kevan

            Monsieur Helmet, votre idée saugrenue pourrait être intéressante dans d’autres occasions, mais ici le mieux est de profiter de l’effet de surprise, qui plus est quand ils pensent que je suis mort.

            Je mis Videpoivre dans son fourreau avant de commencer ma marche vers le bateau en question. Bien sûr la discrétion étant de mise, je ne devais en aucun cas attirer les regards de mes ennemis.  




            Techniques de Richard :

            Spoiler:


            Dernière édition par Richard Bradstone le Mar 21 Juil 2015 - 18:10, édité 1 fois


              Cela faisait bien un bon quart d’heure que je marchais de plus en plus difficilement sur cette eau salée. Un seul faux pas de ma part et l’on pouvait dire adieu à nos chances de survie, mais ce n’était pas le cas pour le moment. Lorsque j’atteignis enfin le côté du bateau qui semblait pouvoir accueillir une cinquantaine de personnes, je pris une longue respiration et commençai à marcher sur la paroi du bateau avant de me poser sur l’un des canons afin de surprendre des discussions intéressantes

              T’es au courant qu’apparemment ils vont faire sauter Chapdeplomb et peut-être le régiment entier de l’île.

              Pourquoi ?

              Des rumeurs disent que c’est ça seconde erreur sur le bagne, qu’elle s’est déjà faite avoir quelques semaines avant par un révolutionnaire… Il se trouve par hasard que l’un des révolutionnaires à la tête de son groupe est l’homme qui a attaqué Chapdeplomb il y a peu.

              Tu veux dire qu’il fait ça pour quoi ? L’emmerder ?

              Honnêtement j’en doute… Bien qu’elle ne soit pas mal, je pense qu’il reste un révolutionnaire et a fait ça pour libérer ses potes.

              Ouer je pense aussi, à ce qu’il parait le terroriste est même là, il a même piraté les radios de l’île en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

              Comment tu sais ça toi ?

              L’un de mes amis est sur le terrain, il me l’a dit au denden. Précisa-t-il avant d’ajouter  Par contre c’est bizarre, mais j’ai comme un mauvais pressentiment.

              Tu veux dire quoi par là.

              Bah tu sais le terroriste, il est quand même connu pour pouvoir marcher où il le souhaite.

              Tu penses à quoi exactement…

              S’il a bien ce pouvoir, qu’est-ce qui peut l’empêcher de venir ici ?

              La mer ? T’es bête ou quoi !


              Le débat s’éternisa encore et encore, mais ces bavardages furent interrompus lorsqu’un des membres de l’équipage vit au loin trois hommes sur la plage

              Révolutionnaires à midi, ils sont à environ 500 mètres de nous !

              Préparer les armes et feux à volonté.
              Ajouta le chef d’équipage

              Je montais sur le bateau quand j’atteignis finalement le pont. Tout le monde se retourna vers moi en criant à tout va avant de dégainer les armes et de me foncer dessus la tête la première. Par chance ce bateau qui ne pouvait accueillir qu’une cinquantaine de personnes comptait sur son pont qu’une vingtaine de marins. Visiblement la marine n’était pas du genre à se soucier de ce vieux morceau de cailloux gelé.  Non seulement il n’avait pas d’autres intérêts que le bagne, mais de plus le pont qui était en construction était en partie cassé par les événements du jour. Quoi qu’il en soit, les hommes qui se ruèrent vers moi tentèrent tant bien que mal de m’atteindre, mais malgré ma fatigue, je réussis à faire passer par-dessus bord un nombre non négligeable de marins. Le capitaine devait en avoir marre, puisqu’il fonça sur moi et entra sa lame dans mon ventre peu rempli. Alors qu’il voulait reprendre sa lame, je fis une marche arrière pour l’avoir avant de sortir Videpoivre de son fourreau et de la planter dans la tête du capitaine par pur réflexe. En temps normal je n’aurais pas agi comme cela, mais l’instinct de survie étant plus fort que le reste, je n’eus d’autres choix que d’agir. Mes forces se vidant de plus en plus, je retirai l’épée de mon ventre avant de tomber sur le pont comme un moins que rien. J’étais seul, regardant ce ciel obscur et espérant m’en sortir, mais j’avais comme l’impression que j’allais mourir. Mon regard se faisait de plus en plus trouble, puis je tombai dans les bras de Morphée après quelques minutes de lutte.


              **
              *

              Tu penses qu’il va y arriver Helmet ? demanda Wade à son camarade

              Honnêtement ? Je ne suis pas sûr qu’il y arrive

              Tain les mecs regardez ! cria Paquebot allongé dans le sable

              Vous pensez que Richard a réussi ?

              A en juger par les gens qui nagent derrière, je pense que Vidmal a réussi.

              Helmet reste avec Paquebot, je vais me charger de monter.


              Wade nagea quelques instants dans cette eau salée et gelée avant d’atteindre le bateau en question. Il commença par escalader la paroi en constatant que les armes avaient servies. Une fois en haut, le révolutionnaire vit deux corps traîner au sol. Le premier d’un inconnu avait une épée plantée dans le crâne. Le second, plus âgé, était là avec une arme posée à ses côtés. Il s’agissait de Richard qui venait de s’endormir. Wade s’empressa de voir l’état de santé du terroriste avant de le stabiliser et d’indiquer aux autres que c’était bon.  

              Bradstone l’a fait les mecs, on peut se barrer d’ici !

              Wade venait de crier cette information comme s’il s’agissait d’une victoire décisive. Il se mit en tête de stabiliser le bateau tout en tirant sur les quelques ennemies qui nageaient encore dans l’eau. Le révolutionnaire attendit ses collègues Helmet et Paquebot qui se firent par une bande de révolutionnaires et d’esclaves qui couraient en direction du bateau. Les deux hommes montèrent sur la chaloupe, puis d’autres commencèrent à les rejoindre quand les marines sur la plage dégainèrent leurs armes sur tous les survivants. Tel des esclaves s’enfuyant de leurs exploitations, ses hommes et ses femmes de tous horizons gesticulaient dans tous les sens en espérant atteindre leur salut. Seulement, une grande partie d’entre eux fut neutralisés. Leur technique consistait à tirer dans les deux jambes avant de les attacher. Bien qu’efficace, cette technique nécessite de nombreuses balles et de nombreux soins. Si Richard avait été encore parmi les vivants, il aurait sans doute voulu sauver les gens sur la plage. Cependant, il en a été décidé autrement puisque la vingtaine de personnes ayant réussi à monter sur le bateau déclarèrent qu’il était temps de mettre les voiles, parmis lesquels Kevan Helmet, Paquebot, Wade, Poulpy et Amaury de Danemark Le bateau voguant vers l’horizon laissa peu à peu cette image de sang sur le sable et la neige partir, au grand dam de certains et au bonheur d’autres.