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Last Camp of the Convicted

J’ai mal, je délire, je ne discerne que des ombres, quelques fois auréolées par les lumières qui semblent naitre des lampadaires. Je ne sais plus où je suis, quelque part dans une ruelle qui pue la mort, au sens propre. L’odeur m’attaque les narines et la douleur me déchire l’esprit. J’entends des bruits de course sur les pavés, beaucoup trop proches. Je tente de courir, échec lamentable, je ne parviens qu’à trébucher tous les trois pas, m’appuyant sur le sol de ma main valide pour me rééquilibrer. Je dois vraiment avoir piètre allure, aucun n’échappatoire ne me venait à l’esprit, cela faisait maintenant une bonne heure que ces maudits marines me pourchassaient. J’étais une proie beaucoup trop facile, je laissais derrière moi des traînées entière de sang, ces engeances du démon jouaient avec moi, m’épuisaient jusqu’à ce que je m’effondre, à fuir de cette manière je n’étais qu’une distraction… Pitoyable, voila ce que j’étais...

Cela ne continuerait pas ainsi, arrivé à un cul de sac je m’adosse au un mur pour reprendre mon souffle, l’excès d’oxygène me brule les poumons meurtris et me fait tourner la tête.  Je respire par petites bouffées, forçant mon rythme cardiaque à se calmer et à ma vision de s’éclaircir. Je ne veux pas continuer à fuir ainsi et ne le peut en aucun cas. Mes jambes sont lourdes et tremblent sous mon poids. Il fait chaud dans cette sombre ruelle et la sueur empêche mes blessures de sécher. Les bruits de pas se rapprochent, cela tombe bien, je ne peux rester encore longtemps éveillé. Il me reste juste assez d’énergie pour leur montrer pourquoi je suis à craindre. Le spectacle serait sanglant et cela valait bien toute la douleur et l'attente du monde.

Je reviens au présent et me concentre, en face de moi se trouve la seule entrée et issue, je suis pris au piège mais ces quelques secondes de répit furent suffisantes et me rendirent juste assez de force pour que je puisse leur faire face la tête haute. L’image que je dois renvoyer est celle d’une bête cauchemardesque, les vêtements en lambeaux et le visage recouvert de sang  doivent me transformer en un être surnaturel. Tapis ainsi dans la pénombre avec comme seul éclairage un lampadaire défectueux s’allumant par intermittence. Ils débouchèrent dans la rue, nombreux, trop nombreux pour que j’ai une chance de m’en sortir. Cependant les hoquets de surprise et les signes en forme de croix pour se protéger du diable lorsqu’ils m’aperçurent me firent sourire. Cette pitoyable vision me redonna une étincelle de force et ce fut presque deux cents kilos de muscles qui fondirent sur la troupe. Une Dizaine de mètres en quelques secondes, la plupart des soldats n’eurent pas le temps de réagir. Mon corps les percutant de plein fouet eu l’effet une boule de bowling effectuant un Strike contre des quilles en plastique. Je sentis avec grande satisfaction nombre d’os se broyer sur mon passage mais malheureusement ce n’était pas suffisant. La plus grande partie se relevèrent et me fondirent déçu, le visage haineux, un rictus vengeur aux lèvres, ils prirent grand plaisir à la tache. Je m’écroulai lamentablement sous leur coup dans un râle interminable d’agoni, sans que m’échappe cependant une dernière vision des plus réconfortantes. Celle d'un bon tiers d'entre eux gisant immobiles sur les pavés, semblables à de misérables pantins désarticulés.

Pour mon plus grand malheur je parvins à entendre quelques mots, une seule phrase qui me glaça le sang avant que je ne sombre dans une inconscience accueillante et méritée.

- Emmenez-le au Ponton, j’en connais un paquet qu seront ravi de s’amuser avec lui.

Son rire me suivit dans le royaume des rêves et jusque dans ma cellule.
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Le trajet fut chaotique et je ne repris pas une fois connaissance, pas faute d’avoir  essayé, mais chaque fois que je faisais mine de bouger un membre douloureux ou d’entrouvrir un œil je me prenais une botte pleine de boue et de merde dans la tronche, ce qui me renvoyait illico au pays des licornes.

Le réveil fut encore pire, l’impression de se faire planter la cervelle par des milliers d’aiguilles rouillées est surement la sensation qui se rapproche le plus de mon état. Sans parler de mon corps que je parvenais à peine à bouger. C’est en ouvrant les yeux que je découvris dans quel merdier je me trouvais, mon esprit lui, comme refusant de voir la réalité, préféra se concentrer sur les bandages, bien que sales et douteux, qui recouvraient mes blessures. Quelqu’un m’avait soigné et vu leur état, cela faisait un bout de temps que je les avais sur moi. Continuant de refuser inconsciemment d’étudier les alentours je parviens à me redresser, effort qui me laisse à bout de souffle et avec une de ses migraines à vous donner envie de s’éclater le crâne contre un mur pour calmer la douleur. Plusieurs questions existentielles et importantes viennent tambouriner aux portes de mon esprit que je renfloue immédiatement, pas question de réfléchir à quoi que soit qui n’est pas vital.

Je sentais mon corps en pleine guérison, en convalescence, et la plupart de mes coupures superficielles avaient déjà commencé à se refermer. Un bruit sourd et de protestation se fit entendre dans la pièce, mon ventre me faisait comprendre que je n’avais rien avalé depuis trop longtemps. D’où ce sentiment de faiblesse permanent, de fourmillement dans les jambes et de nausée désagréable. Comme si ce bruit venait de réveiller ma curiosité en plus de mon appétit, je jetai finalement un rapide coup d’œil sur l’endroit où je me trouvais.

Les rayons d’un soleil naissant filtraient à travers de lourdes planches de bois et donnaient à la pièce un air beaucoup trop chaleureux pour être réel. Je me trouvais sur un matelas en paille, des armes et ustensiles de toutes sortes étaient accrochées par des clous a même le bois, une bassine d’eau plus ou moins claire se trouvait à coter de moi et des vêtements humides pendaient sur un fil à travers la petite pièce. À quelques mètres, assis sur un tabouret en train d’éplucher ce qui ressemble à des patates, un homme blond d’une vingtaine d’années me souriait de toutes ses dents, trop grandes pour que son faciès soit rassurant.

- Bienvenu a bord du Ponton ! Moi c’est Yatsu !

Je ne sais pas trop quoi répondre. Toute la scène me semble un peu trop sereine à mon gout, j’étais censé me retrouver au trou, et rien de ce que je voyais ne s’apparentait à ma définition d’une prison, puis je me souvins que celle de Las Camp était un vieux galion échoué et surveillé de près, à la réputation d’être inviolable. Dans un soupir je lui sors la première chose qui me vient à l’esprit.

- C’est toi qui m’as soigné ?

- Non, c’est Andrew, puis il t’a amené ici et m’a demandé de te surveiller jusqu’à ton réveil. Y’a pas mal de personnes qui veulent ta peau, je suis supposé t’empêcher d’aggraver les choses. Parce qu’à mon avis tu n’as pas besoin d’aide pour te défendre. Puis y’a un colosse devant la porte juste au cas où...


- Hein ?

Dans quel bordel je venais d’atterrir ? Je ne connaissais aucun Andrew ni personne et ne comprenait pas pourquoi des personnes que je ne connaissais pas cherchaient déjà à me liquider. Bordel je venais à peine d'arrivé dans ce trou à rats ! M'obligeant à me calmer et à gérer chaque chose en son temps, je me mis à lorgner d'un œil avide le repas que le dénommé Yatsu préparait tranquillement. Oui, je me calme rapidement et oui mes préoccupations changent comme certain changent de chemises, ma foi, il n'y avait rien que je puisse faire pour le moment. Si ce n’était recouvrir mes forces et tenter d'en savoir plus sur ce monde de ténèbres que je venais de rejoindre contre mon grès...

- Pourquoi me voudrait-on déjà du mal ? J'ai cogné la tronche d'une personne qu'il fallait pas pendant que j’étais inconscient ?

L'homme à l'allure plutôt sympathique laissa échapper un petit rire, un peu trop nerveux pour être complètement sincère, quelque chose se cachait derrière ce sourire, une sorte de sombre inquiétude, un malaise qu'il ne parvenait à dissimuler et que je sentais, aussi facilement que l'odeur de patates cuites s’échappant du plat en face de moi. Je le mis cependant du coté des gentils, je suis un assez bon juge de caractère et cet homme ne cherchait pas à me tromper, puis la bouffe qu'il me préparait le placer directement dans le camp des personnes dignes d’intérêts. Comme pour souligner mes pensées, il me tendit une assiette et repris son récit.

- Ton arrivée à brisée l'équilibre des forces sur le Ponton, il y a trois camps distincts ici, les indécis, comme moi, dragnar et Andrew qui n'appartiennent à aucun groupe, nous sommes suffisamment peu nombreux et trop utile pour qu'on s'attaque à nous. Le problème vient des deux autres camps. Le gang des hommes-poissons, radical et cruel et celui de Malzette, fourbe et imprévisible. Ils mènent une guerre acharnée sur le contrôle de la prison depuis des mois, l’arrivée d'un acteur de ton envergure ne plait à aucun des deux gangs.

Il prit une bouchée de patates bouillies et continua à parler, remuant sa fourchette dans les airs comme pour donner du poids à ses propos. Moi je mangeais, pas vraiment inquiet et plus intéressé qu'autre chose. Qu'est ce que ça fait plaisir d’être le centre de l'attention ! J'en avais des frissons d'excitation, mais mêlés avec un soupçon d'incertitude pour dire la vérité.

- Le bordel que t'as foutu en ville est arrivée jusqu'à nous, les cadavres que t'as laissé sur ton passage ont rendu les gardes comme les prisonniers nerveux. Et aucun des deux gangs ne veut prendre le risque de te voir rejoindre le camp ennemi. Une vendetta à été lancée contre toi, tu ne dois ta survie que grâce à la notoriété d'Andrew, mais les choses commencent à empirer depuis quelques jours.  

- Attends, ça fait combien de temps que je suis la ?!

-Tu es resté inconscient une semaine entière. Les choses dégénèrent et il aurait peut être mieux fallu pour tout le monde que tu restes mort...



Dernière édition par Olek le Sam 7 Fév 2015 - 11:46, édité 1 fois
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Ma vie ne tenait donc plus qu’à un fil.  Un fil appelé Andrew, pourquoi cet homme m’avait-il sauvé ? Qui était ’il ? Qu’attendait-il de moi ? Je me posais ces questions alors que nous étions en route vers sa cabine, préférant réfléchir au merdier dans lequel je m’étais fourré plutôt que de faire attention aux regards meurtriers et insultes qui fusaient sur mon passage à travers les soutes du Ponton. Pourquoi étais-je donc si calme ? Simplement parce que j’avais le ventre plein, et j’ai toujours détesté me battre le ventre plein, puis il parait que c’est mauvais pour la santé… La seule manière de répondre le plus pacifiquement à ces élans de haine fut, pour mon plus grand plaisir, d’afficher un large sourire, lourd, très lourd en sous-entendu, une promesse muette  impliquant que je reviendrais m’occuper de chacun de ces zigotos un peu plus tard. Oui, j’ai une très bonne mémoire visuel, et ce au grand dam de mes ennemis…

Le colosse anonyme et Yatsu m’accompagnaient, deux bons gars à première vue et ils ne travaillaient pas pour Andrew, ils lui rendaient simplement service, il semblerait que mon sauveur soit le seul médecin à bord. Pour toute personne voulant prolonger sa vie dans cet enfer, avoir les bonnes grâces du seul docteur dans les parages était déjà un très bon début.

Il fallut une centaine de regards à donner des frissons, autant d’insultes et une quinzaine de crachats qui testèrent de beaucoup trop près les limites de ma patiente comme les semelles de mes chaussures, pour arriver à la demeure d’Andrew. Demeure était un grand mot, il ‘s’agissait d’une petite pièce similaire à celle dans laquelle je m’étais réveillé, à la différence que celle-ci était envahie par une douce fumée, une sorte d’encens flottant et oscillant dans l’air. Mes muscles et mon esprit se détendirent en quelques secondes. Une alarme sonna dans mon esprit, il s’agissait d’une puissante drogue que je ne connaissais pas, prudence étant mère de sureté, j’éteignis l’alarme et inhala à plein poumons. Ma mère était une catin de la pire espèce et je la préférais encore à la prudence…

- Je vois que tu apprécies les bonnes choses, Olek…

L’homme qui venait de parler était assis en tailleur sur un tapis beaucoup trop luxueux pour l’endroit délabré, il portait une de ces tenues de cérémonie des gens de l’est, blanche immaculée et d’un tissu qui devait couter jusqu’à la moelle des os. Il tenait une longue pipe d’une main par ou s’échapper cette fumée si entêtante. Il était magnifique, s’il n’avait pas parlé j’aurais été persuadé qu’il s’agissait d’une femme, mon alarme interne se ralluma, je devais me méfier de cet homme contre nature. Son sourire était trop accueillant, son charme trop bienveillant et ses yeux beaucoup trop compréhensif.

C’était donc lui derrière toute cette histoire, pas le moins du monde déçu, je ris et m’assied en face de lui. Il me tend sa pipe que j’accepte volontiers. Je fais trois mètres de haut pour un quart de tonne, il fallait des kilos entiers de drogue pour me tomber.

- Alors dis-moi, que comptes-tu faire maintenant ?

Un  manipulateur dans l’âme lui, il attendait quelque chose et comptait sur moi pour le réaliser, ça je l’avais compris. Même si je ne suis pas le plus intelligent, je ne suis pas le plus con non plus. La difficulté serait maintenant de savoir de quoi il s’agit. Etant un homme subtil et des plus diplomates je lui lance un :

- Que me veux-tu ?

- J’aime ta franchise donc je vais te répondre de la même manière, je vois en toi le moyen d’unir cette prison. L’on peut accomplir de grandes choses toi et moi. J’ai un plan, qui se mettra en motion dans quelques jours. Tu as juste à te faire discret jusque-là, ne va pas te faire tuer.

Je ris aux éclats, je me sens vraiment bien puis le discours du beau gosse est hilarant, de mon point de vue en tout cas. Ce mec que je ne connais ni d’Adam ni d’Ève se mettait à me donner des ordres et me demander à moi de faire profil bas. Il semblerait que le docteur ne s’était pas assez renseigné sur mon compte. M'enfin je décide de jouer le jeu parce que quoi que ce troufion est prévu, ce ne pouvait etre pire que la situation dans laquelle je me trouvais déjà !

Parfois, il vaut mieux fermer sa gueule...



Dernière édition par Olek le Sam 7 Fév 2015 - 11:47, édité 1 fois
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Alors qu’Olek sortait de la cabine Andrew jubilait intérieurement. Cet abruti serait parfait pour le job. Le premier fils était un homme d’ambition et il ne pouvait rester plus longtemps à croupir dans cette prison. Cela serait une tâche impossible à effacer sur son cursus et son futur autrefois si prometteur, mais rien n’était perdu, il pouvait encore se refaire, se relever et recréer un empire digne de ce nom. Pour cela il devait sortir de ce trou mais pas en tant que leader de la révolte, non, Andrew devait se faire discret et oublié par la marine et le gouvernement. La seule solution était tirer les ficelles dans l’ombre et attirer l’attention sur des boucs émissaires. Pendant que lui disparaitrait, s’évanouirait dans les airs comme la fumée dissipait par le vent. Il recommencerait de zéro sur une ile éloignée, East Blue semblait un choix convenable, personne n’avait entendu parler de lui là-bas…

Le plan était simple, créer l’anarchie dans la prison et faire en sorte que la Marine soit obligée d’intervenir, il fallait détruire cet endroit pour que les prisonniers survivants soient rapatriés ailleurs,  des complices à l’extérieur se tiendraient prêt à intercepter le convoi et faire sortir le premier fils de cet enfer. Il avait également quelques marines corrompus sous la main qu’il soudoyait par des drogues et promesses de fortune. Une petite dizaine, ce qui était suffisant pour faire la liaison avec le monde extérieur se tenir au courant de tout.

Le Premier Fils était aux yeux de tous, la force tranquille, le juge, la partie impartiale de la prison sur qui l’on pouvait compter pour obtenir des informations ou des produits de toutes sortes. Il travaillait depuis des mois à se forger cette image, ce ramassis d’ignares qui peuplaient les geôles avait une confiance et un respect aveugle en lui… A tel point que personne ne s’en doutait mais c’est lui qui était à l’origine de la forte empathie entre les hommes-poissons et le clan de Malzette. Et la phase finale de son plan était arrivée,  encore quelques rouages à huilées et ce serait une guerre intestine qui apporterait l’anéantissement de la prison.  Andrew pouvait déjà sentir l’air frais de la liberté.
Les pièces de l’échiquier étaient en place, ne manquait plus qu’un tout petit détail. L’homme affichait son plus beau sourire tout en écrivant une missive à l’attention de chacun des deux gangs.


« Olek a rejoint le clan adverse, l’équilibre n’est plus, frappez avant qu’il ne soit trop tard. AK »


Juste un petit coup de pouce pour que le bain de sang commence enfin. Le message fut distribué à son homme de main qui avait pour ordre de le transmettre dans la soirée. Andrew s’avachit sur ses coussins et ralluma sa pipe, savourant déjà sa victoire.

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Olek quant à lui décida d’aller faire un tour sur le pont, la fumée lui avait légèrement embrumé l’esprit et il sentait comme une envie pressante et insoutenable de respirer l’air marin, vierge de toutes odeurs de fientes ou de pourritures. Ce fut donc malgré les protestations de ces deux « gardes du corps » qu’il prit la direction des escaliers. Durant le trajet il eut une longue discussion avec ses nourrices personnelles, tous deux très habiles dans leur manipulation pour l’empêcher de faire attention à ce qui l’entourait, plus précisément un entourage de criminels prêt à sauter sur la moindre occasion pour faire couler le sang. L’esprit détendu par la drogue et occupé par des  histoires passionnantes, c’est ainsi qu’ils atteignirent sans encombre la surface.

L’inquiétude bien dissimulée que ressentait les deux accompagnateurs dus à l’absence anormale de personnel dans les soutes fut confirmée lorsqu’ils débouchèrent à l’air libre. Le pont était plein à craquer, une grosse centaine de prisonniers se tenaient attroupés devant ce qui semblait être une joute, un combat amicale sur l'estrade avant, surplombant les prisonniers et protégé par une rangée de gardes. Tout autour et parmi la masse, des marines armées jusqu’aux dents surveillaient d’un œil alerte cette populace de dégénérés. Un divertissement bienvenu qui attisa la curiosité d’Olek, pour le meilleur comme pour le pire…

Le golgoth qu’il était n’eut pas à  forcer le passage, les misérables s’écartaient comme des cafards ayant peur de se faire écraser. D’autres cependant se déplaçaient simplement sur le côté, tirant à moitié de leur étui des lames encore dissimulées quelques secondes auparavant, prêt à lui sauter à la gorge. La présence des gardes de la Marine était un des facteurs qui les empêchaient surement de passer à l’action. Mais Olek n’y prêtait aucune attention, plus il s’approchait de l'avant du pont et plus son humeur s’assombrissait, ce qu’il avait pensé être un entrainement ou une petite querelle sans importance se trouvait être quelque chose de beaucoup plus morbide et détestable. Il s’arrêta au premier au rang et observa la scène, ses poings se serrèrent à en blanchir les phalanges mais plus personne ne faisait attention à lui. L’intégralité des regards étaient portés en l'air sur ce qui semblait être un spectacle jouissif pour la plupart d’entre eux.

Un homme poisson se trouvait au centre, enchaîné à une poutre,  il était encerclé par une vingtaine de marines d’élites qui faisait office de barrière entre la victime et les autres hommes poissons entassés dans un recoin du ponton. Dont les  faciès étaient tordus en rictus de haine envers l’injustice que subissait leur camarade. Un onzième marine assenait des coups de fouet lesté sur le dos déjà en lambeaux du prisonnier. Celui-ci était inconscient et sous son corps inerte se trouvait une mare de sang. Le costume à  l’origine blanc du geôlier était d’un rouge écarlate mais le plus surprenant était son visage qui ne témoignait aucun sentiment.  Ni joie, ni dégout, il s’agissait d’un professionnel, un vétéran qui exécutait machinalement les ordres, comme tous les autres marines à bord.

Olek le comprit rapidement, la scène qui se déroulait devant lui n’avait rien d’un châtiment personnel ou de violence gratuite et sadique. Non, c’était un exemple, une punition, une peine surement inscrite à l’encre noire sur l’un des manuels du gouvernement sur la conduite à tenir en cas de troubles. Le manquement au règlement semblait être lourdement puni sur le Ponton et l’homme-poisson maintenant aux portes de la mort avait sans doute mérité son sort.

Ce qui poussa Olek à agir était inexplicable, ou la trop grande quantité de raisons rendait son acte tellement évident que ça en devenait incompréhensible. Les rires de ces humains à l’âme corrompue lui avaient-ils fait perdre la tête ? Quoi qu’il en soit lui-même ne savait et ne saurait jamais vraiment pourquoi il avait agi de la sorte….


Personne ne s’attendait à voir un humain venir en aide à un homme-poisson, que cela soit dans le monde libre ou dans une prison pittoresque comme celle-ci. Ce qui donna à Olek l’effet de surprise et ces quelques secondes si importantes dont il avait besoin pour agir. D’un puissant saut il atterrit une dizaine de mètres plus loin et plus haut, au centre du spectacle, faisant trembler les poutres tout autour de lui. Dans le même mouvement son poing se rabattit verticalement sur le crane du marine tenant le fouet, sa tête explosa semblable à une pastèque trop mûre. Le bruit fut écœurant et pendant plusieurs secondes le temps semblait s’être arrêté, pas un bruit n’était audible si ce n’était les gouttes de sang sur le poing d’Olek tombant sur le sol.

Splotch, splotch, splotch…

Puis ce fut l’anarchie.

Autant pour la discrétion…


Dernière édition par Olek le Sam 7 Fév 2015 - 11:52, édité 1 fois
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Olek se trouvait au milieu carnage, guerrier sanguinaire, il n’avait aucune grâce et n’était pas des plus efficaces, mais surement de loin le plus effrayant. Il riait tel un dément, frappant à droite et à gauche que cela soit pirate ou marine, tous méritaient son courroux chaleureux, sa violence bienveillante qui vous envoyait derechef vers l’au-delà. Il était en sang, une bonne partie était le sien cependant, ses vieilles blessures se rouvrant et de nouvelles apparaissant, il faiblissait mais ne le remarquait pas ou plus précisément s’en tamponnait la noix.

C’est dans ces moments au plus proche de la mort qu’il se sentait vraiment vivre, quel paradoxe, sa vie pouvait se terminer en quelques secondes, la  moindre erreur pourrait être fatale et pourtant il n’y avait rien de plus exaltant que ce sentiment d’enlacer la faucheuse dans un ballet mortel. Une véritable dance macabre, un banquet funéraire avec comme convives les âmes des morts et comme nourriture violence et douleur.

Le ponton entier semblait être un portail ouvrant sur une scène des enfers, des prisonniers arrachaient les membres d’un marine encore vivant, d’autres s’entretuaient sans même se rendre compte qu’ils essuyaient les tirs nourris d’un assaut de la marine, eux-mêmes s’apprêtant à recevoir des bidons d’alcool enflammés dans la tronche. Les hommes poissons quant à eux tuaient quiconque s’approchaient de leur camarade à terre, formant un petit ilot de compassion humaine, autre paradoxe alors que les seuls êtres humains présent étaient tous en train de s’entretuer.



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A travers tout ce bordel cauchemardesque personne ne remarqua l’homme connu sous le nom d’Andrew Kétamine, entrain de murmurer quelques mots à l’oreille d’un marine tenant un Den Den mushi, comme si ce qui se déroulait en face de lui ne l’affectait ni ne le surprenait le moins du monde. Et effectivement, tout se déroulait selon son plan, à quelques détails près, ce satané Olek avait été à deux doigts de tout foutre en l’air. Heureusement que la situation avaient tournée à son avantage et qu’il avait pris les précautions nécessaires en hâtant les préparatifs.  Et par précautions Andrew ne pensait à rien d’autres qu’aux bidons d’essence fournis aux prisonniers pour mettre le bateau à feu et à sang, transportés à bord en petite quantité depuis des semaines dans la plus grande discrétion, possible grâce aux mains bien graissées de quelques marines cupides et naïfs.

D’ici quelques minutes le croiseur de la marine serait là, averti par Den Den il devait déjà être en route pour mater la rébellion et expatrier vers la terre les quelques survivants. Il s’agissait d’une procédure standard, ils ne pouvaient se permettre de laisser cramer des centaines de prisonniers sans au moins faire mine d’en sauver quelques-uns  et Andrew s’était assuré qu’il ferait parti des heureux élus. Il s’éloigna du carnage et posa une main sur le vieux bois du bastingage, fixant avec impatience les flots et l’arrivée imminente du croiseur.


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Le feu englobait maintenant la plus grande partie du ponton et s’attaquait aux étages inférieurs, mais personne n’en avait cure, la plupart étant trop occupés à essayer de sauver leur peau des coups d’épées et tirs de mousquets. Olek quant à lui était au centre de la fournaise, chaos de sang et de flammes, il tenait dans chacune de ses mains un pirate et un marine, utilisant ces corps devenus inertes, morceaux de chair sanguinolente, comme massues pour écraser et défoncer ses adversaires. Des flammes lui léchaient les jambes et roussissaient ses cheveux, une odeur de cochon grillé se faisait de plus en plus insistance et ce jusqu’à en devenir insupportable. Avoir l’eau à la bouche et le ventre qui grogne en réponse à des cadavres qui brûlent tapait  même sur le moral des hommes les plus coriaces.

Ce fut donc avec un soulagement non feint qu’il aperçut un navire de la marine amarrer non loin, qui prenait bien soin de ne pas laisser les flammes sur le ponton attaquer leur propre bâtiment. Des barques étaient mises à l’eau et des dizaines de prisonniers sautaient déjà à la mer pour les rejoindre, sans s’imaginer que bon nombre serait abandonné sur place par manque de place dans les petites geôles et soutes d’un croiseur.  Olek ne s’en doutait pas non plus, mais sa puissante carrure, sa taille et la force de ses jambes lui permettait d’atteindre le pont sans passer par la mer, un saut périlleux, mais réalisable.

Il usa de ses dernières forces pour s’élancer tel un forcené sur le Ponton en proie aux flammes, il prit appui sur le bastingage d’un pied puissant, le bois craqua sous son poids mais il parvint à se jeter dans les airs. Pendant ce qui sembla être une éternité il moulina des pieds et des bras comme pour tenter de contrôler sa chute. Veine tentative, il s’écrasa, plus dévastateur qu'un boulet de canon sur le pont du croiseur, brisant les planches et atterrissant deux étages plus bas, complètement inconscient suite à la puissance du choc.
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- Je comprends même pas pourquoi on les garde en vie !


Enchainé, Olek était enchaîné. A genoux et les bras en croix, il sortait de son inconscience petit à petit et une douleur se diffusait dans l’intégralité de son corps prenant en ampleur avec son réveil.  Un mal qui devenait un peu trop commun depuis quelques jours, à tel point qu’il commençait même à s’y habituer. L’homme à la voix de soprano et exécrable qui avait sorti Olek de sa torpeur était un être minuscule et laid transpirant de sournoiserie, d’une laideur qui donne envie de boire du lait et de le revomir pour le ravaler. A ses cotés se tenait son parfait opposite, grand et beau, l’allure princière et parfumé de bonté, le vrai petit officier modèle de cette marine de merde. Le trio était dans les soutes du croiseur en direction de las camp, les deux marines étaient chargés de surveiller Olek, l’un des seuls survivants du brasier qui avait emporté les trois quarts du Ponton.

La réparation de la prison nécessiterait plusieurs mois, et l’on rapatriait à présent les rescapés vers l’ile et les cachots de la ville. Dans d’autres cellules du croiseur se trouvaient des ombres supplémentaires mais Olek ne parvenait à les discerner correctement, de simples petits détails qui lui apprirent que le dénommé Andrew était à  bord, mais lui avait au moins eu le droit à une chaise et n’était pas enchainé. Plutôt injuste comme traitement de faveur mais il fallait avouer que le bonhomme n’avait pas défoncé une partie du navire de la marine en s’écrasant lui...

A genoux dans ces geôles et tout le temps du monde à tuer, Olek eut une pensée pour le gang des hommes poissons, que leur étaient-ils arrivés ? Certains d’entre se battaient comme des démons, ceux-là au moins avaient du réussir à s’en sortir. Savoir que tant de monde était mort par sa faute ne le chagrinait pas vraiment et il ne regrettait aucunement d’avoir agis. Les conséquences n’avaient pas été de son ressort et il n’avait rien à se reprocher. Le code de Druss était ainsi, une partie des valeurs et morales qu’il suivait depuis sa plus tendre enfance, les hommes meurent au combat, ainsi allait la vie, Olek n’était pas responsable pour leur trépas, leur propre faiblesse les avait tuée aussi surement que les flammes du ponton. L’implication du jeune homme n’était qu’un facteur secondaire et non pas décisif...


- Parce que Matheson n’est pas surnommé « Le Bon » pour rien, s’il peut épargner quelques âmes, même damnées, après le massacre qu’il y a eu, alors il le fera….

Olek complètement ignorant du sort qui l'attendait, sorti de sa torpeur en entendant ces mots, ainsi il n’était pas directement en route pour son exécution, son futur bien que sombre existait encore, quelque part. Il ria intérieurement, tant qu’il respirait il y avait un espoir de ce sortir de ce bourbier !

- Pour les autres pt ‘être, mais pour cte pirate la, ‘parait que c’est le responsable, mes avis que c’est le peloton d’exécution ! Sissi voudra sa peau !

L’optimisme d’Olek disparu aussi rapidement qu’il était arrivé.  Qu’avait-il fait pour mériter tant de haine ? Il n’avait défoncé que quelques cervelles… Blague à part la situation devenait donc critique, s’il voulait sauver son petit cul il était temps de penser à quelque chose.
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Base de la marine de Las Camp – Bureau du lieutenant-colonel Matheson


Devant une table d’état-major recouverte d’une carte précise de la cité de Las Camp, le lieutenant-colonel examine avec plusieurs lieutenants la suite des opérations. L’endommagement du Ponton est une mauvaise nouvelle, mais la base de la marine de Las Camp peut servir de centre de détention en attendant les réparations ou un éventuel transfert des prisonniers vers des prisons d’autres iles. Matheson milite pour cette dernière alternative pour disperser les membres des gangs. Ensemble, ils sont toujours une menace et ce qui s’est passé au Ponton en est bien la preuve. Le croiseur de la marine devant bientôt accosté dans le port de la ville, le lieutenant-colonel Matheson a envoyé un escadron sécuriser les docks en attendant le transfert vers la base. Car si Las Camp a été purifié de bons nombres de ses plaies, il en reste des tenaces. Et le retour des gros bras des gangs sur la terre ferme est peut-être bien l’occasion d’une dernière tentative de reprendre l’initiative contre la marine. Devant ses fidèles lieutenants, il cherche l’itinéraire le plus sûr pour mener les prisonniers sans risquer d’incident. Chacun y va de son rapport sur les problèmes de terrain et Matheson peut avoir confiance en chacun de ses subordonnés, aujourd’hui purifié de la plupart des traitres à la solde de l’ex-Sergent Mogaba.

-Nous placerons des hommes ici et ici. Je prendrais personnellement la tête du convoi avec un peloton. Ici, des escouades surveilleront les ruelles. Contact permanent par Den…

La porte s’ouvre brusquement, laissant passer la commandante d’Elite Bathory. Face à l’officier d’un âge mûr de la marine régulière, la jeunesse de la marine d’Elite détonne. Elle s’approche d’un pas franc de la table et balaie de la main les considérations de l’officier.


Vous ne feriez rien, Matheson. C’est moi et mes hommes qui s’occupont du transfert.

Matheson s’y attendait et avait déjà trouvé les arguments à opposer à ça.

-Commandante, Las Camp est de la juridiction de la 480e division et il est grand temps qu’elle agisse comme tel sans avoir besoin de vos hommes.
-En attendant, colonel, c’est mes hommes qui maintiennent la paix dans les rues et qui ont mis la plupart des criminels sur le Ponton. Et c’est mes hommes qui se sont fait trucider par les prisonniers du Ponton. Tant que vous n’aurez pas fait vos preuves, vous et la 480e, c’est mes troupes qui seront les plus légitimes. Ai-je été clair ?

Matheson soutient son regard arrogant en sachant que ses arguments sont recevables. Et puis, elle est commandante d’élite, elle lui est supérieure en grade si le sien était dans la marine normale. Néanmoins, il ne démord pas d’être ainsi écarter de l’affaire.

-Des rapports de mes hommes dans les rues signalent des mouvements chez les rescapés des bandes. Ils vont surement profiter de cette occasion. C’est leur seule chance.
-Hé bien. Nous les recevrons comme il se doit et nous purifierons Las Camp d’une pierre deux coups.
-Mes hommes pourront contrôler les quartiers sensibles.
-Les hommes de l’élite sont les plus désignés pour cette tache.
-Mais !
-ça suffit Colonel. Restez en retrait et vous pourrez intervenir quand j’aurais besoin de vous.

Son sourire en dit long. Elle ne compte pas faire appel à la régulière. Et Matheson le sait même sans avoir sondé son visage. Le colonel restant muet, la commandante Bathory estime la discussion close. Elle salue les hommes présents avant de disparaitre dans le couloir, surement en train de se diriger directement vers les docks en donnant ses instructions par Den-Den. Les lieutenants se tournent vers leur Colonel, interloqué.

-Que fait-on, Colonel ?
-On obéit. Et on se prépare à intervenir si nécessaire. Si l’occasion se présente, on leur montrera qu’il ne faut pas sous-estimer la 480e division.
-Oui, Colonel !

    Dans la merde, Olek était dans la merde, dans une merde colossale, et ce n’était pas au sens figuré, le pirate en herbe nageait et pataugeait littéralement dans la merde, perdant son sang comme une gourde d'eau trouée. Il faisait sombre et c’était super serré pour un gars de trois mètres, et seul quelques interstices dans le plafond laissaient pénétrer un seul et unique rayon de lumière tous les  cinq cents mètres. L’air était irrespirable et Olek risquait bien de crever dans ces égouts s’il ne trouvait pas une issue rapidement. Il se voyait déjà flottant sur ce liquide compact et rejets fécales et de toutes autres sortes de choses dont il ne vaut mieux pas savoir la provenance. Un corps inerte passa juste à coter de lui, emporté par le léger courant, ses yeux étaient révulsés et quelques rats avaient élu domicile sur ce navire de fortune et s’attaquaient déjà aux fondations de leur barque humaine, une chaire violette, morte.

    Continuant son merdique périple, Olek repassa en mémoire les événements des trois dernières heures.

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Le croiseur était en vue du port, les prisonniers étaient debout sur le pont, enchainés et observant d’un œil morose et la mine défaitiste le quai qui s’agrandissait au fur et à mesure de leur approche. Même la bouille joyeuse de Kétamine affichait à présent une mine incertaine. Olek remarqua ce changement d’attitude lorsque les yeux d’Andrew se posèrent sur une femme en uniforme, les cheveux d’un rose pas naturel du tout. Mauvaise nouvelle donc, et ce n’était pas n’importe quel officier, l’aura meurtrière qu’elle dégageait était perceptible jusque sur le navire. Le moment où il poserait le pied sur la terre ferme, et ferait face à cette femme accompagnée de toute une escouade, son libre arbitre disparaitrait a jamais, la marine était beaucoup plus organisée qu’il ne l’avait d’abord pensé. Au moins sur le bateau il pouvait encore s’imaginer un futur, bien que pathétique cela valait toujours mieux que las bas sur le quai… Ce qu’il y discernait n’était qu’une vie de chien enchainé au mieux, puisque il serait probablement mort avant la tombée de la nuit.

    Il décida que réfléchir ce n’était pas son truc, puis sa cervelle fumait déjà beaucoup trop après avoir ruminé pendant tout le trajet, sans parler de ce soleil de plomb. Olek était un homme action, quitte à mourir il le ferait en combattant, son père ne lui avait jamais appris à se rendre et s’il l’apercevait aujourd’hui, menotté comme un vulgaire criminel, il aurait honte de son fils. Cela ne correspondait pas au code et le rejeton indigne le savait très bien, il était donc temps de rejoindre son Paps au valhalla et d’offrir en sacrifice le plus de marines possible ainsi que le plus beau spectacle imaginable. Un sourire carnassier s’affichait sur son visage en même temps qu’une lueur mi- déterminé mi- suicidaire dans le regard. Ça allait péter et ça allait péter sec.

    Le bateau s’amarrait doucement au quai et la passerelle faisant office de liaison s’abaissait au contact du sol. La tension était palpable dans l’air, tout le monde était sur les nerfs, les marines prêts à toutes éventualités, les criminels soucieux de leur vie et capables de n’importe quoi.

    N’importe quoi, effectivement, et toutes éventualités ? Surement pas, oh non, celle-là d’éventualité, ils ne la virent pas arrivée, et Olek, pourtant son instigateur, non plus…

    C’était de l’improvisation, de l’instinct pur et dur, en aucun cas il ne s’agissait d’une action réfléchie mais bordel, qu’est-ce qu’elle était génial, fantastique, orgasmique, divine même !


    La marine fit descendre les prisonniers un a un, escortés par deux marines sur la planche servant de passerelle, les autres attendaient patiemment leur tour sur le pont du navire dans un silence de mort. Tous étaient enchainés par des menottes beaucoup trop lourdes et grosses, la plus part courbés le dos sous le poids des chaines mais leurs jambes étaient restées libre de toute entrave, facilitant quelque peu la marche jusqu’à l’escouade de la femme aux cheveux roses.

    Vint le tour d’Olek, accompagné de ses deux rigolos en uniformes, un devant, un derrière il posa le pied et commença la traversée. Ce fut à ce moment que l’illumination divine le frappa, s’il l’on peut appeler ça comme ça. Parce que n’importe qui d’autre aurait pris cette soudaine idée comme le fruit du désespoir et n’y aurait pas fait plus attention que la crotte de nez pendant aux narines Malzette. Mais pas Olek, il lui manquait une case et il voyait là son salut, deux raisons suffisantes pour se jeter à l’eau, oui, se jeter à  l’eau, au sens propre du terme…

    Lui qui avait vécu toute sa jeunesse  dans les villes portuaires les plus dégelasses de l’Amerzone, il pouvait reconnaitre entre mille un courant d’égouts se déversant dans la mer. À une vingtaine de mètres sur sa droite, des remous étaient visibles à la surface et la couleur de l’eau étaient grisâtre tout autour. La bouche devait être a deux ou trois mètres de profondeur, pas plus, et le courant pas assez puissant pour l’empêcher de le remonter sur quelques mètres. Olek ne réfléchissait pas comme le commun du mortel, quand il apercevait une opportunité, il ne pensait pas aux risques, il y plongeait corps et âme, c’est là qu’il excellait, l’improvisation. Il à ce que la plupart des gens appel la foi, la foi en quoi ? En son instinct, et son instinct lui dictait de plonger, alors il plongea, entraînant d’un coup d’épaule le petit moche devant lui par soucis du détail. Un bain à cette puanteur ne pourrait que lui faire du bien.

    Il entendit des cris et des mousquets qu’on armés, en quelques secondes une pluie de balles s’abattait sur la surface de l’eau, sifflant dans un bruit étouffé tout autour d’Olek, quelques-unes l’atteignirent. Il parvint dans un effort de volonté à contenir l’air dans ses poumons malgré la douleur qui lui intimait de crier comme cochon qu’on égorge. Les mains liées il battait des pieds frénétiquement et avançait a une allure incroyable, faire une taille de pied proche de la centaine, ça aide. Mais ses forces diminuaient rapidement et ce fut en s’enfonçant dans la bouche d’égouts qu'il commença à douter sérieusement de sa sante mentale plus que physique.
       
    L’échappé ne refit jamais surface, certains pensèrent, la plupart, qu’il avait sombré dans les profondeurs du aux blessures et poids des chaines. Le petit nain laid tombé avec le pirate eut tôt fait de leur raconter le fin mot de l’histoire, seule témoin de la scène aquatique. Il avait aperçu mais sans pouvoir l’affirmer, une forme colossal nager pour s’enfoncer dans les eaux sombres, laissant une trainée de sang diluée sur son sillage.

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    L’incident avait agité les prisonniers. Brièvement. La commandante Bathory avait aboyé ses ordres sans perdre une seconde et c’est une marée de fusils qui s’étaient braqués vers les autres prisonniers, leur intimant très gentiment de ne pas se rebeller. Ils n’ont rien à perdre sinon leur vie. Mais la perdre sans avoir eu de chance de s’en sortir, ça ne vaut pas le coup. Alors, personne ne bougea. Et personne ne continue à bouger. Près de l’eau, le témoignage est recueilli et quelques hommes ont plongé dans l’eau pour quelques repérages. L’un des derniers à remonter indique la présence d’une bouche d’égout. Même si les profondeurs de la mer restent insondables, il y a des choses qui restent fermement ancrées dans les méthodes de la marine d’Élite. Tant qu’il n’y a pas de corps, on abandonne pas les recherches.

    Et c’est justement ce que Sissi a en tête. Ses sous-officiers s’approchant d’elle pour recevoir ses ordres, elle les donne, là encore, avec une assurance d’acier.

    -Finissez de débarquer les prisonniers, je m’occupe de les conduire à bon port. Appelez-moi le sergent Krufler.

    Les hommes se dispersent sans avoir besoin de plus d’instructions, tous sachant ce qu’ils doivent faire. Et alors que la colonne se met en place, c’est un groupe d’une demi-douzaine d’hommes qui s’approchent de la commandante. La troupe est de petite taille, mais le sergent Krufler est encore plus petit. Il doit lever la tête au plus haut pour capter le regard de sa commandante.


    -Sergent Krufler. J’ai un gros rat de trois mètres dans les égouts.
    -Bien commandante.

    Pas d’autres instructions. Ils savent. L’unité du Sergent Krufler est spécialisée dans la traque dans les égouts. On dit souvent que Las Camp est un labyrinthe de planques, de coupe-gorge, de raccourcis cachés et de secrets que l’on cherche à garder secrets. Mais on parle juste de l’extérieur. Les profondeurs sont un gruyère sans aucune cartographie connue. C’est le chaos. Et rares sont ceux à pouvoir se repérer dans ce milieu. C’est l’endroit rêvé pour les trafics divers, les stockages d’équipements gênants, la torture et l’assassinat. Et bien d’autres joyeusetés encore. Avec la loi martiale, beaucoup d’activités ont été déplacées dans les égouts, et c’est pour cela que l’unité du Sergent Krufler a été mise en place. Dans le coin, il n’existe pas grand monde qui sache mieux les égouts que lui et ses hommes. Se dissimuler dans la fange et se déplacer en toute discrétion sont des atouts qu’ils ont su parfaire. Ce sont de véritable traqueur invisible. Et depuis qu’ils sévissent, les égouts sont devenus bien angoissants pour quiconque chercherait à y faire ses activités illégales. Ces derniers temps, les criminels préfèrent encore risquer de se faire choper en faisant leur magouille dans les ruelles de Las Camp plutôt que de le faire dans les égouts. Car une fois repérés, rares sont ceux à en sortir vivant.

    C’est ça qui est bien avec les égouts. Les déchets sont déjà à leur place.

      Retour sur le quai lors de l’évasion d’Olek :

      Un vieil homme observait la scène un cigare au coin des lèvres, assis sur des caisses en bois prêt d’un entrepôt désaffecté, personne ne faisait attention à lui. Vêtue tel un ermite appauvri, l’ancien commandant de la marine se trouvait sur les lieux du débarquement, incognito. Il ne comprenait quoi mais quelque chose en lui avait change suite à son combat contre Olek. Une sorte de lien imaginaire s’était tissé entre eux, une sorte d’affection paternelle qui n’avait pourtant pas lieu d’être et qu’il ne comprenait nullement…

       Depuis quelques jours maintenant  il cherchait par tous les moyens et à l’aide de ses contacts à  mettre la main sur le jeune homme. Il avait eu vent de son arrestation et de la destruction du Ponton, le vieil homme voulait à présent voir de ses propres yeux si le jeune imbécile avait survécu. De manière à pouvoir ainsi retrouver la paix, retourner à ses bières et journées moroses. Son expérience et ses déductions firent qu’il fut le seul à ne pas être surpris par son apparition et le plongeon soudain d’Olek. A peine le corps gigantesque disparaissait ’il, que le vieil ermite s’enfonçait dans une sombre ruelle, d’une démarche souple et puissante qui dénotait avec son allure de mendiant. Il devait lui mettre la main dessus, et vite.

      Au présent, quelque part dans les égouts du quartier ouest :

      Olek tremblait comme une feuille au vent, sa vision était floue et il ne sentait plus les extrémités de ses membres, la douleur l’avait enfin quitté et cela l’effrayé plus que tout. Lui qui n’avait peur de rien était devenu bien pathétique en quelques heures. Elles étaient donc là ses limites ? Voilà tout ce qu’il était capable d’accomplir ? Il se maudissait et le monde tout entier avec lui. Il valait mieux que ça, il méritait mieux que de mourir dans la merde et personne pour le pleurer, bon, ça il s’en foutait, non, ce qui le dérangeait était qu’il ne pourrait jamais réaliser ses rêves.  Jamais il ne serait à la proue d’un navire pirate gigantesque, les cheveux au vent et crachant à la gueule du monde. Jamais il ne tiendrait dans ses bras une troupe entière de danseuses de cabaret. Jamais il ne verrait ni ne se mesurerait à ses légendes vivantes parcourant Grand Line. Toutes ces choses qui disparaîtraient en même temps que lui…

      Il en était hors de question. Olek le pirate ne terminerait pas son aventure ainsi. A bout de souffle et à bout de tout, il s’asseyait sur une parcelle qui surplombait de quelques centimètres les torrents de merde. Il peinait à reprendre sa respiration et prit la stupide décision de fermer les yeux quelques secondes, il ne dormirait que quelques minutes, histoire de reprendre un peu de force avant de continuer… Bah voyons, c’est ce qu’ils disaient tous avant de finir par crever… Et c’est surement ce qui lui serait arrivé s’il n’avait pas eu la chance d’être réveillé par des bruits d’éclaboussures et une voie grave, un tantinet moqueuse.


      - Je sais bien que tu te sens ici chez toi espèce de raclure, mais suis-moi.

      Olek n’avait pas assez des force pour refuser et il était suffisamment clairvoyant pour savoir que s’il ne bougeait, pas il mourrait ici. Le reste du trajet fut semblable à un rêve, à moitié conscient il s’effondrait tous les dix mètres et bouffait de la merde, le vieil homme finit par le supporter d’une épaule à contrecœur. Ce bonhomme rappelait quelque chose à Olek sans qu’il puisse se souvenir, sa bouille lui était familière mais sans plus. Il tenta bien de lui demander qui il pouvait bien être mais il ne parvint qu’à cracher du sang et s’étouffer un peu plus. Il décida de fermer sa gueule et de suivre le papi, la seule chose qu’il était en état de faire et encore…

      ---------------------------------------------------------------------------------------

      Il se réveilla adossé à un mur, dans une salle illuminée par la simple lueur de bougies, l’odeur de fiente était un peu moins forte mais persistait néanmoins, tout comme le bruit des égouts était amoindri, comme étouffé, mais toujours bien présent. Le vieil homme était également la, ombre parmi les ombres, il se lavait les mains pleines de sang dans une bassine, un chiffon rougie sur l’épaule. Olek se doutait qu’il s’agissait du sien, ses plaies avaient été pensées et il pouvait de nouveau respirer sans provoquer une quinte de toux et flots de sangs. Leurs regards se croisèrent et le jeune homme fit un mouvement de la tête en signe de reconnaissance. Il ne savait pas quoi lui dire, il le reconnaissait maintenant, il s’en souvenait, mais son incompréhension n’en était que plus grande. Pourquoi lui était-il venu en aide ?

      Comme si le vieillard lisait dans les pensées, il se leva et d’une démarche fatiguée d’un homme qui en avait déjà trop vu, il vint s’asseoir face à Olek. Il n’y avait plus de bien saillance, plus de protocole,  l’ex commandant n’était plus qu’un homme au dos courbé par le poids des années et de trop nombreuses tragédies.  Il lui rappelait son père quelque part et Olek se surpris à ressentir une soudaine bouffée d’émotions à cette pensée, sentiment qu’il se hâta d’écarter.


      - Je t’ai soigné mais je ne pourrais te sauver, ceci est ton combat. Des rats de la marine sont après toi et même si je t’aime bien petit, je ne me retournerais pas contre les miens. Ce soir je garderais cet endroit le temps que tu te reposes, personne ne nous trouvera ici, mais après cette nuit tu ne me verras plus jamais. Disons que c’est une manière de m’excuser, parce que toute cette histoire vient du fait que je me suis mêlé de tes affaires.

      Olek se doutait qu’il y avait anguille sous roche, mais il ne chercha pas à le faire parler. Il y avait une raison derrière sa présence, beaucoup plus complexe et profonde qu’il ne laissait paraître et le jeune home la respectait. Il posa la tête contre le mur et leva les yeux au plafond, s’imaginant un ciel bleu profond parsemait de milliers d’étoiles. Il n’y avait rien à ajouter, le silence est parfois plus agréable que toutes les paroles du monde. Le vieil homme sortit d’un sac en toile une miche de pain rassis avec quelques morceaux de jambon séchés qu’il lui tendit.  Ils mangèrent en silence, chacun d’eux perdus dans des souvenirs de moments plus agréables.

      Olek se rendit alors compte qu’il était en train de vivre ce qu’il avait toujours souhaité, que toutes ces emmerdes, cette vie d’action et de violence, c’était là ce qu’il cherchait depuis toujours. Un moyen de vivre en dehors des lois et des normes, de pouvoir jouir d’une liberté sans égale, sans restriction. Et maintenant qu’il le vivait en chair et en os il avait presque failli passer à coter de ce bonheur fraichement trouvé. Oui il souffrait, oui il avait peur, mais bon dieu qu’est-ce que c’était bon ! Ce sentiment si rare qu’il peinait à retrouver, de savoir que sa vie ne tient qu’à un fil et qu’une erreur pourrait être fatale. Il ne put s’empêcher de rire, d’abord dans un murmure, faiblement, puis hystériquement, tel un possédé. Son corps en convalescence lui demandait d’arrêter cette torture, quelques plaies se rouvrirent mais il ne fit qu’un avec la douleur, l’acceptant comme la plus garce des amantes.


      - Merci Papi, si je n’avais jamais dû avoir un grand-père, je l’aurais voulu comme toi !

      - Ta gueule petit.

      Grand moment d’émotions.

      Le silence revint rapidement et seules les respirations saccadés d’Olek venaient le troubler, de plus en plus faibles, elles finirent par s’éteindre alors que le jeune homme sombrait dans un sommeil réparateur. Il ne vit donc pas le sourire affectueux du vieillard, facette méconnue du publique mais véritable nature. Un homme bon, voilà ce qu’il était, un homme qui voyait au-delà des apparences et qui n’avait pas rouvert son cœur depuis longtemps. Il maudit l’ironie du destin, pourquoi fallait-il que cela tombe sur un satané pirate en devenir ? Mais il connaissait la réponse, il s’agissait de son Salut, après une vie entière de champ de batailles et de carnages peut-être était-il temps de donner quelque chose en retour…

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      Au réveil Olek se trouva seul, il n’y avait plus aucune trace du vieil homme, comme si la veille n’avait été qu’un rêve, mais un petit bout de tissu avec quelques restes de repas étaient suffisant pour lui rappeler la réalité de la scène. Il ne savait combien de temps il avait dormi et impossible de savoir quel moment de la journée il était. Il décida rapidement qu’il s’en foutait, le plus important était qu’il se sentait mieux, suffisamment pour reprendre la route à travers les égouts en quête d’une sortie et d’un moyen de quitter cette ile des plus accueillantes.

      Il eut du mal à s'extraire de l’excroissance dans la roche qui dissimulait la salle dans laquelle il venait de passer en réalité prêt de trois jours. A tel point qu’il en vint à se demander, alors qu’il marchait, comment il avait fait pour y rentrer la première fois… L’intérêt de l’exploit passa très vite en second plan alors qu’il entendait un sifflement aigue dans le couloir sombre sur sa gauche. Une alerte, une torche illuminait les alentours et c’est un nain qui la portait et qui pointait un doigt accusateur sur Olek. Très vite d’autres sifflements lui répondirent provenant de plusieurs directions contraires. Ça sentait le roux pour le pirate !

      Il ne tenta pas de courir, adossé au pilier principal de l’interesection, il savait qu’il était pris au piège bien qu’au centre d’un croisement ayant plusieurs issues. Les lumières des torches provenaient de toutes les directions possibles, soit six au total. Il patienta donc au milieu de ce carrefour d’égouts de voir apparaitre ses poursuivants. Il n’était plus question de fuir, Olek avait un principe, qui était que chaque homme à un quota de fuite possible avant de perdre l’intégralité de sa fierté.  Il était temps d’économiser ce chiffre et de faire face à ses poursuivants la tête haute, pas trop haute quand même, sinon il se la cognait contre le plafond.

      Ses agresseurs étaient minuscules et horriblement laids, sans doute des cousins du marine qu’il avait poussé à la baille avec lui. Au nombre de six, ils l’encerclaient, seuls leurs épaules, leurs mains et leur tête dépassés du ruisseau de merde, ils jetèrent à l’unisson leur torche dans l’eau, la chasse commençait enfin pour eux. Véritables professionnels du combat sous-terrain, ils n’avaient pas besoin de lumière pour se repérer, surtout contre une cible aussi grosse. A peine l’obscurité revenue qu’Olek sentit plusieurs piqûres douloureuses, ces raclures s'entrainaient au lancé de dagues sur lui.  Seule chose qu’il put faire fut de protéger ses organes vitaux et ses yeux. Ils comptaient sans doute l’affaiblir à distance avant de venir le finir au corps à corps. Tactique de lâche, mais Olek ne pouvait le leur reprocher.  Lui aussi ferait dans son pantalon s’il devait affronter un colosse trois à quatre fois plus grand que lui. Victime d’un abattage dans les règles de l’art le jeune homme prit son mal en patience, ou plutôt le prit et le canalisa, l’adopta, le nourrit. Les blessures à la dague n’étaient pas assez profondes pour lui causer de réels dommages, mais suffisantes pour l’affaiblir et le vider de son sang  petit à petit. Il bouillait de rage, à  présent ces petites bestioles couraient atour de lui, insaisissables et le lézardaient d’entailles, ils commençaient à prendre en confiance et Olek laissa fléchir un genou au sol.


      - Gotcha !

      Dans un Squirk assourdissant le pirate explosait le crane d’un des « ratameurs » qui s’était un peu trop emballé en le voyant plier le genoux. Quelques secondes de répit lui furent offertes le temps que les collègues du défunt encaissaient le choc de la mort de leur camarade. Puis ils repassèrent à l’attaque doublant de vivacité. Une dague dans chaque main, ils virevoltaient dans tous les sens et le tailladaient, infatigables.

      Vint le moment de l’illumination divine, et oui. Cette idée complètement débile et inconsidérée qui lui venait en tête dans les moments les plus critiques. Bah elle était là, chaude et onctueuse comme un  pain fraichement sorti un four, sauf qu’à l’intérieur du pain y’avait un bloc de béton prêt à vous défoncer les dents à la première bouchée. Le plan est simple, comme d’habitude, il fallait tout détruire.

      Il se repositionna au centre de la salle, s’orientant grâce au seul et unique pilier massif qui retenait les fondations, tout en subissant inlassablement les assauts de ces charognards de nains. Il ne perdit pas une seconde et commença à pilonner la colonne de coup de poings puissants, laissant ses flancs sans défense contre les attaques. Les ratameurs comprirent vite le manège d’Olek et la lutte se transforma en une course contre la montre: qui du pilier ou du golgoth tomberait le premier ? Les deux camps s’acharnaient sur leur cible respective, les phalanges du criminel étaient en sang, broyées, mais il continuait de frapper. Son corps entier était une plaie béante, il risquait vraiment de crever ici, et juste quand il eut cette pensée un peu trop négative, voilà que le pilier éclatait en morceaux, des fissures apparurent au plafond, des gravas commencèrent à tomber. La réaction en chaîne ne prit pas plus de quelques secondes pour atteindre son apogée, tout s’effondra sur leur gueule sans faire de jaloux. Olek pouvait survivre à une avalanche de quelques petites centaines de kilos, avec de la chance. Les misérables vermines qui l’avaient saigné à blanc, elles, n’avaient aucun espoir.

      L’effondrement sous-terrain prit une ampleur extrême et emporta plusieurs bâtiments et ruelles, la place centrale avec sa belle fontaine et la statue d’un feu amiral célèbre fut détruite dans un nuage de poussière. La panique était à son comble, les gens fuyaient, criaient et pleuraient, cherchant désespérément de l’aide qui ne viendrait que trop tard. Ce fut au milieu de cette scène de fin du monde qu’un géant se releva d’entre les débris, à l’emplacement même ou la statue majestueuse se tenait auparavant.


      - Oups

      C’est son défunt père qui ne serait pas content, il venait de tuer surement un bon paquet d’innocents, puis il se rappela quel genre de population habitait Las Camp et il haussa les épaules, quelques dagues et morceaux de bétons se décrochèrent de sa peau et tombèrent sur le sol. Il était temps de déguerpir avant que la marine n’arrive. Il attrapa une toile qui protégeait du soleil une étable maintenant en miette et la revêtit d’une main tremblante. Profitant de la confusion et du chaos, Olek disparut en clopinant dans un nuage de poussière de plus en plus large. Les choses ne faisaient qu’empirer de jour en jour…


      Dernière édition par Olek le Ven 13 Fév 2015 - 14:46, édité 1 fois
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      Il disposait de quelques heures de répit, au minimum, le bordel qui régnait en ville nécessiterait une intervention et mobilisation complète de la marine. Ils ne pourraient pas passer leur temps  à courir après une ombre. Olek était cependant certain que le littoral serait surveillé nuit et jour et ce pendant plusieurs lunes, de plus, pas un seul navire ne partiraient sans avoir été fouillé de fond en comble, le pirate n’avait aucun échappatoire pour le moment. Il était temps de faire profil bas et de guérir de ses blessures, les forces de l’ordre étaient sur le qui-vive et il n’y avait qu’un seul endroit auquel il pouvait penser pour se faire oublier. Les maisons closes, lieu de débauches et de plaisir ou les femmes se battaient corps et âmes pour satisfaire et défendre leurs meilleurs clients. Ces bâtiments étaient surpeuplés,  avaient tellement d’issues de sorties, de pièces cachés, de portes dissimulés que  la marine vivrait un enfer à essayer de le déloger du quartier.

      Avoir les poches vides n’était pas un souci, il avait au moins les bourses pleines ! Puis Olek était un Pirate, ce qui appartenait aux autres lui appartenait également, et pas de vice et versa. Il n’aurait qu’à se servir une fois sur place. Ce fut donc l’âme ragaillardie à l’idée de passer les prochaines nuits dans les bras d’une femme à se faire chouchouter,  qu’il prit la direction du quartier le plus peuplé de Las Camp, la rue de des plaisirs. Derrière lui, sur la place détruite, une explosion se fit entendre et fit trembler le sol sous ses pieds. Il semblerait que le spectacle ne soit pas terminé, mais Olek préférait être le plus loin possible avant que la marine ne débarque. Tout autour de lui, une marée d’humains paniqués fuyaient et couraient, beaucoup étaient blessés et le jeune homme n’eut aucun mal à se fondre dans la foule, courbant le dos pour diminuer sa taille, il suivit le troupeau, sa veste de fortune déjà imbibée de son sang.




      Fin - Acte I
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